La
Prospérité des méchants
- Oui, Dieu est bon pour
Israël,
- Pour ceux qui ont le coeur
pur.
- Toutefois mon pied allait
fléchir,
- Mes pas étaient sur
le point de glisser;
- Car je portais envie aux
orgueilleux
- En voyant le bonheur des
méchants.
- Rien ne les tourmente
jusqu'à leur mort,
- Et leur corps est
chargé d'embonpoint;
- Ils n'ont aucune part aux
souffrances humaines,
- Ils ne sont point
frappés comme le reste des hommes.
- Aussi l'orgueil leur sert
de collier,
- La violence est le
vêtement qui les enveloppe;
- L'iniquité sort de
leurs entrailles,
- Les pensées de leur
coeur se font jour.
- Ils raillent, et parlent
méchamment d'opprimer;
- Ils profèrent des
discours hautains,
- Ils élèvent
leur bouche jusqu'aux cieux,
- Et leur langue se
promène sur la terre.
- Voilà pourquoi son
peuple se tourne de leur côté,
- Il avale l'eau
abondamment,
- Et il dit: « Comment
saurait-il,
- Comment le Très-Haut
connaîtrait-il ?»
- Ainsi sont les
méchants:
- Toujours heureux ils
accroissent leurs richesses.
- C'est donc en vain que j'ai
purifié mon coeur,
- Et que j'ai lavé mes
mains dans l'innocence:
- Chaque jour je suis
frappé.
- Tous les matins mon
châtiment est là.
- Si je disais : « Je
veux parler comme eux,
- Voici, je trahirais la race
de tes enfants,
- J'ai donc cherché
à comprendre ces mystères
- Mais la tâche a
été trop pénible pour moi,
- Jusqu'à ce que j'aie
pénétré dans les sanctuaires de Dieu,
- Et que j'eusse pris garde
au sort final des méchants.
- Oui tu les places sur des
voies glissantes,
- Tu les fais tomber et les
mets en ruines.
- Eh quoi ! En un instant les
voilà détruits
- Ils sont enlevés,
anéantis par une fin soudaine!
- Tel un songe quand on
s'éveille,
- Ainsi, Seigneur, quand tu
le lèves,
- Tu les dissipes comme de
vains fantômes.
Ps. 73 / 1-20
Les questions les plus graves, les plus
dangereuses, disons même les plus « subversives » que
l'homme puisse se poser, la Bible les pose avec une franchise et une
violence qui dépassent de beaucoup les nôtres. On
l'oublie trop facilement. Il nous semble volontiers que les
chrétiens sont de braves gens qui se bouchent les yeux et de
la tête desquels aucun démenti ne pourra enlever
l'idée qu'ils s'y sont mise. En tout cas, les chrétiens
donnent souvent aux incrédules l'impression de
préférer leurs illusions à une
vérité trop brutale qu'ils ne veulent pas voir en face.
Et le malheur est qu'il en est souvent ainsi, que le Dieu des
chrétiens est une pieuse illusion que l'on s'efforce tout au
fond de son coeur de tenir à l'abri des coups durs de la
réalité et des questions sommaires du bon sens : «
Que fait ton Dieu pendant que les hommes se battent ? Pendant que
l'injustice, le mensonge et la violence triomphent ? Si Dieu
existait, il ne permettrait pas ces choses. » Et beaucoup de
croyants sont là qui tremblent et qui pensent : «Ne me
dites pas cela, car mon Dieu n'y résisterait pas. Vous avez
raison, mais je ne veux pas le savoir. » Cette espèce de
fuite devant les vrais problèmes, qui caractérise bien
souvent l'attitude chrétienne, confirme les incrédules
dans leur idée que nous sommes des gens peu sérieux,
des gens qui ne sont pas allés jusqu'au fond des choses, qui
n'ont pas vraiment souffert, et ne se sont jamais posé les
grandes questions du mal et de la douleur, des gens qui vivent dans
un décor religieux, et non dans la
réalité.
Si cela est, hélas, vrai pour beaucoup
de soi-disant chrétiens, c'est assurément faux pour les
hommes de la Bible. Car personne autant qu'eux n'a regardé les
choses en face. Personne autant qu'eux n'a posé directement
les questions que l'incrédulité croit être seule
à poser. A cet égard, le Psaume 73 est merveilleusement
et infiniment utile. Il nous montre bien que la foi chrétienne
ne repose pas sur une ignorance des vraies questions, mais sur une
connaissance qui les a traversées, qui les a surmontées
et vidées de tout leur venin.
En effet, il n'est guère pour nous de
venin plus dangereux que celui des questions que l'on n'ose pas
poser, et rien n'oppresse autant les gens du dehors que cette
impression de nous fermer à la réalité et de
vivre obstinément dans un univers fictif. Rien ne peut nuire
davantage à notre témoignage. Etant sous les armes,
parmi les soldats, qui malgré leur couche de christianisme
n'ont pour la plupart aucune idée de l'Evangile, on constatera
qu'il y a pour beaucoup un véritable soulagement, non pas
même à voir les chrétiens répondre
à certaines questions, mais déjà simplement
à les entendre les poser.
«Tiens, se disent les hommes, il y a donc
des chrétiens qui sont avec nous, qui sont aux prises avec les
mêmes problèmes ! Il y a donc des chrétiens pour
qui la foi est un combat et une victoire sur le doute et non un
simple voile jeté sur lui. La foi pourrait donc être
quelque chose d'authentique. Elle pourrait venir à bout des
objections brutales que nous fait chaque jour la souffrance sous
toutes ses formes. » C'est à ce combat et à cette
victoire de la foi que nous assistons dans le Psaume 73. Un combat
où la force de l'ennemi n'est pas masquée mais est au
contraire mise en évidence. Ecoutez plutôt :
Le Psaume commence par ce cri de victoire: Oui,
Dieu est bon pour Israël, pour ceux qui ont le coeur pur. Oui,
la bonté de Dieu est le dernier mot de tout. Mais cette
profession de foi, cette victoire est l'issue d'un combat terrible,
d'un vrai corps à corps avec l'angoisse, c'est le port
où le psalmiste n'est parvenu qu'après avoir
traversé une effroyable tempête. « Dieu est bon
pour l'Eglise ! » Cette certitude a coûté cher
à Asaph. Elle n'a rien d'une évidence. C'est une
connaissance qu'il a dû conquérir de haute lutte contre
les doutes les plus graves. Elle n'est pas une de ces pacotilles
religieuses que l'on se procure à peu de frais dans les
magasins du bon Dieu. Pour tout dire, la bonté du Dieu
d'Israël n'a rien à faire avec le bon Dieu. Voici des
mois que, je l'espère bien, la grande épreuve a
balayé de votre coeur toute « bondieuserie»
possible. Et c'est seulement quand tous les bons dieux de la terre
ont fait naufrage dans notre souffrance, quand l'épreuve nous
a libérés de toute certitude non authentique, que nous
pouvons, par delà le feu qui consume notre iniquité,
par derrière le creuset de la colère divine, entrevoir
la bonté du Dieu d'Israël. Oui, Dieu est bon pour
Israël! Maintenant qu'il a retrouvé cette assurance,
Asaph peut nous dire par où il a passé :
Cependant mes pieds ont failli broncher. Il
s'en est fallu de peu que j'aie glissé. Glisser ? Qu'entend
par là le Psalmiste ? Quelque tentation charnelle:
colère mensonge ou vol ? Non pas, il s'agit d'une glissade
bien autrement grave, autrement profonde que les péchés
que nous voyons, il s'agit de la tentation du désespoir, de la
glissade définitive dans l'incrédulité. Il s'en
est fallu de peu que l'homme de Dieu, Asaph, ne glisse hors de la foi
en la bonté de Dieu et eu sa justice. Lequel d'entre nous n'a
pas connu ces derniers temps la tentation du désespoir, la
pensée démoniaque que Dieu pourrait ne pas être
bon et le monde être un enfer définitif, à jamais
le royaume du Malin. Cette pensée avait effleuré Asaph
quand il avait regardé le monde bien en face, et qu'il avait
vu la prospérité des méchants, le triomphe de
l'orgueil .et de la violence, la santé et la paix des
incrédules.
En effet, j'ai porté envie aux
orgueilleux, quand j'ai vu la prospérité des
méchants ! Il peut arriver qu'au travers d'un excès de
souffrances on se dise : après tout, pourquoi ne pas
être comme ces hommes à qui tout est permis et à
qui tout réussit ? On vit tout aussi bien sans Dieu. On vit
même beaucoup mieux. On se tire décidément mieux
d'affaire avec de l'orgueil, de la confiance en soi et de la
violence, qu'avec de l'humilité, de la confiance en Dieu et de
la douceur. Car la vie sans Dieu est une vie facile, plaisante,
agréable. «Les impies, constate Asaph, sont exempts de
souffrance. Ils ont la santé qui est assurément un des
plus grands biens. Ils n'ont aucune part aux peines de la mort; ils
ne sont point frappés avec les autres humains. » C'est
encore plus singulier, cela, car on entend souvent
répéter que la mort n'est pas une peine pour le croyant
(c'est même un des lieux communs des réunions
religieuses), tandis qu'elle serait terrible pour l'incrédule.
Cela n'est pas exact. Asaph en tout cas constate le contraire, et
nous pouvons tous aussi le constater. Le païen meurt souvent
avec une facilité déconcertante, l'incrédule ne
ressent pas du tout comme les chrétiens l'horreur de la mort.
Son mépris de la vie humaine lui rend la mort aisée. Il
est parvenu à glorifier la mort, à en faire une sorte
de déesse, d'amie, de compagne poétique. Mais pour le
croyant, la mort est salaire du péché, le royaume du
Diable. C'est une peine effroyable qu'il ressent chaque jour, dont il
souffre sans cesse, jusqu'à ce que Dieu
l'anéantisse.
Non seulement l'impie vit en bonne santé
et en sécurité, mais encore il parle bien. Il se vante
de ses violences, il sème la calomnie sur la terre, il ricane.
«Aussi attire-t-il à sa cause une foule de gens qui
boivent avidement ses paroles. » Il est inutile que j'insiste
sur ce tableau. Il est plus que jamais la photographie de notre
temps. Nous ne connaissons que trop la puissance inouïe de la
propagande et comment elle parvient à submerger le monde et
à s'infiltrer dans les derniers recoins de l'opinion
publique.
Et Asaph conclut: «Tels sont les
méchants : toujours heureux, ils amassent des richesses...
C'est donc en vain que j'ai gardé mon coeur pur et que j'ai
lavé mes mains dans l'innocence; car je suis frappé
tous les jours... »
Evidemment, tout cela est encore facile
à dire. Mais quand on le constate dans la
réalité, quand on touche du doigt la
tranquillité, le succès de ceux qui se moquent de la
volonté de Dieu, quand on voit des hommes et des femmes dont
toute la vie est un service de Dieu et du prochain et sur lesquels le
malheur, la maladie, l'injustice s'abat systématiquement,
quand on imagine le sort d'une population bombardée et ces
petits peuples protestants submergés par la vague infernale du
nihilisme, la question devient déchirante, insupportable
même: Où est la justice de Dieu ? Où est la
Providence ? Quel est donc le sens de la foi et du service de Dieu
dans tout cela? Il peut arriver qu'écrasés par la
souffrance, nous disions comme le psalmiste: C'est donc en vain que
j'ai gardé mon coeur pur et mes mains dans l'innocence, car je
suis frappé tous les jours. La foi serait-elle vaine,
serait-elle vide de sens, serait-elle illusoire ? Est-ce que Dieu se
moquerait de nous ? Est-ce que nous serions des dupes ? Il faudrait
tout de même savoir à quoi s'en tenir, savoir si oui ou
non notre foi est vaine, et si c'est en vain que l'on met sa
confiance en Jésus-Christ. Il vaut la peine de le savoir pour
ne pas se laisser duper plus longtemps. C'est ici le moment de ne pas
reculer, de ne pas fermer les yeux, de ne pas se laisser glisser, de
ne pas se réfugier dans la phrase des lâches : « Il
ne faut pas chercher à comprendre. » Car il faut
justement, il faut maintenant ou jamais chercher à comprendre,
et c'est ce que fait Asaph: « J'ai donc cherché à
comprendre.» Mais la tâche a été trop
pénible pour moi, ajoute-t-il. Comment pourrions-nous
expliquer toute l'injustice du monde et l'atrocité
d'innombrables existences ?
Quand le malheur est vraiment là, quand
l'injustice s'accomplit sous nos yeux, que peuvent les arguments ?
C'est un mur contre lequel on ne peut que se casser la tête. On
cherche à comprendre, et l'on ne comprend pas. On a beau
sonder son coeur et son intelligence, interroger toute la sagesse
humaine, il n'existe nulle part au monde une explication, un
apaisement. Nous restons dans la nuit et dans l'angoisse: le monde
partout nous démontre l'absence de Dieu, et nous sommes
livrés à cette absence jusqu'au moment (et c'est le
grand moment, c'est l'heure de Jésus-Christ), jusqu'au moment
où, avec Asaph, nous entrons dans les sanctuaires du Dieu fort
et où nous prenons garde à la fin de ces
gens-là.
C'est ici les paroles décisives, le
tournant de ce psaume. Prenons garde à la fin des incroyants.
Cette fin ne peut signifier ici la mort des méchants sur la
terre, puisque nous venons de voir qu'ils n'ont pas part aux peines
de la mort, qu'ils meurent plus facilement que les croyants. C'est
une autre fin à laquelle nous devons prendre garde, c'est au
but final de toute existence humaine. Cela, nous ne le pouvons pas
sans entrer dans le sanctuaire de Dieu, sans être introduits
par Dieu en sa présence et cela veut dire sans qu'Il nous
donne son Fils bien-aimé. Pour nous, nous ne voyons que le
monde présent et l'injustice présente, et la
misère sans fin et la mort sans fin. Mais en
Jésus-Christ, qui est le vivant sanctuaire de Dieu, nous
voyons tout d'un coup apparaître la fin, le but éternel
de toutes choses : le jugement dernier, le grand règlement de
comptes. C'est Jésus qui apporte avec Lui la fin,
c'est-à-dire le juste jugement de toute vie. Hors de lui rien
n'a de fin, rien n'a de but. Et ce psaume est vraiment comme le
commentaire du chapitre 15 de l'épître aux Corinthiens :
Si les morts ne ressuscitent pas, si le Christ n'est pas
ressuscité, c'est-à-dire si vous ne trouvez pas en lui
votre destinée éternelle, s'il n'y a pas en lui le
dernier mot sur tout ce qui se passe, alors votre foi est vaine.
C'est en vain que vous avez gardé votre coeur pur et
lavé vos mains dans son innocence, en vain que vous cherchez
à comprendre, car il n'y aura jamais rien à comprendre.
Vous faites bien d'envier les orgueilleux. Ils ont raison et ce sont
eux qui triompheront en dernier ressort. Si Christ n'est pas
ressuscité, si Christ ne revient pas pour juger les vivants et
les morts, alors oui, nous qui avons espéré en lui,
nous sommes les plus misérables des hommes, nous sommes de
lamentables dupes.
C'est donc l'accès au sanctuaire de
Dieu, la connaissance de Christ ressuscité qui seule retient
le psalmiste de la glissade et qui seule peut empêcher chacun
de nous de verser dans l'abîme du désespoir, ou de se
ruer dans la course à la domination universelle. Dans le
sanctuaire de Dieu, dans l'attente de Celui qui vient, nous pouvons
comprendre enfin : Pour l'instant, Dieu patiente encore et laisse le
monde aller son train et les méchants prospérer,
voulant, non pas la mort du méchant, mais sa conversion et sa
vie. C'est là justement une manifestation de sa bonté,
ce temps où Dieu suspend les arrêts de sa justice pour
appeler tout homme à la repentance et à la foi en
Jésus-Christ. C'est le temps dans lequel il nous est
demandé «d'aimer nos ennemis... » (Matthieu 5.
44-45). C'est forcément le temps où ceux qui
obéissent souffriront des impies comme Dieu en a souffert, et
porteront la croix de leur Seigneur. Pourquoi voudriez-vous que les
méchants se conduisent mieux envers les chrétiens
qu'envers le Christ lui-même. Pourquoi la guerre, pourquoi la
persécution nous étonnent-elles plus que la
croix?.
Pour l'instant, Dieu supporte encore
l'iniquité du monde et notre iniquité. Cela ne lui est
pas facile, il la supporte dans sa propre chair. «Christ est en
agonie jusqu'à la fin du monde.» Mais le jour approche
où Il ne la supportera plus, où le Crucifié
apparaîtra dans la gloire éternelle et prononcera le
dernier mot, le mot sans appel, la juste sentence qui
révélera à tout homme son véritable
état. Et pour les méchants, pour nous-mêmes
aussi, si nous n'appartenons pas à Jésus-Christ, ce mot
sera : ruine soudaine, écroulement. Tout ce qui
s'élève sera abaissé.
« Oui, tu les mets sur un terrain
glissant; tu les fais tomber et ils s'écroulent...
Enlevés et consumés par une destruction soudaine !
Ainsi, Seigneur, quand tu te lèves, tu les dissipes comme de
vains fantômes. » La gloire du Seigneur, quand elle se
lèvera au dernier jour, dissipera comme un fantôme tout
ce que nous appelons la réalité, toute la vie de ceux
qui n'ont pas été ensevelis avec Christ. Comme un
fantôme! Est-ce possible ? Voilà notre question du
début toute retournée: Ce n'est pas le croyant, c'est
l'incrédule qui vit dans l'illusion, dans un monde illusoire.
Ce n'est pas l'existence de Dieu et de son Royaume qui n'est qu'un
rêve, mais bien notre existence sans Lui et celle de tous les
royaumes de ce monde.
Ce qui nous apparaît comme atrocement
réel, ce déchaînement démoniaque, cette
montagne de souffrance, ce triomphe du péché et de la
mort, il apparaîtra à la lumière du jugement
dernier que ce n'est qu'un cauchemar, que le démon loin de
faire quelque chose de réel, de substantiel, ne peut que
prêter un masque de réalité à des
fantasmagories. Déjà la Bible est toute pleine des
signes de ce jugement: les murailles de Jéricho
s'écroulent, la tempête est apaisée, les
démons s'enfuient, la justice des pharisiens s'effondre, les
paralytiques se lèvent, la lèpre s'évanouit, les
muets crient de joie, la pierre du tombeau est roulée. En
présence de Jésus-Christ, la réalité de
ce monde devient fantomatique. Les peuples hypnotisés par le
serpent se réveillent de leur léthargie. Toute
l'histoire de l'humanité se dissipe comme un songe. Quand le
matin de l'éternité se lèvera sur le monde, rien
ne subsistera, sinon le temps que Dieu en Jésus-Christ est
venu passer sur la terre et ce que les hommes auront accompli dans la
foi en cette venue, dans l'attente du Seigneur et de sa
justice.
Pour l'instant, nous voici placés devant
cette alternative : être un fantôme, ou bien être
un croyant. Un fantôme bien portant, sans doute, sûr et
certain d'exister, ou bien un enfant de Dieu brisé et
misérable peut-être, mais comblé
d'espérance. L'incroyant peut prospérer, être
heureux et vaincre, ce n'est jamais que la prospérité,
le bonheur et la victoire d'un fantôme. Le croyant peut
être accablé de douleur et d'angoisse, c'est au moins la
douleur et l'angoisse d'un homme réel.
Il n'y a pas d'autre choix dans la perspective
du jugement dernier : notre vie est un songe, ou bien notre vie c'est
Jésus-Christ.