Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



HISTOIRE DE LA TERRE





INTRODUCTION

Ce petit écrit porte sur son front deux titres : Histoire de la Terre et Révélation et Sciences physiques. Par le premier, j'ai désigné le sujet du livre, ou le but que je m'étais proposé en commençant les études spéciales qui ont abouti à cet opuscule : j'ai voulu connaître l'histoire passée, présente et future de la terre, et je me suis adressé pour cela à la Bible, aux mythes païens, aux traditions historiques, aux sciences physiques. Le second titre fait présumer qu'au terme de mes travaux j'ai vu que les deux principales sources où je puisais mes matériaux se sont trouvées d'accord entre elles sur les points principaux. Cet accord, dont je me suis convaincu après tant d'autres, est pour moi une vérité d'un prix immense ; mais je n'aurais pas pris la plume pour l'établir, parce qu'elle a été déjà plus d'une fois démontrée beaucoup mieux que je ne pourrais le faire. Il suffit de citer ici, pour la France, les deux volumes de M. Marcel de Serres : De la Cosmogonie de Moïse comparée aux faits géologiques, et pour l'Allemagne, l'Histoire du Monde primitif de M. Andréas Wagner.

Je crains même, à vrai dire, de scandaliser quelques-uns de mes lecteurs par la franchise avec laquelle j'insiste sur les points où les Saintes Écritures et la géologie ne sont point encore du même avis. L'apologète fait toujours un peu, souvent à son insu, le métier d'avocat.

Pour moi je crois que, d'une part, la véracité conduit seule à la vérité, et que, d'autre part, la Bible est, dans un sens si plein, le Livre de Dieu, qu'il peut se passer des petites corrections de détail que nous lui faisons subir par excès de zèle, par peur ou par compassion.
Quand l'Arche de l'Éternel penche et menace de verser, celui qui se fait un pieux devoir de la soutenir, peut être rudement châtié de son aveugle empressement. Nous voyons d'ailleurs que le serpent use ses dents et le temps sa faux contre les pages d'airain du Livre inspiré.
Ces pages, après vingt-cinq années d'études, m'inspirent un tel respect que je les prends toutes telles qu'elles sont, sans y rien changer. Je ne courberais pas, le sachant, de l'épaisseur d'un cheveu le texte biblique le plus contraire à la géologie, quand bien même, par cette légère inflexion, je devrais obtenir le plus complet accord entre la science et la Révélation.
Sans doute j'arrive ainsi à trouver des contradictions où d'autres, plus heureux, n'aperçoivent que des variantes insignifiantes. Ils franchissent d'un bond ou contournent les larges fossés devant lesquels je m'arrête et recule. Mais on ne gagne rien, en définitive, à dire : Paix, paix, où il n'y a point de paix, et il n'est, à mon sens, dans une discussion, pas de meilleur moyen d'arriver à une complète entente que de noter avec autant de soin les points où les opinions se heurtent de front, que ceux où l'on s'entend déjà.
D'ailleurs nous avons vu depuis moins d'un siècle, précisément à propos du premier chapitre de la Genèse, les sciences physiques s'écrier d'abord : « Moïse n'y entend rien : la lumière avant le soleil ! quelle absurdité ! » puis, confesser franchement qu'elles avaient tort et que c'était bien le prophète de Dieu qui avait raison.

Mais si cet opuscule n'est pas un traité apologétique, qu'est-il donc ? Je l'ai dit : une histoire de la Terre, et j'ajoute : une série de dissertations, d'essais faisant suite au Peuple Primitif.

Je ne suis pas un théologien, qui, sur que la Bible dit vrai, veut examiner par lui-même si la géologie parle comme elle. Bien moins encore suis-je un géologue, qui ne doute pas de la vérité de ses découvertes et veut éprouver par sa science la divine autorité de la Bible.
Mon point de départ est l'histoire de l'humanité ; c'est de là que je suis arrivé à l'histoire de la Terre. Je l'ai demandée, cette histoire, à la Bible et à la géologie, et je les ai étudiées toutes les deux dans la ferme persuasion que la Bible étant le livre de la Parole de Dieu faite chair, et la nature étant une parole de Dieu faite matière, il était impossible que les hommes sérieux et sincères qui scrutent les deux Paroles du même Dieu arrivassent jamais à des résultats contradictoires.
Nous pouvons mal comprendre les Écritures, mal comprendre le livre de la Terre, dont les feuillets sont des couches de rochers : la théologie et la géologie se contrediront souvent ; la Bible et la Terre, jamais.
Avec cette foi, je devais sans doute chercher à retrouver dans la géologie les vérités scripturales, dans les Écritures les vérités géologiques, et l'on me dira que qui cherche trouve ce qu'il veut. Mais je pouvais tout aussi bien dire, dans chaque cas particulier : Si je ne trouve pas, c'est que j'interprète mal le Livre saint, ou que la géologie n'a pas achevé ses recherches de détail et anticipe ses conclusions définitives. Aussi je déclare que l'aveu d'une discordance complète ne me cause pas le moindre embarras, et que si je ne l'ai pas répété plus souvent dans ces pages, c'est que j'ai cru en conscience voir à peu près partout une pleine harmonie.

Voici donc, à mon sens, les mutuelles relations de la géologie et de la foi. Elles poursuivent toutes les deux la vérité ; mais les sources où elles la puisent et leurs méthodes sont toutes différentes.
L'une interroge les fossiles et les roches, l'autre la Parole écrite de Dieu.
L'une, par l'analyse, s'élève de l'infinie multiplicité des détails aux vues d'ensemble ; l'autre reçoit d'emblée ces vues synthétiques et générales, d'où elle descend avec peine vers les détails.

Mais elles doivent se prêter, sans sortir toutefois de leur sphère respective, un mutuel secours : la foi sans la géologie ne comprendra jamais toutes les richesses d'idées qui sont cachées dans la Vision Génésiaque, et sans la foi, la géologie n'embrassera jamais d'un regard clair et sûr les phases de la création depuis le chaos à l'homme. Elles se complètent donc par ce que chacune d'elles possède seule ; c'est assez dire que la foi qui n'est point appelée à étudier les coquilles et les ossements, ne doit pas intervenir dans les déductions que le savant tire logiquement d'observations bien faites. Mais aussi les géologues ne doivent pas, comme le font maintenant certains naturalistes allemands, nier le Dieu de la Bible, parce qu'ils n'ont pas trouvé sur le grès ou dans l'argile les traces des pieds ou le crâne de l'Esprit Éternel.

Je disais donc que cet opuscule est bien moins un traité d'apologie qu'un traité de simple science. J'insiste là-dessus parce que je redoute les malentendus : il ne faut pas que quelques-uns de mes lecteurs cherchent ici plus et mieux que ce que je puis leur offrir. Pour expliquer en plein ma pensée, je raconterai ici en peu de mots comment j'ai été conduit à composer ce livre.

Dès ma première enfance, un attrait irrésistible m'entraînait vers l'étude de l'histoire. À l'université, où je devais me préparer, par le droit, aux emplois publics, l'histoire remplissait toutes les heures que n'occupaient pas les cours de jurisprudence. M. Karl Ritter m'y ouvrit des horizons tout nouveaux dans ces leçons où, en nous dévoilant le plan de Dieu dans la formation des continents, il nous faisait lire dans leur structure les principaux traits de l'histoire des nations. J'étais à peine de retour dans ma ville natale que, par un concours de circonstances particulières, je me vis appelé à composer pour notre collège, d'après la méthode de Ritter, des manuels de géographie, qui ont été tous traduits en allemand. De l'état présent de la terre, je voulus remonter à ses états antérieurs ; car je sentais que l'humanité a ses racines dans la nature, et que les crises diverses qu'a subies notre planète depuis l'apparition de l'homme, avaient exercé, exerçaient encore une grande influence sur nos destinées. Je me mis d'abord à étudier dans la Bible l'histoire de la Terre.

Cependant on venait d'appeler à Neuchâtel un jeune professeur de géologie, qui devait en peu d'années remplir de son nom l'Ancien Monde et le Nouveau. M. Agassiz, tant par ses cours publics et ses cours académiques que par ses ouvrages, éveilla parmi nous le plus vif intérêt pour sa science. Je me fis son écolier, et suivis pendant plusieurs années ses leçons. C'est de ce temps que datent plusieurs des vues générales consignées dans le présent livre. Elles se trouvent déjà indiquées dans une brochure publiée en 1841. Mais je ne lisais la Genèse que dans les traductions, et je me trouvais sans cesse à la merci d'étrangers qui m'inspiraient peu de confiance ; l'hébreu seul pouvait donner une base solide à mes études bibliques, tant pour l'histoire de la Terre que pour celle du peuple Primitif, et je pris pour guide dans ce noviciat un excellent ami, qui avait été mon précepteur, l'auteur bien connu de la traduction la plus récente de l'Ancien Testament, M. Perret-Gentil.
Je recommençai à nouveaux frais l'étude de la Genèse, et enfin, après avoir à plusieurs reprises laissé de côté et repris mon manuscrit, je l'ai livré au public.

Cet opuscule, si je ne fais erreur, contient pour la première fois une traduction minutieusement exacte (mais fort peu élégante) des deux premiers chapitres de la Genèse. Je ne sais si d'autres, avant moi, ont reconnu dans l'oeuvre des Six Jours une vision, et tenté de l'expliquer d'après les règles de l'interprétation des Livres prophétiques.
Un lecteur impartial me tiendra peut-être aussi bon compte des efforts contraires que j'ai faits pour saisir, d'une part, dans leur sublime grandeur, les vues des prophètes sur l'histoire passée, présente et future de notre terre, et de l'autre, dans leur rigoureuse vérité, les moindres détails de ces vastes tableaux qu'ils déroulent devant nos yeux. C'est là ce qu'il y a de plus neuf dans ce livre. J'avertis d'ailleurs qu'on y trouvera indiqués, en passant, plusieurs aperçus symboliques et typiques, qui trouveront leurs développements dans un livre spécial des Deux Cités.

Les vues d'ensemble sur les destinées de notre planète, ou les grandes périodes de l'histoire de la Terre, ne pouvaient m'être fournies que par la Sainte Écriture, qui seule nous révèle les premières origines et le sort futur de la Création.

J'ai complété ces tableaux avec le secours des mythes des païens, des traditions antiques et des renseignements historiques, et surtout avec celui de la géologie, de la géographie des animaux, et, pour les épidémies, des écrits des médecins. Tous ces éléments hétérogènes sont peut-être fort surpris de se trouver réunis dans un même corps ; mais ils témoignent tous ensemble du même Dieu qui a créé la terre, et qui la gouverne de période en période, d'après un plan unique et immuable.
Ce plan, la Bible nous le révèle, et je pouvais donc logiquement tenter de reconstruire, avec toutes ces parcelles de la vérité, l'histoire de la Terre, sans laquelle mon histoire de l'humanité aurait été comme suspendue en l'air.

Il est d'ailleurs évident que c'est la géologie qui devait me fournir les plus abondants matériaux. L'usage que j'en ai fait était déterminé à l'avance par le fait historique de la palingénésie de la terre au temps du Déluge, tel que ce fait ressort et des traditions des deux mondes (1), et du texte de la Genèse. Le Déluge de Noé étant la dernière révolution universelle de notre planète, doit nécessairement correspondre au diluvium des géologues ; et l'on verra qu'en effet les caractères de l'un conviennent exactement à l'autre. C'est là que réside toute la force ou toute la faiblesse de l'accord que j'ai établi entre la série de faits géologiques et celle des témoignages bibliques relatifs aux temps antédiluviens et aux temps cosmogoniques ; c'est aussi en ce point que je m'écarte le plus de l'opinion qui prévaut actuellement. Mais cette question est historique bien plus que géologique, et jusqu'ici l'on n'a pas opposé aux livres huitième et neuvième de mon Peuple Primitif un seul argument qui ait ébranlé en quoi que ce soit ma conviction.

Au reste, nul ne sent plus vivement que moi les imperfections de ce petit livre. Ce qui m'enhardit à le publier, c'est la pensée que des questions souvent discutées déjà, y sont présentées sous un jour nouveau, et que d'autres, d'un intérêt incontestable, y sont abordées pour la première fois ; c'est le sentiment que j'ai cherché mon point d'appui dans la Bible, qui est de quelques mille ans plus vieille que notre rationalisme superficiel et moqueur ; c'est enfin l'espoir que mes lecteurs, pour être justes envers moi, chercheront ici non un système qu'on leur impose, mais des vues d'ensemble ou de détail qu'on leur propose.

Au Valentin 1er Novembre 1855


Table des matières


1 Voyez Peuple Primitif, livres VIII et IX.

 

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