Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

À L'ÉGLISE DE NOTRE SEIGNEUR

À TOUS SES VRAIS ENFANTS

PARMI LES PEUPLES ET NATIONS

SALUT PAR JÉSUS CHRIST


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SI je devais écrire à quelque Roi ou Prince terrien, je ferai une préface qui leur recommanderait avec ferveur le document que je lui présenterai, mais envers vous, ô bienheureuse Épouse du Seigneur, qui avez nourri ceux qui vous sont offerts dans ce Recueil, il n'est pas besoin d’avoir d'autre recommandation, sinon celle qu'en vous nommant la Mère [des fidèles], vous les receviez comme vôtres. Eux, par lesquels, Jésus Christ votre chef et époux a daigné leur communiquer le premier degré de son ordre.

Ils sont du nombre de ceux qui, depuis longtemps, ont entretenu l'une des principales marques par lesquelles vous êtes reconnue comme une vraie Mère.

Ils ont su discerner les différences qu’il y a entre vous et cette fausse Marâtre qui n'a cessé, depuis votre jeunesse, de vous faire une guerre mortelle (ils m’ont assez opprimé dès ma jeunesse, Qu’Israël le dise! Ps.129: 1), ne pensant qu’à usurper votre place et votre dignité.

Elle, et ses bâtards, n'ont jamais pu gagner quoique ce soit sur vous, même s’ils essaient, comme auparavant, de vous arracher ceux qui vous appartiennent! Ceux que vous avez engendrés, et dont elle veut avoir sa part, comme jadis une malheureuse, devant le trône de Salomon, qui voulait que l’enfant soit coupé en deux, se montrant ainsi telle qu'elle est, homicide et altérée du sang qui ne lui appartient pas. (1 Rois 3: 26 Alors la femme dont le fils était vivant sentit ses entrailles s’émouvoir pour son fils, et elle dit au roi: Ah! mon seigneur, donnez-lui l’enfant qui vit, et ne le faites point mourir. Mais l’autre dit: Il ne sera ni à moi ni à toi; coupés-le! Et le roi, prenant la parole, dit: Donnez à la première l’enfant qui vit, et ne le faites point mourir. C’est elle qui est sa mère.).

Elle pense l’avoir fait taire et que sa mémoire est à jamais éteinte, croyant même que l’on ne s’apercevra de rien! Mais, contrairement à ses desseins, voici qu’une bonne partie, spécialement dans ces derniers temps, a été renouvelée, bien plus qu’ils ne l’auraient été au cours de cette vie humaine normale.

Depuis longtemps j’ai vous ai mis en garde: ce ne sont point des os, ni des cheveux, ni des membres de leurs corps, ni quelques haillons ou pièces de leurs habillements, ni les mensonges des légendes dorées utilisés pour les recommander et en faire des reliquaires à l'usage de votre partie adverse et de sa Synagogue maudite; mais ce sont eux-mêmes parlant au travers de leurs écrits, consolant et enseignant ceux qui restent encore dans cette course [d’où l’utilité de ces Recueils].

Vous y verrez des triomphes qui surpassent de beaucoup, les plus magnifiques que le monde a su décerner à ceux qui lui rapportaient de belles victoires sur leurs ennemis. Bien sûr, il n'est pas question de couronnes de laurier, ni de chariots, ni d’arcs de triomphe, mais d'une nouvelle façon de vaincre en étant condamné, et en triomphant contre tous affichages, tous les décrets et toutes les ordonnances d'Empereurs et de Rois qui commandent d’emmener captifs ceux qu’ils nomment transgresseurs en les liant avec d’horribles chaînes.

En somme, je vous présente le sujet d'une belle Histoire ecclésiastique, qui montre de quelle façon Dieu, en tout temps, à conduit et gouverné les siens. Sa puissance, sa protection et la fidélité de ses promesses y sont pleinement exprimées et pratiquées. Voyons-les donc (surtout ceux de ce dernier temps) dans leurs confessions, leurs réponses et leurs débats, tenus non seulement contre les moines, les prêtres et docteurs, suppôts de l'Antéchrist romain; mais aussi contre les hérétiques les plus pernicieux de ce temps, Servetistes Anabaptistes, Épicuriens, Jésuites et tant d'Apostats de la vérité 1.

Voyons-les aussi dans leur confiance et leur persévérance, afin que nous en soyons édifiés. Car si jamais il y eut un moment favorable pour proposer ces exemples, si jamais les fidèles ont eu besoin d'être encouragés au milieu d'un déluge de maux: qui est-ce qui ne voit pas que c’est le temps d'aujourd'hui qui l’exige?

N’y a-t-il jamais eu un tel miroir proposé au monde pour représenter au mieux les colères infernales qui se sont déchaînées et qui remplissent toute la terre de troubles et de confusions? N’y a-t-il jamais eu un orgueil plus ardent contre Dieu, que nous l'expérimentons et voyons à présent? N’y eut-il jamais une ignorance plus effrontée? Les consciences des hommes n’ont-elles jamais été plus opposées et plus répugnantes à ce dont elles sont néanmoins convaincues? N’y eut-il jamais eu plus d’hérésies inventées qui sont plus monstrueuses que celles d’aujourd’hui? [la condition des derniers temps.] Vit-on jamais des sectes plus pernicieuses? La vraie doctrine fut-elle jamais foulée aux pieds avec autant d’arrogance?

Le nom de Dieu ne fut-il jamais plus blasphémé hardiment qu'il ne l’est aujourd'hui? Les apostats, qui de malice délibérée font la guerre à la vérité qu'ils ont connue, n’ont-ils jamais levé le poing d'une façon plus audacieuse? En résumé, n’y a-t-il, jamais eu une confusion aussi grande que celle que nous voyons maintenant? Que peut-on penser ou espérer, en considérant l'avenir?

Voici cependant la bonté de notre Dieu, qui, dans ce grand désordre, nous entoure plus que jamais de sa lumière. Par sa miséricorde, non seulement il nous maintient dans la forteresse de sa vérité, mais aussi il maintient d'une puissance extraordinaire le précieux édifice de sa maison qui est l’Église de Jésus Christ, par la prédication de sa pure parole.

Puisque nous voyons une telle disposition de sa bonté dans ce temps, il est indispensable que tous se mettent au travail pour rebâtir les ruines et redresser les murailles de cette maison. [C’est un devoir de travailler à l’édification de la maison du Seigneur.]

La remontrance qui a été faite autrefois par le Prophète Aggée au peuple juifs est digne maintenant d'être mise devant nos yeux, puisque nous sommes dans une situation semblable: «Est-ce le temps pour vous d’habiter vos demeures lambrissées, Quand cette maison est détruite? Montez sur la montagne, apportez du bois, Et bâtissez la maison: J’en aurai de la joie, et je serai glorifié, Dit l’Éternel.» Aggée 1: 4 & 8.

C'est à vous, enfants de l'Église du Seigneur, que s'adresse ce reproche, puisque Dieu vous fait la même grâce, qu'après tant de révolutions et de malheurs, il achève devant vous l'œuvre de votre réparation. Il est vrai qu'on continuera à mettre beaucoup d'obstacles à ce travail, les voisins la troubleront, et détourneront les ouvriers d'une œuvre si sainte, Satan fera, plus que jamais, ses efforts pour tout renverser et il ne manquera pas d'instruments qui feront tout leur possible pour éteindre toute la lumière et introduire leurs ténèbres d'erreur, d’athéisme et d'injustice sur la terre.

Mais regardons les moyens que Dieu a utilisés pour commencer ce bâtiment et la faveur qu'il a accordée à ceux qui en ont jeté comme les fondements en ces temps. Vous reconnaîtrez que, contre toute espérance humaine, tout a été bien fait et que, pour voir l'Antéchrist et les siens confus, il ne nous reste plus qu’à suivre ce chemin aisé de la vérité de Dieu à l'exemple des vrais fidèles qui nous ont précédés.

Il faut, sans tromperie, se cacher sous les ailes du Tout-Puissant, et lorsque tous les moyens humains défaillent, il faut espérer de tout coeur, il faut garder la foi et croire qu'il se montrera le protecteur et le libérateur des siens.

Sans rechercher les exemples du passé, voyez aujourd’hui comment le Seigneur a travaillé et continue de travailler en faveur de la ville de Genève! Combien de dangers l'ont environné, combien d'ennemis du dehors et du dedans l'ont assaillie, et comment le Seigneur l'a non seulement garantie, mais aussi lui a fait cette grâce, qu'au temps les plus pervertis, il l'a installé comme une nourrice et une tutrice en faveur de ses pauvres fidèles, chassés de toutes parts hors de leurs pays. Il a dédié cette ville à son Nom et l’a offerte pour domicile en faveur des siens.

Tant qu'elle n'aura pas honte de l'Évangile, et si elle se maintien et se renforce dans sa première résolution d'adhérer au fils de Dieu, quoique les ennemis se soient multipliés au centuple, Dieu fera des merveilles pour elle, comme il l’a déjà fait tant de foi. Il demeurera dans sa promesse immuable qu'il honore ceux qui lui font honneur (1 Samuel 2: 30).

Je dis ceci, parce que d'elle, comme d'une école de piété, un grand nombre de martyrs, contenus dans ces Recueils, en sont sortis; desquels, ainsi que vous, ô Église, en êtes honorée, de ce fait le bien et la joie en parviendra à toutes les nations. Car, en ces derniers temps pleins de calamités, saurait-on avoir de plus grande consolation? Y a-t-il un présent plus utile qu'on puisse offrir comme l’exemple de ces nombreux fidèles témoins de l'Évangile qui nous montrent le chemin à suivre par la confiance qu’ils ont eue en Dieu?

Priverions-nous notre postérité d'un fruit si grand par notre nonchalance? Le passé nous enseigne en nous invitant à bien considéré comment ceux qui venaient après étaient enrichis des bénéfices et des exemples de ceux qui les avaient précédés au combat.

C’est la bonté de Dieu qui a mis en valeur le sang des siens à cette fin, comme nous serons à même de le faire valoir dans ce premier livre, et par la Préface ajoutée ci-dessous, par laquelle nous rendons raison de toute cette présente Histoire [Conférence des martyrs de l’ancienne Église, aux Martyrs de ce temps].

Les martyrs anciens, dira-t-on, étaient excellents de plusieurs façons. Cela est vrai; mais si ceux qui ont été jadis spectateurs regardaient aujourd'hui les tourments et les afflictions de ces derniers temps, ils verraient des choses merveilleuses et nouvelles. Le nombre des anciens était grand; le nombre des nôtres quel est-il? Ceux-là ont apporté de grands fruits et ont contribué à l’avancement de l'Évangile.

La confiance des nôtres se fait si bien sentir aujourd'hui, qu'elle donne suffisamment d’arguments pour reconnaître que la fureur des tyrans n'avance pas beaucoup dans ce qu'ils désirent; mais, au contraire, elle fait grandir le nombre de ceux qu'ils veulent exterminer.

O s'ils pouvaient comprendre que Dieu épargne le monde pour l'amour des siens, ils les auraient en toute autre estime! Ils sauraient qu'aussi longtemps que Noé, héraut de justice, a été sur la terre, le Seigneur a retardé le temps de sa vengeance extrême, et qu'aussitôt que son serviteur eut mis les pieds dans l'arche, le déluge horrible fut envoyé soudainement pour couvrir et détruire tous les méchants (Gen. 7; Gen. 19).

Ils apprendraient, aux dépens de Sodome, qu'immédiatement après que l'Ange eut pris Lot le juste par la main, et l’eut emmené dehors, le soufre et le feu du ciel consuma de fond en comble les habitants avec tout le pays et les villes voisines tandis qu’au contraire, la ville de Tsoar, dans laquelle il demanda d'habiter, fut épargnée à cause de lui.

Ils comprendraient que l’Égypte a été bénie par la fertilité et l’abondance à cause de Joseph, et qu’après la sortie du peuple de Dieu hors de ce royaume-là, Pharaon et ses gens ont été engloutis au plus profond de la mer.

Et qui voudra, dans ces derniers temps, observer et remarquer les mêmes images, cette Histoire pourra en fournir de nombreux arguments. Or notre devoir sera de remercier le Seigneur, et de l'invoquer avec une ardente affection, lui recommandant sa cause afin que, de plus en plus, la céleste doctrine de son Évangile soit manifestée au milieu des horribles confusions de ce dernier âge du monde.


1 - [On ne peut pas dire exactement que Servet de son vivant ait eu des disciples, ayant été brûlé à Genève avec ses livres en 1553, avant que l'on eût donné le temps à ses dogmes de prendre racine. Mais on donne le nom de Servetistes aux Antitrinitaires modernes, parce qu'ils marchent sur les traces de Servet. (Encyclopédie de Diderot)]


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