COMME CHRIST
CINQUIÈME JOUR
COMME CHRIST
En souffrant injustement.
« Car cela est
agréable à Dieu, lorsque quelqu'un,
par un motif de conscience, endure de mauvais
traitements en souffrant injustement. Autrement
quelle gloire serait-ce pour vous, si, étant
battus pour avoir mal fait, vous l'enduriez ?
Mais si, en faisant bien, vous êtes
maltraités, et que vous le souffriez
patiemment, c'est à cela que Dieu prend
plaisir. »
1 Pier. 2 ; 19, 20.
C'est à propos de choses tout ordinaires
que Pierre prononce ces paroles importantes, nous
présentant Christ comme notre Garant et
notre Modèle. Il écrit à des
serviteurs qui dans ce temps-là
étaient pour la plupart des esclaves. Il les
exhorte à être « soumis
à leurs maîtres avec toute sorte de
crainte, non seulement à ceux qui sont bons
et équitables, mais aussi à ceux qui
sont fâcheux, car, dit-il, si quelqu'un fait
mal et en est puni, quelle gloire lui serait-ce de
le supporter patiemment ? » Non,
mais si quelqu'un fait bien, et en souffre et le
supporte patiemment, voilà ce qui est
agréable à Dieu. Supporter ainsi
l'injustice, c'est faire comme Christ. En portant
nos péchés à notre place,
Christ a souffert injustement ; d'après
son exemple, nous devons être prêts
aussi à souffrir injustement.
Il n'est guère de chose qui nous soit plus
dure et plus difficile à supporter que de
souffrir injustement de la part de nos semblables.
Il y a là non seulement préjudice et
douleur, mais encore un sentiment d'humiliation et
d'injustice qui réveille la conscience de
nos droits. Dans ce qui nous arrive par l'entremise
des hommes, il n'est pas toujours facile de
discerner la volonté de Dieu et de nous dire
aussitôt qu'il permet cette épreuve
pour voir si nous avons réellement pris
Christ pour notre modèle. Étudions ce
modèle ; il nous apprendra ce qui lui
donnait la force de supporter patiemment
l'injustice.
Christ voyait dans la souffrance la volonté
de Dieu. Il avait trouvé dans
l'Écriture que le serviteur de Dieu doit
souffrir. Cette pensée lui était
devenue familière, en sorte qu'à
l'arrivée de la souffrance, il n'en fut pas
surpris. Il l'attendait, il savait qu'elle devait
contribuer à sa perfection. Il n'eut donc
pas l'idée de chercher comment il pourrait
s'en délivrer mais plutôt comment il
pourrait glorifier Dieu par là-même.
Ceci le rendit capable de supporter tranquillement
la plus grande injustice. Il voyait là la
main de Dieu.
Chrétien ! Auriez-vous la force de
souffrir injustement dans le même esprit que
Christ ? Accoutumez-vous à
reconnaître la main de Dieu dans tout ce qui
vous arrive. Ce que Jésus vous enseigne
là est plus important que vous ne le pensez.
Qu'il s'agisse de quelque injustice dans des choses
graves, ou de quelque petite offense du courant de
chaque jour, avant d'arrêter votre
pensée sur la personne qui en est
l'occasion, recueillez-vous et rappelez-vous
ceci : Dieu permet cette épreuve sur ma
route pour voir si je le glorifierai par là.
Cette épreuve, grande ou petite, me vient de
Dieu, elle est sa volonté à mon
égard. Avant tout puissé-je y voir la
volonté de Dieu et m'y soumettre. Alors,
dans la tranquillité d'âme que donne
ce regard en haut, je recevrai aussi la sagesse
nécessaire pour me conduire en cette
circonstance. Quand on regarde, non plus à
l'homme, mais à Dieu, souffrir injustement
n'est pas si difficile qu'il semble d'abord.
Christ aussi croyait que Dieu prendrait soin de ses
droits et de son honneur. Nous avons en nous
un sentiment inné de justice qui vient de
Dieu ; mais l'homme qui vit encore selon le
monde visible veut avoir son honneur vengé
dès ici-bas, tandis que celui qui vit
déjà dans le monde éternel et
« comme voyant celui qui est
invisible »
(Héb. 11 : 27), se
contente de laisser à Dieu le soin de venger
son honneur et ses droits ; il les sait en
sûreté dans la main de Dieu. Ainsi
faisait notre Seigneur Jésus. Pierre nous
dit « qu'il s'en remettait à
celui qui juge justement »
(1 Pier. 2 : 23). C'était
une chose entendue entre le Père et le Fils
que le Fils n'avait pas à prendre soin de
son honneur à lui, mais seulement de celui
du Père, et que le Père pourvoirait
à la gloire du Fils. Qu'en ceci le
chrétien suive l'exemple de Christ et il en
retirera beaucoup de paix et de repos d'esprit.
Placez sous la garde de Dieu vos droits et votre
honneur ; recevez chaque offense avec la ferme
confiance que Dieu veille sur vous et prend soin de
vous, « vous en remettant à celui
qui juge justement ».
En outre, Christ croyait à la puissance de
l'amour qui sait souffrir. Nous
reconnaissons tous qu'il n'est pas de plus grande
puissance que celle de l'amour. C'est par là
que Christ a vaincu l'inimitié du monde.
Toute autre victoire n'obtient qu'une soumission
forcée, l'amour seul opère la
véritable victoire qui change l'ennemi en
ami. Nous admettons tous cette vérité
en théorie, mais nous reculons devant
l'application, tandis que Christ l'a mise en
pratique. Lui aussi a voulu se venger, mais il l'a
fait avec amour, amenant à ses pieds ses
ennemis devenus ses amis. Il a cru que, par le
silence, la soumission, la souffrance et le support
des offenses, il gagnerait sa cause, parce que
c'est ainsi que l'amour obtient la victoire.
Et voilà ce qu'il veut aussi de nous. Notre
nature pécheresse aime mieux compter sur sa
propre force et son droit que sur le pouvoir divin
de l'amour, mais celui qui veut ressembler à
Christ doit le suivre là aussi et surmonter
le mal par le bien. Plus il sera traité
injustement par un autre, plus il se sentira
appelé à l’aimer. Et
même, s'il faut pour la
sécurité publique que la justice
punisse l'offenseur, il prendra garde à ce
qu'il ne s'y mêle de sa part aucun
ressentiment personnel, mais en tout ce qui le
concerne il pardonnera, il aimera.
Ah ! que tout serait différent dans le
monde chrétien et dans nos Églises,
si l'exemple de Christ était suivi !
Que tout serait différent si chacun de ceux
qui « reçoivent des outragea n'en
rendaient point », si chacun de ceux qui
sont « maltraités ne faisaient
point de menaces, mais s'en remettaient à
celui qui juge justement ». Frères
chrétiens, voilà littéralement
ce que le Père demande de nous. Lisons et
relisons les paroles de Pierre jusqu'à ce
que notre âme soit
pénétrée de cette
pensée : « Si en faisant bien
vous êtes maltraités et que vous le
souffriez patiemment, c'est à cela que
Dieu prend plaisir ».
Dans la vie chrétienne, comme on la comprend
ordinairement, où chacun cherche à
remplir par ses propres efforts sa vocation de
racheté, il est impossible de parvenir
à une semblable conformité à
l'image du Seigneur ; mais dans la vie de
celui qui renonce à soi-même pour
s'abandonner au Seigneur, qui remet tout entre ses
mains avec la confiance qu'il fera tout,
renaît l'espérance de pouvoir
ressembler à Christ en ceci aussi. Pour lui
le commandement de souffrir comme Christ se lie
étroitement à ces mots :
« Christ a porté nos
péchés en son corps sur le bois, afin
qu'étant morts au péché, nous
vivions à la justice ».
(1 Pier. 2 : 24).
Frère chrétien, ne voudrais-tu pas
ressembler à Jésus et faire, en
supportant les offenses, ce que lui-même
eût fait à ta place ? N'est-elle
pas belle la perspective d'être en toutes
choses, même en ceci, conforme à
Jésus ? Avec tes propres forces, c'est
impossible, mais avec sa force à lui, c'est
possible. Abandonne-toi donc à lui jour
après jour pour qu'il opère en toi
tout ce qu'il veut que tu sois. Crois qu'il vit
dans les cieux pour être la vie et la force
de chacun de ceux qui cherchent à marcher
sur ses traces. Renonce à toi-même
pour devenir un avec le Christ crucifié, si
tu veux savoir ce que c'est d'être mort au
péché et de vivre à la
justice. Alors tu éprouveras avec joie
quelle puissance résulte de la mort de
Jésus, non seulement pour effacer le
péché, mais encore pour en briser les
liens ; alors tu participeras aussi à
sa vie de résurrection qui te fera
« vivre à la justice »,
et tu trouveras tout autant de bonheur à
suivre les traces du Sauveur dans la souffrance
que tu en as trouvé à te confier
pleinement et uniquement en sa passion pour ton
expiation et ta rédemption. Alors Christ te
sera aussi précieux comme Modèle
qu'il te l'a été comme Garant. C'est
parce qu'il a pris sur lui ton châtiment en
souffrant pour toi, que tu souffriras, toi aussi,
volontiers pour lui. Souffrir injustement deviendra
ainsi pour toi une participation honorable à
ses souffrances, le sceau de la conformité
à sa sainte ressemblance, le fruit
béni de la véritable vie de foi.
O Seigneur, mon Dieu, je viens d'entendre ce que
dit ta Parole : « Lorsque quelqu'un,
par un motif de conscience, endure de mauvais
traitements en souffrant injustement, cela est
agréable à Dieu ».
Voilà donc, Seigneur, le sacrifice qui
t’est agréable, l'oeuvre que ta
grâce seule peut faire en nous. C'est
là le fruit des souffrances de ton Fils
bien-aimé, le fruit de l'exemple qu'il a
laissé et de la force qu'il donne parce
qu'il a détruit la domination du
péché.
O mon Père, enseigne-moi, enseigne à
tous tes enfants, à rechercher une
entière conformité avec ton Fils dans
ce trait de son image. Seigneur, je veux une fois
pour toutes te confier la garde de mes droits et de
mon honneur, et ne plus m'en charger
moi-même. Tu sauras parfaitement en prendre
soin. Et quant à moi, que ma seule
préoccupation soit désormais
l'honneur et les droits de mon Dieu.
Je te demande surtout de me remplir de foi en la
puissance victorieuse de l'amour qui sait souffrir.
Fais-moi saisir pleinement que l'Agneau de Dieu qui
a souffert pour nous, nous enseigne par
là-même que la patience, le silence et
le support ont plus de prix aux yeux de Dieu et
plus d'influence sur les hommes que la force et le
droit. O mon Père, je dois marcher et je
voudrais marcher sur les traces de Jésus,
mon Sauveur. Que ton Saint-Esprit, que ta
lumière, ton amour et ta présence me
guident et me fortifient. Amen.
(Voir la note
2me).
SIXIÈME JOUR
COMME CHRIST
Crucifié avec lui.
« Je suis crucifié
avec Christ, et je vis, non plus moi-même,
mais Christ vit en moi. Dieu me garde de me
glorifier en autre chose qu'en la croix de notre
Seigneur Jésus-Christ par laquelle le monde
est crucifié à mon égard, et
moi je suis crucifié au
monde. »
Gal. 2 ; 20 ;
6 : 14.
Se charger de la croix. Voilà le mot de
ralliement donné par Christ à ses
disciples. Dans trois occasions différentes,
ces paroles sont
répétées :
« Si quelqu'un veut venir après
moi, qu'il renonce à soi-même, qu'il
se charge de sa croix et qu'il me
suive ».
(Matt. 10 : 38 et
16 : 24 ;
Luc 14 : 27). Pendant que le
Seigneur était encore sur le chemin de la
croix, cette expression « se charger de
sa croix » était la plus propre
à bien rendre la conformité avec
Christ (*1)
à laquelle est
appelé son disciple. Mais à
présent que Christ a été
crucifié, le Saint-Esprit emploie d'autres
termes pour nous parler avec plus de force de notre
entière conformité avec Christ (). Il
nous dit que le croyant est crucifié avec
Christ. La croix est le signe distinctif du
chrétien, aussi bien que de Christ. Le
Christ crucifié et le chrétien
crucifié s'appartiennent mutuellement. Le
principal trait de ressemblance avec Christ
consiste à être crucifié avec
lui. Aussi quiconque veut lui ressembler doit avant
tout chercher à comprendre le mystère
de cette union avec Christ sur la croix. Au premier
moment, ce mot « crucifié avec
Christ » effraye le chrétien qui
cherche à ressembler à Jésus.
Il recule à la pensée de la croix,
à la pensée des souffrances et de la
mort qui s'y rattachent, mais à mesure que
sa vie spirituelle s'éclaire, cette parole
fait toujours plus son espérance et sa joie,
et il se glorifie de la croix, parce qu'elle le
fait participer à la mort et à la
victoire qui ont déjà
été accomplies et qui
l'affranchissent de la domination de la chair et du
monde. Pour comprendre ces choses, il faut
étudier avec soin ce que nous en dit
l'Écriture.
« Je suis crucifié avec
Christ », dit Paul « et
je vis, non plus moi-même, mais Christ vit en
moi ». Par la foi en Christ nous
sommes amenés à participer à
la vie de Christ, et cette vie-là a
passé par la mort de la croix. Elle
possède la puissance divine que lui a
acquise la mort de la croix. Quand donc je
reçois en moi la vie de Christ, je
reçois par là-même toute la
puissance qui résulte de sa mort sur la
croix, puissance qui agit constamment en moi. J'ai
été crucifié avec Christ, et
pourtant je vis, mais ce n'est plus moi, c'est
Christ en moi ; ma vie est celle de Christ
crucifié, celle qu'il a obtenue par
la croix. Le fait d'avoir été
crucifié est au nombre des choses
passées et accomplies.
« Sachant que notre vieil homme a
été crucifié avec
lui ».
(Rom. 6:6). « Ceux qui
sont à Christ ont crucifié la
chair ».
(Gal. 5 : 34).
« Dieu me garde de me glorifier en
autre chose qu'en la croix de notre Seigneur
Jésus-Christ, par laquelle le monde est
crucifié à mon égard et moi au
monde ».
(Gal. 6 : 14). Tous ces textes
parlent de quelque chose qui a été
fait en Christ, et dont je suis participant par la
foi.
Il est très important de comprendre cette
vérité et de la proclamer hautement.
J'ai été crucifié avec Christ.
J'ai crucifié ma chair. J'apprends ainsi
à quel point je participe à l'oeuvre
accomplie par Christ, car si je suis
crucifié et mort avec lui, j'ai part aussi
à sa vie et à sa victoire. J'apprends
ainsi à laisser mortifier mon vieil homme
par la vertu de cette croix.
Il me reste encore beaucoup à faire, mais
non à me crucifier, puisque j'ai
déjà été
crucifié, « Mon vieil
homme, dit l'Écriture, a
été crucifié ».
(Rom. 6 : 6). Je n'ai donc plus
qu'à le tenir pour crucifié, et le
traiter comme tel sans lui permettre de descendre
de la croix. Il faut que je maintienne ma position
de crucifié, que « ma
chair » reste sur la croix. Pour
réaliser la force de ce que nous disons
là, il y a encore une importante distinction
à faire : le vieil Adam en moi a bien
été crucifié, mais il n'est
pas encore mort. Quand je me suis donné
à mon Sauveur crucifié,
péché, chair et tout, il m'a
reçu tout entier. Tout mon être avec
sa vieille nature fut alors réuni à
lui sur la croix, mais là se fit une
séparation. Par ma réunion à
Christ j'ai été libéré
de la vie de la chair, je suis mort avec lui et
l'essence intime de mon être a reçu
une vie nouvelle : Christ vit en moi ;
mais la chair que j'habite encore, ce vieil homme
crucifié avec lui, bien que condamné
à mort, n'est pas encore mort. Et
maintenant, par mon union avec Christ et par sa
force en moi, je dois avoir l'oeil à ce que
ma vieille nature reste clouée à la
croix jusqu'au moment où elle sera
entièrement détruite.
Tous ses instincts, tous ses désirs crient
ensemble : Descends de la croix.
« Sauve-toi toi-même et nous
aussi ! »
(Luc 23 : 39). Mais mon devoir,
à moi, est de me glorifier en la croix, de
maintenir de tout mon coeur la
prééminence de la croix, d'apposer
mon sceau à la sentence prononcée
contre la chair, de tenir le péché
pour crucifié, et ainsi de ne lui permettre
aucune domination. C'est là ce qu'entend
l'Écriture quand elle dit :
« Si par l'Esprit vous mortifiez les
oeuvres du corps, vous vivrez ».
(Rom. 8 : 18).
« Faites donc mourir ce qui compose en
vous l'homme terrestre ».
(Col. 3:5). Par là je
reconnais que « le bien n'habite point
en moi, dans ma chair »
(Rom. 7 : 18), par là je
reconnais que Christ, le Crucifié, est mon
Seigneur ; je me souviens que j'ai
été crucifié, que je suis mort
en lui, et que ma chair a été
à jamais livrée à la mort de
la croix. C'est ainsi que je vis comme Christ,
crucifié avec lui.
Pour se rendre pleinement compte du sens et de la
portée de cette participation à la
croix de notre Seigneur, voici ce que doivent bien
saisir ceux qui veulent suivre Christ : qu'ils
sachent, avant tout, que par la foi, ils sont unis
au Christ crucifié. C'est à leur
conversion qu'a commencé cette union, mais
alors ils ne l'ont pas bien comprise ; et
combien de chrétiens restent toute leur vie
dans l'ignorance à cet égard, faute
de développement spirituel. Mon
frère, demandez que le Saint-Esprit vous
révèle votre union avec le
Crucifié et vous éclaire sur le sens
de ces mots : « J'ai
été crucifié avec
Christ ». « Je me
glorifie en la croix de Christ par laquelle le
monde est crucifié à mon égard
et moi au monde ». Saisissez-vous de
ces paroles de l'Écriture, cherchant par la
prière et la méditation à vous
les approprier entièrement. D'un coeur avide
de recevoir, demandez que le Saint-Esprit les fasse
vivre en vous. À la lumière de Dieu,
comprenez ce que vous êtes bien
réellement :
« crucifié avec
Christ ».
Quand vous serez au clair sur ce premier point,
vous recevrez par là-même la
grâce et la force de vivre comme quelqu'un
qui a été crucifié et en qui
Christ vit. Vous pourrez alors, tenir la chair et
le monde pour cloués à la croix, et
les traiter comme tels. Votre vieille nature
cherche sans cesse à vous faire croire que
c'est trop prétendre d'exiger de vous que
vous viviez toujours de cette vie de
crucifié, mais vous le pouvez par votre
union avec Christ. C'est en lui et en sa croix que
saint Paul peut dire : « J'ai
été crucifié au
monde ». En Jésus cette
crucifixion est un fait accompli ; en
Jésus vous avez passé par la mort, en
lui vous avez été rendu vivant.
Christ vit en vous. Que cette participation
à la croix de Christ s'implante toujours
mieux en vous, car elle vous fera participer
toujours mieux à sa vie et à son
amour. Être crucifié avec Christ,
c'est être affranchi de la domination du
péché, c'est être
racheté et vainqueur. Souvenez-vous que le
Saint-Esprit est spécialement chargé
de glorifier Christ en vous, de vous
révéler et de vous approprier tout ce
qu'il y a en Christ pour vous. Ne vous contentez
pas, comme tant d'autres, de ne voir dans la croix
que l'expiation.
La gloire de la croix est non seulement d'avoir
été pour Jésus l'entrée
dans la vie du ciel, mais d'être
continuellement pour nous le moyen de vaincre le
péché et d'entretenir en nous la vie
divine. Apprenez de votre Sauveur à saisir
tout ce que la croix vous donne là. La foi
en la puissance victorieuse de la croix fera mourir
de jour en jour « les désirs de la
chair » ; elle vous fera trouver
votre bonheur, dans la mort continuelle du moi, car
vous regarderez la croix, non plus comme si vous
étiez encore sur le chemin qui mène
à la crucifixion, avec la perspective d'une
mort douloureuse, mais comme ayant
déjà subi la mort de la croix en
Christ et comme vivant en Christ. La croix vous
sera ainsi le moyen béni par lequel
« le corps du péché est
détruit »
(Rom. 6 : 6), le drapeau sous
lequel il faut s'enrôler pour obtenir pleine
victoire sur le péché et sur le
monde.
Enfin, souvenez-vous de ce qui est ici l'essentiel.
Souvenez-vous que c'est Jésus
lui-même, votre Sauveur, qui vous rendra
capable d'être semblable à lui en
toutes choses. Sa douce communion, son tendre
amour, sa divine puissance font de la participation
à sa croix et de la vie de crucifixion une
vie de joyeuse résurrection, de
bénédiction et de victoire sur le
péché. En lui vous pouvez chanter cet
hymne de victoire : « Dieu me
garde de me glorifier en autre chose qu'en la croix
de notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle
le monde est crucifié à mon
égard, et moi je suis crucifié au
monde ! »
O mon Sauveur, je te demande humblement de
me révéler la gloire que
recèle pour moi ta croix lorsque je m'y
place avec toi. La croix, c'était là
ma place, lieu de mort et de
malédiction ; et toi, tu t'es fait
homme comme nous, et tu as été
crucifié avec nous. À présent
la croix est la place dont tu fais un lieu de
bénédiction et de vie ; et tu
m'appelles à devenir comme toi,
crucifié avec toi, pour que je sache par ma
propre expérience que la croix m'a
entièrement affranchi du
péché.
Seigneur, fais-moi connaître toute la
puissance de la croix. Depuis longtemps je connais
sa vertu efficace pour racheter de la
malédiction. Mais qu'il y a longtemps aussi
que, racheté, je lutte en vain contre le
péché, pour obéir au
Père comme toi tu lui as obéi. Il
m'était impossible de me soustraire à
la domination du péché. À
présent je vois que nul ne le peut, à
moins de s'abandonner à la direction du
Saint-Esprit en la communion de ta croix. Alors tu
fais voir à ton disciple que la croix a mis
fin à la domination du péché
et l'en a affranchi. Alors toi, le Crucifié,
tu viens vivre en lui, lui communiquer ton esprit
de volontaire sacrifice, expulser et vaincre le
péché.
O mon Dieu ! Fais-moi mieux comprendre ces
choses. C'est avec la confiance que tu le feras,
que je puis dire : « J'ai
été crucifié avec
Christ ». Toi, qui m'as aimé
jusqu'à mourir pour moi, ce n'est pas ta
croix, c'est toi-même, toi, le
Crucifié, que je cherche et en qui
j'espère. Prends-moi, garde-moi,
enseigne-moi d'instant en instant que tout ce qui
compose mon vieil homme, mon moi terrestre, est
condamné, mérite la croix et a
été crucifié ;
enseigne-moi d'instant en instant qu'en toi j'ai
tout ce qui m'est nécessaire pour vivre
d'une vie sainte et bénie. Amen.
(Voir la note
3e).
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