Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LE PÈLERINAGE DOULOUREUX
de
L'ÉGLISE A TRAVERS LES ÂGES




 3. Ermites et ordres monastiques

Le déclin spirituel des églises, leur infidélité au modèle du Nouveau Testament, leur mondanité croissante, leur asservissement au système humain et leur tolérance du péché provoquèrent, comme nous l'avons vu, des efforts pour les réformer ou pour en établir de nouvelles. Les mouvements momtaniste et donatiste le prouvent. D'autre part, quelques chercheurs de sainteté et de communion avec Dieu décidèrent de se retirer de tout contact avec les hommes (19). L'état du monde, alors dévasté par les barbares, et celui de l'Église, détournée de son propre témoignage ici-bas, amenèrent ces chrétiens à désespérer, soit de la communion journalière avec Dieu, soit d'une union réelle avec les fidèles dans les églises. Ils se retirèrent donc dans des lieux déserts pour y vivre en ermites, pensant que là, libérés des distractions et des tentations de la vie ordinaire, ils pourraient, dans la contemplation, obtenir cette vision et cette connaissance de Dieu après lesquelles soupiraient leurs âmes.Influencés par l'enseignement du jour - le mal s'associant à la matière - ils comptaient sur une grande frugalité et sur des exercices ascétiques pour assujettir le corps qui, selon eux, était un réel obstacle à la vie spirituelle.

Antoine, au quatrième siècle, devint célèbre en Egypte par sa vie solitaire. Beaucoup, désireux de l'égaler en piété, s'établirent près de lui et imitèrent sa manière de vivre, si bien qu'il se laissa persuader de leur fixer une règle de vie. Le nombre des ermites s'accrut grandement, et plusieurs d'entre eux usèrent d'une extrême sévérité envers eux-mêmes.Siméon le Stylite se fit un nom en passant des années de sa vie sur une colonne. Bientôt apparut une nouvelle institution.Dans la première partie du quatrième siècle,Pachôme, dans la Haute-Egypte, fonda un monastère, où les ermites se rassemblèrent pour y vivre en communauté.Se répandant au sein des églises orientales et occidentales, ces communautés monastiques devinrent un élément important dans la vie des peuples christianisés.

Vers le commencement du sixième siècle,Benoît de Nursie, enItalie, donna une grande impulsion à ce mouvement et sa règle de vie monacale eut plus de succès que tout autre. Le temps des moines était moins exclusivement absorbé par des actes d'austérité personnelle que par l'accomplissement de certaines cérémonies religieuses et par une activité utile aux hommes, spécialement dans le domaine de l'agriculture. Durant les septième et huitième siècles, lesmoines bénédictins contribuèrent largement à christianiser les nations teutoniques. En Irlande aussi, les monastères et colonies de Colomban préparèrent et envoyèrent, de l'îled'Iona et de l'Ecosse, des missionnaires dévoués dans le nord et le centre de l'Europe.

Comme les papes de Rome dominaient toujours plus l'Église et s'occupaient surtout de luttes et d'intrigues pour obtenir le pouvoir temporel, le système monastique attira à lui beaucoup d'hommes vraiment spirituels, soupirant après Dieu et la sainteté. Toutefois un monastère diffère grandement d'une église, dans le sens que lui donne le Nouveau Testament. Ceux qui se sentirent contraints de fuir la mondanité de l'Église romaine ne trouvèrent pas au monastère ce qu'une église chrétienne leur aurait donné. Ils étaient liés par les règles d'un ordre, au lieu d'être dirigés par la libre opération du Saint-Esprit.

Les divers ordres monastiques qui surgirent se développèrent sur les mêmes lignes (20). Après avoir commencé par la pauvreté et le plus sévère renoncement, ils devinrent riches et puissants, relâchèrent leur discipline et se complurent dans l'amour de leurs aises et la mondanité. Parfois une réaction se produisait. Quelqu'un formait un ordre nouveau préconisant l'absolue humiliation de la chair; mais les mêmes faits se répétaient. Parmi ces réformateurs, citonsBernard deCluny, au début du sixième siècle, et Etienne Harding, deCiteaux, au onzième siècle. Dans ce monastère cistercien, Bernard, plus tard abbé de Clairvaux, passa une partie de sa jeunesse. Il finit par surpasser en influence les rois et les papes. Mais ce sont surtout quelques-uns de seshymnes qui constituent le plus durable monument élevé à sa mémoire.

Nombre de femmes se retirèrent aussi du monde dans les couvents. Ces maisons religieuses, soit pour hommes, soit pour femmes, furent, durant les temps sombres et troublés du moyen âge, des sanctuaires pour les faibles et des centres d'érudition au sein de la barbarie dominante.On y copiait, traduisait et lisait les Écritures. Mais la paresse et l'esprit d'oppression y régnaient aussi, et les ordres religieux devinrent, entre les mains des papes, des moyens efficaces pour persécuter tous ceux qui s'efforçaient de réédifier les églises de Dieu sur leur fondement originel.

Les églises s'écartant de plus en plus du modèle tracé dans le Nouveau Testament en différèrent finalement à tel point qu'on avait peine à les reconnaître comme églises chrétiennes. Il semblait que rien ne pouvait arrêter leur ruine. L'effort tenté pour les sauver de la discorde et de l'hérésie par le système épiscopal et clérical, non seulement échoua, mais encore entraîna de grands maux à sa suite. L'espoir que les églises persécutées profiteraient de leur union à l'État se montra un leurre. En se mondanisant aussi, les ordres monastiques perdirent toute capacité de se substituer aux églises défaillantes comme refuges des âmes pieuses. Et cependant, à travers toute cette époque, un sûr élément de restauration ne fui jamais absent: la présence des Écritures dans le monde. Elles constituaient l'instrument du St-Esprit opérant avec puissance dans des coeurs d'hommes pour en chasser l'erreur et les ramener à la vérité divine. C'est ainsi qu'il y eut toujours des congrégations, de vraies églises s'attachant à l'Écriture comme au guide de la foi et de la doctrine, et comme modèle pour la marche individuelle et pour l'ordre dans l'Église. Bien que cachés et méprisés, ces groupes exercèrent une influence suivie de fruits.


4. Les Missions (300-850)

Malgré ces temps troublés, l'activité missionnaire, loin de cesser, fut poursuivie avec zèle et dévouement. De fait, jusqu'au onzième siècle, où lesCroisades suscitèrent l'enthousiasme des nations catholiques, il y eut un témoignage constant qui gagna graduellement les conquérants barbares et porta la connaissance de Christ jusqu'aux pays lointains d'où ils étaient venus.Les missionnaires nestoriens se rendirent même en Chine et en Sibérie,et établirent des églises deSamarcande à Ceylan. Des Grecs deConstantinople traversèrent la Bulgarie et pénétrèrent dans les plaines de Russie; tandis que des envoyés des Églises britannique et catholique romaine évangélisaient les nations païennes du nord et du centre de l'Europe. En Afrique du Nord et en Asie occidentale, les chrétiens étaient plus nombreux qu'aujourd'hui.

Cependant les erreurs dominantes des églises professantes eurent leur répercussion dans leur oeuvre missionnaire. Ce n'était plus, comme aux temps apostoliques, la simple proclamation de Christ et la fondation d'églises. La vérité était annoncée en une certaine mesure, mais on insistait aussi sur les observances rituelles et légales. Puis, quand les rois professaient le christianisme,leurs sujets étaient contraints,en vertu du principe de l'Église unie à l'État, de se convertir en masses et de passer, d'une manière tout extérieure, à la nouvelle religion nationale. On ne fondait plus dans les divers pays, comme aux jours apostoliques, des églises indépendantes de toute organisation centrale, maintenant des relations directes avec le Seigneur. Toutes devaient se rattacher à l'une ou l'autre des grandes organisations centralisées àRome, àConstantinople ou ailleurs. Ce qui est vrai sur une grande échelle l'est aussi sur une moindre. Les effets nuisibles de ce système sont visibles partout. Au lieu d'amener les pécheurs à Christ en leur donnant la Bible pour guide, on les fait membres de quelque dénomination étrangère en leur indiquant une mission spéciale comme source de lumière et de force. On empêche ainsi le développement des dons du St-Esprit dans les âmes et on retarde la propagation de l'Evangile dans le pays.

Pourtant une forme d'oeuvre missionnaire plus pure que celle de Rome, s'étendit de l'Irlande, par l'Ecosse, au nord et au centre de l'Europe. L'Irlande (21) connut d'abord l'Evangile aux troisième et quatrième siècles par des marchands et des soldats. Au sixième siècle, le pays était christianisé et avait créé une activité missionnaire si intense que ses missionnaires étaient à l'oeuvre des bords de la mer du Nord et de la Baltique à ceux du lac de Constance.

Des moines irlandais, désirant se retirer du monde, s'établirent dans quelques-unes des îles situées entre l'Irlande et l'Ecosse. Iona ou l'Ile des Saints, sur laquelle s'établitColomban, fut un centre d'où les missionnaires se rendaient en Ecosse.Les moines irlandais et écossais prêchaient en Angleterre et parmi les païens du Continent.

Ils avaient pour méthode de visiter un pays et d'y fonder, si possible, unvillage missionnaire. Ils élevaient au centre une modeste église de bois, autour de laquelle se groupaient des sallesd'école et des cellules pour les moines - ceux-ci étant à la fois constructeurs, prédicateurs et instituteurs. S'il le fallait, on bâtissait autour de ce premier cercle des demeures pour les étudiants et leurs familles qui, peu à peu, venaient grossir les rangs de la communauté. Le village était enclos d'un mur, mais, bien souvent, il s'étendait au delà de ses premières limites. Des groupes de douze moines, chacun sous la direction d'un abbé, s'en allaient pour ouvrir de nouveaux champs à l'Evangile. D'autres restaient comme maîtres d'école et, dès qu'ils avaient suffisamment acquis la langue du pays,ils traduisaient et copiaient des portions de l'Écriture, ainsi que des cantiques, qu'ils enseignaient à leurs élèves.

Ces moines étaient libres de se marier ou non. Beaucoup restaient célibataires pour pouvoir mieux se consacrer à leur Oeuvre. Lorsqu'il y avait quelques convertis, les missionnaires groupaient les plus capables d'entre les jeunes hommes, les initiaient à quelque travail Manuel, leur enseignaient les langues et leur expliquaient la Bible. Ils les formaient de façon à ce qu'ils pussent un jour évangéliser leurs concitoyens.Les baptêmes étaient différés jusqu'à ce que les néophytes fussent suffisamment instruits et eussent donné des preuves de la réalité de leur foi.Les moines évitaient d'attaquer les croyances de ces peuples, estimant plus profitable de leur enseigner la vérité que de leur exposer leurs erreurs. Ils acceptaient les Saintes Écritures comme source de foi et de vie etprêchaient la justification par la foi. Ils ne s'occupaient aucunement de politique et ne recherchaient pas l'appui de l'État. Bien que cette oeuvre fût marquée par certains traits étrangers à l'enseignement du Nouveau Testament et à l'exemple apostolique, elle resta indépendante de Rome et, à certains points de vue importants, différente du système catholique romain.

En 596,Augustin, apôtre de la Grande-Bretagne,etquarante moines bénédictins, envoyés par lepape Grégoire 1er, débarquaient dans le comté deKent et commencèrent parmi les païens de l'Angleterre une oeuvre qui devait porter des fruits abondants. Bientôt il y eut conflit entre les deux formes d'activité missionnaire à l'oeuvre dans le pays, l'ancienne étant britannique et la nouvelle, romaine. Le pape nomma Augustin archevêque de Canterbury, lui accordant ainsi la suprématie sur tous les évêques britanniques du pays. Un élément national vint aggraver la lutte entre les deux missions, les Britanniques, les Celtes et les Gallois s'opposant aux Anglo-Saxons. L'Église de Rome insista pour que sa forme de gouvernement ecclésiastique fût la seule autorisée dans le pays. Mais l'ordre britannique continua sa résistance, dont les derniers efforts furent absorbés, au treizième siècle, parle mouvement des Lollards.

Sur le Continent, l'oeuvre extensive et bien établie des missionnaires irlandais et écossais fut attaquée par le système romain, sous l'énergique direction du bénédictin anglais Boniface, qui avait pour tactique de forcer les missionnaires britanniques à se soumettre, au moins extérieurement, à Rome, sous menace d'être détruits. Pour exécuter son dessein, il obtint l'aide de l'État, sous la direction de Rome. En 755,Boniface fut tué par les Frisons. Le système qu'il avait instauré détruisit graduellement les premières missions. Toutefois leur influence fortifia plusieurs des mouvements de réforme subséquents.

Vers 830 parut une Harmonie des quatre Évangiles, appelée «Heliand» (le Sauveur). C'est un poème épique par allitération, écrit en vieille langue saxonne et provenant sans doute des cercles de Mission Britannique sur le Continent. Il contient le récit évangélique sous une forme spécialement appropriée au peuple pour lequel il était écrit. Chose remarquable, il ne renferme aucune mention de l'adoration de la Vierge et des saints et se distingue par l'absence presque complète de l'enseignement caractéristique de Rome à cette époque.



Table des matières

Page précédente:


19 «Monasticism», Ad. v. Harnack.

20 «Latin Christianity», Dean Milman. Vol. IV.

21 «Irland in der Kirchengeschichte», Kattenbusch.

 

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