LES SEPT
PAROLES
JÉSUS-CHRIST SUR LA
CROIX
TROISIÈME MÉDITATION.
Jésus voyant sa mère,
et près d'elle le Disciple qu'il aimait, dit
à sa mère : « Femme, voilà ton
fils, »
et il dit au
Disciple : « Voilà ta
mère ». Et dès cette heure-là
le Disciple la prit chez lui. - Jean XIX, 26, 27.
Trente-trois ans auparavant, cette même
mère que nous voyons aujourd'hui en
Golgotha, au pied de la croix, était dans le
temple de Jérusalem, où elle venait
de présenter au Seigneur un fils qui
lui avait été donné d'une
manière miraculeuse, et avec de magnifiques
promesses. Des bras de Marie, l'enfant avait
passé dans ceux du vénérable
Siméon qui, averti divinement par le
Saint-Esprit, qu'il ne mourrait point qu'il
n'eût vu le Christ, le Seigneur,
s'écria alors : Tu laisses
maintenant aller ton serviteur en
paix selon ta parole ; car mes yeux ont vu ton
salut. Mais le Saint-Esprit a
révélé aussi à
Siméon la résistance à mort
que ce divin enfant trouvera chez les siens
qui ne le recevront pas, et les
indicibles douleurs de celle qui alors était
une si joyeuse mère. Celui-ci est mis
pour la chute et le relèvement de plusieurs
en Israël, les pensées de bien des
coeurs seront découvertes ; et toi,
une épée te transpercera
l'âme.
Voilà maintenant le Christ cloué
sur une croix par ses ennemis qui, en le rejetant,
en le condamnant, ont fait une grande chute
et ont bien découvert les
mauvaises pensées de leurs
coeurs, mais dont plusieurs se
relèveront par la vertu de cette
prière du crucifié :
Père pardonne-leur ; et
voilà, près de sa croix, celle dont
vraiment à cette heure une
épée transperce l'âme.
Voilà Marie, on ose le dire, nouvel
Abraham, près d'un nouvel Isaac, offert en
holocauste sur un nouveau Morija, mais Marie, qui
reçoit pour sa consolation cette parole de
Jésus, la troisième qu'il
prononça sur la croix, et sur laquelle nous
appelons aujourd'hui votre attention :
Femme, voilà ton fils. Veuille le
Seigneur lui-même, comme nous le lui avons
demandé, et comme nous le lui demandons
encore, faire que toutes nos
pensées soient conformes
à sa sainte Parole ; que nous soyons
tous, et chacun de nous, des auditeurs attentifs et
dociles au pied de sa croix. Amen.
I.
Le Sauveur crucifié venait d'exercer sa
puissance et sa miséricorde divine envers
ses ennemis, en faisant pour eux à son
Père une prière, qui fut
exaucée pour plusieurs d'entre eux, et
envers un étranger, un inconnu
crucifié a ses côtés, en s'en
faisant reconnaître comme Seigneur et
Roi, et en lui ouvrant le Paradis.
Maintenant, il voit au pied de sa croix un ami,
une mère. N'aura-t-il point de paroles pour
eux ? Non ; l'excès de ses
douleurs n'a pas fermé son coeur à
ces douces et puissantes affections. Lui, qui s'est
toujours oublié pour les autres, le
voilà encore qui nous apprend à nous
oublier, au sein de la mort même, pour ceux
qui entourent notre dernière couche, pour
ceux qui nous aiment, et que nous aimons. Il est
ému de pitié pour cette mère,
qui le porta dans son sein, qui déjà
veuve sans doute, va le devenir doublement, s'il
n'y pourvoit, et vivre désormais dans
l'isolement et la douleur.
Il lui parle... Écoutons : ...
Femme, lui dit-il en lui montrant le
Disciple qu'il aimait : Voilà ton
fils ; puis il dit au Disciple :
Voilà ta mère. Femme.
C'est la seconde fois que, selon le
témoignage de ce même Disciple qui
a écrit ces choses, Jésus appelle
ainsi celle qui lui a donné le jour.
C'est la seconde fois qu'il emploie en lui parlant
ce mot que, dans nos moeurs, nous serions
tentés de trouvera la fois peu tendre et peu
respectueux. Peu tendre ! mais sans doute dans
la bouche de Jésus, l'accent donnait
à ce mot une expression de tendresse. Peu
respectueux ! mais souvenons-nous de ce
qu'était Jésus avant la naissance
qu'il avait reçue de Marie, et avant la
création du monde, et de ce qu'il allait
redevenir, ou plutôt de ce qu'il n'avait
jamais cessé d'être.
Déjà une première fois,
à l'entrée de son ministère,
et dans une occasion où Marie semblait
vouloir prendre une espèce d'autorité
sur ce ministère, il l'a appelée du
même nom femme, en ajoutant
même : Qu'y a-t-il entre toi et
moi ?
Nous étonnerons-nous, s'il la nomme
ainsi, au moment où leurs liens terrestres
vont se rompre entre la terre et le ciel, au moment
où il fait acte de Sauveur de son peuple,
et par conséquent de
Marie elle-même, au moment
où il est près de reprendre la
gloire qu'il avait auprès du
Père, avant que le monde fût
fait ?
Et n'a-t-il point voulu, peut-être,
protester d'avance, d'une manière
solennelle, doublement solennelle dans un tel
moment, contre le culte idolâtre, qui dans la
suite a été rendu à Marie,
contre le titre de « Mère de
Dieu » donné, au moins
imprudemment, à celle qui, dans tout
l'Évangile, est simplement nommée
mère de Jésus.
N'est-ce point pour cela que celui qui,
étant Dieu au-dessus de toutes choses
béni éternellement, s'est fait
homme dans le sein de Marie, lui dit à la
fin de sa carrière humaine, non pas
« ma mère » mais
femme. Femme, voilà ton fils.
Ce mot femme, avons-nous dit, sortit de la
bouche de Jésus sur un ton d'affection. Tout
au moins, en le prononçant, il donna
à Marie une dernière et
précieuse marque d'affection. Il se la
représente veuve, il y a tout lieu de croire
qu'elle l'était, d'après le soin
même qu'il prend de lui procurer un appui
dans le Disciple qu'il aimait. Il sent
combien Jean aura besoin de reporter sur un
être cher à Jésus, l'affection
tendre et sincère qu'il avait pour son
maître ; il sent
surtout combien les soins et les
égards, combien l'asile et les bienfaits du
disciple, vont devenir précieux à
Marie. Il lègue sa mère à son
ami : Voilà ta mère. Jean
accepte le legs, et lui fera honneur. Dès
cette heure même, le disciple la prit chez
lui. C'est Jean qui raconte ; il ne
pouvait en dire davantage. Il la prit chez lui.
Ils ne se quitteront plus... Ils parleront
ensemble de Jésus tous les jours. Ils
abrégeront ainsi le temps qu'ils doivent
passer encore avant de le revoir dans son Paradis,
et de jeter leurs couronnes devant son
trône, avant qu'il ait exaucé ce
cri d'amour et d'impatience, par lequel le disciple
bien-aimé fermera dans Patmos, le Livre de
ses révélations, et de toutes les
révélations de Dieu :
Seigneur Jésus, viens.
Il la prit chez lui... O quelle douce et
pieuse liaison va se former entre cette
mère et ce fils d'adoption,
donné par celui qu'elle ne pourra
bientôt plus nommer son fils. Jésus
confie sa mère à celui de ses
disciples qu'il aime le plus, et c'est du
haut de sa croix, qu'il unit comme mère
et fils ceux qui sont venus ensemble au
pied de sa croix. Et puissent aussi, chers
frères, se former ou se resserrer au pied de
sa croix les liaisons les plus
intimes et les plus douces, entre
nous et ceux qui sont les meilleurs amis, les
disciples chéris de Jésus. Puisse
notre union avec ceux que nous aimons le plus
ici-bas, être telle, que nous puissions nous
entretenir ensemble avec joie et
simplicité de coeur, de celui qui nous a
aimés, qui nous a lavés de nos
péchés dans son sang, du bonheur
d'aller à sa rencontre ensemble, de l'espoir
de le revoir ensemble, et qu'à notre dernier
soupir, nous puissions les remettre les uns aux
autres, et tous à Jésus
lui-même.
II.
Mais que faut-il avant tout pour qu'il en soit
ainsi entre nous et ceux que nous aimons, ceux que
Dieu nous a donnés à aimer
ici-bas ?
Il faut, chers frères, il faut avoir cru
du coeur en celui qui est là, sur la
croix ; il faut l'avoir contemplé,
comme celui qui a pris sur lui nos douleurs,
qui s'est chargé de nos
langueurs.
Il faut avoir pris notre part dans sa prière
pour ceux qui l'ont attaché à la
croix, et nous aussi n'avons-nous pas
contribué à l'y attacher par nos
péchés, par nos
vanités, par nos folies ? il faut avoir
pris notre part dans cette prière :
Père pardonne-leur, car ils ne savent ce
qu'ils font. Il faut, comme le malfaiteur
converti, avoir reconnu Jésus pour notre
Seigneur, et lui avoir demandé une
part dans son souvenir et dans son
règne ; il faut avoir entendu de
sa part dans notre coeur ces douces paroles :
En vérité, je te dis, que tu seras
avec moi en Paradis.
Il faut aimer Jésus, si ce n'est autant
que l'aimait Saint-Jean, au moins avec la
même sincérité. Il faut
être disposé comme la mère
de Jésus, comme Marie, lorsqu'avec
ses frères, et avec les disciples,
elle persévérait dans l'oraison et
dans la prière, dernier trait qui nous
est raconté de sa vie, humble vie à
laquelle on a voulu attacher un vain et faux
éclat, vie cachée avec Christ en
Dieu, telle que doit être celle de chaque
vrai disciple de Christ, de chaque enfant de
Dieu.
Oui, il faut tout cela, au moins en germe, mais
pourtant en réalité ; en germe
vivant et prêt a se développer au
souffle de l'Esprit de Dieu ; il faut cela,
pour pouvoir retirer de ces paroles de Jésus
à sa mère et à son disciple,
que nous méditons aujourd'hui, les
instructions et les consolations que nous vous
avons fait entrevoir et que nous ne pouvons
qu'effleurer.
Avons-nous cru au Seigneur Jésus pour
être sauvés, alors cherchons,
mes bien-aimés, cherchons pour en faire nos
amis, tous ceux que le Seigneur aime, parce qu'ils
l'aiment eux-mêmes d'un coeur pur
et sincère.
Hélas ! ces liaisons chrétiennes
ne sont-elles pas trop peu communes entre ceux qui
font profession de croire à un même
Sauveur, d'avoir été
rachetés par un même Sauveur,
d'aimer un même Sauveur.
Sont-ils assez mis en pratique au milieu de
nous ; ne sont-ils pas trop oubliés de
bien des chrétiens, sincères
pourtant, ces mots de la Parole : Comme le
fer aiguise le fer, ainsi l'homme aiguise la face
de son ami. Comme dans l'eau le visage
répond au visage, ainsi le coeur de l'homme
répond à l'homme. Deux valent mieux
qu'un ; ils auront un meilleur fruit de leur
travail ; si l'un des deux tombe l'autre
relèvera son compagnon. Exhortez-vous et
édifiez-vous l'un l'autre, comme aussi vous
le faites.
Comme vous le faites ! 0 bienheureuse
Église de Thessalonique à laquelle
Saint-Paul écrivait ainsi !
Bienheureuse l'église, la
société d'amis chrétiens,
à laquelle on peut dire en
toute vérité :
Comme vous le faites. O que le Seigneur
forme et multiplie au milieu de nous les Marie, les
Saint-Jean, les disciples bien-aimés qui se
cherchent et se rencontrent au pied de la croix,
qui se serrent les uns contre les autres autour de
la croix.
Autour de la croix ! oui, c'est là que
nous devons nous rencontrer, disciples et amis
sincères de Jésus, partant de divers
points, appartenant à des compartiments
divers de l'Église universelle, de
l'Église du Seigneur Jésus. Oui,
là, en face de la croix qui nous a tous
sauvés, par un même amour, que toutes
les différences s'effacent, que toutes les
barrières tombent. Qu'en restant
fidèles à leurs convictions
particulières, les enfants de Dieu
sachent s'unir et fraterniser dans leur
conviction commune de l'amour que Christ nous a
témoigné sur la croix. Il y est
monté pour réunir les enfants de
Dieu qui sont dispersés,
hélas ! qui sont souvent à
côté les uns des autres sans savoir se
tendre la main. O que la bonne oeuvre,
l'oeuvre de rapprochement, que le Seigneur a
déjà commencée en
divers lieux se développe et s'étende
en tous lieux, et tous les jours.
Bénissons-le de ce qu'il a
déjà fait à cet égard
et veuille-t-il nous donner d'y coopérer
nous-mêmes !
Les liaisons entre chrétiens sont trop peu
communes, avons-nous dit. Hélas ! ne
sont-elles pas trop rares même entre ceux
qui, unis par une même foi, le sont de plus
par les liens du sang, du mariage, du voisinage,
d'une ancienne amitié ?
Que la foi est donc faible encore, faible encore
l'amour du Seigneur Jésus chez des
chrétiens sincères pourtant, qui ne
savent pas se prévaloir du doux, du
précieux privilège de trouver sous
leur toit, à leurs côtés, des
compagnons de foi et d'espérance, avec
lesquels ils pourraient s'entretenir de
Jésus, de son amour, de sa croix ; avec
lesquels ils pourraient se transporter au Calvaire,
où ils entendraient dans leur coeur la voix
de Jésus lui-même les
présentant l'un à l'autre.
« Voilà ta mère ou
ton père, voilà ton fils, ou
ta fille, ton frère ou ta soeur, ta femme ou
ton mari, ton parent, ton ami, ton voisin ;
ils croient en moi, tu crois en moi ; ils
m'aiment et je les aime, comme je sais que tu
m'aimes, et je t'aime aussi, soyez donc unis
dans un même amour pour
moi. »
Ingrats que nous sommes ! Tant d'autres, moins
heureux que nous, ne rencontrent dans leur demeure
solitaire, personne avec qui s'entretenir du
bien-aimé ; ou, plus malheureux
encore peut-être, ne
trouvant pas cette même
foi d'un grand prix, chez ceux qu'ils aiment le
plus au monde, ne peuvent que prier pour eux, que
porter dans leurs coeurs ces « enfants de
leurs larmes et de leurs prières »
au pied du trône de la grâce, au
pied de la croix. O qu'il est plus doux de pouvoir
y aller ensemble, se tenant par la main, priant non
seulement les uns pour les autres, mais les uns
avec les autres ; et que d'actions de
grâces n'avons-nous pas à rendre au
Seigneur, pour les moments trop rares où
nous avons eu ce bonheur, où nous avons
profité de ce bonheur !
Et puis aussi, quel précieux, quel doux
rendez-vous, pour les absents, qui s'aiment en
Christ ! Ah ! quand nos parents, nos
enfants, nos amis chrétiens sont
séparés de nous par des terres, des
mers, des montagnes, des cents, des mille lieues,
quelle pensée pourra combler les distances
et faire revivre un peu les anciens, les beaux
jours, si ce n'est la pensée que, comme
nous, ces chers amis ont leurs heures, leurs
moments, les mêmes peut-être que nous,
où ils vont retremper leurs âmes dans
le sang de Golgotha ; où ils vont
pleurer leurs péchés, rendre
grâce de leur rédemption, se consoler
de leurs épreuves, de
notre éloignement, apprendre à
porter leur croix au pied de la croix
du Sauveur, de ce même Sauveur qui nous a
rachetés, qui nous console et que nous
aimons. Ah ! que toujours ainsi :
« Que Golgotha, que le
Calvaire...
Soient nos rendez-vous journaliers. »
Et lorsque le vide se fait autour de nous par le
délogement de ceux de nos amis, qui
vont où le Maître est allé, il
nous est bien permis, sans doute, que dis-je ?
il est juste de ne pas séparer (si
j'ose faire une telle application) de ne pas
séparer ce que Dieu a uni, de ne pas
séparer dans notre pensée et dans
notre coeur les membres du chef auquel ils
sont allés se réunir, auquel nous
aussi irons nous réunir, pour nous retrouver
près de lui tous ensemble, et ne plus nous
séparer.
Il nous est bien permis, comme il nous est doux et
triste à la fois, de nous entretenir de ces
chers enfants de Dieu, dépôt
que nous avons remis en des mains plus tendres
et plus riches que les nôtres, amis, qui ont
enfin trouvé pour toujours, là-haut,
après l'avoir cherchée
sincèrement ici-bas, la retraite entre
les bras éternels. Il est doux et
salutaire de nous en entretenir,
comme notre pieux et illustre frère
(1), dans ce
cantique qui a déjà bien des fois
retenti autour d'un cercueil :
« Puisse la même
foi, qui consola leur vie
Nous ouvrir les chemins que leurs pas ont
pressés,
Et, dirigeant nos pieds vers la sainte patrie,
Où leur bonheur s'accroît de leurs
travaux passés,
Nous rendre ces objets de tendresse et d'envie,
Qui ne sont pas perdus, mais nous ont
devancés. »
Et nous aussi, quand notre moment sera venu, que
nous aurons aussi notre Golgotha, une issue plus ou
moins douloureuse de ce monde, des combats à
livrer contre la douleur, contre l'ennemi de nos
âmes, contre la terreur des jugements de
Dieu, qui toutefois fera place enfin au sentiment,
à l'assurance de sa miséricorde en
Jésus-Christ ; lorsque peut-être,
à la vue de ceux que nous aimons, que nous
laissons ici-bas, nous serons tentés de nous
livrer aux soucis et à la crainte, nous
penserons qu'eux aussi qui demeurent, nous les
remettons à celui qui n'est pas le
Seigneur des cieux seulement, mais aussi de
la terre, et qui a promis d'être avec
les siens jusqu'à la fin du monde.
Alors, nous redressant sur
notre couche, ou du moins reprenant
quelque force comme Jacob à la vue de
Joseph, d'Ephraïm, de Manassé, nous
pourrons dire à ces chers survivants :
Que le D'eu qui m'a nourri depuis que je suis au
monde jusqu'à ce jour, ... que l'ange qui
m'a délivré de mal, vous
bénisse ; pour moi, je m'en vais, mais
Dieu sera avec vous, et nous dirons à
chacun d'eux comme David à son fils
Salomon : « Sers le Dieu de tes
pères avec intégrité de coeur
et volontairement ; car l'Éternel sonde
les coeurs, et il connaît toutes les
pensées des esprits ; si tu le
cherches, il se fera trouver de
toi. »
O cherchons-le tous, pendant que nous
sommes en chemin, et si nous l'avons
déjà trouvé, cherchons,
persévérons à nous tenir
près et toujours plus près de lui.
Son regard est une délivrance, sa face,
déjà ici-bas, est un
rassasiement de joie. C'est le Soleil de
justice, seul capable d'éclairer nos
pieds et de les conduire au chemin de la
paix, par les « sentiers »
souvent si « durs » et si
tristes de la vie, ces
« sentiers » qui si
« souvent traversent le
désert. »
Celui qui, sur une croix, qui, à son dernier
soupir, eut des entrailles, un regard, et
des paroles de
miséricorde pour Marie et pour
Saint-Jean, Christ est le même hier,
aujourd'hui, éternellement ; il
nous recevra aussi avec miséricorde ;
il aura pour nous aussi un regard, des paroles
d'amour, si nous allons à lui comme de
pauvres pécheurs, afin d'être par lui
réconciliés avec son Père,
puis sanctifiés par son Esprit pour faire
la volonté de son Père.
Il étendit un jour la main sur ses
disciples en disant : Celui qui fait la
volonté de mon Père céleste,
celui-là est mon frère et ma soeur,
et ma mère. Étends aussi ta
main sur nous, Seigneur ! Mets
toi-même dans nos coeurs la volonté
de ton Père. Adopte-nous ainsi,
Seigneur ! Donne-nous l'esprit d'adoption,
par lequel nous disions : Abba, Père.
Mais oui ; nous pouvons le dire ; car
je monte, as-tu dit toi-même, à
mon Père et à votre Père,
à mon Dieu et à votre Dieu.
Oui ; tu nous conduiras toi-même
dans la maison de ton Père,
où tu es allé nous
préparer la place, et d'où tu
reviendras nous prendre afin que
là où tu es, nous y soyons
aussi, et que nous contemplions la gloire
que le Père t'a donnée, parce qu'il
t'a aimé avant la création du monde.
O que nous y soyons, que nous y
contemplions ta gloire, Seigneur, avec Marie,
avec Saint-Jean, avec tes
disciples bien-aimés, avec tous ceux
qui sont revenus de la grande tribulation,
qui ont blanchi leurs robes dans le sang de
l'Agneau, avec toutes tes brebis que tu
paîtras, Seigneur, que tu conduiras
aux sources vives des eaux, après avoir
essuyé toutes larmes de leurs
yeux.
Amen.
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