Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



SERMONS



ÊTES-VOUS CHRÉTIEN ?

Examinez-vous vous-mêmes, pour voir si vous êtes dans la foi ; éprouvez-vous vous-mêmes : ne reconnaissez-vous pas en vous-mêmes que Jésus-Christ est en vous ? - à moins que peut-être vous ne soyez réprouvés. » (2 Cor. XIII, 5.)

Êtes-vous dans la foi ?
Telle est la question que je viens examiner avec vous : entrez dans cet examen, chacun pour lui-même, et comme s'il était seul au monde.
Faut-il rappeler combien cette question est sérieuse ? Il y va de votre éternité. Car il est écrit :
« Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui ne croit point au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui (Jean III, 36.). » Mais ne vous paraîtra-t-elle pas superflue ? Demander si nous sommes dans la foi, c'est demander si nous sommes chrétiens. Eh ! sans doute, ou que sommes-nous donc ?

- Mes frères, les Corinthiens étaient aussi des chrétiens, et vraisemblablement, à tout prendre, de meilleurs chrétiens que nous ; et pourtant, saint Paul n'a pas jugés inutile de leur écrire : « Examinez-vous pour voir si vous êtes dans la foi. »
C'est qu'on peut être chrétien par la profession, sans l'être par le cœur.
Vous êtes chrétien, soit, mon cher auditeur : reste à savoir si vous êtes un vrai chrétien.

Que si vous vous croyez si assuré de vous-même que vous n'ayez pas besoin de vous sonder là-dessus, cela prouve seulement que vous en avez plus besoin qu'un autre.
Si quelqu'un pouvait s'en passer, c'est celui qui dit en son cœur : Voilà un sujet pour moi ! quand saurai-je bien à quoi m'en tenir sur l'état de mon âme ? Comment me persuader que je sois un vrai chrétien, moi si indigne, moi si incrédule, moi si infidèle ?
Ainsi se défiaient d'eux-mêmes les apôtres, quand leur Maître leur eut dit : « l'un de vous me trahira ; » car « ils commencèrent à s'attrister, et ils lui dirent un à un : Est-ce moi ? et un autre : Est-ce moi (Marc XIV, 19.) »

« Bienheureux l'homme qui se donne frayeur continuellement ! mais celui qui endurcit son cœur tombera dans la calamité. »
« N'endurcissons donc pas notre cœur : prêtons-nous avec frayeur à l'examen proposé par saint Paul, dans une matière où l'illusion est si redoutable à la fois, et si facile.
Cette frayeur salutaire, que je partage avec vous comme chrétien, je la ressens aussi comme prédicateur : pas de discours, causons tout naturellement devant Dieu. Et toi « qui connais les cœurs, » montre-nous à nous-mêmes, non pas tels que nous souhaitons de nous voir, mais tels que nous sommes !

Le premier examen que provoque cette question : « Êtes-vous dans la foi ? » porte sur la doctrine å croire ; aussi bien, nul ne peut être sauvé que par « la vérité (Tite 1, 1 ; Jean XVII, 17.) »
Cette vérité, la recevez-vous ? avez-vous la foi en Jésus-Christ ?

Le témoignage que l'Écriture rend de Jésus-Christ, et que Jésus-Christ a rendu de lui-même, le croyez-vous tout simplement, tel qu'il est, sans l'effacer par vos explications, en prenant le salut pour un salut et la grâce pour une grâce ?
Croyez-vous que Jésus-Christ est le Fils unique de Dieu, et le seul médiateur entre Dieu et nous : « Je suis le chemin, la vérité, et la vie ; nul ne vient au Père que par moi (Jean XIV, 6.) ? »
Croyez-vous que Jésus~Christ est véritablement le Sauveur du monde, venu pour chercher et pour sauver ce qui était perdu, à commencer par vous-même : « Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, desquels je suis le premier (1 Tim. I, 15.). »
Croyez-vous que « Jésus-Christ a souffert pour nous, lui juste pour nous injustes, » pour un Zachée, pour une Marie-Magdeleine, pour un malfaiteur crucifié, pour vous et moi : « Étant justifiés gratuitement, par sa grâce, par la rédemption qui est en Jésus-Christ (Rom. III, 23.) ? »
Croyez-vous que hors de Jésus-Christ, vous étiez livré, sans ressource et sans retour, à une condamnation méritée par vos œuvres mauvaises : « Nous étions par nature des enfants de colère, comme les autres (Eph. II, 3.) ? »
Croyez-vous qu'en Jésus-Christ, vous recevez le germe d'une vie nouvelle, sainte, divine, qui est le principe de toute œuvre bonne devant Dieu : « Nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour les bonnes œuvres (Eph. II, 10.) ? »
Croyez-vous enfin que rédemption, justification, sanctification, consolation, et s'il y a quelque autre délivrance requise pour notre âme, elle se trouve tout entière en Jésus-Christ et en lui crucifié : « A qui irions-nous, Seigneur ? tu as les paroles de la vie éternelle ? »
Avez-vous cette foi ? ai-je dit ; mais il fallait dire avec saint Paul : « Êtes-vous dans cette foi ? » expression pleine de sens, et qui suffit pour écarter un christianisme de profession, de culte ou de sacrement.

La foi que demande l'Apôtre est une foi de cœur, qu'on possède moins qu'on n'est possédé par elle ; une foi dans laquelle on « est établi (1 Pierre V, 9.), » dans laquelle on a « la vie, le mouvement et l'être (Act. XVII, 28.). »
Voyez, examinez-vous ; car si telle n'est pas votre foi, vous n'êtes donc pas dans la foi ; et si vous n'êtes pas dans la foi, vous n'avez pas la vie éternelle.

Mais ne nous arrêtons pas là ; saint Paul lui-même ne s'y arrête pas. Toute forte qu'est cette première question, elle ne lui suffit pas ; tant il redoute notre habileté à « nous séduire nous-mêmes par de vains raisonnements. »

La doctrine, la doctrine même la plus ferme, la plus irréprochable, va trop souvent sans la vie, surtout dans des jours tels que les nôtres, où cette doctrine, à peine réveillée comme d'un long sommeil, peut devenir l'objet d'une préoccupation trop exclusive. C'est moins un examen de doctrine que propose l'Apôtre, qu'un examen de vie intérieure.
Aussi se hâte-t-il d'éclaircir sa pensée, en substituant à sa première question une autre question plus vive, disons mieux, plus vivante : « Ne reconnaissez-vous pas en vous-mêmes que Jésus-Christ est en vous ? » Comme s'il disait : Prenez garde de vous donner le change ; revenez-y encore ; éprouvez-vous bien ; et pour qu'il ne puisse vous rester aucune incertitude, sachez enfin si Jésus-Christ, Jésus-Christ lui-même, est en vous, ou non.
Voilà le point sur lequel il concentre toute son attention, et sur lequel nous allons concentrer toute la nôtre.

Jésus-Christ en nous : étrange pensée ! Étrange pour nous, « gens de petite foi ; » mais non pas étrange pour saint Paul, qui en parle comme d'une chose si simple que chacun de ses lecteurs aurait pu devancer sa question : « Ne le reconnaissez-vous pas en vous-mêmes ? »
Jésus-Christ en nous : ne faut-il voir dans ce langage qu'une métaphore ?
Non, non ; loin de nous ces interprétations scolastiques et rapetissantes, qui ne savent voir que des métaphores dans la parole du Saint-Esprit ! Qu'on nous laisse écouter Dieu, non en philosophes, mais en petits enfants !

Jésus-Christ en nous, c'est une vérité ; une vérité invisible ; parce qu'elle est spirituelle, mais une vérité qui n'en est pas moins réelle et vivante ; que dis-je ? elle l'en est davantage.
Les choses invisibles sont les seules éternelles, tandis « que les choses visibles, image mobile des premières, ne sont que pour un temps (2 Cor. IV, 18.), et n'offrent qu'une ombre fugitive des choses, non leur essence intime et profonde (Hébr. X, 1.) « Que Dieu, écrit saint Paul aux Éphésiens, vous donne d'être puissamment. fortifiés par son Esprit dans l'homme intérieur, tellement que Christ habile dans vos cœurs par la foi (Eph. III, 16, 17.) »
Par le Saint-Esprit, oui ; dans l'homme intérieur, oui encore ; mais pourtant véritablement et sans figure : l'homme intérieur n'est pas l'imagination, et le Saint-Esprit n'est pas l'enthousiasme.

Écoutez encore ce même saint Paul : « Si quelqu'un n'a point l'Esprit de Christ, celui-là n'est point à lui ; mais si Christ est en vous, le corps est mort par le péché, mais l'Esprit est vie par la justice (Rom. VIII, 9, 10.) »
Écoutez le seigneur lui-même, dans ces derniers discours où « il ne parle plus en figure (Jean XVI, 29.), » exhortant ainsi ses disciples : « Demeurez en moi, et moi en vous (Jean XV, 4.). » Que si vous osiez obscurcir ces paroles par les téméraires éclaircissements de la sagesse humaines, du moins craindriez-vous de toucher à cette prière que le Fils présente au Père : « Que tous soient un, ainsi que toi, Père, est en moi et moi en toi ! afin qu'eux aussi soient un en nous... moi en eux et toi en moi, afin qu'ils soient consommés dans l'unité (Jean XVII, 21, 23.) » après quoi il faudrait douter que Dieu soit en Jésus-Christ, pour douter que Jésus-Christ soit dans les siens.

Mes frères, prenez de plus hautes pensées de la foi chrétienne : cette foi nous associe tellement à Jésus-Christ, qu'elle nous fait tenir à lui comme les membres du corps à la tête, comme les sarments. au cep (Jean XV, 1 ; Éph. IV, 15, 16 ; V, 28.).
Ce sont là des images, j'en conviens, les choses visibles étant les types des invisibles ; mais ce ne sont pas les images d'une image, ce sont les images d'une réalité vivante. Et n'est-ce pas par cette union réelle avec Jésus-Christ que nous sommes sauvés ?
Certes, ce qui nous sauve, ce n'est pas une notion de notre esprit, ni même un sentiment de notre coeur ; c'est Jésus-Christ ; venant en nous, de telle sorte que nous puissions dire avec l'Apôtre : « Je vis, non plus moi, mais Christ en moi (Gal. II, 20.). »

Voulez-vous donc savoir si vous êtes dans la foi ?
Cherchez si Jésus-Christ habite en vous par son Esprit.
Ainsi posée, la question exclut par elle-même bien des chrétiens de profession, pour lesquels on ne saurait demander si Jésus-Christ est en eux sans profaner son nom.
Eh quoi ! si Jésus-Christ est dans ce jeune homme, chrétien de nom, mais livré aux maximes relâchées du siècle et aux convoitises de la chair ?
Si Jésus-Christ est dans cet homme, chrétien de nom, mais ne vivant que pour accroître sa fortune, et dont le contentement s'élève et s'abaisse avec son trésor ?
Si Jésus-Christ est dans cette femme, chrétienne de nom, mais courant après les futiles plaisirs du monde, et mendiant sa honteuse idolâtrie ?

Restent les gens religieux, au moins dans les apparences, pour lesquels seuls il est permis de faire la question, et avec lesquels il est temps de l'examiner, d'après les signes que l'Écriture elle-même va nous fournir.

Si Jésus-Christ est en vous, il y vivra et le premier signe auquel vous pouvez reconnaître que vous êtes dans la foi, c'est la vie de Jésus-Christ communiquée à votre âme. « En lui est la vie (Jean I, 4.) ; » son nom est « le Prince de la vie (Act. III, 15.) ; » « qui a le Fils a la vie (1 Jean V, 12.) ; » c'est le Fils lui-même qui est « notre vie (Col. III, 4.) ; » et le Dieu qu'il nous révèle, auquel il nous unit, n'est pas seulement « le vrai Dieu, » il est aussi « le Dieu vivant (1 Thess. I, 9.), » vivant dans le monde, mais vivant surtout dans le cœur de ses enfants.

Cette vie de Jésus-Christ en nous, quelle est-elle ?
N'espérons pas en donner jamais une définition précise : la vie se sent, elle ne se définit pas. Au reste, nous ne saurions mieux nous rendre compte de la vie de Jésus-Christ en nous, qu'en suivant l'image cachée dans le nom même dont le Saint-Esprit l'a nommée. S'il appelle vie l'état d'une âme où Jésus-Christ habite, c'est que cet état offre certains traits de ressemblance avec cette vie du corps, que « Dieu souffla » dans les organes de la respiration du premier homme, et par laquelle il convertit une poussière organisée en une « âme vivante (Gen. II, 7.) ».
Vous chargeriez-vous d'expliquer ce qu'est la vie du corps ? Essayez de définir la vie autrement que par la mort, ou la mort autrement que par la vie : vous ne sortirez jamais de ce cercle, et vous ne réussirez enfin à faire comprendre la vie, tant bien que mal, qu'en mettant un homme vivant à côté d'un homme mort.

Que de ressemblances entre ces deux hommes, et pourtant quelle différence ! Qu'est-ce donc qui les sépare ? C'est l'âme, c'est-à-dire le souffle, ce souffle invisible, à la vérité, mais qui, pour être invisible, n'en est pas moins l'appui, le lien nécessaire, sans lequel le corps ne tarde pas à se dissoudre et à perdre jusqu'à sa forme extérieure ; s'il pouvait se rencontrer un homme qui se refusât à reconnaître cette différence, sous prétexte que l'homme mort a des yeux, des mains, des pieds aussi bien que l'homme vivant, que lui répondre ?
Un tel langage prouverait seulement que celui qui le tien n'a pas l'instinct de la vie, auquel toutes les explications du monde seraient incapables de suppléer.
Juste image de la vie spirituelle que l'Esprit de Dieu, c'est-à-dire le souffle de Dieu, communique à une âme où Jésus-Christ habite.

Mettez à côté l'un de l'autre deux hommes dont l'un à la vie de Jésus-Christ, et l'autre ne l'a pas : que de ressemblances entre eux, et pourtant quelle différence !
Ils ont en commun la vie physique, et chacun des deux mange et boit, dort et se réveille, parle et se remue ;
- la vie intellectuelle, et chacun des deux réfléchit, observe, raisonne, tire des conclusions ; - la vie des affections, et chacun des deux a une femme, des enfants, des parents, des amis qu'il aime du plus tendre amour ;
- la vie morale, et, chacun des deux a au-dedans de lui une conscience qui lui rend témoignage, et « des pensées qui l'accusent ou qui l'excusent (Rom. II, 15) ; »
- une vie religieuse même, et chacun des deux peut avoir certaines habitudes de piété, lire l'Écriture, prier matin et soir, assister aux exercices du culte.

Qu'y a-t-il donc qui les sépare ?
Rien, que le souffle de Dieu, dont l'un est animé, l'autre dépourvu ;
- rien, que le regard de l'âme tourné, chez l'un, vers le ciel et l'éternité, chez l'autre, vers la terre et le temps ;
- rien, que la grâce substituée à la colère, la vie éternelle à la mort éternelle, l'empire de l'esprit à la tyrannie de la chair, les consolations de Dieu aux étourdissements du monde ;
- rien, que le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ici présents, là manquants ;
- rien, du tout !

L'homme irrégénéré, n'ayant pas l'instinct de la vie, méconnaît ce contraste intérieur, parce qu'il est invisible - et pourtant le monde même, tout le monde qu'il est, est contraint parfois de le sentir et de le confesser à sa manière (Jean XVII, 21, 23.).
Mais l'homme spirituel, instruit par le Saint-Esprit et par sa Parole (1 Cor. II, 14.), reconnaît au croyant une vie qui lui est propre ; une vie si nouvelle, qu'il n'y a pu entrer que par une nouvelle naissance, plus encore, par une nouvelle création : « Si quelqu'un est en Jésus-Christ, c'est une nouvelle création ; » il « est passé de la mort å la vie (2 Cor. V, 17 ; 1 Jean III, 14.). »

Au reste, le croyant sent en lui-même, bien mieux que ne sauraient l'observer les autres, le changement radical qui s'est opéré dans son cœur ; et, il en rend témoignage, en empruntant tour à tour le langage de l'aveugle-né : « J'étais aveugle, mais je vois (Jean IX, 25.), » et celui du Sauveur ressuscité : « J'ai été mort, mais je vis (Apoc. I, 18.) »

Eh bien ! mes chers auditeurs, cette nouvelle naissance, l'avez-vous éprouvée ?
Cette vie de Jésus-Christ, la sentez-vous en vous-mêmes ?
Cette nouvelle naissance, l'avez-vous éprouvée ?
Avez-vous conscience d'un changement intérieur qui a fait de vous un autre homme, avec d'autres maximes, d'autres sentiments, d`autres goûts, un autre langage, un autre cœur, une autre existence morale tout entière, et qui vous a, selon l'énergique expression de l'Apôtre, « converti des ténèbres à la lumière, et de la puissance de Satan à Dieu (Act. XXVI, 18.) ? »

Toutefois, cette nouvelle naissance peut avoir eu lieu sans être clairement aperçue, surtout si elle a été cachée dans le développement général de l'enfance ou de la jeunesse ; venons donc à la question capitale : cette nouvelle vie, la sentez-vous en vous-même ?
Votre repentance est-elle vivante ?
Avez-vous appris à vous frapper la poitrine devant la croix de Jésus-Christ, et à lui dire : « J'ai péché contre toi, contre toi proprement (Ps. LI, 4.) ; » c'est pour moi, pour moi proprement que tu es mort ?
Votre foi est-elle vivante ?
La Parole de Dieu, reçue comme de la bouche de Jésus-Christ, et « mêlée avec vous par cette foi (Héb. IV, 2. Version littérale.), » est-elle tombée en vous comme une semence de vie céleste (1 Pierre I, 23.), qui « vous a rendu participant de la nature divine (2 Pierre I, 5.). »
Vos prières sont-elles vivantes ?
L'Esprit de Jésus-Christ « prie-t-il lui-même pour vous » et en vous, tantôt par ces paroles puissantes qui triomphent du Dieu fort (Gen. XXXII, 28.), tantôt « par ces soupirs inexprimables », compris de lui seul, et qui pénètrent doucement jusqu'au fond de son cœur paternel (Rom. VIII, 25.) ?
Votre charité est-elle vivante ? tout en aimant votre prochain comme vous-même, savez-vous faire une place à part à cet amour fraternel, la charité de la charité, qui unit un croyant à un autre croyant, parce que Jésus-Christ dans le cœur de l'un répond à Jésus-Christ dans le cœur de l'autre (1 Jean III, 14.) ?
Vos affections sont-elles vivantes ? pour vous, comme pour Jésus-Christ ; au sein de sa famille (Jean VII, 3-7 ; Act. I, 14.), la vie éternelle est-elle votre première sollicitude pour ceux que Dieu vous a unis par les liens du sang ou de l'amitié (1 Tim. V, 8.) ?

Que dirai-je encore ?
Votre joie (Jean XV, 21.), vos consolations (2 Cor. I, 3, 4.), vos conversations (Col. IV, 5.), votre vie entière est-elle vivante ? et, en réponse à Jésus-Christ vous disant : « Parce que je vis, vous vivrez (Jean XIV, 19.), » avez-vous été instruit à dire avec saint Paul : « Pour moi, vivre c'est Christ (Phil. I, 21. Version littérale : « Pour moi, vivre, c'est Christ, et mourir, c'est un gain ».) ? »

Voyez, examinez. Si vous n'avez pas la vie de Jésus-Christ, vous n'avez donc pas Jésus-Christ en vous ; et si vous n'avez pas Jésus-Christ en vous, vous n'êtes pas dans la foi, vous n'avez pas la vie éternelle.
La vie se révèle par des actes, dont le plus immédiat est la parole. Si Jésus-Christ est en vous, il y parlera ; et le second signe auquel vous pouvez reconnaître que vous êtes dans la foi, c'est le témoignage de Jésus-Christ assurant votre cœur que vous lui appartenez.

Ce langage vous surprend peut-être ; vous y trouvez je ne sais quel air de mysticisme. Mais prenez-y garde :
- « Ne dites pas conjuration, toutes les fois que ce peuple dit conjuration (Esaïe VIII, 12.) ;
- Ne dites pas non plus mysticisme, toutes les fois que la multitude dit mysticisme.

Un sentiment n'est pas mystique pour être caché dans le cœur, et dès lors impossible à définir ; il ne mérite ce nom que s'il est dépourvu de motif appréciable et solide.
L'amour qu'une mère porte à son enfant n'a rien de mystique, parce qu'il repose sur un attachement naturel et qui vient de Dieu ; le remord qui poursuit un criminel n'a rien de mystique, parce qu'il repose sur la conscience et sur les lois du monde moral ; le sentiment religieux n'aura rien de mystique non plus, quand il reposera sur la Parole de Dieu : l'autorité de cette parole infaillible, voilà le vrai caractère qui sépare, dans les choses spirituelles, la vérité d'avec le mysticisme.

À ce point de vue, beaucoup de choses que le monde appelle mystiques sont très solidement démontrées, tandis qu'il en en d'autres qui lui semblent incontestables, et auxquelles le nom de mystiques conviendrait bien mieux.
Ce témoignage intérieur de Jésus-Christ à l'âme fidèle, la Parole de Dieu le reconnaît-elle ? voilà tout ce que nous avons besoin de savoir.
Eh bien ! elle le reconnaît formellement : « Celui qui garde les commandements de Dieu demeure en Jésus-Christ, et Jésus-Christ en lui ; et par ceci nous connaissons qu'il demeure en nous, par l'Esprit qu'il nous a donné (1 Jean III, 24.) ; » car en cet Esprit rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu (Rom. VIII, 16.) ».
Aussi l'expérience des croyants de tous les siècles vient-elle à l'appui de ce que je viens de dire. Ce bienheureux témoignage a été entendu dans tous les âges de l'Église ; il l'a même été des saints de l'Ancien Testament, selon la mesure de leur lumière. C'est ce témoignage qui a de tout temps réjoui, soutenu, fortifié le peuple de Dieu ; c'est ce témoignage qui a enfanté tout ce qui s'est tait de grand dans le royaume de Dieu, au sein d'un monde ennemi de Dieu.

Abraham le possédait au-dedans de lui-même, lorsqu'il « a vu le jour de Christ et qu'il en a tressailli (Jean VIII, 36.) ; »
Jacob, lorsque bénissant ses fils par l'esprit de prophétie, il s'interrompt un moment comme contraint par la voix intérieure : Ô Éternel ! j'ai attendu ton salut (Gen XLIX, 18.) ; »
Job, lorsqu'il confesse son Rédempteur : « Je sais que mon rédempteur est vivant... je le verrai moi-même, mes yeux le verront et non un autre ! mes reins se consument dans mon sein (Job XIX, 25, 27.) ; »
David, lorsqu'il oppose à ses ennemis acharnés cette affirmation d'un cœur en prière : « Je sais que Dieu est pour moi .... tu as délivré mon âme de la mort, et mes pieds de chute (Ps. LVI, 10, 14.) ; »
Néhémie, lorsqu'il suspend de temps en temps son récit pour s'épancher dans le sein de Dieu : « Mon Dieu ! mon Dieu ! souviens-toi de moi en bien (Néh. XIII, 31.) ; »
le vieux Siméon, quand répondant au vieux Jacob, après dix-huit siècles écoulés, il contemple avant de mourir ce que le patriarche mourant avait attendu : « Tu laisses maintenant aller ton serviteur en paix, selon ta parole, car mes yeux ont vu ton salut (Luc II, 29, 30.) ; »
Étienne, lorsque « rempli du Saint-Esprit, » il voit « les cieux ouverts et le Fils de l'homme se tenant à la droite de Dieu (Act. VII, 56.) ;
Paul, quand il écrit à Timothée ; « Je connais celui en qui j'ai cru, et qu'il est puissant pour garder mon dépôt (2 Tim. I, 12.) ; »
Luther, près de comparaître à Worms, quand il prie ainsi dans son angoisse : « Seigneur, cette cause est tienne, tiens-toi près de moi... mon âme est à toi ! »

Mais que parlé-je de tous ces grands serviteurs de Dieu ? le chrétien le plus humble et le plus ignoré a aussi bien qu'eux « le témoignage de Dieu en lui-même (Jean V, 10.) : » il voit son Sauveur des yeux de l'esprit, il l'entend des oreilles de l'âme. Non, il n'y a pas de puissance sur la terre, il n'y a pas de démon dans l'enfer, qui soit capable de nous persuader que tu n'es pas en nous, Seigneur Jésus, que tu ne nous entends pas, que tu ne nous parles pas, que tu ne nous aimes pas, que tu ne t'es pas donné pour nous !

Et vous, mon cher auditeur, le possédez-vous ce témoignage de Jésus-Christ ?
Entendez-vous en vous-même votre Sauveur, qui vous assure de son pardon : « Tu es à moi, je t'ai racheté, tes péchés te sont remis, va en paix (Esaïe XLIII, 1 ; Matt. IX, 2 ; Luc VII, 50.) ? »
L'entendez-vous qui vous appelle, et pouvez-vous, en vous mettant à genoux, lui dire avec David : « Mon cœur me dit de ta part de chercher ta face ; je chercherai ta face, Ô Éternel (Ps. XXVII, 8.) ? »
L'entendez-vous qui vous répond, et pouvez-vous dire, avec ce même David, en vous relevant de votre prière : « J'ai crié de ma voix à l'Éternel, et il m'a répondu de la montagne de sa sainteté (Ps. III, 5.) ? »
L'entendez-vous qui vous parle, et pouvez-vous, en interrogeant les Écritures divines, lui dire avec Samuel : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute (1 Sam. III, 10.) ? »
L'entendez-vous qui vous écoute, et connaissez-vous en votre cœur que « le cri que vous avez jeté devant lui est parvenu à ses oreilles, » sans s'égarer en chemin (Ps. XVIII, 7.) ?
L'entendez-vous qui vous marque le chemin, à qui vous dites : « Enseigne-moi le chemin où je dois marcher (Ps. CXLIII, 10.), » et qui vous dit à son tour : « Je t'enseignerai le chemin où tu dois marcher (Ps. XXXII, 8.) ? » L'entendez-vous qui vous console, qui vous rassure, qui vous avertit, qui vous reprend, qui vous fortifie (Ps. LXXXVI, 11 ; XCIV, 12 ; CXXXVIII, 3, etc.) ?
Si vous n'avez jamais rien ressenti de tout cela, si « vous n'avez jamais ni entendu sa voix, ni vu sa face (Jean V, 37.), » si vous ne possédez pas, si vous ne connaissez pas même le témoignage de Jésus-Christ, Jésus-Christ n'est donc pas en vous ; et si Jésus~Christ n'est pas en vous, vous n'êtes pas dans la foi, vous n'avez pas la vie éternelle.

Mais venons enfin à la marque la plus palpable et tout ensemble la plus sûre de la vie, l'action. Si Jésus-Christ est en vous, il y agira ; et le dernier signe auquel vous pouvez reconnaître que vous êtes dans la foi, c'est l'œuvre de Jésus-Christ devenue vôtre.

Jésus-Christ ne saurait demeurer nulle part « oisif ni stérile (2 Pierre I, 8.) ; » comme « le Père agit de tout temps, le Fils agit aussi (Jean V, 17.) ; » et il déploie en ceux qui croient « l'énergie du pouvoir de sa force (Éph. I, 19.). » C'est pourquoi « celui qui croit en Jésus, fera les œuvres que Jésus a faites (Jean XIV, 12.) » ; « celui qui dit qu'il demeure en Jésus-Christ doit vivre comme Jésus-Christ lui-même a vécu (Jean II, 6 ; IV, 17.). »

Je disais tantôt, mes chers frères : Prenez de plus hautes pensées de la foi chrétienne ; je dis maintenant : Prenez de plus hautes pensées de la vie chrétienne. Il n'y a pas d'autre vie chrétienne que la vie de Christ dans le chrétien ; et il n'y a de vrai chrétien que celui qui vit en représentant de Jésus-Christ, continuant sur la terre l'œuvre que Jésus-Christ y a commencée.
Il faut qu'on le contemple vivant en nous ; et comme il a pu dire : « Celui qui m'a vu, a vu mon Père (Jean XIV, 9.), » il faut que chacun de nous puisse dire aussi : Celui qui m'a vu a vu mon Maître. Quelle vocation, mes chers frères ! si glorieuse véritablement et si difficile, qu'on a peine à y croire...
Mais celui qui nous a donné ce commandement : « Qu'il y ait en vous les mêmes, sentiments qui étaient en Jésus-Christ (Phil. II, 8.), » est aussi celui qui nous rendra capables de l'accomplir ; disons plus, c'est moins nous qui devons l'accomplir que le Seigneur qui doit l'accomplir en nous (1 Thess. V, 24.) ;
Pour l'œuvre de Christ nous avons la force de Christ, parce que nous avons Christ lui-même, si toutefois « nous l'avons reçu, » et « si nous marchons en lui (Col. II, 6.). »

Ne me dites pas que cette pensée vous accable, et que vous aimez mieux reposer vos regards sur les exemples des grande serviteurs de Jésus-Christ que sur celui de Jésus-Christ lui-même, parce qu'il se trouve chez ces serviteurs, tout grands qu'ils sont, des infirmités et des chutes qui les rapprochent de nous : cette raison est peu digne d'un chrétien. C'est précisément parce que Jésus-Christ nous a seul offert un exemple parfait, c'est parce qu'il est la loi de Dieu vivante, que vous devez le choisir de préférence à tout autre pour objet de votre imitation. Aussi bien, c'est ce qu'ont fait les saints dont vous parlez, ou plutôt c'est ce qui les a faits : ils ont pris exemple du Maître, non d'aucun homme, « quel qu'il fût (Gal. II, 6.). » Que cela, est sensible chez l'Apôtre auquel j'emprunte mon texte, et auquel on en revient toujours quand on veut prendre sur le fait la foi chrétienne ou la vie chrétienne !
Comment s'est formé ce disciple, qui « a travaillé plus que tous les autres (1 Cor. XV, 10.), » et qui n'a pas craint de dire, tout humble qu'il était ; « Soyez mes imitateurs, comme je le suis de Christ (1 Cor. XI, 1.) ? »
C'est en se modelant sur Jésus-Christ avec un soin si jaloux, qu'il semble s'appliquer à confondre en quelque sorte sa personne et son histoire avec la personne et l'histoire de son divin Maître, jusque dans les œuvres les plus exclusivement réservées au Seigneur. Si « la nourriture de Jésus-Christ est de faire la volonté de celui qui l'a envoyé et d'accomplir son œuvre (Jean IV, 34.), » voici Paul qui « ne fait cas de rien, et à qui sa vie même n'est point précieuse, pourvu qu'il achève avec joie sa course et le ministère qu'il a reçu du Seigneur Jésus (Act. XX, 24.) » Si Jésus-Christ peut dire en finissant : « j'ai achevé l'œuvre que tu m'avais donnée à faire (Jean XVII, 4.), » voici Paul qui dit à la veille de son martyre : « J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé la course, j'ai gardé la foi ; du reste, la couronne de justice m'est réservée (2 Tim. IV, 7, 8.). »
Que dis-je ? Si Jésus-Christ « a été fait malédiction pour nous (Gal. III, 13.) ; » voici Paul qui « souhaiterait d'être fait anathème - loin de Christ pour ses frères, qui sont ses parents selon la chair (Rom. IX, 3.) ; » et si « Jésus-Christ a porté nos péchés en son corps sur le bois (1 Pierre II, 24.), » voici Paul qui s'enhardit jusqu'à écrire ces étonnantes paroles : « Je me réjouis donc maintenant en mes souffrances pour vous, et j'accomplis le reste des afflictions de Christ en ma chair, pour son corps qui est l'Église (Col. I, 24.)... »

N'expliquons pas ces sublimes hyperboles de la charité, sentons-les plutôt : la tâche de Paul, telle quelle est aussi votre tâche, si le Christ de Paul est aussi votre Christ ; celui qu'on retrouve partout vivant dans la vie de Paul, il faut qu'on le retrouve aussi vivant dans la vôtre.

Examinez-vous donc, mes chers auditeurs, pour voir si vous faites l'œuvre de Jésus-Christ.
Je ne demande pas si vous la faites sans mélange et sans infidélité : hélas ! qui pourrait se ranger alors au nombre de ses imitateurs ? Mais du moins, vos œuvres sont-elles empreintes de l'Esprit de Jésus-Christ ? Et reconnaît-on votre Maître dans le fond de votre vie ?

Reconnaît-on, dans votre travail, celui qui, après une journée employée à « aller de lieu en lieu faisant le bien (Act. X, 38.), » « se retire sur la montagne pour prier, et passe toute la nuit à prier Dieu (Luc VI, 12.) ? »
Reconnaît-on, dans vos plaisirs, celui dont la présence répand sur la noce de Cana une joie douce autant que pure, et à qui une fête de famille fournit plus d'une instruction salutaire (Jean II, 1-11.) ?
Reconnaît-on, dans vos douleurs, celui qui a pleuré sur la ruine prochaine de Jérusalem, ou celui qui a supporté tout le poids de la malédiction divine, pour épargner aux pécheurs une autre ruine plus redoutable encore?
Reconnaît-on, dans vos lectures, celui qui « prend son plaisir dans la loi de l'Éternel, qui médite dans cette loi jour et nuit (Ps. I, 2.), » et qui ne demande qu'à elle seule des armes contre la triple tentation du désert (Math. IV, 1-11.) ?
Reconnaît-on, dans vos discours, celui dont la bouche ne s'ouvre que pour « communiquer la grâce à ceux qui l'écoutent (Eph. IV, 29.), » et qui ne rencontre ni objet dans la nature, ni événement dans la vie, auquel il n'arrache quelque leçon de vie éternelle ?
Reconnaît-on, dans votre action et dans votre repos, dans votre veiller et dans votre dormir, dans « votre entrer et dans votre sortir, » celui qui « fait toujours les choses qui sont agréables au Père (Jean VIII, 29.) ? »

Hélas ! que n'y reconnaît-on, pas plutôt que lui : votre éducation, votre tempérament, votre entourage, votre intérêt, votre égoïsme, votre convoitise !... Mais je m'oublie : ce n'est qu'à vous-même de vous juger. Voyez, examinez, sondez-vous bien.
Si vous êtes étranger à l'oeuvre de Jésus-Christ, vous n'avez donc pas Jésus-Christ en vous ; et si vous n'avez pas Jésus-Christ en vous, vous n'êtes pas dans la foi, vous n'avez pas la vie éternelle.

Voilà trois signes auxquels vous pouvez discerner si Jésus est en vous : sa vie, son témoignage, son œuvre.
Quand vous seriez en danger de vous tromper sur l'un des trois, vous ne le seriez pas de vous tromper sur tous : réunis ; ils vous feront apprécier sûrement l'état de votre âme devant Dieu. L'illusion après tout ; pour être facile, n'est pas inévitable ; et quand nous ne demandons qu'à nous juger nous-mêmes (1 Cor. XI, 31.), Dieu ne saurait nous refuser sa lumière pour un examen auquel il nous convie tout le premier.
Suivez donc, suivez cet examen salutaire, et ne vous arrêtez point que vous ne sachiez enfin si vous êtes en Christ - ou hors de Christ.

Vous avez dans cet examen deux écueils à éviter.
Avant tout, gardez-vous de vous séduire « en disant : Paix, paix, où il n'y a point de paix (Jér. VI, 14.) ; » mais aussi ne soyez pas plus sévères que ne l'est le Seigneur. Il y a des âmes défiantes et timides, qui, tout en rassurant sur leur compte tous les autres, ne sauraient jamais se rassurer elles-mêmes. Je ne voudrais pas décourager ces âmes-là, car je sais que mon Maître et le leur ne les décourage point ; mais je leur dirai : Soyez plus simples, chers amis.
La question n'est pas de savoir si vous trouvez en vous la vie, le témoignage, l`œuvre de Jésus-Christ, dans son intégrité : elle est de savoir si vous y trouvez quelque chose de sa vie, de son témoignage, de son œuvre ; ce n'est pas au degré ou à la mesure que la promesse est faite, c`est à la substance et à la présence.
Le Seigneur a-t-il commencé en vous son œuvre de grâce ?
Eh bien ! ne craignez point de le confesser à sa gloire, et d'entrer dans l'humble, mais ferme assurance de l'Apôtre : « Je suis assuré que ni vie ni mort, ni hauteur ni profondeur, ni principauté ni puissance, ni choses présentes ni choses à venir, ni aucune autre créature, ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur (Rom. VIII, 37, 38.) »
Si tel est le résultat de l'examen auquel je viens de vous inviter, s'il vous conduit à reconnaître que Jésus-Christ habite en vous - oh ! alors, sentez votre bonheur ! Mesurez vos obligations par vos privilèges !
Ne vivant que par lui, ne vivez aussi que pour lui !
« Au reste, mes frères, » poursuit l'Apôtre, « réjouissez-vous, tendez à la perfection, soyez consolés, soyez tous d'accord, vivez en paix, et le Dieu de charité et de paix sera avec vous (2 Cor. XIII, 11.). »

Que si cet examen devait avoir un résultat contraire ; s'il devait vous convaincre que vous n'avez connu jusqu'ici qu'une foi morte et que vous avez vécu loin de Christ - que leur dirai-je ? les flatterai-je dans leur voie ? leur cacherai-je le péril au-devant duquel ils courent se jeter ?...
Ah ! mes amis, ce serait être infidèle à mon texte, qui vous fait entendre en terminant quel est le partage de ceux qui ne sont point dans la foi : « Ne reconnaissez-vous point en vous-mêmes que Jésus-Christ est en vous, à moins que peut-être vous ne soyez réprouvés ? »

Réprouvé, mot affreux !
Réprouvé, mis au rebut comme un vaisseau qu'on a essayé et qu'on a trouvé sans usage (Ps. XXXI, 18.) !
Réprouvé, traité comme ces branches stériles qu'on retranche, qu'on amasse, qu'on jette au feu et qui brûlent (Jean XV, 6.) !
Ne me dites pas que c'est manquer à la charité que de vous présenter de si effrayantes images.

Mes frères, il faut s'entendre sur la charité : il y a deux charités. Il y a la charité de Dieu, et il y a la charité du Diable ; la charité de Dieu qui dit : « Au jour que tu mangeras, tu mourras, » et la charité du Diable qui dit : « Vous ne mourrez nullement. »
Celle-là vous déclare perdu, mais pour vous sauver ; celle-ci vous déclare sauvé, mais pour vous perdre...
Je viens à vous avec la charité de Dieu dans le cœur, et je n'en connais point d'autre l Je ne viens pas rassurer les consciences, je viens les troubler à salut ! Je ne viens pas canoniser ceux qui meurent, je viens sauver ceux qui vivent ! Heureux, oh ! heureux, si je pouvais vous enlever tous, comme un seul homme, dans mes bras et sur mon cœur, pour vous déposer entre des bras plus sûrs et sur un cœur plus fidèle !
Je sais que je vous annonce la vérité de Dieu ; je sais que Dieu est stable dans ses menaces, comme dans ses promesses : si vous vous obstinez à fermer les yeux aujourd'hui, vous serez contraints de les ouvrir - alors qu'il ne sera plus temps.
Mais je ne veux pas que vous attendiez qu'il ne soit plus temps : voici le jour, l'heure, le moment. Reconnaissez-vous, réveillez-vous, arrêtez-vous, décidez-vous, sauvez-vous, « séparez-vous de la génération perverse ; » et dites au Seigneur avec Jacob : « Je ne te laisserai point aller que tu ne m'aies béni (Gen. XXXII, 6.) »

Amen.


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