Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



POUVEZ-VOUS MOURIR TRANQUILLE?



(suite)

 La loi, dites-vous, est devenue tolérante jusqu'à une certaine limite ; au-delà de cette limite elle cesse de l'être. Si donc les désobéissances d'un homme à la loi ne vont pas au-delà de cette limite, il sera acquitté ; mais si elles vont au-delà de cette limite, il sera condamné.

Dans cette supposition, pour savoir si vous serez acquitté ou condamné, il faut savoir si vous êtes en deçà ou au-delà de cette limite de la tolérance divine. Pensez-vous que cette question puisse être résolue avec l'assurance qui est nécessaire sur un lit de mort ?
Ne reconnaissez-vous pas au contraire, à première vue, qu'il y a là quelque chose de vague et d'indéterminé, qui exclut toute assurance ?

Si vous hésitez à en convenir, remarquez que cette question en renferme deux autres.
La première : Où se trouve la limite de la tolérance divine ?
La seconde : Où suis-je moi-même ?

La première de ces questions vous paraît-elle susceptible d'une réponse certaine ? et vous chargeriez-vous du soin de marquer la limite de la tolérance divine, qu'il faut bien que vous marquiez cependant puisque Dieu ne l'a marquée nulle part, n'ayant jamais parlé dé loi mitigée ?

La seconde de ces questions, à son tour, vous paraît-elle susceptible d'une réponse certaine ? et vous chargeriez-vous d'indiquer le degré précis de votre thermomètre moral ?
Mais si ni l'une ni l'autre de ces questions n'est susceptible d'une réponse certaine, ne voyez-vous pas que la question de votre salut qui les réunit toutes deux renferme un double élément d'incertitude, et ne peut jamais être résolue avec l'assurance qui est nécessaire pour mourir tranquille ?

Ces réflexions sont trop abstraites peut-être pour frapper également tous les esprits. Mais donnons-leur une forme plus sensible, et tout le monde en reconnaîtra la justesse.
Divisons par la pensée le genre humain en un certain nombre de classes, où tous les hommes seraient rangés chacun selon sa valeur morale, estimée d'après une balance exacte des ressources dont il a joui et du parti qu'il en a tiré.
Formons par exemple vingt classes, dont la première renfermera les hommes qui ont la plus grande valeur morale, c'est-à-dire ceux qui, malgré une mauvaise éducation, de mauvais exemples, de mauvais conseils, sont devenus cependant des plus gens de bien ; la vingtième, ceux qui ont la moindre valeur morale, c'est-à-dire ceux qui, malgré une bonne éducation, de bons exemples, de bons conseils, sont devenus des plus mauvais sujets ; et les classes intermédiaires, les degrés intermédiaires de valeur morale entre ces deux extrêmes, par un décroissement successif depuis la première jusqu'à la vingtième.

De ces vingt classes, d'après votre théorie de la loi mitigée, les unes seront acquittées au tribunal de Dieu, les autres y seront condamnées ; et la question que vous avez à résoudre pour vous-même est celle-ci : Suis-je dans une des classes qui seront acquittées ou suis-je dans une des classes qui seront condamnées ?
Cette question en renferme deux autres : Quelles classes seront acquittées ou condamnées ? Dans quelle classe suis-je moi-même ?

D'abord, quelles sont les classes qui seront acquittées et quelles sont celles qui seront condamnées ?
S'il s'agit des classes extrêmes, la réponse ne vous paraîtra pas difficile. Vous affirmerez peut-être sans hésiter que la première classe sera acquittée et que la dernière sera condamnée. Vous oserez probablement affirmer encore que la seconde, la troisième classe seront acquittées, et que la dix-neuvième, la dix-huitième seront condamnées. Mais à mesure que vous approchez des classes du milieu ; la question devient plus délicate à trancher ; l'hésitation naît, croît et se change enfin en un doute interminable.
La neuvième classe, la dixième, la onzième sera-t-elle acquittée ou condamnée ? Cette première question peut-elle être résolue d'une manière certaine ?

Mais je veux qu'elle puisse être résolue, qu'elle l'ait été et que vous sachiez, par exemple, que les onze premières classes seront acquittées et que les neuf autres seront condamnées.
Reste à résoudre cette autre question : Quelle est la classe à laquelle j'appartiens moi-même ?
Si vous appartenez, selon vous, à l'élite de l'humanité ; si vous êtes un de ces hommes qui, dans la position la plus ingrate, ont atteint les premiers rangs de la vertu, vous n'hésiterez peut-être pas à vous ranger dans une des trois ou quatre premières classes.
Mais si vous avez moins de mérite ou plus de modestie ; si vous tenez compte des avantages dont vous avez joui et avec lesquels le malfaiteur serait peut-être devenu plus homme de bien que vous, et des difficultés que le malfaiteur a rencontrées et avec lesquelles vous seriez devenu peut-être plus criminel que lui ; si vous regardez enfin toutes les faces de la question que vous avez à résoudre, pensez-vous qu'il vous soit possible de déterminer avec certitude si vous devez vous ranger dans la neuvième classe ou dans la dixième, dans la dixième ou dans la onzième, dans la onzième ou dans la douzième ? et ici il faut savoir, puisqu'absous si vous appartenez à l'une de ces deux classes, vous êtes condamné si vous appartenez à l'autre. Cette seconde question peut-elle être résolue d'une manière certaine ?

Comprenez donc, je le répète, que dans votre système de loi mitigée, la question de votre salut renferme un double élément d'incertitude, et que vous ne pouvez avoir rien d'assuré concernant le résultat de votre jugement.
Ah ! si les développements dans lesquels je viens d'entrer ne vous en avaient pas convaincus, placez-vous par la pensée sur votre lit de mort, et vous achèverez de voir la vérité de ce que je viens de vous dire.
Supposez-vous à ce moment solennel n'ayant d'autre manière de vous prémunir contre les frayeurs du jugement que de résoudre des questions telle que celle-ci :
« Ai-je bien eu le degré de vertu nécessaire pour mériter l'indulgence de la loi ? N'ai-je bien eu que le degré de péché qu'elle tolère ? Et si j'avais dépassé la limite fatale ? Ai-je fait assez de bonnes oeuvres ? et s'il en fallait davantage ! que sais-je ? Oh ! qui me ferait connaître exactement, et ce que Dieu exige, et ce que je suis moi-même ?..... » Malheureux !

Réduit pour vous tranquilliser à mesurer des choses pour lesquelles vous n'avez point de mesure, comment pourrez-vous jamais dire : « Je suis assuré ; je meurs en paix ? »
Eh ! quelle paix pourriez-vous trouver dans la solution d'une question de plus ou de moins, qu'une paix de plus ou de moins aussi, qu'une paix qui va et qui vient dans votre misérable coeur, qu'une paix qui entre et qui sort tour à tour, qu'une paix enfin qui n'est pas la paix ? Non, non : ce n'est pas un calcul de probabilité qui peut vous donner la paix sur un lit de mort ! Reconnaissez-le donc : quand il serait possible que la loi de Dieu fût mitigée, cela ne vous servirait de rien ; et encore une fois, si vous n'avez pas d'autre fondement à votre tranquillité que cette espérance, vous vous séduisez vous-même : ce fondement est illusoire ; vous ne pouvez pas mourir tranquille.

Reste-t-il encore quelqu'autre fondement sur lequel vous puissiez appuyer votre tranquillité, ô vous qui vous assurez sur votre conduite ? Je n'en connais point ; je dis plus, vous n'en connaissez pas vous-même, vous n'en pouvez pas connaître.
Il faut de toute nécessité que votre conduite sur laquelle vous vous appuyez et la loi d'après laquelle vous serez jugés, soient d'accord : votre acquittement est à ce prix. Cela ne peut avoir lieu que de l'une ou de l'autre de ces deux manières : ou que votre conduite soit trouvée conforme à la loi, ou que la loi soit rendue conforme à votre conduite.
Il n'y a que cette alternative. Vous ne pouvez sortir de ce cercle fatal. Or, je vous ai demandé d'abord si votre conduite a été conforme à la loi, et vous avez été contraint de répondre : « Non, elle n'y a point été conforme ».
Nous avons recherché ensuite si la loi peut être accommodée à votre conduite, et la raison, la Bible, la croix de Jésus-Christ ont répondu : « Non, elle n'y peut être accommodée ».
Enfin, pour comble d'évidence, nous avons examiné si à rejeter la raison, à fermer la Bible, à ôter la croix et à prêter à Dieu une loi mitigée, vous pourriez vous assurer que vous avez observé au moins cette loi-là, et les raisonnements se sont pressés pour crier : « Non, vous ne pourriez jamais vous en assurer. »

Quel espoir peut-il vous rester encore ? Comment peut se terminer jamais ce débat interminable entre votre conduite qui ne peut atteindre la loi, et la loi qui ne peut se plier à voire conduite ?
Comment, si ce n'est par votre condamnation ? Cette condamnation peut seule rétablir l'ordre, faire la part de votre conduite et celle de la loi, faire justice à vous et à Dieu.
Cette condamnation est inévitable ; et si vous paraissez tel que vous êtes au tribunal de Dieu, si vous mourez aujourd'hui..... Mais je n'ai pas besoin d'aller si loin. Il me suffit de vous avoir prouvé, et je crois l'avoir fait avec une évidence presque mathématique, que pour dire le moins, vous ne pouvez avoir aucune certitude de n'être pas condamnés ; donc aucune tranquillité en mourant.

Mais alors, mes frères, mes chers frères, que faites-vous ? et si vous ne pouvez pas mourir tranquilles, par quel enchantement, par quel secret avez-vous appris à vivre tranquilles ?

Quoi ! vous pouvez mourir à chaque instant ; vous ne savez pas quelle sera votre sentence éternelle ; vous avez tout lieu de croire que vous serez condamnés, et tout au plus pouvez-vous prétendre à je ne sais quelle espérance, quelle chance vague de ne l'être pas : et votre visage est tranquille ! et vous pouvez dormir tranquilles ! et vous faites tranquillement vos affaires ! que dis-je ? et vous jouissez de la vie ! et vous fréquentez la maison de fête ! et vous vous en allez, riant, chantant, dansant, vers le tribunal du souverain Juge, sans vous en mettre plus en peine que si vous alliez vers une urne d'où votre destinée éternelle devrait être tirée au sort ; curieux de savoir après tout si c'était ce docteur-ci ou ce docteur-là qui avait raison, si la Bible était une inspiration de Dieu ou une imposture des hommes, si le paradis et l'enfer étaient des réalités ou des chimères, et si votre partage doit être une félicité éternelle ou une éternelle misère !

Ah ! s'il y a quelque chose au monde de plus déplorable que les terreurs du jugement qui vous est réservé, c'est la sécurité dans laquelle vous l'attendez.
Mais non, je vous fais injure. Ces réflexions, ce discours, j'en ai la conviction, ont porté dans vos coeurs un trouble salutaire. Il y a dans ce sujet une force, une évidence qui ferait trembler les pierres même.
Le voile tombe, votre sécurité se dissipe, un nouveau jour vous éclaire, la mort vous alarme, le jugement vous effraie et vous sentez enfin qu'il ne faut pas rester dans l'état où vous êtes, pas un jour de plus, pas une heure.
Mais comment en sortir ?

Y a-t-il quelque moyen de nous assurer d'avance une sentence favorable pour le dernier jour ? Y a-t-il un homme au monde qui puisse comparaître au tribunal de Dieu avec l'assurance qu'il n'y sera point condamné ? Et vous, qui renversez l'un après l'autre tous les appuis de notre tranquillité, en avez-vous de plus solides pour vous-même ? Prédicateur de notre trouble, pouvez-vous enfin mourir tranquille ?

Oui, je puis mourir tranquille. Oui, quand il me faudrait mourir aujourd'hui, je m'en irais avec la bienheureuse assurance que je ne serai point condamné.
Mais, grâces à Dieu, je ne suis pas le seul qui puisse répondre ainsi à votre question. C'est la réponse que feraient à la même question un certain nombre de membres de cette assemblée. C'est la réponse qu'y feraient un grand nombre d'hommes qui vivent aujourd'hui dans toutes les parties du monde. C'est la réponse qu'y auraient faite une multitude d'autres dont la confiance a été mise à l'épreuve et ne s'est point démentie sur un lit de mort. Oui, nous pouvons mourir tranquilles.

« Et pourquoi vous plus que nous ? » vous écriez-vous peut-être ; « quelle présomption, quelle folie ! »
Attendez. Nous n'avons pas condamné votre assurance avant d'entendre vos raisons : entendez-nous aussi avant de nous juger. Nous allons, si vous le voulez, changer de place.
Tantôt vous avez comparu pour ainsi dire devant notre tribunal ; nous vous avons soumis a une sorte d'interrogatoire ; nous avons examiné les fondements de votre tranquillité, et nous les avons trouvés tous sans force et sans solidité.
Maintenant, nous allons à notre tour comparaître devant votre tribunal ; nous subirons votre interrogatoire ; vous examinerez les appuis de notre assurance, et c'est vous qui jugerez si elle repose comme la vôtre sur le sable ou si elle s'appuie sur le rocher des siècles.

Vous nous demanderez d'abord si nous trouvons dans notre conduite cette conformité à la loi de Dieu que nous vous avons démontré n'être pas dans la vôtre. Non : nous avons transgressé la loi comme vous, plus que vous peut-être, et chacun de nous se regarde comme « le premier des pécheurs (1. Tim. I, 15. ). »
Est-ce donc que nous espérons pour nous-mêmes dans la loi ces adoucissements que nous vous avons démontré encore que vous ne sauriez attendre pour vous ? Non : quand nous aurions lieu de les espérer nous n'en serions pas plus tranquilles ; mais nous avons horreur de cette espérance, et nous croyons que la loi de Dieu ne peut être adoucie pour personne.
« Mais alors », direz-vous, « qu'est-ce donc qui vous rassure ? et quelle différence y a-t-il entre votre condition et la nôtre » ?

Reportez-vous au commencement de ce discours. Nous sommes partis de cette pensée que ceux a qui nous nous adressions appuyaient leur tranquillité sur leur conduite, et disaient, ce que disent en effet l'immense majorité des hommes : « Nous pouvons mourir tranquilles parce que notre conduite n'est pas » telle que nous ayons mérité la condamnation de Dieu. » C'est à ce point de départ que s'est rapporte tout notre discours, et c'est par cet endroit que nous avons constamment attaqué et détruit votre tranquillité ; soit quand nous vous avons montré que votre conduite n'a pas été en harmonie avec la loi ; soit quand nous vous avons fait voir que la loi ne peut être accommodée à votre conduite ; soit enfin quand nous vous avons prouvé que le fût-elle, vous ne pourriez jamais vous assurer que vous possédez même ce degré de moralité que la loi mitigée exigerait dans votre conduite.

Votre conduite, toujours votre conduite, c'est le côté ruineux de votre tranquillité. Eh bien ! c'est ici la différence qui est entre votre condition et la nôtre : nous ne nous appuyons pas sur notre conduite ; et ainsi aucun des coups qui viennent d'être portés à votre tranquillité n'a touché à la nôtre, qui a un tout autre fondement.
Ce fondement., nous ne le cherchons pas en nous-mêmes, mais dans un autre, selon ce qui est écrit : « II y a un Médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme (I Tim. II, 5). »

C'est sur Jésus-Christ que nous appuyons notre espérance ; c'est à cause de ce qu'il a fait que nous pouvons mourir tranquilles (1) : développons notre pensée.

Nous avons appris de la Bible, qui est la parole inspirée de Dieu et dont le témoignage est autant au-dessus de tous les raisonnements humains que l'autorité divine est au-dessus de l'autorité humaine, que Dieu, voyant que tous les hommes étaient sous la condamnation par leurs oeuvres et qu'aucun d'entre eux, « non pas même un seul », ne pouvait comparaître devant lui sans être inévitablement foudroyé par sa loi sainte, a conçu pour justifier l'homme devant son propre tribunal un plan où l'on ne sait ce qu'on doit admirer le plus, de l'ineffable miséricorde ou de la profonde sagesse qu'il y fait paraître.
Il a établi un Médiateur entre lui et l'homme. « II a envoyé son Fils, né d'une femme et assujetti à là loi (Gal. IV, 4). »
C'est lui, c'est ce Fils de Dieu qui par un incompréhensible mystère est aussi Fils de l'homme, que Dieu a chargé du soin de réconcilier avec lui l'homme coupable et condamné. Unissant en lui la nature divine et la nature humaine ; ayant à la fois les perfections de la première et les infirmités innocentes de la seconde ; éternel comme Dieu, naissant et mourant comme l'homme ; puissant comme Dieu, sujet à la fatigue et à la souffrance comme l'homme ; saint comme Dieu, tenté comme l'homme ; enfin « Emmanuel », c'est-à-dire « Dieu avec nous », il s'est placé entre Dieu et nous pour être condamné à notre place et mériter ainsi notre absolution.

Il a commencé par vivre comme un homme au milieu des hommes, mais sans péché, accomplissant la loi comme il eût fallu que nous l'accomplissions pour mériter par nos oeuvres la vie éternelle. Puis il s'est mis entre Dieu et nous sur la croix. La, il prend sur lui nos péchés ; c'est sur lui que la loi frappe le coup que nos péchés avaient rendu inévitable ; et tout a la fois notre conduite est condamnée, la loi est satisfaite, et pourtant, ô prodige ! nous sommes acquittés. Car le Médiateur ne reste pas dans le tombeau : il en sort le troisième jour, et Dieu déclare ainsi qu'il le reconnaît pour son Fils et qu'il accepte son sacrifice en expiation de nos péchés. Puis il monte au ciel, il s'assied à la droite de Dieu et garde par son intercession ceux qu'il a rachetés par sa mort.

Voilà l'oeuvre que Jésus-Christ homme a accomplie, comme Médiateur entre Dieu et les hommes, selon ce qui est écrit : « Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec soi, ne leur imputant point leurs péchés. Car il a fait celui qui n'avait point connu de péché être péché pour nous, afin que nous fussions justice de Dieu en lui (2 Cor. V, 21.). »

Toutefois cette médiation n'absout pas tous les hommes.
Qui sont donc ceux qu'elle absout ? Ce sont, nous dit encore la Bible, ceux qui y participent par la foi, ceux qui croient en Jésus-Christ (Act. XVI, 31.), c'est-à-dire ceux qui se sentant perdus et incapables à tout jamais de se sauver eux-mêmes, se reposent de leur salut sur Jésus-Christ seul, et le mettent entre Dieu et eux comme leur unique espérance.

Par cette foi, il se forme entre Jésus et le croyant une union intime et indéfinissable.
Celui qui croit s'associe et s'unit à Jésus ; il devient un sarment de la vigne dont Jésus est le cep (Jean XV, 5.), un membre du corps dont il est la tête, os de ses os, chair de sa chair (Eph. V, 30.) ; un avec lui, comme lui est un avec le Père (Jean XVII, 21, 22.) ; si bien que cette expression, « croire en Jésus-Christ », et celles-ci, « être en Jésus-Christ, demeurer en Jésus-Christ, avoir Jésus-Christ demeurant en soi, être de Jésus-Christ, » ont la même signification dans le langage des Apôtres. »

Alors, comme rien n'arrive à la tête que tout le corps ne s'en ressente, et que la tête ne peut être dans aucun endroit que tous les membres ne l'y suivent, le croyant entre aussi en partage de l'oeuvre de Jésus-Christ, et Jésus-Christ ne fait rien que le croyant ne fasse avec lui.
S'il meurt, nous mourons ; s'il ressuscite, nous ressuscitons ; s'il monte au ciel, nous y montons aussi ; s'il jouit de la vie éternelle, nous en jouissons avec lui.
Ainsi s'accomplit ce mystérieux échange, par lequel nos péchés viennent sur Jésus-Christ et sa justice vient sur nous. Par la foi, sa médiation nous est appropriée, ou selon une énergique expression de St. Paul, la parole du salut est « mêlée avec nous (Hébr. IV, 2), » et Jésus-Christ n'est plus seulement pour nous le Sauveur, mais notre Sauveur, selon ce qui est écrit : « Celui qui croit en lui ne sera point condamné ; celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui croit ne viendra point sous la condamnation, mais il est passé de la mort « à la vie (Jean III, 18, 36: V, 24.) ; » et encore : « II n'y a maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ (Rom. VIII, 1.). »

Après les explications que nous venons de vous donner, vous pouvez comprendre le secret de notre tranquillité : nous pouvons mourir tranquilles parce que nous croyons en Jésus-Christ.
Nous croyons en Jésus-Christ, ai-je dit ; mais en sommes-nous bien assurés ?
O vous, qui invoquez avec moi le nom de Jésus-Christ, c'est ici que nous devons faire un sérieux retour sur nous-mêmes. Avant de nous présenter à l'interrogatoire que nous allons maintenant subir, nous sommes-nous bien interrogés nous-mêmes devant Dieu pour voir si nous sommes dans la foi, je dis dans la foi qui sauve ?

Il y a, vous le savez, une foi vivante et une foi morte ; et la foi qui justifie, c'est la foi vivante ; la foi morte ne justifie personne ; elle provoque au contraire une condamnation plus terrible (Luc XII, 47.).
Avons-nous cette foi vivante, qui se montre par le renouvellement du coeur et par la sainteté de la vie ? Car « à ceci nous savons que nous l'avons connu, si nous gardons ses commandements (I Jean II, 3.) ; mais si nous demeurons dans le péché, tout en invoquant le nom de Jésus-Christ, nous nous séduisons nous-mêmes », nous n'avons point de part avec lui (2).
Préservons-nous de la plus funeste des illusions, ou plutôt supplions Dieu de nous en préserver ; et ne disons pas légèrement foi, foi, où il n'y a point de foi, de peur que nous ne soyons trouvés aussi disant « paix, paix, où il n'y a point de paix (Jér. VI, 14.). »
Veillons donc, examinons-nous. Mais aussi n'allons pas nous figurer qu'il n'y ait aucun moyen certain de savoir si nous avons la foi qui sauve, et nous condamner par une humilité mal entendue à une incertitude perpétuelle.

La paix, cet heureux état d'une âme qui sait qu'elle est réconciliée avec Dieu, nous est promise et recommandée dans l'Écriture Témoin ce voeu par lequel les apôtres ont coutume de commencer leurs Épîtres : « Que la grâce et la paix vous soient données » ; témoin cette promesse que Jésus-Christ laisse en mourant à ses disciples : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix (Jean XIV, 27.) » ; témoin aussi ce tendre souhait avec lequel il les aborde par deux fois le jour de sa résurrection : « La paix soit avec vous (Jean XX, 19. 21) ! » et encore huit jours après : « La paix soit avec vous (Jean XX, 26.) ! »
Si St. Jean écrit à ceux qui ne croient point, « afin qu'ils croient que Jésus est le Christ et qu'ils aient la vie par son nom » (Jean XX, 31.), il écrit ailleurs « à ceux qui croient au nom du Fils de Dieu, afin qu'ils sachent qu'ils ont la vie éternelle » (I Jean V, 13.).
Il y a pour une âme humble et sincère des marques certaines et clairement indiquées dans la Parole de Dieu, auxquelles elle peut reconnaître qu'elle est dans la foi, dans la foi qui sauve.
Quand vous aurez trouvé que vous avez mis toute votre espérance en Jésus-Christ seul ; quand vous aurez trouvé qu'un coeur nouveau et un esprit nouveau vous a été donné ; quand vous aurez trouvé que vous avez commencé à aimer le Seigneur et son peuple (I Jean III, 14.) ; quand vous aurez trouvé, je ne dis pas que vous êtes sans péché, mais qu'au lieu d'ignorer votre péché comme autrefois, vous le connaissez ; qu'au lieu de l'aimer, vous le haïssez ; qu'au lieu de le tolérer, vous le combattez, et qu'au lieu d'en être vaincu, vous en êtes vainqueur ; quand vous aurez trouvé enfin que Dieu a envoyé dans votre coeur cet Esprit d'adoption qui vous dit : « Mon enfant, va en paix, tes péchés te sont pardonnés (Matth. IX, 2.) » ; oui, quand vous sentirez ce témoignage intérieur du Saint-Esprit qui donne à une âme une si forte assurance de l'amour de Dieu, que l'on persuaderait plutôt à une mère caressant son enfant sur ses genoux que l'amour maternel n'est qu'une illusion et qu'au fond cet enfant ne lui est pas plus qu'un autre, qu'on ne nous persuaderait à nous, ô mon Dieu, que tu n'es pas notre Père, que nous ne sommes pas tes enfants, que tu ne nous a pas reçus en grâce, que tu n'entends pas nos prières ; en un mot, quand après avoir fait un fidèle usage de tous ces moyens devons éclairer, dont après tout vous devez compte à Dieu plus qu'aux hommes, vous vous serez assuré que vous êtes dans la foi, dans la foi qui sauve, vous ne devez pas craindre de vous dire à vous-même, et de dire aussi aux hommes, ce qu'un saint Apôtre a dit avant vous : « Je sais en qui j'ai cru (2 Tim. I, 12.) », pourvu que vous en donniez toute la gloire au Seigneur ; à lui, qui s'appelle lui-même « le commencement et la fin ; » à lui, « de qui, par qui et pour qui sont toutes choses ; et auquel soit gloire aux siècles des siècles. » Amen (Rom. XI, 36.) ! »

Venez maintenant, vous qui voulez sonder le fondement de notre tranquillité dans la mort. Nous vous l'avons fait connaître : c'est Jésus-Christ, Médiateur entre Dieu et nous. Interrogez-nous, et jugez vous-mêmes si avec un tel appui nous avons sujet de mourir tranquilles.

Nous demanderez-vous comment nous pouvons mourir tranquilles, nous qui n'avons pas accompli la loi ? Cela est vrai, nous n'avons pas accompli la loi, et c'en serait assez pour nous jeter dans le désespoir, si c'était notre propre justice que nous eussions à opposer aux coups de la loi. Mais nous avons un Médiateur. C'est sa justice que nous opposons aux coups de la loi ;
c'est lui qui « nous a été fait justice de la part de Dieu (1 Cor. I, 30.) ; »
c'est lui « en qui nous avons été fait justice de Dieu (2 Cor. V, 21.) ; »
c'est lui « par l'obéissance duquel plusieurs sont rendus justes (Rom. V, 19.). »

Pour que nous puissions mourir tranquilles, il n'est pas nécessaire que nous trouvions en nous-mêmes le parfait accomplissement de la loi, il suffit que nous le trouvions dans la personne du Médiateur.

Jésus a-t-il parfaitement accompli la loi ?
voilà la question. Si vous pouvez nous prouver qu'il a manqué quelque chose à l'obéissance de Jésus-Christ, si vous pouvez nous prouver (pardonne, ô mon Sauveur ! une supposition qui t'outrage, mais à laquelle je ne consens que pour rehausser la gloire de ta sainteté ), si vous pouvez nous prouver qu'il y a eu dans tout le cours de sa vie un acte, une parole, une pensée qui ne fût pas la sainteté même, toute notre espérance s'écroule. Mais c'est là ce que vous ne nous prouverez jamais.
Car il est écrit qu'il a été « le Saint et le Juste (Act. III, 14.) » ;
que nous avons en lui « un souverain sacrificateur saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs (Héb. VII, 26.) ;
qu'il n'a point commis de péché et qu'il ne s'est point trouvé de fraude dans sa bouche (1 Pierre II, 22.) ; »
qu'il a pu dire à tout son peuple : « Je fais toujours les choses qui plaisent au Père (Jean VIII, 29.), »
et encore : « Qui de vous me convaincra de péché (Jean VIII, 46.) ; »
qu'il est « la splendeur de la gloire de Dieu et l'image empreinte de sa personne (Héb. 1,3. ), »
et qu'enfin « celui qui l'a vu a vu son Père (Jean XIV, 9. ). »

Après cela, « il n'y a aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ (Rom. VIII, 1.), » et nous pouvons mourir aussi tranquilles que si nous avions accompli toute la loi.
Nous demanderez-vous comment nous pouvons mourir tranquilles, nous qui avons mérité par nos oeuvres la condamnation de la loi (3? Cela est vrai ! nous avons mérité la condamnation, et c'en serait assez pour nous jeter dans le désespoir, s'il nous la fallait subir nous-mêmes. Mais nous avons un Médiateur. C'est lui qui « a porté nos péchés en son corps sur le bois » ; c'est lui, qui a été « navré pour nos forfaits et froissé par nos iniquités (Esaïe. LIII, 5). » Pour que nous puissions mourir tranquilles, il n'est pas nécessaire que nous ayons déjà souffert nous-mêmes la peine duc à nos péchés, il suffit que le Médiateur l'ait soufferte. Jésus a-t-il porté le châtiment de nos crimes ? l'a-t-il porté tout entier ? voilà la question. Si vous pouvez nous prouver que Jésus-Christ n'a pas porté la peine de nos péchés, ou que sa souffrance n'a pas été assez grande et son sang assez précieux devant Dieu pour les expier tous, toute notre espérance s'écroule. Mais c'est là ce que vous ne nous prouverez jamais.
Car il est écrit que « le sang de Jésus-Christ purifie de tout péché (I Jean I, 7.) ; » qu'il est la victime de propitiation, non seulement pour nos péchés, mais encore pour ceux de tout le monde (I Jean II, 2.) ; que nos péchés fussent-ils comme le cramoisi, ils seront blanchis comme la neige, et fussent-ils rouges comme le vermillon, ils seront blanchis comme la laine (Esaïe I, 18.) ; que l'Éternel a fait venir sur lui l'iniquité de nous tous, et que le châtiment qui est tombé sur lui nous procure la paix (Esaïe LIII, 5, 6.). »
Après cela, « il n'y a aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ », et nous pouvons mourir aussi tranquilles que si nous avions déjà subi toute la peine méritée par nos péchés.

Nous demanderez-vous encore comment nous pouvons mourir tranquilles, puisqu'enfin notre acquittement n'est point encore prononcé, qu'il ne doit l'être qu'au jour du jugement, et que notre espérance ne saurait être changée en certitude que lorsque Dieu lui-même nous aura déclarés affranchis de la condamnation ?
Cela est vrai, notre acquittement n'est point encore prononcé, et c'en serait assez pour nous tenir au moins dans une inquiétude insupportable, si nous ne pouvions connaître la sentence qui nous est réservée qu'au jour du jugement. Mais nous avons un Médiateur. C'est lui qui a été « frappé pour nous » et qui pour nous « a été retiré de l'angoisse et de la condamnation (Esaïe LIII, 4, 8.). »

Pour que nous puissions mourir tranquilles, il n'est pas nécessaire que notre délivrance ait été déjà proclamée, il suffit que celle du Médiateur l'ait été.
Jésus a-t-il été affranchi de la condamnation ? voilà la question.

Si vous pouvez nous prouver que Jésus-Christ n'a pas été délivré de la condamnation qu'il a subie pour nous ; si vous pouvez nous prouver qu'il est encore sous la malédiction de la croix et dans les humiliations du tombeau, toute notre espérance s'écroule.
Mais c'est la ce que vous ne nous prouverez jamais. Car il est écrit qu'après avoir été « livré pour nos offenses, il est ressuscité pour notre justification (Rom. IV, 25.) ; qu'il a été déclaré Fils de Dieu avec puissance par sa résurrection d'entre les morts (Rom. 1, 4.) ; qu'il est sorti du tombeau le troisième jour, qu'il a été vu des douze et de plus de cinq cents disciples à la fois (1 Cor. XV, 4, 6.), et que les Apôtres rendaient témoignage avec une grande force et au prix de leur sang à la résurrection du Seigneur Jésus (Act. IV, 33.). »

Après cela, « il n'y a aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ », et nous pouvons mourir aussi tranquilles que si nous avions déjà comparu au tribunal et entendu prononcer notre acquittement.

Nous demanderez-vous enfin comment nous pouvons mourir tranquilles dirai-je ? ou vivre tranquilles, nous, faibles, impuissants, infidèles, et qui, croyant aujourd'hui, pouvons nous détourner de la foi demain ?

Cela est vrai, nous sommes faibles, impuissants, infidèles, plus encore que vous ne pensez, et c'en serait assez pour nous tenir dans de continuelles angoisses, si nous n'avions de secours qu'en nous-mêmes. Mais nous avons un Médiateur.
C'est lui qui « accomplit tout pour nous (Psaume LVII, 3.). »
Pour que nous puissions vivre et mourir tranquilles, il n'est pas nécessaire que nous puissions nous maintenir nous-mêmes dans la foi, il suffit que le Médiateur puisse et veuille nous y maintenir.
Jésus peut-il et veut-il nous maintenir dans la foi ? Voilà la question.

Si vous pouvez nous prouver que Jésus-Christ soit faible, imparfait, infidèle comme nous, ou qu'après avoir opéré notre rédemption il nous abandonne à nous-mêmes, toute notre espérance s'écroule.
Mais c'est là ce que vous ne nous prouverez jamais. Car il est écrit qu'après être ressuscité des morts, Jésus « a été élevé au ciel qu'il s'est assis à la droite de Dieu (Marc, XVI, 19.), » que là « il prie pour nous (Rom. VIII, 33.) ; que si étant ennemis nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, beaucoup plutôt étant déjà réconciliés serons-nous sauvés par sa vie (Rom. V, 10.) ; que Dieu est fidèle, qui ne permettra point que nous soyons tentés au-delà de nos forces (I Cor. X, 12), et que celui qui a commencé en nous cette bonne oeuvre l'achèvera jusqu'à la journée de Christ (Phil. I, 6.). »

Après cela, « il n'y a aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, ». et nous pouvons mourir aussi tranquilles que si nous possédions par nous-mêmes la force de persévérer jusqu'à la fin.

Eh bien ! que dites-vous du fondement de notre tranquillité ? Le trouvez-vous croulant au premier choc comme celui sur lequel vous vous appuyez ? Ne le trouvez-vous pas au contraire ferme, inébranlable ? et n'avons-nous pas sujet de dire en le comparant avec le vôtre : « Leur rocher n'est pas comme notre rocher, et nos ennemis eux-mêmes en seront juges (Deut. XXXII, 31.) ? »

Ah ! si vous nous disiez qu'appuyés que nous sommes sur un fondement si solide, nous ne nous montrons pas aussi assurés que nous devrions l'être ; si vous nous disiez qu'avec une espérance si bien établie, il est étrange que nous ne jouissions pas d'une paix plus constante et plus profonde, et que nous ne portions pas une âme toujours contente sous un visage toujours serein ; cette fois nous n'avons rien à répondre, nous nous humilions jusqu'en terre, et nous confessons que vous avez raison et que nous avons tort. Oui, notre assurance est loin d'être aussi constante, aussi profonde qu'elle devrait l'être. Nous sommes loin, dans la pratique, de la théorie sublime que nous venons de vous exposer et qui est la vérité même.
Trop souvent encore l'inquiétude, la tristesse, le doute agite ces coeurs où devrait « régner la paix » (Col. III, 15.), et nous avons sujet de crier à Dieu, dans notre détresse : « Rends-moi la joie de ton salut » (Ps. LI, 12.).
Nous ne faisons pas difficulté de l'avouer devant vous, pourvu que vous compreniez bien que cet aveu, tout en humiliant nos personnes, relève la gloire de notre doctrine. Car pourquoi sommes-nous ainsi troublés ? C'est que nous manquons de foi au Médiateur. C'est qu'en disant : « je crois, Seigneur » ; nous sommes contrains d'ajouter : Subviens à mon incrédulité ! (Marc, IX, 24.) aussi n'est-ce pas quand notre foi est ferme que nous sommes ouverts à ces tristes pensées ; c'est au contraire, quand elle est faible et chancelante.
Par la foi, la paix ; peu de foi, peu de paix ; beaucoup de foi, beaucoup de paix.

Quoiqu'il en soit, plus vous vous appuyez sur votre conduite, plus vous devez être troublés ; et plus nous nous appuyons sur Jésus, plus nous pouvons être tranquilles ; parce que vous, plus vous regardez sur votre conduite et plus vous la trouvez défectueuse ; et nous, plus nous contemplons Jésus et plus nous le trouvons parfait, saint, puissant, fidèle, selon cette parole excellente : « L'oeuvre du rocher est parfaite (Deut. XXXII, 4.). »

Le rocher ! Ah ! si vous saviez combien ce nom nous est précieux !
Avec Jésus, je descends au plus profond de l'enfer, et ne vois dans le formidable accusateur des enfants de Dieu qu'un ennemi vaincu et hors d'état de me nuire !
Avec Jésus, je parcours la terre d'un bout a l'autre, et je marche en vainqueur « sur le lion et sur l'aspic (Ps. XCI, 13.) » et sur toutes les forces de l'ennemi !
Avec Jésus, je monte au plus haut des cieux, et dans mon juge je reconnais mon Sauveur !

Quoiqu'il en soit, Jésus, Jésus, c'est le seul nom que nous opposons à toutes les inquiétudes et à toutes les frayeurs !
Aux angoisses de la mort, Jésus ; aux terreurs du jugement, Jésus ; aux souffrances de la chair, Jésus ; aux défaillances de la foi, Jésus ; aux accusations de la conscience, Jésus ; aux tentations du démon, Jésus ; et à toutes vos questions, Jésus, Jésus !
Il est notre bouclier, notre espérance, notre vie, notre forteresse, notre paix, notre haute retraite ; et non pas à nous seulement, mais à tous ceux qui ont cru sincèrement en son nom, depuis le commencement de l'Église jusqu'à la fin, et aux siècles des siècles ! Car ce n'est point ici une doctrine nouvelle : ce sont les saints Apôtres de Jésus-Christ qui nous ont appris cette glorieuse et ferme assurance que nous venons de justifier trop faiblement devant vous ; et sans parler de St. Pierre, de St. Jean etc. (1 Jean IV, 17, 18 ; 2 Pier. I, 11, etc.), qu'ai-je fait autre chose dans ce que je viens de dire que développer ce que St. Paul a dit en quatre mots : « Qui intentera accusation contre les élus de Dieu ?
Dieu est celui qui justifie. Qui condamnera ? Christ est celui qui est mort, et qui plus est qui est ressuscité, qui aussi est à la droite de Dieu et qui même prie pour nous (Rom. VIII, 33, 34.). »

Et comment pourrais-je mieux conclure et tout ensemble confirmer tout ce qui précède que par ce cantique triomphant qui termine si admirablement cet admirable chapitre :
« Que dirons-nous donc à ces choses ? Si Dieu est pour nous qui sera contre nous ? Lui qui n'a point épargné son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il point aussi toutes choses avec lui ?
Qui intentera accusation contre les élus de Dieu ? Dieu est celui qui justifie.
Qui sera celui qui condamnera ? Christ est celui qui est mort, et qui plus est qui est ressuscité, qui aussi est à la droite de Dieu et qui même prie pour nous.
Qui est-ce qui nous séparera de l'amour de Christ ? Sera-ce l'oppression, ou l'angoisse, ou la persécution, ou la famine, ou la nudité, ou le péril, ou l'épée ? Au contraire, en toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Car je suis assuré que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les puissances, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne nous pourra séparer de l'amour de Dieu qu'il nous a montré en Jésus-Christ notre Seigneur. »

Et maintenant, que nous avons exposé et justifié devant vous, mes chers frères, le fondement de notre assurance, est-il quelqu'un de vous qui voulût renouveler encore contre la glorieuse tranquillité de ceux qui s'appuient sur Jésus, cette accusation banale de présomption et de folie qui vous échappait peut-être au premier instant ?

Pourriez-vous voir dans cette assurance de la présomption et accuser d'orgueil ceux qui la possèdent ? Mais vous n'auriez donc pas compris, quoique nous ayons pris soin de le répéter tant de fois, que nous appuyons cette espérance, non sur nos oeuvres, que nous croyons mauvaises, condamnables, condamnées, dignes du feu éternel ; mais sur la seule grâce, sur la grâce toute gratuite de Dieu ?
Vous n'auriez donc pas compris que dans cette dispensation merveilleuse de la miséricorde divine, le salut tout entier vient de Dieu et non de l'homme, qu'il est donné et non acheté, et que si nous en parlons devant vous, c'est pour donner gloire à Dieu, et pour vous porter à chercher à votre tour la même paix, qui est pour vous comme pouf nous ?

Quoi ! le pauvre enfant prodigue le coeur encore tout palpitant du bonheur nouveau qu'il a trouvé dans la maison de son père, ne pourra pas courir vers d'autres enfants prodigues, ses anciens compagnons de misère, pour leur dire : « Si vous saviez ce que m'a fait mon père ! À la place de cette fortune que j'ai dissipée, il m'en a donné une seconde plus belle que la première ; à la place des haillons dont j'étais couvert, des vêtements magnifiques ; à la place de cette nourriture que je partageais avec les vils pourceaux, les aliments de sa propre table ; à la place de cette société corrompue, sa société, son doux entretien. Il m'environne, il me comble, il m'accable de son amour. Ne voulez-vous pas aussi retourner à lui » ?

Ne pourra-t-il pas parler ainsi sans qu'on lui dise : « Orgueilleux, de quel droit viens-tu te vanter à nous des bontés de ton père ? » Et nous, « délivrés de cette crainte de la mort qui nous tenait esclaves toute notre vie (Héb. II, 15.) », ne pourrons-nous pas venir à vous qui êtes encore dans cet esclavage vous parler de notre bonheur et vous presser de croire comme nous pour être heureux comme nous ?
Mais enfin pensez de nous ce que vous voudrez ; nous ne pouvons pas ne pas « rendre témoignage de ce que nous avons vu et entendu » ; entendu de la parole de Dieu, vu dans l'expérience de la vie chrétienne.
Nous ne pouvons pas ne pas vous supplier de recevoir « cette Parole de vie, afin que vous ayez communion avec nous, et que nous ayons tous communion avec le Père et avec Jésus-Christ son fils ; et que nous vous annonçons ces choses afin que voire joie soit parfaite (1 Jean I, 3, 4.). »

Ah ! mes frères, si vous saviez ce que c'est que de ne pas craindre la mort ! Si vous saviez de quelle paix jouit, au sein même des agitations de la vie, une âme qui a jeté l'ancre sur le rocher des siècles !
Si vous saviez combien il vaut mieux s'appuyer sur le Seigneur que sur soi-même, combien il vaut mieux se reposer sur lui que sur les meilleurs d'entre les hommes (Ps. CXVIII, 8, 9.) !
Ou bien pourriez-vous taxer notre assurance de folie, et accuser ceux qui la possèdent de vaines imaginations ?
Mais vous n'auriez donc pas compris sur quelle autorité repose notre espérance !
Vous n'auriez donc pas compris que c'est à la Parole de Dieu toute seule que nous en appelons, à cette Parole qui est appelée « un argent affiné, épure au fourneau de terre par sept fois (Ps. XII, 7.) », et dans laquelle nous avons plus que les raisonnements les mieux déduits, puisque nous y avons le témoignage de Dieu même.

Mais quoiqu'il en soit, et dussiez-vous voir une folie de plus dans cette confiance sans bornes au témoignage du livre des livres, si vous tenez notre espérance pour insensée, ah ! sachez du moins (souffrez la hardiesse de notre langage), sachez du moins que la compassion que vous inspire notre folie n'égale pas celle que nous inspire votre sagesse, et que les prières que vous pouvez présenter à Dieu pour que nous devenions sages à votre manière, ne sauraient jamais être aussi ferventes que celles que nous lui présentons pour que vous deveniez fous à la nôtre. Oui, donne-leur, ô mon Dieu, donne-leur cette sainte et bienheureuse folie ! la folie de te croire, la folie de t'obéir, la folie de t'aimer, la folie de se sauver, la folie d'être heureux, la folie d'être sages !
Mais que dis-je ? Sommes-nous seuls à présenter à Dieu cette prière pour vous ? Ne la lui présentez-vous pas vous-mêmes pour vous-mêmes ? Ah ! sans doute, quand je vous mettais encore dans la bouche les accusations que le monde a coutume de faire contre l'assurance des chrétiens, je vous faisais injure. D'autres sentiments vous animent en ce moment. Vous soupirez au contraire après cette sainte et bienheureuse assurance, et vous dites dans votre coeur : Et moi aussi je veux croire en Jésus-Christ. Eh bien ! croyez, croyez maintenant. Un pas encore, et vous êtes dans le port de la foi.

N'attendez pas que les séductions du péché, les tentations de l'incrédulité, les railleries d'un monde profane aient glacé votre espérance nouvelle. Ne remettez pas à demain. Demain peut-être vous ne voudrez plus ; demain peut-être vous ne pourrez plus ; demain peut-être vous serez mort. Non pas demain, mais aujourd'hui. « C'est ici le temps favorable. C'est ici le jour du salut (2 Cor. VI, 2.)

Laissez-la tous vos doutes, jetez-vous aux pieds de Jésus, donnez-lui votre coeur ; et que ce temple qui vous a vu entrer peut-être « sans espérance et sans Dieu au monde (Eph. II, 12.) », vous voie sortir chantant, avec le pieux Siméon, le cantique de ceux qui peuvent mourir tranquilles : « Seigneur, tu laisses maintenant aller ton serviteur en paix selon ta Parole ; car mes yeux ont vu ton salut (Luc II, 29, 30.) !


Table des matières

Page précédente:


(1) Nous ne prétendons pas dire que l'assurance dont nous parlons ici, se trouve chez tous les véritables chrétiens. Tous devraient en jouir, car elle n'est qu'une conséquence naturelle de la foi. Aussi la foi et l'assurance se trouvent-elles presque toujours associées dans le langage des Écritures.
Remarquons à ce sujet que le mot espérance, dans les écrits des apôtres et surtout dans ceux de saint Paul, n'a pas précisément le sens qu'on y attache de nos jours. Quand nous disons qu'un homme espère la vie éternelle, nous supposons qu'il n'est pas assuré de la posséder. Mais dans le style des Apôtres, l'espérance n'est autre chose que l'attente de biens à venir, attente qui peut être d'ailleurs, et qui doit être chez le chrétien, parfaitement ferme et certaine. II les espère, non qu'il ne soit pas assuré d'en jouir une fois, mais parce qu'il n'en jouit pas encore (Rom. V, 5 ; VIII, 24, 25).
Toutefois l'expérience fait clairement connaître qu'il y a des chrétiens sincères qui ne jouissent pas de l'assurance de leur salut ; ce qu'on ne peut expliquer, ce semble, que par un défaut de lumière ou par une faiblesse de foi. C'est à des chrétiens de ce caractère que saint Jean écrivait ces paroles remarquables : « Je vous ai écrit ces choses, à vous qui croyez au nom du Fils de Dieu, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle (Jean V, 13). »

(2) Il y a ici deux choses à observer : d'abord, que la sanctification est nécessaire pour qu'on puisse s'attribuer la foi qui sauve ; ensuite, que cette sanctification qui est nécessaire pour qu'on puisse s'attribuer la foi qui sauve, ce n'est pas un état de sainteté parfaite.

La première de ces doctrines est proclamée partout dans les Écritures : « La foi sans les oeuvres est morte, et ne peut pas sauver » (Jacq. II, 14-26) ; « sans la sanctification nul ne verra le Seigneur » ( Héb. XII, 14) ; « à ceci nous connaissons que nous t'avons connu, savoir si nous gardons ses commandements » (1 Jean II, 3) etc.
Où la sainteté n'est pas, Christ n'est pas ; et où Christ n'est pas, il n'y a ni pardon ni salut. Mais pour que nous puissions « assurer nos coeurs devant Dieu » (1 Jean III, 19), il n'est pas nécessaire que nous soyons parvenus à une parfaite sainteté.
Là où se trouve la sainteté, même au moindre degré de son développement, là est Christ ; et là où est Christ, là est le pardon et le salut. Cette seconde doctrine, bien qu'elle ne soit pas, on le conçoit sans peine, proclamée par les Écritures de la même façon que la première, y est toutefois clairement établie et constamment supposée (1 Jean, II, 1 ; Jacq. III, 2 ; Matth. VI, 12 etc.) ; et si on lui a opposé 1 Jean III, 6, 9, c'est qu'on n'a pas vu, ce que le contexte seul à défaut du reste de l'Écriture suffirait pour démontrer, c'est que ces mots pécher et faire le péché marquent dans cet endroit la pratique du péché et non un acte de désobéissance, tout comme les mots faire Injustice (vers. 7) marquent la pratique de la sainteté et non un acte d'obéissance.

(3) Quelqu'un dira peut-être : N'est-il pas écrit que nous devons être jugés selon nos oeuvres (Apoc. XX, 12 ; 2 Cor. V, 10 ; Matth. XXV, 30, fin, etc.) ?
Et s'il en est ainsi, comment pouvez-vous être assuré d'une sentence favorable, vous qui convenez que vous n'accomplissez pas parfaitement la loi, même depuis que vous avez cru ?

À cela nous répondons par une distinction infiniment importante. Les bonnes oeuvres des enfants de Dieu, qui les suivent au jugement (Apoc. XIV, 13), et qui leur y garantissent une sentence favorable, bien qu'elles doivent être la base de leur jugement, ne seront pourtant pas le fondement de leur justification.
Elles seront la marque qu'ils ont cru au Sauveur, mais elles ne seront pas leur sauveur. Ces oeuvres, qu'on ne peut faire que par la foi en Jésus, montreront qu'ils appartiennent à Jésus ; et Jésus à qui ils appartiennent, les sauvera de la colère à venir.
C'est pourquoi les infirmités et les chutes de ceux qui croient en Jésus ne les empêcheront point d'être justifiés au jour du jugement, si d'ailleurs leurs oeuvres font voir clairement qu'ils ont aimé Jésus.

Et à qui profiterait la médiation de Jésus-Christ, si pour en recueillir le fruit il fallait accomplir parfaitement la loi ? À personne, pas même aux plus saints Apôtres (Jacq. III, 2. ).
Le parfait accomplissement de la loi sera exigé de ceux qui s'appuient sur leur conduite ; mais de ceux qui s'appuient sur Jésus, il sera seulement exigé la preuve qu'ils ont appartenu à Jésus. « Mais », dira-t-on encore, « ceci revient à la doctrine d'une loi mitigée : la loi sera mitigée pour ceux qui croient en Jésus-Christ. »
Nullement. La loi, comme moyen de justification, ne leur sera point appliquée à eux, mais le sera à Jésus-Christ, en qui elle trouvera le parfait accomplissement qu'elle exige. Il y a entre ces deux doctrines cette différence essentielle, que selon la première la loi tolère le péché et se contente d'une obéissance imparfaite, et que selon la seconde, elle ne le tolère point et ne se contente pas à moins qu'à l'obéissance parfaite du Fils de Dieu.

 

- haut de page -