Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

DISCOURS DES JUGEMENTS DE DIEU

SUR QUELQUES PERSÉCUTEURS DE L'ÉGLISE PRIMITIVE CHRÉTIENNE.

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Nous avons commencé, ci-dessus, le récit des persécutions de l'Église par Néron, pour les raisons qui ont été déclarées. Ce sera aussi par lui que nous commencerons le présent discours proposé aux fidèles pour les assurer que celui qui garde l'Église ne sommeille point.

Ainsi donc Néron ayant cherché par tous moyens d'abolir la religion Chrétienne, fut lui-même neutralisé par un jugement admirable du Seigneur, car ses provinces et leurs gouverneurs se révoltèrent, puis les archers de sa garde l'abandonnèrent. Étant abandonné et ne trouvant aucun ami, le Sénat Romain le condamna à une mort méprisable, comme ennemi de la ville et de l'empire de Rome.

S'étant mis en fuite environ vers minuit, avec son bardache [Synon.  mignon, giton; p. ext.  personnage d'allures efféminées - (http://www.cnrtl.fr/definition/bardache)] Sporus, la foudre tomba devant lui, sans toutefois le toucher, car il n'était pas digne de mourir de la sorte; mais il fallait qu'il mourût de sa méchante main en se tuant lui-même.

S'étant caché de désespoir, il dit: «j'ai vécu vilainement, et plus vilainement je meurs.» Puis empoignant une dague, à l'aide de son bardache, il l’enfonça dans sa gorge, et ses dernières paroles furent: «Voilà la foi.» Telle fut la vengeance de Dieu sur ce malheureux persécuteur de la religion chrétienne. Les histoires romaines en font mention.

Mais la vengeance de Dieu ne cessa pas pour autant, car en ce temps moururent de peste plus de 30 000 citoyens de Rome. Il arriva aussi qu’après la mort de Néron commençât une très cruelle guerre civile dans laquelle mourut un grand nombre de Romains.

Dans cette même période furent élus Empereurs, Galba en Espagne, Vitellius en Allemagne, et Vespasien en Syrie.

- Galba étant venu d'Espagne à Rome fut tué par Otho.

- Puis Otho se fit Empereur, et alla pour combattre Vitellius, lequel venait d'Allemagne à Rome avec son armée; mais ayant perdu quatre batailles contre les capitaines de Vitellius, il se tua lui-même avec sa propre épée.

- Vitellius vint à Rome et se comporta avec cruauté, contraignant les frères de Vespasien avec les Slaves ses alliés de se retirer au Capitole, puis il y mit le feu et par ce moyen racla le temple avec les Vespasiens.

- Après de telles cruautés, Vespasien venant à main armée à Rome, Vitellius fut abandonné de ses capitaines et de ses soldats; il fut prit et exposé à l'ignominie de tous puis tué et son cadavre jeté dans le Tibre.

Voilà comment le sang des chrétiens fut chèrement vendu et vengé sur les Romains. Tout ceci arriva entre les gentils et les païens au temps où la vengeance de Dieu était déployée sur les juifs pendant leurs guerres, au siège et pendant la destruction de Jérusalem. C’est dans la 2e année de l'Empire de Vespasien que Jérusalem fut brûlée et réduite en cendres suivant ce qu'en avaient prédit Jésus-Christ et les Prophètes.

Mais ces vengeances épouvantables ne purent retenir l'Empereur Domitien, fils de Vespasien, de persécuter les chrétiens. Il fut tué par ses gens et enseveli sans aucun honneur. Le Sénat commanda que son nom fût entièrement effacé et que ses statues fussent jetées par terre et brisées. Voilà quelle fut la fin ignominieuse de ce tyran cruel qui voulait être adoré comme Dieu.

Au temps de l'Empereur Trajan, parce qu'il avait aussi répandu beaucoup de sang chrétien, comme nous l'avons dit ci-dessus, survinrent de grandes calamités à Rome et dans tout l'Empire.

- Le Tibre s'enfla et déborda avec de grands dommages pour les maisons et le bien des Romains.

- La maison dorée de Néron fut consumée de feu en un instant.

- La foudre tomba sur le Panthéon, et brûla le temple avec ses idoles.

- Quatre villes en Asie, deux grandes en Grèce, et trois en Galatie furent ébranlées et ruinées par un horrible tremblement de terre.

- Antioche aussi fut presque du tout ruinée.

- Bien plus encore! L'Empire fut très affligé par la famine et la peste, comme Orose le témoigne dans son septième livre, ch. 12.

Le même Orose dit que du temps des Empereurs, Antonin surnommé le Véritable, et Lucius, après qu'ils eurent persécuté l'Église, il arriva une horrible peste qui emporta tous les habitants de nombreux villages et bourgades d'Italie, tant et si bien qu'il n'en resta pas un seul et que les lieux habités devinrent des déserts. Puis l'armée et les soldats Romains en grand nombre périrent misérablement de peste.

La ville et l'Empire de Rome furent ainsi plongés dans le sang même des Romains, parce que l'Empereur Septième Sévère persécuta l'Église Chrétienne. Durant son gouvernement il y eut trois guerres civiles provoquées par Julien, Pescennius Niger, et Claudius Albinus qui s’élevèrent contre lui; ils furent déconfits avec un grand nombre de soldats romains.

C'est avec raison que le sang des meurtriers qui répandent celui des justes et des innocent, soit aussi répandu, et que ceux qui veulent détruire le règne de Christ, voient le leur propre ruine et soient abattu en se tuant les uns les autres.

Jules Maximin, meurtrier des chrétiens, fut tué par ses propres gens, avec son fils Maximin le jeune, au siège de la ville d'Aquilée. Et disait-on parmi le camp, que d'une méchante race il ne fallait pas laisser en vie un seul petit. On leur coupa les têtes, et étant fichées à des piques elles furent montrées à ceux d'Aquilée, puis envoyées à Rome, et là elles furent brûlées publiquement avec moqueries et risées, puis leurs corps jetés dans l'eau.

L'Empereur Décius, quant à lui, ne s'amenda pas suite à la fin malheureuse de ses prédécesseurs, mais il se rua furieusement sur l'Église de Dieu, et répandit beaucoup de sang innocent, comme nous avons montré auparavant. Dieu l'en châtia aussi, car il fut tué avec son fils Décius par les barbares Scythes, ou Tartares. Étant au combat contre ses ennemis, son cheval s’enfonça dans des marécages où Décius finit ses jours. On ne put jamais retrouver son corps, car le diable l'emporta, et il ne faut point douter que le lieu assigné à un tel meurtrier soit le fond de l’enfer.

Paul Orose dit en plus, qu'en ce temps-là, une horrible peste envahit tout l'Empire Romain et qu'il n'y eut ni province, ni ville ni maison qui n'en fut fort endommagée. Ainsi fallait-il que la mort étranglât ceux qui voulaient étouffer l'Évangile, qui est la parole de vie!

Saint Cyprien écrivant contre Démétrien touchant cette persécution de Décius, dit:

«Nous sommes certains et assurés que tout ce que nous souffrons ne demeurera pas longuement ainsi, et qu’aussi grande que sera la persécution, plus notable et plus terrible en sera la vengeance. Sans parler de ce qui est passé il y a longtemps, ce qui est arrivé de fraîche mémoire doit suffire: savoir qu'en un instant l'équité de notre cause a été démontrée par la mort effroyable des rois, par la ruine des biens, par les meurtres de gens d’armes et les pertes de batailles.»

Gallus, successeur de Décius, ne régna que deux ans, il n'eut pas autant de temps que Satan eût désiré pour continuer la persécution. Cependant il réussit à faire beaucoup de mal en peu de temps suivant ainsi le train de son prédécesseur en bannissant spécialement les fidèles. Il reçut aussi son salaire, car ses soldats l'abandonnèrent étant assaillis par Émilien qui devint Empereur; il fut massacré ainsi que son fils Volusien. Auparavant il avait été si lâche, que, pour faire alliance avec les Scythes, il avait assujetti le peuple romain à leur payer un tribut chaque année.

En ce temps-là, une peste horrible envahit plusieurs provinces, spécialement l'Égypte, elle dura plus de douze ans. La guerre et la famine s’ensuivirent peu après, et une grande quantité d'hommes moururent. Tous ces maux donnèrent l’occasion à Saint Cyprien d'écrire ce beau traité de la Mort ou Mortalité, lequel se trouve encore aujourd'hui parmi ses autres œuvres.

Valérien entreprit la huitième persécution, durant laquelle plusieurs bons serviteurs de Dieu et ministres de sa parole furent mis à mort, comme il a été dit auparavant. Peu de temps après qu'il eut commencé à affliger ainsi les fidèles, étant allé en guerre contre les Perses, Dieu voulut qu'il tombât vif entre les mains de ces derniers. Leur Roi, nommé Sapores, traita ce Valérien comme il le méritait; car autant qu’il avait été une bête cruelle qui avait voulu dompter et manier à son plaisir l'Église de Dieu, autant il fut enfermé dans une cage. Quand Sapores voulait monter à cheval, Valérien était contraint de prêter les reins pour servir de marchepied à son ennemi. Il demeura très longtemps en captivité. Enfin, comme trophée perpétuel de son malheur, Sapores le fit écorcher tout vif, ainsi que le raconte Eusèbe.

Un de ses prévôts, nommé Claude, grand persécuteur des fidèles, fut saisi de l'esprit malin qui lui trancha la langue par pièces, puis l'étrangla.

Après la prise de Valérien , tout l'Empire Romain fut en troubles. Dans un même temps et en plusieurs lieux, il y eut trente personnes diverses qui prirent le titre et l’autorité d'Empereur. Les Perse, les Allemands, les Goths, les Sarmates et d’autres peuples ravagèrent et pillèrent de nombreux pays. Plusieurs villes près de la mer furent englouties par elle. Galienus fils de Valérien fut tué avec un fils ou un frère dans la ville de Milan.

Aurélien, au commencement de son empire, traita les chrétiens avec douceur; mais sur la fin, ne pouvant maîtriser son naturel cruel et barbare, il décida de persécuter l'Église de Dieu aussi furieusement que ses prédécesseurs. Comme il était dans cette démarche, la foudre du ciel tombant à ses pieds l'effraya et il se retira quelque peu; mais étant revenu à sa délibération sanguinaire, Dieu tourna le glaive de ses propres domestiques à l’encontre de leur maître; c’est ainsi qu'il fut tué par les siens entre Byzance et Héraclée. Plusieurs disent qu'il mourut de mort soudaine, en voulant soussigner quelques lettres contre les chrétiens. Tous s'accordent sur ce point qu'il mourut de mort violente. Un de ses prévôts nommé Antiochus faisant torturer Agapetus témoin de la vérité de l'Évangile et tomba soudainement de son siège judicial en criant à haute voix que toutes ses entrailles étaient en feu puis il rendit l'esprit dans ce tourment.

L'Église de Dieu eut quelques trêves depuis la mort d'Aurélien jusqu'à la 19e année de l'empire de Dioclétien et Maximien, qui gouvernaient ensemble l’Orient et l'Occident. Mais, à cause du peu de zèle des chrétiens, et les disputes entre les pasteurs et les docteurs, le Seigneur voulant purger les ordures de son Église, lâcha la bride à ces deux tyrans qui firent d’abord raser tous les temples des chrétiens, puis brûler les livres de théologie (Voyez Eusèbe les deux derniers livres de son histoire.).

Après ils chassèrent tous les officiers et les magistrats qui faisaient profession de la religion, puis ils agirent contre les ministres, les anciens et tous ceux qui avaient eu une charge dans l'Église, finalement, ils ordonnèrent que les chrétiens seraient soumis à des tourments dont les bourreaux s'aviseraient s’ils ne renonçaient pas à leur religion et ne sacrifiaient pas aux idoles. Il y eut une grande quantité de martyrs!

- En 17 jours y en eut trente mille personnes mises à mort, et autant ou davantage enchaînées et conduites aux métaux ou aux carrières de pierres; leurs tourments ressemblant en quelque sorte à la punition des galères d'aujourd'hui.

- Plusieurs racontent que Dioclétien entra dans telle rage contre les chrétiens, que même il fit mourir sa propre femme, nommée Serena, parce qu'elle était chrétienne.

- Vingt mille personnes furent brûlées ensemble en une fois dans un temple par le commandement de Maximien.

- Une ville de Phrygie fut brûlée et réduite en cendres avec tous ses habitants, mêmes les magistrats, les capitaines et les gouverneurs pour l'Empereur, parce qu'ils avouèrent tous la pure doctrine, sans qu'un seul d'entre eux voulu faire abjuration.

La constance des fidèles fut admirable dans plusieurs endroits, mais il y eut quand même beaucoup de révoltes. Le nombre des martyrs fut plus grand et sans comparaison que celui des apostats. Cette persécution dura dix ans.

Ces meurtriers, voyant les chrétiens avoir toujours bon courage, commencèrent à se lasser de ces meurtres si horribles et procédèrent d'une autre façon moins rigoureuse à leurs yeux. Ils faisaient prendre et assembler les chrétiens par milliers; puis on leur crevait l'œil droit et on brûlait au fer chaud leur jarret gauche si bien qu'ils étaient rendus borgnes et boiteux: cela fait, on les menait travailler aux mines. Voilà comme les enfants de Dieu furent traités!

Maintenant considérons quel salaire reçurent ces brigands horribles.

En premier lieu ils quittèrent la dignité impériale, partis de rage et de dépit pour n'avoir pu dompter les chrétiens, partis aussi pour avoir de nombreux ennemis à cause de leur naturel sanguinaire redouter par tous.

L'un se retira à Nicomédie, et l'autre à Milan, où ils vécurent quelque temps en privé et comme seuls.

La maison de Dioclétien fut foudroyée et brûlée par le feu du ciel, puis une enflure le saisit par tout le corps; après qu’elle fut évacuée il devint sec comme le bois, ensuite la vermine s'engendra dans sa langue avec une telle puanteur, que personne n'osait approcher de lui. Étant dans cette langueur, il rendit l'âme en blasphémant avec des hurlements terribles. Quelques-uns disent qu'il devint perclus de ses membres, puis enragé, et que finalement il se tua, ayant peu de temps auparavant été tellement déconcerté par le bruit du tonnerre, qu'il ne savait où se cacher. D'autres écrivent qu'il s'empoisonna, craignant d'être exécuté et mis mort de façon ignominieuse: Constantin et Licinius l'avaient menacé ouvertement de cela. Ce qu’il y a de certains c’est que tous s'accordent sur ce point: il mourut furieux et désespéré.

Durant la persécution, il y eut un grand tremblement de terre à Tyr et Sidon où plusieurs milliers d'hommes furent tués par la chute des édifices. Il en arriva autant à Rome et dans quelques autres quartiers d'Italie.

Flaccus, prévôt de Spolette, après avoir fait mourir Grégoire, évêque du lieu, fut frappé de Dieu, et rendit l'esprit avec les entrailles qui sortirent de son corps.

Dioscorus, ayant fait mourir sa propre fille, fut foudroyé par le feu du ciel.

Un autre, nommé Aposrasius, tomba de dessus son cheval par terre et mourut.

Quant à Maximien après sa déposition, il retourna à Rome pour être rétabli au gouvernement de l'Empire. Mais ayant été débouté dans sa requête et chassé par son propre fils Maxence, il s'enfuit à Marseille vers Constantin son gendre tout en machinant sa mort quelques jours après son arrivée; par ce moyen son naturel sanguinaire et furieux refit surface.

Mais sa propre fille préféra à son père Constantin, son mari, et fit découvrir la trahison. Ainsi Dieu amena ce meurtrier à sa fin entre les mains de son gendre, qui le fit pendre et étrangler à Marseille.

Galérius, Dioclétien et Maximien eurent pour successeurs Constantius Clorus, père de Constantin le grand, et Galérius Maximin.

Constantius eut l'Occident, dont il se contenta, et favorisa toujours les chrétiens.

Galérius Maximin prit pour compagnon, avec part de l'empire, un de ses frères ou parents nommé Maximin. Galérius, ayant rudement persécuté les Églises d'Orient,l fut saisi d'une horrible, incurable et vilaine maladie pendant laquelle ses boyaux s'enflaient et les vers qui le rongeaient continuellement sortaient de toutes parts. Il devint si puant que personne n'osait ni ne voulait approcher de lui. Ce comportement le précipita dans une telle rage qu'il fit mourir plusieurs médecins, parmi lesquels un d’entre eux lui montra que sa maladie était un juste jugement de Dieu sur lui à cause des maux qu'il avait fait aux chrétiens.

Il fut tellement décontenancé par cette remontrance, que, sur l'heure, il dépêcha des lettres fort favorables aux chrétiens, lesquelles furent exécutées, mais seulement dans quelques endroits, et assez sommairement. Galérius ne revînt pas pour cela à une meilleure santé, mais, après beaucoup de tourments, étant poussé de fureur et de désespoir se donna la mort lui-même.

Son lieutenant général nommé Maximin s'enflamma aussi, mais avec plus de fougue encore que les précédents persécuteurs, à l’encontre de l'Église. Il fit graver sur des tables d'airain la condamnation des fidèles, et fit attacher ces tableaux à des colonnes sur les places publiques des villes de son gouvernement. Ce qu'étant fait, l'Église fut si cruellement affligée, que plus de quatre-vingt mille martyrs furent emportés par cette tempête.

Cependant Maximin, ayant été menacé par Constantin et Licinius, s'adoucit de beaucoup et fit un édit, par lequel il permettait aux chrétiens de vivre en liberté de conscience, sans être recherchés ni molestés. Tout cela se faisait de manière hypocrite, car il favorisait en tout et partout les idolâtries. Enfin ayant été défait dans une bataille par Licinius , il se mit en colère contre ses prêtres et devins qui l'avaient encouragé à faire cette guerre; il en fit mourir la plupart; puis étant soudainement tombé fort malade, il fit un autre édit, par lequel il permettait aux chrétiens le libre exercice de la religion.

Cependant, il ne se convertissait à Dieu de bon cœur et faisait cela seulement pour essayer de trouver plus d'aide envers ce Dieu des chrétiens que vers ses dieux qui l'avaient trompé, et pour se rendre moins suspect aux chrétiens, afin de ne pas les avoir pour ennemis, lors qu'il attaquerait Constantin et Licinius, comme il avait délibéré.


Étant sur ce point et ayant déjà préparé son armée, il fut surpris par de grandes douleurs d'entrailles, et de coliques fort violentes, qui le tourmentaient tellement qu'il ne pouvait se coucher, mais se jetait penché contre terre. Alors qu'auparavant il avait été un grand gourmand et un ivrogne démesuré, il ne pouvait plus avaler ni goûter même un seul morceau de viande, ni seulement sentir l'odeur du vin. Ainsi étant affaiblit par faute de nourriture, il fut contraint de connaître la juste vengeance de Dieu sur lui, et de confesser qu'il était puni pour ses crimes. Finalement il perdit la vue et mourut dans cet état.

Après la mort de Constantius, père Maxence, de Constantin, les soldats des vieilles bandes, conspirant ensemble, élurent pour Empereur d'Occident Maxence, fils de Maximien, pour être compagnon de Galérius. Ce fut un vilain paillard et ennemi juré de la chasteté de toutes les femmes honnêtes, principalement des chrétiennes, parmi lesquelles il y en eut une à Rome qui se tua dans sa chambre pour éviter la lubricité de cet homme méprisable.

Il persécuta les chrétiens à outrance, mais Dieu lui coupa le chemin de bonne heure; car le Sénat Romain, fâché de ses ravissements et de la méchanceté de ses soldats, appela secrètement Constantin, élu Empereur d'Occident, auquel Dieu donna victoire contre Maxence qui périt et se noya dans le Tibre avec grand nombre des siens en pensant se sauver par dessus un pont qui se rompit alors.

La plupart de ceux qui avaient favorisé Maximin furent exterminés, spécialement les persécuteurs de l'Église: entre lesquels furent Peucétius et Quintien hommes sanguinaires jusqu'au bout, lieutenants de Maximin et ses plus favoris.

Le gouverneur de Damas, qui contraignit des femmes à dire mille mensonges sur les chrétiens, se tua lui-même, peu de temps après la mort de son maître Maximin , comme Eusèbe le raconte au livre neuvième chap. 5. et 6.

Un autre, nommé Theotecnus, gouverneur d'Antioche fut mis à mort avec plusieurs autres sous le commandement de Licinius; entre autres méchancetés il avait fait croire au peuple qu'une idole de Jupiter avait parlé et commandé qu'on chassât les chrétiens hors des villes et des lieux prochains d'elles.

Les enfants et les parents de Maximin furent aussi mis à mort. Sa mémoire condamnée comme celle d'un tyran et ennemi juré de la gloire de Dieu, ses armoiries furent effacées dans tous les lieux, rompues et brisées, autant que faire se put.

Toutes les images faites en son honneur furent réduites en poussière avec abjection et moqueries piquantes: ainsi toutes les marques d'opprobre dressées contre les chrétiens furent effacées partout et la paix fut rendue aux Églises par ce bon Empereur Constantin.

Licinius, compagnon de Constantin, favorisa les chrétiens au commencement; puis après s'étant fâché contre eux, il fut assailli et vaincu dans une guerre par Constantin. Mais il ne put se contenir et recommença à agir contre eux. Constantin commanda alors qu'on le fît mourir: ce qui fut exécuté.

Julien, surnommé l'Apostat, ennemi juré de Christ et des chrétiens qu'il appelait Galiléens, par moquerie, fit tout ce qu’il put contre l'Église, environ 366 ans après la venue de Jésus-Christ.

Il fît rendre aux païens leurs temples que Constantin avait fait fermer. Il ôta aux Églises et à leurs ministres les privilèges, franchises et commodités que Constantin leur avait données. Il défendit aux chrétiens d'avoir des écoles pour leurs enfants. Il écrivit lui même quelques livres contre la religion chrétienne, confisqua les biens de l'Église et imposa de gros tributs sur les fidèles disant, par moquerie, que Jésus-Christ avait défendu aux chrétiens de thésaurisé en terre, et commandé de donner le manteau à celui qui ôterait le saye (espèce de manteau grossier.), qu'ils devaient souffrir tous les outrages patiemment, puisque leur maître les avait ainsi enseigné.

Il fit remettre sur l'étendard de l'empire les images de Jupiter. Mars et Mercure (Voy. ci-dessus, page 23 au format PDF), et n’accepta personne pour aller en guerre avant qu’il n’eut, premièrement, sacrifié aux idoles; à cette occasion il condamna à mort quelques soldats, auxquels soudainement il remit leur peine.

Cependant il ordonna que nul chrétien n'ait part à la guerre, ni ne serait reçu en dignité quelconque. Il permit aux juifs de retourner à Jérusalem pour rebâtir le temple et faire leurs sacrifices: ce qu'ils s'efforcèrent faire, mais le feu et la foudre du ciel les en empêcha et en accabla un grand nombre.

Ayant ainsi combattu Jésus-Christ, il alla faire la guerre aux Perses, jurant qu'à son retour il exterminerait tous les chrétiens; mais c'était compter sans l'hôte comme on dit; car il y fut transpercé par une flèche, sans qu'on ait pu savoir d'où le coup était venu; la plupart estimait qu'un Ange l'ait fait plutôt qu'un homme. En mourant, il trempa sa main dans le sang qui coulait de sa plaie, et dépitant Jésus-Christ pour la dernière fois, s'écria en colère en jetant ce sang contre le ciel: «Tu as vaincu, Galiléen» appelant ainsi Jésus-Christ. Ainsi mourut ce malheureux, âgé de trente-deux ans seulement, comme plusieurs le disent. Grégoire de Nazianze écrit dans sa harangue contre Julien, qu'il avait entendu que la terre s'était ouverte et avait englouti la dépouille de ce méchant.

Un de ses oncles, aussi nommé Julien, avait uriné sur la table où les chrétiens d'Antioche célébraient la sainte Cène; il avait battu à coups de poing l'évêque nommé Euzoius, qui le reprenait pour cette vilaine impiété. Peu de temps après il fut saisi d'une grave maladie de pourriture d'entrailles, ne pouvant uriner ni vider son ordure que par sa bouche infâme. C’est ainsi qu’il mourut misérablement. Sozomène ajoute que la chair pourrie de ce vilain grouilla de vers qui ne cessèrent de le ronger tout vif et qu’il n'y eut aucun remède quelconque pour les empêcher de le manger entièrement.

Un trésorier de Julien , regardant les coupes de ce temple d'Antioche, dans lesquelles on servait la S. Cène, se moqua et commença à dire: «Sont-ce ici les gobelets desquels on sert ce fils de Marie?» Mais peu de temps après le sang lui sortit du corps par la bouche et, en peu d'heures, périt cet exécrable moqueur qui mérite d'être mis au rang des apostats avec son maître; comme avait fait aussi Elpidius grand maître de la cour de Julien l'Apostat, qui, après avoir blasphémé Jésus-Christ de diverses façons, fut accusé de s'être trop avancé dans les affaires de l’état; pour cela il fut serré et tourmenté en prison où il mourut d'une façon vilaine et déshonnête.

Ces jugements sont décrits amplement par Théodoret, Sozomène et Nicéphore dans leurs Histoires Ecclésiastiques en parlant de Julien et de ses suppôts.

Valens, Empereur Arien, fit noyer, suite à une trahison, quatre-vingts ministres de diverses Églises comme Socrate le raconte, environ vers l'an du Seigneur 371. Il voulait contraindre les fidèles à devenir Arianistes (dit Théodoret), mais il en fut châtié, car ayant été blessé par une flèche dans la bataille qu'il perdit contre les Goths, voulant se sauver dans une petite loge champêtre, il fut brûlé tout vif à l’intérieur de cette dernière par ses ennemis qui le poursuivaient. Son valet de chambre (autant homme de bien que le maître) n’eut pas une meilleure fin.

Comme Théodoret le raconte, Valens lui commanda d'aller préparer le bain; voulant obéir, sitôt qu'il fut entré aux étuves, il perdit la raison et se jeta dans une grande cuve d'eau bouillante, où il fut noyé, et son corps trouvé dissous par la chaleur du feu.

On ne saurait dire combien les Vandales, les Huns, les Goths et les autres peuples barbares ont répandu de sang chrétien dans l'espace de quatre-vingts ou cent ans, période durant laquelle ils ont pillé l'Afrique et l'Europe. Nous dirons d’abord quelque mot des jugements sur ces peuples, puis nous viendrons à leurs Rois.

Les Vandales, ayant occupé l'Afrique, et chassé entièrement les Romains, firent la guerre, durant 80 ans, aux Églises de ce pays-là, d'autant plus qu'elles ne voulaient point recevoir l'Arianisme. Mais dans la cinquième année de Gilimer leur dernier Roi, Bellisaire, lieutenant général de l'Empereur Justinien, les défit et extermina entièrement cette maudite nation, qui sentit, à sa confusion extrême, combien c'est une chose redoutable de tomber entre les mains du Dieu des vengeances. Cette défaite arriva l'an de Christ 535.

Voyons maintenant comment leurs Rois ont été traités.

Eucherius, fils de Stilicon , qui était Vandale et Lieutenant général de l'Empereur Honorius, eût la promesse de son père d'être un jour Empereur et dans cette espérance il promettait aux Vandales et autres ennemis de la vérité, qu'il ruinerait tous les fidèles; mais lui et son père furent massacrés par les soldats d'Honorius et ainsi ils reçurent le salaire de leurs trahisons.

Chrocus , Roi des Vandales, après Stilicon, voulant assiéger Arles, fut fait prisonnier, et mené à travers toutes les villes et les places publiques où il avait affligé les fidèles. Finalement, après plusieurs tourments, il fut cruellement mis à mort.

Gunderic, successeur de Chrocus, ayant pris Hispale (Ville sur remplacement de laquelle s'est élevée Séville.), commença à s'enorgueillir et à menacer et persécuter l'Église de Dieu; mais il fut saisi d’un esprit malin, et mis à mort par celui-ci dans la seconde année de l'empire de Valentinien et Théodose le jeune, comme Sigebert (Sigebert de Gemblours , moine bénédictin de la Belgique, mort en 1112. Sa Chronique va de 361 à 1111.) le raconte dans ses Chroniques.

Genserich son successeur, tyran très cruel, persécuta à outrance les Églises d'Afrique durant l'Empire de Théodose le jeune, et son fils Hunneric aussi, comme cela est amplement décrit par Victor, évêque d'Utique, dans ses livres sur la persécution des Églises d'Afrique. Ils moururent tous deux misérablement: spécialement Hunneric, qui fut mangé par la vermine, et étant possédé du diable se déchira lui-même et mourut enragé, comme Sigebert, Vidor et Grégoire de Tours le racontent.

Proculus, lieutenant de Genseric, pilleur de temples, et brûleur des livres de l'Écriture sainte, devint enragé, et s'étant coupé la langue, mourut dans le désespoir.

Quelle fin donc doivent attendre tant de gouverneurs et peuples athées de ce temps?

Pendant la persécution sous le même Genseric, un capitaine Vandale avait trois esclaves chrétiens, à savoir deux serviteurs et une servante qu’il tourmentait chacun jour avec de nouvelles façons de les torturer à tel point qu'on leur voyait les entrailles; mais Dieu les ayant fortifiés et guéris ce tyran ne se lassa pas de continuer, si bien que la fureur de Dieu l'environna de telle sorte, que lui, ses filles et son bétail moururent soudainement.

Sa veuve donna les esclaves en question à un des cousins de Genseric, nommé Hersaon, lequel fut immédiatement possédé et tourmenté d'un esprit malin, avec toute sa famille, comme Victor le raconte en son histoire.

Trasimond succéda à Hunneric; mais il ne traita pas les chrétiens plus doucement que ses prédécesseurs, aussi n'échappa-t-il point à la main de l'Éternel qui donna victoire à ses ennemis qui le défirent avec la plupart des Vandales. De dépit et de regret il mourut comme forcené peu après, comme Procopius et Evagre (Historien grec, né en Syrie, vers 556. A composé une Histoire ecclésiastique qui fait suite à celles de Socrate et de Théodoret.) le racontent.

Hildericus son fils, fut Chrétien, et rétablit d’une certaine manière les Églises; mais il fut pris par les embûches d'un nommé Gilimer qui le priva du gouvernement et se fit roi. Ce Gilimer régna cinq ans, pendant lesquels il recommença la persécution; mais (comme il a été dit ci-dessus, page 75 format PDF) Bellisaire le défit, et extermina celle maudite nation de Vandales infectés du venin d'Arius.

Quant aux Huns, Goths et autres Goths, etc., qui pour un temps ont ravagé furieusement, et fait un million de maux à la pauvre Église de Dieu, ils ont aussi été fouettés avec leurs rois, comme les exemples suivants le démontrent.

Après qu'une partie de leurs rois se furent entretués, les peuples commencèrent à se faire une cruelle guerre les uns aux autres: tellement qu'un de leurs capitaines écrivit à l'Empereur Honorius en ces termes: «Sois paisible et demeure coi, nous nous entretuerons: regarde-nous faire seulement sans te bouger. La victoire sera pour toi, la ruine et confusion pour nous.»

Rhadagaisus, Roi des Goths, ennemi juré et persécuteur horrible des chrétiens, faisant de terribles préparatifs pour ruiner l'Église, tomba avec toute son armée sous la puissance de ses ennemis qui, après lui avoir fait mille opprobres, le firent mourir publiquement et cruellement sous la risée et les moqueries de tous ceux qui le virent. Les prisonniers surpris avec lui étaient en si grand nombre, qu'on en donnait une grosse troupe, pour un écu seulement, comme Paul Diacre et Orose le racontent.

Attila, fléau épouvantable du Seigneur et terrible tyran s'il en fut jamais, duquel Théodose le jeune fut tributaire pour un temps afin de garantir les Églises d'Orient, après avoir répandu une mer de sang chrétien, l'an sixième de son règne et le propre jour de ses noces, s'étant enivré, fut frappé d'une apoplexie, et suffoqué (par un juste et visible jugement de Dieu) par son propre sang dans lequel il se baigna jusqu'à la gorge crevant par le moyen d'une chose dont il avait été tant altéré en toute sa vie.

Theodoric, Roi des Goths, ou West-Goths, Arien et grand ennemi des fidèles, fit meurtrir Symmachus , Boetius et plusieurs autres bons personnages; mais Dieu le frappa tellement dans sa raison, que voyant un jour un poisson sur sa table ayant la gueule ouverte, il s'imagina que c'étaient les têtes de ceux qu'il avait fait mourir injustement et, sur ce, il tomba dans une extrême mélancolie et désespoir. Finalement il mourut sans repentance trois mois environ après avoir fait meurtrir Jean, évêque de Rome. Blondus raconte qu'il fut frappé d'apoplexie. Quelques années avant sa mort, son armée composée de mauvais sujets et de brigands horribles, se défit lui-même, comme Grégoire de Tours le raconte.

Amalaric, prince entre ces peuples-là, persécuteur de sa propre femme qui était chrétienne, fut défait et tué avec la plupart de son armée par son beau frère Childebert. Roi de France, comme Procopius et Grégoire de Tours en font mention.

Les Allemands, confédérés des Goths, après avoir ruiné et mis en désolation les Églises d'Italie, furent punis selon leurs mérites, car une partie fut tuée en guerre, les autres chargés de butin furent détroussés, massacrés et précipités des montagnes en bas par les Huns et autres mauvaises gens. Ceux qui se sauvèrent furent atteint par la peste là où ils s'étaient retirés. Leurs capitaines Lutarius et Bultin furent traités de même; car le premier devint enragé, et s'étant déchiré lui-même à belles dents, mourut enivré et foulé dans son sang propre. Peu de temps après, son frère Bultin fut défait et tué avec son armée de trente mille hommes, parmi lesquels il n'y eut que 5 de sauvés!

Du temps de l'Empereur Justinien, les Huns, cruels persécuteurs des Églises de Thrace et de Grèce, furent châtiés comme les précédents, par les capitaines de l'Empereur, qui les défirent de telle sorte que leur nom même s'évanouit dans ces quartiers-là, comme Agathius le raconte au 5e livre de la guerre des Goths.

Antharis, Roi des Lombards, homme méchant et ennemi des chrétiens, mourut empoisonné à Pavie par une juste vengeance de Dieu, ce que dit Paul Diacre au 3e livre des gestes des Lombards.

Un autre Roi de ces peuples, nommé Gisulphe, pour entretenir la paix dans son royaume favorisait les Arianistes; mais le Seigneur ne voulant pas endurer plus longtemps que sa gloire soit ainsi souillée, lui suscita un ennemi qui vainquit et défit ce Roi avec toute son armée, ruina toutes les villes avec les temples des Arianistes. Sa femme, après avoir été violée, fut empalée; les prisonniers, hommes vieux et jeunes furent tous tués, les femmes et filles vendues, comme Paul Diacre (Historien latin, né vers 750. On a de lui De gestis Longobardorum.) et Sabellic (Érudit italien, né à Vicavoro - 145O-1506) le racontent.

Il y a eu d'autres Rois et gouverneurs de ces peuples, qui suivant le train de leurs devanciers sont morts malheureusement. Parmi les autres nations aussi, Dieu a déployé son bras contre les persécuteurs de son Église, et ce, d'une façon terrible, comme les histoires de 4, 6 et 700 ans, après la venue de Jésus-Christ, en portent très évident le témoignage à quiconque voudra tant soit peu y regarder.

Nous n'avons donc point ici spécifié les noms de tous les persécuteurs de par le monde qui ont été exterminés à cause de la fureur de Dieu, parce que cela demande un livre aussi gros que celle histoire entière des Martyrs. Il nous suffit d’avoir montré le chemin aux lecteurs qui rapporteront ici les noms des Perses, des Grecs, des Romains, des Français et des autres, grands et petits, qui ont fait la guerre aux Églises ou à quelques fidèles particuliers de leur temps, et de constater les vengeances que Dieu a exercées contre eux, comme elles sont spécifiées par les historiens.

Ainsi donc nous nous contenterons d'avoir marqué les principaux, et prions les fidèles d'apprendre, par les uns quels ont été les autres, ainsi que leur fin malheureuse.

Ajoutons encore ce mot touchant Phocas fondateur de la papauté, Mahomet Antéchrist d'Orient, et le Pape Antéchrist d'Occident.

Phocas donc après avoir traîtreusement et cruellement fait mourir l'Empereur Maurice avec sa femme, ses fils et filles, régna huit ans en toute vilenie et méchanceté. Au bout de ce temps, le sénat Romain, ainsi que son propre gendre, conspirèrent contre lui. Il finit par tomber entre les mains de ses ennemis qui lui coupèrent les pieds, les poings, les parties honteuses, la tête, puis brûlèrent son corps dans un bœuf d'airain, et enfin, firent mourir de mort cruelle ses enfants et toute sa parenté. Telle fut la fin de ce meurtrier exécrable qui accorda à Boniface 3, évêque de Rome, le titre de primat et souverain par dessus toutes les Églises, six cents ans environ après la mort de Jésus-Christ.

L'an de Christ 613. Mahomet, Arabe, commença à se faire connaître par le moyen de quelques juifs, d'un moine nommé Sergius, hérétique Nestorien et apostat, et d'un Arien nommé Jean d'Antioche. Il bâtit et composa son Alcoran (Coran) qui contient les articles de la doctrine des Sarrasins et des Turcs. Il y a, dans ces articles, une grande quantité de blasphèmes, d’hérésies et de folies si ridicules, que c'est horrible que tant de peuples, encore aujourd'hui, soient empoisonnés d'une vanité si vaine. C’est par un épouvantable jugement de Dieu que, depuis ce temps-là et jusqu'à ce jour, la puissance des successeurs de Mahomet s’est toujours accrue pour la ruine des Églises d'Orient, où ces ennemis de Dieu ont fait mourir un nombre infini de chrétiens. On ne peut pas savoir jusqu'où s'étendra leur bras pour affliger l'Église!

Mais eux-mêmes n’ont pas échappé à la main de Dieu, car la plupart de leurs Sultans, Califes, Gouverneurs et grands Seigneurs ont eut une fin malheureuse, après que leur faux Prophète Mahomet eut péri misérablement.

Étant prêt de mourir, il fit croire à ses gens que son corps n'avait pas besoin de sépulture et qu'ils prennent garde parce qu'il ressusciterait au troisième jour et monterait au ciel. Mais le troisième jour étant passé, et le septième aussi, la dépouille commença à devenir puante, tellement que personne ne pouvait l’endurer, alors…, il fut enseveli. Ainsi ce vilain imposteur ne laissa après lui qu'une vilaine puanteur, et s'étant vanté de monter au ciel, son corps pourrit en terre, et son âme prit le chemin d'e l'enfer.

Les adorateurs et les adhérents de Mahomet, à savoir les Sarrasins, ayant été victorieux dans ce monde, ils ont été plus semblables aux bêtes sauvages qu'aux hommes. Car comme les bêtes sauvages sont nées pour tuer et être dévorées, s'entretuent, s'entre-mangent, et se déchirent les unes les autres, ainsi les histoires témoignent que les Sarrasins ont été un peuple cruel et sauvage. Aussi plusieurs fois ont-ils été défaits et déconfits par les chrétiens.

Et pour ne pas nous arrêter trop sur ce sujet, notons que tous les historiens témoignent, d'un même accord, que Charles Martel, maire du palais et Prince de France, eut trois grandes guerres contre les Sarrasins, lesquels venaient d'Espagne pour se jeter sur la France.

La première fut contre Abdiram, Roi des Sarrasins, qui fut défait près de Tours, par Charles Martel; trois cent septante-cinq mille Sarrasins tués sur le champ; il y demeura bien peu de chrétiens, à savoir 1500 environ. Cette bataille fut donnée l'an 730 après, l'an de Christ 736.

Athyn, Roi des Sarrasins, entra en France avec un peuple innombrable; mais Charles le défit avec son armée, près d'Avignon.

Finalement, un autre Roi, nommé Amorrheus, voulant avec ses Sarrasins secourir Athyn, fut tué et ses troupes entièrement défaites.

De plus, la fin du Royaume des Sarrasins est épouvantable à entendre, car on peut voir, comme dans un miroir, un manifeste témoignage de la colère de Dieu.

Selym premier, père de Solyman, ruina et abolit le royaume des Sarrasins. Premièrement, il gagna, sous la conduite de Sinam Bascha, deux batailles à l'encontre du Sultan Tomumbei, l'une vers Gaza en Syrie, et l'autre en Égypte, près du grand Caire. Puis Selym mena toutes ses troupes au Caire. Il y eut bataille dans la ville avant de pouvoir gagner toutes les places fortes dans l'espace de deux jours et deux nuits. On ne saurait dire la grande effusion de sang et les cruautés qu'exercèrent alors les Turcs contre les Sarrasins.

Le château de la ville fut gagné le 25 janvier de l'an 1517. Le Sultan s'enfuit et se cacha parmi des roseaux dans un marais d'où il fut tiré, et mené devant Selim, lequel, après plusieurs longs tourments, le fit mettre sur une mule et mener par toutes les rues de la ville pour son plus grand déshonneur, puis il le fit pendre à l'une des portes. Ceci arriva en l'an mille cinq cent dix-sept, le 13 avril.

Ce fut un piteux spectacle, de voir ce puissant Empereur de Syrie et d'Égypte être ainsi ignominieusement pendu à la vue de tous les siens. Ce Sultan fut le dernier prince des Sarrasins; c’est ainsi que furent alors extirpés les Sarrasins et les superbes Mameluchs: Dieu leur fit sentir la force de sa main, et vengea le sang des fidèles sur ces vilains mâtins (chiens). On trouve cette histoire diligemment écrite par Paul Joue (Historien italien, né à Côme (1483-1552). Les Histoires de son temps vont de 1494 à 1547.) dans ses histoires de notre temps.

Les Turcs ont senti aussi la main de Dieu, punissant leurs cruautés, et plusieurs fois ont été défaits par les chrétiens; il n'y a que Dieu qui sache quand, comment et combien ils seront fouettés après. Cela est certain qu'il faudra qu'ils comparaissent devant le siège judicial de Christ, comme tous autres peuples, et que là, ils rendent compte de ce qu'ils auront fait.

On pourrait aussi témoigner de beaucoup d'histoires sur les châtiments des Papes persécuteurs de l’Église, mais ce serait trop long. Pour en dire quelque chose brièvement, Dieu ne les a aussi pas plus épargnés que les autres persécuteurs. Il ne peut rien leur arriver de pire qui ne les pique plus amèrement dans leurs consciences ou qui les contriste d'avantage, que lorsqu’il y a des gens qui leur résistent à bon escient et qui taxent leurs vices et leurs infamies tout en déclarant qu'ils falsifient la doctrine de vérité, que leur siège est le siège de l’impiété, et que le Pape n'a pas la puissance qu'il s'attribue.

Pour cette raison, de tout temps, Dieu a suscité des personnages, qui ont démontré que les anciens Évêques de Rome étaient, de fait et de nom, bons et vrais pasteurs, mais que les Papes ne les suivaient pas.

C’est ce qui a irrité ces révérends pères, ils se sont opposés à de tels gens et n'ont jamais cessé de le faire jusqu'à ce qu'ils les aient fait mettre à mort comme leurs grands ennemis, malfaiteurs, hérétiques et séditieux. Quoi qu’il en soit, ils n'ont pu ôter un tel ver dans leur conscience qui les a continuellement rongés et qui est une vraie punition et un châtiment.

Dieu a suscité des Empereurs et des Rois puissants qui n'ont point épargné les Papes, mais se sont plaints d'eux, et les ont gravement accusés et chargés.

L'Empereur Frédéric, premier de ce nom, surnommé Barberousse, renvoya d'Allemagne à Rome les Légats des Papes, leur défendant de revenir dans son l'Empire tout en ordonnant aux Allemands de ne point en appeler à Rome.

Le Pape Adrien quatrième se plaignant de cela et admonestant l'Empereur que la couronne et l'Empire venaient du Pape de Rome, l'Empereur lui fit réponse que la couronne et l'Empire venaient de Dieu, non pas du Pape, ni de Rome. Sommé de dire pourquoi il avait chassé les Légats du Pape, il répondit qu'ils semaient des débats et des disputes, qu’ils pillaient les Églises et n'étaient point des prêcheurs, mais des pêcheurs et des voleurs; qu'ils ne se souciaient point du salut du peuple, mais seulement de leur bourse.

L'Empereur Frédéric, deuxième de ce nom, prince excellent et chrétien, s'opposa aussi à l’orgueilleux et turbulent Pape Grégoire IX qui l'excommunia et le condamna par trois Bulles. Mais l'Empereur, avec plusieurs gens de bien, dénoncèrent vivement la tyrannie du Pape. On en trouve un ample discours au livre des épîtres de Pierre des Vignes (Chancelier de Frédéric II, qu'il seconda dans sa lutte contre les papes.), et dans Nauclère.

Dans ce temps là fut tenu un excellent Concile à Ratisbonne, pendant lequel Evrard, évêque de Saltzbourg, fit une harangue contre le Pape et sa compagnie, décrivant et taxant la tyrannie, l'orgueil, les vices et les infamies des Papes de Rome, et prouva que le Pape était l'Antéchrist. Cette harangue est écrite par Jean Aventin, au 7e livre de son histoire de Bavière. Il fait aussi mention, dans la même histoire, d'une défense et hardie harangue de Mainrard, Comte de Tyrol, lequel avait été excommunié par le Pape Nicolas quatrième, mais qui montra son droit, et appela le Pape Antéchrist.

Il y eut aussi un grand différent et un débat entre le Pape Jean 22 et l'Empereur Louis 4 lequel avait, dans un écrit impérial, condamné fort vivement le Pape, l'appelant (entre autres choses) diable et Antéchrist, avec de bons et de vrais arguments, ainsi qu’il apparaît dans le 7e livre de l'histoire de Jean Aventin.

Entre autres punitions et châtiments des Papes, l'un des plus graves est que les Papes se sont combattus les uns contre les autres, avec des outrages, des guerres, des meurtres et confusions étranges.

Onuphrius Panvinius (Historien né à Vérone (1529-1568). On a de lui Epitome pontificunm romanorum.), dans son abrégé des Papes, raconte depuis Grégoire 7 jusqu'à Urbain 6 (dans l'espace de 294 ans) il y eut sept grands schismes du siège de Rome, et que durant ce temps, il y eut sept fois deux papes à la fois, et finalement trois; chacun voulant être appelé le vrai Pape, s'excommuniant et se condamnant l'un l'autre.

Après cela, vint le huitième et grand Schisme qui commença du temps d'Urbain 6 et Clément 7 et dura 39 ans, jusqu'au Concile de Constance. Durant ce temps, les Papes se combattirent les uns les autres si impudemment et si furieusement, par bulles, brevets et lettres diffamatrices, que si quelqu'un d’autre l'eût fait il eût mis sa vie en danger. Ils s'appelaient l'un l'autre schismatiques et hérétiques et d'autres noms bien vilains.

Celui qui a envie de connaître leur belle vie, qu'il lise les livres de Thierry de Niem, et principalement le 3e livre. Ce Thierry fut un serviteur fort familier des Papes, tellement qu'il a pu parler de ces choses avec vérité.

Mais outre ces punitions, il y a eu beaucoup de Papes assis sur ce siège; car depuis Grégoire 7 jusqu’à Grégoire 13, il y en a eu environ 68. Durant ce temps, depuis Henri 4 jusqu’à Maximilian 2, il n'y a eu que 26 Rois des Romains, ou Empereurs. Ainsi peu de ces Papes ont été de longue durée, la plupart sont rapidement sortis du monde.

Les historiens témoignent, et l'expérience le montre, que la plupart d'eux, chargés de graves maladies, quittent bientôt le siège. Quelques-uns emportés d'une mort soudaine, ont été trouvé morts par leurs gens, les autres ne sont point morts au siège, mais dehors.

Certains ont été chassés et prit, les autres ont été enlevés du siège par le poison.

- Lucius 2 fut lapidé par ses gens.

- Lucius 3 fut chassé de la ville, ses gens furent assommés; on creva les yeux à quelques-uns d'eux, les autres furent menés à travers la ville avec honte et déshonneur sur des ânes, ayant la face tournée vers la queue.

- Adrian 4, persécuteur de Frédéric 2, fut étouffé par un moucheron.

- Jean 21 fut assommé par une voûte qui l'accabla soudainement.

- Jean 12 fut tué par un Romain qui le surprit en adultère avec sa femme.

- Nous avons déjà parlé de la fin de Boniface 8, Pape superbe et hautain, duquel on a dit qu'il était parvenu au siège comme un renard, avait gouverné comme un lion, et était mort comme un chien.

On pourrait encore ajouter beaucoup de choses semblables prises des histoires, mais ceci suffit pour montrer que Dieu n'a pas oublié de punir et de châtier les Papes persécuteurs de son Église et qu'il a, de tout temps, vengé le sang de ses fidèles.

Mais, quoi qu'il en soit, il n'y pas de chose plus assurée et plus certaine dans ce monde, que tous les forfaits, et principalement les persécutions et l'effusion de sang des Fidèles, sont gravement et rapidement punis de Dieu.

Et s’il y a quelqu'un qui affirme le contraire, qu'il note que si plusieurs malfaiteurs et cruels persécuteurs meurent à leur aise et sans inconvénient, il faut aussi dire que Dieu ne châtie pas seulement dans ce monde, mais aussi après la mort corporelle: ceux qui semblent échapper à sa main dans cette vie n'échapperont pas dans l'autre.

Ainsi est-il écrit dans l'Évangile sur ce riche malheureux qui avait eu ses bons jours et ses aises dans ce monde et qui maintenant souffre dans la flamme du feu. Les gens sages ont souhaité de tout temps que Dieu les fît plutôt souffrir en cette vie que dans l'autre, car on tient pour chose assurée, ainsi qu'elle est à la vérité, que les châtiments et punitions de l'autre vie sont plus grandes et plus graves et que leurs détresses ne se peuvent exprimer.

Nous pourrions ajouter plusieurs écrits de nombreux bons personnages de tous états dans l'ordre ecclésiastique et politique, qui, 150 ans avant que Wiclef et les autres ci-après nommés parlassent, se sont vivement opposés aux méchantes pratiques de l'Antéchrist, ont découvert son hypocrisie et sa tyrannie sur les consciences, ont exhorté les gens de bien à prendre garde aux faux Prophètes: bref qui ont retenu le fondement du salut! Ils déplorent le misérable état de la pauvre Église et ont désiré que Dieu y pourvoit, lequel exauça enfin leurs désirs et leurs gémissements, comme il apparaîtra plus loin.

Il est vrai que le nombre de tels personnages était petit en comparaison du reste; mais ce fut assez pour reprendre l’idolâtrie et la superstition qui régnait. Dieu a conservé, au milieu de tant de confusions, la marque de son alliance avec les siens quant au baptême, aux articles de la Foi Chrétienne et l'invocation du nom de Jésus-Christ.

Malgré que la Papauté fut l’ennemie jurée de l'Église Chrétienne, l'Église véritable a été cachée hors de ce gouffre d'abomination, en attendant que Dieu la mît au large, vérifiant par elle que le fils de perdition, étant assis et dominant à son plaisir au temple saint, ne pourrait l'anéantir; au contraire qu'il serait découvert et déconfit par l'esprit de la bouche (c'est-à-dire par la parole) du Seigneur et par la clarté de son avènement comme cela est arrivé depuis le temps de Phocas où l'évêque de Rome usurpa le titre de souverain sur les Églises, jusqu'à ce jour...!

Babylone est tombée devant les yeux des Fidèles, qui, par la parole de Dieu, voient l'Antéchrist abattu. Ils se sentent vivifié par Jésus-Christ, en qui seuls ils cherchent, comme ont fait tous les Martyrs de l'Église primitive Chrétienne, réconciliation avec le Père céleste, sagesse, justice, sanctification, rédemption, gloire et vie éternelle, renonçant à tous autres moyens pour parvenir au salut.

Refusant ceux inventés par l'Antéchrist et les siens, qui ont forgé un dieu qui n'est ni parfaitement juste, ni parfaitement miséricordieux, qui ont eu un Jésus-Christ dépouillé de la vérité de sa nature humaine, de ses offices de Roi, Prophète et Sacrificateur éternel; défiguré et renversé les sacrements de l'Église Chrétienne qu'ils ont accablée de traditions ridicules, superstitieuses et abominables. Traditions par lesquelles, après avoir enseveli la lecture, la méditation et la droite interprétation de la parole de Dieu, ont détourné les hommes de la considération de Jésus-Christ et de son mérite pour les arrêter à eux-mêmes, et faire chercher justice et dans en l'injustice et dans la mort.

Plusieurs sophistes et ignorants de notre temps ont calomnié ces Recueils des Martyrs par toutes sortes de mensonges. Mais n'ayant pu encore prouver (ce qu'aussi ils ne pourront jamais faire) par le témoignage de l'Écriture sainte que la cause des Martyrs de notre temps n'est pas différente que celles des vrais Martyrs anciens; au contraire la chose étant telle, que les premiers et derniers ont souffert pour la justice, pour le nom de Christ, comme chrétiens en faisant le bien; cela se voit par leurs actes et les diverses procédures. Laissons aboyer ces chiens, en attendant que Christ leur impose silence!

Au reste, parce qu'il est possible (selon qu'il demeure toujours trop d'infirmité dans ceux qui sont les plus fermes) que les Fidèles qui lisent ces Recueils ne soient troublés en voyant une telle mer de sang des enfants de Dieu et qu'il aient besoin d'être fortifiés pour subsister au milieu des persécutions quand le Seigneur nous accorde de l’honorer en souffrant pour son Nom, nous avons ajouté ici un excellent traité chrétien fait par un bon serviteur de Dieu, pour la consolation et l’ instruction de tous Fidèles (On peut rapprocher ce beau traité, dont nous ignorons l'auteur, de l’Epître pour consoler les fidèles, de Viret ( Herminjard, Correspondance des réformateurs, t. VI, p. 428), et du Combat chrétien on des afflictions, de Pierre du Moulin.).

Ce sera un préparatif et une entrée propre et nécessaire à la lecture des autres livres où l'on ne trouvera guère écrit de plus solide instruction et consolation que celui-ci; il servira aussi de continuel préservatif à toutes les pensées qui pourraient ébranler la foi, la patience et la persévérance des enfants de Dieu.


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