Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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(Jean 17.17)
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LE PÈLERINAGE DOULOUREUX
de
L'ÉGLISE A TRAVERS LES ÂGES




3. Tendances diverses et résultats issus du méthodisme

On ne saurait s'étonner que, parmi les nombreux ouvriers de Dieu de cette époque, il y ait eu des divergences d'opinions sur plusieurs points. En remettant en lumière quelque vérité biblique tombée dans l'oubli, les uns se sont attachés surtout à en éclairer un aspect, tandis que les autres en ont souligné tel autre côté. Chacun était porté à mettre l'accent sur son point de vue et à voir un danger dans ce que d'autres avaient saisi. Bien que le St-Esprit nous soit accordé pour nous conduire dans toute la vérité, tous ne Le reçoivent pas dans sa plénitude. En réalité, la grandeur même et la diversité de la révélation divine conduisent souvent à de partielles et très différentes interprétations.

Wesley, qui, au début, avait reçu beaucoup de bien des Moraves, finit par s'écarter d'eux sur plusieurs points. Ils avaient hérité de leurs pères en la foi, les Frères de Bohême, certaines tendances mystiques et quiétistes qui n'attiraient guère le tempérament plutôt pratique et agressif de Wesley. Les réunions de Fetter Lane, où se rencontraient Moraves et Méthodistes, se divisèrent en 1702. Les Moraves restèrent dans ce local, tandis que les Méthodistes se réunirent en un lieu appelé «Foundry».

Wesley et Whitefield différèrent de bonne heure en matière de doctrine. Ce dernier avait des vues calvinistes sur l'élection, que Wesley repoussait absolument. Lorsque Whitefield revint d'Amérique, en 1741, il prêcha ouvertement contre la «rédemption générale», même au local de «Foundry» et en présence de Charles Wesley. La comtesse de Huntingdon sympathisant plutôt avec Whitefield, il en résulta que les sociétés méthodistes en Angleterre étaient wesleyennes et arminiennes, tandis que celles du Pays de Galles étaient calvinistes, comme celles de «l'Association de la comtesse de Huntingdon».

Ces différences d'opinions ne gâtèrent en rien les relations d'amitié de Wesley et de Whitefield, et il est à remarquer que l'un et l'autre amenèrent des âmes à la conversion en prêchant la justification par la foi. Leur genre de prédication était aussi entièrement différent; mais les mêmes vérités produisaient les mêmes résultats. Whitefield prêchait avec feu et éloquence, si dramatiquement que l'auditoire voyait, pour ainsi dire, les scènes dépeintes. Parfois, il se mettait à pleurer en pensant aux besoins des âmes qu'il avait devant lui. Wesley était clair et logique. Sa prédication avait plutôt un caractère explicatif, et pourtant il captivait l'attention du public le plus rude.

Le fait que Wesley resta toujours attaché à l'Église de l'État l'empêcha de comprendre les principes de l'Écriture quant aux églises de Dieu. Les campagnes d'évangélisation ne lui inspirèrent jamais la pensée de poursuivre l'oeuvre en formant des églises pour y instruire les croyants, selon le modèle du N. Testament. Il écrivit cependant, en 1746: «J'ai lu en route la description de l'Église primitive par Lord King. Malgré le fort préjugé provenant de mon éducation, je suis disposé à croire que cette esquisse est juste et impartiale. Mais alors il en découle que les évêques et les prêtres sont un seul et même ordre, et qu'au début, chaque congrégation chrétienne formait une église indépendante de toutes les autres.»

Dans son désir de perpétuer l'oeuvre par des méthodes pratiques, Wesley organisa ses «bandes» et «sociétés», qui ne professaient pas tellement être «des croyants», mais plutôt des chercheurs de la vérité. La base de leur communion fraternelle était l'expérience plus que la doctrine; la condition d'admission, le désir de fuir la colère à venir et d'être sauvé. Les membres pouvaient fréquenter les lieux de culte de leur choix et conserver leurs opinions sur différents points, à la condition toutefois de n'en pas faire des sujets de discussion ou de dispute. En 1740, un membre fui exclu parce qu'il persistait à argumenter sur l'élection et la réprobation.

De temps en temps, Wesley bannissait des sociétés les membres qu'il estimait indignes. Tant qu'il vécut, il fut à la tête de l'organisation, et la «Conférence», qu'il établit pour diriger l'oeuvre après lui, n'était formée que d'ecclésiastiques. Il ne réussit pas à maintenir le mouvement dans les limites de l'Église anglicane, en partie parce que cette Église ne le reconnaissait pas et s'y opposait systématiquement, et en partie parce que la vie et les énergies nouvelles ne pouvaient être emprisonnées dans des formes rigides. L'heure vint inévitablement où une séparation formelle dut s'opérer.

La Conférence ne réussit pas à maintenir en un faisceau les sociétés wesleyennes méthodistes. Comme tout corps clérical, elle était jalouse de ses prérogatives et, en s'opposant ,à l'admission dans son sein de représentants laïques, elle provoqua la formation de la «Nouvelle Association méthodiste». Plus tard, la «Conférence», voulant contrôler la prédication en plein air, expulsa certains membres qui avaient tenu des camps religieux sans son autorisation. Cette ingérence amena la formation du corps actif et dévoué qui porte le nom de méthodistes primitifs. Après de nouveaux conflits et divisions, la Conférence finit par accepter quelques-unes des innovations auxquelles elle avait d'abord résisté.

La fondation et le développement remarquable de ces vigoureuses dénominations ne sont pas le seul, ni même le principal résultat du réveil religieux du dix-huitième siècle. Il faut le voir avant tout dans la puissante influence exercée sur les peuples de langue anglaise, sur le caractère de l'Empire britannique et des États-Unis, où un très grand nombre de chrétiens réveillés s'attachèrent à faire disparaître les abus, à accomplir des oeuvres de justice et à délivrer les opprimés. Ce réveil entraîna à sa suite une meilleure législation, la liberté de conscience, l'abolition de l'esclavage, la réforme des prisons et le développement de l'activité missionnaire. L'Église nationale y gagna aussi beaucoup. Elle devint à son tour le théâtre de réveils évangéliques et autres qui balayèrent les maux terribles qui avaient si longtemps prévalu. Les églises baptistes et congrégationalistes bénéficièrent également du réveil général et leur sphère d'action s'élargit.


4. Premières associations missionnaires

Le fait qu'après tant de siècles, le commandement du Seigneur: «Allez et enseignez toutes les nations» était resté sans effet, et que des millions d'hommes n'avaient jamais eu l'occasion d'entendre l'Evangile, avait pesé, à diverses époques, sur la conscience chrétienne. Certains hommes s'étaient alors dévoués pour aller porter la bonne nouvelle dans les parties négligées du globe. L'un d'eux contribua surtout à éveiller ce sentiment de responsabilité et d'amour envers le Christ et les hommes, ce fui William Carey (103), cordonnier dans son village et pasteur de l'église des baptistes stricts, à Moulton. Tout en ayant peine à nourrir sa famille, il étudiait les langues et cherchait à se renseigner sur l'état du monde païen. Dans son échoppe était suspendue une grande carte géographique, faite de morceaux de papier collés ensemble. Chaque pays de la terre y était représenté et il y écrivait tout ce qu'il savait sur ses conditions respectives. Cette carte était son livre de prières, ainsi que son sujet de conversation et de prédication.

Lors d'une rencontre pastorale à Northampton, on donna l'occasion aux plus jeunes pasteurs de suggérer un sujet de discussion. Carey proposa celui-ci: «Le commandement donné aux apôtres n'est-il pas adressé à tous les ministres de l'Evangile se succédant jusqu'à la fin du monde, puisque la promesse qui l'accompagne s'applique à toute cette période?» Le sujet fut mis de côté comme n'étant nullement approprié, car le calvinisme extrême de la plupart des assistants les rendait aveugles sur la nécessité d'obéir pratiquement à ce commandement du Seigneur.

Les sermons d'Andrew Fuller aidèrent à vaincre cette difficulté. Carey publia. «Enquête sur les obligations des chrétiens quant à la conversion des païens, sur l'état religieux des différentes nations du monde, sur le succès d'entreprises missionnaires antérieures et sur la possibilité d'entreprises futures». Après avoir mentionné les principes mis en jeu et examiné l'oeuvre déjà accomplie par plusieurs, il traite des nombreuses difficultés que l'on pourrait faire valoir contre cette activité. L'une d'entre-elles est «le mode de vie incivilisé et barbare» de quelques païens; «ceci - raisonne-t-il - ne peut être une objection que pour celui qui aime ses aises et n'a nul désir de se déranger pour le bien des autres. Ce ne fut pas une objection pour les apôtres et leurs successeurs, qui s'en allèrent parmi les Germains et les Gaulois barbares, et parmi les Celtes, encore plus barbares. Ils n'attendirent pas que les anciens habitants de ces pays se civilisent avant de leur présenter le christianisme; ils allèrent à eux avec la doctrine de la croix.» Ils «découvrirent qu'une cordiale réception de l'Evangile produisait de plus heureux effets que le contact prolongé avec les Européens n'en pourrait jamais accomplir.» Carey suggère le départ de deux missionnaires au moins, de préférence mariés, qui devraient être accompagnés d'un frère connaissant l'agriculture ou quelque autre travail rapportant un gain suffisant pour les besoins de tous. Il insiste sur les qualifications requises, spirituelles et autres, puis il ajoute : «Si Dieu bénit leur oeuvre, les missionnaires feront bien d'encourager les dons spirituels des gens dont ils s'occupent. Car ces convertis auraient le grand avantage de connaître à fond la langue et les coutumes de leurs compatriotes. En outre leur changement de conduite ajouterait du poids à leur service chrétien.»

En 1792, la réunion pastorale se tint dans la maison d'une veuve, Mrs Wallis, à Kettering. Une société fut alors fondée pour la propagation de l'Evangile en d'autres pays. On élabora un bref résumé des buts entrevus, qui fut signé par douze personnes et, quelques mois plus tard, Carey était en route pour l'Inde. De son côté, Fuller employait tout son zèle et ses talents à éveiller chez les chrétiens de la Grande-Bretagne le sens de leur responsabilité quant à la diffusion de l'Evangile dans le monde entier.

Des difficultés, en apparence insurmontables, furent patiemment vaincues et, finalement, le succès de l'entreprise fut démontré par les bénédictions réalisées en Inde comme en Angleterre. Ce ne fut qu'après sept ans de travaux et de prière que la Mission porta quelques fruits parmi les Hindous. Krishna Pal confessa Christ, avec sa famille, et devint un évangéliste béni; il composa aussi des cantiques.

L'intérêt ainsi éveillé amena, en 1795, la formation de la London Missionary Society. Au début, elle ne représentait aucune dénomination spéciale, mais, plus tard, elle devint congrégationaliste. En 1799, la Church Missionary Society s'organisa. La Société missionnaire méthodiste wesleyenne étendit sa sphère d'activité et d'autres suivirent.

Le dévouement et les talents mis au service de ces organisations produisirent une riche moisson dans plusieurs parties du monde. Leurs rapports renferment les récits les plus inspirants qu'on puisse trouver dans les annales de l'humanité. Inévitablement, cette manière d'apporter l'Evangile aux païens et aux mahométans devait aussi les initier aux divisions et développements religieux historiques de l'Europe, affaiblissant le témoignage de l'Evangile. Car il fallut établir des stations missionnaires se rattachant à diverses sociétés ou églises étrangères et dépendant d'elles, plutôt que de fonder des églises indépendantes qui se seraient multipliées par leur propre témoignage, rendu au sein de leur propre peuple, comme le firent les églises fondées au temps des apôtres.


5. Les deux frères Haldane

Parlons maintenant de deux frères, Robert et James Alexander Haldane (104) qui, une fois convertis, devinrent de zélés étudiants des Écritures. Ils appartenaient à une riche famille écossaise, de bonne souche, et, dans leur jeunesse avaient servi dans la marine avec distinction.

James, le cadet, s'étant marié, écrit ceci: «Lorsque j'eus créé un foyer, j'instituai un culte de famille le dimanche soir. je ne pouvais me décider à avoir un culte plus fréquent, car je redoutais les moqueries de mes connaissances. Cependant, poussé par le sentiment du devoir, je pris bientôt la résolution de le tenir chaque matin, mais, durant quelque temps, je réunis ma famille dans une chambre sur le derrière de la maison, pour que personne ne s'en aperçût. Peu à peu, je triomphai de cette crainte des hommes et, comme je désirais instruire ceux qui vivaient chez moi, je commençai à expliquer les Écritures. Ce travail me procura joie et édification; le Seigneur en fit un grand moyen pour me préparer à parler en public... Secrètement, je me pris du désir d'avoir l'occasion de prêcher l'Evangile, car nulle occupation ne me semblait plus importante, ou plus honorable. je me mis à prier Dieu de m'envoyer dans sa vigne et de me qualifier pour cette tâche. Ce désir ne fit que croître, bien que je n'eusse pas la moindre perspective de le voir s'accomplir. Parfois, pendant que je priais, mon coeur incrédule me suggérait que ma requête était vaine. je n'avais pas l'intention d'aller dans les chemins et le long des haies, pour parler de Christ aux pécheurs. Et pourtant, je gardais un vague espoir que le Seigneur me dirigerait.»

Peu après, Haldane et quelques autres s'intéressèrent à des réunions d'évangélisation dans un pauvre village de mineurs et, comme il n'était pas toujours possible d'obtenir un pasteur en titre, des laïques y prenaient quelquefois la parole. Un soir, le prédicateur attendu ne vint pas; James Haldane le remplaça et prêcha son premier sermon évangélique. C'était en 1797. Ce début l'amena à entreprendre, avec d'autres frères, des tournées d'évangélisation, et, durant les années qui suivirent, il parcourut toute l'Ecosse et au delà.

Les prédicateurs voyageaient en voiture et étaient abondamment pourvus de traités qu'ils écrivaient eux-mêmes, faisaient imprimer et distribuaient. Ils parlaient dans les églises qui leur étaient offertes, dans les écoles et d'autres locaux, mais surtout en plein air. Des centaines, voire des milliers de gens venaient les écouter; leur puissant témoignage était suivi de très nombreuses conversions. Les besoins spirituels du pays étaient alors bien grands, mais beaucoup de personnes étaient mécontentes de voir prêcher des laïques. D'autre part, la nouveauté de ce ministère attirait souvent les auditeurs qui étaient ensuite saisis par le sérieux et la sincérité des orateurs.

Le synode de l'Église nationale d'Ecosse, réuni à Aberdeen, vota un acte contre «les évangélistes et les écoles du dimanche non autorisés, l'irréligion et l'anarchie». Il en résulta une interdiction de prêcher ou d'enseigner pour tout prédicateur ou directeur d'école du dimanche non reconnu par l'Église. Le synode général des «Anti-burgers» condamna les sociétés missionnaires et avertit leurs membres «de ne pas fréquenter ou encourager les réunions publiques tenues par ceux qui ne sont pas de notre communion». Ceux qui ne respectèrent pas ce décret furent excommuniés, entre autres l'un des plus capables ministres de l'Église. Les «Cameronians» agirent de la même manière, et un autre synode décida «qu'aucun ministre ne donnerait sa chaire, ou ne permettrait qu'elle fût accordée à quiconque n'aurait pas suivi un cours régulier de philosophie et de théologie dans quelque université nationale et ne serait pas officiellement licencié pour prêcher l'Evangile». Ces injonctions furent ignorées par beaucoup de gens. Elles contribuèrent plutôt à augmenter l'intérêt pour la prédication et l'explication des Écritures faites par des hommes qui croyaient vraiment ce qu'ils disaient.

Pour justifier son initiative et celle de ses collaborateurs, James Haldane écrit: «Loin de nous la pensée que tout disciple de Jésus doit abandonner le travail qui sert à nourrir sa famille pour devenir prédicateur. Il incombe à tout chrétien de pourvoir aux besoins des siens. Pourtant il est du devoir de chaque chrétien, si l'occasion s'en présente, d'avertir les pécheurs de fuir la colère à venir et de leur montrer Jésus, qui est le chemin, la vérité et la vie. Qu'un homme parle de ces grandes vérités à deux personnes ou à deux cents, il n'en est pas moins, à notre avis, un prédicateur de l'Evangile, quelqu'un qui proclame la joyeuse nouvelle du salut, car telle est l'exacte signification du mot prêcher.

»Nous estimons que le triste état de la religion est un appel suffisant à nous rendre dans les chemins et le long des haies, en cherchant à contraindre des pécheurs comme nous à saisir l'espérance que l'Evangile place devant eux.» Les prédicateurs insistaient fortement sur la justification par la foi en la mort et la résurrection de Christ, en dehors de toute oeuvre propre. En allant de lieu en lieu, ils trouvaient partout la religion en décadence, mais aussi un désir d'entendre la Parole. Même dans les lointaines îles d'Orkney, où ils prêchèrent à la foire de Kirkwall, trois à quatre mille personnes venaient journellement les écouter, et le dimanche ils eurent six mille auditeurs.

Quelqu'un, qui avait été invité à la réunion, de façon pressante, et qui s'y était rendu par curiosité, donne ses impressions comme suit: «Le capitaine Haldane arriva à cheval sur la place où devait se tenir la réunion. Sautant à terre, il confia sa monture aux soins d'un autre monsieur. Le capitaine était alors âgé de trente ans à peine, et portait un pardessus bleu, garni de brandebourgs, à la mode du jour. Il avait une perruque poudrée et les cheveux attachés derrière, comme les messieurs de ce temps. je n'oublierai jamais l'impression que je reçus lorsque, d'une voix claire, distincte et virile, il commença à haranguer la multitude insouciante, attirée par sa présence. Ses puissants appels à la conscience, condensés en de simples phrases, étaient si terrifiants que je ne pus dormir de toute la nuit et n'allai même pas au lit. L'impression produite ne s'effaça jamais de mon esprit, car, s'il se passa encore des années avant ma pleine acceptation de l'Evangile, je ne retombai plus Jamais dans mon ancien état d'indifférence pour les choses éternelles.»

Cette oeuvre de conversion et le réveil de beaucoup de gens qui étaient déjà chrétiens posèrent le problème de la marche à suivre en obéissant aux enseignements de l'Écriture. Les frères Haldane et quelques-uns de leurs collaborateurs souffraient, comme membres de l'Église nationale, d'être unis à des gens nettement inconvertis. Ils quittèrent donc cette Église et commencèrent à se rencontrer avec ceux qui avaient le témoignage d'être de vrais enfants de Dieu. Une église de trois cents membres fut fondée à Edimbourg et se développa très rapidement. Un des premiers actes accomplis fut la consécration de James Haldane comme pasteur. Robert Haldane procura de vastes salles de réunions ou tabernacles, non seulement à Edimbourg, mais dans d'autres centres où se formaient des églises. Se conformant au principe que le N. Testament contient l'enseignement et l'exemple de ce qui reste un devoir pour les disciples du Seigneur de tous les temps, ces croyants se mirent à prendre la Ste-Cène tous les dimanches. Ils cessèrent aussi de faire des collectes lors des réunions générales, les membres de l'église contribuant à l'oeuvre selon leurs moyens. Ces changements furent graduels. Robert Haldane (105) écrit: «Je commençai à prendre la Cène tous les mois. Ensuite je fus convaincu que, d'après mes principes, je devrais le faire chaque semaine. je débutai avec quelques personnes... qui constituèrent une église. Maintenant je suis persuadé que, là où il n'y a pas d'église de Christ, tout groupement de chrétiens peut agir comme nous le fîmes... Au début, j'avais acquis la conviction que les églises ne doivent pas avoir communion avec le monde, excepté en ce qui concerne la participation aux collectes. Aujourd'hui, je rougis en pensant à cette exception.»

Peu à peu, ces frères comprirent que le St-Esprit, s'il n'est pas entravé par des arrangements humains, accorde une variété de ministres et de ministères. A mesure qu'ils s'habituèrent à le laisser agir librement, au moyen d'instruments de son choix, ils firent l'expérience d'une grande joie et d'une grande puissance.

Durant quelques années, James Haldane fut troublé par des doutes au sujet du baptême des enfants. Mais il écarta cette question, en partie de crainte, s'il s'en occupait de diminuer son utilité comme pasteur. Mais le temps vint où sa conscience l'obligea à refuser de baptiser les enfants. Plus tard, il passa lui-même par le baptême, ainsi que son frère et d'autres croyants, amenés à cette décision par l'étude des Écritures. En prenant ainsi position, ils ne virent aucune raison pour se séparer de leurs frères. Ils croyaient et enseignaient que les croyants doivent être tolérants les uns envers les autres dans les questions sur lesquelles ils diffèrent, et ils désiraient sincèrement que leur action ne, produisît aucune division dans leur heureux milieu. Mais, malgré leurs efforts pour maintenir l'unité, une séparation prit place. La majorité des membres resta unie, les uns baptisés, d'autres pas, tous unanimes quant au principe de tolérance mutuelle dans de telles questions. Quelques-uns formèrent une congrégation semblable en tous points à la première, mais en rejetant le baptême par immersion et en maintenant le baptême des enfants. D'autres retournèrent à l'Église d'État et d'autres, enfin, entrèrent dans diverses dénominations.

Cette division fut une source de chagrin et les difficultés qui s'ensuivirent s'aggravèrent du fait qu'un grand nombre des locaux de réunions appartenaient à Robert Haldane. En outre, les efforts tentés pour former, dans des écoles bibliques, des jeunes gens comme pasteurs et évangélistes, devinrent une cause de contrariétés et de désappointement.

Bien qu'attristée par la perte de beaucoup de ses membres, l'église diminuée continua son témoignage, qui ne cessa d'être béni.


6. Robert Haldane à Genève

Tout occupé qu'il fût, Robert Haldane avait dès longtemps caressé le désir d'aller porter au loin la Parole de Dieu et, en 1816, il se rendit, avec sa femme, sur le Continent. Ils n'y connaissaient personne et ne pouvaient faire aucun plan. Ils ignoraient même si leur visite durerait quelques semaines, ou se prolongerait. A Paris, ils firent une ou deux connaissances et furent ainsi amenés à se rendre à Berne et à Genève. Ils étaient sur le point de quitter cette ville lorsque la rencontre, en apparence fortuite, d'un jeune étudiant en théologie fut la cause d'un séjour de deux ans. Cet étudiant fut si intéressé et impressionné par leur conversation qu'il revint le jour suivant, amenant l'un de ses camarades avec lui. Haldane constata qu'ils étaient tous deux dans les plus profondes ténèbres, sans espérance de salut ou connaissance des Écritures, leurs études ayant été dirigées, non point sur la Bible, mais sur les ouvrages des philosophes païens. Une fois conscients de leur ignorance des Écritures et du chemin du salut, ils eurent un vif désir d'instruction, et ceci décida les voyageurs à rester.

Le martyre de Servet n'avait pas arrêté la propagation de certaines doctrines qu'il avait enseignées. Les professeurs en théologie et les ministres de l'Église de Genève avaient subi l'influence de la pensée socinienne et arienne. au grand détriment de toute vie spirituelle.

Robert Haldane se fixa à la Place Maurice, où deux grandes chambres pouvaient se transformer en une salle de réunions. Il y tint des études bibliques fréquentées par vingt à trente étudiants, malgré le veto de leurs professeurs. On se groupait autour d'une longue table, pourvue de Bibles en différentes langues, et Haldane, parlant par interprétation, expliquait les Écritures et répondait aux questions posées.

Il parcourut l'épître aux Romains, en commentant la doctrine dans le détail et la comparant à d'autres textes bibliques. Ceci était nouveau pour ses auditeurs qui furent attirés par sa connaissance de l'Écriture et par sa foi absolue en la Bible. Ces études devinrent pour les étudiants une source de bénédiction spirituelle durable. Plusieurs d'entre eux étaient des hommes doués et dévoués. Plus tard, ils se distinguèrent et influencèrent des cercles étendus, en sorte que le fruit de ces études et le contact avec Haldane eurent une grande portée et furent le moyen d'un magnifique réveil. Citons entre autres Malan, l'auteur de beaux cantiques; Merle d'Aubigné, l'historien; plus tard, Adolphe Monod, Félix Neff et d'autres, qui communiquèrent ce qu'ils avaient reçu aux pays de langue française et ailleurs. Tout ceci ne se passa pas sans opposition et, s'il ne fui pas possible de réduire au silence Robert Haldane, les ministres et les étudiants, qui avaient accepté les Écritures et les avaient vécues, eurent à souffrir. Quelques-uns perdirent leur position, d'autres furent chassés de l'Église et d'autres encore durent quitter le pays.

Robert Haldane dit adieu à Genève sans avoir enseigné autre chose que les doctrines de l'Evangile, laissant de côté celles se rattachant à l'Église. Il ne parla pas non plus du baptême, bien que quelques personnes aient appris qu'il avait été baptisé par immersion. Peut-être avait-il été découragé par son expérience en Ecosse. Il se rendit en France pour poursuivre à Montauban, où se trouvait une faculté de théologie protestante, une oeuvre semblable à celle de Genève.

A Genève, César Malan fut l'un des jeunes ministres qui eurent à souffrir pour avoir obéi à la vérité. Il faisait partie d'un groupe de dix croyants qui, à cette époque, prirent la Ste-Cène ensemble, et pour la première fois hors de l'Église nationale. Un des participants, Gaussen, décrivant la réunion, mentionne les noms de Pyt, Méjanel, Gonthier et Guers comme étant présents. «Cela nous rappela - dit-il - une autre occasion où, en 1536, un disciple de Jésus, Jean Guérin, distribua le pain et le vin à quelques âmes pieuses, assemblées dans le jardin d'Etienne Dadaz, au Pré-l'Evêque. Ce fut le premier service de communion des protestants de Genève.»

L'église ainsi formée se réunit d'abord au Bourg de Four, puis plus tard, entre autres lieux, dans un local à la rue de la Pélisserie, non loin de leur cathédrale. Le témoignage qui y fut rendu contribua à la conversion et au rassemblement de beaucoup d'âmes. Guers, Pyt, Gonthier et d'autres tinrent des réunions dans le bâtiment où, autrefois, Froment avait tenu l'école qui fut le début de la Réformation à Genève. Un autre étudiant, Du Vivier, prêcha à l'oratoire de Carouge, où il proclama la divinité du Seigneur, la corruption de la nature humaine et l'expiation. Ses sermons furent considérés comme un scandale et, pour éviter la répétition d'un tel désordre, il fut décrété qu'aucun étudiant ne pourrait prêcher avant d'avoir d'abord soumis son sermon à l'approbation de trois professeurs de théologie.



Table des matières

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103 «The Life of William Carey, Shoe-maker and Missionary», George Smith, C. J. E., LL. D.

104 «Lives of Robert and James Haldane» by Alexander Haldane.

105 «Letters to Mr. Ewing respecting The Tabernacle of Glasgow etc.» by Robert Haldane. Edinburgh, 1809.

 

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