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TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Deux compagnons d'infortune 

Jérémie DUPUY, de Caraman - Jean MASCARENC, de Castres

 
Photo Albinet. Toulouse
VUE GENERALE DE CARAMAN

 
PREMIÈRE PARTIE

Jérémie Dupuy et "La juste reconnaissance"

 

INTRODUCTION

Caraman est une ancienne petite ville qui portait le nom de Carmaing jusqu'au début du XVIIIe siècle ; chef-lieu de canton de la HauteGaronne, distante de Toulouse de 28 km., située sur une éminence, elle jouit d'une vite étendue sur les environs et offre encore de beaux restes d'un passé qui ne fut pas sans importance ; des maisons de briques rouges, des rues étroites, des pans de remparts présentent de l'intérêt, comme dans toutes les autres petites villes du Lauraguais, mais elle ne possède pas de monument remarquable ; l'église, bâtie en 1902 seulement en remplacement d'un ancien édifice qui datait de 1633, est froide et banale ; à son chevet se trouve une grande place où s'élevait autrefois le château fortifié dit le Castellas. Lorsque le 30 juin 1622 Caraman, jusque-là fidèle au duc de Rohan, dut capituler devant les armées de Bassompierrre et de Valençay, c'en fut fait de sa fière indépendance ; le château, les remparts furent aussitôt démolis, et il n'en reste guère aujourd'hui que le Ravelin, ancienne demi-lune utilisée comme foirail à bestiaux (I).

 

Dès le XVIe siècle, Caraman posséda une Eglise Réformée assez importante ; c'était la seule qui ressortit au Parlement de Toulouse ; elle posséda un consistoire, un temple construit en 1624 et un cimetière. Elle eut, au cours du XVIIe siècle, des pasteurs distingués : David Dupuy, Jean Cabibel, Jean Lespinasse (2), Jean Darnatigues ; enfin, depuis 1682, François Dèse. Celui-ci en fut le dernier pasteur et, au temps de la Révocation, il dut prendre le chemin de l'exil. Pour cette période si troublée, nous renvoyons le lecteur au récit de Dupuy, que nous publions plus loin. Disons seulement que l'Eglise perdit son cimetière en 1681 et son temple en 1682 ; celui-ci fut en partie détruit, mais, en 1692, il fut restauré et aménagé en mairie, tel qu'on le voit aujourd'hui : les dimensions, l'aspect extérieur, la toiture lui ont conservé l'aspect du temple, mais de grandes fenêtres ont été percées, et il ne subsiste des ouvertures d'autrefois qu'une étroite fenêtre cintrée, murée en briques, sur la muraille du sud-ouest, et visible seulement de la cour de l'immeuble voisin (café Pujol) ; l'intérieur a été modifié par l'établissement d'un premier étage, indispensable aux services de la mairie et de la justice de paix.

Photo Albinet. Toulouse
L'ANCIEN TEMPLE DE CARAMAN
(aujourd'hui la mairie (1934)

 

Sans temple, sans pasteur, en butte à des persécutions violentes, l'Eglise se dispersa rapidement; plusieurs de ses membres quittèrent la ville pour se fixer à la campagne, où ils espéraient passer inaperçus : les Lavaysse au Pujolet, les Laroque à Lafaye, les Villeneuve au Crozilhat ; des familles entières s'établirent à Revel, à Puylaurens, à Castres ; d'autres partirent pour l'exil.

Mais au XVIIIe siècle, il restait encore des vestiges de la communauté qu'on pourchassait sans relâche : en 172,5, un procès fut engagé contre la mémoire de plusieurs habitants de Caraman, morts protestants : Jeanne Roussel, veuve d'Isaac AIgans ; Jeanne Maffre, épouse de François Pirouteau, hôte ; femme Ribenc, veuve de Raymond Delpech ; Jean Gautier, boucher (3).

Dix ans plus tard, Jean Baron, de Caraman, ancien lieutenant dans le régiment de Rouergue, reçut l'ordre (9 août 1734) de s'exiler à Castelnaudary, pour n'avoir pas fait bénir son mariage à l'église, et pour empêcher, par ses discours, les protestants d'abjurer (4).

Une jeune fille de Caraman, Anne Sirven, âgée de 18 ans, fut conduite aux Ursulines de Toulouse par ordre du 1er mai 1740, sur la demande de l'archiprêtre de Caraman ; elle y était encore en 1754, et on s'étonnait que cette captivité de quatorze ans n'ait pu la convertir (5).

En 1743, emprisonnement dans l'hôpital de la Grave, à Toulouse, de la demoiselle Clauzade, de Caraman, qui s'était mariée au Désert.

A cette époque, en effet, les assemblées du Désert commençaient, et les quelques fidèles de Caraman étaient signalés comme présents aux assemblées convoquées à Puylaurens, Revel, Castres et même Saint-Amans.

Mais l'Eglise de Caraman n'existait plus ; au XIXe siècle, elle n'a plus guère compté qu'une famille, les Vaysse, considérée et généreuse, dont les bienfaits ne sont pas oubliés dans le ressort du Consistoire de Toulouse ; elle s'est éteinte avec M. Adolphe Vaysse, magistrat, décédé en 1867, et avec sa digne soeur, Mlle Clara, Vaysse, décédée en 1883. On voit encore à Caraman un petit cimetière protestant.

Photo Albinet. Toulouse
VIEILLES MAISONS DE LA RUE DU TEMPLE A CARAMAN
 

Jérémie Dupuy, l'auteur du touchant récit qui va suivre, fut un des principaux membres de l'Eglise de Caraman, en même temps que le plus fidèle de tous.

Il naquit à Caraman le 23 février 1616 (6) ; son père, fils lui-même d'un notaire et consul de Castres, était pasteur et avait exercé son ministère au Carla, aux Bordes et enfin à Caraman, où il mourut en 1626 ; sa mère, Marguerite Quinquiry, appartenait à une des meilleures familles de cette localité.

Le ménage avait encore une fille, Marie, née le 23 mars 1618, baptisée le 15 avril suivant par son père (7), qui épousa Jean Baron, bourgeois de Caraman et eut deux fils, Jean et Paul, que nous retrouverons dans le récit de Dupuy.

Jérémie Dupuy ne se maria pas ; il embrassa la carrière des armes et fut officier d'infanterie ; retiré ensuite à Caraman, où il possédait une maison et une propriété, et où il était ancien du Consistoire, il jouissait d'une vie heureuse et paisible jusqu'au jour où les édits royaux s'acharnèrent contre les protestants ; nous ne redirons pas ici tout ce qu'il a souffert puisque dans son récit il retrace fidèle-nient ces jours tragiques; disons seulement qu'il sacrifia tout à sa foi : repos, biens, liberté, famille, et qu'il mérita bien d'être cité par Elie Benoit au nombre « des plusieurs persécutés dans toutes les provinces du royaume » (8).

Rendu enfin à la liberté et conduit à la frontière pour un exil définitif, il se fixa à Berne, où il fut régulièrement assisté jusqu'à sa mort survenue le 14 février 1704: « M. Jérémie Dupuy, de Carmaing, âgé d'environ 89 ans, confesseur, est mort la nuit du 13 au 14 février 1704 ; ensevely le lendemain. » (9).

C'est en exil donc qu'il écrivit le précieux récit de ses malheurs ; cet écrit est remarquable à plusieurs points de vue : la piété qui s'en dégage, sans aucune exaltation, une parfaite sincérité, une exactitude minutieuse, surprenante chez un vieillard tant éprouvé, et parfaitement confirmée par tous les documents qui se rapportent à cette époque ; aussi méritait-il d'être conservé.

Il fut imprimé une première fois à Berne, en 1690, du vivant de l'auteur, mais nos plus minutieuses recherches, en France, en Suisse, en Hollande, en Angleterre n'ont pas été couronnées de succès, et, dans les bibliothèques privées aussi bien que dans les dépôts publics, nous n'avons pu découvrir un seul exemplaire de cette édition. L'ouvrage serait donc complètement inconnu aujourd'hui si la « Société des Livres religieux de Toulouse » n'avait eu l'heureuse pensée d'en publier une réimpression parue en 1862. Cette nouvelle édition, dont le texte n'est accompagné d'aucune note, fut faite surtout dans un but d'édification, à bon droit, car l'ouvrage de Dupuy est un véritable manuel de piété, - mais sans aucune préoccupation historique ou documentaire.

A son tour, cette seconde édition est, elle aussi, à peu près introuvable, et nous n'en connaissons que trois ou quatre exemplaires (10). C'est donc son texte modernisé, mais rigoureusement exact, que nous reproduisons aujourd'hui ; nous n'y avons ajouté, avec des notes explicatives nécessaires pour éclairer et contrôler ce précieux récit, que les titres aux paragraphes que nous avons formés en vue d'en faciliter la lecture.

G. T.

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La juste reconnaissance que rend à Dieu le sieur Dupuy,
un des confesseurs de J.-C., pour les grâces qu'il en a reçues
Pendant la persécution qu'il a soufferte en France
pour la Religion Réformée.

Imprimée pour la première fois
en l'an de grâce MDCXC

 

 

AUX TRÈS-HAUTS, TRÈS-ILLUSTRES

ET TRÈS-MAGNIFIQUES, SEIGNEURS, LES SOUVERAINS

SEIGNEURS DE LA VILLE ET RÉPUBLIQUE DE BERNE

 

Illustres et Souverains Seigneurs,

 

Je me sens obligé d'offrir à vos Excellences ce petit travail, bien que le peu d'expérience et de capacité que j'ai pour cette sorte d'ouvrages, me fasse assez connaître qu'il n'est pas digne de vous être offert ; mais la soumission respectueuse avec laquelle je le présente à vos Excellences fera qu'elles auront la bonté de le recevoir et d'en excuser plus facilement les défauts. Car à qui pourrais-je mieux l'adresser qu'à vos Excellences, puisque, après la reconnaissance que je dois rendre à Dieu de son secours et de sa divine assistance, il est bien juste aussi que je témoigne ma gratitude à vos Excellences pour les bienfaits que j'en ai reçus. Après qu'il eût plus à Dieu de me faire passer par diverses épreuves et par plusieurs afflictions dans le royaume de France pour la vérité de l'Evangile, et de me donner la force de persévérer constamment en la confession de cette vérité, nonobstant la longueur de mes souffrances et de ma captivité, de laquelle il me délivra enfin glorieusement ; il plut aussi à sa divine Providence de me conduire, comme par la main, entre les bras de vos Excellences, où j'ai trouvé un asile assuré, et la consolation et le secours qui m'étaient nécessaires dans l'état déplorable où mon exil m'a réduit.

Cette grande charité que vos Excellences ont fait paraître, et envers moi, et envers tant d'autres réfugiés que la persécution a chassés de France, ne demeurera pas sans récompense. Toutes ces actions de charité sont autant de sacrifices agréables à Dieu, dont la bonne odeur est montée jusques au ciel, et qui se répandra en bénédictions sur vos Excellences et sur cet Etat ; et notre grand Dieu, pour récompenser ces bonnes oeuvres, fera ouïr un jour à vos Excellences de la bouche du souverain juge du monde, ces douces paroles pleines de consolation : Venez les bénis de mon Père, possédez en héritage le royaume qui vous a été préparé devant la fondation du monde. Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger ; j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire; j'étais étranger et vous m'avez recueilli; j' étais nu et vous m'avez vêtu ; malade et en prison et vous m'avez secouru ; car quand vous l'avez fait à l'un de ces plus petits, vous me l'avez fait à moi (11).

Je n'entreprendrai pas ici, Magnifiques Seigneurs, de faire l'éloge de vos Excellences et de publier toutes les rares vertus et toutes les grandes qualités dont il a plû à Dieu d'orner vos illustres personnes. Car, outre qu'elles sont assez connues de tout le monde, ce serait une trop grande entreprise pour moi. je dirai seulement que la justice, le courage, la fidélité et le bon jugement, qui ont été de tout temps le partage de votre nation, sont des vertus qui paraissent aujourd'hui avec tout leur éclat dans les personnes de vos Excellences. Car enfin, très-illustres Seigneurs, c'est par votre sage conduite que les peuples qui vivent sous votre domination jouissent aujourd'hui de l'abondance et de la douceur de la paix ; et que dans le même temps que toute l'Europe est en feu (12), et que les désordres de la guerre désolent les autres pays, vos sujets jouissent ici d'un profond repos et d'une grande tranquillité. je prie notre grand Dieu, très-magnifiques Seigneurs, qu'il lui plaise de faire abonder ses grâces et ses bénédictions les plus précieuses, sur vos illustres personnes, et sur vos saintes familles ; qu'il fasse toujours prospérer cet Etat en paix sous votre juste gouvernement ; qu'il y fasse fleurir sa sainte religion ; et qu'il me fasse la grâce de témoigner ma reconnaissance à vos Excellences par toutes les actions de ma vie, et le désir ardent que j'ai d'être toujours, avec un profond respect,

Illustres et Souverains Seigneurs,

De vos Excellences,

Le très-humble, très-obéissant et très-obligé serviteur,

Dupuy.

 

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LA JUSTE RECONNAISSANCE
DU SIEUR DUPUY ENVERS DIEU

 

Préambule

La divine Providence m'ayant fait passer par de grandes épreuves, et par diverses tribulations, pendant la persécution que j'ai soufferte en France pour la religion réformée dont je fais profession, Dieu, pour en tirer sa gloire et montrer sa force dans ma faiblesse, m'a toujours soutenu par la vertu de son Esprit, et m'a donné la grâce de persévérer en la foi dans la longueur de ma prison, de laquelle il m'a enfin glorieusement délivré. Dieu m'a fait éprouver dans cette occasion la vérité de ce qu'il nous dit dans le Ps. L : Invoque-moi au jour de ta détresse, je t'en tirerai hors et tu m'en glorifieras (13). Aussi je résolus, après ma délivrance, de témoigner publiquement à Dieu ma reconnaissance, de le glorifier, et de lui rendre de très-humbles actions de grâces pour les biens que j'en ai reçus ; et c'est ce que j'ai dessein de faire ici dans le récit de ce qui s'est passé pendant le cours de mes souffrances. Mais que l'on ne s'imagine pas que je veuille me prêcher moi-même, et me donner quelque gloire en mon particulier de la force que Dieu m'a donnée dans mes afflictions, et de la grâce qu'il m'a fait de persévérer. je sais que ce sont des dons de Dieu, et que toute la gloire lui en appartient ; je connais ma propre faiblesse, et je sais que de nous-mêmes nous ne sommes pas capables d'avoir seulement une bonne pensée ; que toute notre suffisance vient de Dieu, qui produit en nous et le vouloir et le parfaire selon son bon plaisir ; qu'il nous a été donné gratuitement pour Christ, non seulement de croire en lui, mais aussi de souffrir pour lui ; et il me semble que j'entends toujours ces paroles de l'Apôtre : Qu'as-tu que tu ne t'aies reçu, et si tu l'as reçu pourquoi t'en glorifies-tu comme si tu ne l'avais point reçu ? (14) Ce n'est donc que pour la gloire de Dieu que je veux raconter ici les merveilles qu'il a faites en ma faveur, et pour lui en témoigner ma reconnaissance et ma gratitude. Dieu veuille avoir pour agréables mes faibles efforts, et faire que ce petit ouvrage puisse servir à sa gloire et à l'édification de son Eglise. Mais que rendrai-je à l'Eternel ! Tous ses bienfaits sont sur moi; je prendrai la coupe de délivrance et j'invoquerai le nom de l'Eternel (Ps. CXVI) (15).

L'orage avait grondé longtemps avant que le tonnerre éclatât sur nos pauvres Eglises réformées de France. C'étaient nos péchés qui avaient fait séparation entre nous et notre Dieu. Nous étions bien réformés quant à la doctrine, mais nos moeurs étaient entièrement corrompues et notre vie déréglée. Nous courions à un même abandon de dissolution avec ceux de l'Eglise romaine parmi lesquels nous vivions, à qui en ferait pis ; et l'on peut dire à notre confusion et à notre honte, que nous les surpassions de beaucoup en indévotion, en débauches et en toute sorte d'excès. En effet, il faut avouer que ceux de l'Eglise romaine faisaient paraître plus de retenue que nous, et plus de dévotion et de zèle pour leur religion que nous n'en avions pour la nôtre ; bien que l'on puisse dire d'eux ce que saint Paul disait des juifs, qu'ils ont le zèle de Dieu, mais non pas selon une véritable connaissance (16). Enfin, les désordres de notre vie vinrent à un tel excès, qu'ils firent que la colère de Dieu s'alluma contre nous, et qu'elle éclata ensuite par la sévérité de ses jugements, et par la désolation qu'il envoya sur son Eglise.

Nous avions lassé la patience de Dieu par nos crimes et par nos rébellions ; néanmoins, comme il est riche en miséricordes, et abondant en compassions, il nous attendait à la repentance et nous épargna longtemps. Il nous faisait avertir de notre devoir par nos pasteurs, qui nous exhortaient tous les jours à un saint amendement de vie, qui nous faisaient voir que Dieu était justement irrité contre nous à cause de nos péchés, qui nous exhortaient fortement d'abandonner nos vices et de quitter notre mauvais train, pour vivre dans la justice et dans la sainteté, sans laquelle on ne peut plaire à Dieu, et enfin qui nous menaçaient de ses plus sévères jugements, et nous faisaient voir la foudre en sa main, prête à tomber sur nos têtes criminelles si nous ne nous amendions ; mais tout cela ne fut pas capable d'arrêter le cours de nos rébellions, et nous continuâmes toujours dans les désordres de notre vie déréglée.

Toutes ces déclarations que le roi donnait de temps en temps et que le clergé romain surprenait à la cour, pour ébrécher nos privilèges, et nous ôter la liberté de l'exercice de notre religion; les procès civils et criminels qu'on faisait, tantôt à une Eglise et tantôt à une autre, quelquefois contre les pasteurs, d'autres fois contre les troupeaux, et quelquefois même contre des particuliers ; la perte et la suppression des exercices de notre religion en plusieurs lieux, et la démolition des temples en quelques autres, étaient autant de bouches qui parlaient à nous, et qui nous avertissaient de notre prochaine ruine. Cependant, lorsque nous apprenions l'interdiction de quelque exercice, la démolition de quelque temple, et les affaires qu'on faisait tous les jours et aux pasteurs et aux troupeaux, au lieu que c'étaient des coups qui devaient nous percer jusqu'à l'âme et nous porter à la repentance, à peine en recevions-nous quelque légère atteinte, et si nous en témoignions quelque douleur au dehors, elle ne pénétrait pas jusques au coeur, et chacun retournait à son propre vomissement.

J'avais eu quelques engagements dans le monde et par conséquent dans ses excès, et j'étais un misérable pécheur comme les autres. Mais Dieu, par sa grande miséricorde, m'en avait déjà retiré, et m'avait donné par sa grâce de l'horreur pour les vices et Pour les péchés qui régnaient alors si fortement parmi nous, si bien que dans ce temps-là je ne me trouvais plus guère dans les occasions qui pouvaient me faire tomber dans ces désordres ; je tâchais de les éviter, Dieu m'ayant fait connaître que c'est pour ces choses que sa colère tombe sur les enfants de rébellion. D'ailleurs mon âge, la crainte que j'avais d'offenser Dieu, et la douleur que je ressentais à cause de nos malheurs, m'en détournaient entièrement, et ne me permettaient plus de participer à de tels excès.




Table des matières

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(I) Voy. Laurentie : Histoire de Caraman et de ses environs, Toulouse 1913.
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(2) Celui-ci laissa de grands regrets ; une délibération en date du dimanche 26 août 1668 nomme des délégués chargés de l'aller trouver pour le faire revenir sur sa détermination, le priant « de ne pas abandonner l'église de Carmaing, de vouloir continuer parmy elle l'exercice de son ministère, à cause de la singulière édification qu'il leur donnoit, tant par ses prédications que par sa bonne conduite, vie et moeurs. »
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(3) Arch. de l'Aude, B. 2561.
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(4) Arch. de l'Hérault, C. 418.
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(5) Arch. de l'Hérault, C. 400, 408. Il y a encore des Sirven à Caraman ; c'est à une branche de cette famille, établie à Castres, qu'appartenait le malheureux Pierre Paul Sirven (1709-1777), héros d'une affaire célèbre dont s'est occupé Voltaire (Voy. Elie Galland : L'affaire Sirven).
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(6) Extrait du batistaire de Dupuy : « Le mardy vingt troisième de febvrier mil six cent seize est nai un enfant de Monsieur Dupuy, ministre de la Parolle de Dieu et de damelle Marguerite de Quinquiry, mariés, baptizé par ledit sieur Dupuy le dimanche dixième mars dudit an, lui a esté imposé nom Jérémie ; son parrain est Jérémie Dupuy, conseiller du Roy et juge de Villelongue au sièdge de Puylaurens, sa marraine damelle Jeanne de Dumas, femme de Moyse Rastel, bourgeois d'Auriac. »
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(7) Parrain : Moyse Rastel, bourgeois d'Auriac ; marraine : damelle Marie de Rotolp, femme de M. Dupuy, juge de Villelongue.
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(8) Elie Benoit : Histoire de l'Edit de Nantes, tome V.
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(9) Registres de l'Eglise Française de Berne.
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(10) Dans la préface de cette édition de 1862, nous lisons : « 'Ce livre est devenu à peu près introuvable, non seulement à Berne, mais dans toute la Suisse. Nous ignorons s'il en existe quelques exemplaires en France. Celui qui nous a servi pour cette nouvelle édition nous a été fourni par l'obligeance d'un ami de Genève ; il s'y trouvait quelques lacunes, mais notre ami a bien voulu les combler, en copiant textuellement les feuillets manquants sur l'exemplaire qui est conservé à la bibliothèque de Neuchâtel. »
Malgré ces précisions, toutes nos recherches sont restées sans résultats.
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(11) Matthieu 25 : 34 et ss.
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(12) Allusion à la longue guerre européenne dite de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697), terminée par la paix de Ryswick.
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(13) Psaume 50 : 15.
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(14) I Cor. 4 : 7.
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(15) Psaume 116 :12-13.
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(16) Romains 10 :2.

 

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