Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA DIXIÈME PERSÉCUTION.

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L'Église chrétienne eut du repos depuis la 10e année de l'Empire de Constantin le Grand jusqu’à la trentième et dernière année de celui-ci; elle s'augmenta durant ce temps plus qu'elle ne l'avait fait depuis la nativité de Jésus Christ.

Suite à la mort de Constantin, les ministres de l'Église, abusant de la paix et du repos qu'ils avaient, s’engagèrent dans beaucoup de débats, loin de la simplicité de la religion à tel point qu'ils s’élevèrent les uns contre les autres. C’est ainsi que peuple fut divisé en plusieurs sectes, s’abreuvant de la fausse religion qui engendrait des disputes et délaissant ainsi la simple et vraie religion.

C’est à cette occasion que prit naissance la méchante et blasphématoire hérésie des «Arianistes», lesquels enseignaient que notre Seigneur Jésus, Fils de Dieu, n'était pas Dieu éternel, d'une même essence avec le Père.

Constantius aussi, fils de Constantin , fut alors enivré de ce venin. Constantin le Grand laissa trois fils, à savoir Constantin II. Constant 1er, et Constance auxquels il fit le partage de l'Empire. [Constantin II (Occident); Constant Ier (Centre); Constance II (Orient)]

Constantin II se montra un adversaire des vrais et fidèles docteurs qui s'opposaient à la doctrine des «Arianistes», en les chassant et en persécutant durement S. Athanase, et plusieurs autres avec lui. Il en mit quelques-uns en prison et tourmenta beaucoup les vrais fidèles, comme il en est fait plus ample mention dans l'histoire Écclésiastique. Cette persécution commença environ en l'an de Christ 343.

Dieu visita aussi son Église à cause des disputes et des débats, non seulement par une persécution venant des païens, comme il avait fait avant le temps de Constantin, ainsi que nous l'avons vu auparavant, mais aussi par l'Empereur Julien qui s'opposa fortement à l'Église chrétienne, s'efforçant de la ramener à l'idolâtrie des païens. Cela arriva en l'an de Christ 366.

Ce Julien avait été précédemment, non seulement chrétien, mais aussi lecteur dans l'Église. Malheureusement il fréquenta certains philosophes, et principalement Libanius, sophiste. Il se révolta peu à peu contre la Religion, et finalement reçut celle des gentils, dans laquelle il devint tellement aveuglé et endurci, que, par divers lavements, il tâcha d'effacer de son corps le baptême des chrétiens. Il fut tellement possédé du diable qu'il s’intéressa beaucoup aux arts magiques et prenait grand plaisir à faire les choses agréables à Satan.

Étant élu Empereur après avoir obtenu une grande victoire contre les Alemans [Allamans – Allemands], près de Strasbourg où il en défit trente mille, il tourna toutes ses forces contre la religion chrétienne, ouvrant les temples des idoles que Constantin avait fermés, et défendant, sous peine de mort, qu'on ne les ouvrir et qu'on ne sacrifiait en eux. Mais Julien sacrifiait lui même aux idoles et permit à un chacun d’y sacrifier; c’est ainsi que le service des idoles s'augmentait rapidement. Les païens, qui durant le gouvernement de Constantin, s'étaient tenus tranquilles en espérant que les choses changeraient, se montrèrent donc et levèrent les oreilles contre les chrétiens.

Julien ôta toutes les dignités, honneurs et privilèges que Constantin avait donnés à l'Église et à ses ministres. Il fit aussi défense que les chrétiens n'allassent aux écoles de peur que par les poètes, les orateurs, et les philosophes qui y seraient lus, ils n'apprennent à réfuter la religion des païens, par leurs propres livres. Lui-même composa quelques livres contre la foi et la religion chrétienne, auxquels saint Cyrille Evêque d'Alexandrie répondit. Il nommait les chrétiens par mépris Galiléens, et Christ même Galiléen. Il ne confisqua pas seulement tous les biens de l'Église, mais aussi imposa de grands tributs et impôts aux chrétiens, puis, en se moquant d'eux, disait que leur JÉSUS CHRIST avait défendu d'assembler des trésors, et qu'il avait commandé si quelqu'un leur ôtait la robe, qu'il fallait donner aussi le manteau. Ainsi il pillait les pauvres chrétiens, en se moquant d'eux, et quand il leur faisait quelque injure ou déplaisir, il disait qu'ils devaient porter cela patiemment, puisque Christ les avait ainsi enseigné.

Constantin le Grand ayant ôté sur l'étendard des Romains les portraits des dieux et des idoles des païens, pour les remplacer par une croix blanche, Julien ôtât la croix, et fit remettre les images de Jupiter, de Mercure et de Mars. Il agit ainsi afin que lorsque l'on rendrait honneur à l'étendard en s'inclinant devant, les chrétiens fissent en même temps cet honneur aux idoles. De même, il fallait que les soldats qu'il enrôlait et qui recevaient pour cela une avance de la solde, jetassent un grain [une petite pièce] dans la braise qui était sur l'autel, et honorassent de cette façon les Dieux.

Par la suite il arriva un fait étonnant: certains soldats chrétiens ayant fait cela inconsidérément, après y avoir pensé de plus près, coururent vers l'Empereur, jetant l'argent déjà reçu, et criant qu'ils étaient chrétiens et qu'ils voulaient mourir chrétiens. Assurant qu'ils n'avaient point pensé à ce qu'ils avaient fait et qu'ils avaient grandement péché, c’est pour cette raison qu’ils se présentaient en personne pour porter la peine de la faute que leur main avait commise. L'Empereur commanda alors qu'ils fussent décapités, et comme on les emmenait pour exécuter la sentence, il changea d'opinion et leur laissa la vie. Il fit néanmoins une ordonnance pour qu'à l'avenir les chrétiens ne soient plus employés aux charges de la guerre, ni aux états de la cour et de justice ni à aucun autre office et dignité.

Partout dans l'empire plusieurs chrétiens furent outragés, injuriés, tourmentés, et misérablement mis à mort. Parmi eux fut l'excellent et ancien serviteur de Christ Marc, évêque d’Aréthuse. Qui, autrefois, avait aidé à détruire le temple des idoles qui s'y trouvaient. À cause de cela Julien le haïssait et conseilla aux citoyens qu'ils sollicitassent Marc pour qu'il reconstruise ce temple-là. Comme cela lui était impossible, ils requirent de lui qu'il payât sa part de la dépense. Il leur répondit qu'il ne leur donnerait pas une maille [Pièce de monnaie (de cuivre) valant un demi-denier (monnaie de faible valeur)]; ce qui lui valut d'être cruellement mis à mort après plusieurs tourments.

D'autres encore furent mis à mort, tels les excellents serviteurs de CHRIST, Grégoire d'Alexandrie, Eusèbe, Nestorius, Zénon, Basile d'Ancyre, et Cyrille, diacre de l'Église de Jérusalem. Dans la ville d'Héliopolis furent menées au théâtre beaucoup d'honnêtes vierges, non seulement toutes nues, mais elles furent aussi fendues et remplies d'avoine et d'orge, puis jetées devant les pourceaux afin d'être déchirées.

Il y avait en Méroé, ville de Phrygie, trois honnêtes citoyens, Macédonius, Théodulus et Tatianus, lesquels allèrent de nuit au temple des idoles, qui avait été fermé jusqu'alors puis ouvert le jour par le juge de la ville afin qu'on y fasse des sacrifices; ils jetèrent par terre les idoles et les rompirent. Et comme le gouverneur de la ville, Amatus, faisait prisonniers plusieurs autres chrétiens et les tourmentait pour savoir qui avait brisé les dieux, ces trois se présentèrent devant lui, et demandèrent qu'il ne tourmentât plus personne à cause des idoles qui avaient été rompues puisque c’était eux qui avaient fait cela. À cause de cette déclaration, ils furent rôtis et brûlés à petit feu.

Arthémius, gouverneur en Égypte, ayant persévéré dans la religion chrétienne, fut privé de tous ses biens, et finalement décapité, comme plusieurs autres gens de bien. Si quelqu'un désire avoir plus ample connaissance de ces choses, qu'il lise le sixième livre de l'histoire Tripartite [Histoire qui est l'abrégé de celles d'Eusèbe, de Socrate et de Sozomène.], et l'histoire Écclésiastique de Rufin , de Théodoret, évêque de Cyr, et de Sozomène.

Julien, pour faire sentir son mépris aux chrétiens qu'il ne pouvait contraindre d'accepter la religion des païens, permit aux pauvres et misérables juifs de s'assembler à Jérusalem, et de bâtir le temple, afin d'y sacrifier en leur promettant son aide. Eux, s'étant assemblés de tous côtés, en grand nombre, préparèrent tout ce qui était nécessaire pour cet édifice. Après avoir dressé les loges pour pouvoir travailler et avoir fait une partie du fondement, ils s'apprêtèrent à bâtir dessus quand vînt un tremblement de terre qui ébranla et fit ouvrir les fondements dont sortit un feu épouvantable. Il survint aussi un violent orage qui jeta par terre les loges et tout ce qu'ils avaient dressé, tuant une grande multitude de juifs. Il y eut aussi une boule de feu, qui, allant çà et là, fit de grands dommages le jour suivant.

Cyrille, évêque de Jérusalem, avait toujours, d'une constance admirable, prédit aux juifs et aux gentils qui usaient d'insolence et de grandes menaces contre les chrétiens, qu'ils ne bâtiraient jamais le temple, ni ne sacrifieraient, ainsi qu'il en est fait mention dans la prophétie de Daniel et dans l'Évangile.

Autant qu'ils s'étaient moqués du serviteur de Jésus Christ, autant que, devant cette destruction, ils furent plus humiliés et plus confus, après ces grandes merveilles de Dieu.

Quoique les chrétiens eussent quelques trêves après que Julien fut misérablement tué en Perse en l'an de Christ 367, ce temps de relâche ne fut pas de longue durée. Valens et son frère Valentinien étant parvenus à l'empire, Valens fut rapidement séduit par la fausse et méchante doctrine des «Arianistes»; mais Valentinien demeura fidèle à la foi chrétienne.

Valens commença à persécuter les vrais fidèles, l'an de Christ 371 et s'efforça de les contraindre à recevoir la méchante et réprouvée doctrine des «Arianistes», mais l'Église s'y opposa courageusement. Il chassa de tous côtés et hors de leurs Églises les fidèles et bons évêques, pasteurs et docteurs. Il en tourmenta aussi plusieurs et finalement les fit mourir.

La très grande persécution étant partout, les ministres des Églises ainsi que les fidèles n’ayant aucune place sûre et étant partout malmenés, pillés, chassés et massacré, les Églises se résolurent d'envoyer une ambassade à l'Empereur, pour se plaindre et lui demander aide, secours et protection.

Ils étaient donc 80 ambassadeurs des principaux, ceci, afin qu'ils eussent plus d'apparence. S'étant présentés devant l'Empereur à Nicomédie, ils proposèrent ce qu'ils avaient sur le coeur en forme de supplication, l'Empereur fut troublé en lui-même. Sans se faire remarquer, il appela secrètement un de ses serviteurs, Modestus, auquel il donna l’ordre de massacrer l’ensemble de tous ces ambassadeurs. Mais craignant que le peuple ne se mutine, s'ils les eussent fait mourir ouvertement, ils les mirent tous sur un navire, faisant semblant de les envoyer en exil. Les mariniers étant arrivés en haute mer mirent le feu au navire puis se sauvèrent dans un esquif, et c’est ainsi que brûlèrent le navire et ces 80 serviteurs de Dieu. Cet acte méchant et cruel contrista grandement toute l'Église.Celui qui désire savoir plus d'exemples de ce cruel massacre des chrétiens, en trouvera au 7e liv. de l’hist. Trip. et au 4e livre de Soer. et de Théodoret.

Je mets de côté ici la persécution d'Athanarich (ou d'Athalarich comme les autres l'appellent) Roi des Goths. Il persécuta aussi les chrétiens l'an 373, en tua quelques-uns et chassa les autres hors de son pays. Mais parce que plusieurs de ceux qui furent persécutés étaient des «Arianistes»: voilà pourquoi cette persécution ne doit être nullement mise au nombre de celles des Orthodoxes et vrais chrétiens. Au contraire, l'Église chrétienne n'a guère eu de plus cruels ennemis que ces hérétiques «Arianistes», lesquels étant en vogue après la mort de Constantin. Parce qu'à leurs blasphèmes ils ajoutèrent la violence contre les fidèles, il en faut maintenant en dire quelque mot.

Arius, homme ambitieux, ayant combattu la Déité de Jésus Christ, eut une très malheureuse fin. Néanmoins ses adhérents continuèrent son oeuvre comme le discours suivant le montre.

Constantin, deux ans avant sa mort, suite aux persuasions de sa sœur Constantia, rappela d'exil l'hérétique Arius, et bannit Athanase. Ce changement de volonté dans un si grand prince ralluma les discordes ariennes. En effet, après le bannissement d'Athanase, Arius revînt en Alexandrie et, comme s'il eût tout gagné, son parti se fortifia tellement que plusieurs évêques qui n'avaient pas osé dire mot auparavant, commencèrent tout ouvertement à maintenir ses erreurs, spécialement après la mort de Constantin.

Or Athanase se tint caché l'espace de deux ans et quatre mois chez Maximin évêque de Trèves. Constantin, fils aîné de Constantin le Grand, prince magnanime, et seigneur des Gaules, suivant le testament de son père, fit qu’Athanase retourna en Alexandrie.

Arius était mort et Constantius qui était encore jeune, ne soutenait pas ouvertement les «Arianistes» malgré que quelques évêques de cette secte eussent grand accès à lui.

Athanase , ayant été reçu, gouverna son Église l'espace de trois ans. Cependant par les menées d'Eusèbe, évêque de Nicomédie, et de quelques autres, Constantius, devenu grand ennemi des vrais chrétiens, chassa de Constantinople l'évêque nommé Paul, et Athanase d'Alexandrie, où un certain nommé George vint à main armée pour y être évêque.

Athanase fut contraint de se cacher plus étroitement que jamais: et, parce que ses ennemis le cherchaient de toutes parts pour le faire mourir, il se retira rapidement à Rome, où lui et Paul, évêque de Constantinople, demeurèrent quelque temps chez l'évêque Jules. Puis ils s’en allèrent trouver l'Empereur Constant qui était le paisible possesseur de tout l'Occident. Leurs affaires furent tellement sollicitées à sa cour que finalement, du consentement des deux frères Constant et Constantius, un concile fut assigné dans une ville d'Illyrie nommée Sardes, dix ans après la mort de Constantin le Grand, l'an de Christ 551.

Deux cent cinquante évêques s'y trouvèrent, entre autres Athanase et Hosius évêque de Cordoue, lequel (comme le porte l'Épître synodale) était fort âgé et honorable pour s'être toujours montré constant à confesser la vérité malgré beaucoup d'afflictions. Ce concile déclara qu'il soutenait la doctrine contenue au Symbole de Nicée, et condamna tous ceux qui la contredisaient. Ce décret est inséré dans l'histoire Écclésiastique de Théodoret, où il est dit entre autres choses:

Que le Père n'est point sans le Fils; que le Fils n'a été engendré, ni ne peut être sans le Père.

Or ce siècle là fut si calamiteux, qu'en même temps on tînt un Concile tout contraire à celui de Sardes dans une ville de Thrace nommée Philippopolis, ce qui arriva parce qu'il y avait plusieurs Empereurs; au temps du Concile de Nicée, Constantin était seul maître, mais Constantius était jeune, et ses flatteurs le gâtaient. C’est ainsi que bien des malheurs et des troubles dans l'Église proviennent de ceux qui manient les Princes à leur plaisir.

Quatre ans après, il fut tenu un autre Concile à Smyrne (où Constantius assista) contraire au Concile de Sardes. Ici, il faut considérer comment l'Église était pressée parmi tant de conciles contraires les uns aux autres.

Même après celui de Sardes, on en a tenu six autres qui ont falsifié le symbole de Nicée; soit: le Concile de Smyrne, de Rimini, de Milan, de Séleucie, de Constantinople et d'Antioche sur lesquels je dirai quelque chose un peu plus loin afin que l'on considère les calamités de l'Église. Mais, tout d’abord, il faut achever sommairement l'histoire d'Athanase.

Après le Concile de Sardes l'Empereur Constant demanda à son frère Constantius de rétablir Athanase dans son Église d'Alexandrie et déclara tout haut qu'il l'y ramènerait si son frère ne voulait pas le réintégrer. Bien que l'affaire fût tiré en longueur par de subtils moyens, les amis de Constantius, ayant peur des troubles, lui conseillèrent d'accorder le rétablissement d'Athanase plutôt que d'attirer une guerre civile. Finalement donc Constantius permit à Athanase de retourner dans son Église: mais quelque temps après Constant mourut et Athanase fut chassé de nouveau hors d'Alexandrie, d'autant (d’après ce disait Constantius) qu'il avait persuadé Constant de faire la guerre. Ainsi donc Athanase fut banni, et demeura caché en Libye durant six ans jusqu’à la mort de Constantius.

D'un autre côté, l'évêque George commit de grandes cruautés en Alexandrie. Il fit conduire des jeunes filles près d'un feu ardent en les menaçant de les faire jeter dedans si elles ne promettaient pas solennellement de quitter la doctrine d'Athanase.

Du temps de Julien, Athanase revînt et bien que Julien eût commandé qu'on le fît mourir, il demeura néanmoins dans son Église d'Alexandrie jusqu’à l'an septième de Valentinien. Depuis qu'il commença à gouverner cette Église jusqu’à sa mort, on compte quarante-six ans. Le cours de sa vie montre combien il a vu de maux dans l'Église, et quelles difficultés il a eues; difficultés dont toutefois le Seigneur l'a délivré.

Outre les maux faits à Athanase, excellent serviteur de Dieu, ils n’épargnèrent pas les autres Orthodoxes et les vrais chrétiens. Ils firent reléguer Paul , évêque ou pasteur de l'Église de Constantinople, en Cappadoce, où il fut étranglé peu après. – Marcellus , évêque d'Ancyre, fut banni. – Lucius, pasteur de l'Église d'Adrianopoli, mourut chargé de fers en prison.

Ne pouvant attraper Athanase, ils firent tuer Théodulus et Olympius évêques au pays de Thrace. Macédonius agitateur des «Arianistes» fut établi à Constantinople à la place de Paul. La persécution s'alluma contre les vrais fidèles avec la même violence dont avaient usé auparavant les évidents persécuteurs de l'Église; les uns furent chassés des temples, les autres contraints d'avouer pour bonne, l'hérésie d'Arius.

On fouettait les uns si rudement qu'ils en mouraient; les autres étaient chassés, privés de leurs biens et privilèges, flétris d'un fer chaud au front, torturés, exécutés dans une mort honteuse; les autres mouraient de misère et de pauvreté en exil. Tout l'Orient fut ainsi travaillé par ces faux chrétiens dans toutes les Provinces de l'Empire, surtout à Constantinople, où deux des domestiques de l'évêque Paul, nommez Martyrius et Marcian, accusés par de faux témoins, l'un sous-diacre, l'autre lecteur dans l'Église, furent mis à mort.

L'empereur Constantius, requis par Macédonius, permit à ce faux évêque de faire ce que bon lui semblerait des temples des chrétiens, c’est ainsi que ce Macédonius, suivi d'une troupe de gens armés, ruina tous les temples des fidèles qu'on appelait alors Homousians [un chrétien qui soutient la doctrine trinitaire du Conseil de Nicée]. II fit alors de terribles ravages, et se rua aussi sur les pierres vives, n'épargnant ni hommes, ni femmes, mais leur faisant sentir ses cruautés de différents manières, et ne cessa enfin que lorsqu’il provoqua une sédition à Constantinople où grand nombre de gens furent tués.

Entre les persécuteurs des chrétiens, surnommés Homousians, c'est-à-dire Consubstantiels (parce qu'ils soutenaient, ce qui est vrai, que Jésus Christ en sa nature divine est de même substance, c'est à dire vrai Dieu comme le Père,) il y avait un colonel Manichéen, homme cruel entre tous les autres, nommé Sébastien qui commandait aux bandes des massacreurs. Il écrivit aux gouverneurs des villes et aux capitaines des places qu'ils courent après les fidèles pasteurs, et donnent leurs temples aux hérétiques. Il fut bien obéi, car on envoya en exil les plus anciens ministres de l'Église, comme Ammonius, Maïs, Psenosiris, Hammon, Plenes, Marc, Athénodore, Dracontius, PhiIon et d’autres mentionnés dans l'Épître qu'Athanase écrit aux frères demeurant dans les solitudes et les déserts. On n'eut aucune pitié ni compassion pour ceux qui étaient malades et infirmes: seulement on les chargeait sur des chariots, suivis de gens pour enterrer ceux qui mourraient par les chemins.

Si quelques particuliers, touchés d'humanité, faisaient quelque bien aux pauvres veuves et enfants orphelins des chrétiens, on les tirait immédiatement comme coupables. On les livrait alors à la justice où ils étaient condamnés, battus et traités cruellement en présence de ce Sebastien qui y prenait un singulier plaisir à la coutume des gens de sa sorte pour lesquels la miséricorde et la douceur sont estimées être des vices.

Il maintint aussi les terribles saccages commis ailleurs à l’encontre des fidèles, dont il faut dire certaines choses, qui se rapportent aux cruautés commises depuis par l'Antéchrist Romain et ses adhérents, parés de beaux titres, à l'ombre desquels ils ont le plus exercé de cruauté contre l'Église chrétienne que tous les païens.

Athanase, ayant été averti que Constantius le faisait chercher pour lui ôter la vie, il se retira d'Alexandrie dans lieu en sûreté. C’est là que lui fut envoyé un nommé George de Cappadoce, lequel, étant entré dans cette Église-là, rassembla des troupes de païens, de juifs et des vauriens armés de glaives et de bâtons. Il les envoya courir après les fidèles assemblés pour entendre la parole de Dieu. Les lieux où se faisaient les assemblées furent brûlés. Toute la ville commença à se désoler et se lamenter. Les habitants demandèrent justice au gouverneur parce que les jeunes filles étaient dépouillées et violées, voire tuées si elles résistaient. Les fidèles, quant à eux, étaient foulés aux pieds, décapités, poignardés, assommés; ceux qui pouvaient se sauver avaient été grièvement blessés. Les païens sacrifièrent à leurs idoles sur la table du Seigneur, blasphémant et méprisant notre Seigneur Jésus Christ Fils du Dieu vivant, faisant des insolences et des choses si vilaines que ce serait une honte de les dire.

D'autres, aussi méchants que les autres, traînaient les jeunes filles, et les contraignaient d'abjurer la religion, foulant aux pieds et hachant en pièces celles qui n'y voulaient rien entendre.

George, joyeux d'une si belle entrée, donna le bien des fidèles à ses massacreurs, lesquels, se voyant ainsi les armes en main, commirent tous les brigandages que l'on ne saurait penser, pillant entièrement les maisons, buvant le vin des caves, répandant le reste, emportant portes, fenêtres et treillis, allumant, pour leurs idoles, les chandelles de cire dont les chrétiens se servaient dans leurs assemblées faites parfois de nuit.

Cela n'émouvait point les «Arianistes», au contraire ils s’irritaient tant et plus contre les chrétiens qu’ils restaient insensibles à la vue des pasteurs, des anciens de l'Église, et des autres fidèles de tous états, voire des jeunes filles, tous être traînés en justice, en prison, ou fouettés, ou privés de leurs commodités; spécialement on ôtait les pensions et vivres à ceux qui servaient à l'Église.

D'un autre côté ce vénérable George criait en chaire à gorge déployée contre les chrétiens, sans aucune retenue si bien que la veille de Pâques, étant entré dans un certain temple avec un capitaine des païens, il lui fit empoigner trente-quatre jeunes filles, quelques hommes et femmes de qualité, puis il les fit fouetter cruellement, et jeter après dans une étroite prison. Entre autres, il fit cruellement fouetter une jeune fille qui portait un livre de Psaumes dans ses mains. Les bourreaux lui ayant arraché son livre, et déchiré son corps à coup de verges, la jetèrent et la confinèrent dans une fosse.

La semaine d'après Pâques, il fit pire encore, mettant en prison, un plus grand nombre de personnes en permettant les pillages des maisons de plusieurs chrétiens.

La semaine après la Pentecôte, comme le peuple s'était assemblé au cimetière, ne voulant pas entrer au temple ou ce faux évêque prêchait, ni communier avec lui, ce méchant suscita ce colonel Sebastien, dont nous avons parlé ci dessus, qui, sans délai, assemblant une troupe de gens de bien comme lui, se rua sur les fidèles qui priaient Dieu, et, à coups de traits, de javelines et d'épées fait un horrible carnage, amenant les jeunes filles nues près d'un feu, au milieu de la ville, en leur commandant d'abjurer la vraie religion. Mais comme elles n'en voulurent rien faire, il les fit tant fouetter, que leurs propres parents et amis ne les pouvaient reconnaître encore longtemps après. Il fit aussi mourir à coup de verges près de quarante hommes, et relégua sur une île tous ceux qu'il peut attraper; il refusa aussi qu'on enterrât les corps des morts qu’il fit cacher et garder sans sépulture. Athanase dans l'Apologie de sa suite, Socrate et Théodoret dans leurs histoires Écclésiastiques, font mention de ces choses.

Cependant les «Arianistes» obtiennent de l'Empereur qu'on tienne un Concile à Milan pour condamner Athanase et les Orthodoxes, c'est-à-dire ceux qui tenaient à la pure doctrine. Quelques évêques d'Occident venus là en bon nombre, après avoir découvert la fraude des hérétiques, ne voulurent point consentir ni se trouver avec eux, et mêmes ils firent une vive censure à l'Empereur Constantius qui s'y était trouvé, sur quoi ils furent expulsés. Parmi ces fidèles ministres de l'Église, qui se présentèrent courageusement, étaient Paulin et Hilaire, évêques en France, Osius, évêque Espagnol et Libérius évêque de Rome, qui résistèrent formellement aux «Arianistes» et à l'Empereur qui voulait qu'ils signent la condamnation d'Athanase.

Les «Arianistes» continuèrent dans leurs hérésies et leurs blasphèmes, jusqu’à ce que Dieu ayant exterminé la plupart d'entre eux par des supplices horribles, leur impiété finit par faire engendrer Mahomet, Antéchrist d'Orient, qui a ruiné les Églises cimentées et bâties par le sang de milliers de martyrs dans diverses provinces de cette grande partie du Monde.

Avant de parler de Mahomet et des maux qu'il a faits à l'Église de Dieu, ajoutons quelque mot des diverses persécutions des fidèles subits par d’autres seigneurs que les Empereurs romains.

Environ trois cent dix ans après la nativité de Jésus Christ, Sapores, neuvième Roi de Perse, incité par les mages et les juifs organisa une cruelle persécution contre les chrétiens, racontée par Sozomène au 2e livre chap. 8, 9. etc. dans laquelle furent mises à mort de façon cruelle seize mille personnes, hommes et femmes, de tous âges, états et qualité; ainsi que plusieurs de la Cour de ce Roi et un grand nombre d'évêques.

Théodoret, au 1e liv chap. 24, Sozomène au 7e liv. chap. 21 et Eusèbe au 4e livre de la vie de Constantin, disent que l'Empereur Constantin intercéda pour les fidèles envers ce Roi, et mêmes Eusèbe produisit une copie des lettres de Constantin , mais pas un d'eux ne déclara ce qu’il en advînt.

Du temps de l'Empereur Théodose, Isdigerdes, Roi de Perse, persécuta aussi l'Église chrétienne. À cette occasion, un évêque, nommé Audas, doué de grandes grâces, plein de zèle à la gloire de Dieu, démolit un temple de Vesta. Le Roi appela cet évêque et, l'ayant réprimandé doucement, lui commanda de rebâtir ce temple. Audas ayant répondu qu'il n'en serait rien, le Roi jure alors qu'il ruinerait tous les temples des chrétiens, ce qui fut exécuté, Audas ayant été massacré premièrement. Cette persécution dura l'espace de trente ans, car après la mort Isdigerdes son fils Gororanes continua, et venant à décéder il commanda à son successeur de faire le même.

«On ne saurait exprimer (dit Théodoret au cinquième livre, chapitre 59.) les tourments que les chrétiens endurèrent, car on écorchait les mains aux uns, le dos, la tête aux autres; d’autres encore, étaient couverts nus de roseaux tranchants, puis on les serrait si fort avec des cordes, que ces roseaux entraient bien profondément dans la chair, lesquels étaient rudement tirés par les bourreaux pour augmenter les douleurs. On en enfermait d'autres dans des basses fosses, y amassant une fourmilière de loirs, qui n'ayant point de nourriture, mangeaient les corps vivants des fidèles qui, étant si étroitement liés, qu’ils ne pouvaient chasser ces animaux qui les dévoraient. Cependant, les fidèles, au lieu de perdre courage, se fortifiaient de jour en jour, et même se présentaient au martyre.»

Parmi tant de Martyrs mis à mort durant toutes ces d'années, sont particulièrement mémorables Hormisda, Seigneur Persan, de grand crédit à la Cour du Roi, et un autre vaillant seigneur nommé Saenes, et d’autres encore que leur titre de noblesse ni leurs services ne purent protéger de la rage des persécuteurs.

Sur ce, certains chrétiens Perses se retirèrent vers quelques Romains habitants en Perse. D'un autre côté par l'intercession d'Atticus, évêque de Constantinople qui s'employa soigneusement dans cette affaire, ils obtinrent la promesse d’un secours de l'Empereur Théodose, lequel, sur-le-champ, laissa toutes les autres choses de côté, pensant aux moyens de redonner la paix aux Églises.

D'autre part, le Roi de Perse, ayant dépêché quelques ambassadeurs vers les Romains redemandant ses sujets qui s'y étaient retirés, les Romains refusèrent de les rendre et présentèrent tous un grand courage, disant qu'ils endureraient tout ce que le Tyran pourrait leur faire souffrir, plutôt que de livrer leurs frères et compagnons de religion entre les mains des bourreaux. Les Perses, indignés d’une telle réponse, firent prisonniers tous les Romains qu'ils purent attraper, les condamnant aux travaux des mines, pillant leurs biens et marchandises en dépit des traités et alliances des princes.

Alors Théodose commença guerre ouverte pour la défense de ses sujets et pour délivrer les Églises de Perse. Après quelques batailles où les Perses furent entièrement défaits, Théodose, désirant que les Églises reprennent haleine, offrit des conditions de paix à ceux qu'il avait vaincus, lesquels s'étant finalement accordés, les fidèles eurent du repos dans ces quartiers-là.

Pendant ce temps, les «Arianistes» continuaient dans leurs insolences et cruautés partout où ils étaient les maîtres, spécialement en Afrique par le moyen des Vandales dont un ancien historien nommé Vidor, évêque d'Utique qui était de ce temps [Victor, évêque d'Utique (lisez de Vite en Byzacène (actuelle Tunisie), a écrit l’Histoire de la persécution vandale ou africaine sous Genséric et Hunnéric.]. Il a écrit plusieurs livres contenant une abondante liste des cruautés exercées contre les pasteurs et les brebis de l'Église chrétienne ; en voici le sommaire:

Les Vandales s'étant emparé de l'Église en Afrique, chassèrent les Romains alors qu’il y avait une bonne paix dans tout l'Empire. L'an de Christ 443, Genserich Roi des Vandales, seigneur d'Afrique, lequel était «Arianiste» comme Constantius et Valens, s'efforça de contraindre les chrétiens à suivre leur doctrine et commença une cruelle boucherie et un massacre des vrais fidèles. Il ferma leurs temples, pilla les pasteurs et en fit mourir quelques-uns de faim. Bref, il n'omit aucun des tourments dont avaient usé devant lui Dioclétien et Maximien contre les chrétiens. Malgré ces grands tourments il ne put faire se révolter les fidèles.

Honorich, successeur du Royaume et de la tyrannie de son père Genserich, l'an de Christ 476, affligea aussi, avec force de cruauté, les vrais chrétiens à cause de la Religion.

Après Honorich fut fait Roi Gondamond en l'an 484; il persécuta aussi les chrétiens, comme ses prédécesseurs l’avaient fait.

Le Roi Trasimond , en l’an de Christ 505, envoya en exil dans l’île de Sardaigne, 220 évêques en un seul coup. Mais ils furent rappelés d'exil à leurs charges, l'an 523. par le Roi Gilderich fils de Trasimond. C'était un excellent Prince, et un bon Chrétien; mais il fut méchamment pris, mis en prison, et détenu misérablement par Gilimer, l'an 530.

Gilimer néanmoins ne tint pas longtemps le royaume, car il en fut rejeté par Bellisaire , ainsi que Procope l'écrit [Historien grec de Césarée en Palestine, mort vers 565; on lui doit une Histoire de son temps], avec lui prit fin le Royaume des Vandales, l'an de Christ 535; c’est ainsi que cette persécution des Vandales, en Afrique, dura 80 ans et emporta dans la mort plusieurs milliers d'enfants de Dieu qui persévérèrent tous au milieu des divers supplices tout en invoquant le Nom du Fils de Dieu.


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