Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



GLANURES (1)


10. - Oeuvres d'enfants.

Il faut si peu.

Il faut si peu de vent pour effeuiller la rose,

Pour priver l'arbre en fleurs de son frêle ornement;

Pour ébranler un nid, Il faut si peu de chose,

Il faut si peu de vent.

 

Pour assombrir l'azur d'une onde transparente

Il suffit que le ciel ait un nuage obscur,

Il suffit d'un caillou jeté dans l'eau dormante

Pour en troubler l'azur.

 

Il ne faut qu'un instant pour engourdir la sève,

Quand le gel vient saisir l'arbuste grelottant ;

Pour briser une vie en détruisant son rêve,

Il ne faut qu'un instant.

 

Il ne faut qu'un peu d'eau pour verdir l'aubépine,

Humecter le brin d'herbe ou restaurer l'oiseau,

Pour remplir la corolle où l'abeille butine

Il ne faut qu'un peu d'eau.

 

Il suffit d'un regard du soleil en automne ;

Pour nous faire oublier de longs jours de brouillard

Pour verser la chaleur dans un coeur qui frissonne

Il suffit d'un regard.

 

Il faut si peu, si peu pour calmer une peine,

Pour mettre au ciel de l'âme un radieux coin bleu,

Pour aider au captif à soulever sa chaîne,

Il faut si peu, si peu!

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Dans le deuil.

M. le pasteur Otto Funcke venait de perdre sa jeune femme. Voici ce qu'il raconte à ce propos dans ses souvenirs:

L'après-midi du dimanche qui suivit l'ensevelissement, j'avais parlé aux enfants du catéchisme de la résurrection du fils de la veuve de Naïm. J'espérais sans doute puiser moi-même un encouragement dans ce récit, Je dis aux enfants que le Sauveur est toujours le même, plein de compassion et d'amour pour ceux qui souffrent, mais que, pour bien comprendre les épreuves que le Seigneur nous envoie, il faut, attendre jusqu'au grand jour où tout nous sera expliqué et où Dieu essuiera toute larme de nos yeux. J'insistai à plus d'une reprise sur ce point: Jésus dit à présent à ses disciples qui sont dans l'affliction : « Attendez encore un peu de temps. »

Je me rendis ensuite au cimetière et je m'assis auprès de la tombe de Maria sur un banc que le menuisier avait eu l'obligeance d'installer là. J'y restai longtemps, le coeur plein d'une tristesse indicible, et les heures s'écoulaient sans que je fusse capable d'un effort pour ranimer ma foi qui chancelait de nouveau. La cloche du soir tinta dans le paisible vallon, tandis que les derniers Payons du soleil couchant éclairaient encore la cime des sapins qui couvrent les pentes de la montagne située en face de moi. Mais les beautés de la nature, me laissaient insensible.

Alors une petite main se posa sur mon épaule et une voix étouffée par les sanglots murmura : « Attendez encore un peu de temps. » Effrayé, car je me croyais absolument seul, je me retournai et je vis derrière moi un garçon d'une douzaine d'années, nommé Pierre Wirth ; de grosses larmes roulaient sur ses bonnes joues rouges. Il avait assisté au catéchisme de l'après-midi, et sans s'en rendre compte, il venait m'exhorter à mettre en pratique la foi chrétienne que je prêchais à d'autres. Ce garçon était le plus sauvage, le plus bruyant' de tous ceux qui m'étaient confiés ; il est vrai qu'il m'avait témoigné une sympathie toute particulière pendant les jours précédents ; c'est' ainsi qu'il m'avait apporté pour la tombe de Maria une grande quantité de lierre et de pervenches ; mais je n'aurais jamais supposé que ses sentiments fussent si profonds et qu'il y eût chez lui tant de délicatesse.. Ses paroles m'électrisèrent; je repris force et courage et après avoir embrassé l'enfant, je _rentrai chez moi d'un pas plus ferme.

(OTTO FUNCKE, L'empreinte des pas, etc.)

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Pour son père.

Compromis dans une affaire politique sous le règne de Charles II, sir Patrick Hume dut se cacher pour échapper à la mort. Il trouva d'abord un refuge dans le caveau funéraire de sa famille, sous l'église paroissiale. Un fidèle serviteur lui procura un lit et des couvertures, et sa fille aînée, Grizel, lui portait toutes les nuits sa nourriture.

La pauvre enfant tremblait fort en traversant le cimetière ; peu à peu, pourtant, elle s'accoutuma à ces promenades nocturnes; mais son père s'ennuyait tant dans ce noir cachot, qu'il changea de cachette plusieurs fois et réussit enfin sous un déguisement à gagner la France, puis la Hollande.

Sa femme et la plupart de ses enfants le rejoignirent, mais ils durent vivre dans une grande pauvreté, les biens de l'exilé ayant été confisqués...

Sir Patrick passa quatorze ans en Hollande, pendant lesquels sa fille remplit les fonctions de servante. Lorsque Guillaume III monta sur le trône, la famille rentra en Ecosse, le roi combla sir Patrick d'honneurs, le créa comte de Marchmont et lui rendit ses biens.

(Education chrétienne, 1892)

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Ernest de Willich.

Un jeune compositeur de cantiques.

Ernest de Willich était un jeune garçon de douze ans, fils unique de M. Ehrenfried de Willich, et petit-fils du grand théologien Schleiermacher. C'était un enfant plein de vie et richement doué. Ses parents l'avaient conduit à la campagne, chez une tante, pour y passer ses vacances, et l'y avaient laissé jouissant du grand air, de, la belle nature et de la liberté. Mais tout à coup il perdit son entrain. Son exubérance de vie fit place à une lassitude extrême. Bientôt il se plaignit que le genou lui faisait mal. Comme on ne remarquait ni enflure, ni ecchymose sur le membre endolori, la bonne tante fit étendre son jeune malade sur un sofa, lui apporta des livres et lui recommanda le rester bien tranquille, espérant que cela ne tarderait pas à aller mieux. Mais au lieu de cela, les douleurs devinrent si violentes qu'il fallut l'emmener immédiatement à B., chez ses parents. le médecin, appelé en toute hâte, ne put se prononcer dès l'abord sur la nature du mal mystérieux qui venait de se déclarer si brusquement. Il ordonna que le jeune Ernest demeurât étendu dans une immobilité complète.

Sur le lit de maladie dont il ne devait jamais se relever, Ernest de Willich, qui avait été jusqu'alors un garçon rempli d'entrain et de vie, montra une douceur et une patience remarquables. Il souffrait ce pendant beaucoup. Au bout de quelques semaines, il se forma sur le genou malade, puis sur d'autres parties du corps, des tumeurs qui percèrent plus tard et préparèrent au pauvre malade d'indicibles tortures. Il vint même un moment où les parents affligés ne surent plus comment prendre ce pauvre corps et dans quelle position le coucher.

Et cependant, au milieu de ses souffrances atroces, l'enfant gardait une inaltérable confiance en Dieu. Jamais il ne sortait de sa bouche un murmure ou une parole d'impatience. Le bâton et la houlette du bon Berger le rassuraient ; il était plus calme, plus, résigné que, tous les siens, et il ne cessait de consoler ses parents profondément, affligés. Il semblait qu'on vit grandir son âme à mesure que le mal détruisait son pauvre corps.

Quand la souffrance lui laissait un peu de répit, Ernest de Willich se plaisait à composer des cantiques. Rien ne lui faisait plus de bien que d'exprimer de la sorte sa confiance dans le Sauveur. Puis, quand les heures de crise devenaient plus cruelles, loin de se laisser aller, il trouvait dans les vers que lui avait dictés sa foi, un motif de plus de lutter, de persévérer et de croire. Ces poésies touchantes soutenaient aussi ses parents affligés, quand ils sentaient leur courage défaillir, et, plus tard, quand leur fils unique eut fermée les yeux pour toujours, ce précieux monument de sa foi leur demeura comme une consolation.

Une de ces poésies a été mise en. musique par l'oncle d'Ernest de Willich, le maître de chapelle Radecke, et est devenue l'hymne favorite de l'empereur Frédéric. En voici la traduction:

Quand Dieu nous 'donne une croix,

Supportons-la sans murmure;

Regardons au Roi des rois

Qui console sans mesure.

Quoi -qu'il m'arrive, ô Seigneur,

Avec toi, plus de frayeur.

 

Faible est souvent notre coeur,

Rempli de désespérance,

Quand s'éteint toute lueur

De joyeuse confiance;

Mais, Seigneur, dans ton chemin

Je suis heureux sous ta main.

 

Quand j'espère dans la foi,

Quand je t'invoque, à mon Père,

Quand ta main se tend vers moi,

Plus d'angoisse et de misère;

Sur toi repose mon coeur

Quoi qu'il m'arrive, ô Seigneur!

L'auguste malade aimait à se la faire chanter. Dans la grande et mystérieuse épreuve qui l'avait frappé, elle descendait sur son coeur comme une brise céleste, et Dieu se servit ainsi du cantique d'un enfant mourant, comme d'un messager pour porter la consolation et la paix dans la chambre de maladie d'un empereur.

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Prie et travaille.

Dès l'âge de sept ans, Abraham Lincoln, qui avait reçu une petite hache, aida courageusement son père à abattre les arbres, couper les branches et équarrir les poutres nécessaires à la construction de leur demeure de bûcherons. Dès lors, pendant quinze années, il continua à seconder son père pour défricher, bêcher et ensemencer et récolter les céréales destinées à la nourriture de la famille. Dans cette rude existence de pionnier commencée de si bonne heure, l'enfant des bois courait grand risque de développer la force de ses muscles, la vigueur de ses bras au détriment de son âme et de son coeur. Il n'en fut rien, grâce à la douce et délicate créature qui était sa mère. Elle lui avait transmis, en lui donnant la vie, ses aspirations supérieures, ses tendances vers l'idéal; elle sut encore les faire croître et les augmenter en lui. La plus touchante intimité régnait entre eux. Ce fut elle qui lui apprit à lire la Bible, et ce livre devint, à son tour, l'ami, le consolateur, le guide spirituel d'Abraham Lincoln..

Souvent, le soir, quand le bûcheron harassé de fatigue s'était jeté sur son matelas de feuilles sèches. Abraham apportait une brassée de. branches de pin, la jetait dans le foyer pétillant, afin qu'à la lueur dansante, sa mère pût lui lire un des beaux récits de la Bible, ou l'aider à les déchiffrer lui-même. Ensuite, ils faisaient ensemble leur prière. « Je me souviens, » disait plus tard Lincoln, alors président des Etats-Unis, « des prières de ma mère; elles se sont attachées à moi et m'ont soutenu toute, ma vie. »

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Fidèle à sa mère.

Abraham Lincoln avait neuf ans quand il perdit sa mère. Son père et lui coupèrent un grand arbre; des planches ils firent un cercueil où ils la déposèrent, puis ils creusèrent une fosse dans la forêt et 1 'y ensevelirent en pleurant...

L'âme tendre et religieuse d'Abraham ne pouvait supporter l'idée d'ensevelir sa mère, sans qu'une prière fût prononcée sur sa tombe.

Parfois, dans ces déserts du Nouveau Monde, un prédicateur itinérant allait de pays en pays, de campement en campement, de hutte en hutte, porter l'Evangile aux pionniers disséminés. Quelques années auparavant, un de ces hommes de Dieu, avait fait halte chez les Lincoln. Dans sa détresse inexprimable, l'enfant se souvint de la bonté qu'il leur avait témoignée... Il savait un peu écrire; de lui-même, il composa une petite lettre, - sa première, - un appel naïf et poignant, qu'il confia à un, voyageur, le conjurant de la faire parvenir à leur ancien ami. Après bien des vicissitudes, la touchante supplique atteignit son destinataire. Quelques mois plus tard, le dévoué missionnaire pouvait enfin franchir les cent-cinquante kilomètres qui le séparaient de la Crique du petit Pigeon, pour venir prononcer, sur le tertre verdoyant qui recouvrait les restes de Mme Lincoln, les paroles de vie éternelle et de suprême consolation que le pauvre enfant avait tant besoin d'entendre.

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Pour un chien.

Un jour, la famille d'Abraham Lincoln dut, par un hiver rigoureux, traverser en, radeau un fleuve à demi gelé, charriant d'énormes glaçons. Un petit chien avait été oublié sur le rivage; voyant s'éloigner l'embarcation qui emportait ses maîtres, il courait de long en large, jappant, gémissant, affolé. « Je ne pus supporter l'idée d'abandonner même un chien, » raconta Lincoln; «aussi, j'enlevai mes souliers ; pieds nus, Je traversai le fleuve en sautant d'un glaçon sur l'autre. et, triomphalement, je revins apportant dans mes bras le pauvre animal grelottant. Ses frénétiques effusions de joie et de reconnaissance me firent oublier bientôt le péril auquel je m'étais exposé. »

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Dans la clairière.

À quatorze ans Lincoln avait atteint la taille d'un homme. Laid, gauche, fruste, il était embarrassé de ses longs bras 'et de ses longues jambes dans des vêtements toujours trop courts. Il était la douceur, la bonté personnifiée. Il ne pouvait supporter de voir maltraiter un être humain ou un animal.

Un jour, revenant de l'école, il entendit dans une clairière de grands éclats de rire; il s'approcha, et que vit-il? Deux garnements de son âge, qui avaient allumé du feu et posé des braises brûlantes sur la carapace d'une malheureuse tortue, s'amusant de la course folle que lui occasionnait la souffrance! Révolté, Abraham bondit ; d'un coup de pied, il fit voler au loin les tisons qui torturaient la pauvre bête, puis, se tournant vers ses bourreaux, - car ce pacifique savait s'indigner pour les justes causes - il leur administra la plus magistrale correction qu'ils eussent jamais reçue! Puis un peu calmé, il leur démontra la lâcheté de leur conduite, et ne les laissa partir qu'après leur avoir fait promettre de ne jamais recommencer un jeu si cruel.

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Jusqu'au roi !

Vers 1870, une jeune paysanne laponne nommée Marie-Madeleine Mattison, élevée par des parents pieux, sentit s'éveiller dans son coeur le désir de faire connaître l'Evangile à ceux de ses compatriotes qui vivaient dans l'intérieur du pays. Pendant la saison d'été, occupée à garder les rennes de son père, elle avait le temps de songer à ses projets ; mais, plus elle y réfléchissait, plus cela lui semblait une tâche au-dessus de ses moyens. Un jour, une idée la saisit tout à coup: « Il faut que j'aille parler au roi de Suède, on dit que c'est un bon chrétien, et personne ne peut mieux que lui éclairer le peuple dont, sans doute, il ne connaît pas les besoins ! » Cette pensée la terrifie tout d'abord, elle lui parait impossible à réaliser. Comment elle, pauvre fille qui ne sait pas un mot de suédois, qui n'a reçu aucune éducation et n'a pas de ressources, pourrait-elle entreprendre le long voyage à pied du golfe de Bothnie à Stockholm, et arriver jusqu'au roi ? Les objections se pressaient en foule dans son esprit, mais de semaine en semaine, cette idée s'implantait dans son coeur et elle en vint à penser que c'était un appel de Dieu. Elle se mit à apprendre le suédois, et pendant trois années, elle y consacra tous ses moments de liberté. Puis, ayant obtenu la permission de ses parents, et chargée de son mince bagage, elle partit bravement pour un voyage de deux cents lieues à travers les plaines couvertes de neige et de glace. Gardée par le Seigneur, elle arriva à, Gefle, où elle put trouver une place dans la diligence de Stockholm. Quand on sut dans quel but elle avait entrepris ce long voyage, elle fut très bien reçue. Les coeurs des chrétiens furent émus aux récits qu'elle fit de l'ignorance des Lapons ; on souscrivit de fortes, sommes, et on parvint à présenter la jeune fille au roi ; elle put plaider sa cause devant lui. Grandement intéressé, ce prince promit sa protection particulière à une mission d'évangélisation au milieu de ce peuple. Ayant terminé sa tâche, Marie retourna humblement chez ses parents et reprit ses occupations ordinaires.

(Education chrétienne, 1892).

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Générosité d'un enfant.

il y a quelques semaines, un monsieur qui cheminait dans les rues de Glascow remarqua, poste dans un coin, à l'écart de la foule, un petit décrotteur, muni de sa botte et de ses brosses, dont la figure lui parut bien pâle.

Touché par l'aspect délicat de l'enfant, il résolut de lui faire gagner quelque chose, et de lui demander de cirer ses bottes.

Dès qu'il eût fait signe, le pauvre garçon se traîna vers lui en boitant pour se mettre à l'oeuvre.

Toutefois, tandis qu'il arrivait avec peine, voici un autre décrotteur qui survient prestement et se dispose à prendre sa place.

- Qu'est-ce que cela veut dire? s'écrie le monsieur avec indignation.

- Oh! c'est bien, c'est bien, Monsieur! répondit gaiement le nouveau venu, Jacques vient seulement de sortir de l'hôpital, et nous autres, les camarades, nous faisons la besogne pour lui, chacun son tour.

Jacques regarda le monsieur en souriant, pour dire qu'il en était bien ainsi.

Le monsieur fut si content de cet exemple (le. générosité et des nobles sentiments de ces pauvres jeunes décrotteurs, .GW'au lieu de payer deux ou trois sous, il tendit une pièce d'argent, en disant:

- Donne-lui en la moitié et garde le reste pour toi.

- Non, non! Monsieur! repartit vivement le brave garçon, en la remettant à Jacques. Non! aucun de nous ne prend jamais rien de l'argent de Jacques!

Et il s'éloigna promptement.

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Sauvé par un petit enfant.

C'était pendant le terrible hiver de 1877. Il y avait à New-York trente mille ouvriers sans travail et la faim les forçait souvent à mendier. Un

homme vint frapper à la porte d'une maison et demanda quelque chose à manger. Il disait que la fabrique d'étoffes où il était occupé, venait de, fermer et que sa femme se mourait.

La maîtresse de la maison ne refusait jamais de nourriture aux affamés; elle invita celui-ci à entrer dans la cuisine et lui fit servir à manger.

C'était un homme jeune, d'une figure agréable mais qui portait les signes évidents de la dissipation. Tout à coup, il laissa tomber sa cuiller et resta immobile, les yeux attachés sur la porte, où venait de paraître un enfant.

- Jeannot! Jeannot ! s'écria-t-il.

C'était l'enfant de la dame, un enfant de trois ans, qui suivait sa mère dans la chambre à coucher.

L'étranger, pour cacher son émotion, lit entendre un gros rire :

- Je vous demande pardon, dit-il ; c'est votre enfant, sans doute ? Je... je n'ai pas vu de petits enfants depuis longtemps.

Il se remit à manger, mais au bout d'un moment, s'agitant sur sa chaise, il dit d'une voix saccadée :

- Madame, il faut que je vous le confesse, je ne suis pas, comme je vous l'ai dit, un ouvrier sans travail; je sors de prison, où j'ai fait mon temps de condamnation pour vol avec effraction. J'ai été autrefois un honnête homme. Mais j'ai abandonné ma vieille mère à Pottsville, avec ma femme et mon... mon petit Jeannot.

Tout en parlant, il regardait l'enfant avec une expression à faire peur.

- Petit-enfant, dit-il enfin d'un ton suppliant et tendant les mains à la petite créature, veux-tu me donner la main ? Je ne te ferai pas de mal, va! -11 n'y a pas de danger!

La mère tressaillit... mais l'enfant, avec un sourire, s'élança, tes bras tendus, vers le prisonnier; lui s'agenouilla près du petit être, les joues inondées de larmes:

- Il ressemble tant à mon petit Jeannot!

- Il vous faut retourner auprès de votre enfant, de votre femme, de votre mère ! dit la dame.

- Il est trop tard pour redevenir honnête, dit-il. Puis il prit sa casquette et s'en alla.

Six mois après, cette dame recevait de Pottsville une lettre sans orthographe, où elle déchiffra ces mots: « Je suis revenu ici et j'ai du travail. Quand j'arrivai chez vous, un soir, j'étais bien décidé à retourner avec les camarades qui m'avaient perdu. Mais, par la grâce de Dieu, votre petit enfant m'a sauvé. Au lieu d'aller avec eux, je suis revenu au près de ma femme. Il n'était pas trop tard ! »



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