Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



SERMONS - EUG. BERSIER 

Tome IV


APPENDICE 2

 

De la doctrine de la vie future dans l'Ancien Testament. (On peut consulter sur ce sujet les monographies suivantes : Boettcher. De inferis rebusque post mortem futuris. Dresde, 1845. Klostermann. Die Hoffnung Künftiger Erloesung aus dem. Todeszustande bei den Frommen des A. T. Gotha, 1868, et Kahle. Biblische Eschatologie. Erste abtheilung. Gotha, 1870. Ce dernier ouvrage contient une discussion exégétique approfondie de tous les textes sur la matière qui nous occupe. En France, on ne peut guère citer que l'ouvrage de M. Th.-Henri Martin, la Vie future suivant la foi et suivant la raison; mais la partie exégétique et critique en est faible.) (1).

Le sujet de la vie future dans l'Ancien Testament est aussi traité d'une manière indirecte dans les meilleurs commentaires allemands, à l'occasion des passages qui s'y rapportent.

La plupart des interprètes de l'Ancien Testament sont arrivés à la conclusion que la doctrine de la vie future chez les Juifs a suivi un développement historique, dans lequel on peut marquer distinctement certaines périodes.

Saalschütz (Ideen zu einer Geschichte der Unsterblichkeit bei den Hebraern) distingue quatre périodes dans l'histoire de cette croyance : 1° dans la première, la croyance à la vie future est ferme, mais naïve et obscure; 2° la seconde est une période de doute; 3° dans la troisième, la croyance devient réfléchie et solidement assise, surtout en ce qui concerne la destinée des justes; dans la quatrième enfin, qui date de la captivité à Babylone, on voit se développer les deux idées du jugement final et de la résurrection.

H.-A. Hahn, l'éditeur de l'Introduction à l'Ancien Testament d'Haevernick, admet, lui, six périodes qui sont les suivantes :

Le temps des patriarches, marqué par la foi à la vie future. (Hénoc ne passe pas par la mort. - Les patriarches sont recueillis vers leurs pères, ce qui ne peut s'appliquer uniquement à leur ensevelissement. Jacob voit une échelle qui conduit dans les cieux. - Conférez ce que dit l'épître aux Hébreux, XI, 13.)

La période mosaïque. La loi de Moïse n'a point pour but de parler de vie future. Moïse se borne à défendre d'interroger les morts.

La période à laquelle appartiennent Job et la plupart des psaumes. C'est une période de doute, que Hahn caractérise par ce mot :futurarum rerum desperatio.

La période des prophètes. Le Messie considéré auparavant comme un roi terrestre, est de plus en plus envisagé comme celui qui délivre du péché, et l'on voit paraître l'idée que la mort sera anéantie.

La période de l'exil. On y voit, surtout chez Ezéchiel et Daniel, poindre l'idée de la résurrection des corps.

La période qui suit l'exil. Dans cette période, la croyance à la résurrection se mêle à la doctrine philosophique de l'immortalité de l'âme, qui vient surtout d'Alexandrie.

 

Boettcher et Haevernick ne distinguent que deux périodes séparées par la captivité. Dans la première, la croyance à la vie future est confuse encore; dans la seconde, s'établit la doctrine de la résurrection.

Schultz renonce à diviser en périodes chronologiques l'histoire de cette croyance. Il résume, dans les thèses suivantes, l'enseignement de l'Ancien Testament sur ce point .

Tous les livres de l'Ancien Testament enseignent que l'homme ne disparaît pas absolument dans la mort.

L'Ancien Testament n'enseigne pas clairement que cette persistance de la vie après la mort soit la vie éternelle ; il n'enseigne pas non plus clairement l'existence de récompenses et de peines après la mort, quoiqu'il donne bien à entendre que les destinées du juste et de l'impie seront différentes.

Celui qui est vraiment pieux, qui est uni à Dieu, a la certitude de l'immortalité et de la vie avec Dieu.

La doctrine de la résurrection spirituelle du peuple d'Israël prêchée par les prophètes a dû conduire à celle de la résurrection des morts.

Dans les livres apocryphes de l'Ancien Testament, Schultz distingue trois idées de la vie future qui se rattachent à la manière de voir des Pharisiens, des Sadducéens et des Esséniens.

 

Klostermann s'est borné à étudier sur le point qui nous occupe, l'enseignement des psaumes XLIX, LXXIII et CXXXIX. Après un examen approfondi des textes, il conclut que l'espérance de la vie future, qui y est si vivement exprimée, n'est fondée ni sur une doctrine traditionnelle, ni sur une révélation positive et directe de Dieu, mais qu'elle jaillit tout entière du sentiment d'une relation personnelle du croyant avec Dieu, relation qui doit être éternelle comme Dieu lui-même. C'est bien là l'idée sublime qu'exprime Jésus-Christ, quand il montre que Dieu ne peut pas être le Dieu des morts, mais des vivants.

Après ce court exposé des opinions des théologiens qui ont le plus récemment traité cette matière, essayons de résumer, en quelques mots, l'enseignement de chacun des livres de l'Ancien Testament sur cette matière, et l'impression d'ensemble qui s'en détache à nos yeux (2).

D'après le Pentateuque (Gen. II, 9, et III, 22), il y avait dans le paradis un arbre de vie auquel l'homme n'a pu toucher, par suite de son péché. La mort est évidemment une conséquence de la transgression d'Adam. Tous les patriarches meurent: Hénoc seul va directement à Dieu, sans passer par la mort, parce qu'il a vécu avec Dieu. Plus tard, Jacob voit apparaître dans son rêve une échelle qui conduit aux cieux; peut-on affirmer que le patriarche n'eût pas la croyance que le ciel devait être la patrie des justes?

L'espérance des patriarches, c'est d'être, après leur mort, recueillis vers leurs pères, ou réunis à leur peuple. Il est évident que ceci ne s'applique pas seulement à leur ensevelissement. Ainsi, Abraham, après sa mort, est réuni à son peuple (Gen. XXV, 8); mais il est enterré en la caverne de Macpéla, au champ d'Héphron (v. 9), tandis que son père, Tharé, était mort et avait été enseveli à Haran, près de l'Euphrate (Gen. XI, 32) De même, Jacob, immédiatement après sa mort, est réuni à son peuple (Gen, XLIX, 33), et, cependant, il n'est enseveli avec ses pères, en Chanaan, que quarante jours plus tard.

Nous faisons la même observation au sujet d'Aaron et de Moïse; ils meurent, l'un sur le mont Hor, l'autre sur le mont Nébo, et leurs corps restent sur la terre étrangère, et cependant il est dit de tous deux qu'ils sont recueillis vers leur peuple (Nombr. XX, 24-29; Deutér. XXXI, 16; XXXII, 50; XXXIV, 5,6). Si cette expression : être recueilli vers son peuple ou vers ses pères, ne s'applique nullement à l'ensevelissement du corps, ainsi que nous venons de le montrer, quel en sera le sens ? Quant au Schéol, où sont,% d'après les livres du Deutéronome (XXXII, 22) et des Nombres (XVI, 30-33), précipités les impies, nous ne saurions y voir simplement le tombeau.

Les Livres de Samuel contiennent le fameux récit de la pythonisse d'Endor, d'où ressort clairement l'idée très-répandue en ce temps d'une persistance de la vie après la mort, et de l'action des morts sur les vivants. Quant à la parole que David prononce sur son enfant mort : « Je m'en irai vers lui, et il ne reviendra pas vers moi » (2 Sam. XII, 23), nous ne croyons pas qu'on puisse y voir une affirmation péremptoire de la vie future.

Les Livres des Rois renferment des résurrections de morts, et l'histoire de l'ascension d'Elie qui ne passe point parle mort.

Esaïe contient des expressions comme celle-ci

« L'Eternel anéantira la mort pour toujours » (XXV, 8), et un vrai chant de triomphe annonçant la résurrection: « Ceux que tu as fait mourir vivront; mon corps mort se relèvera. Réveillez-vous, et vous réjouissez avec chant de triomphe, vous, habitants de la poussière; car ta rosée est comme la rosée qui tombe sur les herbes, et la terre jettera dehors ses trépassés. » (XXVI, 19.)

Ezéchiel renferme le fameux chapitre sur la résurrection (XXXVII); mais saint Jérôme a déjà remarqué qu'il y a là avant tout une image de la résurrection morale et spirituelle d'Israël, comme l'indique le verset 11. Toutefois, il est difficile d'admettre que la croyance à la résurrection des morts ne régnât pas à une époque qui a produit un semblable tableau.

Les Psaumes nous représentent souvent le Schéol comme un lieu de silence et d'oubli; mais ils contiennent des passages tels que ceux que j'ai cités dans mon discours, d'où ressort l'idée évidente d'une survivance et d'une éternelle communion avec Dieu. L'Ecclésiaste renferme des textes souvent cités sur ce sujet, mais peu concluants. Par exemple, « l'esprit retourne à Dieu qui l'a donné » (XII, 9), ne contient pas nécessairement l'idée de l'immortalité personnelle ; et le passage adressé au jeune homme : « Sache que pour toutes ces choses, Dieu te fera venir en jugement » (XII, 1), peut, à la rigueur, s'appliquer au jugement d'ici-bas; mais il y a d'autres textes plus décisifs; ainsi, III, 2 : « Dieu a mis dans le coeur des hommes le sentiment de l'éternité (3), » et III, 17 : « Je dis en mon coeur : Dieu jugera le juste et le méchant, car le moment viendra pour toute affaire et pour toute oeuvre. » Le dernier verset de l'Ecclésiaste nous semble indiquer clairement l'idée d'un jugement dernier : « Car Dieu fera venir toutes les oeuvres au jugement qu'il tiendra sur tout ce qui est caché, soit bien soit mal. »

Job renferme le célèbre passage du ch. XIX, 25

« Je sais que mon Sauveur est vivant, etc., etc., » que j'ai cité dans mon discours et où je ne puis m'empêcher, après un examen approfondi, de voir l'idée de la persistance de la vie de l'âme après la mort (4).

Le livre de Daniel distingue clairement la résurrection pour la vie éternelle, et la résurrection pour l'opprobre éternel.

Enfin, les livres apocryphes de l'Ancien Testament montrent combien, dans les siècles qui ont précédé immédiatement Jésus-Christ, les idées relatives à l'immortalité de l'âme, à la résurrection, au jugement dernier, étaient répandues parmi les Juifs.

Nous croyons avoir, par ce court exposé, justifié le résumé que nous présentons dans notre discours de l'enseignement de l'Ancien Testament sur la vie future. Cette croyance, d'abord naïve et ferme, puis obscurcie, puis reparaissant sous une forme systématique et concrète, peut être comparée à l'idée du salut par la foi que saint Paul nous montre antérieure à la théocratie, voilée sous celle-ci, et reparaissant clairement dans la nouvelle alliance.



Table des matières

.
(1) M. Th.-Henry Martin soutient l'idée, selon nous inacceptable, que le silence de Moïse sur la vie future est intentionnel, Moïse craignant que cette doctrine ne pût produire chez les Hébreux le culte des morts.
.
(2) Comparez la Biblische Eschatologie de Kahle, p. 307 et suivantes.
.
(3) La traduction d'Ostervald est fautive; j'adopte celle de Perret-Gentil. Voir là-dessus Delitzsch. (Bibl. Psych., P. 34.)
.
(4) On trouvera dans Kahle, Biblische Eschatologie, P. 245 et suivantes, un résumé de toutes les discussions auxquelles a donné lieu ce passage.

 

- haut de page -