Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Chapitre XXI

La théologie de Neff :

Le Christianisme expérimental et pratique. La Bible. - L'Eglise. - Les études théologiques.

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« On est trop théologien, trop savant et trop riche. L'Evangile est une plante des déserts et des montagnes qui dégénère par trop de culture et d'engrais : elle se répand alors en feuillage et porte peu de fruits. » F. N. (1)

Pratique

« LE CHRISTIANISME EXPÉRIMENTAL ET PRATIQUE EN EST SEUL L'OBJET » (2), écrivait Neff des réunions de Mens. On peut appliquer cette définition à toute sa théologie.

Le christianisme expérimental et pratique, nous avons vu comment Neff le formulait au moment de sa consécration (1823). Il n'évolua pas ; toute son activité fut la mise en application des principes qui s'étaient imposés à lui au moment de sa conversion.

Biblique

« La vraie foi consiste à recevoir tout ce que l'Evangile enseigne, et non à s'attacher exclusivement à une vérité, ou à un certain nombre de vérités, ou seulement à des vérités. (3)

« Quand on ne croit pas que toute la Bible est divinement inspirée, dit-il un jour à un ecclésiastique avec lequel il avait discuté longtemps ; quand on ne croit pas que l'homme est, par sa corruption naturelle, soumis à la condamnation, et qu'il a besoin d'un Sauveur ; quand on ne regarde pas Jésus-Christ comme Dieu, béni éternellement, on ne lui adresse pas des prières, on ne célèbre pas des fêtes à son honneur, on ne baptise pas des enfants en son nom; on ne se dit pas son ministre ; on prend le froc et on le jette aux orties ! » (4)

Comment Neff lisait sa Bible

« Sa foi, sa religion, son christianisme, sa théologie avaient leur source, leur raison d'être dans l'Ecriture. Il n'était croyant, chrétien, ministre de l'Evangile, conducteur d'âmes, pasteur, qu'à cette condition. En dehors de l'Ecriture, il n'y avait à ses yeux qu'incertitude. Il se courbait sur le livre, mettait tous ses soins à se laisser enseigner par lui ; il lui soumettait son intelligence, il prêtait l'oreille à son langage comme à celui d'un ami, d'un maître donnant des leçons. Il pouvait lui arriver de ne pas bien comprendre ; alors il y revenait, il écoutait avec plus de soin, il demandait à Dieu son Esprit, il ne se hâtait pas, et, d'ordinaire, à la seconde ou à la troisième fois, il saisissait mieux le sens ; dans le cas contraire, il attendait l'occasion de Dieu. Jamais il n'eut à se repentir d'avoir agi de la sorte. » (5)

Si quelqu'un vous annonce un autre Evangile, qu'il soit anathème !»

Son attitude vis-à-vis de l'Ecriture ne varia jamais, le 25 mars 1828 il écrivait encore : « Je ne suis pas un homme à préjugé, je n'ai pas toujours cru à la révélation, et à présent encore je puis, et trop facilement peut-être, me placer en dehors de l'Evangile pour l'examiner... Or, ce dont je suis de jour en jour plus convaincu, ce qu'on ne peut nier sans manifester le plus stupide aveuglement ou la plus insigne mauvaise foi, c'est que si ce que je vous ai enseigné n'est pas l'Evangile, il n'y a point d'Evangile, Jésus-Christ est un imposteur et les chrétiens de toute espèce de misérables dupes ; nous n'avons aucune lumière, aucune vérité, nous n'avons aucune raison d'attendre une vie à venir, et il ne reste plus qu'à vivre : mangeons et buvons, car demain nous mourrons... Alors le saint Ministère n'est plus qu'une misérable jonglerie et le prédicateur, quel qu'il soit, n'est plus qu'un satanique ou un méprisable tartufe, le dernier et le plus vil des êtres. (6) » *

On retrouve dans cette lettre, dit M. Chatoney, son caractère entier, absolu, souvent âpre ; il est sûr de lui-même parce qu'il se sent un instrument entre les mains de Dieu, il est possédé par l'Evangile du Christ et rien ne pourra le détourner de sa voie, qui est d'annoncer cet Evangile tel qu'il l'a reçu.

L'attitude ecclésiastique de Neff

En ce qui concerne l'Eglise, Neff n'était pas éclectique. Il avait des convictions très arrêtées (7). Appelé à s'expliquer à ce sujet, il se plaçait à son point de vue particulier, celui de l'évangéliste. Dès 1822, il écrivait: « Si nous aimons les âmes, nous ne désirerons rien tant que de les atteindre pour leur annoncer la bonne nouvelle ; nous éviterons avec soin tout ce qui pourrait les prévenir contre nous ; et nous sacrifierons volontiers, pour le salut des âmes immortelles, notre propre opinion ou notre entêtement. »

 

En 1825, même attitude : « Je crois que si les Eglises nationales ne sont pas dans la règle apparente de l'Evangile, elles sont du moins une institution fort utile dans le plan de miséricorde du Seigneur, ne fût-ce que dans l'intérêt de la morale publique et du bien-être temporel des nations... Qu'en conséquence, nous devons les regarder comme le filet de la parabole, qui ramasse toutes sortes de choses ; et qu'il vaudrait mieux se servir de ce filet et le raccommoder que le déchirer et le détruire. » (8)

Mesquinerie des discussions ecclésiastiques

A propos des étroitesses ecclésiastiques, il écrit à de futurs pasteurs : « On finit par mettre plus d'importance à ces riens qu'à l'Evangile même ; et au lieu de retirer quelques tisons du feu, on croit bien servir Dieu en troublant ceux qui lui appartiennent déjà. On coule le moucheron et on avale le chameau, on se glorifie de porter la croix de Christ et on ne porte que la sienne... Ayons, des vues plus élevées ; repoussons cette gaine qui va toujours en se rétrécissant, où l'on se serre chaque jour toujours davantage, et où l'on n'est jamais assez esclave (9). »

« Plus nous observons l'oeuvre de Dieu dans les coeurs et plus nous serons convaincus qu'à quelque forme d'église qu'appartienne un homme d'ailleurs réellement en Christ, si son coeur est vraiment entier devant Dieu, il se distinguera par ses oeuvres et par sa vie spirituelle. Tandis qu'avec la profession de foi la plus orthodoxe, et dans l'Eglise la plus pure, une âme qui manque intérieurement de cette droiture d'intention ne peut que végéter misérablement.

« Tout est provisoire dans ce monde, l'Eglise comme le reste ; et pour une nuit que nous y passons, il n'est pas nécessaire d'y bâtir une forteresse ; une légère tente, un chariot couvert, comme aux peuples nomades, sont plus que suffisants ; demain, s'il plaît au Seigneur, nous serons dans la cité de Dieu. »

Le Réveil avant tout

Neff s'est ainsi toujours élevé au-dessus de la question d'église, car c'est le Réveil qu'il veut avant tout et il sait qu'il ne viendra pas des organisations ecclésiastiques :

« L'homme voudrait voir les choses marcher en grand et avec gloire ; il voudrait que le réveil suivît un ordre régulier ; qu'il commençât par le sanctuaire, par les docteurs de la loi ; puis, que, descendant de là avec gravité et sans secousse, il embrassât insensiblement tout le peuple, et que l'Eglise se trouvât ainsi régénérée presque sans qu'on s'en aperçut, et surtout sans qu'elle eût aucun opprobre à porter. »

Le véritable culte

Pour Neff, les assemblées d'édification mutuelle. sont un rouage essentiel de l'église. Il l'a répété avec une énergie, une constance peu communes. Cette base de son activité, il l'organise partout, la dirige avec un soin minutieux ; il en attend, il en obtient le réveil. Voilà comment il « raccommode le filet » !

Raccommodant le filet

« Ce ne sont pas tant les pasteurs et leur prédication, quoique bien fidèle, qui en ont été le moyen, écrit-il du réveil de Mens, cinq ans après, que les réunions mutuelles, pleines de vie et de confiance chrétienne.

« Je regarderai toujours, écrit-il encore, comme le devoir des chrétiens de se réunir en véritable Eglise, séparée ou non, pour vivre dans la discipline évangélique. Je n'insisterai pas sur la forme et le mot, mais beaucoup sur la chose ; et alors, non seulement je la dis essentielle et ordonnée par le Seigneur, mais je regarde comme une grâce inappréciable d'être joint à un tel troupeau... »

Aussi Neff recommande à toutes les églises (10), en Suisse, dans les Hautes-Alpes, à Mens, les assemblées mutuelles.

« Il est bien difficile, écrivait-il, ou pour mieux dire, il est impossible de faire des progrès dans la foi si on se relâche de cette bonne habitude de se rassembler entre frères pour travailler d'un commun accord à l'oeuvre du salut ; et celui qui la néglige prouve qu'il n'a point son salut au coeur et point de zèle pour la gloire de Dieu et de Jésus-Christ. »

Ces assemblées fréquentes, où sa présence n'était pas indispensable, lui permirent d'accomplir un travail étendu et profond, tout en ne restant que peu de temps dans chaque localité. Neff ne séjourna que vingt mois à Mens, et, longtemps après lui, grâce à ces assemblées, le réveil s'étendit, gagna des villages jusqu'alors indifférents.

Les études. -La culture générale

Neff estimait les études théologiques à leur juste valeur. Il envoya à Paris plusieurs de ses élèves (11) en vue d'études préparatoires à l'Institut Olivier. Ces jeunes gens suivaient en outre des cours à la Sorbonne, au Muséum, au Collège de France. Neff leur recommandait d'acquérir une culture générale aussi vaste que possible, d'élargir leurs vues, de former leur jugement, de devenir « capable de comprendre tout ce qu'on lit ou ce qu'on entend dire aux gens instruits ».

Puis, sachant par expérience qu' « un évangéliste sans titres est bien défavorablement placé pour remplir sa mission dans l'état où en sont les choses sur le continent », il recommanda à ses élèves de ne pas tarder à se rendre à Montauban.

Il leur écrivit lui-même bientôt une lettre, dont Ami Bost a pu dire : « Il nous semble qu'on a bien rarement jugé avec autant de justesse les rapports sous lesquels les études humaines peuvent être utiles, indifférentes ou nuisibles au serviteur de Christ. »

Rapportons-là tout entière :

Valeur relative des études théologiques.

« Je n'ai pas besoin de vous dire, mes chers amis, combien je suis réjoui de vos succès. Vous voilà donc en théologie ; et dans peu de temps vous pourrez commencer à prêcher en qualité de proposants. Cependant, mes chers amis, dans mes actions de grâces à notre bon Dieu, je crois devoir le supplier de vous préserver de l'orgueil ; je le prie surtout de vous garder au milieu des nombreuses tentations qui vous entourent. Rappelez-vous que la plupart des choses qu'on vous enseignera sont d'une faible utilité dans l'oeuvre de Dieu, et qu'il en est même qui sont plus propres à enfler le coeur et à détruire la simplicité de la foi qu'à l'édifier. Il est à désirer que vous puissiez vous occuper de ces choses comme un chimiste manie des poisons. Malheur à vous si vous y mettez votre coeur. Vous êtes entourés d'adorateurs de la sagesse humaine, de ces savants et de ces intelligents à qui, par son juste jugement, le Père a trouvé bon de cacher ces choses qu'il a révélées aux petits enfants ! Votre position est d'autant plus dangereuse, que c'est d'une ignorance absolue que vous êtes immédiatement passés à la lumière de l'Evangile, et que les fausses lueurs qu'on vous présente maintenant peuvent avoir pour vous le charme de la nouveauté, tandis qu'au contraire ceux qui n'ont trouvé le repos aux pieds de Jésus qu'après avoir longtemps erré dans ces déserts arides et sans eau, ne peuvent plus être égarés par des guides trompeurs. Epargnez-vous cette triste expérience ; ne tentez pas le Seigneur en vous plongeant avec témérité dans ces sables mouvants, dans cet obscur labyrinthe où son Esprit ne s'engage point à vous suivre et à vous garder. Ne soyez point présomptueux, ne pensez pas qu'on puisse essayer de tout impunément. Il en est de l'esprit comme du coeur dès qu'il cesse de craindre, il est bien près d'aimer dès qu'il cesse de combattre et de fuir, il est tout près d'être asservi.

La simplicité du coeur

« Rappelez-vous ces temps heureux où vous reçûtes l'Evangile en simplicité de coeur ; que pourriez-vous désirer de plus ? Transportez-vous dans votre chère patrie, dans les chaumières des Hautes-Alpes, au milieu de nos frères et de nos soeurs qui ne savent que Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié, qui ne lisent que la Bible et quelques ouvrages dictés par l'expérience du coeur. Que leur manque-t-il, et que pourraient-ils gagner dans la compagnie des sages et des dissertateurs de ce siècle, dont peut-être vous enviez le prétendu savoir ?... Ne répondriez-vous pas par un sourire de pitié à ceux qui vous demanderaient si les docteurs rationalistes que vous connaissez, pourraient tous ensemble amener une seule âme à la vie éternelle et porter dans l'oeuvre de Dieu le fruit que portent un Aimé du Loix ou une Marie Carron ?

Je ne suis pas ignorantin, vous le savez ; et en fait de sciences positives, bien qu'il ne faille pas y attacher trop de prix, mon avis est qu'on n'en saurait trop acquérir. Soyez donc savants dans les langues, apprenez les mathématiques, l'histoire, les sciences naturelles autant que vous le pourrez, et faites servir ces connaissances au règne de Dieu. Mais en fait de métaphysique et surtout de théologie proprement dite, vous avez bien peu à recevoir de vos semblables : « Ce sont des choses que l'oeil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues, et qui ne sont jamais montées au coeur de l'homme, mais que l'Eternel a réservées à ceux qu'il aime » ; et comme nul ne sait ce qui est dans l'homme, sinon son propre esprit, de même nul ne connaît ce qui est en Dieu, sinon l'Esprit de Dieu. C'est donc à cet Esprit seul qu'il appartient de nous les faire connaître ; « aussi n'avons-nous pas reçu l'esprit de ce monde, mais l'Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous ont été données de Dieu, lesquelles, ajoute l'Apôtre, nous annonçons, non avec les discours qu'enseigne la sagesse humaine, mais avec ceux qu'enseigne le Saint-Esprit ».

« N'employez donc que le moins de temps possible à ce qui ne rassasie point ; n'apprenez, en fait de théologie ainsi nommée et de toute science humaine relative aux choses spirituelles, que tout juste ce qui vous sera nécessaire pour subir vos examens. Ne permettez jamais qu'on vous fasse sortir sur ce sujet du champ des Ecritures, et récusez constamment tout autre témoignage ; combattez avec charité et modestie, mais en même temps avec franchise, les principes erronés que l'on pourrait vous proposer.

« Ne formez de liaison avec les étudiants que pour votre édification ou pour la leur ; que la conscience et le coeur aient toujours part à vos conversations, car l'Esprit, quand on l'attaque seul, glisse et s'échappe comme un serpent.

« Rappelez-vous que vous n'êtes pas à Montauban seulement pour vous préparer au ministère, mais en quelque sorte pour l'y exercer déjà. Si vous voulez être vraiment des disciples de Christ, ayez de l'huile dans vos lampes, ayez du sel en vous-mêmes, tenez-vous près de Jésus, la source de toute lumière. Demeurez attachés au cep, car hors de Lui, quoi qu'en pense le monde, vous ne pouvez rien faire. Aimez-vous les uns les autres. Edifiez-vous mutuellement, écartez les questions oiseuses, priez ensemble et serrez les rangs comme un peloton de fantassins pressés par la cavalerie. Je vous le répète, n'employez pas votre temps à des choses vaines. Et s'il vous en reste après vos études obligatoires, réservez-le à votre édification ou à celle d'autrui.

« Adieu mes chers amis, que le Seigneur vous fortifie et vous bénisse. »

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1. A. MARCHAND, op. cit., p. 68.
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Le point fondamental de la religion
2. Un prêtre veut organiser des réunions contradictoires pour « expliquer le point fondamental de notre religion », Neff lui répond : « Je suis fort éloigné de regarder l'objet que vous désirez traiter comme le point fondamental de la religion, et, quand vous auriez raison en cela, il demeure encore vrai que c'est l'esprit qui vivifie. C'est le christianisme spirituel, intérieur et pratique qui manque probablement le plus à nos troupeaux, et je ne crois pas qu'une dispute soit plus propre à nous l'inspirer. » (Décembre 1826).
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3. Méditation sur Jacques, IV, 5.
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4. Rapporté par André Blanc in Bost, 1, 207.
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5. Martin DUPONT, Op. cit., p. 66.
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6. On lira en entier cette lettre magistrale Appendice VI.
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7. En novembre 1827 il exprimera ainsi ses convictions sur ce sujet : « L'Eglise de Dieu n'est composée que des vrais croyants et il ne faut point prendre pour l'Eglise le troupeau mélangé de toute sorte de gens qui, depuis les pasteurs jusqu'aux derniers membres, sont morts dans leurs fautes.
La conception ecclésiastique personnelle de Neff
La vraie Eglise n'est ni dans les temples faits de mains d'hommes, ni dans les consistoires, pasteurs et docteurs instruits et nommés par les hommes, mais elle est partout où il y a deux ou trois fidèles réunis au nom du Seigneur. Aussi ils ne doivent point s'étonner s'ils ont des infidèles qui se disent pasteurs et sont nommés par le monde ; qu'ils se mettent bien dans l'esprit que de tels hommes sont des aveugles, conducteurs d'aveugles, qu'il ne faut point les haïr ni les mépriser et en dire du mal, mais qu'il faut, comme le dit le Seigneur, « les laisser », et s'ils ne prêchent pas l'Evangile, ils ne sont point obligés d'aller les entendre, ni de se soumettre à eux pour leur âme. Ainsi quand la plus grande partie serait de leur avis et les écouterait, les enfants de Dieu ne doivent point s'en étonner, car le Seigneur l'a prédit : « lis sont du monde, ils parlent comme étant du monde, c'est pourquoi le monde les écoute. »
« Dans chaque endroit, ceux qui ont à coeur leur salut et qui ont reçu l'amour de la Vérité doivent prendre courage, ils doivent se réunir entre eux et s'édifier les uns les autres sans craindre les hommes, et aussi avec humilité, sans braver personne. Dites-leur que c'est presque partout que Dieu fait son oeuvre sans se servir des hommes que le monde appelle Docteurs, et que presque toujours elle se fait malgré eux. Parlez avec charité, avec calme et avec prudence en priant Dieu que tout se fasse pour sa gloire et le salut des âmes immortelles. »*
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8. La question est-elle ainsi posée sur son véritable terrain, et résolue selon l'Ecriture ?
On peut simplement affirmer, croyons-nous, que
1) pratiquement l'activité de Neff suppléait aux lacunes des définitions et des comparaisons ;
2) si les chrétiens avaient toujours suivi cette ligne de conduite, si féconde malgré tout, la question d'église ne se serait probablement jamais posée.
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9. A. MARCHAND, op. cit., p. 52.
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Il vaut parfois mieux ne pas se réunir
10. Mais avec quelle prudence, quelle sagacité !
« Quant aux réunions que vous tenez tous les soirs aux Infloux (partie basse de Dormillouse), ce n'est pas 'à moi de décider si elles sont convenables oui ou non ; cela dépend des circonstances et de l'état de vos âmes. Ainsi, quand on voit autour de soi des âmes qui sont dans un grand travail et pour lesquelles le temps presse, il est clair qu'il ne faut regarder à rien d'autre, et se hâter de leur faire trouver le chemin de la paix, and cela exigerait beaucoup de temps et ferait murmurer tout le monde. Il est clair aussi que, si dans le temps qu'on se réunit pour s'édifier, les autres ne font rien, ni pour leur âme, ni pour leur corps, et que ce soit un temps de loisir pour tous, il vaut infiniment mieux aller là où on peut s'édifier que là où on se distrait. Mais quand nos âmes ont communion avec Dieu, et que chacun sait et peut le trouver en son particulier ; quand on est obligé, pour se réunir, de négliger son ouvrage ou les soins de sa maison, et que c'est ce qui fait murmurer les gens, on peut considérer s'il ne vaut pas mieux se réunir moins souvent. Mais, je le répète, c'est à vos coeurs, à vos consciences, de juger cela devant Dieu ; et je n'ai rien à vous dire ; car je puis me tromper comme un autre, et je ne connais pas votre position. Du reste, que jamais la crainte du monde ne nous conduise en rien, mais seulement la crainte de Dieu et son amour. »
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11. Jacques Clavel et Pierre Baulme de Mens ; Ferdinand Martin du Champsaur. Jean-Louis Rostan de Vars alla directement à Montauban.
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