Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SOIR DE LA VIE
OU
PENSÉES POUR LES VIEILLARDS





LE SOIR DE LA VIE

  La partie active de la journée est passée : ses plaisirs, ses devoirs, ses inquiétudes, tout est passé. Les rayons de soleil, les ombres qui tour à tour en ont éclairé ou assombri le sentier, ont disparu aussi ; les teintes adoucies de la soirée se répandent dans le ciel.

Le soir de la vie ! Oui ! la vie a son soleil couchant, son heure de crépuscule. L'oeil affaibli, les cheveux argentés, la démarche chancelante, indiquent que la dernière période de l'existence terrestre arrive.
Quelle a été rapide la fuite du temps ! l'éternité est tout près de nous !

Le déclin graduel de la santé, la chute de nos forces, sont une dispensation de miséricorde et d'amour destinée à nous préparer au changement solennel qui nous attend. Cette préparation atténue jusqu'à un certain point la répugnance naturelle que nous éprouvons à quitter la vie ; elle nous sèvre peu à peu des attraits si variés que la terre nous offre encore ; elle adoucit la brusque transition de notre état actuel à notre état futur ; elle nous permet de nous familiariser avec la pensée de la mort, et de mieux comprendre celle de l'immortalité.

Le soir de la vie !
La soirée, c'est le moment du repos ! Le petit oiseau recherche son nid caché dans le feuillage. L'enfant aux joues roses jette de côté ses jouets et s'endort ; le laboureur fatigué rentre chez lui, son travail est terminé. Les soucis du jour sont oubliés, tout est calme et tranquille.
Les dernières heures de la vie, lecteur chrétien, doivent aussi être marquées par la sérénité et le repos. Les occupations qui jadis étaient à leur place et appropriées à votre âge, ne doivent plus vous troubler, ni vous préoccuper ; et il ne faut pas vous dépenser en vaines lamentations, parce que vous ne pouvez plus agir comme vous le faisiez autrefois. Votre affaire maintenant c'est de rester tranquille, c'est à quoi vous devez employer vos forces. La vieillesse, c'est le temps du repos dans le voyage de la vie, c'est la fraîcheur du crépuscule après la chaleur fiévreuse du jour.

Un esprit inquiet, mécontent, avide, est incompatible avec le caractère du pèlerin qui atteint les limites de la vie. Son extérieur et toute sa manière d'être doivent être empreints d'un état de quiétude habituelle et d'un véritable empire sur soi-même. L'excitation du monde, et même les agitations religieuses ne doivent plus troubler l'égalité de son humeur. Le chrétien âgé est un voyageur trop expérimenté dans cette vallée de larmes et de misères, pour se laisser détourner par les distractions qui l'entourent, ou pour douter de la sagesse et de la fidélité de Celui qui fait concourir toutes choses pour notre plus grand bien.

Son attente en Christ, son espoir en Lui comme son Sauveur, doivent être plus parfaits, plus inébranlables encore que dans les premières années de sa vie : Car je sais en qui j'ai cru, et je suis persuadé qu'il a la puissance de garder mon dépôt jusqu'à ce jour-là (2 Tim. I, 12).
Ne sont-ce pas là les paroles qui expriment parfaitement sa confiance en Lui. Fermement planté sur le rocher des siècles et avec la certitude que vous êtes en sûreté, la fin de votre vie doit être la réalisation de cette promesse par laquelle Dieu s'est engagé à garder dans une « paix parfaite » ceux dont l'âme s'appuie sur Lui.
La foi joyeuse, la foi inébranlable d'un vieillard chrétien est l'un des plus puissants témoignages en faveur de la vérité et de la beauté du christianisme, et l'un des exemples les plus encourageants pour les agneaux du troupeau, à marcher dans le même chemin que ceux qui les ont précédés.

Fatigué et découragé par le rude combat dans lequel il se trouve engagé, le jeune chrétien est trop souvent prêt à dire avec le patriarche affligé : Toutes ces choses sont contre moi (Gen. XLII, 36 v. D.), ou à s'écrier avec le psalmiste accablé de chagrin : Je périrai un jour (1 Sam. XXVII, 1).
Lorsque le jeune chrétien passe par les expériences difficiles de la vie, et qu'il peut contempler la paix, le calme d'esprit de quelque fidèle avancé en âge, mais qui a passé par les mêmes expériences, les mêmes épreuves, les mêmes tentations, et qui les ayant traversées sain et sauf, jouit maintenant d'un avant-goût de ce repos promis au peuple de Dieu, la foi, dis-je, du jeune homme en sera fortifiée, son espérance en sera vivifiée. Ce repos qu'il voit goûter à d'autres est pour lui le gage de la délivrance qu'il espère à l'issue de la bataille dans laquelle il est encore engagé ; à cette vue, il ceint les reins de son esprit et se dispose à parcourir la carrière qui lui est assignée avec un redoublement de courage.

C'est pourquoi, mon cher lecteur, il faut que ceux qui vous entourent voient que l'espérance sur laquelle vous vous appuyez est pour vous une ancre sûre et solide, et que vous vous reposez avec confiance sur les principes qui jusqu'à présent vous ont guidé et soutenu. Qu'aucune inquiétude ne trouble votre paix, qu'aucun doute n'altère votre foi. Vous avez lutté longtemps contre les difficultés et les tentations, vous avez éprouvé, par expérience, la vérité des promesses de Dieu, vous avez travaillé à son oeuvre au milieu de vos semblables et maintenant il ne vous reste plus qu'à attendre avec tranquillité le moment où la voix de votre Père vous appellera à venir à Lui.

Le soir de la vie !
La soirée, c'est le moment de la réflexion. Au milieu des occupations et des agitations de la journée, on trouve rarement l'occasion de se livrer à de sérieuses réflexions. Il est vrai que certains esprits bien équilibrés, savent exercer un grand empire sur leurs pensées et les concentrer sur des sujets élevés et religieux, même dans les moments nécessairement consacrés aux affaires de ce monde, mais c'est là une exception ; la plupart des hommes sont au contraire tellement harassés et absorbés par d'incessantes demandes de leur temps et de leurs facultés, qu'à peine peuvent-ils jeter à la hâte un coup-d'oeil sur les choses qui sont invisibles et éloignées ; ils apprécient d'autant mieux l'heure du soir consacrée à la méditation, à l'examen de soi-même et au désir de prendre de bonnes et sages résolutions.

Et vous, ne consacrerez-vous pas aussi votre heure du soir, à des pensées calmes et élevées. Pendant la longue période que vous avez traversée, peut-être n'avez-vous pas donné beaucoup de temps à de saintes réflexions. Comme Marthe, vous vous êtes probablement embarrassé de beaucoup de choses, ou comme Israël, il se peut que vous ayez oublié votre Dieu.
Mais quelle qu'ait été votre existence passée, vous êtes maintenant, par les infirmités de l'âge, retiré de la vie active, afin que vous puissiez contempler les réalités qui sont à venir. Ne devriez-vous pas être reconnaissant de ce moment de répit que vous pouvez employer à une sainte préparation, avant que vous ne « partiez d'ici », et que vous ne quittiez cette terre.

Dans cette heure paisible du crépuscule, lorsque nous sommes seuls avec nous-mêmes, nos pensées se tournent tout naturellement sur les événements du jour qui finit. Nous repassons dans notre souvenir de petits incidents, trop insignifiants, peut-être, pour en parler ; notre conscience approuve certaines bonnes actions, mais elle déplore aussi certains devoirs trop négligés. Des souvenirs agréables, des contrariétés, des épreuves mêmes occupent tour à tour notre esprit. Ah ! quelles sont variées les scènes que le panorama d'un jour ramène devant nos yeux ! Puis nos regards se dirigent volontiers sur l'avenir. Nous combinons nos plans pour le lendemain, nous envisageons d'un oeil content les joies qui nous attendent, ou nous frissonnons, découragés, craintifs, en entrevoyant les afflictions, les chagrins qui, pour nous, sont intimement unis à ce jour de demain.
Vos pensées au soir de votre vie, mon cher lecteur, ne se porteront-elles pas aussi alternativement sur le passé et sur l'avenir ?

Le Passé.
Et qu'il te souvienne de tout le chemin par lequel l'Éternel, ton Dieu, t'a fait marcher durant ces quarante ans dans le désert (Deut. VIII, 2).
La vieillesse est le moment le plus favorable à cette revue du passé. Le jugement et la raison ne courent plus le danger d'être faussés ou altérés par la chaleur de l'action, et les sentiments ne subissent pas si facilement l'influence de la passion que dans vos jeunes années. Le vétéran, lorsqu'il repasse dans son souvenir le jour de la bataille, s'en forme une opinion plus vraie que le jeune soldat engagé dans le fort du combat. Contemplez votre vie, depuis votre tendre enfance jusqu'à l'âge avancé que vous venez d'atteindre, retracez les détours du sentier que vous avez parcouru au milieu du monde, représentez-vous les moindres traits de votre histoire si variée dans ses aspects.

Mais est-il agréable de regarder en arrière ? N'y a-t-il pas dans notre pèlerinage plus d'une circonstance sur laquelle notre souvenir préférerait ne pas s'arrêter ? N'y a-t-il pas dans notre vie bien des passages que nous serions heureux d'oublier ? C'est vrai ; le souvenir de nos péchés, de nos chutes, est douloureux et nous condamne ; mais ne vaut-il pas mieux, cependant, ouvrir les yeux à la vérité. Entrez donc dans un examen complet et sincère de votre histoire ; scrutez vos motifs en vous éclairant de la Parole de Dieu ; éprouvez votre conduite au moyen de la pierre de touche de sa sainte Loi. Que ni l'orgueil ni les préjugés ne vous dérobent le véritable état des choses.
N'est-il pas d'une extrême importance que, parvenu à la porte de l'éternité, vous ne vous abusiez en aucune façon sur vous-même. Demandez à Dieu de vous diriger dans cette étude et que ces paroles soient votre prière : 0 Dieu fort ! sonde-moi, et considère mon coeur ; éprouve-moi, et considère mes discours ; regarde s'il y a en moi aucun mauvais dessein, et conduis-moi par le chemin de l'éternité (Ps. CXXXIX, 23, 24).

Maintenant quel est le résultat de cette investigation ? Quel verdict votre conscience, éclairée de la lumière d'en-haut, prononcera-t-elle sur votre passé ?
Il est possible, ou plutôt, il n'est que trop certain que vous aurez trouvé dans vos souvenirs de quoi vous accabler de douleur et de honte : la mondanité et l'égoïsme, mêlés à vos meilleures actions, l'infidélité ayant entaché la profession que vous aviez faite d'appartenir à Christ ; vous découvrez, en un mot, par cet examen sévère., tant d'impureté dans votre coeur, de souillure dans votre vie, que vous êtes prêt à vous écrier avec le psalmiste : N'entre point en jugement avec ton serviteur, car nul homme vivant ne sera justifié devant toi (Ps. CXLIII, 2).
Il se peut encore que vos réflexions vous convainquent que vous avez vécu jusqu'ici sans Dieu et sans Christ dans le monde, ou que les bagatelles de la terre vous ont tellement absorbé que vous en avez perdu de vue les attraits du ciel, et que, quoique créature responsable et sujette à être appelée au moment où vous vous y attendez le moins à rendre compte de toute votre vie, vous n'en avez pas moins continué de parcourir avec insouciance la voie du péché et de transgresser les commandements du Très-Haut.

Dans tous les cas, cette vue rétrospective est humiliante, et cependant elle conduit à la seule espérance, à la paix, au salut. La bonne et réjouissante nouvelle de l'Évangile est aussi précieuse au chrétien inquiet et troublé, qu'au pécheur repentant : Le sang de Jésus-Christ nous purifie de tout péché (I Jean I, 7) ; Crois au Seigneur Jésus-Christ et tu seras sauvé (Actes XVI, 31) ; Quand vos péchés seraient comme le cramoisi, ils seront blanchis comme la neige, et quand ils seraient comme le vermillon, ils seront comme la laine (Esaïe I, 18) ; Venez à moi vous tous qui êtes travaillés et chargés et je vous soulagerai (Matth. XI, 28).

Un pardon gratuit et complet est offert à tous ceux qui vont le chercher au pied de la croix. Jetez-vous avec tous vos péchés, quels que soient leur nombre, leur grandeur, leur profondeur, dans les bras du Sauveur, en disant : « Seigneur, sauve-moi, je péris ! » Et sa réponse d'amour sera : Tes péchés te sont pardonnés, va en paix (Matth. VIII, 25 ; IX, 2).

Le souvenir douloureux et humiliant de votre iniquité, doit vous rendre Christ toujours plus précieux. Votre péché est l'arrière-plan obscur qui met en relief son amour et son oeuvre d'expiation ! Sans son sacrifice et son intercession, le soir de la vie ne serait que ténèbres, aucun rayon d'espérance n'éclairerait le ciel, aucune lueur de joie n'illuminerait le coeur ; tandis qu'à présent, la gloire de Dieu qui resplendit en la personne de Christ, jette tout autour et devant vous une douce clarté.
Puisque vous envisagez par la foi l'Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde, et que vous l'acceptez avec gratitude comme votre miséricordieux médiateur et votre puissant intercesseur, ne pouvez-vous pas vous écrier avec le vieillard rempli de joie : Seigneur, tu laisses maintenant aller ton serviteur en paix selon ta parole, car mes yeux ont vu ton salut (Luc II, 29, 30).

La revue de votre passé ne doit pas seulement vous provoquer à la repentance, mais à la reconnaissance. Vous avez été merveilleusement préservé de beaucoup de dangers, vous avez été conduit en sûreté à travers mille et mille difficultés, vous avez été enrichi de bénédictions que vous ne sauriez compter. La miséricorde et la providence de Dieu vous ont accompagné pendant les jours de votre vie.
Rappelez-vous quelques-unes des occasions multipliées où Dieu a pris, de vous, un soin tendre et paternel ; il vous est impossible de vous souvenir de toutes, car la mémoire, toujours imparfaite, est maintenant bien affaiblie ; - mais « n'oubliez pas un de ses bienfaits. »
Les consolations dont vous avez joui, vous les tenez toutes de sa main libérale ; vos impulsions pour le bien, vos résistances au mal, c'est par sa grâce que vous avez été capable de les mettre à exécution. Ne pouvez-vous reconnaître la vérité de ces paroles sur lesquelles le serviteur du Seigneur insistait avec tant de force auprès du peuple d'Israël, au moment de mourir : Vous connaîtrez dans votre coeur et dans toute votre âme, qu'il n'est point tombé un seul mot de toutes les bonnes paroles que l'Éternel, votre Dieu, a dites de vous, tout vous est arrivé ; il n'en est pas tombé un seul mot (Josué XXIII, 14).

Oh ! oui, les chrétiens avancés en âge témoigneront que le Seigneur accomplit fidèlement ses promesses. En retrouvant dans votre souvenir plus d'un trait de votre histoire, vous vous rappellerez que sans l'intervention de la providence de Dieu ou le secours de son Saint-Esprit, vous auriez été dominé par la tentation et la douleur. Elles sont nombreuses les occasions que vous avez eues d'élever une pierre de mémorial et de confesser que le Seigneur vous a aidé ; et même à l'égard de vos épreuves, vous pouvez avouer, au moins de quelques-unes, qu'elles ont été des bénédictions déguisées, et qu'elles vous ont été dispensées dans un but d'amour et de sagesse. Ne pouvez-vous donc pas envisager votre vie passée avec une reconnaissante émotion ?

Cette reconnaissance pour le passé ne sera-t-elle pas accompagnée d'espérance et de confiance pour l'avenir : Paul rendit grâces à Dieu et prit courage (Act. XXVIII, 15).
Lorsque vous pensez à la faiblesse croissante, aux souffrances qui vous attendent encore, à votre séparation inévitable et prochaine d'avec ceux que vous aimez, à la vallée de l'ombre de la mort par laquelle il faudra passer et au moment solennel où votre âme quittera ce monde, votre homme naturel frémit de cette perspective : Ne me rejette point au temps de ma vieillesse ; ne m'abandonne point maintenant que ma force est consumée (Ps. LXXI, 9).
C'est là le langage de votre coeur, n'est-il pas vrai ? Mais écoutez la réponse du Dieu de votre salut : Je ne te laisserai point, je ne t'abandonnerai point (Hébr. XIII, 5) ; Ne crains point car je suis avec toi ; ne sois point étonné car je suis ton Dieu, je (ai fortifié, et je t'ai aidé, même je t'ai maintenu par la main droite de ma justice (Esaïe XLI, 10).

Ah ! vous pouvez lire ces paroles, non seulement dans les pages du livre de Dieu, mais aussi dans votre propre expérience. Vous pouvez en toute sécurité inférer de la conduite de Dieu envers vous dans les jours écoulés, de ce qu'Il fera dans les moments qui vous restent encore à passer sur la terre. Il est le même hier, aujourd'hui, demain et toujours, et c'est pourquoi la bonté paternelle dont il a fait preuve jusqu'à présent en ce qui vous concerne, vous est un gage qu'Il peut et qu'Il veut la continuer jusqu'à la fin. Il a délivré, il délivre, et Celui en qui vous vous confiez vous délivrera. Le Dieu qui vous a nourri pendant toute votre vie, est votre Dieu pour l'éternité, et il sera votre conducteur jusqu'à la mort.

L'Avenir.
Vos regards jetés en arrière doivent aussi se porter en avant. Le pèlerin fatigué qui se souvient avec un mélange de joie et de douleur des événements qui se sont succédés pendant son voyage, entrevoit avec bonheur le repos et l'accueil qui l'attendent dans son heureuse patrie. Le voyageur chrétien, à mesure que les ombres de la nuit s'étendent autour de lui et que les objets de la terre disparaissent à ses yeux, aime aussi à arrêter sa pensée sur ces demeures de la maison de son Père où une place lui a été préparée :

 Puis quand l'affliction, par ta grâce bénie,
Aura porté des fruits de justice et de paix,
Qu'au séjour du bonheur mon âme recueillie,
Puissant et doux Sauveur te contemple à jamais !

Pour toujours, près de toi, cesseront mes alarmes :
Plus de déception, de deuil, ni de regrets :
Là ! mes yeux te verront et n'auront plus de larmes,
Là, rien ne troublera mon indicible paix.

  Le réveil, et un réveil tout à la joie, est près de vous. Les choses invisibles et éternelles s'approchent de vous à chaque instant. L'héritage qui vous a été promis, qui ne se peut ni souiller, ni flétrir, vous appartiendra bientôt.
Réfléchissez à la gloire qui dans peu vous sera révélée ; dites-vous que le bonheur que Dieu vous a préparé dans son royaume est parfait dans sa nature, éternel dans sa durée.
Un jour, un ministre du Seigneur, passant un après-midi avec des amis chrétiens, était plongé dans un silence inaccoutumé. Tiré de sa rêverie par une question qui lui fut adressée, il répondit qu'il avait été absorbé par la contemplation du bonheur éternel. « O ! mes amis, » s'écria-t-il avec une énergie qui frappa tous ceux qui étaient présents, « pensez à ce que ce sera d'être pour toujours avec le Seigneur, pour toujours, pour toujours, pour toujours ! »

Mais la perspective du ciel est-elle une joie pour vous ? Éprouvez-vous un besoin véritable du bonheur qu'il vous réserve ? êtes-vous en sympathie, en communauté d'esprit avec ses glorieux habitants ?
Il va sans dire que vous espérez en mourant aller au ciel ; les esprits les moins sérieux, les plus mondains l'espèrent aussi, non pas qu'ils aspirent à une communion plus intime avec le Seigneur, ni qu'ils désirent être de plus en plus conformes à son image, mais parce qu'ils associent l'idée de bonheur avec le ciel et que c'est le désir instinctif de leur coeur d'être heureux.

Mais à moins que nous ne soyons rendus dignes de l'héritage des saints qui vivent dans la lumière, les joies du ciel, s'il nous était permis de les goûter, nous seraient certainement désagréables.
L'homme injuste et impur continuerait sans aucun doute à être injuste et impur, et ne trouverait par conséquent aucune jouissance dans un monde de vérité et de pureté.

Un ecclésiastique conversait un jour avec une femme de sa paroisse, personne fort intelligente, qui paraissait près de sa fin ; lorsque le pasteur eut fini de parler, elle lui dit avec une expression de dégoût : « Si le ciel ressemble à la description que vous en faites, je n'ai aucun désir d'y aller. »
Cet aveu peut vous sembler étrange, et cependant ce devrait être la confession franche de tous les coeurs non sanctifiés, mais qui se seraient demandé sérieusement en quoi consiste le bonheur éternel. Les chants d'allégresse des rachetés n'auront pas la puissance de changer le coeur, ni la gloire de la cité céleste, celle de transformer une âme. Quel rapport la lumière peut-elle avoir avec les ténèbres ?

Ne soyez donc pas satisfait, mon cher lecteur, d'une demi-préparation pour les bénédictions qui vous attendent. Il est facile de porter le nom de chrétien, « mais sans la sanctification nul ne verra le Seigneur. » Si quelqu'un n'est né de nouveau, a dit Jésus, il ne peut point voir le royaume de Dieu (Jean III, 3).

Comment arriverez-vous à cette préparation ?
Tout simplement par la foi en Christ, par la grâce du Saint-Esprit. Des actes extérieurs de dévotion, des aumônes, des legs charitables, le renoncement même ne pourront vous servir de passeport pour entrer au ciel. Il faut que la justice de Dieu, qui repose sur tous ceux qui croient, et la sanctification du coeur, effectuée par la puissance du Saint-Esprit, vous appartiennent si vous voulez avoir part à la gloire éternelle. Ces grâces peuvent réellement vous appartenir, et dès à présent.
Mettez voire confiance en Celui qui a déclaré qu'il ne repousserait point ceux qui iraient à Lui ; et demandez le don de ce Saint-Esprit qui a été promis à tous ceux qui le demandent sérieusement et avec persévérance, et vous aurez la vie éternelle.
Mais il se peut que quelque chrétien timide et humble hésite encore, par la crainte d'être présomptueux et de se tromper, à s'approprier ces joies qui sont à la droite de Dieu.
Vous verriez venir d'un coeur content le moment du départ si vous étiez assuré d'une entrée aussi facile que large dans le royaume de Christ. Mais, quoique vous vous attachiez à votre Sauveur comme à votre seul espoir de salut, et que vous luttiez pour produire les fruits de l'Esprit, vous ne pouvez parvenir à posséder cette heureuse confiance que tant de chrétiens éprouvent en pensant à l'éternité.
Vous ne vous sentez pas à l'unisson de cette déclaration, faite avec l'accent de la paix et de la conviction : Car nous savons que si notre habitation terrestre de cette tente est détruite, nous avons un édifice de Dieu, une maison éternelle dans les cieux, qui n'a point été faite de mains (2 Cor. V, 1).
Vous ressemblez aux pèlerins sur les montagnes Délectables (Voyage du chrétien) ; leurs mains étaient si tremblantes qu'ils ne pouvaient soutenir la lunette à travers laquelle ils devaient apercevoir la Cité céleste. Cependant ne craignez rien ; c'est le bon plaisir du Père de vous donner le royaume, la promesse vous en a été faite quoique vous ne soyez pas encore capable de discerner quel en est l'avantage personnel pour vous. C'est à la fois votre privilège et votre devoir de chercher sérieusement l'assurance de cette espérance ; mais rappelez-vous pour votre consolation et votre encouragement, que celui dont la foi en Christ est encore faible est en sûreté aussi bien que le chrétien qui vit déjà dans la joie.

Que vos yeux soient fixés sur votre Sauveur : efforcez-vous de suivre ses traces, usez constamment et sans vous lasser des moyens de grâce qu'il a mis à votre disposition, et vous finirez par goûter cette paix parfaite qui ne connaît pas la crainte. Au temps du soir il y aura de la lumière (Zach. XIV, 7).

Heureux ceux dont l'espérance est positive, dont la foi est forte et qui dans la persuasion que l'heure du départ approche, peuvent jeter un regard en avant, en arrière, et déclarer avec douceur mais avec fermeté, comme Paul avancé en âge : J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé la course, j'ai gardé la foi. Au reste, la couronne de justice m'est réservée (2 Tim, IV, 7).

Assurance joyeuse ! Brillant avenir ! Des fidèles tels que ceux-ci peuvent se réjouir du départ pour être avec Christ ; ils peuvent souhaiter cette heure qui approche rapidement, où Jésus les présentera avec une joie excellente, purs de toute souillure, à Dieu son père.

Le soir de la vie !
Le soir, c'est le moment de la prière. Le petit enfant joint ses mains et murmure ses simples paroles de supplication et d'actions de grâce ; la famille se réunit pour le culte domestique ; le chrétien se retire dans le silence du cabinet, il ferme sa porte et il prie son Père qui le voit dans le secret. La tranquillité comparative qui règne autour de lui, le repos qui se répand sur toute la nature calme l'esprit du fidèle fatigué par le faix du jour, et l'invite à des rapports intimes et bénis avec son Créateur.
Le soir de la vie ne devrait-il pas lui apporter aussi du calme et de l'élévation dans les sentiments ? La prière particulière, privilège et devoir de tous ceux qui ont été enseignés de Dieu, est une action tout spécialement appropriée au chrétien âgé.
Obligé d'abandonner les occupations actives des jours d'autrefois, souvent incapable de lire beaucoup, même les meilleurs livres, et privé peut-être des bienfaits du culte public si vivement apprécié, avec quelle reconnaissance il goûte le privilège inestimable de verser son coeur en secret devant Dieu et de converser avec son Père céleste : « Je ne puis presque plus parler ni lire, » disait un vénérable serviteur de Dieu dont les jours étaient comptés, « mais, » et un sourire de bonheur illumina son visage ridé, « je peux prier. Dans les moments où je suis le plus faible, et sans même ouvrir la bouche, je puis présenter mes requêtes à Dieu et le louer de la miséricordieuse bonté dont il a usé envers moi. »

Que le soir de votre vie soit consacré à la prière, car au terme aussi bien qu'au début de votre carrière de chrétien, vous êtes entièrement dépendant de la providence de Dieu. Allez donc avec hardiesse au trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et demander à Celui qui l'occupe de vous aider dans les moments difficiles.
La vieillesse a ses épreuves et ses besoins particuliers, mais : « Demandez et il vous sera donné ; » telle est l'inscription qui surmonte le trône de miséricorde. Oui, demandez la force qui vous est nécessaire pour accepter joyeusement la volonté de Dieu, demandez le secours dont vous ne sauriez vous passer à l'heure de la mort, à ce moment où le coeur et la chair vous feront défaut ; demandez pour ceux que vous laisserez derrière vous, la consolation et la direction que vous désirez pour eux. Celui qui est capable de faire infiniment plus que nous ne pouvons penser et demander, entendra vos prières quelque faibles qu'elles soient, et vous répondra.

Le soir de la vie !
Ces paroles vous paraissent-elles mélancoliques ? Elles disent, il est vrai, que le brillant soleil de la jeunesse et de la maturité est passé, que la santé et l'énergie qui accompagnaient vos pas dans la carrière que vous avez parcourue, vous ont abandonné ; que la nuit de la mort s'étendra bientôt sur vous, et qu'il faudra fermer vos yeux à tout ce que vous aimez, à tout ce qui est aimable ici-bas.

Mais ces faits seront-ils donc mal reçus du chrétien ? Bien au contraire, ils devraient l'encourager à la joie, aiguillonner son espérance. Longtemps étranger et voyageur sur la terre, ces signes de décadence ne sont-ils pas pour lui la preuve qu'il est sur les frontières de cette céleste patrie qu'il a recherchée avec ardeur ?
L'homme du monde peut se laisser aller à la douleur en voyant se faner les fleurs qu'il serrait dans ses mains, mais le trésor du chrétien est au ciel et son coeur avec lui. L'âme orpheline peut frémir à la pensée de cette éternité inconnue ; mais l'enfant de Dieu ne peut que se réjouir en se disant que bientôt il ira « vers son Père. »

Le soir de la vie !
Ah ! pour le chrétien avancé en âge, c'est le gage d'une matinée éternelle qui bientôt va luire sur son âme rachetée et sanctifiée : Car le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru (Rom. XIII, 11). Soyez reconnaissant lorsque les ombres du soir s'épaississent autour de vous, elles sont les précurseurs inévitables du jour qui approche. Avec calme et confiance, comme un enfant qui s'endort dans les bras de sa mère : « Vous dormirez en Jésus, » pour vous réveiller dans ce monde meilleur et saint où II n'est besoin ni du soleil, ni de la lune pour luire en lui, car la clarté de Dieu l'a éclairé, et l'Agneau est son flambeau (Apoc. XXI, 23). Absent de ce corps, vous serez immédiatement avec le Seigneur (2 Cor. V, 8). Vous verrez sa face en justice, et vous serez rassasié de sa ressemblance lorsque vous vous réveillerez (Ps. XVII, 15).


Table des matières

 

- haut de page -