Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SALUT DE DIEU

FEUILLE CONSACRÉE À L'ÉVANGÉLISATION

VOL. I
PREMIÈRE ANNÉE 1873-4

LES TROIS AVERTISSEMENTS

Un jeune homme, du nom de B demeurant à Manchester, s'était fait remarquer pendant plusieurs années par sa vie profane et débauchée.. Trois fois il avait été, à jugement humain", couché sur son lit de mort. Trois fois il avait déclaré solennellement qu'il se repentait, et fait voeu que, s'il plaisait à Dieu de lui rendre la santé, le reste de sa vie serait consacré à son Créateur et son Rédempteur. Trois fois le Dieu miséricordieux et patient entendit ses supplications et y répondit : mais, hélas ! ses craintes n'étaient pas plus tôt dissipées et le danger passé, qu'il retournait à ses péchés, « comme la truie lavée retourne se vautrer dans le bourbier » (2 Pierre II, 22) ; et comme l'esprit immonde dans la parabole (Luc XI, 26) : « La dernière condition de cet homme-là est pire que la première. »

Une autre fois il dut encore garder le lit à cause d'une maladie dangereuse et prolongée ; la plus terrible angoisse s'empara de son esprit ; prières, lectures, conversations parurent ne lui procurer aucune espérance ni consolation. Un jour qu'il était dans l'agonie du désespoir, il demanda à M. —, qui était assis auprès de son lit, d'engager les membres de la famille à se retirer chacun dans une chambre, afin de prier pour lui.
Dans ce but ses amis le quittèrent immédiatement et il fut laissé seul. Tandis qu'ils étaient tous occupés à prier (et, comme on le sut plus tard, au même moment), ces terribles paroles se présentèrent à l'esprit de chacun : « Parce que j'ai crié, et que vous avez refusé d'ouïr ; parce que j'ai étendu ma main, et qu'il n'y a eu personne qui y prît garde ; et que vous avez rejeté tout mon conseil, et que vous n'avez point agréé que je vous reprisse ; aussi je me rirai de votre calamité ; je me moquerai quand votre effroi surviendra. » (Prov. I, 24-26.) Instantanément, et comme ils l'exprimèrent, presque irrésistiblement, ils se relevèrent et coururent à la chambre du malheureux patient ; et, dès qu'ils ouvrirent la porte, les mêmes redoutables paroles : « Je me rirai de votre calamité ; je me moquerai quand votre effroi surviendra ; » s'échappèrent, à grands cris, de la bouche du moribond..

En un instant tout devint tranquille : le silence de la mort succéda aux cris de l'agonie, et l'esprit s'était envolé à sa destinée éternelle. (Hébr. X, 29-31.)

Lecteurs ! Ces avertissements sont pour vous ! Prenez garde de suivre le même exemple d'incrédulité. Maintenant est le jour de la grâce pour vous ! Ne badinez pas avec vos convictions actuelles, de peur que vous ne repoussiez le Saint-Esprit de Dieu ; ayez pitié de vos propres âmes ; « cherchez l'Éternel pendant qu'il se trouve, invoquez - le tandis qu'il est près » (Ésaïe LV, 6, 7) ; ainsi vous obtiendrez miséricorde, et vous trouverez grâce pour être aidés dans le besoin (Hébr. IV, 14-16.)
AINSI DIT L'ÉTERNEL : « L'homme qui " étant repris, roidit son cou, sera subitement brisé, sans qu'il y ait de guérison. » (Prov. XXIX, 1.) « Voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut. » (2 Cor. VI, 2.)



LE PARADIS PERDU ET LE PARADIS RETROUVÉ.

CHAPITRE II.
LA CHUTE ET SES CONSÉQUENCES.
LA MORT. — LA VIE.

« La femme donc voyant que le fruit de l'arbre était bon à manger, et qu'il était agréable à la vue et que cet arbre était désirable pour donner de la science, en prit du fruit et en mangea, et elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il en mangea ; et les yeux de tous deux furent ouverts ; et ils connurent qu'ils étaient nus, et ils cousirent ensemble des feuilles de figuier, et s'en firent des ceintures ; alors ils ouïrent, au vent du jour, la voix de l'Éternel Dieu qui se promenait par le jardin ; et Adam et sa femme se cachèrent de devant l'Éternel Dieu parmi les arbres du jardin....
«  Alors l'Éternel Dieu dit au serpent : Parce que tu as fait cela, tu seras maudit entre tout le bétail et entre toutes les bêtes des champs ; tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras la poussière tous les jours de ta vie ; et je mettrai inimitié entre toi et la femme et entre ta semence et la semence de la femme ; cette semence te brisera la tête, et tu lui briseras le talon. » (Gen. III, 6..., 14 - 15.)

Plus on considère le caractère de la tentation que Satan mit devant la femme, plus on comprend que cette première désobéissance au commandement de Dieu renferme en elle le germe de tout le mal qui a dès lors corrompu le monde. Le désir de s'élever, de se faire égal à Dieu, afin de pouvoir se passer de lui, telle était la pensée secrète et dominante du coeur humain. Or quand la femme entrevit qu'une telle chose pouvait s'accomplir, et qu'elle satisfaisait en même temps ses goûts naturels, rien ne l'empêchait d'agir selon son égoïsme. Préoccupée d'elle-même dans ce moment critique, elle ne voit rien en dehors d'elle-même. Son égoïsme l'avait complètement aveuglée ; mais, remarquez-le bien : avant d'être aveuglée par son amour-propre, elle donne place dans son coeur à des pensées de méfiance envers Dieu. Voilà la source du mal. Si l'on a bien saisi cela, on comprend aussi que pour le relèvement moral d'un individu, il faut qu'il soit en règle avec Dieu quant à sa conscience. C'est là un principe delà dernière importance.

Lorsqu'on est vraiment heureux dans la présence de Dieu, — en communion avec lui, — on ne pense pas à soi-même, on est à l'abri du mal. Quand la communion avec Dieu n'existe pas, on s'occupe de soi, on a perdu son bouclier et l'adversaire ne tarde pas à en profiter.
Dans la première épître de Jean on trouve une définition du monde dans son essence ou dans son principe, définition qui se rapporte à ce que nous voyons dans notre passage. Il y est parlé (chap. II, 16) de tout ce qui est dans le monde, savoir : 1° la convoitise delà chair ;
2° la convoitise des yeux ; et
3° l'orgueil de la vie.

Au verset 6 de notre chapitre nous voyons que les pensées de la femme avaient ce triple caractère ; elle vit que le fruit défendu était
1° bon à manger,
2° agréable à la vue, et
3° désirable pour donner de la science ; elle prit du fruit et en mangea ; elle en donna aussi à son mari qui était, avec elle, et il en mangea.

Les voilà maintenant grandis à leurs propres yeux, mais honteux en même temps. Ils connurent qu'ils étaient nus, et se firent des ceintures de feuilles de figuier. La science qu'ils avaient convoitée les oblige à s'occuper d'eux-mêmes d'une façon qui leur avait été inconnue jusqu'alors. L'orgueil de la vie demande que nos semblables aient de nous-mêmes la haute opinion que notre propre ambition entretient follement dans nos coeurs. Or, comme on ne peut juger que par l'extérieur (car Dieu seul voit et sonde le coeur), nous nous donnons toutes les peines imaginables pour obtenir d'autrui cette appréciation favorable. Tous nos efforts, de même que ceux de nos premiers parents, ont pour but de cacher ce qui n'a pas bonne façon, mais ce que nous étalons orgueilleusement en guise d'ornement ne fait en réalité qu'attirer l'attention sur nos défauts.

La connaissance du bien et du mal eut pour effet de détruire la confiance mutuelle entre Adam et Eve, de les amener à se méfier l'un de l'autre. Ils avaient fait la découverte qu'ils étaient nus ; leur première pensée fut de se couvrir. Bientôt leur condition morale fut pleinement dévoilée quand ils entendirent la voix de l'Éternel Dieu qui se promenait dans le jardin au vent du jour. Adam et sa femme se cachent incontinent derrière les arbres. Ils ne peuvent pas supporter le regard de l'Éternel Dieu ; tous leurs liens avec lui étaient rompus. Sa présence, au lieu d'être leurs délices, remplit maintenant leur âme de terreur. Les ceintures de feuilles de figuier leur avaient suffi pour se cacher l'un à l'autre ; mais il leur fallait trouver un moyen plus efficace pour se cacher de devant l'Éternel. Us avaient peur de Dieu. La conscience, la connaissance du bien et du mal, qu'ils avaient acquise par la chute, transformait le Paradis, ce jardin délicieux, en un lieu insupportable ; et cela à cause de la présence de l'Éternel Dieu.

La sentence divine, prononcée pour servir d'avertissement à Adam innocent, était conçue en ces termes : « Au jour que tu en mangeras tu mourras de mort ; » cette mort était maintenant entrée ; elle était là d'une manière bien plus réelle qu'Adam ne le pensait.
La même puissance qui avait formé Adam de la poudre de la terre, était en jeu pour maintenir son corps dans son état primitif aussi longtemps que les liens de la communion subsisteraient entre Dieu et sa créature. Ces liens rompus, il n'était plus question que de l'épuisement des forces naturelles dont la mort physique est le terme.
Moralement, par rapport à Dieu, l'homme était déjà mort.
La vie présente nous absorbe à tel point qu'à l'exclusion de l'avenir nous sommes habitués à considérer la mort à un point de vue purement humain, c'est-à-dire comme la fin de la vie terrestre, telle, en effet, que Satan la présenta à la femme quand il lui dit : « Vous ne mourrez nullement. » (Vers. 4.) À la lumière de la Parole de Dieu on comprend la ruse du séducteur. L'homme poursuit sa vie de vanité sur la terre comme si de rien n'était. Il voudrait bien mettre Dieu et ses droits entièrement de côté ; mais son vouloir va plus loin que son pouvoir ; vienne le moment de mourir : alors quelle dérision que le progrès dont il se vante ! La main de la mort l'oblige à reconnaître que la poudre retourne à la terre d'où elle fut tirée ; mais Dieu ajoute : « Et l'esprit retourne à Dieu qui l'a donné. » Si la mort vient mettre un terme à tout le mal que nous avons fait et que nous sommes en train de faire dans ce monde, il est une chose qui suit : — le jugement ; et il faudra que nous allions rendre compte de tous nos péchés devant le tribunal du Dieu vivant. Telle est la condition d'Adam déchu et de toute sa race.
Or Dieu est un Dieu de bonté. Aussitôt que l'état de l'homme déchu est manifesté, II prononce la sentence de jugement sur le serpent, d'une manière digne de lui-même. Il veut que le séducteur soit anéanti par la semence de la femme qu'il avait séduite. La mort régnait comme conséquence du péché ; néanmoins la femme, assujettie à la mort, devait mettre au monde le vainqueur du serpent. « Quand l'accomplissement du temps est venu, Dieu a envoyé son Fils né de femme, né sous la loi afin que nous reçussions l'adoption. » (Gal. IV, 4, 5.) « Puis donc que les enfants ont eu part au sang et à la chair, lui aussi semblablement y a participé, afin que par la mort, il rendît impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c'est-à-dire le diable ; et qu'il délivrât tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient pendant toute leur vie, assujettis à la servitude. » (Hébr. II, 14, 15.) Cette délivrance merveilleuse s'accomplit par la mort de celui qui était en même temps Fils de Dieu et Fils de l'homme, Jésus-Christ, « la semence de la femme. » II fallait qu'en brisant la tête du serpent son talon à lui fut brisé.

Nous avons mérité la mort par nos péchés. Lui s'est chargé de nos péchés et a laissé sa vie pour nous. « II est mort, le juste pour les injustes, afin qu'il nous amenât à Dieu. » (I Pierre III, 18. « II a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification. » (Rom. IV, 25.) Maintenant donc Dieu peut nous dire : « Les gages du péché c'est la mort, mais le don de grâce de Dieu c'est la vie éternelle dans le Christ Jésus, notre Seigneur. » (Rom. VI, 23.) On peut donc comprendre que comme Adam vivant encore sur la terre était mort quant à Dieu, ainsi ceux qui croient en Jésus ont la vie éternelle, bien qu'ils soient encore, quant au corps, assujettis à la mort. « La mort a passé à tous les hommes en ce que tous ont péché ; mais là où le péché abondait la grâce a surabondé, afin que, comme le péché a régné par la mort, ainsi aussi la grâce régnât par la justice pour la vie éternelle par Jésus-Christ, notre Seigneur. » (Rom. V, 12, 20, 21.)

La vie éternelle c'est une vie qui ne finit jamais et qui se passe dans la communion de Dieu, dans la jouissance de la clarté de sa face. « Tu me feras connaître le chemin de la vie ; ta face est un rassasiement de joie. » (Ps. XVI, 11.) « Nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père, et qui nous a été manifestée. » (1 Jean I, 2.) Le Seigneur Jésus-Christ est la vie éternelle ; II l'a manifestée ici-bas. Or Dieu nous dit dans sa Parole que ceux qui croient en Jésus ont la vie éternelle ; ils sont donc appelés à marcher comme Jésus a marché.
S'agit-il de notre état naturel, Dieu nous déclare que nous sommes morts dans nos fautes et dans nos péchés (Ephés. II, 1), qu'il ne trouve rien en nous qui réponde aux exigences de sa sainteté, au courant de ses pensées, au caractère de ses voies. Cela étant, il est impossible que par nous-mêmes nous puissions remédier à cet état de chute. Celui qui est en santé peut bien éviter la maladie, un malade recouvrer la santé avec le secours du médecin ; mais il ne reste aucun espoir pour celui qui est mort. Personne ne peut arracher son frère au « roi des épouvantements. » II en est ainsi de notre état moral vis-à-vis de Dieu : moralement nous sommes morts ; retrouver la vie nous est impossible, c'est l'affaire de Dieu seul.
Mais Jésus-Christ vient nous dire : « L'heure vient et elle est maintenant que les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et l'ayant entendue, ils vivront. » (Jean V, 25.) Il nous dit encore : « Moi, je suis LA RÉSURRECTION ET LA VIE ; celui qui croit en moi, encore qu'il soit mort, vivra ; et quiconque vit et croit en moi, ne mourra point à jamais. » (Jean XI, 25, 26.) Et ailleurs : « C'est ici la volonté de mon Père qui m'a envoyé : que quiconque discerne le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et moi je le ressusciterai au dernier jour. » (Jean VI, 40.) Bénédiction indicible que de connaître le Fils de Dieu, qui est la résurrection et la vie !

Où en êtes-vous, cher lecteur ? Que vous semble-t-il du Christ ? Est-il votre Sauveur, votre Seigneur ? Croyez-vous au Fils de Dieu ? Êtes-vous à lui de telle sorte que vous ne viviez plus pour vous-même, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour nous ? Est-ce que votre bonheur est de mettre de côté votre propre volonté et de marcher d'une manière digne de lui, pour lui plaire à tous égards ? Si vous croyez au Seigneur Jésus-Christ, alors vous avez la vie éternelle (Jean I, 12, 13) ; Dieu vous le dit. Sinon, vous êtes encore mort dans vos fautes et dans vos péchés, dans lesquels vous marchez selon le train de ce monde, selon le chef de l'autorité de l'air, de l'esprit qui opère maintenant dans les fils de la désobéissance. (Éphés. II, 1, 2.) L'esprit malin qui séduisit nos premiers parents opère encore au dedans de vous pour vous faire persévérer dans ce chemin de désobéissance, dans lequel ils ont débuté. Vous aimez ce chemin-là, vous y marchez dans les convoitises de votre chair, accomplissant la volonté de la chair et de vos pensées.
Pensez-y, cher lecteur, Dieu vous appelle encore une fois. C'est encore son jour de grâce. Le Fils de Dieu est descendu dans ce monde afin de subir la mort, gages du péché, à notre place. Sa mort c'est la vie pour nous si nous croyons en Lui ; car la triste part que nous avons eue, vous et moi, à sa croix ignominieuse, ce sont nos péchés. Combien sera donc épouvantable le sort de ceux qui s'obstinent à refuser la grâce de Dieu, qui méprisent le précieux sang de Jésus, qui foulent aux pieds le Fils de Dieu ! c'est là le comble de toutes les offenses ; c'est le péché impardonnable.

(À suivre, D. V.)


LA RUINE ET LE SALUT.

Beaucoup de personnes éprouvent une grande difficulté à comprendre soit l'état de ruine et de perdition complète dans lesquelles leurs péchés les ont plongées, soit le salut gratuit par Jésus-Christ. Que le péché ait amené la ruine et la perdition sur le pécheur, c'est indubitable, puisque le péché est un état de révolte contre Dieu. Or, Jésus est venu de la part du Père pour sauver ou délivrer le pécheur de son état de perdition. Dans ce but Jésus, avant tout, à parfaitement glorifié le Père ; il dit : « Je t'ai glorifié sur la terre, j'ai achevé l'oeuvre que tu m'as donnée à faire. » Ensuite, en donnant sa vie, Jésus a, par voie de justice, réglé la question du péché ; il a payé l'amende pour l'homme justement condamné par la loi de Dieu. Il s'est soumis à la punition en lieu et place du coupable, dont il a payé la dette ; il avait assez de sa valeur personnelle pour offrir satisfaction à notre place ; il était Dieu manifesté en chair ; il était comme homme, l'assemblage de toutes les vertus.
De plus, par sa mort, il a condamné le péché en la chair ; il a victorieusement attaqué le mal à sa racine même ; il a, pour m'exprimer ainsi, tué l'ennemi dans son fort. Et, par sa résurrection, il a introduit une nouvelle vie, vie de résurrection, vie du ciel, sans péché, et pour le ciel. Le sang de Christ est appelé par l'apôtre Pierre (1re épître, chap. I) « précieux sang ; » et il est écrit de Jésus, qu'il est mort et ressuscité pour nous. Là est le salut parfait, salut tout de grâce ; on est parfaitement sauvé quand on a reçu ce salut. C'est par la foi qu'il s'obtient, qu'on le saisit ; c'est en croyant tout simplement de coeur ce que le Dieu de vérité en dit dans sa Parole.

Une comparaison Je suis en prison pour mes fautes ; le chef de ma nation m'envoie ma grâce ; on me la fait lire, j'y reconnais le cachet de l'autorité qui gouverne, je prends confiance ; on ouvre devant moi la porte de la prison, on me dit : Vous êtes libre. Je sors, je chante et je remercie.
« Mais maintenant, en la consommation des siècles, il a paru une seule fois pour l'abolition du péché, par le sacrifice de soi-même. Et comme il est ordonné aux hommes de mourir une seule fois, et qu'après cela suit le jugement ; de même aussi Christ, ayant été offert une seule fois pour ôter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois sans péché à ceux qui l'attendent à salut. » (Hébr. IX, 26-28.)


LE FILS PRODIGUE
(COURTE MÉDITATION SUR LUC XV 11...)

C'est une chose extrêmement réjouissante d'avoir quelqu'un qui ait pu aussi bien que le Seigneur Jésus manifester Dieu, le manifester aussi parfaitement, non-seulement par sa parole, mais aussi par ses oeuvres et par ses voies.
Sans doute, nous pouvons considérer le péché de l'homme, nos péchés, en face du jugement, devant la lumière de la justice de Dieu ; et combien même c'est une chose importante ! Mais Dieu est amour, il est élevé au-dessus de tout mal, et il veut se révéler tel qu'il est. C'est son droit, et Dieu saura montrer ce qu'il est en dépit du péché. Quelle bénédiction pour nous ! Il faut que Dieu soit amour, malgré tous les raisonnements du coeur corrompu de l'homme ; et Dieu agira d'après ce que j'appellerai les sentiments de son coeur, et fera trouver à ces sentiments leur chemin dans le coeur des hommes. C'est aussi pourquoi certains passages de la Parole conservent pour nous une telle fraîcheur, quelque souvent que nous y revenions. Dieu s'y révèle tout particulièrement, et Dieu ne fait jamais défaut ; au moment qu'il parle et se révèle, nous avons la pleine bénédiction de ce qu'il est : — lui-même, le Dieu béni, est venu avec puissance dans nos coeurs, et il n'agit point à la manière des hommes. Il a affaire avec le péché, il veut montrer ce qu'est le péché, et comment il l'a ôté ; mais par-dessus tout, et au travers de tout, il veut se manifester, se révéler lui-même. C'est en quoi nos coeurs trouvent leur repos : nous avons le privilège d'en avoir fini avec nous-mêmes dans la maison de Dieu, dans le sein de Dieu.

L'homme n'aurait pas pu supporter la manifestation de Dieu dans l'éclat de sa gloire ; c'est pourquoi Dieu a caché cette gloire en grâce dans la personne du Fils de l'homme : il s'est revêtu de chair. Mais cela même n'était pas suffisant en face des raisonnements méchants et insensibles du jugement corrompu de l'homme : Dieu a dû montrer ce qu'il était réellement comme Dieu. Quand le Seigneur s'est présenté comme le Messie, comme le Fils de l'homme, comme celui qui accomplissait la loi, ce n'était pas là toute la plénitude de Dieu. L'homme rejetait Christ sans cesse, trouvait à redire à tout ce qu'il faisait, critiquait des choses qu'il ne pouvait, qu'il ne voulait pas accepter ; mais Christ, pressé, réduit comme à l'extrémité, ne faisait que se révéler plus pleinement et montrer ce qu'il était.

Partout où cette vérité est exposée dans la Parole de Dieu, l'âme est comme saisie, et se trouve avec une pleine certitude dans la présence de Dieu, en présence de l'amour, là elle trouve le repos et la paix. Le chapitre de la Parole qui nous occupe est un de ces précieux passages ; Christ est comme forcé de révéler toute la vérité : Dieu est Dieu, il veut 'être Dieu. Si Dieu trouve en quelque chose ce qui peut faire sa joie, son bonheur, et nous en voyons un exemple dans la réception du fils prodigue, Dieu y prendra sa joie en dépit de toutes les objections de l'homme.

À moins qu'ils ne soient incrédules déclarés, les hommes ne nient pas que Dieu doive juger le monde ; ils ne nient pas non plus, comme principe général, que Dieu soit juste, parce que leur orgueil leur fait croire qu'ils peuvent se rencontrer avec lui sur ce terrain de la justice. Mais dès que Dieu> jouissant de toute sa propre et pleine joie, montre ce qu'est la joie du ciel, l'homme fait des objections : il ne faut pas que tout soit grâce, Dieu ne doit pas agir ainsi avec les publicains et les pécheurs ! — Et pourquoi pas ? — Mais alors, qu'est-ce donc que la justice de l'homme ? — La grâce n'en tient pas compte ; pour elle, il n'y a point de différence, car tous ont péché et sont entièrement privés de la gloire de Dieu. Christ, la vraie lumière, manifestait cette vérité ; mais l'homme hait la lumière et ne peut supporter cette grâce apportée au pécheur, cette grâce qui met tous les hommes au même niveau moral. La manifestation de ce que Dieu est, c'est l'abaissement de l'homme.
Celui-ci, en effet, cherche toujours à mettre de la différence entre la justice de l'un et celle d'un autre, afin que sa réputation à lui, puisse se soutenir dans le monde. Nous lisons au chap. VIII de l'évangile de Jean qu'on amena devant Jésus une femme manifestement criminelle, une femme qui, d'après la loi, avait mérité d'être lapidée ; et cela afin que Jésus reniât soit la miséricorde, soit la justice. Si Jésus la laissait aller, il violait la loi de Moïse ; et s'il avait dit qu'elle fût lapidée, il n'eût rien fait de plus que ce qu'eût fait Moïse. Mais comment agit-il ? — il laisse la loi et la justice avoir tout leur cours ; — seulement, « Que celui qui est sans péché parmi vous, jette le premier la pierre contre elle. »
La conscience est mise en action, non pas droitement, il est vrai, car les hommes ne se souciaient que de leur réputation ; toutefois il faut qu'elle parle. Et les accusateurs s'éloignèrent de la lumière, parce que cette lumière manifestait ce qu'ils étaient, et les convainquait de péché. Tous, depuis le plus âgé jusqu'au plus jeune, tous sortirent de devant ce regard qui pénétrait et mettait à nu ce qui. était dans leurs coeurs. Jésus reste seul avec la pécheresse, mais Jésus n'exécutera pas la loi, car il n'est pas venu pour juger : « Je ne te condamne pas non plus, va, et ne pèche plus. » Ce qui est ici manifesté, c'est l'amour, rien qu'amour.
Or tous les publicains et les gens de mauvaise vie s'approchaient de Jésus pour l'entendre ; mais les pharisiens et les scribes murmuraient, disant : « Celui-ci reçoit les gens de mauvaise vie et mange avec eux ! » II peut paraître étrange en effet à plusieurs que Dieu, venant ici-bas, ne s'occupe pas de la justice de l'homme, et soit trouvé dans la compagnie des publicains et des pécheurs. Cela renverse toutes les idées de justice et de morale humaine ; mais c'est aussi ce que Dieu avait à faire, parce que ces idées-là reposent sur une base entièrement fausse.
Le chapitre que nous lisons renferme trois paraboles, et la source de tout ce qu'elles enseignent, c'est l'amour.
La première nous présente le Berger qui a cherché la brebis ; la suivante, la femme qui a cherché la pièce de monnaie ; et la troisième, le Père qui a reçu, le prodigue.. Dans les premières, il est question de recherche ; dans la dernière, il ne s'agit plus de chercher, mais uniquement de la réception par le Père, de la manière de recevoir le fils quand il est revenu. Puis au travers de toutes les trois, nous avons ce grand principe de la joie de Dieu à chercher et à recevoir le pécheur. Sans doute, il y a joie pour le pécheur à être reçu, mais c'est la joie de Dieu de le recevoir : Dieu agit envers lui selon son caractère : « II fallait que nous fissions bonne chère et que nous nous réjouissions ; » et non pas seulement que l'enfant fût heureux.


Chers amis, c'est une vérité très-précieuse que celle-là ! C'est la voix que Dieu a fait retentir et à laquelle tout coeur dans le ciel répond ; c'est la corde que Dieu touche lui-même, et les échos du ciel en répètent le son ! Et toute âme ici-bas doit entrer par la grâce dans cette sainte harmonie ; — mais quel désaccord produit la propre justice !
Jésus lui-même est venu publier la joie et la grâce de Dieu ; et il place cette joie et cette grâce en contraste avec les sentiments du fils aîné, de tout homme à propre justice, quoique dans un sens restreint il soit ici question des Juifs, spécialement. Jésus est venu, et cette voix qui a retenti du ciel en amour, nous la lisons dans le coeur de Christ ici-bas. Combien cela est doux !

Et même, dans un sens, il y a plus de douceur à l'entendre ici-bas qu'en haut dans le ciel : c'est dans ce monde que l'homme doit être atteint par cet amour, et c'est dans ce monde que l'amour de Dieu est si étonnant. L'amour est naturel dans le ciel ; mais ici, sur la terre, parmi nous, Dieu a manifesté ce qu'il est, Dieu a manifesté qu'il prend son plaisir à sauver des pécheurs ; et les anges désirent de regarder dans le fond de cet amour !

Le berger met la brebis sur ses épaules et la rapporte chez lui bien joyeux... N'ai-je pas raison, dit le Seigneur, de chercher les pécheurs perdus ? N'est-il pas digne de Dieu de venir au milieu des publicains et des pécheurs ? Cela peut ne pas être convenable pour un homme moral, mais cela convient à Dieu : c'est son privilège de venir au milieu du péché, de s'approcher des pécheurs, parce qu'il peut les délivrer du péché.

Le berger prend la brebis sur ses épaules et se réjouit ; il se charge d'elle et prend toute la peine pour elle. Il a comme son propre intérêt à faire cela, parce qu'il apprécie la brebis ; elle est à lui, et il la porte dans sa maison. Voilà ce que la Parole dit du berger, et il en est ainsi « du Grand Berger des brebis » : il présente comme son intérêt de « chercher et sauver ce qui était perdu ; » il en fait son intérêt dans le sens de l'amour ; il apporte la brebis bien joyeux dans sa maison, — et c'est en cela qu'est la puissance du salut !

Comment le berger s'y prend-il à l'égard de la brebis ?... Pour nous, nous disons quelquefois au monde de chercher Christ ; et dans un sens nous avons raison, car il est vrai que « celui qui cherche, trouve ; » mais Jésus n'a jamais dit aux hommes : « Venez à moi, » avant d'être d'abord venu à eux « pour chercher et sauver ce qui était perdu. » Parce que le pauvre pécheur ne pouvait aller au ciel pour chercher Christ, Christ est venu sur la terre chercher le pécheur ; il n'a pas dit au lépreux : « Monte au ciel, » mais étant lui-même descendu, il lui dit : « Sois net. » Si un autre que Jésus eût mis la main sur le lépreux, il en eût été souillé autant que le lépreux lui-même ; mais Christ pouvait toucher la puissance du mal dans le lépreux et n'en pas être atteint, mais au contraire la réduire à néant. Il dit : « Venez à moi, vous tous qui êtes travaillés et chargés... et je vous donnerai du repos. » En dehors de Jésus, on ne peut pas plus trouver de repos que la colombe de Noé au milieu du déluge : j'ai passé au travers du monde, je l'ai éprouvé, c'est une mer de péché sans rivage. Mais Jésus a pu dire (et quel autre que lui ?) : « Venez à moi, et vous trouverez du repos ! »

Dans la seconde parabole on trouve une autre chose, la peine que prend cet amour dans la recherche de ce qui a été perdu. Ce n'est plus d'une brebis qu'il s'agit, mais d'argent dans la maison ; tout est mis en oeuvre pour retrouver cet argent : la femme allume la chandelle, balaye la maison ; rien ne l'arrête dans le travail de l'amour, — amour actif, diligent, jusqu'à ce que la pièce de monnaie soit trouvée : c'est son affaire à elle, son intérêt. Puis quand l'argent est recouvré, elle est dans la joie, elle communique cette joie à ceux qui sont autour d'elle, elle les appelle à la partager. « Réjouissez-vous avec moi, car j'ai trouvé la pièce que j'avais perdue. » Et ainsi fait le Seigneur.

Nous avons, vous le voyez, le même principe dans cette seconde parabole que dans la première, savoir la patiente activité de l'amour, jusqu'à ce que le résultat désiré ait été produit : la joie de la femme, comme celle du berger. La pensée dominante, c'est partout la puissance énergique et l'activité de cette grâce, aussi bien que la bonne volonté. Il y avait une entière inactivité dans la brebis et dans la pièce d'argent ; le berger et la femme seuls firent tout. Sans doute il y a à côté de cela une oeuvre très-importante, un effet produit dans le coeur de celui qui s'était dévoyé et qui est ramené en arrière. C'est pourquoi la troisième parabole montre les sentiments du vagabond, et plus loin la manière dont il est reçu, — l'oeuvre dans le coeur du fils, et la manifestation du coeur du père. Ce n'est pas l'estimation que fait de l'amour celui qui est ramené, qui donne une réponse à toutes ses pensées, c'est la manifestation du coeur du père ; c'est ce seul et simple fait, le père est au cou de son fils et l'embrasse ! Le coeur du père est justifié dans ses propres sentiments de bonté, quelle que puisse être la condition de l'enfant.

Quelle bénédiction qu'après tout, le pauvre coeur fatigué, fatigué de ses voies, fatigué du monde, puisse enfin trouver le repos dans la bénédiction du sein du Père, et s'épancher en Lui ! Ce qu'il n'aurait pu faire nulle part ailleurs, lui est possible maintenant qu'il a trouvé Dieu.
Le Seigneur, pour répondre aux objections des pharisiens qui lui reprochaient de recevoir les péagers et les pécheurs, suppose un homme plongé dans une telle dégradation qu'il soit réduit à manger avec les pourceaux ; et souvenez-vous de ce qu'étaient les pourceaux pour les Juifs ! Il suppose cet homme aussi méchant, aussi indigne qu'on le voudra, et ensuite il montre ce qu'est la grâce, ce qu'est Dieu.

Que nous vivions manifestement dans le vice ou non, nous avons tous tourné le dos à Dieu ; le jeune homme était un aussi grand pécheur quand, emportant ses richesses, il franchit le seuil de la maison paternelle, que lorsqu'il prenait sa nourriture avec les pourceaux dans le pays éloigné. Il avait choisi de vivre dans l'indépendance ; et c'est là le péché. Sans doute il recueillit les fruits de son péché, mais ce n'est pas ce dont il s'agit ici ; en un sens les conséquences de son péché furent miséricordieuses, parce qu'elles lui apprirent ce qu'était ce péché.

Les hommes font une distinction entre les pécheurs, c'est pourquoi le Seigneur propose le cas d'un pécheur perdu même au jugement de l'homme, d'un pécheur tombé dans le dernier degré du mal ; il démontre que ce mal ne dépasse pas la grâce de Dieu, par un exemple qui fait ressortir merveilleusement cette vérité, que « si le péché abonde, la grâce abonde par-dessus. » Le jeune homme avait été au loin pour faire sa propre volonté, et c'est là le secret de tout notre péché.
Nos enfants pèchent contre nous, nous en souffrons, tandis qu'eux ne le sentent pas ; nous péchons contre Dieu, et nous ne le sentons pas : nous sommes tous de grands enfants !

« Et là, il dépensa tout son bien en vivant dans la débauche. » Une personne qui dépense au-delà de ses moyens, paraît riche : il en est ainsi du pécheur qui perd son âme, il paraît heureux.

« Et quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays-là, et il commença d'être dans la disette ; alors il se mit au service d'un des habitants de ce pays-là qui l'envoya dans ses possessions pour paître les pourceaux ; et il désirait de se rassasier des gousses que les pourceaux mangeaient, mais personne ne lui donnait rien. » Ou ne donne pas dans le pays éloigné ; Satan vend tout, et il vend cher ; nos âmes sont le prix qu'il recherche ; — si vous vous vendez à lui, vous aurez des gousses ; —jamais il ne vous donnera quoi que ce soit. Mais si vous voulez trouver quelqu'un qui donne, venez à Dieu !
« II commença à être dans la disette. » Les coeurs ne sont pas à leur aise dans le monde ; un homme livré à lui-même pendant quelques heures, commencera à être dans le besoin ; et il y a peu de coeurs qui, arrivés à une certaine époque de leur vie, n'aient pas commencé à être dans le besoin : alors ils vont chercher dans les plaisirs ou dans le vice de quoi les satisfaire. La dernière chose à laquelle ils pensent, c'est à Dieu. Ils n'y songent que quand ils sont bien convaincus que rien d'autre ne pourra les satisfaire. Ils ne pensent pas à la maison du père, car ils ne la connaissent pas ; et quand ils pensent à Dieu, c'est à Dieu en jugement, et non en grâce. Ainsi en était-il du prodigue : sa volonté n'était pas encore touchée.
Lorsqu'il revint à lui-même il dit : « Combien y a-t-il de mercenaires dans la maison de mon père qui ont du pain en abondance, et moi je meurs de faim ! Je me lèverai et je m'en irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j'ai péché contre le ciel et devant toi, et je ne suis plus digne d'être appelé ton fils ; traite-moi comme l'un de tes mercenaires. » II n'avait pas encore compris comment il serait reçu, mais cependant il avait compris qu'il y avait de l'amour dans cette maison du père, les mercenaires avaient du pain de reste ! Il sentait aussi, non-seulement qu'il avait faim, mais qu'il périssait de faim. Dans la maison du père tout était bonheur, et là où il était, c'en était fait de lui ; il était dans le dénûment ; tout lui disait qu'il devait retourner : « Je me lèverai et je m'en irai vers mon père... »

Toute âme qui retourne à Dieu est ainsi amenée à la pensée de la bonté qui est en Lui. C'est aussi ce qui est arrivé à Pierre ; il va et tombe aux pieds de Jésus, et dit : « Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur. » Quelle inconséquence ! se jeter aux pieds de Jésus, et cependant lui dire de s'éloigner !... Et cette apparente inconséquence existe souvent là où il y a un travail dans la conscience et les affections : Dieu devient nécessaire, et cependant la conscience dit que nous sommes trop pécheurs. Pierre sentait son indignité, il sentait que Jésus était trop saint, trop juste pour se trouver avec un homme tel que lui, et néanmoins il ne pouvait s'empêcher d'aller à lui.

De même le prodigue revient et dit : « Mon père, j'ai péché contre le ciel et devant toi, et je ne suis plus digne d'être appelé ton fils. » II ne comprenait pas ce qu'était son père, ce qu'était un coeur de père : il était content d'être dans la maison de son père, mais sa pensée était encore : « Traite-moi comme l'un de tes mercenaires. » II mesurait en quelque sorte l'amour du père par le sentiment de ce qu'il avait été lui-même, et par le mal dans lequel il avait vécu : il pensait à prendre la place d'un serviteur. Que de coeurs il y a dans cet état, qui abaissent la mesure de ce que le père doit faire au niveau de leurs propres sentiments ! Ce ne sont pas des personnes à propre justice positivement dont je parle, mais de celles qui conservent encore des restes de légalisme, et qui prendraient volontiers la place d'un mercenaire dans la maison. « Traite-moi comme l'un de tes mercenaires. » S'il suffisait au fils d'être traité comme un mercenaire, ce n'était pas assez pour le père de recevoir ainsi son fils ; c'eût été une constante souffrance pour son coeur d'avoir un fils dans sa maison comme serviteur, et ce n'eût point été non plus un témoignage aux serviteurs de la maison quant à l'amour du père. Le Père ne peut point avoir des fils comme serviteurs, dans la maison, et si sa grâce infinie les amène, il faut que la réception soit digne de l'amour d'un père. Le prodigue n'était pas encore amené à une entière humilité, à sentir qu'il fallait que tout fut grâce, ou rien.

Le père ne lui laisse pas même le temps de dire : « Traite-moi comme l'un de tes mercenaires ; » il le laisse dire : « J'ai péché contre le ciel et devant toi et je ne suis plus digne d'être appelé ton fils, » mais pas davantage, car déjà il est à son cou et l'embrasse. Comment le fils dirait-il encore : « Traite-moi comme l'un de tes mercenaires » quand son père est à son cou et lui donne ainsi la conscience qu'il est un fils. Il jugera dorénavant le père sur ce que le père est actuellement pour lui, et non pas selon quelque raisonnement abstrait  : le père, est demeuré père lors même que le fils ne serait plus un fils ; et c'est par cette voie que nous recevons l'évangile de la grâce de Dieu. Ce n'est point par le travail de son esprit que l'homme se fera une idée de ce qu'il est devant Dieu ; c'est l'oeuvre de l'Esprit, par la révélation de ce que le Père est ; et s'il est Père, je suis fils.

J'insiste sur ce point parce qu'il y a tant d'âmes qui n'ont, pour ainsi dire, pas reçu pleinement l'esprit d'adoption, qui ne sachant pas qu'elles sont comme enfants dans la maison du Père, ne trouvent pas leur repos dans le repos du Père.
De quelle manière le fils prodigue est-il reçu ? Son esprit étant maintenant renouvelé, il dit : « Je me lèverai et j'irai vers mon père ;... » mais avant qu'il ait eu le temps d'atteindre la maison de son père et de dire ces choses, « pendant qu'il était encore loin, son père le vit et fut touché de compassion. » La voie du fils est perdue dans l'amour du père ; le père « courant à lui se jeta à son cou et le baisa. » Le fils fait la confession de son indignité, et nous sommes pour ainsi dire laissés à nous-mêmes pour découvrir quelles furent ses pensées et ses sentiments, selon la connaissance que nous avons du père.

C'est ainsi absolument que nous faisons l'estimation du salut ; nous sommes laissés à nous-mêmes pour découvrir ce que nous sommes dans le coeur du Père. Le père est au cou de son fils tandis que tous les haillons du pays lointain sont sur celui-ci ; le père ne s'arrête pas à lui demander quoi que ce soit, il sait que son fils a agi très-méchamment, et tout ce qu'il voit le lui dit. Le père n'agit pas selon les pensées du fils ; il agit pour lui-même, d'une manière digne de lui, comme père : il est au cou de son fils, parce que le père aime à s'y trouver.
Mais le père fait autre chose encore. Il appelle les serviteurs pour introduire son fils convenablement dans la maison, pour faire bonne chère et se réjouir. La connaissance de l'amour du Père me fait sentir ce que je suis ; je sais que mes péchés me sont pardonnés, que le Père est à mon cou et me baise, et ainsi plus je connais mes péchés, plus je connais l'amour du Père, plus je suis heureux.

Supposez un marchand ayant des engagements auxquels il est incapable de satisfaire, il craint de jeter les yeux sur ses livres ; mais si sa dette était acquittée, s'il avait un immense fonds de richesses assuré, et si quelque ami faisait tout cela pour lui : après que tout serait payé, il ne craindrait plus de revoir ses livres. La découverte de toute l'étendue de ses obligations ne ferait qu'augmenter en lui la conscience de l'amour de son ami. Si au lieu de mille francs, il reconnaissait que sa dette avait été de dix mille francs, il se dirait : « C'est bien plus que je ne pensais ; » et si en regardant plus loin il reconnaissait que sa dette avait été de vingt mille francs, il s'écrierait : « Jamais il n'y eut d'ami comme mon ami ! »
La grâce ôte tout fardeau, toute crainte ; — la découverte du péché, quand nous connaissons le pardon, n'a d'autre effet que d'augmenter en nous l'amour et la joie ; — si le Père est à mon cou, la simple connaissance qu'il fait cela pendant que je suis dans mes haillons, manifeste quel est son pardon. Tout autre dans l'univers entier eût pensé à mes haillons avant de s'être jeté à mon cou !
« Et le père dit à ses serviteurs : Apportez la plus belle robe et l'en revêtez, mettez-lui un anneau au doigt et des souliers aux pieds, et amenez le veau gras et le tuez.  » Dieu manifeste son amour envers nous misérables pécheurs, et ensuite il nous revêt de Christ ; il nous introduit dans la maison où sont les serviteurs, ne nous donnant rien moins que tout l'honneur dont il peut nous faire jouir. Son amour nous accueille pendant que nous sommes couverts de haillons, mais ici ce même amour agit autrement encore. Dieu nous introduit dans la maison comme il veut nous y avoir, et il nous fait connaître sa pensée sur le prix d'un fils. La Parole nous donne ici les détails sur le veau gras, la robe, l'anneau, la fête ; et la pensée du père était que son fils était digne de cette robe, de cet anneau, de cette fête, et qu'il était digne de lui-même de les lui donner. Mais combien au contraire il eût été peu digne d'un père agissant en grâce de garder son fils dans la maison comme un serviteur !

Quelques-uns penseront peut-être qu'il y a de l'humilité à vouloir être serviteur ans la maison, mais il n'en est rien ; ce n'est qu'ignorance de la pensée du Père. N'est-il pas écrit : « Afin qu'il montrât les immenses richesses de sa grâce par sa bonté envers nous par Jésus-Christ ? » (Éph. II, 7.) Si vous entrez dans la pensée du Père, dans la grâce, estimeriez-vous qu'il fût digne de Lui de nous placer dans sa maison avec un constant mémorial de notre péché, de notre honte, de notre première dégradation et de notre déshonneur ? Si nous devions conserver quelque sentiment de honte, la plus légère marque du pays éloigné, cela serait-il digne du Père"' Non ! « L'adorateur une fois purifié n'a plus aucune conscience de péchés » (Hébr. X, 2), et la position qui lui est préparée dans la maison de Dieu doit être digne de Dieu. Nos coeurs mauvais et incrédules diront peut-être : « Ah ! sans doute il en sera ainsi quand nous serons réellement dans la maison du Père ! » Mais je vous demande alors ce que c'est donc que la foi ? La foi juge comme Dieu juge, elle voit le péché à la lumière de la sainteté de Dieu, et elle le juge ainsi, bien mieux que ne pourrait le faire celui qui ne verrait pas la révolte du péché contre Dieu et combien ce péché déshonore Dieu ; la foi saisit la grâce dans le coeur dit, Père et s'en pénètre. « Celui qui croit met son sceau que Dieu est véritable. »

La foi est la seule chose qui donne de la certitude ; le raisonnement n'en peut produire aucune ; il peut être utile pour les choses de ce monde, mais quand Dieu parle, la foi croit ; elle met son sceau non pas que cela fourrait lien être, mais que Dieu est vrai. -
C'est pourquoi le croyant est aussi sûr d'être sauvé, que s'il était déjà dans le ciel. Il est écrit que « Abraham crut Dieu, » non pas en Dieu, quoique cela soit vrai aussi ; il crut Dieu, il crut que ce que Dieu avait dit était vrai, et c'est là ce que nous avons à faire. (Voyez Rom. IV, 3 ; Gal. III, 6 ; Jacq. II, 23.)
La première chose c'est de croire Dieu ; et si je crois en son Fils, que me dit-il ?" que mes péchés et que mes iniquités sont effacés" —je crois donc cela ; je crois que j'ai la vie éternelle. C'est un péché d'en douter ; ne pas croire ce que Dieu m'affirme, c'est faire Dieu menteur ; oui, c'est un péché de ne pas me croire enfant, introduit en la présence de Dieu, saint et sans tache par le sang de l'Agneau. S'il s'agissait de ma propre justice, certainement elle devrait être mise en lambeaux ; mais c'est du sang de l'Agneau qu'il s'agit ; de la vertu de ce sang. Et qu'a-t-il fait ce sang ? n'a-t-il lavé que la moitié de mes péchés ? Dieu a-t-il limité l'efficace de ce sang ? C'est du prix que Dieu attache à ce sang' que tout dépend ; or, Dieu dit que ce sang purifie de tout péché, et que Christ « a porté nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pierre I, 24) ; non pas seulement quelques-uns de mes péchés, mais mes péchés.

Celui qui connaît la valeur du sang de l'Agneau devant Dieu, sait aussi que toute l'oeuvre du salut est l'oeuvre de l'amour du Père ; et ce serait un péché de douter de cet amour, comme c'aurait été une mauvaise chose si le prodigue, quand le père était à son cou, avait dit : « Je suis couvert des haillons du pays éloigné. » Aurait-il donc pensé que ses haillons seraient une raison pour empêcher cette expression de l'amour qui était dans le coeur de son père ?
Voilà les choses que la propre justice des pharisiens forçait Christ à révéler ; et quand je vois le caractère que Dieu prend envers moi comme pécheur, caractère que Christ me révèle, les doutes de mon coeur d'homme sont réduits au silence devant une telle grâce.

Quelqu'un ici dirait-il que la grâce sanctionne le péché ? Qu'il lise son jugement dans le coeur du frère aîné ; qu'il lise comment la grâce parle à cet homme misérable, qui n'était pas simplement un pauvre prodigue, mais un homme dont le coeur misérable ne participait pas à la joie générale. « Le père étant sorti le priait d'entrer. » Les serviteurs aussi disaient : « Ton frère est venu, et ton père a tué le veau gras, parce qu'il l'a recouvré sain et sauf ; » tous les coeurs sont à l'unisson, un seul excepté, celui de l'homme qui pensait à lui-même et à sa propre justice. « C'est pourquoi son père sortit ; et il le priait d'entrer. »

Considérez cela, et faites-y attention, de peur que vos coeurs ne soient disposés à changer en amertume l'amour et la grâce que Dieu montre à un pécheur semblable à vous ! « II ne voulut pas entrer ; » le père raisonne avec lui et veut le persuader : « Il fallait faire bonne chère et se réjouir, parce que ton frire que voici était mort et il est ressuscité, il était perdu et il est retrouvé. » Mais l'homme juste resta dehors. Se confiant en sa justice, il n'eut aucune part à la joie et au bonheur, mais il montra l'opposition de son coeur aux richesses de la grâce du père.
Connaissez-vous Dieu comme père ? voulez-vous aussi vous connaître vous-même ? Eh bien, ne doutez pas du coeur de Dieu. Comment connaissons-nous Dieu ? Est-ce en regardant dans nos propres coeurs ? Non, mais en apprenant à le connaître dans le don de son Fils. Le Dieu avec lequel nous avons affaire est le Dieu qui a donné son Fils pour les pécheurs ; et si nous ne le connaissons pas ainsi, nous ne le connaissons pas du tout.

Ne dites pas à Dieu : « Traite-moi comme l'un de tes mercenaires ! » — Votre service doit découler de la connaissance que vous aurez de lui. Ne mettez donc pas les pensées de vos coeurs dans le coeur de Dieu. Ces coeurs ont une si forte tendance à retourner au légalisme et à le prendre pour l'humilité ! La seule vraie humilité, la seule vraie force et la seule vraie bénédiction, c'est l'oubli de soi-même en la présence et dans la bénédiction de Dieu. Il se peut que nous soyons amenés là par des voies qui nous humilient, mais ce n'est pas en pensant simplement du mal de nous-mêmes que nous sommes vraiment humbles ; nous avons le privilégie de l'oubli de nous-mêmes dans la manifestation de l'amour de Dieu notre Père qui est amour envers nous.

Que le Seigneur vous accorde par Jésus de connaître, comme de pauvres pécheurs, Dieu ainsi révélé en amour !



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