Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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SERMONS



SERMON XII
LES ADIEUX À LA PAROISSE.

L’Éternel n’abandonnera point son peuple, à cause de son grand nom ; parce que l’Éternel a voulu vous faire son peuple. Et pour moi, Dieu me garde que je pèche contre l’Éternel, et que je cesse de prier pour vous ! mais je vous enseignerai le bon et droit chemin. Craignez seulement l’Éternel, et servez-le en vérité, de tout votre coeur ; car vous avez vu les choses magnifiques qu’il a faites en votre faveur ; que si vous persévérez à faire le mal, vous serez consumés.
I. Sam. XII. 22-25.

Ce n’est pas sans une grande émotion, et un pénible serrement de coeur, que j’ai vu approcher cette journée, dans laquelle je dois prendre congé de vous, et vous parler pour la dernière fois comme un de vos conducteurs spirituels. Dès longtemps j’ai pressenti cette séparation, et dès longtemps je l’ai redoutée comme une des épreuves les plus pénibles de ma vie. Vous êtes le premier troupeau que j’aie été appelé à diriger dans la voie du salut, vous êtes les prémices de mon ministère ; c’est ici que le Seigneur m’a fait la grâce de porter d’abord la bonne nouvelle, et c’est ici que j’en ai vu les premiers fruits. Comment donc, ne vous aurais-je pas dans mon coeur ? - Ah ! je puis bien vous dire dans le langage de St. Paul :

O Corinthiens ! notre bouche s’est ouverte pour vous ; notre coeur s’est élargi ; vous n’êtes pas à l’étroit au-dedans de nous ; (2. Cor. VI. 11. 12.) et nous savons aussi que votre coeur s’est ouvert pour nous, car vous nous avez donné des témoignages d’affection, qui ne s’effaceront jamais de notre mémoire. - Mais, maintenant que je dois aller publier ailleurs les miséricordes du Sauveur qui nous a aimés, et conjurer d’autres âmes d’être réconciliées avec Dieu ; j’ai demandé, et je demande encore au Seigneur, de m’accorder du moins cette grâce ; c’est qu’avant de m’éloigner de vous, je puisse vous adressez une dernière exhortation, qui contribue à rendre sérieux les uns et à fortifier la foi des autres. Oui, je lui demande avec ardeur, que son Esprit soit sur moi, pendant que je vous parlerai, afin que ce que je dirai, je le dise, non point de moi-même, mais véritablement comme ambassadeur du Dieu vivant, vous parlant en sincérité ; comme de la part du Seigneur, et en la présence de Dieu en Jésus-Christ ; (2. Cor. II. 17.) en sorte que ce discours ne soit pas comme l’airain qui résonne, mais qu’il soit accompagné d’une démonstration d’Esprit et de puissance. (1. Cor. II. 4.) - Voilà mon voeu le plus ardent ; voilà ce qui seul pourra adoucir l’amertume de cette journée, et donner un caractère auguste et sacré à l’adieu que je dois vous dire. Et j’ai cette confiance en mon Dieu, que ma prière sera entendue de lui, et que sa bénédiction descendra sur celui qui vous portera sa parole et sur vous qui l’écouterez.

Tandis que je lisais l’Écriture, en pensant à la circonstance présente, j’ai été frappé des paroles que je vous ai lues ; et qui furent adressées aux Israélites par le Prophète Samuel, au moment où il résignait sa charge de Juge. L’Éternel n’abandonnera point son peuple, etc. Ce texte me paraît renfermer, en substance, toutes les idées dont je dois vous entretenir dans ce discours.
J’y vois:

- 1°. une promesse solennelle de Dieu à votre égard ; L’Éternel n’abandonnera point son peuple, à cause de son grand nom, parce que l’Éternel a voulu vous faire son peuple.
- 2°. La ligne de conduite que vous devez suivre ; craignez seulement l’Éternel, et servez-le en vérité, de tout votre coeur, car vous avez vu les choses magnifiques qu’il a faites en votre faveur ; que si vous persévérez à faire mal, vous serez consumés.
- 3°. Les devoirs qu’il me reste à remplir envers vous ; mais pour moi, Dieu me garde de pécher contre l’Éternel, et que je cesse de prier pour vous, mais je vous enseignerai le bon et droit chemin.

Éternel mon Dieu et mon Saveur ! parle toi-même à ce peuple, et que la voix de ton ministre ne soit qu’un instrument pour porter les oracles de ta bouche ! Parle Seigneur ! avec cette efficace, qui pénètre irrésistiblement les âmes ! Que ceux qui s’égarent encore dans les sentiers du monde, ouvrent les yeux sur leurs dangers, et recherchent l’éternelle délivrance que tu as donnée à ton peuple ; que les fidèles soient réjouis, fortifiés, perfectionnés par la considération de tes promesses immuables ; que ce jour soit un jour de conversion et de salut ; qu’ainsi, ton chétif serviteur puisse s’en aller en paix, consolé par le spectacle de tes miséricordes, envers cette portion de ton héritage. Amen !

I. L’Éternel n’abandonnera point son peuple, à cause de son grand nom. Ces paroles nous rappellent d’abord, que le Seigneur a ici un vrai peuple. - Oui, cette foule qui vient remplir ce saint parvis, ne se compose pas seulement de Chrétiens de nom ; il y a ici plus que des apparences, l’Évangile n’a pas été annoncé en vain, il a été porté dans plusieurs âmes par le St. Esprit ; il en est plusieurs qui peuvent chanter avec actions de grâces le cantique des rachetés, et s’égayer en celui qui les a sauvés de la condamnation et de la mort. Je t’en bénis, ô Seigneur mon Dieu ! tu m’as accordé cette joie ineffable, de voir ta Parole germer et fructifier chez quelques-uns ; je t’en bénis, ô toi Auteur de toute grâce, de qui procèdent la volonté et l’exécution ! plusieurs de ceux-ci se sont réveillés à salut, et portent ton Évangile écrit dans leurs coeurs, par ton esprit, ô Dieu vivant ! - L’Éternel a ici un peuple, un peuple qui, sorti de l’esclavage et des ténèbres, marche vers la Jérusalem éternelle, après avoir cru et connu, que miséricorde lui a été faite par le sang de l’Agneau. Ce peuple est sans doute clairsemé dans la multitude, il est sans doute bien peu nombreux si on le compare à la troupe des enfants du monde ;

il est sans doute aussi bien faible, bien chargé encore d’infirmités et de souillures, il tient encore par bien des attaches au monde, dont il devrait être entièrement distinct par ses sentiments et par ses habitudes, mais enfin, ce peuple existe ; et maintenant, que devons-nous lui dire de la part du Seigneur ? - Ce que dit Samuel aux Israélites : L’Éternel n’abandonnera point son peuple, à cause de son grand nom.
Il ne l’abandonnera point, c’est-à-dire, qu’il l’affermira et qu’il l’accroîtra.
Il l’affermira. Pauvres âmes ! qui sentez encore continuellement l’influence de la chair et d’une nature rebelle ; qui gémissez chaque jour, au milieu d’un combat si souvent marqué par vos tristes infidélités ; âmes qui avez cru au nom du Seigneur Jésus, mais qui êtes encore si faibles et si chancelantes ! écoutez cette parole puissante : L’Éternel n’abandonnera point son peuple. - Oui, chers et bien aimés ! si votre péché et votre condamnation vous ont été sérieusement manifestés, si vous avez tourné vos regards vers Jésus mourant, et cru pour vous-mêmes à l’efficace de son sacrifice pour vos péchés, si vous avez été scellés de cet Esprit, qui rend témoignage à notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu ; (Rom. VIII. 16.) ayez confiance, l’Éternel est avec vous, et pour la vie et pour la mort. L’oeuvre, qui doit encore se faire en vous, est bien grande sans doute, mais le Seigneur est riche pour vous et saura l’accomplir.

Du glaive de son Esprit, il coupera ces misérables liens qui vous retiennent dans la souillure ; il retranchera par degrés ces penchants du vieil homme, qui tyrannisent encore vos coeurs ; sa lumière jaillira de plus en plus dans vos ténèbres ; sa houlette sera votre appui ; vous marcherez avec lui et par lui, et il vous rassasiera de vie et de délivrance. Puisqu’il m’aime avec affection, dit le Seigneur, je le délivrerai ; je le mettrai en une haute retraite, parce qu’il connaît mon nom ; il me réclamera et je l’exaucerai ; je serai avec lui dans ses détresses, je l’en retirerai et je le glorifierai. (Ps. XCI. 14. 15.) - Oh ! que c’est pour le fidèle, une chose précieuse, de pouvoir ainsi se reposer sous les bras éternels, (Deut. XXXIII. 27.) et d’y trouver la paix, même au milieu des plus furieux orages ! Oh ! que le Seigneur est bon, de nous avoir ainsi pris à lui, pour nous diriger lui-même, pour être en nous l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin (Apoc. I. 8.) de l’oeuvre du salut ! O Israël ! il n’y en a point qui soit semblable au Dieu fort, qui vient à ton aide et qui veut être le bouclier de ton secours ; tes ennemis seront domptés, ta chaussure sera de fer et d’airain, et ta force durera autant que tes jours ; tu habiteras en sûreté, ton oeil sera tourné vers le pays de la promesse et les cieux distilleront la rosée. (Deut. XXXIII. 25. 26. 28. 29.)
Et pourquoi Dieu soutiendra-t-il ainsi son peuple ? - C’est à cause de son grand nom, nous dit le texte, c’est-à-dire, pour sa propre gloire. - Or en quoi met-il sa gloire ?

- Esaïe répondra, qu’il met sa gloire à nous faire grâce et à avoir pitié de nous. (Esaïe XXX. 18.) - Voilà tout son amour pour son peuple. Et pour que vous ne puissiez pas mettre en doute cet amour du Seigneur, écoutez ce que dit St. Paul aux Hébreux : Dieu voulant montrer encore mieux aux héritiers de la promesse, la fermeté immuable de son conseil, il y a fait intervenir le serment, afin que par ces deux choses invariables, (savoir la promesse et le serment) et dans lesquelles il est impossible que Dieu mente, nous eussions une ferme consolation, nous qui avons notre recours à retenir fortement l’espérance qui nous est proposée. (Héb. VI. 17. 18.) L’entendez-vous, âmes fidèles ! Dieu a promis, et il a ajouté à la promesse de bénédiction un serment par lui-même ; pouvait-il faire davantage pour donner une pleine confiance aux siens ?
Il ne faut cependant pas nous le dissimuler ; ces promesses magnifiques ne peuvent s’adresser encore qu’à un petit nombre de ceux qui m’écoutent, car ce sont les promesses que le Seigneur ne fait qu’à ceux qui ont cru et qui ont reçu le sceau de son Esprit. Mais, si le nombre des fidèles manifestés est encore petit au milieu de vous, j’ai confiance que ce nombre s’augmentera. car n’est-il pas évident, pour parler avec mon texte, que le Seigneur a voulu vous faire son peuple ? Peut-on douter qu’il n’ai voulu commencer ici une grande oeuvre de miséricorde ! N’en avons-nous pas une preuve irrécusable, non seulement dans la foi ferme et éclairée, qui s’est manifestée chez plusieurs, mais encore dans le travail secret qui se fait chez un beaucoup plus grand nombre ?

Combien n’en est-il pas, qui sans avoir encore trouvé le repos dans le sein du Sauveur, ont cependant commencé à sentir le fardeau de leurs péchés, et à en gémir devant Dieu ! Combien n’en est-il pas, qui soupirent en secret après une délivrance qui leur est encore inconnue, et qui, dégoûtés d’un monde qui les a si souvent trompés, sentent le besoin d’une autre paix que celle qu’il donne ! - Maintenant, c’est vous que j’atteste, âmes travaillées ! c’est vous que je conjure au nom du Seigneur, de considérer que sa voix vous appelle, et qu’il vous destine à augmenter son peuple fidèle. Vous êtes déjà marquées pour obéir à Jésus-Christ, et pour avoir part à l’aspersion de son sang ; (1. Pierre I. 2.) vous êtes des épis jaunissants pour la moisson qui se prépare; esclaves d’un maître cruel, vous secouez vos chaînes, regardant de toutes parts si personne ne viendra les briser. Ah ! captifs gémissants et désolés ! écoutez la voix de liberté qui se fait entendre sur les saintes montagnes et qui doit ébranler vos coeurs ; écoutez la parole de celui qui déclare qu’il est venu ouvrir aux prisonniers la porte de leur prison ; (Esaïe LXI. 1.) oui écoutez, et apprenez que Christ a payé votre rançon et que si vous vous confiez en lui de tout votre coeur, vous serez sauvés éternellement avec tout son peuple. O vous qui êtes notre plus chère espérance pour l’accroissement du peuple saint, ne repoussez pas la liberté et la vie qui vous sont offertes !

Cependant, j’ai confiance, que les miséricordes de mon Dieu ne seront pas seulement le partage de ceux qui ont commencé à sentir la plaie de leur âme et le besoin de guérison, mais qu’elles s’étendront aussi à plusieurs de ceux qui jusqu’ici sont restés insensibles. L’Esprit de l’Éternel ne peut-il pas souffler sur ces tués et les faire revivre ? (Ezéch. XXXVII. 9.) Ne peut-il pas, de ces pierres même, susciter des enfants à Abraham ? (Matth. III. 9.) Ne peut-il pas faire croître la petite famille jusqu’à mille personnes, (Esaïe LX. 22.) et remplir son Église de vie et de gloire ? - Oui, après avoir commencé une si belle oeuvre, nous pouvons avoir l’espérance qu’il l’agrandira et qu’il l’étendra. Ses promesses et l’expérience que nous avons de ses bontés envers nous, en sont les gages, et ce que nous avons vu jusqu’ici, n’est que l’aurore d’un jour plus beau. Ah ! puissé-je lorsque je serai absent de corps, être souvent réjoui en esprit, non seulement en apprenant l’affermissement de ceux qui ont cru, mais encore le réveil de ceux qui maintenant dorment encore ! Puissé-je entendre souvent cette heureuse nouvelle, touchant ce troupeau ! “Il marche dans la foi, il se fortifie, le règne de Dieu s’y avance comme la lumière qui augmente son éclat, jusqu’à que le jour soit en sa perfection. ” (Prov. IV. 18.) Voilà, ô Seigneur mon Dieu ! les consolations que j’attends de ta bonté inépuisable.
Maintenant, M. C. F., considérons par quel chemin Dieu conduit à cet heureux résultat le peuple qui lui appartient : ce sera le sujet de notre seconde partie.

II. Craignez seulement l’Éternel, et servez-le en vérité de tout votre coeur.
Craignez l’Éternel,
c’est-à-dire, redoutez par-dessus tout de ne pas entrer dans ses desseins à votre égard et de résister à sa volonté. Voilà le premier point sur lequel Samuel insista auprès des Israélites, et sur lequel nous devons insister nous-mêmes auprès de vous. Oui, souvenez-vous, que c’est ce grand Dieu seul qui fait mourir et qui fait vivre, qui fait descendre au sépulcre et qui en fait remonter, que les hommes ne prévaudront point contre sa force irrésistible, et que ceux qui contestent contre lui, seront brisés. (1. Sam. II. 6. 9. 10.) Ne vous laissez donc pas effrayer par les méchants, par leurs artifices, par leurs menaces et par leurs vains discours. Plusieurs chercheront à vous retenir dans le tourbillon des joies du siècles et à vous détourner du droit sentier ; plusieurs essaieront de vous troubler par des railleries, arme dont on ne manque guères de se servir contre ceux qui veulent vivre selon Dieu. Mais rappelez-vous alors, que ce monde passe avec sa convoitise, (1. Jean II. 17.) que bientôt il ne sera qu’un monceau de ruines, que toute cette scène visible va disparaître pour faire place aux éternelles réalités, et qu’alors malheur à ceux qui se seront éloignés du Seigneur et qui auront rejeté son joug. Écoutez-moi, dit l’Éternel, vous qui connaissez la justice, peuple dans le coeur duquel est ma loi ; ne craignez point l’opprobre des hommes, et ne soyez point effrayés de leurs injures ; car la teigne les rongera comme un habit, et la gerce les dévorera comme la laine ; mais ma justice subsistera toujours, et mon salut durera d’âge en âge. (Esaïe LI. 7. 8.)

Servez l’Éternel en vérité, voilà la seconde direction contenue dans le texte. Faites-y attention, M. C. F., on peut servir l’Éternel, et non pas selon la vérité. On peut le servir selon les idées relâchées du monde, ou selon le caprice de sa propre imagination. On peut se faire à soi-même un Dieu qui n’est pas le vrai Dieu, et un Christ qui n’exista jamais. On peut ainsi, s’appuyant sur l’esprit de l’homme et non pas sur la Parole éternelle, s’envelopper d’une atmosphère d’illusion et de mensonge, pour y dormir jusqu’à son dernier jour. Ah ! Dieu vous préserve d’une erreur si funeste, qui en vous donnant une apparence de paix pendant toute la vie, vous conduirait à être éternellement perdu. Dieu vous préserve de ce faux christianisme, qui est le roseau cassé, sur lequel s’appuient tant d’âmes abusées ! - Servez l’Éternel en vérité, c’est-à-dire, selon l’Évangile. Il n’y a qu’un seul Dieu Sauveur, c’est celui que la Bible nous annonce, et c’est cette Bible seule qui doit être votre guide et votre lumière, pour apprendre à le connaître comme il veut être connu, et à le servir comme il veut être servi. Or qu'elles sont les doctrines fondamentales que cette Bible nous annonce ?

C’est que nous sommes par notre nature, morts dans nos fautes et dans nos péchés, dignes d’être haïs, déchus de la gloire de Dieu et enfants de colère ; mais que Dieu qui est riche en miséricorde, par sa grande charité, dont il nous a aimés, nous a rendu la vie par Christ ; qu’en lui nous avons la rémission des péchés par son sang, que nous sommes sauvés par grâce, par la foi, que cela ne vient point de nous, que c’est un don de Dieu, que ce n’est pas par les oeuvres, afin que personne ne se glorifie. Que toutefois, malgré que nous ne soyons pas sauvés par nos oeuvres, mais par pur grâce, nous sommes cependant créés en Jésus-Christ pour les bonnes oeuvres, pour lesquelles Dieu nous a préparés, afin que nous y marchions. (Eph. I. 7. II. 1. 3. 4. 5. 8. 9. 10. - Rom. III. 22. - Tite III. 3.) - Maintenant prenez-y garde, M. C. F., il n’y a point d’autre Évangile que celui-là ; toute autre doctrine est une falsification du vrai Évangile de Dieu ; et malheur ! malheur ! à celui qui irait chercher ailleurs que dans cette doctrine de vie, un remède pour son âme et un appui pour le jour des rétributions. - Oui, ô nos bien-aimés ! vous, pour qui nous sommes en perplexité et en angoisse à cette heure ! que Dieu daigne lui-même, par son St. Esprit, imprimer si profondément sa vérité dans vos âmes, que rien au monde ne puisse vous faire abandonner cet unique fondement d’espérance ! Qu’il vous donne, ce bon Dieu, d’opposer toujours cet Évangile, comme un mur d’airain, aux adversaires, afin que leurs attaques viennent s’y briser !

et que lorsqu’il faudra sortir du tombeau pour paraître devant le Juge des vivants et des morts, vous soyez trouvés revêtus de la justice de Christ, et non pas des lambeaux souillés d’une sagesse mondaine, qui tournerait alors à votre éternelle confusion ! Servez l’Éternel en vérité.
Servez-le de tout votre coeur, ajoute encore le Prophète. - Ce n’est pas dans les formes, ou dans les opinions, ou dans le langage, que réside le vrai culte ; il doit partir du coeur. Ah ! prenez-y donc garde ; ce n’est pas assez d’avoir dans l’Esprit une conviction conforme à la vérité de l’Évangile, ce n’est pas assez de prendre parti pour Christ et pour ses fidèles disciples, ce n’est pas assez de confesser de bouche son grand Nom ; il faut que les affections soient changées, que le coeur de pierre soit ôté, que le coeur de chair soit mis à la place, que l’âme soit régénérée par la puissance de l’Esprit de Dieu, et qu’on en voie les fruits dans une vie d’humilité, de renoncement, de charité, en un mot de bonnes oeuvres ; hors de là, il n’y a point de Chrétien.
Or, M. C. F., souffrez que je saisisse l’occasion présente, qui sera peut-être la dernière, pour faire à chacun de vous, devant le Dieu qui doit nous juger, cette question bien redoutable et bien solennelle : “Avez-vous cru de coeur à l’Évangile de la grâce ? Pouvez-vous en sincérité répéter avec St. Paul : C’est une chose certaine et digne d’être entièrement reçue, que Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier, et miséricorde m’a été faite ? (1. Tim. I. 15. 16.)

Êtes-vous assurés devant Dieu pour le jugement qui se prépare ? Votre âme a-t-elle été réveillée et régénérée par le souffle vivant de l’Esprit, et sentez-vous le témoignage et la puissance de cet Esprit de grâce ?” - Répondez devant Dieu, âmes immortelles ! répondez, comme il faudra répondre à l’appel de Christ, au moment où il viendra faire le grand discernement des boucs et des brebis ; bientôt il paraîtra sur les nuées et nous irons devant son Tribunal ; bientôt, oui bientôt, quelques jours encore ! - Et où irez-vous alors ? - À la droite, ou à la gauche ? - Près de Dieu, ou loin de Dieu ? - Avec ceux qui auront eu la vie, ou avec ceux qui seront restés dans la mort ?
O nos bien-aimés ! à ces questions redoutables, comment ne serions-nous pas effrayés pour vous! car, si nous savons que parmi vous il en est plusieurs à qui la bénédiction est assurée dans le sang du Sauveur, nous savons aussi que le grand nombre est encore hors de Christ et sans espérance. Et c’est à ceux-là que nous disons avec supplication et avec angoisse : ” Prenez pitié de vos âmes, et allez chercher un refuge auprès de Jésus ; il est venu ôter la malédiction, et voulez-vous rester sous la malédiction ? Il vous annonce, et votre misère sans ressource, et le pardon qu’il vous a acquis ; refuserez-vous toujours d’y croire ? Oh ! que Dieu vous donne enfin de regarder à la croix avec une pleine confiance en celui qui y est mort pour vous !” Oui, donne-leur d’y croire, ô mon Dieu !

Réveille, réveille Israël qui sommeille ; fais tomber abondamment ta rosée sur ton héritage épuisé ; rétablis-le, et forme-toi ici un grand peuple, qui te serve en vérité et de tout son coeur.
De tout son coeur ! Hélas ! ceci me rappelle une classe nombreuse parmi vous, M. C. F., celle des disciples qui flottent çà et là, dont le coeur est partagé, qui voudraient allier les deux maîtres incompatibles, Dieu et le monde, et qui ainsi sont inconstants dans toutes leurs voies. (Jaques I. 8.) Ah ! nous voudrions pouvoir dire à ces personnes, toute l’affliction qu’elles nous ont causée, par leurs infidélités continuelles et ouvertes. Que le monde nous afflige par un débordement habituel de vanité et de souillure, nous en gémissons sans doute avec amertume, mais cette conduite ne nous étonne point. Mais, que ceux qui confessent le nom de Jésus et qui déclarent lui appartenir, soient en scandale aux fidèles et même au monde, par des transgressions ouvertes de la loi de Dieu, telles que la violation du Dimanche, un luxe opposé à la simplicité chrétienne, et des habitudes de dissipation et de frivolité ; oh ! voilà ce qui déchire le coeur du ministre de Dieu mille fois plus que tout le reste, et ce qui nous a souvent fait dire avec douleur : “Mon Dieu ! est-ce là ton peuple ? Sont-ils tes enfants, ceux qui veulent ainsi partager leur coeur et qui ne savent rien te sacrifier ? - Seigneur ! augmente-leur la foi, et que de tels scandales disparaissent du milieu de ceux qui confessent ton nom !”

Assurément, il serait bien utile, M. C. F., pour diminuer de pareils scandales, que tous ceux qui ont cru à l’Évangile, s’attachassent aussi à ces préceptes de l’Évangile, qui veulent que les chrétiens s’exhortent et se reprennent mutuellement, dans le sentiment d’une commune charité. Oui, il serait bien désirable que cette franchise salutaire devint plus commune parmi vous, pour éclairer ceux qui pèchent par ignorance et pour soutenir les faibles. Ainsi, marchant ensemble et selon une même règle, vous avanceriez dans votre pèlerinage, en glorifiant celui qui vous a rachetés, et en vous édifiant les uns les autres, jusqu’à ce que vous arrivassiez à la demeure de la perfection et du repos.
Gloire, vie, paix et bénédiction de la part du Seigneur, à ceux qui suivront le chemin que nous venons de vous tracer, et qui serviront l’Éternel selon la vérité et de tout leur coeur ! - Mais quel sera le partage des autres ? - Notre texte l’annonce : Si vous persévérez à faire le mal, vous serez consumés.
Oh ! écoutez ceci, vous tous qui résistez encore au Dieu fort et à son Oint ! Écoutez ceci, vous qui persistez à vouloir suivre les voies de vos passions, du monde et de sa sagesse trompeuse ! Vous, pécheurs audacieux et endurcis ! Vous, pharisiens orgueilleux, qui prétendez vous sauvez par vos propre justices ! Et vous aussi, demi-disciples, qui malgré les avertissements les plus solennels, ne cherchez en Christ qu’un supplément à ce que vous croyez qui vous manque, et non pas le tout du salut !

Écoutez la déclaration de la Parole de vérité : Si vous persévérez à faire ce mal, vous serez consumés. - Non, on ne se joue pas de Dieu, et l’homme moissonnera, selon qu’il aura semé ; (Gal. VI. 7.) si vous ne vous convertissez, vous périrez ; (Luc XIII. 3.) si vous n’allez pas à Christ pour avoir le pardon, vous demeurerez sans pardon ; si vous ne vous jetez dans l’arche de salut que Dieu vous offre au milieu de la tempête, le gouffre vous engloutira et il n’y aura plus d’espoir. Il y a sans doute, dans la main de l’Éternel, un vase inépuisable de miséricorde ; mais il y a aussi dans sa main, une coupe de colère de jugement, qu’il versera sur ceux qui auront repoussé jusqu’à la fin, les tendres invitations de sa bonté. Pensez-vous que votre insouciance et votre dureté feront mentir la Parole de Dieu, et empêcheront la menace de s’exécuter ? Non, non ; il a parlé, et ce qu’il a dit, s’accomplira en son temps. Il n’y a de salut qu’en Christ, et celui qui ne sera pas trouvé en Christ, dans la foi en Christ, dans la vie de Christ, sera perdu. - Âmes si souvent appelées, et toujours en vain ! vous trouverez peut-être ces paroles dures, surtout dans un jour tel que celui-ci, et vous voudriez peut-être que j’usasse de plus de support ; mais, jugez-en vous-mêmes ; comment pourrais-je user de support aux dépens de la vérité ? Comment pourrai-je panser votre plaie à la légère, pour la laisser devenir une plaie mortelle ?

Ah ! ne nous reprochez pas une rigueur que votre état rend nécessaire, et que notre qualité de ministre de Christ réclame impérieusement. Une grande charge nous est imposée, et jusqu’à la fin nous devons la remplir, quoiqu’il en coûte, à nous et à vous. Vous le comprendrez mieux encore, par ce que nous reste à vous dire.

III. Pour moi, dit le Prophète, et nous le disons avec lui, Dieu me garde de pécher contre l’Éternel, et que je cesse de prier pour vous, mais je vous enseignerai le bon et droit chemin. Il y a un chemin, un seul chemin de salut, dressé sur l’abîme du péché et de la mort, c’est Christ. Il est la porte, il est le chemin, la vérité et la vie, nul ne vient au Père que par lui. (Jean X. 9. - Jean XIV. 6.) C’est là le fondement de l’Écriture, et l’Évangile que nous vous avons annoncé. Malheur à nous ! si nous n’annoncions pas cet Évangile, ou si nous allions le falsifier ! Nous serions les meurtriers des âmes, et leur sang nous serait redemandé au grand jour. Considérez donc bien, M. C. F., tout ce que cette charge a de redoutable, et mettez-vous un moment à notre place, afin de comprendre quelle fidélité nous devons mettre dans notre conduite à l’égard de l’Église de Dieu. - Hélas ! nous sentons le besoin pressant de nous humilier devant lui, et en votre présence, à cause de la grande infirmité qui a accompagné notre ministère au milieu de vous. Nous ne vous avons pas toujours parlé avec assez de franchise ; nous avons souvent passé sous silence ce que nous aurions dû proclamer hautement ; nous avons négligé bien des devoirs, que nous aurions dû remplir avec zèle, soit en public, soit en particulier. Que Dieu, dans sa miséricorde, daigne nous pardonner ces fautes, pour l’amour de son Fils, en qui nous avons cru, et qui est notre seul espoir !

- Mais au milieu de ces souvenirs amers, nous avons du moins une consolation, c’est que nous vous avons annoncé le grand, l’unique salut par le sang de la croix, et que nous avons conjuré les pécheurs de le saisir. C’est là un témoignage que notre conscience nous rend, et que vous devez nous rendre vous-mêmes. - Ce devoir que nous avons rempli, nous voulons le remplir jusqu’à la fin, puisque c’est là le point capital, la pierre angulaire de l’Évangile. Nous voulons que nos dernières paroles auprès de vous, soient Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié ; (1. Cor. II. 2.) nous voulons déclarer encore à ceux qui s’égarent, que hors de Christ, il n’y a que la mort éternelle : et quelque sévérité qu’ils puissent trouver dans ces derniers avertissements, il faut qu’ils les entendent, parce que c’est là la charge du Dieu fort, et que nous ne pouvons pas la changer. Celle grande vérité, nous la proclamerons partout où le Seigneur nous appellera ; et nous espérons qu’il nous fera encore la grâce de pourvoir rendre gloire à cette doctrine de réconciliation, quand nous serons couchés sur le lit de la mort. Oui, puissent nos lèvres glacées répéter encore à cette heure dernière, il n’y a point de salut en aucun autre, (Act. IV. 12.) il n’y a point d’autre Sauveur que lui.

Vous dire la vérité jusqu’à la fin, c’est notre premier devoir ; le second, c’est de prier pour vous. - Ah ! qu’il me sera doux de remplir cette dernière obligation ! si je m’éloigne de vous de corps, je me reprocherai de vous en esprit, et je penserai à vous devant le trône du Seigneur. Je lui demanderai, comme je le fais à cette heure, que sa bénédiction et sa paix reposent abondamment sur vous tous ; que ceux qui sont dans le bon chemin, y demeurent fermes, et soient des flambeaux resplendissants au milieu des ténèbres du monde ; que ceux qui sont encore chancelants, soient perfectionnés de jour en jour ; surtout, que cette classe nombreuse, qui jusqu’ici a été entièrement étrangère à l’Évangile, connaisse enfin cet Évangile de paix, et y trouve le remède à ses déplorables égarements ; - que Christ habite au milieu de vous, comme au milieu de son peuple ; que l’enfant apprenne à bégayer son nom, avec émotion et reconnaissance ; que le jeune homme cherche auprès de ce bon Maître, un appui contre les passions orageuses, et un bouclier pour éteindre les traits enflammés du malin ; (Ephés. VI. 16.) que ce nom de Christ soit invoqué soir et matin dans les familles ; qu’il y fasse régner la paix, l’union, le support ; et que ce grand nom vienne encore consoler le vieillard à son heure dernière, et donner une teinte céleste au couchant de ses jours.

- Je demanderai au Seigneur, que sa bénédiction repose sur vos magistrats, qu’il leur donne la fermeté, la fidélité, la crainte de l’Éternel et le désir d’avancer sa gloire, que cette bénédiction repose aussi en abondance sur vos conducteurs spirituels, en sorte que leur travail au milieu de vous soit selon la vérité et pour la conversion d’un grand nombre. - Je lui demanderai enfin, qu’après ce court pèlerinage sur la terre d’exil, nous nous retrouvions tous ensemble dans le temple éternel, pour y chanter le cantique des bienheureux, et voir Dieu face à face.
Mais, chers et bien-aimés ! tandis que je combattrai ainsi pour vous auprès du Seigneur de gloire, j’ai aussi cette confiance, que vous prierez vous-mêmes pour celui qui vous aura quittés, et que vous implorerez pour lui les grâces dont il sent chaque jour davantage le besoin dans son ministère ; que vous demanderez que ses nouveaux travaux soient bénis, qu’il ne sème pas en vain la semence de la Parole, et que Dieu lui donne la joie d’en voir quelque fruit. Vous le ferez, j’aime à le croire, et cette pensée sera bien douce pour mon coeur.

Maintenant, ô Éternel ! daigne exaucer les requêtes qu’a prononcées ton serviteur en faveur de ceux-ci ; sois-leur propice, pour l’amour de ton nom ; sanctifie-les par ta vérité, ta Parole est la vérité ; (Jean XVII. 17.) que ton Soleil de justice luise sur eux, que la croix de ton Fils soit leur refuge ; que ta grâce, ta force et ta paix, leur soient multipliées et demeurent sur eux à toujours ! Amen !

FIN.

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