NOUVELLES GLANURES
12. Bonté, douceur, bienveillance.
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Un miracle
de l'amour.
Un jour, il y a quelques
années, à Lausanne, un jeune homme qui avait
mauvaise façon, non seulement parce qu'il
était mal habillé mais Parce qu'il avait une
figure rude et tourmentée, entrait dans un magasin
pour demander un secours.
Le commerçant qui le
reçut est un homme qui a eu une jeunesse difficile
mais au cours de laquelle il a fait l'expérience de
l'amour de Dieu. Au lieu de renvoyer le visiteur, de se
débarrasser de lui, cas échéant, avec
quelques sous, il l'interrogea avec bienveillance, puis
finit par lui dire: « Venez souper avec moi et j'irai
voir, dans la soirée, un ami qui aura peut-être
du travail pour vous. » Ainsi fut fait et le vagabond
s'assit, pour la première fois, peut-être, de
sa vie, à la table d'une honnête famille. Le
lendemain il était engagé comme
commissionnaire dans une fabrique lausannoise où il
resta une année puis Partit pour la France.
Quelques années plus tard,
c'était en 1922, dans le train, entre Lausanne et
Genève, notre commerçant lausannois qui avait
fait le bon Samaritain, se trouva assis vis-à-vis
d'un monsieur très correctement mis, qui avait bonne
façon et qui, après l'avoir
dévisagé pendant un moment avec insistance,
finit par lui dire :
- N'êtes-vous pas M. X..., de
Lausanne
- Parfaitement.
- Et moi, je suis le jeune homme que
vous avez accueilli, un soir, à votre foyer. Ce
soir-là il s'est passe quelque chose en moi qui a
transformé ma vie, j'ai recommencé une
existence et aujourd'hui j'ai une situation et je suis un
homme heureux !
C'est là un de ces miracles de
l'amour qui n'ont jamais cesse de se produire.
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Les
souliers et les deux écus.
Un jeune Anglais se promenait dans les
environs de Lausanne avec le professeur Louis Durand.
Ils aperçurent au bord du
chemin une paire de souliers tout terreux, qu'ils
jugèrent appartenir à un pauvre ouvrier qui
travaillait dans le champ voisin, et qui se disposait
à quitter son ouvrage pour venir prendre son maigre
repas.
Voyant cela, le jeune homme dit au
professeur :
- Il faut jouer un tour à cet
homme, cachons-lui ses souliers, et plaçons-nous
derrière la haie pour voir son embarras.
- Mon ami, répond le
professeur, il ne faut jamais se divertir aux dépens
du pauvre. Faites une action plus digne de vous. Mettez un
écu de cinq francs dans chacun des souliers et
cachons-nous.
L'Anglais obéit et les deux
hommes se dissimulèrent derrière un gros
buisson, au travers duquel ils pourraient voir facilement ce
qui allait se passer.
L'homme approche, et tout en remettant
son habit, il met le pied dans un de ses souliers ; sentant
un corps étranger, il se baisse et trouve
l'écu.
Le plus grand étonnement se
peint sur son visage, il tourne et retourne la pièce
d'argent, regarde autour de lui, et n'aperçoit
personne. Alors il met l'écu dans sa poche, mais
quelle n'est pas sa surprise lorsqu'il trouve le second
écu. Le pauvre homme tombe à genoux et
s'écrie : « Merci, mon Dieu ! tu savais que ma
femme est malade, que mes enfants et moi sommes
bientôt sans ressources... et tu m'as envoyé
cet argent. Oh! puissé-je reconnaître tes
bienfaits et t'en témoigner ma gratitude! Des larmes
jaillirent des yeux du jeune Anglais.
- Eh bien! lui dit le professeur,
n'avez-vous pas plus de joie de ce que vous avez fait, que
de ce que vous aviez envie de faire ?
- Ah! cher Monsieur, répondit
le jeune homme, vous m'avez donne une leçon que je
n'oublierai jamais.
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Un coeur
gagné.
Mathilda Wrede est une noble femme qui
a consacré sa vie au soulagement des prisonniers.
Fille du gouverneur de Wasa en Finlande, elle a renonce
à tout pour accomplir la mission que Dieu lui a mise
au coeur et plusieurs épisodes de sa carrière
sont révélateurs de la puissance victorieuse
de l'amour chrétien.
Un nomme Matti Haapija, homme d'une
force herculéenne, et qui avait toujours
échappé à la police fut enfin terrasse
et arrête. Il devait être juge pour plusieurs
cimes. On l'avait mis aux « grands fers »,
c'est-à-dire enchaîne pieds et mains avec un
carcan au cou et les gardiens n'osaient pas même
l'approcher.
Mathilda vint le voir dans sa cellule
et obligea les surveillants à la laisser seule avec
le détenu.
- Dormez-vous ? dit-elle au malheureux
couche sur une planche.
Comme il ne répondait pas, elle
le toucha à l'épaule. Il se lève, se
dresse devant elle malgré ses chaînes.
- Que venez-vous faire ici ? Vous
venez me faire un sermon, c'est peine perdue.
Mathilda, contrairement a son
habitude, ouvrit cependant sa Bible et en lut au criminel
quelques passages, puis, assise à côté
de lui sans manifester aucune crainte, elle lui parla de
l'amour de Dieu et du pardon possible.
Le misérable pleura et du fond
de son coeur s'exprima une prière
déchirante.
L'affection et la confiance avaient
désarmé l'assassin. jusqu'à sa
dernière heure il lui témoigna la plus
délicate reconnaissance.
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Un souvenir
amer.
Il est un jour de mon enfance que je
ne puis oublier, raconte M. C***. Nous demeurions alors
à Saverne, et je jouais avec des amis près de
l'auberge où s'arrête la diligence de
Paris.
Quelques voyageurs étaient
descendus de la voiture. L'un d'eux s'efforçait
d'avancer à l'aide d'une béquille, poussant en
avant ses jambes torses, d'une façon si
étrange, qu'elles ne semblaient pas être
attachées à son corps.
Je criai à haute voix : «
Voyez-donc ces jambes en saucisses ! ».
Les autres garçons riaient tout
haut. L'estropié se retourna et jeta sur moi un
regard profondément triste.
Au même instant, je tressaillis
de frayeur, car mon père, dont j'ignorais la
présence, s'approchait de l'étranger. Il lui
serra la main à plusieurs reprises, puis, il lui
offrit le bras, et ils s'acheminèrent vers notre
demeure.
J'aurais voulu rentrer sous terre. je
me glissai dans la maison comme un voleur. Il fallut
paraître au souper. L'étranger ne parut pas se
souvenir de ma figure ; en me voyant, il
s'écria
- Quel beau garçon tu as
là, mon cher Certes, il valait la peine de le tirer
de l'eau.
Ces paroles me transpercèrent
le coeur, je ne pouvais détacher les regards de cet
homme.
Mon père, m'avait souvent
raconté, qu'à peine âgé de trois
ans, j'étais tombe dans la rivière par une
froide matinée de mars, et qu'un de ses amis m'avait
sauve au péril de sa vie.
Pour moi, l'affaire n'avait pas eu de
suites fâcheuses. Mais ce bain glacial avait attire
à mon sauveur un rhumatisme rebelle à tous les
remèdes, et qui faisait de lui un estropie pour le
reste de ses jours.
Cet ami qui m'avait sauvé,
c'était cet homme; il augmentait encore mes remords
en passant généreusement sous silence mes
indignes moqueries.
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Sympathie.
Pendant les cures
à Niederbronn que l'état de sa santé
imposait à sa femme, Oberlin se sentait tout
désemparé. Il lui écrivait de longues
lettres lui donnant des nouvelles de la paroisse et de la
maison et les détails dans lesquels il entre montrent
clairement combien sa compagne lui manquait. Aussi
était-il par moments très inquiet, et c'est
sans doute dans une de ces heures douloureuses qu'il lui
écrivait cette phrase si poignante dans sa
naïveté :
« Ah! mon Dieu!
Ne me donne pour nourriture que des pelures de pommes de
terre, mais ramène-moi ma femme ! »
(Vie de
J.-F. Oberlin, par C. LEENHARDT.)
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Pardonner.
Sur son lit de mort et
avant de lui donner la sainte Cène, on demandait au
professeur Hengstenberg, de Berlin, s'il avait
pardonné de tout son coeur à tous ceux qui,
dans le cours de sa vie, lui avaient fait de la
peine.
- Je ne connais
personne, dit-il, à qui j'aie quelque chose à
pardonner. je suis reconnaissant à tous ceux qui, par
leurs censures, m'ont poussé à la vigilance et
à la prière.
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Puissance
de la sympathie.
Dans un magasin de
joaillerie d'une grande ville, deux amis examinaient des
pierres fines. L'un d'eux montra à son compagnon une
pierre opaque, sans éclat ni apparence.
- Comment se fait-il
qu'elle se trouve dans cet assortiment, demanda-t-il. Elle
n'a rien pour attirer le regard.
Au lieu de
répondre, l'ami la prit et la tint un moment
cachée dans sa main. Lorsqu'il la remit au jour, elle
brillait d'un vif éclat et les plus belles teintes de
l'arc-en-ciel semblaient s'y jouer.
- Qu'est-ce que cela
veut dire ? demanda le visiteur surpris.
- C'est une opale, une
de ces pierres qu'on appelle sympathiques, parce qu'il leur
faut le contact d'une main chaude pour qu'elles recouvrent
tout leur éclat.
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La
contagion du bien.
Une action bonne en
inspire souvent beaucoup d'autres. Voici un récit de
journal qui vient à l'appui de cette
vérité : «Un petit marchand de journaux
monte dans un tramway ; il se couche sur la banquette et
s'endort profondément; peu après, deux jeunes
filles entrent aussi dans le tramway et s'asseyent en face
du gamin. Elles remarquent ses pieds nus, ses habits
déchirés, sa figure pale et tirée
portant les traces de la misère et de la faim ;
voyant que sa joue repose sur le cadre de bois de la
fenêtre, l'une d'elles se lève et doucement
glisse son manchon en guise d'oreiller sous la tête du
petit dormeur. Cet acte de bonté ne passa pas
inaperçu et porta ses fruits ; un vieux monsieur,
assis un peu plus loin, tend à la jeune fille une
pièce d'argent tout en lui montrant le garçon.
Après une minute d'hésitation elle la prend;
un autre lui donne cinquante centimes, une femme quelques
sous ; et en peu de temps une petite collecte est faite en
faveur du petit marchand. Un seul acte de bonté a
produit comme une vague d'influence qui a touche le coeur
d'une vingtaine de personnes et les a poussées
à faire chacune quelque chose.
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Je veux
être bonne.
Je veux être
bonne, tel était le propos qui revenait constamment
sur les lèvres de la princesse Victoria d'Angleterre.
Plus tard, elle demeura toujours fidèle à ce
principe évangélique.
Un jour, le couple
royal avait fait venir à la cour la grande cantatrice
Jenny Lind. Le pianiste de Sa Majesté pousse par une
jalousie de métier, mit la pauvre artiste en
détresse en l'accompagnant aussi mal que possible. La
reine s'en aperçut, et quand Jenny Lind dut chanter
un second morceau : C'est moi qui vous accompagnerai,
dit-elle, et elle se mit au piano.
A la campagne, la
reine et son époux jouissaient aussi de leurs simples
promenades. Un jour qu'une averse les avait surpris, un
brave facteur de campagne qui ne les avait point reconnus,
leur courut après pour leur offrir son parapluie, un
vieux riflard. L'abri fut accepté et Sa
Majesté en retournant l'objet à son
propriétaire, l'accompagna d'un billet de cent
vingt-cinq francs.
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La clef
d'or.
Il y a quelques
années entrait dans la colonie agricole de Sainte-Foy
un enfant indiscipliné dont on n'attendait rien de
bon. Famille, pasteur, maître n'avaient rien pu faire
de lui : il était rebelle, violent, renferme.
Un dimanche, les
colons étaient réunis pour la distribution des
lettres. Le directeur en remettait à la plupart des
élèves, mais n'ayant pas à appeler le
malheureux garçon, il surprit dans ses yeux un regard
de jalousie et de colère.
Sans perdre de temps
et s'adressant au pasteur qui l'avait envoyé :
- Ecrivez-lui, dit-il,
adressez-lui une bonne lettre. C'est un coeur aigri qui a
besoin d'affection.
Le dimanche suivant,
quand la lettre lui fut remise, l'enfant ne put dissimuler
sa joie. Le secret était trouvé, l'oeuvre
commencée, la clef d'or de la bienveillance avait
ouvert ce coeur ferme. Avec la joie vint la confiance et la
paix. Le garçon devint un des bons
élèves de la colonie.
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L'écho.
Il y avait une fois un
petit garçon qui demeurait sur la lisière d'un
bois. Un jour, se croyant seul, il s'amusait à
chanter, quand il lui sembla entendre la voix d'un autre
enfant assez près de lui. « Hé !
là-bas ! » cria-t-il, « Hé!
là-bas ! » répondit la voix. Il ne savait
pas que c'était l'écho et se mit à
crier: « Tu es un méchant garçon ! »
Naturellement la voix répondit : « Tu es un
méchant garçon ! » Il rentra à la
maison et dit à sa mère qu'il y avait un
vilain' enfant dans le bois. La mère qui comprit ce
dont il s'agissait, lui dit : Parle-lui gentiment et tu
verras. Le petit garçon retourna dans le bois et
appela : « Hé ! là-bas ! » - «
Hé ! là-bas ! » « Tu es un bon
garçon. » - Inutile de dire que la voix
répondit : « Tu es un bon garçon.» -
« je t'aime bien. » - Et la voix, toujours
fidèle, de répondre : « je t'aime bien.
»
MOODY.
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Compassion.
Un campagnard se
rendit un jour à la ville, avec ses quatre fils, pour
y faire des emplettes. Il acheta au marché cinq
pêches d'une grosseur et d'une beauté
remarquables. Il en garda une pour sa femme, et donna les
quatre autres à ses garçons. Le lendemain
soir, tandis que toute la famille se trouvait réunie
autour du foyer, il lui vint à l'idée de
demander à ses fils ce qu'ils avaient fait de leur
pêche. L'aîné dit, qu'il l'avait
mangée, et avait planté le noyau au jardin,
dans l'espérance qu'il en sortirait un arbre, qui
porterait un jour des fruits aussi délicieux que
celui qu'il avait goûté. Ce n'était pas
trop mal imaginé; il avait le droit d'agir de la
sorte et prouva par sa conduite, qu'il ne manquait ni de
prudence, ni de sagesse. Le cadet avoua qu'il avait
mangé sa pêche et jeté le noyau et que,
de plus, il avait encore aidé à sa mère
à manger la moitié de son fruit.
C'était évidemment le petit
égoïste de la famille ; mais il en était
le membre le plus jeune, et il faut espérer qu'il sut
se corriger de ce défaut dans l'avenir.
Le second des fils
raconta, qu'il avait ramassé le noyau
dédaigné par son frère cadet et,
qu'après l'avoir cassé, il en avait
mangé l'amande. « Elle avait, dit-il, un
goût très agréable, puis, continua-t-il,
j'ai vendu ma pêche, et l'argent que j'en ai eu
m'aidera à en acheter d'autres. » Quel
garçon entreprenant n'es-tu pas ? peut-être
même un peu trop entreprenant, un de ceux qui, plus
tard, ne penseront qu'à eux-mêmes et jamais aux
autres.
Enfin., ce fut le tour
du troisième enfant à dire l'emploi qu'il
avait fait de son fruit. Ses frères avaient tous
parlé sans crainte et sans hésitation ; mais
lui se mit à rougir lorsqu'on l'interrogea, puis il
dit : « J'ai porte ma pêche à un pauvre
petit ami qui est depuis longtemps malade et qui souffre
tant. Comme il ne voulait pas la prendre, je l'ai
posée sur son lit et je me suis sauvé.
»
Les baisers que lui
donna sa mère, à l'ouïe de cette bonne
action, furent plus doux à ses lèvres, que
n'auraient pu l'être les plus beaux fruits.
(T.
TEIGNMOUTH-SHORE, Le jardin du Roi.)
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Hospitalité orientale.
A propos de
l'hospitalité orientale (voir Genèse 18) un
voyageur raconte le récit suivant :
Un soir, je demandai
à acheter un peu de lait dans un village. Voyant que
j'avais éprouvé un refus, un vieillard arabe
s'approcha de moi.
- Suis-moi, dit-il, tu
auras la moitié de ce qui me reste.
Je lui offris une
rétribution.
- Non, non, dit le
vieillard, en caressant sa barbe blanche; je n'ai pas besoin
de ton argent. Pourquoi prendrais-je le paiement d'une
bouchée de pain Dieu ne nous la donne-t-il pas tout
entière?
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