Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



COMME CHRIST




CINQUIÈME JOUR

COMME CHRIST
En souffrant injustement.

« Car cela est agréable à Dieu, lorsque quelqu'un, par un motif de conscience, endure de mauvais traitements en souffrant injustement. Autrement quelle gloire serait-ce pour vous, si, étant battus pour avoir mal fait, vous l'enduriez ? Mais si, en faisant bien, vous êtes maltraités, et que vous le souffriez patiemment, c'est à cela que Dieu prend plaisir. » 1 Pier. 2 ; 19, 20.

C'est à propos de choses tout ordinaires que Pierre prononce ces paroles importantes, nous présentant Christ comme notre Garant et notre Modèle. Il écrit à des serviteurs qui dans ce temps-là étaient pour la plupart des esclaves. Il les exhorte à être « soumis à leurs maîtres avec toute sorte de crainte, non seulement à ceux qui sont bons et équitables, mais aussi à ceux qui sont fâcheux, car, dit-il, si quelqu'un fait mal et en est puni, quelle gloire lui serait-ce de le supporter patiemment ? » Non, mais si quelqu'un fait bien, et en souffre et le supporte patiemment, voilà ce qui est agréable à Dieu. Supporter ainsi l'injustice, c'est faire comme Christ. En portant nos péchés à notre place, Christ a souffert injustement ; d'après son exemple, nous devons être prêts aussi à souffrir injustement.

Il n'est guère de chose qui nous soit plus dure et plus difficile à supporter que de souffrir injustement de la part de nos semblables. Il y a là non seulement préjudice et douleur, mais encore un sentiment d'humiliation et d'injustice qui réveille la conscience de nos droits. Dans ce qui nous arrive par l'entremise des hommes, il n'est pas toujours facile de discerner la volonté de Dieu et de nous dire aussitôt qu'il permet cette épreuve pour voir si nous avons réellement pris Christ pour notre modèle. Étudions ce modèle ; il nous apprendra ce qui lui donnait la force de supporter patiemment l'injustice.

Christ voyait dans la souffrance la volonté de Dieu. Il avait trouvé dans l'Écriture que le serviteur de Dieu doit souffrir. Cette pensée lui était devenue familière, en sorte qu'à l'arrivée de la souffrance, il n'en fut pas surpris. Il l'attendait, il savait qu'elle devait contribuer à sa perfection. Il n'eut donc pas l'idée de chercher comment il pourrait s'en délivrer mais plutôt comment il pourrait glorifier Dieu par là-même. Ceci le rendit capable de supporter tranquillement la plus grande injustice. Il voyait là la main de Dieu.

Chrétien ! Auriez-vous la force de souffrir injustement dans le même esprit que Christ ? Accoutumez-vous à reconnaître la main de Dieu dans tout ce qui vous arrive. Ce que Jésus vous enseigne là est plus important que vous ne le pensez. Qu'il s'agisse de quelque injustice dans des choses graves, ou de quelque petite offense du courant de chaque jour, avant d'arrêter votre pensée sur la personne qui en est l'occasion, recueillez-vous et rappelez-vous ceci : Dieu permet cette épreuve sur ma route pour voir si je le glorifierai par là. Cette épreuve, grande ou petite, me vient de Dieu, elle est sa volonté à mon égard. Avant tout puissé-je y voir la volonté de Dieu et m'y soumettre. Alors, dans la tranquillité d'âme que donne ce regard en haut, je recevrai aussi la sagesse nécessaire pour me conduire en cette circonstance. Quand on regarde, non plus à l'homme, mais à Dieu, souffrir injustement n'est pas si difficile qu'il semble d'abord.

Christ aussi croyait que Dieu prendrait soin de ses droits et de son honneur. Nous avons en nous un sentiment inné de justice qui vient de Dieu ; mais l'homme qui vit encore selon le monde visible veut avoir son honneur vengé dès ici-bas, tandis que celui qui vit déjà dans le monde éternel et « comme voyant celui qui est invisible » (Héb. 11 : 27), se contente de laisser à Dieu le soin de venger son honneur et ses droits ; il les sait en sûreté dans la main de Dieu. Ainsi faisait notre Seigneur Jésus. Pierre nous dit « qu'il s'en remettait à celui qui juge justement » (1 Pier. 2 : 23). C'était une chose entendue entre le Père et le Fils que le Fils n'avait pas à prendre soin de son honneur à lui, mais seulement de celui du Père, et que le Père pourvoirait à la gloire du Fils. Qu'en ceci le chrétien suive l'exemple de Christ et il en retirera beaucoup de paix et de repos d'esprit. Placez sous la garde de Dieu vos droits et votre honneur ; recevez chaque offense avec la ferme confiance que Dieu veille sur vous et prend soin de vous, « vous en remettant à celui qui juge justement ».

En outre, Christ croyait à la puissance de l'amour qui sait souffrir. Nous reconnaissons tous qu'il n'est pas de plus grande puissance que celle de l'amour. C'est par là que Christ a vaincu l'inimitié du monde. Toute autre victoire n'obtient qu'une soumission forcée, l'amour seul opère la véritable victoire qui change l'ennemi en ami. Nous admettons tous cette vérité en théorie, mais nous reculons devant l'application, tandis que Christ l'a mise en pratique. Lui aussi a voulu se venger, mais il l'a fait avec amour, amenant à ses pieds ses ennemis devenus ses amis. Il a cru que, par le silence, la soumission, la souffrance et le support des offenses, il gagnerait sa cause, parce que c'est ainsi que l'amour obtient la victoire.

Et voilà ce qu'il veut aussi de nous. Notre nature pécheresse aime mieux compter sur sa propre force et son droit que sur le pouvoir divin de l'amour, mais celui qui veut ressembler à Christ doit le suivre là aussi et surmonter le mal par le bien. Plus il sera traité injustement par un autre, plus il se sentira appelé à l’aimer. Et même, s'il faut pour la sécurité publique que la justice punisse l'offenseur, il prendra garde à ce qu'il ne s'y mêle de sa part aucun ressentiment personnel, mais en tout ce qui le concerne il pardonnera, il aimera.

Ah ! que tout serait différent dans le monde chrétien et dans nos Églises, si l'exemple de Christ était suivi ! Que tout serait différent si chacun de ceux qui « reçoivent des outragea n'en rendaient point », si chacun de ceux qui sont « maltraités ne faisaient point de menaces, mais s'en remettaient à celui qui juge justement ». Frères chrétiens, voilà littéralement ce que le Père demande de nous. Lisons et relisons les paroles de Pierre jusqu'à ce que notre âme soit pénétrée de cette pensée : « Si en faisant bien vous êtes maltraités et que vous le souffriez patiemment, c'est à cela que Dieu prend plaisir ».

Dans la vie chrétienne, comme on la comprend ordinairement, où chacun cherche à remplir par ses propres efforts sa vocation de racheté, il est impossible de parvenir à une semblable conformité à l'image du Seigneur ; mais dans la vie de celui qui renonce à soi-même pour s'abandonner au Seigneur, qui remet tout entre ses mains avec la confiance qu'il fera tout, renaît l'espérance de pouvoir ressembler à Christ en ceci aussi. Pour lui le commandement de souffrir comme Christ se lie étroitement à ces mots : « Christ a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin qu'étant morts au péché, nous vivions à la justice ». (1 Pier. 2 : 24).

Frère chrétien, ne voudrais-tu pas ressembler à Jésus et faire, en supportant les offenses, ce que lui-même eût fait à ta place ? N'est-elle pas belle la perspective d'être en toutes choses, même en ceci, conforme à Jésus ? Avec tes propres forces, c'est impossible, mais avec sa force à lui, c'est possible. Abandonne-toi donc à lui jour après jour pour qu'il opère en toi tout ce qu'il veut que tu sois. Crois qu'il vit dans les cieux pour être la vie et la force de chacun de ceux qui cherchent à marcher sur ses traces. Renonce à toi-même pour devenir un avec le Christ crucifié, si tu veux savoir ce que c'est d'être mort au péché et de vivre à la justice. Alors tu éprouveras avec joie quelle puissance résulte de la mort de Jésus, non seulement pour effacer le péché, mais encore pour en briser les liens ; alors tu participeras aussi à sa vie de résurrection qui te fera « vivre à la justice », et tu trouveras tout autant de bonheur à suivre les traces du Sauveur dans la souffrance que tu en as trouvé à te confier pleinement et uniquement en sa passion pour ton expiation et ta rédemption. Alors Christ te sera aussi précieux comme Modèle qu'il te l'a été comme Garant. C'est parce qu'il a pris sur lui ton châtiment en souffrant pour toi, que tu souffriras, toi aussi, volontiers pour lui. Souffrir injustement deviendra ainsi pour toi une participation honorable à ses souffrances, le sceau de la conformité à sa sainte ressemblance, le fruit béni de la véritable vie de foi.

O Seigneur, mon Dieu, je viens d'entendre ce que dit ta Parole : « Lorsque quelqu'un, par un motif de conscience, endure de mauvais traitements en souffrant injustement, cela est agréable à Dieu ». Voilà donc, Seigneur, le sacrifice qui t’est agréable, l'oeuvre que ta grâce seule peut faire en nous. C'est là le fruit des souffrances de ton Fils bien-aimé, le fruit de l'exemple qu'il a laissé et de la force qu'il donne parce qu'il a détruit la domination du péché.

O mon Père, enseigne-moi, enseigne à tous tes enfants, à rechercher une entière conformité avec ton Fils dans ce trait de son image. Seigneur, je veux une fois pour toutes te confier la garde de mes droits et de mon honneur, et ne plus m'en charger moi-même. Tu sauras parfaitement en prendre soin. Et quant à moi, que ma seule préoccupation soit désormais l'honneur et les droits de mon Dieu.

Je te demande surtout de me remplir de foi en la puissance victorieuse de l'amour qui sait souffrir. Fais-moi saisir pleinement que l'Agneau de Dieu qui a souffert pour nous, nous enseigne par là-même que la patience, le silence et le support ont plus de prix aux yeux de Dieu et plus d'influence sur les hommes que la force et le droit. O mon Père, je dois marcher et je voudrais marcher sur les traces de Jésus, mon Sauveur. Que ton Saint-Esprit, que ta lumière, ton amour et ta présence me guident et me fortifient. Amen.
(Voir la note 2me).



SIXIÈME JOUR

COMME CHRIST
Crucifié avec lui.

« Je suis crucifié avec Christ, et je vis, non plus moi-même, mais Christ vit en moi. Dieu me garde de me glorifier en autre chose qu'en la croix de notre Seigneur Jésus-Christ par laquelle le monde est crucifié à mon égard, et moi je suis crucifié au monde. » Gal. 2 ; 20 ; 6 : 14.

Se charger de la croix. Voilà le mot de ralliement donné par Christ à ses disciples. Dans trois occasions différentes, ces paroles sont répétées : « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à soi-même, qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive ». (Matt. 10 : 38 et 16 : 24 ; Luc 14 : 27). Pendant que le Seigneur était encore sur le chemin de la croix, cette expression « se charger de sa croix » était la plus propre à bien rendre la conformité avec Christ (*1) à laquelle est appelé son disciple. Mais à présent que Christ a été crucifié, le Saint-Esprit emploie d'autres termes pour nous parler avec plus de force de notre entière conformité avec Christ (). Il nous dit que le croyant est crucifié avec Christ. La croix est le signe distinctif du chrétien, aussi bien que de Christ. Le Christ crucifié et le chrétien crucifié s'appartiennent mutuellement. Le principal trait de ressemblance avec Christ consiste à être crucifié avec lui. Aussi quiconque veut lui ressembler doit avant tout chercher à comprendre le mystère de cette union avec Christ sur la croix. Au premier moment, ce mot « crucifié avec Christ » effraye le chrétien qui cherche à ressembler à Jésus. Il recule à la pensée de la croix, à la pensée des souffrances et de la mort qui s'y rattachent, mais à mesure que sa vie spirituelle s'éclaire, cette parole fait toujours plus son espérance et sa joie, et il se glorifie de la croix, parce qu'elle le fait participer à la mort et à la victoire qui ont déjà été accomplies et qui l'affranchissent de la domination de la chair et du monde. Pour comprendre ces choses, il faut étudier avec soin ce que nous en dit l'Écriture.

« Je suis crucifié avec Christ », dit Paul « et je vis, non plus moi-même, mais Christ vit en moi ». Par la foi en Christ nous sommes amenés à participer à la vie de Christ, et cette vie-là a passé par la mort de la croix. Elle possède la puissance divine que lui a acquise la mort de la croix. Quand donc je reçois en moi la vie de Christ, je reçois par là-même toute la puissance qui résulte de sa mort sur la croix, puissance qui agit constamment en moi. J'ai été crucifié avec Christ, et pourtant je vis, mais ce n'est plus moi, c'est Christ en moi ; ma vie est celle de Christ crucifié, celle qu'il a obtenue par la croix. Le fait d'avoir été crucifié est au nombre des choses passées et accomplies. « Sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui ». (Rom. 6:6). « Ceux qui sont à Christ ont crucifié la chair ». (Gal. 5 : 34). « Dieu me garde de me glorifier en autre chose qu'en la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle le monde est crucifié à mon égard et moi au monde ». (Gal. 6 : 14). Tous ces textes parlent de quelque chose qui a été fait en Christ, et dont je suis participant par la foi.

Il est très important de comprendre cette vérité et de la proclamer hautement. J'ai été crucifié avec Christ. J'ai crucifié ma chair. J'apprends ainsi à quel point je participe à l'oeuvre accomplie par Christ, car si je suis crucifié et mort avec lui, j'ai part aussi à sa vie et à sa victoire. J'apprends ainsi à laisser mortifier mon vieil homme par la vertu de cette croix.

Il me reste encore beaucoup à faire, mais non à me crucifier, puisque j'ai déjà été crucifié, « Mon vieil homme, dit l'Écriture, a été crucifié ». (Rom. 6 : 6). Je n'ai donc plus qu'à le tenir pour crucifié, et le traiter comme tel sans lui permettre de descendre de la croix. Il faut que je maintienne ma position de crucifié, que « ma chair » reste sur la croix. Pour réaliser la force de ce que nous disons là, il y a encore une importante distinction à faire : le vieil Adam en moi a bien été crucifié, mais il n'est pas encore mort. Quand je me suis donné à mon Sauveur crucifié, péché, chair et tout, il m'a reçu tout entier. Tout mon être avec sa vieille nature fut alors réuni à lui sur la croix, mais là se fit une séparation. Par ma réunion à Christ j'ai été libéré de la vie de la chair, je suis mort avec lui et l'essence intime de mon être a reçu une vie nouvelle : Christ vit en moi ; mais la chair que j'habite encore, ce vieil homme crucifié avec lui, bien que condamné à mort, n'est pas encore mort. Et maintenant, par mon union avec Christ et par sa force en moi, je dois avoir l'oeil à ce que ma vieille nature reste clouée à la croix jusqu'au moment où elle sera entièrement détruite.
Tous ses instincts, tous ses désirs crient ensemble : Descends de la croix. « Sauve-toi toi-même et nous aussi ! » (Luc 23 : 39). Mais mon devoir, à moi, est de me glorifier en la croix, de maintenir de tout mon coeur la prééminence de la croix, d'apposer mon sceau à la sentence prononcée contre la chair, de tenir le péché pour crucifié, et ainsi de ne lui permettre aucune domination. C'est là ce qu'entend l'Écriture quand elle dit : « Si par l'Esprit vous mortifiez les oeuvres du corps, vous vivrez ». (Rom. 8 : 18). « Faites donc mourir ce qui compose en vous l'homme terrestre ». (Col. 3:5). Par là je reconnais que « le bien n'habite point en moi, dans ma chair » (Rom. 7 : 18), par là je reconnais que Christ, le Crucifié, est mon Seigneur ; je me souviens que j'ai été crucifié, que je suis mort en lui, et que ma chair a été à jamais livrée à la mort de la croix. C'est ainsi que je vis comme Christ, crucifié avec lui.

Pour se rendre pleinement compte du sens et de la portée de cette participation à la croix de notre Seigneur, voici ce que doivent bien saisir ceux qui veulent suivre Christ : qu'ils sachent, avant tout, que par la foi, ils sont unis au Christ crucifié. C'est à leur conversion qu'a commencé cette union, mais alors ils ne l'ont pas bien comprise ; et combien de chrétiens restent toute leur vie dans l'ignorance à cet égard, faute de développement spirituel. Mon frère, demandez que le Saint-Esprit vous révèle votre union avec le Crucifié et vous éclaire sur le sens de ces mots : « J'ai été crucifié avec Christ ». « Je me glorifie en la croix de Christ par laquelle le monde est crucifié à mon égard et moi au monde ». Saisissez-vous de ces paroles de l'Écriture, cherchant par la prière et la méditation à vous les approprier entièrement. D'un coeur avide de recevoir, demandez que le Saint-Esprit les fasse vivre en vous. À la lumière de Dieu, comprenez ce que vous êtes bien réellement : « crucifié avec Christ ».

Quand vous serez au clair sur ce premier point, vous recevrez par là-même la grâce et la force de vivre comme quelqu'un qui a été crucifié et en qui Christ vit. Vous pourrez alors, tenir la chair et le monde pour cloués à la croix, et les traiter comme tels. Votre vieille nature cherche sans cesse à vous faire croire que c'est trop prétendre d'exiger de vous que vous viviez toujours de cette vie de crucifié, mais vous le pouvez par votre union avec Christ. C'est en lui et en sa croix que saint Paul peut dire : « J'ai été crucifié au monde ». En Jésus cette crucifixion est un fait accompli ; en Jésus vous avez passé par la mort, en lui vous avez été rendu vivant. Christ vit en vous. Que cette participation à la croix de Christ s'implante toujours mieux en vous, car elle vous fera participer toujours mieux à sa vie et à son amour. Être crucifié avec Christ, c'est être affranchi de la domination du péché, c'est être racheté et vainqueur. Souvenez-vous que le Saint-Esprit est spécialement chargé de glorifier Christ en vous, de vous révéler et de vous approprier tout ce qu'il y a en Christ pour vous. Ne vous contentez pas, comme tant d'autres, de ne voir dans la croix que l'expiation.

La gloire de la croix est non seulement d'avoir été pour Jésus l'entrée dans la vie du ciel, mais d'être continuellement pour nous le moyen de vaincre le péché et d'entretenir en nous la vie divine. Apprenez de votre Sauveur à saisir tout ce que la croix vous donne là. La foi en la puissance victorieuse de la croix fera mourir de jour en jour « les désirs de la chair » ; elle vous fera trouver votre bonheur, dans la mort continuelle du moi, car vous regarderez la croix, non plus comme si vous étiez encore sur le chemin qui mène à la crucifixion, avec la perspective d'une mort douloureuse, mais comme ayant déjà subi la mort de la croix en Christ et comme vivant en Christ. La croix vous sera ainsi le moyen béni par lequel « le corps du péché est détruit » (Rom. 6 : 6), le drapeau sous lequel il faut s'enrôler pour obtenir pleine victoire sur le péché et sur le monde.

Enfin, souvenez-vous de ce qui est ici l'essentiel. Souvenez-vous que c'est Jésus lui-même, votre Sauveur, qui vous rendra capable d'être semblable à lui en toutes choses. Sa douce communion, son tendre amour, sa divine puissance font de la participation à sa croix et de la vie de crucifixion une vie de joyeuse résurrection, de bénédiction et de victoire sur le péché. En lui vous pouvez chanter cet hymne de victoire : « Dieu me garde de me glorifier en autre chose qu'en la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle le monde est crucifié à mon égard, et moi je suis crucifié au monde ! »

O mon Sauveur, je te demande humblement de me révéler la gloire que recèle pour moi ta croix lorsque je m'y place avec toi. La croix, c'était là ma place, lieu de mort et de malédiction ; et toi, tu t'es fait homme comme nous, et tu as été crucifié avec nous. À présent la croix est la place dont tu fais un lieu de bénédiction et de vie ; et tu m'appelles à devenir comme toi, crucifié avec toi, pour que je sache par ma propre expérience que la croix m'a entièrement affranchi du péché.

Seigneur, fais-moi connaître toute la puissance de la croix. Depuis longtemps je connais sa vertu efficace pour racheter de la malédiction. Mais qu'il y a longtemps aussi que, racheté, je lutte en vain contre le péché, pour obéir au Père comme toi tu lui as obéi. Il m'était impossible de me soustraire à la domination du péché. À présent je vois que nul ne le peut, à moins de s'abandonner à la direction du Saint-Esprit en la communion de ta croix. Alors tu fais voir à ton disciple que la croix a mis fin à la domination du péché et l'en a affranchi. Alors toi, le Crucifié, tu viens vivre en lui, lui communiquer ton esprit de volontaire sacrifice, expulser et vaincre le péché.

O mon Dieu ! Fais-moi mieux comprendre ces choses. C'est avec la confiance que tu le feras, que je puis dire : « J'ai été crucifié avec Christ ». Toi, qui m'as aimé jusqu'à mourir pour moi, ce n'est pas ta croix, c'est toi-même, toi, le Crucifié, que je cherche et en qui j'espère. Prends-moi, garde-moi, enseigne-moi d'instant en instant que tout ce qui compose mon vieil homme, mon moi terrestre, est condamné, mérite la croix et a été crucifié ; enseigne-moi d'instant en instant qu'en toi j'ai tout ce qui m'est nécessaire pour vivre d'une vie sainte et bénie. Amen.
(Voir la note 3e).



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NOTE 2
Ne cesseras-tu pas de te plaindre en considérant mes souffrances et celles de mes saints ?... Ne dis jamais : Il m'est impossible de souffrir cela d'un tel homme. S'il m'avait attaqué d'une autre manière, je l'aurais enduré, mais de m'avoir fait ce tort, c'est ce que je ne puis supporter. Voyez quel dommage il m'a fait, quelle injure, quel déshonneur ! Il me noircit en m'imputant des choses dont je n'ai jamais eu la moindre pensée. Encore pourrais-je bien souffrir de quelque autre certaines choses que l'on peut raisonnablement souffrir.

Ces pensées, mon fils, sont insensées : elles, marquent qu'on ne regarde que l'offense et la personne qui l'a commise, et que l'on ne considère pas en quoi consiste la vraie patience, ni qui doit la couronner. Ce n'est pas la posséder que de prétendre ne souffrir qu'autant qu'on veut, et de qui l'on veut. Un homme vraiment patient ne jette point les yeux sur celui qui le fait souffrir ; il ne regarde point si c'est un supérieur, ou un égal, ou un inférieur ; si c'est un homme qui soit en réputation de probité et de sainteté, ou un infâme et un méchant. Mais toutes les fois qu'il lui arrive quoi que ce soit de fâcheux, il le reçoit également de toutes les créatures, comme si ce fût Dieu lui-même qui le lui présentât de sa main paternelle, et il croit y trouver un grand avantage, puisqu'on ne saurait souffrir la moindre chose du monde pour l'amour de Dieu, que Dieu n'en tienne compte.

Seigneur, mon Dieu ! Toutes ces choses paraissent impossibles à la faiblesse de ma nature ; fais, s'il te plaît, que ta grâce me les rende possibles. Que ta grâce me dispose tellement à souffrir injustement que ce soit là l'objet de mes voeux et de ma joie, convaincu qu'il m'est très salutaire de souffrir pour l'amour de toi et de ta divine bonté.
Thomas à Kempis : Imitation de Jésus-Christ III, 19.

NOTE 3
Aujourd'hui il est encore assez de personnes qui soupirent après la gloire du royaume de Jésus-Christ ; mais il en est bien peu qui désirent porter sa croix. Jésus trouve beaucoup de gens qui aiment ses joies, mais peu qui veulent ses afflictions. Que de compagnons pour l'abondance de sa table, mais que de déserteurs dans les temps d'abstinence ! Chacun veut se réjouir avec lui, personne ou très peu veulent souffrir quelque chose avec lui, ou pour l'amour de lui. Il s'en trouve assez avec Jésus-Christ lorsqu'il rompt le pain, mais peu lorsqu'il s'agit de boire la coupe de sa passion...

Cette parole semble bien rude à beaucoup de gens et choque leurs oreilles : renoncez à vous-mêmes, chargez votre croix et suivez Jésus (Mat. 16 : 24) ; mais en voici une autre beaucoup plus terrible : Allez, maudits, au feu éternel (Mat. 25 : 41). Ceux qui aiment maintenant entendre parler de la croix, et qui l'embrassent de tout leur coeur, ne craindront point alors de s'entendre condamner au feu éternel. Lorsque le Seigneur viendra juger les hommes, la croix sera le signe auguste qui les discernera. Alors ceux qui se seront soumis à elle, qui se seront conformés pendant leur vie au Dieu crucifié, s'approcheront avec une grande confiance de ce souverain Juge du monde. Pourquoi donc crains-tu de porter ta croix, vu que c'est par elle qu'on va au royaume céleste ? Le salut est dans la croix ; la vie est dans la croix ; on ne peut se défendre contre les ennemis que par la croix. Dieu joint à la croix et à la souffrance ses divines douceurs, la force de l'âme et la joie de l'esprit. L'abrégé de toutes les vertus et la perfection de la sainteté se trouvent dans la croix et dans les afflictions. Hors de cette croix il n'y a ni salut ni espérance de vie éternelle. Prends donc ta croix et suis Jésus et tu parviendras à la vie éternelle.

Si tu portes la croix de bon coeur elle te portera aussi et te portera au port désiré, lorsque le terme de tes souffrances sera venu, quoi qu'il ne doive pas venir pendant que nous vivons sur cette terre. Mais si tu la portes malgré toi, tu la rends plus pesante et plus insupportable et toutefois il faudra que tu la portes. Si tu rejettes une croix, tu en trouveras infailliblement une autre, peut-être plus pesante que la première. Crois-tu donc pouvoir éviter ce que nul homme n'a pu éviter ? Qui d'entre les saints a été sans croix et sans adversité dans ce monde ? Notre Seigneur Jésus-Christ même n'a pas été une heure sans elles pendant qu'il a vécu sur la terre. Comment donc cherches-tu une autre voie que cette voie royale, cette voie de la croix ?

Plus la chair est abattue par l'affliction, plus l'esprit est fortifié par une grâce ultérieure qui l'affermit... Il ne faut pas attribuer ces effets à la vertu de l'homme ; ce n'est que la grâce de Jésus-Christ qui peut et qui fait tout cela dans la faiblesse de la nature ; c'est elle qui fait qu'on embrasse avec ardeur la croix et qu'on l'aime. Si tu ne jettes les yeux que sur toi, tu te verras dans l'impuissance à rien faire de tout cela, mais si tu t'appuies sur le Seigneur, il t'enverra du ciel une force si puissante qu'elle assujettira à l'esprit le monde et la chair... Consacre-toi donc comme un bon et fidèle serviteur à porter courageusement la croix de ton maître qui a bien voulu être crucifié pour l'amour de toi...

Tiens pour certain que tu dois mener une vie mourante, et que plus on meurt à soi, plus on vit à Dieu. S'il y avait eu quelque chose de meilleur et de plus utile pour le salut des hommes que la souffrance, sans doute Jésus l'aurait enseigné par ses paroles et par son exemple. Cependant il se borne à exhorter hautement ses disciples et tous ceux qui veulent le suivre, à porter la croix.
Thomas à Kempis : Imitation de Jésus-Christ II, 12.
 

(*1) On perd de vue le véritable sens de ce commandement, quand on ne voit là que les croix ou épreuves de la vie. La croix signifie la mort. Se charger de sa croix c'est mourir, et c'est surtout dans la prospérité qu'on en a besoin. Se charger de la croix et suivre Christ, c'est vivre chaque jour en abandonnant à la mort toute volonté et toute vie propres.

 

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