Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

HISTOIRE DES MARTYRS

PERSÉCUTÉS ET MIS À MORT POUR LA VÉRITÉ DE L'ÉVANGILE,


AINSI PARLE L’ETERNEL:


Placez-vous sur les chemins, regardez, et demandez quels sont les anciens sentiers,

Quelle est la bonne voie; marchez-y!

Jérémie 6. 16


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AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS (1885)



L'accueil bienveillant fait par le public à l'édition populaire de l'Histoire ecclésiastique des Églises réformées au royaume de France, ne pouvait qu'encourager le Comité de la Société des Livres religieux de Toulouse à poursuivre, dans le même esprit, l'exécution de ce plan: rendre accessible à tous, par leur prix, les principaux documents, devenus fort rares, de la grande épopée huguenote du seizième siècle.

  Il continue aujourd'hui cette série de publications par l'Histoire des Martyrs. Crespin complète De Bèze et l'éclaire. Les martyrs expliquent les héros.

Nos pères lisaient fréquemment ce livre à côté de la Bible, dans les assemblées du culte. Rien de plus propre, en effet, à élever l'âme, après la Parole de Dieu, que les exemples de fidélité dans le témoignage donnés par les hommes. Ils surent «résister jusqu'au sang.»

M. le pasteur Benoit , de Montauban, a donné tous ses soins à la préparation de ce volume; il a su s'entourer, pour ce travail d'annotation, souvent malaisée et difficile, de collaborateurs compétents. Tout son passé le désignait pour une tâche de ce genre: les lecteurs diront s'il s'en est dignement et consciencieusement acquitté.

L'apparition de ce premier volume, que les deux autres suivront à bref intervalle, coïncide avec la célébration, par nos églises, du second anniversaire séculaire de la Révocation de l'Édit de Nantes, de cet événement doublement néfaste et pour la France et pour l'Église réformée, puisqu'il devait être pour la première une cause fatale de faiblesse et rouvrir pour la seconde, après moins d'un siècle de relâche, l'ère des martyrs.

Cette publication arrive donc à son heure. Nous demandons à Dieu de la bénir en lui donnant d'accomplir pour sa part, au sein de nos chères églises, une oeuvre sérieuse de relèvement et de réveil.

Le Comité.



INTRODUCTION

I


JEAN Crespin, l'auteur du Martyrologe dont nous publions une édition nouvelle, naquit à Arras, ville alors espagnole, dans les premières années du seizième siècle 1 . Son père, Charles Crespin, exerçait dans cette ville les fonctions d'avocat. Jean, désireux de suivre la même carrière, se fit inscrire comme étudiant à l'Université de Louvain. Les idées nouvelles avaient pénétré dans cette savante école, et des étudiants étrangers, comme Juan Dias et Jayme Enzinas, deux futurs martyrs 2, avaient embrassé les doctrines évangéliques. Crespin se lia avec eux d'une étroite amitié et ne tarda pas à suivre leur exemple.

Vers 1540, il se rendit à Paris, où il fut reçu avocat sous les auspices du célèbre jurisconsulte Charles Dumoulin, qui inclinait lui-même vers la Réforme. La persécution sévissait avec force dans cette ville.

Notre Artésien y vit mourir avec une admirable constance plusieurs martyrs, entre autres un jeune orfèvre du faubourg Saint-Marceau, nommé Claude Le Peintre. «J'étais,» nous dit-il lui-même, «au nombre de ceux qui furent spectateurs de sa mort dont l’issue fût très heureuse, puisqu’elle encouragea plusieurs qui avaient déjà quelque sentiment au sujet de cette vérité par laquelle le Seigneur rendait, sous nos yeux, dans la personne de Claude, un vrai et ardent témoignage 3

Crespin passa plusieurs années à Paris et s'y lia d'amitié avec des hommes distingués: Charles de Jonvilliers, qui fut plus tard le secrétaire de Calvin, Nicolas Picot, Laurent de Normandie, les fils de Guillaume Budé. Rentré dans sa ville natale, il y accueillit avec empressement, en 1544, de concert avec François Baudouin, son compatriote et son ami, le pasteur Pierre Brully, dont il devait raconter plus tard le martyre 4.

Suspecté d'hérésie, il fut impliqué dans le procès de ce courageux confesseur de la vérité. Charles de Tisnacq, avocat fiscal au conseil de Brabant, dans une lettre à Louis Schore, président du conseil privé à Bruxelles, datée de Tournay, le 30 décembre, il s'exprimait ainsi sur son compte:

«Je ne voulais pas manquer d'écrire aussitôt à ceux d'Aras au sujet des croyants de cet endroit, car il ne fait doute que Jean Crespin fût ici assez connu et que, par son moyen, d'autres pourront, dans ce lieu même, aller plus avant dans la foi 5

Le lendemain, il revenait à la charge.

«J'espère que Me Eustasse, demeurant à Lille et J. ou L. Crespin, demeurant à Arras» — il n'était pas au clair sur le prénom de ce dernier, — «seront bien avisés pour procéder à son arrestation.» Il ajoutait enfin, dans une lettre du 3 janvier 1545: «Dieu veuille permettre que sa personne ne nous échappe point 6

Ce voeu charitable ne devait pas être exaucé. Crespin, que ces menaces n'intimidaient point, se rendit, semble-t-il, à Tournay dans les premiers jours de janvier 1545, pour s'y employer à la propagande évangélique. Les agents de Marie de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas, firent «bon devoir de le guetter, mais sans résultat,» et Tisnacq écrivait tristement: «Je ne sais pas s'il sera possible de le retrouver.»

Dans l'impuissance de le conduire au gibet, on dut se contenter de la sentence, prononcée à Arras, le 18 mars 1545, par laquelle il était banni «à tous jours et à toutes nuits du pays et du conté d'Artois ainsi que de leurs enclaves, selon les peines déclarées par les affiches et les ordonnances du seigneur Empereur sur le sort des hérétiques 7

Crespin, pour échapper à la persécution, se rendit à Strasbourg, sous le pseudonyme de Jean de Bourgogne. Le sénat de cette ville y avait ouvert un temple, dès 1538, destiné aux réfugiés français pour cause de religion 8. L’avocat d'Arras y reçut un accueil affectueux de Martin Bucer et de ses paroissiens. Il écrivit de cette ville à Calvin, pour lui annoncer l'heureuse arrivée de Claude de Senarclens, chargé d'une mission conciliatrice auprès des théologiens de Wittenberg. Crespin s'était lié d'une vive amitié avec le réformateur dans un précédent voyage à Genève 9, et dans quelques lignes touchantes, du mois d'avril 1545, que nous traduisons du latin, il ouvrait son coeur à son illustre ami:

«... J'emploierais plus de mots pour vous remercier de la bonté et de la bienveillance dont vous avez fait preuve à mon égard; mais puisque vous voulez qu'on mette une limite aux louanges inutiles, je me conformerai non seulement aux règles d'Athènes, mais à celle du Christ: je parlerai sans préambule et sans mouvements pathétiques. Vous connaissez mes sentiments secrets et le désir qui brûle mon âme de jouir de votre intimité; je n'irai donc qu'au plus pressé, et j'espère que le Seigneur brisera les entraves qui me retiennent encore. En attendant, nous recommandons à vos saintes prières la dispersion d'Israël, et surtout nos compagnes, vases fragiles du Seigneur.

Vous pourriez difficilement vous imaginer la fureur de notre Antiochus (l'empereur Charles-Quint), sa cruauté grandit chaque jour. Il vient de publier un édit qui renferme certains articles des docteurs de Louvain, encore plus blasphématoires que ceux de la Sorbonne.

Je vous les aurais envoyés, mais ils sont en flamand et je n'ai pas le temps de les traduire...

Pour nous, au milieu de nos gémissements et de nos larmes (car c'est aux larmes que nous avons recours, c'est en elles que nous trouvons notre consolation, en attendant que Dieu nous en offre une meilleure) nous supplions le Seigneur de vous assister dans votre combat et votre saint ministère. C'est lui qui vous fournira les forces dont vous avez besoin et vous donnera un courage à la hauteur de votre difficile mission.

Le Seigneur est plus grand que notre ennemi commun; il est plus grand, vous dis-je, le Christ dont vous suivez les auspices et dont vous faites retentir la trompette dans le monde entier.

Vous n'avez pas encore lutté aussi longtemps que les prophètes qui ont soutenu le même combat. L'heure décisive a sonné et nous avons bon espoir. Déjà Satan et ses ministres sont à bout de forces; ils semblent avoir épuisé tous leurs moyens de nuire. Baal régna longtemps sur Israël, avant la manifestation du prophétisme! Mais dès que Jéroboam se mit à protéger son culte idolâtre, les prophètes suscités par Dieu se levèrent, ils formèrent comme un bataillon et l'on vit chanceler l'idole qui occupait chez le peuple de Dieu la première place...

C'est ainsi que Dieu se sert de votre faiblesse pour ébranler le monde entier. Déjà s'écroulent d'eux-mêmes les remparts de Jéricho, la ville ennemie. Déjà se brisent les autels de Jéroboam et votre oeuvre grandit chaque jour. Plût à Dieu qu'il vous fût donné de voir le fruit de votre semence; il est caché maintenant dans les sillons, mais un jour il en sortira, nous en avons la ferme assurance.

Il est doux d'espérer, avec une joyeuse certitude, au milieu même des fureurs d'un monde frénétique, que le Seigneur renouvellera bientôt toutes choses 10


Cette lettre, qui nous fait connaître la foi de l'avocat d'Arras, nous montre aussi les difficultés qui se dressaient devant lui. II lui en restait plus d'une à surmonter, avant qu'il pût franchir la frontière. Il avait épousé, quelques années auparavant, une de ses compatriotes, Madeleine Lescambier, et la nécessité de mettre en ordre des affaires de famille allait retarder son départ.

Le 12 juillet 1546, il écrivait à Calvin, de Noyon, la patrie du réformateur:

«Il serait trop long et le temps me manquerait si je voulais vous raconter en détail les lieux que j'ai parcourus, errant, comme Ulysse, à la recherche de ma Pénélope.

Je suis à bout de forces et fort attristé de me voir retenu ici depuis si longtemps. J'allais rompre définitivement mes entraves, quand il m'est survenu de nouveaux empêchements: la maladie de mon beau-père, qui traîne une vie languissante, et l'affection que j'ai pour ma mère, à la veille de divorcer, sur mes conseils et mes instances, par la faute du mari qu'elle a épousé en secondes noces.»


Puis, après quelques détails sur sa femme et sur son enfant, charmante fillette qui, à peine échappée du berceau, jette comme un rayon de soleil sur son existence troublée, il ajoute:

«Sachez enfin que, depuis quelques mois, je sollicite en cour et que, à la prière de mes amis, j'essaye d'obtenir que la saisie royale, opérée sur les marchandises qu'ils ont achetées, ne leur apporte aucun préjudice. J'espère, par ces bons offices, les gagner à ma cause; d'ailleurs, ce n'est pas en vain que j'ai entrepris ce travail: je sens que ce service me les aura rendus favorables. Si peu qu'ils fassent pour moi, cela suffira pour me permettre d'entreprendre ce voyage libérateur que je désire depuis si longtemps.

Je vous écris ces lignes auprès de votre ami, qui est désormais le mien, le préfet de votre ville natale (Laurent de Normandie.), homme très bienveillant. J'ai passé par ici, en revenant de Péronne où sont les miens. C'est votre lettre affectueuse qui m'a lié à votre ami d'une affection véritablement chrétienne. Je goûte fort sa piété remarquable et son attachement pour ses amis. Étant allé le saluer, j'ai appris de lui que deux de mes compatriotes, hommes de poids et de mérite, devaient partir, demain ou après-demain, pour Genève, attirés auprès de vous par leur zèle religieux. J'ai pris aussitôt la plume, sans me déchausser, et n'ai pas voulu manquer l'occasion de vous écrire. Ma dernière lettre, envoyée de Lyon par des marchands de notre pays, vous dira le reste.

Celle-ci vous apprendra seulement que, jusqu'à présent, les événements se sont si bien succédé pour moi que, pendant ces six derniers mois, je n'ai pas été un moment tranquille; je les ai passés à courir à droite et à gauche.

... Vous m'écrivez que les révérends pères de Trente ont commencé leur cinquième session; quant à moi, celle dont je rêve est unique et perpétuelle, et j'y pense d'autant plus que, jusqu'à présent, j'en ai traversé une assez mouvementée.

Plaisanterie à part, vous êtes l'objet de toutes mes pensées, de tous mes soupirs; vous faites toute ma joie, que je sois présent ou absent, malgré tout ce que ma situation a de critique.

Puisse notre Seigneur Jésus me permettre de vous rejoindre bientôt, avec ma femme et ma fille, mes compagnes d'infortune... Je soupirerai après le retour du porteur de ces lignes et j'attendrai avec avidité votre lettre et vos encouragements. Ne me plaignez pas en raison de ces nouvelles 11


Crespin n'était pas au bout de ses difficultés. Son ami Baudouin écrivait, le 27 novembre 1546, à Calvin:

«Jean de Bourgogne se trouve avec sa femme en Picardie; il est consumé par une fièvre lente et retenu par d'autres liens qu'il ne lui est pas facile de rompre 12

L'année suivante, Crespin écrivait lui-même à Calvin, à la date du 20 juillet:

«J'ai reçu le 14 juillet votre lettre du 21 juin. Il me serait difficile de vous exprimer tout le plaisir qu'elle m'a causé. Le Seigneur a produit en moi la patience et vous l'avez fortifiée par vos exhortations fraternelles. Qui ne voudrait s'instruire à l'école de celui qui a supporté ses peines avec un calme et une constance si remarquables? Certes, durant mon séjour forcé dans ce pays, la vie me semblerait bien amère, si, dans mes chagrins, votre vivante image ne s'offrait à mes regards, si vous ne m'apparaissiez comme un modèle et si tout ce que j'ai entendu de vous ne retentissait fréquemment à mes oreilles.

Vous désirez savoir l'état de nos affaires et si j'espère rentrer en possession de mes biens: c'est fort aimable à vous et votre sollicitude raffermit puissamment mon courage.

Sachez donc qu'à mon retour je n'ai pas trouvé mes affaires domestiques en meilleur état que celles de la république, comme dit l'autre. Ici la violence est la seule loi; nulle sécurité, même dans l'enceinte du foyer.

J'espère bien retrouver ma femme et je crois pouvoir m'en flatter avec assurance; mais les miens m'ont écrit que cela ne pourra se faire avant quelque temps, d'abord à cause de ses couches qui sont prochaines, ensuite parce qu'il lui faut rassembler les restes de l'incendie, amoindris encore par la perfidie de nos concitoyens. Cependant, comme vous m'y exhortez, je me contenterai de ces restes, quels qu'ils soient, et, n'y eût-il rien, que je louerai encore le Seigneur 13.» 


Citons enfin une dernière lettre dans laquelle Crespin continue à ouvrir son coeur à son ami de Genève et qui achève son portrait moral:

«Je m'excuserais plus longuement auprès de vous de la rareté de mes lettres, si je n'étais au clair sur vos dispositions à mon égard... J'ai gardé quelque temps le silence bien malgré moi; mais les événements qui sont survenus ont été si variés!

J'ai été contraint de passer deux ans entiers, soit à Paris, soit à Compiègne, pour changer de l'argent, au milieu des plus grandes peines physiques et morales. Il me serait bien difficile de vous les raconter, et d'ailleurs ce n'est guère nécessaire, car notre ami Baudouin vous en aura fait, plus d'une fois, le récit détaillé.

Ballotté sur les flots, qu'aurais-je pu vous décrire que des Charybdes et des Scyllas? qu'aurais-je pu vous raconter que tempêtes, que barbarie et dureté persistantes des miens? Et dans mon espérance, chaque jour renouvelée, de voir enfin se terminer de quelque manière mes agitations, qu'aurais-je pu vous promettre, sinon ce vieil assemblage de néant pour le lendemain comme on dit...

Je l'avoue, j'ai beaucoup trop accordé d’importance à quelques affaires infructueuses, parce qu'elles semblaient me promettre un succès assuré et prochain.

Je me retire avec ce qui me reste de l'incendie et, lassé de ces retards par trop pénibles, je brise des noeuds que j'avais cru possible de voir se dénouer avec le temps. Comme le «bourreau de soi-même» de Térence, je ne laisse rien dans la maison, ni meubles, ni vêtements, pour être libre dès que le moment sera propice, de me rendre auprès de vous, sous les auspices de Dieu...

Prions ce Dieu très bon et très clément, Père de notre Seigneur Jésus-Christ, de dissiper cette horrible nuit de malheur et de nous conduire à ce port désiré où nous rendrons grâce, dans la grande assemblée, à l'auteur et au consommateur de notre salut. Je me recommande, ainsi que ma femme, à vos saintes prières 14


Enfin le jour si ardemment désiré arriva où Crespin put prendre le chemin de Genève. Il eut pour compagnons de voyage, en même temps que Juan Dias et Matthieu Budé 15, Théodore de Bèze, auquel il avait servi de témoin ainsi que Laurent de Normandie, dans son mariage de conscience avec Claudine Denosse. Les voyageurs arrivèrent à Genève,

le 24 octobre 1548.


II


Crespin et Théodore de Bèze avaient conçu le projet de fonder dans cette ville une imprimerie, en vue de la propagande évangélique.

Le dernier, appelé comme professeur à Lausanne, laissa à son ami le soin de le réaliser. Dès 1550, Crespin était à l'oeuvre et publiait une édition latine du Catéchisme de Calvin. Il ne s'établit toutefois à Genève, en qualité d'habitant, que le 25 avril 1551 et ne fut reçu bourgeois que le 2 mai 1555. Quatre ans après il mariait sa fille aînée Marguerite avec Eustache Vignon, fils d'un de ses compatriotes d'Arras, qu'il devait associer à ses travaux d'imprimeur.

La vie publique de Crespin est peu connue à partir de cette époque. On sait toutefois qu'il prit une part active, en 1566, aux affaires de la Réforme dans sa province natale et les provinces avoisinantes. Il passa, sous le nom de M. du Lac, le second semestre de cette année à Anvers, auprès du prince d'Orange et du successeur de ce dernier, Antoine de Lallaing. Les motifs de ce voyage sont peu connus; on croit généralement qu'il l'entreprit pour soutenir le consistoire de l'Église wallonne dans sa lutte contre les théologiens d'Augsbourg et ceux de Louvain 16. Le 17 novembre 1566, il était à Valenciennes, assistant de ses conseils Pérégrin de La Grange et Guy de Bray, les apôtres et les futurs martyrs des Pays-Bas, qui devaient lui fournir des documents pour son histoire, en attendant qu'il racontât leur mort triomphante.

Au mois de janvier, il rédigeait à Anvers une requête pour Marie de Hongrie, de concert avec Jean Taffin, le pasteur de cette ville. Voici comment ce dernier remerciait de son concours les magistrats de Genève, dans une lettre significative du 7 mars 1567:

«Très honorés seigneurs, comme la présence de maître Jean Crespin, notre bon seigneur et frère vous est agréable et utile, nous nous sentons redevable envers vos seigneuries de ce que, par charité et affection, vous avez contribué à l'avancement des églises de ces Pays-Bas, il vous a plu de vous en priver pour nous le prêter.

Bien que poursuivant, plus que jamais, la cause pour laquelle sa présence nous a été ici fort précieuse et nécessaire, nous aurions bien désiré continuer à répandre la foi plus longuement avant son départ. Toutefois, considérant d’un autre côté que son absence aurait été trouvée bien longue à vos seigneuries et à sa famille, nous n'avons pas osé le presser davantage si ce n’est qu'en nous recommandant à ses prières. Nous remercions vos seigneuries de la faveur et de l’assistance qu'il vous a plu de nous faire dans cet endroit et nous vous assurons que, s'il y a une chose dans laquelle nous pouvons vous rendre service, nous nous y emploierons très volontiers.

Au reste, nous vous prions bien humblement, tout en sachant que le Seigneur fait de nouveau luire favorablement sa face paternelle sur ce pays, tant et si bien que quoiqu'ayant encore besoin de sa présence, il plaise, néanmoins, à vos seigneuries de nous l'accorder en lui permettant de retourner vers nous. Par ce moyen, nous vous serions encore plus redevables, et plus conduit à prier le Créateur pour qu'il vous ait, très honorés seigneurs, dans sa sainte garde. Nous recommandons bien affectueusement les églises de ce pays à vos prières.

D'Anvers, ce VIIe jour de mars 1567.

Vos très humbles serviteurs et amis les ministres et anciens de l'Église française, à Anvers.

Jean TAFFIN.

Au nom de la Compagnie 17

De retour dans sa ville d'adoption, Crespin, avec un nouveau zèle, se remit à l'impression des livres protestants, composés ou traduits en français. Il donnait tous ses soins à cette oeuvre de vulgarisation, comme il l'écrivait lui-même à Bullinger 18. Savant jurisconsulte, versé dans la connaissance des littératures grecque et latine. Il annotait lui-même les publications qui sortaient de ses presses ou les accompagnait de préfaces. Rival des Oporin et des Estienne, il brille au premier rang de ces imprimeurs érudits du seizième siècle, qui ne se contentaient pas d'exceller comme typographes, et faisaient oeuvre d'écrivains.

Mais ce qui devait établir sa réputation, «le chef-d'oeuvre de ses excellents travaux,» comme s'exprime Antoine de La Faye, c'est avant tout l'Histoire des Martyrs, dont il conçut sans doute le projet, dès 1540, au pied du bûcher de Claude Le Peintre et qui parut en 1554, l'année qui suivit le martyre des cinq prisonniers de Lyon, dont le retentissement fut si considérable.

Ce fut une heureuse inspiration, renouvelée de l'ancienne église, que de proposer l'exemple de tous ces morts glorieux à l'admiration des vivants. Leur héroïsme avait frappé leurs ennemis eux-mêmes qui s'arrêtaient confondus devant leurs bûchers.

Voici comment s'exprime à leur sujet Florimond de Rœmond, qui n'est pas suspect de sympathie pour ses anciens coreligionnaires:

«Comme ils voyaient les simples femmelettes «Faible femme» chercher les tourments, pour faire preuve de leur foi, allant à la mort, en ne criant que le nom de Christ, le Sauveur... ces jeunes vierges marchaient plus gaiement au supplice qu'elles n'eussent fait au lit nuptial, tandis que les hommes, eux, se réjouissaient en voyant les terribles et effroyables arrangements et outils de mort qu'on leur avait préparés pour les brûler à feu vif...

Elles acceptaient, avec courage, du haut des bûchers, les coups de tenailles reçus. Leur visage gardait un maintien joyeux entre les crochets des bourreaux, tel des rochers contre les ondes de la douleur! bref mourir en riant…

Ces tristes et constants spectacles jetaient quelque trouble, non seulement dans l'âme des simples, mais aussi des plus grands qui les couvraient de leur manteau. La plupart ne pouvant se convaincre que ces gens n'eussent toute leur raison, puisque, au prix de leur vie, ils maintenaient leur foi avec fermeté et résolution 19

Ainsi, on ne peut détacher les yeux des pages austères et bienfaisantes de Crespin quand on en commence la lecture. «Dans la littérature de la Réforme française,» a dit un juge compétent, «on ne saurait citer un livre plus attachant ni plus foncièrement chrétien. Le drame y est palpitant, l'héroïsme y éclate; les victimes sont touchantes, la persécution odieuse. Que d'horreurs! On a l'impression de vivre la réalité. C'est la moisissure des prisons, le fer, la corde et le feu, les supplices sans nom; la barbarie des inquisiteurs sans religion, des juges sans équité, des peuples sans pitié, procédant à d'abominables massacres.

Mais il y a bien autre chose: les lettres émues des martyrs à leurs proches et à leurs amis, les exhortations fortifiantes qui leur sont adressées du dehors, les interrogatoires prolongés; les dernières paroles pleines de sérénité et de mansuétude: les discussions, les controverses, les apologies, les expositions lumineuses de la parole de Dieu; l'organisation des églises, les confessions de foi, la discipline, les récits d'histoire, les considérations générales.

Du commencement à la fin, c'est très dramatique et très varié; tout est dit avec conviction, mais aussi avec sagesse et simplicité. De quel livre, mieux que de celui-ci, pourrait-on dire: «Ceci est un livre de bonne foi 20

Il serait difficile d'exagérer la salutaire influence exercée au seizième et au dix-septième siècle, par ce livre qui, avant son apparition, excitait la légitime attente des contemporains 21.

Les colporteurs le répandaient dans les villes et les campagnes, au péril de leur vie 22.

Il figurait à côté de la Bible et du Psautier comme le livre indispensable du foyer, et la famille huguenote le dévorait en cachette; les prédicateurs le citaient dans la chaire 23, et dans plusieurs églises on en faisait une lecture publique au service du soir 24; les martyrs y puisaient le secret de l'héroïsme en face de la mort 25, et, chose étrange, leurs ennemis allaient jusqu'à dire qu'ils ne maintenaient avec tant de fermeté leur opinion «que pour être mis dans ce beau livre des Martyrs de Genève 26

«Après la Bible,» dit Agrippa d'Aubigné, en se plaçant au point de vue catholique. «Je ne trouve pas de livre plus dangereux que celui-là ni plus puissant pour faire un hérétique.»

C'est ce caractère saintement agressif qui a frappé l'un des historiens contemporains qui ont le mieux compris la Réforme. «C'est un merveilleux livre,» a dit Michelet dans son volume sur la Ligue 27. , «et qui met dans l'ombre tous les livres du temps; car celui-ci n'est pas une simple parole, c'est un acte d'un bout à l'autre et un acte sublime.»

Nous n'entreprendrons pas une étude bibliographique détaillée du Martyrologe. Ce travail a été fort bien fait par M. Charles Frossard, dans la brochure déjà citée à laquelle nous renvoyons le lecteur 28.


La première édition parut, avons-nous dit, en 1554. C'est un petit in-8 ° de 687 pages. Voici le titre de l'exemplaire que nous possédons: «Le Livre des Martyrs, qui est un recueil de plusieurs martyrs qui ont enduré la mort pour le nom de notre Seigneur Jésus Christ , depuis Jean Hus jusqu’à cette année présente, M.D.LIV L'utilité de ce recueil est amplement démontrée en la préface suivante. Ps.. XLIV, 22: c’est à cause de toi qu’on nous égorge tous les jours, Qu’on nous regarde comme des brebis destinées à la boucherie. Math. XXIV, 15. Que celui qui lit fasse attention, M.D.LIV

On en trouvera plus loin la remarquable préface 29.

Parmi les éditions qui suivirent, les plus connues sont l'édition latine de 1560 et les éditions françaises de 1570, 1582, 1597, 1608, 1619, la dernière de toutes, celle que nous réimprimons et dont voici le titre exact: Histoire des martyrs persécutés et mis à mort pour la vérité de l'Évangile; depuis le temps des Apôtres jusqu’à présent. Comprenant douze livres contenant les Actes mémorables du Seigneur au travers de l'infirmité des siens: non seulement contre les forces du monde, mais aussi contre diverses sortes d'assauts et d'hérésies monstrueuses, dans la plupart des provinces de l'Europe.

Les préfaces montrent une conformité de l'état des Églises de ce dernier siècle, avec celui de la primitive Église de Jésus Christ. Nouvelle et dernière Édition, revue et augmentée d’un grand nombre d'histoires, et de choses remarquables omises dans les précédentes. Avec trois Indices; l'un, des principaux points de la vraie et fausse religion, amplement traité, soutenu ou réfuté: le second, des principales matières: le troisième, contenant les Noms des Martyrs mentionnés en cette histoire. Apocalypse VI. v. 9 et 10. Je vis sous l’autel les âmes de ceux qui avaient été immolés à cause de la parole de Dieu et à cause du témoignage qu’ils avaient rendu. Ils crièrent d’une voix forte, en disant: Jusques à quand, Maître saint et véritable, tardes-tu à juger, et à tirer vengeance de notre sang sur les habitants de la terre? (L'ancre sur les flots.) À Genève, imprimé par Pierre Aubert, M. DC. XIX.

C'est un grand in-folio à deux colonnes, avec 14 folios non chiffrés, 861 folios chiffrés, 10 folios non chiffrés de tables, en tout 1760 pages.

Crespin ne put réviser ni cette dernière édition ni les précédentes; celle de 1570 fut la dernière à laquelle il consacra ses soins. Elle parut la même année que la troisième édition latine du Commentaire de Calvin sur Ésaïe. Nicolas Des Gallars lui disait, dans la préface déjà citée de ce dernier livre: «Continuez donc, mon cher Crespin, à seconder par votre diligence les études de ceux qui se sont voués aux lettres sacrées et mettez encore sous presse d'autres ouvrages de Calvin.»

Mais l'utile carrière du réfugié touchait à son terme. Il mourut de la peste, en 1572, l'année de la Saint-Barthélemy, après avoir connu dans sa patrie d'adoption, comme sur la terre natale, de douloureuses épreuves. Il avait perdu cinq enfants dans l'espace de trois ans, de 1550 à 1553. Sa fille Suzanne, infirme et faible de son corps, était morte à l'âge de douze ans, en 1565, et sa femme ne tarda pas à la suivre dans la tombe. Crespin s'était remarié avec une veuve, fille du ministre François Bourgoin 30, qui lui donna deux enfants.

À sa mort, Eustache Vignon, son gendre, prit la direction de son imprimerie, en même temps qu'un écrivain distingué se chargeait de continuer son oeuvre, en publiant de nouvelles éditions, revues et complétées, du Martyrologe. Nous voulons parler de Simon Goulart, à la fois historien, théologien et poète, l'un des écrivains réformés les plus féconds et les plus distingués du seizième siècle. Il était né à Senlis, en 1543.

D'abord adonné, comme Crespin, à l'étude de la jurisprudence, il embrassa, dès qu'il fut converti à l'Évangile, la carrière ecclésiastique. Fixé, dès le 25 mars 1566, à Genève, il fut nommé pasteur de la paroisse de Saint-Gervais, en 1571. Il mourut plus qu'octogénaire, le 3 février 1628, après avoir déployé une grande activité littéraire et exercé un ministère béni non seulement à Genève, mais dans plusieurs églises étrangères qui, à diverses reprises, réclamèrent le concours de son zèle et de ses lumières.

L'édition que la Société de Toulouse offre au public est la reproduction fidèle de l'édition de 1619, révisée par Goulart. Répondant au voeu, plus d'une fois exprimé, de mettre à la portée, non seulement des réformés, mais de ceux du dehors qui l'ignorent ou le calomnient 31, ce «livre d'or» du protestantisme français. Elle a voulu préparer avant tout une édition populaire. Nous n'avons, toutefois, rien négligé pour éclaircir certains points obscurs, réparer des omissions ou rectifier des erreurs inévitables, même sous la plume d'un annaliste d'ailleurs si consciencieux et si exactement informé. Son ouvrage, comme celui de son émule Théodore de Bèze, est avant tout une compilation de renseignements puisés à différentes sources, dont plusieurs sont imprimées, mais qu'il oublie trop souvent d'indiquer; nous avons mis toute notre application à les découvrir et à les signaler; enfin neuf éditions différentes du Martyrologe, que nous avons eues sous les yeux, nous ont permis de signaler les variantes les plus importantes.

Ce travail sommaire d'annotation et de correction, quelque facilité qu'il fût par les excellents travaux publiés depuis trente ans, sous les auspices de la Société de l'histoire du protestantisme français, aurait de beaucoup dépassé nos forces. Nous avons pu le poursuivre, grâce à de précieux collaborateurs auxquels nous exprimons toute notre reconnaissance.

Notre ami, M. le pasteur Matthieu Lelièvre, docteur en théologie, aidé du Martyrologe de Fox, s'est chargé de la révision des notices sur les martyrs anglais. Un savant docteur de l'université de Leyde, M. Christian Sepp, qui a fait une étude approfondie des différents martyrologes du seizième siècle, nous a fourni des notes précieuses sur les martyrs hollandais. Ce n'est pas en vain que nous avons fait appel au savoir de MM.  Louis Léger, de Paris, Emilio Comba, de Florence, Herminjard, de Lausanne, Rodolphe Reuss, de Strasbourg, Émile Lesens, de Rouen. Les conseils et les lumières de MM. les professeurs de Montauban ont aussi facilité cette publication.

Je dois enfin un témoignage tout spécial de gratitude à mon ami, M. le pasteur Vielles, directeur du séminaire protestant de cette ville, qui non seulement a mis à ma disposition les trésors de sa riche bibliothèque, mais encore m'a remplacé pour la correction et l'annotation des dernières feuilles de ce premier volume.

L'année qui précéda la Révocation, un pieux réfugié, prévoyant les maux sans nombre qui allaient fondre sur ses coreligionnaires, publia à Amsterdam une «Histoire abrégée des martyrs françaisavec les réflexions et les raisons nécessaires pour montrer pourquoi et en quoi les persécutés de notre temps doivent imiter leur exemple.»

Le premier volume de cette édition paraît deux cents ans plus tard, au moment où les protestants de France, libres de toute crainte et jouissant de la plénitude de leurs droits civils et religieux, s'apprêtent à rappeler le second centenaire de cette mesure inique, qui pèse d'un poids si lourd sur la mémoire de Louis XIV et de ses conseillers. Puisse-t-il inspirer aux fils des martyrs des sentiments de vive gratitude pour ce Dieu si bon qui a fait succéder le calme après tant d'orages, en même temps qu'un peu de cette foi qui remplissait le coeur de leurs pères et qui nous est nécessaire, plus que jamais, dans les temps d'affaissement moral que nous traversons 32.

D. BENOIT.

Les Rorivas, près Montmeyran , le 30 septembre 1885.

1- (MM. Jules Bonnet et Henri Bordier, dans deux articles sur Crespin, auxquels nous faisons plus d'un emprunt (Bulletin historique et littéraire, t. XXIX, p. 194, et France protestante, deuxième édition, t. IV, p. 885), placent sa naissance vers 1520. Nous la ferions volontiers remonter plus haut, vers 1500. On lit, en effet, dans la préface de l'édition de 1582, que lorsque Crespin mourut, en 1572 , il était «rassasié d'ans.»)

2 - Voyez t. I, p. 460 et 468 (dans le document original PDF.).

3 - T. I, p. 343. (dans le document original PDF.)

4 -T. I, p. 427 et suiv. (dans le document original PDF.)

5 - (Charles Paillard, Le procès de Pierre Brully, p. 54.)

6 - Ibidem, p.  57 (dans le document original PDF.)

7 - Ibidem, p.  171. Dans cette sentence il est appelé de son vrai nom «Maître Jean Crespin.»

8 - Voyez t. I, p.  427. (dans le document original PDF.)

9 - Ce premier voyage, antérieur à l'établissement définitif de Crespin à Genève, nous paraît ressortir avec évidence du passage suivant de la préface de Nicolas des Gallars à Crespin, imprimée en tête de la troisième édition latine des Commentaires de Calvin sur Ésaïe, 1570, que nous communique M. Herminjard: «Tu vero satis meminisse potes qualis esset illius status,» — il s'agit de l'état de l'église de Genève — «quum patria extorris huc primum appulisti; deinde quanto jam aucta esset numero, quum, recepta familia tua, hue commigrasti.»

10 - Calvini Opéra, t. XII, n° 637.

11 - Calvini Opéra, t. XII, n° 808.

12 - Ibidem, p. 452.

13 - Calvini Opéra, n° 928.

14 - Lettre du 13 septembre 1547, Calvini Opéra, t. XII, n° 945.

15 - Voyez t. I, p. 468. (dans le document original PDF.)

16 - Ce qui le fait supposer, c'est la manière dont il parle de «ceux qui, sous le titre de la confession d'Augsbourg, s'étant  fourrés  en Anvers, s'avisèrent de livrer un combat de dispute à ceux des Églises réformées» (Édit. de 1597, fol. 660). Comp. sur ce point l'article de Ch. Rahlenbeck (Bulletin du bibliophile belge, t. XV, p. 36 ;) avec celui de Charles Paillard [Bulletin historique et littéraire, t. XXVII, p. 380])

17 - Archives de la ville de Genève. Pièces historiques, n°1830. Cette pièce a été reproduite dans l'article cité de M. Rahlenbeck.

18 - (Encyclopédie des sciences religieuses, t. III, p. 472.

19 - De la Naissance de l'hérésie, éd. de 1625, ch. VI, p. 865 et suiv.

20 - Ch. Frossard, Le Livre des martyrs de Jean Crespin, notice bibliographique, Paris, 1880, p. I.

21 - Voy. les fragments de deux lettres de Sleidan à Calvin, Encyclopédie, t. III, p. 472.

22 - Voy. le procès de l'un d'eux dans Ch. Paillard, Histoire des troubles religieux de Valenciennes, t. IV, p. 6.

23 - Voy. Pierre Du Moulin, Huitième décade de sermons, p. 14.

24 - Ch. Frossard, ouv. cité, p. 7.

25 - Jean Rabec fut arrêté pendant qu'il lisait le Livre des Martyrs en présence de quelques personnes (Ed. de 1619, f° 403 v°). Michel Herlin père s'adonnait dans sa prison à cette lecture et y puisait une grande consolation, [Ibid., f. 750 v°.]

26 - Édit. de 1570. livre VII, folio 603 v°.

27 - P. 463

28 - Voy. aussi l'article cité de la France protestante.

29 - M. Herminjard nous communique le titre un peu différent d'un des exemplaires rarissimes de l'édition princeps: Recueil de plusieurs personnes qui ont constamment enduré la mort, etc. Dans la rédaction de ce titre, Crespin avait fait droit à la décision du grand Conseil de Genève qui, dans sa séance du 23 août 1554, n'avait permis l'impression que si l'auteur retranchait les mots saint et martyr qui, sans doute, lui rappelaient trop le catholicisme (Voy. Calvini Opéra, t. XXI, p. 582).

La France protestante commet donc une erreur lorsqu'elle dit (2e° édit., t. IV, p.890, note 1) que le grand Conseil avait demandé à Crespin de corriger le mot saint en celui de martyr. Il reste à expliquer comment le terme prohibé se trouve dans le titre de notre exemplaire. Au reste les autres éditions présentent des remaniements semblables.

30 - Voyez la note qui le concerne et une lettre de lui, t. I, p. 677. (dans le document original PDF.)

31 - C'est avec étonnement qu'on voit un recueil, fort recommandable et fort répandu, le Magasin pittoresque (t. XIV, p. 100), attribuer le Martyrologe à Théodore de Bèze et prétendre que Poltrot de Méré, l'assassin du duc de Guise, y a trouvé place.

32 - Plus d'une erreur a pu se glisser dans un travail d'aussi longue haleine. Ainsi ce n'est pas le célèbre Pic de la Mirandole, comme nous le disons à tort, t. 1 , p. 251 (dans le document original PDF.) , qui a écrit une biographie de Savonarole, mais un neveu de ce savant, qui porte le même nom que lui. S'il y a lieu, une liste d'annotations et de corrections terminera le dernier volume.


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