Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SALUT DE DIEU

FEUILLE CONSACRÉE À L'ÉVANGÉLISATION

VOL. I
PREMIÈRE ANNÉE 1873-4

FAIRE UNE CHOSE FAITE

Une foule de personnes ne connaissent pas de plus sûr moyen d'attirer sur elles la faveur de Dieu que de lui rendre un culte et de faire de bonnes oeuvres. On pense que Dieu doit tenir compte du zèle que l'on met à assister aux offices, aux messes, vêpres ou sermons ; et si, aux actes du culte public, on ajoute encore d'autres actes, d'autres oeuvres réputées bonnes, oh ! alors, il semble impossible que des choses si excellentes n'aient pas devant Dieu la plus grande efficace, et n'attirent pas sa faveur sur ceux qui les font. Tel est le moyen généralement connu et employé pour « faire son salut, » comme on dit ; pour sauver son âme, et naturellement on aime à croire qu'il réussira. Toutefois (chose remarquable !) nul n'atteint le but de manière à pouvoir dire avec certitude : Maintenant je suis assuré que la faveur de Dieu est sur moi ; je sais que je n'ai rien à redouter de sa justice, je sais que je suis sauvé. Nul n'exprime ce désir si naturel à celui qui sait que le ciel est son partage :

« II me tarde de déloger. » Au contraire, tous craignent la mort qui est pour eux le roi des terreurs, l'avenir est pour eux plein de ténèbres, car ils sont là ne sachant ni s'ils seront sauvés, ni s'ils seront perdus : ils passent leur vie jusqu'au bout à chercher la faveur de Dieu et meurent sans aucune certitude de l'avoir trouvée ! Malheureuse position, en vérité ! Terrible incertitude, qui ne fait que s'accroître avec les années, et qui devient d'autant plus insupportable qu'on devient plus sérieux !
La Parole de Dieu seule, cher lecteur, nous explique ce contraste, et nous apprend fort bien pourquoi ceux qui déploient un grand zèle religieux et font beaucoup de bonnes oeuvres, dans la pensée de se rendre Dieu favorable, ne peuvent jamais parvenir à l'assurance du salut, ne peuvent jamais goûter la douce consolation qu'il y a dans une telle assurance. C'est tout simplement parce que ce moyen de salut auquel on s'attache est faux, étant seulement le fruit de la pensée et de l'imagination de l'homme. Vous allez en juger.

Les oeuvres que vous faites et le culte que vous rendez à Dieu, dans la pensée de vous sauver, témoignent d'une vérité très-importante, savoir, que vous vous reconnaissez pécheur. Vous sentez plus ou moins fortement que vous avez offensé Dieu, que vous êtes coupable à ses yeux, que vous avez péché ; et quelque chose aussi vous dit que cette culpabilité, ces offenses, ces péchés ne peuvent pas rester impunis. Cette conviction de péché, hélas ! trop peu profonde,me donne cependant de l'espoir à votre sujet, car cette conviction est de Dieu, c'est lui qui l'a produite et qui la garde dans le fond de votre conscience. Si vous n'aviez, à aucun degré, ce sentiment de péché, vous seriez véritablement tout à fait aveuglé. Car la Parole de Dieu, qui ne peut être anéantie, déclare « que tous les hommes, Juifs et Gentils, sont sous le péché, — qu'il n'y a pas de juste, pas même un seul, — qu'ils se sont tous détournés du droit chemin et que tout le monde est coupable devant Dieu » (Rom. III, 9-20).

Vous êtes donc pécheur, qui que vous soyez ; je n'insiste pas davantage sur une vérité aussi évidente, écrite dans la Bible et dans votre conscience. Mais prenez garde à ceci, c'est que, d'après l'Écriture, le péché vous sépare nécessairement du Dieu du ciel, Dieu « trois fois saint, » qui a les yeux trop purs pour voir le mal. Ni injustes (et il n'y a pas de juste), ni fornicateurs, ni idolâtres, ni adultères, ni efféminés, ni ceux qui commettent le péché contre nature, ni avares, ni ivrognes, ni outrageux, ni ravisseurs, n'hériteront point du royaume de Dieu (1 Cor. VI, 9, 10). La part de ceux-là et de tous les menteurs sera dans l'étang brûlant de feu et de soufre qui est la seconde mort (Apoc. XXI, 8). « Car les gages du péché, c'est la mort » (Rom. VI, 23).

Ainsi tous les hommes sont sous une sentence de mort éternelle, car « tous ont péché. » Le coeur de l'homme a beau se révolter contre cette vérité ; cela ne l'anéantit point. La première leçon qu'un pécheur ait à apprendre,c'est qu'il est perdu ; leçon humiliante, mais nécessaire ; car nul ne dira avec joie : Je suis sauvé ! qu'auparavant il n'ait dit : Je suis perdu ! Tel est, cher lecteur, votre état ; ce n'est point manquer à la charité que de vous dire : Vous êtes perdu, car Dieu vous le dit dans sa Parole. Au fait, vous admettez vous-même cette vérité ; au moins dans une certaine mesure, puisque vous faites des oeuvres et rendez un culte pour vous sauver. Or, nous allons examiner ce moyen de salut que vous avez choisi. Je vous ai dit qu'il est faux ; et je veux vous le prouver, non pas en raisonnant avec vous, car ce sont précisément les hommes qui n'ont pour guide que leur raison, qui s'imaginent qu'on peut acheter le salut par des oeuvres, comme on achète un champ avec de l'or ; et mériter la faveur de Dieu par des cérémonies, comme on mérite celle des hommes par des actions qui leur plaisent ! C'est rabaisser Dieu au niveau de l'homme et le faire semblable à nous ! Mais une chose est certaine, Dieu restera Dieu, malgré les folies des hommes ; et le bon sens et l'Écriture me disent « qu'autant les cieux sont élevés par-dessus la terre, autant ses pensées sont élevées au-dessus de nos pensées et ses voies au-dessus de nos voies » (Ésaïe LV, 8, 9). Je décline donc complètement la responsabilité de vous proposer un moyen de salut inventé par moi au par aucun homme faillible ; je me borne, sur une affaire de cette importance, à vous faire entendre la Parole de Dieu : lisez, réfléchissez et jugez. ! DIEU EST AMOUR (Épître de Jean IV, 8, 16).

« Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais ait la vie éternelle. Car Dieu n'a pas envoyé son Fils pour juger le monde, mais afin que le monde soit sauvé par lui. — Car à tous ceux qui l'ont reçu (ce Fils), il leur a donné le droit d'être enfants de Dieu, savoir à ceux qui croient en son nom » (Évang. de Jean I, 12 ; III, 16-18).
« En ceci a été manifesté l'amour de Dieu pour nous, c'est que Dieu a envoyé son Fils unique au monde, afin que nous vivions par lui ; en ceci est l'amour, non en ce que nous ayons aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima et qu'il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés. Nous l'aimons parce qu'il nous aima le premier » (1 Jean IV, 9, 10, 19). Dieu est amour !
« Dieu a constaté son amour, à Lui, envers nous, en ce que lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous » (Rom. V, 8). « Christ nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous comme offrande et sacrifice à Dieu en parfum de bonne odeur » (Éph. V, 2).
« Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec Lui-même, ne leur imputant point leurs offenses... car celui qui n'a pas connu le péché, il l'a fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui » (2 Cor. V, 19-21).
« II est mort pour nos offenses et ressuscité pour notre justification » (Rom. IV, 25). —
« Lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois... Car aussi Christ a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, afin qu'il nous amenât à Dieu » (1 Pierre II, 24 ; III, 18).
« Or il était navré pour nos forfaits, et froissé pour nos iniquités ; le châtiment qui nous apporte la paix a été sur lui, et par sa meurtrissure nous avons la guérison » (Ésaïe LIII, 5). — DIEU EST AMOUR !
« Sachez donc, hommes frères, que par lui (Christ) vous est annoncée la rémission des péchés, et que, de tout ce dont vous n'avez pu être justifiés par la loi de Moïse, quiconque croit est justifié par lui. Tous les prophètes lui rendent témoignage que, par son nom, quiconque croit en lui reçoit la rémission des péchés. Car aussi il n'y a point d'autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés. — Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé » (Actes IV, 12 ; X, 43 ; XIII, 38 ; XVI, 31).
« En lui nous avons la rédemption par son sang, la rémission des péchés selon les richesses de sa grâce » (Éph. I, 7). Car « le sang de Jésus-Christ, son Fils, nous purifie de tout péché » (1 Jean I, 7). « II n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus » (Rom. VIII, 1).
« Jésus nous a été fait sagesse de la part de Dieu, justice, sanctification et rédemption » (1 Cor. I, 30). « Quand la bonté de notre Dieu Sauveur et son amour envers les hommes sont apparus, il nous a sauvés, non sur le principe des oeuvres accomplies en justice que nous eussions faites, mais selon sa propre miséricorde » (Tite III, 4, 5).
« Sachant que l'homme n'est pas justifié sur le principe des oeuvres de loi, ni autrement que par la foi en Jésus-Christ, nous aussi, nous avons cru au Christ Jésus, afin que nous fussions justifiés sur le principe de la foi en Christ, et non sur le principe des oeuvres de loi : car, sur le principe des oeuvres de loi, nulle chair ne sera justifiée » (Gal. II, 16). « DIEU EST LUMIÈRE. DIEU EST AMOUR. »

J'arrête ici mes citations de l'Écriture ; celles qui précèdent ne seraient-elles pas suffisantes, cher lecteur, pour vous montrer que Dieu a envoyé son Fils au monde pour sauver les pécheurs ; que Dieu nous aime, non parce que nous l'aimons, nous ; non à cause de nos oeuvres ou de notre culte ; mais parce qu'il est amour ? Ne verrez-vous pas et ne comprendrez-vous pas que, pour que nous puissions aimer Dieu, il faut d'abord « que nous ayons connu et cru l'amour que Dieu a pour nous, » car nous l'aimons parce qu'il nous a aimés le premier ? Pourquoi voulez-vous renverser les choses de Dieu en nourrissant la pensée que c'est à vous à aimer le premier ? Car c'est bien là ce que vous faites, en cherchant à vous rendre Dieu favorable « par des oeuvres ; » vous agissez comme s'il ne vous aimait pas encore, comme s'il n'aimait pas le premier ; vous donnez un démenti à l'Écriture ! Et pourquoi donc cette répugnance à croire que Dieu vous aime ? Ne vous a-t-il pas donné la preuve la plus éclatante de son amour ? N'a-t-il pas envoyé son Fils unique dans le monde tout exprès pour vous sauver ? Jésus n'est-il pas mort pour vous, sur la croix ? Et ne verrez-vous pas que, par la foi en ce Jésus mort « pour vous, » TOUS avez un salut entier et parfait, puisque Lui, seul, est le moyen de salut ? ne verrez-vous donc pas que, persister à vouloir vous sauver par vos oeuvres, c'est nier la miséricorde de Dieu ; c'est nier son amour ; c'est fouler aux pieds sa justice, pour établir la vôtre propre ; c'est ne tenir aucun compte de l'oeuvre de Christ, de sa mort, de sa résurrection ; c'est prétendre que vos oeuvres et vos justices souillées auront plus d'efficace, devant Dieu, que le sang de Son Agneau ; c'est, en un mot, vouloir être plus sage que Dieu, et entreprendre, follement, de FAIRE UNE CHOSE que Dieu seul peut faire, et QU'IL A DÉJÀ FAITE : votre salut !

Dieu veuille, cher lecteur, vous donner de connaître et de croire l'amour que Dieu a pour vous, et tout ce que cet amour a fait pour vous sauver. ALORS, et seulement alors, vous ferez de vraies bonnes oeuvres et rendrez un vrai culte à Dieu. Vous agirez parce que vous êtes aimé et sauvé ; non pour être aimé et sauvé : vous adorerez non un Dieu irrité, mais un Père qui vous chérit : c'est le caractère d'un véritable adorateur (Jean IV, 22, 25).

F.



AVEZ-VOUS LEVÉ L'ANCRE ?

Figurez-vous la situation désespérée de deux matelots ivres qui voulaient traverser un bras de mer en Écosse. C'était par une nuit sombre. Le détroit n'était pas large, et en temps ordinaire vingt minutes suffisaient pour le traverser. Au moment dont je parle, les deux matelots étaient fort pressés de rentrer chez eux. Arrivés au bord de l'eau, ils montèrent dans leur embarcation et se mirent à ramer de toutes leurs forces, espérant atteindre l'autre rive plus vite que d'habitude. Cependant, malgré tous leurs efforts, jamais le trajet ne leur avait paru si long. En vain ramaient-ils à coups redoublés, le bateau restait toujours en pleine eau et l'on ne sentait jamais le léger choc de la proue lorsqu'elle touche la plage. Il n'y avait pas de courant dans le petit détroit ; mais nos deux matelots, toujours sous l'effet de la boisson, s'imaginaient que la marée leur était contraire. Ils redoublèrent donc d'énergie, ils rassemblèrent toute leur vigueur pour faire de nouveau force de rames ; néanmoins ils n'atteignaient pas le bord. Ils étaient hors d'eux. Certes, se disaient-ils, le bateau est ensorcelé, ou bien nous le sommes nous-mêmes ! — Les heures s'écoulaient, l'aube du jour commençait déjà à luire sur l'horizon, enfin la lumière croissante de l'aurore vint révéler à nos matelots, maintenant désenivrés, la cause de leur malheur. — Hé ! camarade, s'écria l'un d'eux, en regardant vers l'avant du bateau, nous n'avons pas levé l'ancre ! C'était en effet vrai ; maintenant ils savaient pourquoi toutes leurs peines avaient été inutiles.
La sottise des deux matelots vous fait rire ; il y a de quoi, mais combien d'âmes sont dans le même cas ! Maint pauvre pécheur s'est efforcé de croire (quelque étrange que cela puisse paraître), mais tous ses efforts ont été vains : la paix du coeur est aussi éloignée que jamais. Tous les moyens de grâce n'ont apporté aucun secours ; la prière n'a amené aucune réponse de joie. L'âme malheureuse, poussée au désespoir, jette la faute sur le diable, sur une chance fatale, sur n'importe quoi ; et quant à la véritable cause de son état, elle n'y songe pas, cela ne lui vient pas même à l'esprit.

Le coeur se cramponne à des espérances fondées sur une propre justice qu'on ne veut pas lâcher ; — il nourrit secrètement les choses qui le retiennent sous la puissance de la mort ; — il ne veut pas se laisser aller avec une confiance enfantine dans les bras de Jésus.
Et vous, cher lecteur, où en êtes-vous ? Avez-vous levé l'ancre ? Avez-vous fait l'abandon de vous-même ? Si non, tous vos efforts sont vains, vos prières inutiles. Levez donc votre ancre ; détachez-vous de toute fausse confiance en tout ce qui vous a retenu jusqu'ici ; jetez-vous, tel que vous êtes, sans rames ni gouvernail, dans les bras de Jésus ; et là vous éprouverez pour vous-même la réalité de cette parole : « Je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi. »
À celui qui ne fait pas des oeuvres, mais qui croit en celui qui justifie l'impie, sa foi lui est imputée à justice (Rom. IV, 5).

F. L.



LES DEUX MAISONS

J'ai connu une fois un homme riche qui résolut de se faire bâtir une très-grande et belle maison. Il acheta une pièce de terrain dans un beau quartier de la ville, et se donna beaucoup de peine pour que sa maison fût construite dans le meilleur goût. Il y avait plusieurs chambres spacieuses et de vastes salons. Elle était établie de manière à être chaude en hiver et fraîche en été. Aucune dépense ne fut épargnée pour la rendre aussi confortable que possible, à tous égards. Sans aucun doute, il s'attendait à jouir pendant plusieurs années 'de sa nouvelle et élégante demeure.

Tout en construisant cette grande maison pour lui et pour sa famille, il en faisait élever une autre. Il y avait une grande différence entre ces deux maisons ; car la seconde n'avait qu'une petite chambre pour toute la famille, et cette chambre était souterraine. Elle avait cependant de fortes murailles de marbre, mais pas de fenêtres et seulement une petite porte de fer. Ces deux maisons étaient pourtant pour les mêmes personnes. L'une était pour la famille vivante, l'autre pour la famille morte. Car la maison petite et basse était la voûte dans laquelle leurs corps devaient être placés, quand, l'un après l'autre, ils seraient retirés de cette vie.
La voûte fut bientôt terminée, elle fut prête longtemps avant la grande maison. Et dans laquelle des deux pensez-vous que le riche propriétaire alla d'abord habiter ? Quelque étrange que cela puisse paraître, il fut prêt pour la voûte, avant que la belle demeure fût prête pour lui ; et, bien des mois avant que les vastes salles de la maison neuve fussent habitables, son possesseur était couché dans l'étroit, sombre et froid appartement, qu'il ne quittera pas avant que la terre rende ses morts au dernier jour.

Ceci est un fait qui devrait attirer votre attention, cher lecteur. Bien des choses dans la vie peuvent sembler gaies et brillantes et promettre de grandes jouissances, en sorte que vous en oubliez la fin, ou que vous vous imaginez qu'elle est trop éloignée pour y penser. La maison des vivants est si grande et si belle, qu'elle éclipse à vos yeux la maison des morts. Mais souvenez-vous que, comme le personnage dont je vous ai parlé, vous pouvez être couché dans le tombeau avant que vous soyez entré dans les plaisirs de la vie que vous attendez. Le Sauveur dit : « JE SUIS LA RÉSURRECTION ET LA VIE : CELUI QUI CROIT EN MOI, ENCORE QU'IL SOIT MORT, VIVRA ; ET QUICONQUE VIT ET CROIT EN MOI NE MOURRA JAMAIS. »

Cela est vrai dans tous les sens. Le vrai croyant, dont les péchés sont pardonnés, et qui est accepté en Christ, a la promesse d'une maison qui n'est pas faite de mains, mais qui est éternelle ; non dans ce monde périssable, mais dans les cieux ; et le passage de cette vie-ci à celle-là n'est pas mourir, comme dit le monde, mais s'endormir sur la terre pour se réveiller auprès de Dieu.



LE PARADIS PERDU ET LE PARADIS RETROUVÉ.

CHAPITRE I.
LE JARDIN D'EDEN

« Or l'Éternel Dieu avait formé l'homme de la poudre de la terre, et il avait soufflé dans ses narines une respiration de vie ; et l'homme fut fait une âme vivante. Aussi l'Éternel Dieu avait planté un jardin en Éden, du côté d'orient, et y avait mis l'homme qu'il avait formé. Et l'Éternel Dieu avait fait germer de la terre tout arbre désirable à la vue et bon à manger, et l'arbre de vie au milieu du jardin, et l'arbre de la connaissance du bien et du mal...
« L'Éternel Dieu prit donc l'homme et le mit dans le jardin d'Éden pour le cultiver et pour le garder. Puis l'Éternel Dieu commanda à l'homme, en disant : Tu mangeras librement de tout arbre du jardin ; mais quant à l'arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n'en mangeras point ; car dès le jour que tu en mangeras, tu mourras de mort...
« Or Adam et sa femme étaient tous deux nus, et ils ne le prenaient point à honte.
« Or le serpent était le plus fin de tous les animaux des champs que l'Éternel Dieu avait faits, et il dit à la femme : Quoi ! Dieu a dit : Vous ne mangerez point de tout arbre du jardin ? Et la femme répondit au serpent : Nous mangeons du fruit des arbres du jardin ; mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n'en mangerez point, et vous ne le toucherez point, de peur que vous ne mouriez. Alors le serpent dit à la femme : Vous ne mourrez nullement ; mais Dieu sait qu'au jour que vous en mangerez, vos yeux seront ouverts, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » (Gen. II, 7III, 5.)

C'est en remontant à l'origine des choses que l'on apprend à les connaître sous leur vrai jour. Nos pensées sont souvent faussées par la tradition, ou par une certaine manière d'envisager les choses sans qu'on y prenne beaucoup garde. On se fait ainsi illusion quant au présent et quant à l'avenir. Dieu a cependant fait en sorte qu'il reste au dedans de nous une certaine voix qui, de temps à autre, se fait entendre, et nous dit la vérité malgré tout ce qui s'y oppose dans le cours naturel. Cette voix de la conscience nous dit que la vie de l'âme ne finit pas avec le dernier souffle de la vie terrestre ; — qu'il faut, en outre, comparaître devant le Dieu vivant, pour lui rendre compte de nos actions, de nos paroles, voire même de toutes les pensées qu'on aura caressées dans le coeur.

Il y a certains FAITS qui demeurent là devant nous, dans toute leur épouvantable réalité, — faits que tous les raisonnements des hommes incrédules de ce monde ne réussissent pas à annuler. Je puis accepter ou contester des opinions selon l'idée que je me fais de leur valeur ; mais je suis aveugle de propos délibéré si je ferme les yeux vis-à-vis des faits.
Dans ma vie mondaine, où je ne cherche que le plaisir, la satisfaction de mon égoïsme, ma volonté propre, il y a des faits qui viennent me troubler de bien des manières. De ma nature, je n'aime pas y regarder de près, je les mets de côté, je ne veux pas qu'on m'en parle, et je me tranquillise en disant : Ce ne sont là que des niaiseries, des contes de vieilles femmes ; alors je cherche des distractions dans le monde, je me dissipe encore plus ; puis cette voix intérieure résonne et me dit : Cela ne va pas, tu sais que tu n'es pas en règle avec Dieu ; il te demandera raison de tout ton passé. Je me trouve ainsi de nouveau en face de ces vérités contre lesquelles j'ai lutté et je lutte encore, et auxquelles je résiste de toutes mes forces ; je m'appuie sur les raisonnements des hommes qui jettent du doute sur toutes ces vérités pour tâcher de faire taire la conscience. Puis vient de nouveau cette voix qui me dit : Et pourquoi te donnes-tu tant de peine pour résister à ce qui n'existe pas ? Voudrais-tu battre le vent, ou anéantir le néant ? Ne vois-tu pas que la lutte même que tu engages est la meilleure preuve au dedans de toi de la vérité écrasante de ces faits que tu repousses ? Oui, ils sont réels, et que tu le veuilles ou non, il faut que tu les reconnaisses comme tels.

Voilà les FAITS dont il nous est parlé en tête de cet article ; cher lecteur, ils nous condamnent vous et moi, et tout homme quel qu'il soit. On retrouve ici, dans le livre de Dieu, ce qui s'accorde parfaitement avec tout ce qu'on voit autour de soi dans ce monde où règne tant de misère : l'on voit que ce que Dieu a écrit comme en lettres de feu : « LE PÉCHÉ EST ENTRÉ DANS LE MONDE, ET PAR LE PÉCHÉ LA MORT, » n'est que trop vrai. (Voyez Rom. V, 12.)
Oui, cela n'est que trop vrai ; ne le dit-on pas à tout moment : il faut mourir une fois ou l'autre ?

« Personne ne pourra en aucune manière racheter son frère, ni donner à Dieu sa rançon pour faire qu'il vive encore et qu'il ne descende point dans la fosse ; car on voit que les sages meurent, pareillement que le fou et l'abruti périssent et qu'ils laissent leurs biens à autrui. » (Ps. XLIX, 7-10.)

Les philosophes se donnent beaucoup de peine pour expliquer ce phénomène. Dieu nous en donne une raison bien simple : « Le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort. »
Oui, le péché est entré. Il y eut un temps où il n'était pas connu. Alors toute la création jouissait d'un repos parfait ; elle venait d'éclore dans toute sa beauté primitive, sortant de la main de son Dieu créateur. Partout régnait la paix, et un ordre divin. Dieu lui-même regarda son ouvrage, et voilà qu'il était très-bon ; rien n'y manquait.

Au milieu de toute cette beauté, il y avait un endroit plus beau que tout le reste : un lieu particulièrement favorisé par l'Éternel Dieu, — un jardin qu'il avait lui-même planté et arrangé. Là, il plaça l'homme, le chef-d'oeuvre de la création, — le seul être raisonnable et libre, — le seul qui fût capable de jouir de la communion de Dieu.
L'homme ne reçut pas la vie de la même manière que les autres créatures. Celles-ci sortirent vivantes de la terre ou des eaux par l'effet de la parole du Créateur. L'homme, quand il fut formé, n'était qu'un cadavre sans vie, jusqu'à ce que Dieu soufflât dans ses narines une respiration de vie. Ce souffle-là, venant de Dieu lui-même, c'est l'âme qui dans son essence, est immortelle ; quoi qu'il lui arrive, elle ne peut s'éteindre ni s'anéantir.

Formé de la poussière de la terre et vivifié par l'Éternel Dieu, l'homme ne put par ses propres forces garder la belle position que Dieu lui avait faite en l'établissant comme chef et seigneur de la création terrestre. Pour y être maintenu, il fallait une dépendance continuelle de celui qui l'avait créé. C'est là une vérité positive : pourtant aucune ne nous offusque davantage, — et pourquoi ? Parce qu'on aimerait vivre pour soi-même dans ce monde, dégagé de toute responsabilité vis-à-vis de Dieu ; on voudrait être indépendant, on est lent de coeur à comprendre que le véritable bonheur de la créature dépend de l'harmonie parfaite qui subsiste entre elle et son Créateur. La condition essentielle de cette harmonie, c'est que la créature soit soumise, en toutes choses, à la volonté du Créateur. L'autorité souveraine du Dieu créateur avait imposé une seule loi, une seule défense qui suffit à mettre à l'épreuve l'obéissance de l'homme. Aussi longtemps qu'il a obéi, la communion de Dieu était son glorieux privilège et son bonheur, car il était parfaitement heureux dans la présence de son Créateur ; aucun mal n'abordait son esprit, rien n'interrompait le cours de sa vie calme et paisible, rien, n'empêchait sa jouissance de toutes les beautés de cette demeure bienheureuse, rien n'entravait son intimité avec son Dieu. Dans son état d'innocence, le mal ainsi que la honte étaient pour lui choses inconnues.

Le commandement de Dieu était clair et positif : « Tu mangeras librement de tout arbre du jardin ; mais quant à l'arbre de la connaissance du bien et du mal tu n'en mangeras point ; car dès le jour que tu en mangeras, tu mourras de mort. » Le principe de l'obéissance, c'est que l'on garde le commandement sans raisonner. On le garde, parce que c'est le commandement. Il n'y avait rien dans l'apparence extérieure du fruit défendu qui montrât qu'on ne devait pas le toucher tout comme les autres fruits, il était agréable à la vue, et bon à manger. » Mais la loi du Dieu souverain avait fait la défense : « Tu n'en mangeras point. » C'était là, pour l'homme, la pierre de touche de son obéissance ; c'était la condition essentielle de son bonheur.

Or, l'épreuve ne se fit pas longtemps attendre. Satan, dont le vieux nom de « serpent » est rappelé dans le dernier livre de la Bible (Apoc. XII, 9), s'adressa à la femme comme étant le plus faible des deux êtres qui jouissaient ensemble du paradis. Il soulève dans le coeur d'Eve un doute, quant à la bonté illimitée du Dieu suprême, la femme lui répond avec complaisance, en lui exposant à son point de vue à elle leur position vis-à-vis de Dieu. Il était vrai, en effet, qu'ils n'osaient pas manger librement de tous les arbres. Ils possédaient le jardin, mais non pas d'une manière pleine et entière. Ils en jouissaient, mais leur jouissance n'était pas sans bornes. C'en était assez. Dès que le moindre doute, quant à la parfaite bonté de Dieu, se fut élevé dans le coeur de la femme, son adversaire ne tarda pas à en profiter. Il s'enhardit, il jette du doute sur la parole même de Dieu ; il va jusqu'à dire que Dieu a trompé ses créatures. « La mort, » dont Dieu avait parlé n'était qu'un épouvantail pour les retenir dans l'esclavage. Bien plus, c'était cet arbre-là qui seul pouvait les affranchir du joug de la servitude ; s'ils en mangeaient, ils seraient égaux de Dieu lui-même, connaissant le bien et le mal.
La femme écouta les paroles de Satan ; elle se laissa séduire.

(À suivre, D. V.)



JÉSUS AU PUITS DE SICHAR
(Jean IV, 5).

Voyez-le, cet étranger solitaire, assis là et se reposant de la fatigue du chemin. Il demande à boire. Vous avez chez vous des fontaines et des pompes; il n'a pas, Lui, de chez soi. (Luc IX, 58.) Il est si pauvre qu'il lui faut emprunter un verre d'eau. Je dis  : emprunter, car il ne prend jamais sans rendre. Il était riche ci-devant; il a vécu dans la pauvreté, afin que par sa pauvreté nous fussions enrichis. (2 Cor. VIII, 9.) Croyez-vous cela  ? Celui qui emprunte un verre de cette eau qui n'étanche que momentanément la soif, est là pour vous donner l'eau qui désaltère à jamais.

La source des vanités humaines, à laquelle vous puisez depuis longtemps peut-être, vous a-t-elle une seule fois rafraîchi ? Combien de fois, au contraire, après un jour ou une nuit de plaisir mondain, votre coeur atterré, desséché, n'a-t-il pas dit  :   Encor    » Votre expérience a donc confirmé ces parole  :   Celui qui boit de cette eau-ci aura encore soif  » Vous les avez trouvées vraies sans les croire; si vous les eussiez crues d'abord, vous vous fussiez épargné de nombreux et de douloureux mécomptes.
Jésus dit (verset 10  :   Si tu connaissais le DON de 'Dieu, et QUI est celui qui te dit  :   Donne-moi à boire  » tu lui eusses demandé et il t'eût donné de l'eau vive  » Vous avez là devant vous,   le Dieu véritable et la vie éternelle  » dans la même Personne. (1 Jean II,  24 ; V, 20.) C'est du ciel qu'il est descend  ; c'est pour vous qu'il est là. Il vous cherche pour vous faire part du don qu'il apporte. Voulez-vous vous laisser aborder?
Pourquoi le fuiriez-vous lorsqu'il vous appelle  ? C'est quand l'homme eut mauvaise conscience, eut péché, qu'il se cacha à la voix de son Dieu. (Gen. III, 10.) Mais ce n'est pas en se cachant qu'on ôte le péché;   les gages du péché, c'est la mort  » (Rom.VI 23 ); et pour ôter le péché, c'est la mort de l'Agneau de Dieu qu'il a fallu.
  Seigneur, auprès de qui nous en irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle  » (Jean VI, 68.)


LES CITERNES CREVASSÉES
ET
LA SOURCE DES EAUX VIVES

Cieux, soyez étonnés de ceci; ayez-en de l'horreur et soyez extrêmement asséchés, dit l'Éternel. Car mon peuple a fait deux maux : ils m'ont abandonné, moi qui suis la source des eaux vives, pour se creuser des citernes, des citernes crevassées qui ne peuvent point contenir d'eau. (Jér. II, 12, 13.)

Le désir du bonheur est un sentiment naturel et universel  : il est facile de le constater parmi les hommes de tous rangs et de toutes condition s; et j'ose affirmer sans hésitation que, qui que vous soyez, cher lecteur, vous désirez vous-même être heureux, soit dans ce monde-ci, soit dans l'autre. Je dis, de plus, qu'afin de satisfaire ce désir, vous recherchez avec persévérance toutes les choses qui, selon vous, peuvent contribuer à votre bonheur, et que vous fuyez toutes celles qui peuvent vous occasionner du chagrin et de la douleur. Et nul ne peut vous blâmer d'agir ainsi, (Mi' il est raisonnable que vous cherchiez à satisfaire un désir qui, en soi, n'a rien de mauvais, bien qu'il soit la preuve évidente que l'homme n'est pas heureux dans son état actuel, puisqu'il cherche encore le bonheur. On ne désire plus, on ne cherche plus ce que l'on a déjà trouvé  : on en jouis.

L'homme n'a pas trouvé le bonheur, mais il le cherche; on conviendra qu'il est de la plus haute importance de ne pas s'égarer dans cette recherche et de ne pas demander le bonheur à des choses qui ne peuvent pas le donner.
Examinons donc un peu quelle est la source à laquelle les hommes s'abreuvent pour apaiser leur soif, et quelles sont les choses qu'ils recherchent et poursuivent généralement comme pouvant leur procurer la félicité. Ceux-ci placent le bonheur de l'homme dans la satisfaction de ses passions charnelles, de ses appétits grossier  : boire, manger, se parer, se divertir et s'abruti  : voilà ce qu'ils font, ou voudraient faire, pour apaiser leur soif. Voilà la source où ils boivent  : c'est leur citerne  !

Ceux-là cherchent les richesses  : posséder, posséder encore, ajouter une somme à une autre, une propriété à une autre, voilà ce qui leur semble être le plus sûr moyen de parvenir au bonheur  ; c'est là l'eau qu'ils ont choisie, c'est leur citerne! D'autres encore choisissent la gloire  : c'est en se faisant un nom par leur science, par leur pouvoir, par leur vertu, par leur bienfaisance, ou même par leurs crimes, qu'ils supposent arriver à la vraie félicité; c'est là leur eau; c'est leur citerne, toutes ces citernes-là sont des CITERNES CREVASSÉES; l'eau de la vie et du bonheur ne s'y trouve point  ; elles ne peuvent renfermer qu'une eau boueuse et corrompue qui, au lieu d'apaiser la soif, ne fait que la trompe  ; et qui, au lieu de rafraîchir une âme d'homme, ne lui procure à la fin que du tourment ! Il y a dans l'Écriture un exemple très-frappant de la vérité de ce que j'avance ici  : c'est celui du roi Salomon  : laissons-le parler lui-même sur ce sujet.
Voici comment il s'exprime:  
Je me suis fait des choses magnifiques: je me suis bâti des maisons; je me suis planté des vignes. Je me suis fait des jardins et des vergers, et j'y ai planté des arbres fruitiers de toutes sortes. Je me suis fait des réservoirs d'eau pour en arroser le parc planté d'arbres. J'ai acquis des hommes et des femmes esclaves; et j'ai eu des esclaves nés en ma maison, et j'ai eu plus de gros et de menu bétail que tous ceux qui ont été avant moi dans Jérusalem. Je me suis amassé de l'argent et de l'or, et des plus précieux joyaux qui se trouvent chez les rois et dans les province s; je me suis acquis des chanteurs et des chanteuses, et les délices des hommes, une harmonie d'instruments de musique, même plusieurs harmonies de toutes sortes d'instruments. Je me suis agrandi et je me suis accru plus que tous ceux qui ont été avant moi dans Jérusalem, et ma sagesse est demeurée avec moi. Enfin je n'ai rien refusé à mes yeux de tout ce qu'ils ont demandé, et je n'ai épargné aucune joie à mon coeur; car mon coeur s'est réjoui de tout mon travail; et c'est là tout ce que j'ai eu de tout mon travail. Mais ayant considéré toutes mes oeuvres que mes mains avaient faites, et tout le travail auquel je m'étais occupé en les faisant, VOILA, TOUT EST VANITÉ ET RONGEMENT D'ESPRIT  » (Eccles,I, 14.)

Qu'est-ce que tout cela signifie, sinon que toutes ces choses que Salomon a recherchées, et que les hommes aiment et recherchent, NE PEUVENT PAS rendre heureux, et qu'au contraire, plus on s'y attache, plus aussi la déception est amère?
Et Dieu veuille, mon cher lecteur, que vous soyez puissamment convaincu de cette vérité, afin que si jusqu'à présent vous avez cherché le bonheur dans ces choses-là, dans ces citernes crevassées, vous les abandonniez sans retard et sans regret pour vous tourner vers la « source des eaux vives. » Réunissez, par la pensée, sur votre tête, tout ce que l'homme le plus ambitieux peut désirer de richesses, de sagesse, de puissance, de science et de gloire, jusqu'à avoir tous les royaumes du monde et leur gloire, et plus encore... et maintenant dites-moi, la main sur la conscience : est-ce là le bonheur ?...
Oh !... si à la mort, qui frappe le puissant comme le faible, le riche comme le pauvre, si à la mort tout était fini, je vous dirais : Rassasiez-vous d'un tel bonheur ! Mangeons, buvons, car demain nous mourrons ! Mais, ô homme, tu n'es pas une brute ! Pourquoi t'avilirais-tu toi-même jusqu'au point d'étouffer la voix de la conscience et d'oublier qu'il y a un Dieu, juste juge, grand, saint et redoutable, avec lequel il faut nécessairement que tu aies à faire ? Oublierais-tu que tu as une âme immortelle ? T'imaginerais-tu follement qu'en détournant tes pensées de Dieu, de la mort, du jugement qui la suit, de l'éternité, du péché qui est en toi, ces choses-là seront anéanties ? Si tu perds de vue ces choses, sache qu'elles n'en seront pas moins là, toujours là, réelles, terribles, et qu'un jour cette réalité te sera clairement démontrée et te remplira d'épouvanté, si tu n'y avises promptement ! Oh ! cher lecteur, je vous en supplie, veuillez donc, dès aujourd'hui, donner toute votre attention à cette parole du Seigneur : Que profitera-t-il à un homme s'il gagne le monde entier et qu'il fasse la perte de son âme ; ou que donnera l'homme en échange de son âme ? (Matth. XVI, 26.) Vous abreuver aux citernes crevassées, c'est marcher à votre ruine, à la perte de votre âme précieuse ; venez donc sans délai à la source des eaux vives.

Quelle est donc cette source, me demanderez-vous, et où est-elle ? La réponse à cette importante question se trouve déjà dans le passage de l'Écriture qui est en tête de ces lignes ; c'est l'Éternel qui parle par la bouche de Jérémie et qui dit : Moi QUI SUIS LA SOURCE DES EAUX VIVES. Ailleurs, il est écrit : « Oh ! vous tous qui êtes altérés, venez aux eaux, et vous qui n'avez point d'argent, venez, achetez et mangez ; venez, dis-je, acheter sans argent et sans aucun prix du vin et du lait. Pourquoi employez-vous l'argent pour des choses qui ne nourrissent point et votre travail pour des choses qui ne rassasient point ? Écoutez-moi attentivement, et vous mangerez de ce qui est bon, et votre âme jouira à plaisir de la graisse. Inclinez votre oreille et venez À MOI ; écoutez et votre âme vivra. » (Ésaïe LV, 1-3.) Et ailleurs encore : « En la dernière journée, la grande journée de la fête, Jésus se tint là, et cria, disant : « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne, A MOI, et qu'il boive. » (Jean VII, 37.) Tel est, cher lecteur, la source des eaux vives : c'est le Dieu bienheureux ; c'est Jésus le Fils de Dieu, et il n'y en a pas d'autre : s'abreuver ailleurs c'est aller aux citernes crevassées.

Mais je le sais bien (et il faut aussi que vous le sachiez) : entre cette source bénie et vous, il y a un mur que vous ne pouvez ni franchir, ni renverser ; entre Dieu et vous, il y a votre souillure, vos péchés que vous ne pouvez pas ôter vous-même, quoi que vous fassiez pour cela. Vos péchés vous séparent réellement de Dieu ; II est saint, et vous êtes souillé ; II est juste, et vous êtes injuste (car il n'y a pas de juste, pas même un seul) ; II est lumière, et vous êtes ténèbres. Or, il est écrit : « Quelle participation y a-t-il entre la justice et l'iniquité, ou quelle communion y a-t-il entre la lumière et les ténèbres ? » (2 Cor. VI, 14.)
Cet obstacle n'est point imaginaire, cher lecteur ; il est incontestable que Dieu est saint, et il n'est que trop certain que l'homme est pécheur, souillé; et si Dieu ne peut pas cesser d'être ce qu'il est ; et si l'homme, de son côté, ne peut pas, par lui-même, se débarrasser de sa souillure, il en résulte qu'à moins qu'ira AUTRE ne renverse le mur, n'ôte le péché, n'abolisse la souillure, l'homme est pour toujours condamné à être séparé de Dieu, la source de la vie.

Eh bien, cher lecteur, voici la bonne nouvelle, l'Évangile : ce que l'homme pécheur ne pouvait pas faire, UN AUTRE l'a fait pour lui. Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique et l'a envoyé pour être la propitiation pour nos péchés. C'est dans le but spécial de renverser le mur, d'ôter le péché, d'abolir l'iniquité et de prendre l'homme par la main pour le conduire à la source de la vie que Jésus, le Fils de Dieu, est venu dans ce monde. Il fut chargé, delà part de Dieu, d'accomplir cette OEUVRE-LÀ. C'est pourquoi Jean-Baptiste disait à ceux qui l'entouraient, en leur montrant Jésus : « Voilà l'Agneau de Dieu qui ÔTE le péché du monde. » (Jean I, 29.)
Or, cette oeuvre que Christ, dans sa grâce, a entreprise, cette oeuvre EST TERMINÉE, et c'est lui-même qui le déclare, disant à son Père : « J'ai achevé l'oeuvre que tu m'as donnée à faire. » (Jean XVII, 4.) Aussi est-il écrit que Christ A FAIT par lui-même la purification de nos péchés ; — qu'IL A ÉTÉ manifesté une fois pour l'abolition du péché par le sacrifice de lui-même ; qu'IL A ÉTÉ offert une fois pour porter les péchés de plusieurs ; — qu'IL A ÉTÉ manifesté, afin qu'il ôtât nos péchés. (Hébr. I, 3 ; IX, 26-28 ; 1 Jean III, 5» Ainsi l'oeuvre EST FAITE, car Christ est déjà venu ; il est déjà mort pour nos offenses, et ressuscité pour notre justification ; il a déjà porté nos péchés en son corps sur le bois ; il a déjà souffert, lui, le juste, pour les injustes, afin qu'il nous amenât à Dieu ; oui, l'oeuvre EST FAITE, le sang déjà répandu de l'Agneau de Dieu purifie de tout péché, et quiconque croit en lui ne périra point, mais IL A LA VIE ÉTERNELLE.

Le chemin de la source des eaux vives étant ainsi ouvert, tout pauvre pécheur, quel qu'il soit, est invité à s'approcher et à prendre gratuitement de l'eau. Cette invitation vous est adressée en ce moment, cher lecteur, de la part de Dieu lui-même. N'avez-vous pas entendu comment il vous presse de VENIR ? VOUS avez besoin, avant tout, de grâce et de pardon, puisque vous êtes pécheur ; venez réclamer cette eau précieuse, mais venez au nom de Jésus-Christ, dans la foi au Fils de Dieu qui vous a aimé et s'est livré pour vous.

Christ est seul le chemin : nul ne vient au Père que par Lui. Venez ! et vous direz bientôt avec David, avec Paul, et avec tous les croyants : « Bienheureux celui dont la transgression est pardonnée ! Bienheureux celui dont le péché est couvert ! » (Ps. XXXII, 1-6; Rom. IV, 6-8.) Vous commencerez alors à être heureux, et vous expérimenterez ensuite la vérité des paroles de Jésus : « Celui qui boira de l'eau que je lui donnerai, moi, n'aura plus soif à jamais. » (Jean IV, 14.) Mais venez jusqu'à la source. « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne À MOI et qu'il boive. »
Ne vous arrêtez pas à moitié chemin. Prenez garde de ne pas tomber dans un piège dangereux. Il ne s'agit point d'abandonner un système religieux pour en prendre un autre ; il ne s'agit point, par exemple, de vous faire grec, ou catholique, ou protestant, ou autre chose ; ne demandez pas de l'eau vive à un système, ni à des cérémonies, ni à des hommes, car ce sont là aussi des citernes crevassées ; venez à Dieu par Jésus, par Jésus, SEUL MÉDIATEUR ENTRE DIEU ET LES HOMMES (1 Tim. 2, 5) ; mettez-vous ainsi en communication immédiate avec la Source, « et vous puiserez des eaux avec joie des fontaines de cette délivrance. » (Ésaïe XII, 3.)

F.



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