Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA LONGUE ET TRÈS GRAVE PERSÉCUTION SOUS MAHOMET,

EXERCÉE PAR LES SARRASINS ET LES TURCS

CONTRE L'ÉGLISE DE JÉSUS CHRIST.

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L'Église ne s'amenda nullement malgré les persécutions et les châtiments de Dieu, au contraire, elle empira! Toutes sortes de sectes et d’hérésies, comme celles des Macédoniens, des Nestoriens, des Pélagiens, des Eutychiens, et plusieurs autres, allaient s'augmentant de jour en jour, dont procédaient (entre les gens instruits principalement, et aussi entre les ignorants) de grands débats, des divisions, et des révoltes partout dans l'Orient.

En Occident aussi s'élevaient l'évêque et l'Église de Rome au-dessus toutes les autres Églises de la chrétienté, particulièrement contre la doctrine du saint Évangile et contre les écrits de saint Grégoire même, qui fut pape. Pour ces causes Dieu laissa l'Église tomber dans de plus grands désordres et souffrir les plus graves persécutions.

En l'an de Christ 613, fut fort renommé, en Arabie un très méchant hypocrite et homme rusé appelé Mahomet, les autres l'appellent Mohamed. Il avait été marchand dans sa jeunesse, mais plus tard, il se vanta d'être prophète et envoyé de Dieu, auquel adhérèrent quelques mauvais juifs ainsi qu’un Moine révolté et hérétique nommé Sergius. Avec l'aide de ce dernier, il bâtit un nouveau livre et une nouvelle loi qu’il appela Alcoran (le Coran), ce qui signifie «assemblage de lois». Ainsi il renonça manifestement à la sainte Écriture c’est-dire le vieux et le nouveau Testament, que Dieu nous a donnée pour loi et sans laquelle n'y a point de loi.

C’est ainsi que Mahomet fit et adressa à ses Sarrasins et Turcs ainsi qu’à tous ceux qui le croyaient, une nouvelle loi qui est un amas de mensonges et de blasphèmes à tel point qu'il est étonnant que des gens de quelque esprit et entendement aient pu prendre goût à un tel babil sans ordre et sans fondement.

En cela, on voit un témoignage de la colère épouvantable de Dieu contre ceux qui ne se contentent pas de la doctrine de Jésus Christ et de l'Écriture sainte, lesquels ne voulant plus prêter foi à la vérité, sont (à bon droit) séduits, et croient à mensonge.

Ce diabolique et faux prophète Mahomet composa donc une religion à l’opposé de celle de Christ.

Il confesse bien un seul Dieu Créateur du ciel et de la terre qu’il faut invoquer et adorer lui seul et nul autre Dieu, ni idole que les Sarrasins et les Turcs haïssent extrêmement.

Mais il ne confesse pas, selon la Sainte Écriture, la distinction des personnes en une seule et incontestable essence divine, à savoir le Père, le Fils et le Saint Esprit; mais il blasphème contre la sainte Trinité et la nie.

Il confesse aussi que Christ est un grand Prophète, et qu'il est né d'une sainte et chaste vierge, et qu'il est monté aux cieux,

Mais il ne confesse pas (en quoi consiste la seule et vraie foi) que Jésus Christ soit le Fils éternel de Dieu, vrai Dieu et vrai homme et le seul Médiateur entre Dieu et les hommes, lequel ait été crucifié, et soit mort pour nous, ressuscité, et qu'il soit à la droite de Dieu le Père, ayant une même puissance avec Dieu le Père dans les cieux. Il nie et blasphème contre tout ceci, et dit que Jésus Christ n'a point été crucifié. Voilà pourquoi il ne parle pas bien de la rémission des péchés que l’on obtient seulement par la foi en Jésus Christ crucifié. Il ne sait rien de cette foi, ni de la justification par la foi en Christ. Il forge plusieurs autres moyens et services divins pour acquérir la félicité qui s’obtient, dit-il, en jeûnant, en priant, en faisant des aumônes, en travaillant, en endurant, et principalement, en mourant vaillamment pour la foi de Mahomet, dans des guerres et des batailles.

Il enseigne que les hommes peuvent accomplir la loi, et se sauver par les œuvres.

Il y a aussi ses prêtres et ses moines, lesquels, comme il dit, peuvent se sauver par leurs mérites.

Il confesse la résurrection des morts;

Mais il parle de la félicité et de la vie éternelle d’une façon charnelle, comme si on avait dans le Paradis quelque grand plaisir corporel en mangeant et en buvant avec des belles femmes ou jeunes filles en jouissant de plaisirs semblables, comme si c'étaient là les îles fortunées.

Il méprise notre prédication et notre doctrine évangélique et apostolique, ainsi que nos assemblées.

Il fait circoncire tous ses disciples à la façon des juifs.

Il ne fait aucune estime de notre baptême.

Il méprise et répand des blasphèmes contre le S. Sacrement du corps et du sang de Christ, et contre l'institution de la S. Cène, ainsi que Jésus Christ a ordonnée.

Il rejette toute la discipline de l'Église.

II a son assemblée à part, ses temples, ses ordonnances et ses cérémonies.

Il se repose le sixième jour de la semaine, à savoir, le vendredi, il a ses jeûnes, ses purifications et ses lavements.

Il a ordonné qu'on prie cinq fois le jour.

Il n'invoque aucune créature, mais Dieu seulement ;

mais non pas au nom de Christ: voilà pourquoi une telle prière n'est point agréable à Dieu, parce qu'elle n'est pas faite au Nom de Christ comme nous le faisons dans l'oraison dominicale, laquelle il rejette. S. Jean dit que celui n'a pas le Fils n'a pas non plus le Père.

Le saint mariage est profané entre eux, car les hommes peuvent prendre autant de femmes qu'ils le désirent et ensuite les rejeter selon leur plaisir, faisant ainsi un grand tort aux femmes.

Il a défendu de manger la chair de pourceau à la façon des juifs, et de boire du vin.

Mais les riches font d'excellents breuvages, avec lesquels ils s'enivrent comme avec le vin.

Tout ceci est la doctrine du diable que saint Paul a prédit. Il faut entendre tout ce qu'ai dit jusqu’ici de Mahomet, tant de la superstition et de la religion des Turcs, selon la façon dont ils l'observent aujourd'hui.

Ce que j'ai abordé le plus brièvement qu'il m'a été possible de le faire, a été fait pour ceux qui ne savent rien de la religion des Turcs, afin qu'ils en eussent ici un petit sommaire.

Qui est celui qui ne voit ici clairement, comment Dieu, par son juste jugement, a châtié le monde en permettant qu'une si perverse et détestable religion vînt en avant et prenne un tel accroissement comme nous voyons?

Il faut que chacun de nous comprenne et sache quel fut le commencement de cette cruelle et longue persécution qui dure encore; cette fausse et perverse religion de Mahomet contre la Sainte Église et la religion chrétienne.

Ce meurtrier, séducteur du monde et faux prophète, Mahomet, fit croire à ses gens que les Sarrasins étaient les vrais enfants et les héritiers de Sara, femme d'Abraham; que c’était à eux qu’appartenaient les promesses faites à Abraham, et que sa semence posséderait et dominerait tout le monde.

Partout les Sarrasins devaient vaillamment empoigner les armes et occuper tous les royaumes de la terre, comme leur propre héritage. Les Sarrasins ont été un peuple rude et barbare en Arabie, lesquels au commencement étaient nommés Agaréniens. Ils ont été aux gages des Romains qu’ils aidèrent dans les guerres contre les Perses. Mais ayant une fois été outragés par le maître de champ de l'Empereur au moment de les payer en usant de ces termes: «Qui pourrait donner assez d'argent à ces vilains chiens?» Ils délaissèrent alors les Romains, et, selon le conseil de leur capitaine Homar, ils élurent Mahomet comme leur prince. Ils le firent d'autant plus volontiers qu'il les avait si bien instruits en leur disant qu'ils n'étaient point les descendants de la servante Agar et qu’il n’était donc pas des Agaréniens, mais des Sarrasins dont l’origine remontait à Sara. Ainsi ils étaient seigneurs et héritiers de tous les royaumes; ceci arriva en l'an de Christ 823.

Aussitôt, cet homme méprisable et séditieux Mahomet parvint au gouvernement. Il commença à promouvoir sa religion avec les armes, la dressant dans plusieurs pays, persécutant et anéantissant la religion chrétienne; cela dura neuf ans, jusqu’à l'an de Christ 632.

Il promettait à tous ceux qui suivraient sa religion, grande félicité, honneur, domination, victoire, richesses, et après cette vie, un paradis avec de grands plaisirs, comme il a été dit ci-dessus.

C’est ainsi que beaucoup le suivirent parce qu'en ce commencement tout lui venait à souhait; le commun peuple se rangeant volontiers du côté où il y a une belle apparence, la victoire et les richesses, mais, par contre, a en horreur la croix avec ses afflictions et ses souffrances.

Par ce même moyen (les armes), il donna l’ordre qu'on persécutât tous ceux qui diraient du mal de son Alcoran (le Coran), ce qui provoqua une grande révolte contre la foi chrétienne et la persécution contre les chrétiens. Voici donc quel est le commencement du royaume des Sarrasins.

Après la mort de Mahomet les Sarrasins nommèrent leurs princes «Amyras», ce qui revient à dire «empereurs». On trouve le nom de ces Amyras et leurs conquêtes dans l’histoire jusqu'à l'an de Christ 870. Ils menèrent de grandes guerres, obtinrent de nombreuses victoires et gagnèrent de grandes batailles contre les Empereurs de Constantinople et d’autres rois et seigneurs. Ils occupèrent la Perse, Babylone, la Syrie, et la ville de Jérusalem.

Quand ils furent victorieux en Asie et en Afrique; ils appelèrent leurs princes Soldans ou Sultans et Califes ce qui veut dire souverains seigneurs et capitaines.

Ils passèrent aussi en Italie, en Espagne et en France, où ils pillèrent, gâtèrent, brûlèrent, et emmenèrent tout ce qu'ils purent. On ne saurait assez raconter les cruautés exercées contre l'Église de Christ durant tout ce temps dans bien de pays et combien de sang fut répandu.

Il n'y a pas longtemps, les Sarrasins furent jetés hors d'Espagne par le Roi Ferdinand le Grand en 1487. Ils furent chassés d'Afrique en 1517, mais les Turcs prirent leur place, car ce fut Sélim, Empereur des Turcs, qui les délogea.

À ceci on peut aussi rapporter la grande boucherie et l’effusion du sang, qu'on appelle la guerre sainte, dans laquelle les chrétiens s'efforcèrent de reprendre la ville de Jérusalem et le saint sépulcre des mains des Sarrasins et Mahométans. Mais les pauvres chrétiens ne firent rien d’autre sinon de perdre le saint sépulcre et allèrent faire leurs propres fin à cause d’une guerre mal conduite qui attira affliction, détresse, et grande persécution sur le dos des pauvres chrétiens qui étaient en Orient. C’est ainsi que furent consumer presque tous ceux qui étaient de reste.

Je ferai encore ici un petit sommaire pour un plus grand éclaircissement de la grande, grave, et très longue et cruelle persécution des Sarrasins contre l'Église chrétienne.

L'an de Christ 1094 vint d'Orient un ermite nommé Pierre d'Amiens, lequel se plaignant aux Princes, Seigneurs, et à bien d’autres, des grandes afflictions, tyrannies et misères qu'enduraient les chrétiens en Orient à cause de l’oppression des Sarrasins et des Mahométans. Il disait qu'il fallait que les chrétiens d'Occident viennent à leur secours et délivrent les chrétiens d'Orient avec une grande armée, et missent ainsi sous le joug sur les Sarrasins.

Le pape Urbain 2, disciple de Grégoire 7, assembla un grand Concile à Clermont où fut ordonné que les chrétiens iraient avec une grande armée assaillir les Sarrasins, gagner Jérusalem et le saint sépulcre afin de délivrer les chrétiens de cette tyrannie.

Ce concile fut fort dommageable à toute la Chrétienté, il eut une fin semblable à celle dont il est fait mention au premier livre des Rois et au dernier chapitre. Il n'y eut point de bonheur, et non seulement les chrétiens ne furent pas soulagés de leur tyrannie, mais un grand nombre furent tués, foulés, persécutés, et oppressés bien plus qu'ils ne l'étaient auparavant.

Il y eut beaucoup d'excellents personnages, qui, poussés par leur bonne volonté, suivirent cette guerre qui n’avait point de fondement, ni de commandement dans l'Écriture sainte, qui puissent les autoriser à arracher de la puissance des Sarrasins, Jérusalem et le saint sépulcre, en commençant une si grande et dangereuse guerre?

Et quoique l’on fit quelques grandes conquêtes, elles n’étaient pas de longue durée! On ne pouvait garder ce qui avait été gagné, si bien que la condition des pauvres chrétiens empira de beaucoup. Ce concile fut tenu l'an 1095.

Première guerre. Immédiatement après le Concile, Pierre l'Hermite commença la levée et la guerre. Il mena des milliers d'hommes par la Hongrie en Asie; ils le suivirent avec un grand courage, et cependant il ne fit rien qui eut duré dans le temps. Ce premier voyage de guerre fut tout ce qu’il y a de plus malheureux.

Seconde guerre. Peut de temps après, il y eut après deux prêtres séditieux et turbulents, appelés par les historiens Volckmar et Goschard, qui rassemblèrent une grande multitude de fainéants avec l’intention de les conduire en Asie, et commencer une seconde guerre. Étant arrivé en Hongrie, pillant et ravageant, les Hongrois les estimaient plus méchants que les Sarrasins mêmes, à tel point que s'étant rassemblés ils anéantirent toute cette racaille.

Troisième guerre. L'an de grâce 1090, Godefroy et Baudoin de Bouillon, frères et princes fort renommés, et Ducs de Lorraine, commencèrent la troisième guerre en Asie. Ils assemblèrent cent mille chevaux, et trois cent mille piétons. Ils gagnèrent beaucoup de villes renommées en Asie, ainsi que la ville de Jérusalem. L'abbé d'Ursperg dit qu'il y eut une telle effusion de sang, que, dans le temple même, les chevaux étaient au sang jusques aux pâturons [Partie de la jambe du cheval située entre le boulet et la couronne et correspondant à la première phalange]. Jérusalem étant gagnée, l'an de Christ 1099, elle fut ensuite établie la ville capitale du nouveau royaume chrétien en Orient. Le Duc Godefroy fut élu Roi, lequel ayant régné un an, sept Princes ou Rois lui succédèrent à la tête de ce Royaume dont la domination dura environ cent ans.

Quatrième guerre. Dans l’année 1189, tout fut perdu de nouveau. Le bruit étant venu d'Orient que Jérusalem avait été gagnée, et qu'on y avait dressé un Royaume, plusieurs désiraient fort y aller, car ils avaient l’espoir de devenir riches et grands seigneurs. C’est pour cette raison que Guillaume, Duc de Poitiers, se croisa l'an 1101 et y alla avec cent mille hommes. Ce fut le quatrième voyage, lequel ne fut guère heureux aussi, car il n'en revînt guère plus de mille hommes.

Cinquième guerre. Quoique Jérusalem fut conquise par les chrétiens, comme il a été dit auparavant, les Sarrasins ne se lassèrent pas pour autant de continuer la guerre avec les secours qu'ils avaient. Presser de près, les chrétiens furent contraints de demander du secours tant et si bien que saint Bernard, Abbé de Clervaux, se mêla de cette guerre et voyagea de côté et d'autre, exhortant les Princes et Seigneurs qu'ils les secoururent.

Il fit tant que l'Empereur Conrad troisième et Louis troisième, Roi de France, Frédéric Duc de Souabe, et Wolt Duc de Bavière, avec d'autres Princes et Seigneurs, entreprirent la cinquième guerre, et prirent le chemin de Jérusalem avec de grandes forces armées. Mais ils ne firent rien et y eut telle mortalité dans ces pays inconnus, qu'à grande peine les Princes purent-ils se sauver. C’était en l'an du Seigneur 1147.

Après Jérusalem fut de nouveau (comme il en a été fait mention ci-dessus) gagnée par les Sarrasins, avec une très grande perte d’hommes et l’effusion du sang de beaucoup de chrétiens.

Sixième guerre. Peu après que cette mauvaise nouvelle fut apportée en Occident, l'Empereur Frédéric Barberousse, Philippe, Roi de France, et Richard, Roi d'Angleterre, avec plusieurs autres Princes et Seigneurs, se croisèrent et entreprirent le sixième voyage de guerre en Orient en l'an de Christ 1189, avec une grande armée, mais ils ne firent rien sinon que l'excellent Prince l'Empereur Frédéric se noya. Tout le camp fut défait par la maladie et ceux qui réchappèrent (dont le nombre n'était pas grand) s'en retournèrent en fort mauvais état.

Septième guerre. Après tout cela se croisèrent encore (pour la 7e fois) les deux puissants Rois de France et d'Angleterre en l'an de Christ 1191. Ils allèrent en Asie, y perdirent un grand peuple et furent contraints de laisser Jérusalem aux Sarrasins.

Huitième guerre. L'an de Christ 1198, le Duc Henri , fils de Frédéric Barberousse, passa en Syrie pour faire la huitième guerre, mais il s'en retourna sans rien faire, et avec de grandes pertes.

Après tout ceci, le pape Innocent troisième, homme téméraire, fin et méfiant jusqu'au bout, voulut se mêler de cette guerre. L'an 1215, il convoqua un Concile à Rome, un des plus grands qui n’ait jamais été. Là, il tâcha d'avancer cette affaire, mais il mourut sur ces entrefaites et Honorius troisième lui succéda, lequel n'était pas moins ardent que son prédécesseur. Il se mit dans la tête, tel un faux prophète, que saint Pierre lui avait révélé que Jérusalem serait recouvrée, et regagnée durant son gouvernement.

Neuvième guerre. Sur ces entrefaites, il commença la neuvième guerre; cette expédition militaire arriva devant Acon, qui s'appelait autrefois Ptolémais. Damiette fut bien gagnée, mais avec plus de dommages que de profits. Un an après, à savoir en 1223, elle fut reconquise par les Sarrasins. Bref, on n'y gagna guère, et toutes choses allaient en empirant.

Dixième guerre. L'an du Seigneur 1228, l'Empereur Frédéric second de ce nom, prince fort sage, excellent et victorieux, entreprit la dixième guerre, et passa en Syrie. Il défit beaucoup d'ennemis, prit plusieurs villes renommées ainsi que Jérusalem. Mais pendant que ce bon Empereur était occupé à faire la guerre contre les infidèles, le pape Grégoire 9 va se saisir de l'Apouille que Frédéric avait eue par succession en héritage; pour cette raison il fut contraint de faire un accord désavantageux avec le Sultan, puis il se retira. L'abbé d'Ursperg note le fait de ce pape dans sa Chronique, et à bon droit.

Onzième guerre. L'an de Christ 1248, Louis Roi de France, accompagné de ses deux frères, Robert et Charles, fit le onzième voyage en Syrie avec une puissante armée bien équipée. Mais ils n'eurent pas une meilleure réussite que les autres par le passé. Robert fut tué, Charles prit par le Sultan , l'armée défaite, et c’est avec grand-peine que put se sauver le Roi Louis avec peu de gens.

Douzième guerre. L'an du Seigneur 1270, le Roi Louis s'apprêta de nouveau à passer en Afrique contre les Sarrasins. C'est le douzième voyage. Mais la peste se déclara dans son camp à tel point qu'il y resta avec un de ses fils (car il y était allé avec trois de ses fils); peu de ses gens retournèrent sains et sauvés.

Et comme il n'y eut aucune réussite dans en cette malheureuse guerre (laquelle avait été commencée sur l'avis et à l'instigation d'un ermite, puis accepté par l'ordonnance du Concile de Clermont ainsi que par la sollicitation et l’insistance continuelle des papes turbulents, qui cependant avançaient de plus en plus dans leurs superstitions et désarçonnaient mêmes l'Empereur, les Rois et les Princes) chacun aperçu clairement que Dieu ne voulait donner aucune bonne issue.

Malgré que Jérusalem fut perdue, que les pauvres chrétiens en Occident fussent rudement traités et que ces guerres avaient plutôt aggravé leur persécution, ces malencontreux papes n'étaient point contents de tant de sang répandu, ni ne voulaient plier sous tant de pernicieux événements.

Grégoire 10 assembla un grand Concile à Lyon en 1272 et essaya de faire une nouvelle croisade. Il ne put arriver à ses fins, car la calamité et la perte tant des biens que des personnes, avait déjà été assez grande. Matthieu Paulmier écrit en sa chronique: «Après que plusieurs milliers de chrétiens furent massacrés par les Sarrasins en Syrie, ceux qui étaient de reste sortirent hors du pays avec une grande frayeur.» Ceci est arrivé l'an 1291, année durant laquelle Paul Æmile [Historien italien, nommé par Charles VIII chroniqueur du roi, mort en 1529.] et les Chroniques de France mettent la fin de cette guerre sacrée, ou plutôt exécrable, qui dura environ 196 ans.

À grande peine trouvera-t-on dans l’histoire une telle guerre, comme celle dans laquelle un moine fut le premier intervenant avec l'aide des Conciles et des papes, au grand dommage de toute la chrétienté et des pauvres chrétiens.

Quant à ce Pierre l'Hermite, duquel quelques-uns font grand cas tandis que d’autres doutent, et à bon droit, si c'est un homme, ou un malin esprit, plusieurs disent que c'était un hypocrite. Voilà ce que j'avais à dire touchant la persécution des Sarrasins; j’ajouterai maintenant quelque chose concernant la persécution des Turcs.

La persécution des Turcs envahit la chrétienté suite à celle des Sarrasins. Les Turcs sont un peuples Tartares, qui, en l'an 764 abandonnèrent leur pays en passant par les détroits Caspiens. Ils vinrent se jeter en Asie où ils s'arrêtèrent, et se mirent aux gages des Sarrasins pour les servir en temps de guerre. Avec le temps les choses allèrent si bien qu'aux environ de l'an 1051, ils élurent des Princes parmi eux qui ont toujours affligé et tourmenté les pauvres chrétiens : les Turcs avaient embrassé la religion de Mahomet!

Il n'y a point de doute que Dieu n'ait suscité les Turcs, peuples cruels et superstitieux, pour fouetter les chrétiens. Car comme au temps de Salomon, le nombre de ses ennemis et de ceux de son royaume commença à augmenter quand il abandonna la Loi du Seigneur et qu’il fit bâtir les temples des idoles pour ses femmes.

Quand le pape Boniface 8 commença à s’opposer à la religion chrétienne en prenant la loi judaïque l’an du jubilé, (malgré que Christ y eût mis fin, et que ce rétablissement anéantit aussi le mérite de la mort de Jésus Christ) en ce même temps donc, à savoir l'an 1300, commença à croître et à devenir forte cette verge de fer, à savoir Othoman, Prince des Turcs. Il avait été berger de son premier état et c’est de lui que descendent les Princes, Rois et Empereurs des Turcs qui ont été depuis ce temps-là, jusqu'à présent, affligeant, tourmentant les chrétiens, et achevant de détruire ce que les Sarrasins avaient laissé. Ils ont dressé un royaume si puissant, qu'il n'y a aucune force au monde qui ne puisse les soumettre. Le Turc a étendu son Empire de long en large; il a fort misérablement chassé et mis à mort les Grecs qui étaient chrétiens et sujets de l'Empire de Constantinople.

L'an 1328, Orchanes, fils d'Othoman , fut élu empereur des Turcs. Il suivit les traces de son père et tourmenta cruellement les chrétiens. Il assiégea la ville de Nicée, à laquelle l'Empereur de Constantinople voulait donner secours ; l'armée des chrétiens fut déconfite, la ville rendue et tous les chrétiens qui étaient dedans cruellement traités.

L'an 1350, Amurath premier succéda à son père Orchanes et fut le troisième prince des Turcs. Celui-ci passa la mer avec ses troupes de soldats, prit Hadrianopolis, la Serbie et la Bulgarie. Comme les Princes chrétiens voulaient le chasser, ils furent défaits avec leur armée par le Turc.

L'an 1373 commença à régner le quatrième prince des Turcs, Bajazet premier, lequel fit des maux sans nombre à la chrétienté. Entre autres, il tint le siège devant Constantinople pendant huit ans. L'empereur de Constantinople ayant demandé de l’aide aux Princes chrétiens, Charles sixième, Roi de France, Sigismond, Roi de Hongrie, Jean, Duc de Bourgogne, Robert, Duc de Bavière, et beaucoup d'autres Princes et Seigneurs; ils lui envoyèrent un secours de quatre-vingt mille hommes, lesquels furent tous déconfits par le Turc le jour de Sainte Michel, près de Nicopolis, l'an 1395.

L'an 1399 parvint au gouvernement Mahomet, cinquième prince des Turcs; il gagna une grande bataille contre Sigismond Roi d'Hongrie à Colombec l'an 1409 et fit beaucoup de maux aux chrétiens.

Puis l'an 1416, Amurath second fut le sixième Empereur des Turcs. Celui-ci fit la guerre à Ladislas Roi de Hongrie et de Pologne. Dieu fit la grâce à Ladislas de vaincre Amurath et de le contraindre à faire une paix, fort avantageuse pour les chrétiens. Cette paix fut confirmée tant d'un côté que de l’autre avec serment. Les affaires des chrétiens se portaient assez bien contre le Turc, aussi longtemps que le pape Eugène quatrième les eut laissées dans l’état auquel elles se trouvaient. Mais celui-ci envoya Julien Césarin son Légat en Hongrie, qui donna à entendre au Roi Ladislas qu'il n'était point tenu ni obligé de garder le serment qu'il avait juré et la confiance qu'il avait donnée au Turc: il ne fallait faire aucune paix avec les infidèles et les hérétiques et qu'on n'était pas tenu de tenir nos promesses à leur égard.

Il y avait aussi plusieurs autres qui sollicitaient le Roi Ladislas de poursuivre son aventure pour le bien et l’utilité de la chrétienté et qu'il lui serait bien facile de dompter le Turc déjà tout effrayé étant assailli par les Carmaniens avec lesquels il était en guerre.

Ce jeune Prince, de bonne et de simple nature, se laissant persuader et rompit son arrangement contre toute honnêteté et serment. Il sortit en bataille contre le Turc en se campant entre le Danube et la ville de Varna.

Amurath vint au-devant de lui avec quatre-vingt mille hommes, reprochant violemment aux chrétiens leur parjure et leur rupture de confiance. Il tua le bon jeune Prince qui avait été séduit, et tua aussi plusieurs Seigneurs et une grande part de la noblesse. Comme Platine [Historien né en 1421, près de Crémone; on a de lui: In vitas summorum pontificum opus.] témoigne dans la vie d'Eugène quatrième, trente mille chrétiens demeurèrent sur le champ.

Cette bataille fut donnée le 10 novembre 1444. Si quelqu'un veut avoir une plus ample instruction du dommage et de la perte que reçut alors la chrétienté, qu'il lise Antoine Bonsinius dans l'histoire de Hongrie, Dec. 3. liv. 6. [Né près d'Ancône (1427-1502), il fut appelé par Mathias Corvin en Hongrie, et écrivit pour lui Rerum Ungaricarum decades tres.]

Mais Amurath ne se contenta pas de cela, car il s'en alla tout droit en Grèce où il déconfit le frère de l'Empereur de Constantinople avec toute son armée. Il brûla aussi et pilla tout le pays qu'on appelle la Morée. Les chrétiens qui échappèrent à la mort, furent emmenés prisonniers et mis dans une misérable servitude. Voilà comme les chrétiens furent gentiment secourus par ce sanglant et déloyal conseil du pape Eugène!

Après ces graves persécutions, Dieu envoya par son juste jugement, encore une autre grande misère et calamité sur les pauvres chrétiens.

L'an 1450 régna Mahomet deuxième, septième Prince des Turcs, fils d'Amurath. Celui-ci, à cause de ses conquêtes, fut surnommé le Grand et premier Empereur des Turcs parce qu'il arracha vaillamment des mains des chrétiens, l'ancien Empire qui avait été depuis le temps de Constantin. Durant 1121 ans il était sous la puissance des chrétiens, mais il le replaça sous la puissance des Turcs.

L’an 1453 il assiégea Constantinople, ville impériale et la principale de la chrétienté. L'ayant environné de très près durant cinquante jours, il lui donna l'assaut avec toutes ses forces, le 29 mai. L'assaut dura depuis le matin jusque sur le tard: finalement la ville fut prise suite à cet assaut.

On ne saurait raconter les cruautés, vilenies et méchancetés qui ont été commises par ces cruels Turcs, sans aucune pitié et compassion, contre les pauvres chrétiens. L'Empereur Constantin, qui fut accablé parmi la foule des fuyants, en fut tiré, puis décapité, sa tête fichée au bout d'une pique, et ainsi portée par toute la ville, en spectacle et à la risée de tout à chacun au grand déshonneur des chrétiens.

On écrit qu'il y eut quarante mille chrétiens tués, et cent cinquante milles misérablement emmenés et vendus. Nauclere [Chroniqueur allemand, né en Souabe, mort vers 1510. On lui doit une Chronique du monde depuis la création jusqu'en 1500.] dans son histoire, Générât. 49, décrit tout au long la misère et la calamité de cette étrange persécution.

Jean Aventin, historien [Son vrai nom était Jean Thurmayer; il naquit, vers 1476, dans la basse Bavière à Abensberg (Aventinum), d'où son nom. Il a écrit une Histoire de Bavière.], écrit que ce Mahomet le Grand, outre les deux Empires de Trébizonde et de Constantinople, gagna sur les chrétiens douze royaumes et 200 villes de marque.

L'an 1469. il vint en Styrie devant Grets, les chrétiens furent tellement épouvantés et perdus qu'ils se mirent à fuir depuis Salzbourg jusqu’à Munich en Bavière; ils se hâtaient tellement que plusieurs enfants, tombant des charrettes, furent laissés en chemin. Peu après, cela fut appelé «la fuite de devant les Turcs».

L'an 1481, il eut pour successeur Bajazet second Empereur, et 8e Prince des Turcs, depuis Othoman. Celui-ci persécuta sans fin les chrétiens. Il se jeta sur la Valachie, puis en Hongrie, mit les chrétiens en déroute près la rivière Morave et coupa le nez aux prisonniers. Il fit la guerre aux Vénitiens et envoya son Bassa appelé Scender, au pays de Frioul, où il gâta et saccagea tout. Il emmena aussi plusieurs chrétiens avec lui, et en fit assommer et hacher en pièces plus de 4000 sur le bord de la rivière de Tiliavent. Ce Bajazet exerça encore de nombreuses autres cruautés contre les chrétiens.

L'an 1512 commença à régner le neuvième Prince et troisième Empereur des Turcs, Sélim, premier du nom; celui-ci extermina tous les Sarrasins et Mameluks; il fit pendre ignominieusement leur dernier Sultan nommé Tomombey, le 13 avril 1517; il gagna aussi la grande ville du Caire et tout le pays d'Égypte. C’est ainsi que s’ajoutèrent à la puissance des Empereurs Turcs trois puissants empires de Trébizonde, Constantinople et d'Égypte, devenant, de jour en jour, ce bâton et ce glaive plus fort et plus puissant préparé contre les chrétiens.

L'an 1519. Solyman premier, fils de Sélim, succéda à son père. Ce fut le dixième prince et quatrième Empereur des Turcs. Il prit Belgrade, ville très forte et chef de toute la Hongrie, l'an 1521. Il assiégea l'Isle de Rhodes, l'an 1523 et la contraignit de se rendre. Il déconfit l'an 1526, Louis, Roi de Hongrie, avec toute son armée. Il s'avança l'an 1529 jusqu’en Autriche, assiégea Vienne, ville capitale, et quoiqu'il ne la pût prendre, il fit un dommage incomparable au pays, en brûlant, gâtant, tuant et emmenant un nombre infini de chrétiens.

L'an 1537 il défit pour la seconde fois les chrétiens en Hongrie et il prit peu de temps après, en l'an 1541, Bude principale ville de Hongrie ainsi que tout le royaume.

Mais, puisque la mémoire de ces choses est fraîche, principalement dans l'esprit de ceux qui se souviennent de ce qui est arrivé depuis cinquante ans, je me suis contenté de noter seulement le temps. Aussi n'a-t-on pas encore oublié les maux qu'il fit à la chrétienté en Hongrie un peu avant sa mort, l'an 1566, quand il gagna Sigeth , tua et emmena tant de pauvres chrétiens.

On a essayé de savoir quel Prince était Sélim, second fils de Solyman, le cinquième Empereur et onzième Prince des Turcs, de la race des Othomans. Il commença à régner l'an 1570. Peu après, il occupa le noble royaume de Chypre, tourmentant et massacrant un nombre infini de chrétiens, sans compter ceux qu'il emmena dans une dure, âpre et perpétuelle servitude.

On ne peut rien espérer de mieux de ses successeurs. Je sais bien qu'il y en aura qui s’étonneront du dénombrement des persécutions des Sarrasins et des Turcs, lesquelles ils ne mettent point au nombre des persécutions. Ils estiment que c’était plutôt des guerres civiles et générales bien différentes des anciennes persécutions sous les Empereurs contre l'Église chrétienne, laquelle, pour lors, ne se mit pas en défense contre les Empereurs ses persécuteurs, mais se soumit volontairement et avec patience aux bannissements et à la mort.

La doctrine et Religion était beaucoup plus pure et simple dans l'Église chrétienne de ce temps-là, comme il a été dit au commencement de ce livre, qu'elle n'est de notre temps avec l'Église Romaine.

Assurément, il y a grande différence entre les hommes et la religion du temps passé, et celle de notre temps, comme il a été dit: néanmoins il n'y a rien qui empêche que les persécutions sous les Sarrasins et Turcs ne puissent être nommées «persécutions des chrétiens».

Ces persécutions des Turcs et des Sarrasins ont plus de ressemblances avec les captivités de l'ancien peuple de Dieu, qu'avec les premières persécutions de l'Église chrétienne. Il y avait entre le peuple d'Israël et de Juda beaucoup de gens de bien et fidèles qui étaient tourmentés par les Assyriens et les Babyloniens. Mais il y en avait encore plus qui adhéraient à la religion de Baal et de Jéroboam, lesquels voulaient néanmoins avoir le nom d'être serviteurs du Dieu d'Israël, et ennemis de la superstition des Assyriens: tous ceux-ci étaient emmenés ensemble.

Ainsi ont été les captivités, les tourments, les persécutions et guerres des Sarrasins et des Turcs; plusieurs de ceux qui ont souffert de ces persécutions ont été gens de bien affectionnés à la religion chrétienne, et vrais membres de Christ. Il y en eut aussi plusieurs, et bien plus qu'on ne pourrait le dire, qui étaient plongés dans les erreurs et les superstitions de l'Église Romaine, lesquels toutefois voulaient être appelés bons chrétiens, et mourir en ennemis de la religion de Mahomet. Tous ceux-ci ont enduré et été persécutés ensemble. Comme ceux du peuple ancien, qui furent emmenés, et persécutés par les Assyriens et Babyloniens, sont nommés dans la sainte Écriture même, le peuple et les serviteurs de Dieu; ils sont aussi nommés Israël et Juda: ce n'est pas à dire pourtant que leurs erreurs, péchés et leurs transgressions aient été excusés et approuvés.

Pareillement, dans ces guerres des Sarrasins et des Turcs contre la chrétienté, j'appelle chrétiens ceux qui portent le nom de Christ, en raison de ce qu’ils sont aussi persécutés par les Turcs: ils s'appellent chrétiens à cause de la haine que les Turcs ont contre la religion chrétienne quoiqu'il y ait beaucoup à dire dans plusieurs touchant la pureté et simplicité de la foi chrétienne; cependant les erreurs de l'Église Romaine ne sont pas excusées pour autant.

Le diable, qui prend un merveilleux plaisir à l'effusion du sang, a poussé les Sarrasins et les Turcs à de nombreuses tyrannies, guerres et persécutions; puis après à la haine de la religion chrétienne et le grand désir de dominer, d'assembler de grands biens et des richesses, de vivre en voluptés et désirs, ils ont aussi voulu faire avancer la fausse et méchante religion de Mahomet, conduisant ainsi les Turcs à commettre de telles cruautés.

Voilà ce que j'ai eu à dire en bref touchant les persécutions des Sarrasins et des Turcs. Il serait bien que tous ceux qui veulent, de fait et de nom, être chrétiens, reconnussent fermement que cette pesante tyrannie turque est un vrai fléau dont Dieu nous frappe...,

afin de voir si nous voulons nous amender et recevoir la doctrine chrétienne purement, avec un plus grand zèle, et si nous ne voulons pas vivre plus chrétiennement que nous n'avons fait jusqu’à présent.

Si cela ne se fait pas, il faudra s'attendre encore à de plus grandes calamités que par le passé. Mais pour revenir, touchant ces persécutions des Sarrasins et des Turcs, revenons à ce point auquel il a été fait mention du commencement jusqu’à aujourd’hui:

Qui est celui, tant pervers soit-il, qui ose dire que la Religion de Mahomet est la vraie, et celle des chrétiens fausse, parce que les Turcs prospèrent dans leurs entreprises, oppriment les chrétiens en méprisant et outrageant leur foi et leur religion?

Qui niera que le pays et les Églises, lesquelles S. Paul Apôtre avait converties à la foi chrétienne, n'aient toutes été détruites par cette vilaine et exécrable bête de Mahomet, et que sa puante et méchante abomination n'y ait été dressée partout?

Qui sera si profane et téméraire, voyant que Dieu tolère, par son juste jugement, telles choses aux Turcs, alors qu’il aurait pu nous en garder? Qu’il vienne débattre avec Dieu, pour savoir pourquoi il accepte une telle effusion de sang, et tant de misères, d’afflictions et de détresses contre tant de pauvres chrétiens, et depuis si longtemps!

Pourquoi ne foudroie-t-il pas du ciel cette puissance turque, faisant ouvrir la terre pour engloutir toute cette abomination?

Mais les causes pour lesquelles leDieu bon, juste, saint et véritable, permet ceci, sont grandes et diverses. En plus de cela, il a prédit par la bouche du Prophète Daniel, et de Christ dans l'Évangile que la dernière persécution qui précédera le jour du jugement, sera si grande, qu'il n'y en aura jamais eu de telle.

Or au jour du jugement, la délivrance de tous les fidèles, leur glorification, le grand et excellent salaire qui leur est préparé, n'est pas loin. Seigneur Jésus, aie pitié de ton Église affligée, console-la et donne-lui du secours dans ses dernières, épouvantables, et horribles persécutions et confusions.



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