LE SERPENT
D'AIRAIN
LES TYPES ET LES PARABOLES.
Nous enseigner les vérités
spirituelles au moyen de types et de paraboles,
c'était à la fois la manière
la plus ingénieuse et la plus digne d'un
Dieu plein de sagesse et d'amour, qui savait
combien notre faible intelligence est peu capable
de saisir les idées purement
abstraites.
Les comparaisons faites par les hommes ont leur
danger. Aucun de nous ne possède
complètement la vérité ;
et quand nous essayons de la représenter par
des images imparfaites, nous risquons de la
dénaturer plus encore qu'en l'exposant d'une
manière didactique. Les écarts de
l'imagination humaine sont à redouter ;
mais lorsque Dieu condescend lui-même
à nous enseigner, nous pouvons être
sûrs qu'il nous présente la
vérité dans sa divine
intégrité. C'est ainsi que les
paraboles et les types des Écritures
revêtent, aux yeux du chrétien, un
caractère d'inimitable perfection ; ils
nous révèlent la pensée
même de Celui qui ne saurait ni se tromper ni
tromper ses créatures.
Ce mode d'enseignement est si simple, qu'il est
à la portée des esprits les moins
développés. Celui qui ne peut
comprendre les raisonnements de saint Paul saisira
sans peine le sens de la parabole de l'Enfant
prodigue. Ce récit des Évangiles,
dans sa sublime simplicité, lui
révélera des choses profondes, qui,
revêtues d'une autre forme, n'eussent point
été accessibles à son
intelligence.
L'Ancien Testament nous enseigne par des types, le
Nouveau par des paraboles. Le type, c'est la
vérité préfigurée au
moyen d'emblèmes inanimés ou de
personnages vivants. Le judaïsme, avec ses
ordonnances multipliées et ses
cérémonies pleines de significations
spirituelles, nous est encore
très utile puisque les types qu'il nous
présente nous révèlent en
détail les glorieuses vérités
réalisées par l'Évangile. Ces
types, comparés au brillant soleil du
christianisme, qui montre sans voile la gloire de
Dieu en Jésus-Christ, ne nous apparaissent,
il est vrai, que semblables aux pâles rayons
de la lune. Mais, de même qu'une
lumière trop vive nous empêche souvent
d'étudier les contours d'un paysage, et que,
pour le bien connaître, il est bon de le voir
quelquefois à la douce clarté de
l'astre des nuits, de même il nous est bon de
revenir parfois aux enseignements de
Moïse : le demi-jour que l'Ancien
Testament projette sur l'Évangile nous aide
à sonder celui-ci avec plus d'intelligence
et plus de fruits.
Les types abondent dans l'Ancien Testament ;
le Nouveau en rappelle et en explique un grand
nombre. Il est important de nous méfier de
nous-mêmes dans cette étude, et de ne
point aller au delà de ce qu'indique
clairement la Parole inspirée.
L'Épître aux Hébreux, en
particulier, nous dévoile le sens profond du
culte mosaïque. Les victimes immolées
sur l'autel d'airain ; la cuve où se
purifiaient les sacrificateurs ; l'autel des
parfums, symbole glorieux de l'intercession
permanente de Christ ; le voile du temple, qui
cachait les splendeurs du sanctuaire, et que la
sainteté d'un Moïse, d'un Samuel et
d'un Élie n'avait pu enlever, mais qui se
déchira du haut en bas
à la mort volontaire de Jésus :
quels magnifiques emblèmes ! et quelles
saintes lumières ne jettent-ils pas sur
l'oeuvre parfaite de Christ !
Arrêtons-nous maintenant devant le serpent
d'airain, élevé par Moïse dans
le désert. On peut dire que le plan du salut
tout entier est renfermé dans ce fait
symbolique : la chute de l'homme, son
impuissance pour le bien, son relèvement par
la foi au sacrifice de Christ, toutes ces
vérités capitales y sont clairement
figurées.
Les Israélites, mordus par les serpents,
représentent l'humanité perdue. Les
yeux du Tout-Puissant contemplent à toute
heure cette humanité mourante, grande
famille de condamnés qui succombent à
leurs blessures. Quel tableau pour lui ! La
mort est passée sur tous les hommes, parce
que tous ont péché ; non
seulement la mort corporelle, mais aussi la mort
éternelle, celle qui sépare
l'âme de Dieu, source de toute
véritable vie.
Les enfants d'Israël ne trouvèrent
point autour d'eux de remède à leurs
blessures : le désert de ce monde n'en
offre pas non plus à nos âmes
empoisonnées par le péché.
L'éducation, la philosophie, la culture
intellectuelle, peuvent rendre l'homme capable de
vertus sociales ; mais tous ces palliatifs
n'ont aucune puissance pour changer le coeur et
pour lui rendre la vie spirituelle que Satan lui a
ôtée. La miséricorde divine
peut seule nous fournir un
remède et opérer notre
délivrance.
Moïse éleva un serpent d'airain au
désert, et, pour nous, Jésus fut
élevé sur une croix.
Qu'avons-nous donc à faire pour obtenir la
guérison ?
L'Israélite était sauvé par le
moyen d'un seul regard ; et c'est aussi en
élevant un regard plein de confiance vers
Celui qui fut maudit à notre place, que nous
sommes délivrés de la colère
à venir.
En même temps que la guérison, nous
obtenons une vie nouvelle et divine, et nous sommes
rendus capables de rentrer pour jamais dans la
communion du Seigneur.
C'est Dieu seul qui opère ces choses, c'est
lui seul qui fait éclater sa grâce
envers les pauvres pécheurs. Que toute
gloire lui soit donc rendue ! Il nous aima le
premier ; il nous sauva de la mort
éternelle par le sacrifice de son Fils, et
il nous rend participants de sa sainteté.
Rachetés à un si grand prix, le coeur
rempli de reconnaissance et de joie par le
Saint-Esprit, ne nous écrierons-nous pas,
comme les enfants d'Israël
délivrés : « Que
rendrons-nous à
l'Éternel ? »
Voilà le rapide sommaire des
vérités importantes que nous allons
étudier en détail. Le commentaire du
récit de l'Ancien Testament qui va fixer
notre attention nous est donné par le
Seigneur Jésus lui-même, disant
à Nicodème : Comme Moïse
éleva le serpent dans le désert, de
même il faut que le Fils de l'homme soit
élevé.
Puisse l'Esprit-Saint, dont nous implorons
l'assistance, bénir ces quelques
réflexions pour les âmes
indifférentes ou mal affermies qui les
liront !
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