Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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Étude personnelle sur ce que dit la Bible
au sujet du salut




9. L’épître aux Hébreux, un condensé d'enseignement

L'épître aux Hébreux est d'une très grande richesse en ce qui concerne l'enseignement sur le salut. De plus, elle contient des textes très controversés. C'est pourquoi j'ai trouvé intéressant d'approfondir l'étude de cette épître pour voir ce que l'Esprit a voulu dire à ce sujet pour notre instruction. En définitif, ce dernier chapitre va reprendre les points principaux abordés précédemment.


9.1 Présentation de la structure de l’épître et des thèmes abordés

Il m’a semblé important de faire tout d’abord un résumé des thèmes abordés dans cette épître dans les différents chapitres qui la composent afin d’avoir une vue d’ensemble du message que l’auteur voulait communiquer à ses lecteurs, et donc indirectement à nous. Bien entendu, ce « découpage » n’est qu’une façon de faire parmi tant d’autres.

La première remarque qui peut être faite, c’est que cette épître n’est introduite par aucune salutation. Nous ne connaissons donc ni son auteur, ni ses destinataires, bien qu’un grand nombre de commentateurs s’accorde pour dire qu’elle était destinée aux Hébreux, d’où son titre « épître aux Hébreux ». La seule introduction que l’auteur nous fait est la présentation de Jésus, figure centrale de cette lettre aux Hébreux, dont le verset 3 du premier chapitre est un résumé de ce qu’il est et de ce qu’il a fait, thèmes abordés tout au long des 13 chapitres composant ce livre:

...et qui, étant le reflet de sa gloire et l'empreinte de sa personne (= Dieu), et soutenant toutes choses par sa parole puissante, a fait la purification des péchés et s'est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très hauts... - Hébreux 1.3

Le reste du chapitre 1 est une présentation de Jésus comme Fils de Dieu en soulignant sa grandeur, sa supériorité face aux anges, sa divinité et son caractère éternel.

C’est seulement au début du chapitre 2 (versets 1 à 3) que l’auteur s’adresse directement à ses lecteurs, en s’incluant dans une première exhortation à rester attachés « aux choses que nous avons entendues ». La suite de ce chapitre est un exposé de l’abaissement volontaire de Jésus qui est devenu homme pour offrir le salut.

Le chapitre 3 commence par « c’est pourquoi », (expression que nous étudierons plus en détail par la suite) nous invitant ainsi à considérer (c’est-à-dire à regarder avec une grande attention, examiner) Jésus, « l’apôtre et le souverain sacrificateur de la foi » ainsi que sa fidélité et ce qu’il a fait.

C’est à partir de la seconde partie du verset 6 jusqu’à Hébreux 4.11 que l'auteur expose sa deuxième exhortation accompagnée d’avertissements, en utilisant un passage de l’Ancien Testament concernant le peuple d’Israël incrédule dans le désert pour nous encourager à ne pas tomber dans le même piège.

Le passage d’Hébreux 4.14 à 5.10 continue la présentation de Jésus comme souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédek, mettant l’accent sur la proximité que nous pouvons avoir avec Dieu à travers lui, de par la vie terrestre qu’il a eue, où il a vécu dans un corps d’homme tout en restant sans péché. Ce passage comporte aussi une 3ème exhortation à tenir ferme (4.14).

Ensuite, les versets entre Hébreux 5.11 et 6.3 sont des reproches adressés aux lecteurs quant au niveau de leur vie et de leur entendement spirituels qui est bien bas par rapport à leurs années de conversion. Mais l’auteur ne veut pas revenir sur les principes de base et continue son exposé.

Nous retrouvons au chapitre 6, versets 4 à 8, un sérieux avertissement quant au salut suivi d’une illustration, puis de cela découle l’exhortation des versets 9 à 12 à ne pas se relâcher, à persévérer.

Les versets 13 à 20 parlent de l’immuabilité des promesses de Dieu et de l’espérance que peut avoir le chrétien. Ensuite, le passage d’Hébreux 6.20 à 8.6 nous présente le sacrificateur Melchisédek et la supériorité de son sacerdoce venue remplacer celui d’Aaron qui faisait partie de l’ancienne alliance. « Jésus est par cela même le garant d’une alliance plus excellente. » (7.22).

Dans Hébreux 8.7-13, l’auteur nous montre par un extrait des paroles de Jérémie le prophète (Jérémie 31.31-34) que cette nouvelle alliance avait déjà été annoncée dans l’Ancien Testament. Le chapitre 9, aux versets 1 à 10, nous décrit en quelques phrases le tabernacle et le service de l’ancienne alliance, en nous montrant que cela n’est que des symboles, que « l’ombre des choses célestes » pour reprendre l’expression d’Hébreux 8.5.

Le « mais » du verset 11 introduit la différence entre cette ancienne alliance et la nouvelle en nous exposant l’oeuvre et le sacrifice parfait de Jésus-Christ qui a apporté son propre sang dans le lieu très saint pour notre purification. Ce sacrifice a été offert une fois pour toute, il est pleinement suffisant contrairement aux sacrifices des taureaux et des boucs dont le sang ne pouvaient que couvrir et non ôter les péchés, et qui donc devaient être répétés chaque année (Hébreux 9.11-10.18).

Tout l’exposé sur le sacrifice parfait de Jésus nous conduit maintenant aux privilèges que cela nous donne à nous croyants, c’est-à-dire une libre entrée dans le sanctuaire et un souverain sacrificateur. Nous retrouvons cela des versets 19 à 22. Puisque nous avons de tels privilèges, l’auteur nous exhorte aux versets 23 à 25 afin de tout faire pour les garder.

Ensuite vient le passage délicat d’Hébreux 10.26-39 qui expose le péché volontaire et ses conséquences, mais où l’auteur exhorte ses lecteurs à se souvenir de leur parcours avec Christ et donc de l’importance à persévérer, à vivre par la foi.

Le chapitre 11 nous donne la définition de ce qu’est la foi, et illustre cela par des exemples d’hommes et de femmes qui ont cru et tenu bon jusqu’au bout. De cela, l’apôtre en tire une exhortation pour nous croyants, afin que nous gardions nos regard sur Jésus (Hébreux 12.1-3) et que nous ne méprisions pas le châtiment que le Père peut nous infliger (12.4-8) afin que nous nous soumettions à lui (v.6) et que nous participions à sa sainteté (v.10-17).

Les versets 18 à 24 nous montre d’une manière imagée que ce n’est pas vers la loi (le mont du Sinaï) que nous nous sommes approchés, mais auprès de la montagne de Sion (la grâce et la gloire à venir).

Le reste de cette lettre (Hébreux 12.25-13.19) comporte encore quelques instructions supplémentaires et un avertissement afin d’écouter ce que Dieu nous a dit. L’apôtre conclue en donnant une bénédiction et les salutations qui l’accompagnent (Hébreux 13.20-25).


9.1.1 Encore quelques remarques préliminaires...

Lorsque j’ai lu cette lettre aux Hébreux, un petit mot a attiré mon attention: « c’est pourquoi ». En effet, tout au long de ce livre, cette expression revient 14 fois (dans la version Second). C’est d’ailleurs l’épître qui l’utilise le plus. J’ai donc décidé de regarder d’un peu plus près son utilisation.

Généralement, elle est utilisée par l’auteur pour amener une conclusion à son développement et ainsi étayer son argumentation. Pour exposer certaines vérités et ses exhortations, nous voyons que l’auteur de cette épître utilise beaucoup de passages de l’Ancien Testament. Ces textes devaient être bien connus de ses lecteurs que l’on suppose être des Juifs convertis à l’Évangile (c’est ce qui est communément admis, mais l’expression « Hébreux » n’est pas mentionnée une seule fois dans cette épître).

Ainsi l’apôtre donne un éclairage nouveau à ces éléments de l’ancienne alliance, sur « l’ombre des choses à venir » (Colossiens 2.17), comme les sacrifices d’animaux par exemple ou la sacrificature. Cela lui permet ensuite de faire le lien avec la nouvelle alliance dont nous sommes bénéficiaires en Jésus et d’en tirer des conclusions pratiques nous concernant.

Nous voyons donc qu’il utilise ces principes d’argumentation tout au long de sa lettre, d’où les nombreux « c’est pourquoi » introduisant les exhortations et les avertissements que nous allons développer par la suite. D’ailleurs, Jésus utilisait aussi beaucoup cette expression. Cela est particulièrement frappant quand on lit l’évangile de Matthieu (7.24; 10.32; 11.22;...) par exemple.
Grâce au survol général de ce livre, nous pouvons maintenant nous attarder un peu plus longuement sur certains passages ayant attrait au thème de cette étude.


9.2. L’oeuvre de Jésus et les bénéfices pour les croyants

Nous voyons par le résumé précédent que le grand thème de cette épître est l'abaissement de Jésus qui s'est offert pour nous. Au travers de nombreux passages, nous découvrons l’oeuvre et les sentiments de Jésus en notre faveur:

* Jésus est saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs, et plus élevé que les cieux (Hébreux 7.26-27; 4.15).

* Son sacrifice est suffisant, il s'est offert lui-même une fois pour toutes (Hébreux 7.27; 9.26-28; 10.12-14).

* Il a fait l’expiation, la purification des péchés (Hébreux 1.3; 2.17-18; 9.14; 13.12).

* Il sauve parfaitement étant l’auteur d’un salut éternel (Hébreux 7.25; 5.9; 9.12; 10.10-14).

* Il est pour nous un souverain sacrificateur miséricordieux (Hébreux 2.17-18; 4.14-15; 6.20).

* En lui, nous entrons dans une nouvelle alliance avec Dieu (Hébreux 8.6; 9.15).

* Il comparaît pour nous devant la face de Dieu (Hébreux 9.24).

* Il peut secourir ceux qui sont tentés (Hébreux 2.17-18).

* Il peut compatir à nos faiblesses (Hébreux 2.17-18; 4.15).

* Il intercède en notre faveur (Hébreux 7.24-27).

N’est-ce pas merveilleux et incroyable tout ce qu’il a fait pour nous? Et grâce à cette oeuvre merveilleuse de la croix, nous pouvons:

*Être sanctifiés par l'offrande du corps de Jésus-Christ une fois pour toutes (Hébreux 10.10).

*Nous approcher du trône de la grâce avec assurance (Hébreux 4.16).

*Obtenir miséricorde, trouver grâce, être secourus dans nos besoins (Hébreux 4.16).

*Être appelés “frères” de Jésus (Hébreux 2.11, 17).

*Avoir une libre entrée dans le sanctuaire (Hébreux 10.19).

De quelle grâce, de quel amour et de quels privilèges nous sommes au bénéfice!


9.3 Les avertissements d'Hébreux concernant le salut

Il est vrai que nous pourrions rester seulement sur les versets mentionnés ci-dessus qui sont bel et bien la vérité. Cependant, par le résumé du départ, nous avons vu que cette lettre était ponctuée d’avertissements. Or ne pas les prendre en considération équivaudrait à supprimer une partie de la Parole de Dieu... Voilà pourquoi nous allons nous attarder un peu sur quelques-uns de ces passages dans la suite de ce chapitre.


9.3.1 Hébreux 1.14-2.3: négliger un si grand salut

Ne sont-ils pas tous des esprits au service de Dieu, envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut? C'est pourquoi nous devons d'autant plus nous attacher aux choses que nous avons entendues, de peur que nous ne soyons emportés loin d'elles. Car, si la parole annoncée par des anges a eu son effet, et si toute transgression et toute désobéissance a reçu une juste rétribution, comment échapperons-nous en négligeant un si grand salut...?” - Hébreux 1.14-2.3

Dans le dernier verset du chapitre 1, il est question des anges oeuvrant en faveur « de ceux qui doivent hériter du salut ». Et comme l’auteur de cette épître se situe, lui et ses lecteurs, dans cette catégorie de personnes, il introduit son exhortation par cette petite expression « c’est pourquoi ». Nous pourrions donc paraphraser ce verset 1 la manière suivante: « Puisque nous sommes de ceux qui doivent hériter du salut, nous devons d’autant plus nous attacher aux choses que nous avons entendues... »

Mais pourquoi donc s’attacher aux choses entendues, à la prédication du salut (comme nous le montre Hébreux 2.3-4), alors qu’ils sont dans la catégorie de ceux qui doivent hériter du salut, c’est-à-dire des croyants? La réponse à cette question vient dans la suite du verset 1: « de peur que nous ne soyons emportés loin d’elles ».

Alors que la version Louis Second laisse sous-entendre que nous subirions une force (qui pourrait être le courant du monde, la volonté de la chair...) qui nous entraînerait loin de la parole (que nous ne soyons emportés = position passive) si nous ne nous attachons pas à elle, les versions Darby et David Martin apportent un autre éclairage. En effet, elles nous mettent dans une position d’acteurs (de peur que nous ne nous écartions, nous ne les laissions écouler) avec donc l’idée de choix. Quant à la version Ostervald, elle est beaucoup plus radicale et nous pourrions dire qu’elle arrive directement à la conséquence qu’entraîne le fait de ne plus s’attacher à ce que nous avons entendu: « de peur que nous ne périssions ».

Mais que nous subissions les pressions du monde ou que nous soyons dans une position plus active et que ce soit un choix, le résultat reste le même: au final, l’apôtre veut mettre en évidence qu’il est possible pour des chrétiens de s’éloigner de la parole annoncée s’ils ne sont pas fermement attachés!

Mais on pourrait répliquer que s’éloigner de la Parole ne veut pas encore dire perdre son salut. Il est vrai que ce verset 1 ne le dit pas explicitement (mis à part la version Ostervald). Mais il suffit de lire la suite pour comprendre la gravité des propos de l’auteur: « comment échapperons-nous en négligeant un si grand salut? ».

Toutes les autres versions précédemment citées emploie la même traduction, très proche de la Second: « Comment échapperons-nous si nous négligeons un si grand salut? ». Et la note de Darby de dire que négliger veut aussi dire dans ce passage « mépriser, tenir pour rien ».

Dans ce verset, l’auteur ne parle pas de personnes qui refusent un si grand salut, ce qui correspondrait aux païens qui, dans un choix délibéré, rejetteraient l’Évangile, mais il est bien écrit « en négligeant » un si grand salut. Le dictionnaire, nous donne la définition suivante de négliger: ne pas s'occuper de quelque chose, apporter moins de soin à quelque chose qu'il ne serait nécessaire. Synonyme de délaisser. (7)

Or on ne peut négliger quelque chose qu’on ne possède pas! Je peux négliger mes plantes vertes en oubliant de les arroser, mais je ne peux pas négliger celles de mon voisin avec lequel je n’ai aucun contact. Ce ne sont pas les miennes. Cela nous conduit à la même conclusion que celle du verset 1: l’apôtre parle bien de chrétiens qui ont reçu le salut, qui le possèdent.

Car, si la parole annoncée par des anges a eu son effet, et si toute transgression et toute désobéissance a reçu une juste rétribution, comment échapperons-nous en négligeant un si grand salut...? - Hébreux 2.2-3

L’apôtre tire un constat du passé, en regardant l’histoire d’Israël et mettant en évidence les conséquences des transgressions. Par cela, il veut montrer à ses lecteurs que si dans l’ancienne alliance la désobéissance aux commandements était punie, maintenant que nous avons un moyen de salut pleinement efficace, nous ne pourrons pas échapper à la colère de Dieu si nous le négligeons.

Ainsi, par cette question, il laisse ses lecteurs réfléchir à cette question du salut et peut-être aussi faire le point pour savoir où ils en sont dans leur propre vie... Ce premier avertissement sert en quelque sorte d’introduction à tous ceux qui vont venir où l’auteur développera davantage son argumentation sur les divers aspects de ce thème, ce que nous verrons dans la suite de cette étude.


9.3.2 Hébreux 3 & 4: se détourner du Dieu vivant ou le contre-exemple d'Israël

Lecture: Hébreux 3.6-19

6 mais Christ l'est (fidèle) comme Fils sur sa maison; et sa maison, c'est nous, pourvu que nous retenions jusqu'à la fin la ferme confiance et l'espérance dont nous nous glorifions.
7 C'est pourquoi, selon ce que dit le Saint-Esprit: Aujourd'hui, si vous entendez sa voix,
8
N'endurcissez pas vos coeurs, comme lors de la révolte, Le jour de la tentation dans le désert,
9 Où vos pères me tentèrent Pour m'éprouver, et ils virent mes oeuvres Pendant quarante ans.
10 Aussi je fus irrité contre cette génération, et je dis: Ils ont toujours un coeur qui s'égare. Ils n'ont pas connu mes voies.
11 Je jurai donc dans ma colère: Ils n'entreront pas dans mon repos!
12
Prenez garde, frères, que quelqu'un de vous n'ait un coeur mauvais et incrédule, au point de se détourner du Dieu vivant.
13 Mais exhortez-vous les uns les autres chaque jour, aussi longtemps qu'on peut dire: Aujourd'hui!
afin qu'aucun de vous ne s'endurcisse par la séduction du péché.
14 Car nous sommes devenus participants de Christ, pourvu que nous retenions fermement jusqu'à la fin l'assurance que nous avions au commencement,
15 pendant qu'il est dit: Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, N'endurcissez pas vos coeurs, comme lors de la révolte.
16 Qui furent, en effet, ceux qui se révoltèrent après l'avoir entendue, sinon tous ceux qui étaient sortis d'Égypte sous la conduite de Moïse?
17 Et contre qui Dieu fut-il irrité pendant quarante ans, sinon contre ceux qui péchaient, et dont les cadavres tombèrent dans le désert?
18 Et à qui jura-t-il qu'ils n'entreraient pas dans son repos, sinon à ceux qui avaient désobéi?
19 Aussi voyons-nous qu'ils ne purent y entrer
à cause de leur incrédulité.

Par le verset 6, nous voyons que nous sommes la maison de Jésus. D’autres passages confirment cette pensée (1 Corinthiens 3.16, 2 Corinthiens 6.16, Éphésiens 2.22,...). Pourtant, cette vérité est suivie d’une condition:

...pourvu que nous retenions jusqu'à la fin la ferme confiance et l'espérance dont nous nous glorifions.

Cette même pensée revient par la suite au verset 14.

Par cette condition, l’apôtre encourage ses lecteurs à persévérer jusqu’à la fin. Mais pourquoi donc? Il va nous l’expliquer dans les versets suivants. Il décide d’utiliser un épisode bien connu de l’Histoire d’Israël pour en faire un parallèle avec la vie du chrétien.
Les versets 7 à 11 rappellent donc au lecteur la révolte du peuple d’Israël contre son Dieu tout au long des 40 ans dans le désert, et notamment à Kadès-Barnéa (Nombres 14 = l’épisode des 12 espions). Suite à cela, l’Éternel résolut de ne pas faire entrer ces hommes dans le pays promis, mis à part Caleb et Josué qui étaient restés droits et avaient gardé confiance en Dieu.

En se référant à l’Histoire du peuple de Dieu, l’auteur veut avertir les croyants et c’est ce qu’il fait à partir du verset 12:

Prenez garde, frères, que quelqu'un de vous n'ait un coeur mauvais et incrédule, au point de se détourner du Dieu vivant.

Paroles au combien percutantes! En effet, nous voyons par l’expression « frères » que l’apôtre s’adresse bel et bien à des chrétiens qui sont passés par l’expérience de la nouvelle naissance, car ce n’est qu’ainsi que nous pouvons recevoir ce titre. Il est vrai que nous pourrions peut-être avancer qu’il s’adressait ainsi à ses lecteurs parce qu’ils étaient également Juifs (ce qui n’est qu’une supposition), comme l’a fait Paul à la synagogue (Actes 13.26), mais cet argument ne tient pas. En effet, la suite du verset nous montre bien que ces personnes ont eu une expérience de Dieu, car pour se détourner de quelqu’un, il faut d’abord s’en être approché!

L’avertissement donné, ainsi que la suite des versets s’adressent donc bien à des chrétiens. Est-ce donc possible qu’un chrétien ait « un coeur mauvais et incrédule » et se révolte contre Dieu? Etant donné les versets suivants, nous sommes obligés de répondre par l’affirmative. L’apôtre va même jusqu’à envisager l’endurcissement chez ces mêmes personnes, l’endurcissement étant la phase ultime de l’incrédulité (v. 13: ...afin qu'aucun de vous ne s'endurcisse par la séduction du péché).

L’auteur de cette épître va d’ailleurs anticiper ces questions en donnant comme argument le verset 16:

Qui furent, en effet, ceux qui se révoltèrent après l'avoir entendue, sinon tous ceux qui étaient sortis d'Égypte sous la conduite de Moïse?

Si donc Israël, le peuple choisi par Dieu, ce peuple sauvé de l’esclavage en Egypte symbole de notre libération de l’esclavage du péché, si ce peuple a pu se révolter contre l’Éternel, le fait qu’un chrétien le fasse aussi est tout à fait envisageable. Nous ne sommes pas meilleurs qu’eux, ce qui est arrivé dans le passé peut aussi arriver de nos jours, d’où le « prenez garde! » qui retentit au verset 12 et l’exhortation du verset 15 (passage repris du Psaume 95.7-8):

Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos coeurs.

Juste en passant, il est intéressant de souligner que cette exhortation est adressée à des chrétiens, comme nous l’avons vu plus haut, alors que nous, nous utilisons plutôt ce verset pour avertir les païens, pour l’évangélisation...

L’apôtre Paul, dans sa première lettre aux Corinthiens, avait aussi utilisé cette même période de l’Histoire d’Israël pour inviter ces lecteurs à ne pas commettre les mêmes erreurs que leurs pères (lire 1 Corinthiens 10.1-12) dont « la plupart d'entre eux ne furent point agréables à Dieu, puisqu'ils périrent dans le désert » (v.5). Ainsi, il est facile de tirer un parallèle entre ces versets et le chapitre 3 d’Hébreux, et de dire avec Paul:

Ces choses leur sont arrivées pour servir d'exemples, et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des siècles. Ainsi donc, que celui qui croit être debout prenne garde de tomber! - 1 Corinthiens 10.11-12

Les Israélites avaient bien commencé, dans la victoire, mais ils n'ont pas persévéré. Voilà pourquoi l’auteur de l’épître aux Hébreux réitère son exhortation à « retenir fermement jusqu’à la fin l’assurance que nous avions au commencement » (3.14).

Pour continuer notre réflexion, relevons, toujours dans ce même chapitre d’Hébreux 3, les caractéristiques qui pourraient nous empêcher d’entrer dans le repos de Dieu, tout comme elles ont empêchées les Israélites d’entrer dans le pays promis:

* l’endurcissement du coeur notamment par la séduction du péché (v.8, 13, 15)

* tenter, éprouver Dieu (v.9)

* un coeur qui s’égare, ne connaît pas les voies de Dieu, se détourne du Dieu vivant (v.10, 12)

* un coeur mauvais et incrédule (v.12)

* la révolte (v.8, 16)

* le péché (v.17)

* la désobéissance (v.18 + 4.6)

* l’incrédulité (v.19)


Nous l’avons vu au verset 11, la conséquence de ces comportements, le jugement qui en a découlé, fut l’impossibilité pour le peuple d’Israël d’entrer dans le repos de Dieu (en tout cas pour la génération sortie d’Égypte).

Le chapitre 4 va développer ce thème du repos, qui, pour nous chrétiens, est encore disponible et accessible par la foi (Pour nous qui avons cru, nous entrons dans le repos,... v.3). Ainsi, nous voyons que toutes les exhortations du chapitre précédent ont été écrites dans le seul but que nous, croyants, soyons attentifs à la Parole annoncée, aux avertissements (v.2), pour entrer dans ce repos que Dieu nous propose.

Efforçons-nous donc d'entrer dans ce repos, afin que personne ne tombe en donnant le même exemple de désobéissance. - Hébreux 4.11


9.3.3 Hébreux 6: les chrétiens sont-ils concernés?

Lecture: Hébreux 6.4-6

4 Car il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit,
5 qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir,
6
et qui sont tombés, soient encore renouvelés et amenés à la repentance, puisqu'ils crucifient pour leur part le Fils de Dieu et l'exposent à l'ignominie.

A propos du passage d’Hébreux 6, certaines personnes pensent que ce sérieux avertissement ne peut pas s’adresser à de véritables chrétiens ayant fait l’expérience du salut. Pour eux l’expression « ceux qui ont été une fois éclairés » ne concerne que ceux qui ont eu une première expérience avec Christ ou sa Parole et qui ne se seraient pas réellement engagés avec lui. Mais en méditant sur ce passage, nous verrons qu’il y a trois expressions qui nous font dire le contraire.


...qui ont été une fois éclairés...
Cette même expression revient un peu plus loin, en Hébreux 10.32 (en grec, on retrouve les deux fois le mot « photizo »). Regardons donc le contexte pour comprendre de qui il est question dans ce deuxième passage:

Souvenez-vous de ces premiers jours, où, après avoir été éclairés, vous avez soutenu un grand combat au milieu des souffrances, d'une part, exposés comme en spectacle aux opprobres et aux afflictions, et de l'autre, vous associant à ceux dont la position était la même. En effet, vous avez eu de la compassion pour les prisonniers, et vous avez accepté avec joie l'enlèvement de vos biens, sachant que vous avez des biens meilleurs et qui durent toujours. - Hébreux 10.32-34

Après lecture de ces versets, nous voyons bien qu’il ne peut s’agir que de croyants! En effet nous voyons qu’ils:
- ont soutenu un grand combat au milieu des souffrances
- ont été exposés comme en spectacle aux opprobres et aux afflictions
- ont eu de la compassion pour les prisonniers
- ont accepté avec joie l’enlèvement de leurs biens... et pourquoi donc?

...parce qu’ils avaient des biens meilleurs et qui durent toujours!!!

Or seuls des chrétiens peuvent avoir un tel comportement et surtout une telle espérance face à l’avenir. De ce fait, nous pouvons conclure qu’il n’y a aucune raison pour que « ceux qui ont été une fois éclairés » dans le passage d’Hébreux 6.4 ne soient pas aussi des croyants.


...et qui sont tombés...
Au verset 6, les versions Darby et Osterwald utilisent comme Second le terme de « tomber », mais j’aime bien la Bible annotée qui donne un autre éclairage avec cette expression: « qui ont fait défection... » Le dictionnaire donne cette définition: le fait d'abandonner ce à quoi on était lié, un parti, une opinion, des alliés, une cause,...

Ce verset d’Hébreux 6.6 est la seule place dans le Nouveau Testament où ce terme (en grec « parapipto ») est employé. Les notes en lien avec les numéros Strong nous donnent quelques précisions quant à la traduction de ce mot:

1) tomber à côté d'une personne ou d'une chose, retomber hors de
2) glisser de côté

2a) dévier du droit chemin, se détourner, errer
2b) faire une erreur
2c) chuter (de la vraie foi), de l'adoration de l'Éternel

Là encore, ces définitions nous montrent qu’il est bien question de croyants car on ne peut dévier du chemin étroit que si on y était déjà engagé...


... soient encore renouvelés et amenés à la repentance...
Une fois de plus, si nous nous arrêtons sur les mots que le Saint-Esprit a inspirés, nous réalisons que cet avertissement ne peut s’adresser qu’à des chrétiens. En effet, dans ce verset il est question qu’ils « soient changés de nouveau par la repentance » (version David Martin), ce qui nous montre que la conversion avait déjà eu lieu. Cette idée de répétition se retrouve dans les versions Second, Darby, Ostervald et la Bible Annotée qui emploient le terme de « renouveler », mais elle est encore plus frappante dans la version King James - « If they shall fall away, to renew them again unto repentance,... » - où le mot « again », qui signifie encore, à nouveau, renforce le mot renouveler.

Maintenant que nous avons démontré que ce texte s’adressait bien à des chrétiens, regardons d’un peu plus près le contenu de cet avertissement. Comme nous l’avons vu au verset 6, il est question de chrétiens qui sont tombés et pour lesquels la repentance n’est plus possible.

Comment cela peut-il se produire? Qu’est-ce qui peut bien conduire un homme ou une femme dans une telle position de non-retour? La réponse se trouve dans les chapitres précédents. En effet, les exhortations du chapitre 3 à ne pas endurcir son coeur sont en lien très étroit avec l’avertissement d’Hébreux 6.4-6. L’apôtre les a données afin que ses lecteurs ne se retrouvent pas dans ce cas de figure où il serait impossible pour eux de revenir à la repentance parce qu’ils auraient été trop loin dans l’endurcissement du coeur dont la source est le péché (cf. Hébreux 3.13).

Il ne s’agit donc pas d’un péché occasionnel, mais cet état est bien le fruit d’un endurcissement volontaire et progressif qui amène à ne plus vouloir de Christ.

Oui, ils ont eu part au Saint-Esprit, mais si l’Esprit saint peut travailler les coeurs, reprendre les consciences et avertir pour un temps, l’endurcissement conduit à l’attrister et l’empêche d’agir, tout comme une terre dure et sèche ne se laisse plus pénétrer par l’eau...

En refusant d’écouter les avertissements que Dieu leur a donnés, en s’endurcissant dans le péché alors qu’ils ont toute la connaissance de la volonté de Dieu vu qu’ils ont « goûté la bonne parole de Dieu », ils rejettent l’oeuvre de Christ comme la foule qui criât à Pilate: « crucifie-le, crucifie-le! »...


9.3.4 Hébreux 10: le péché volontaire

Lecture: Hébreux 10.26-39

26 Car, si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés,
27 mais une attente terrible du jugement et l'ardeur d'un feu qui dévorera les rebelles.
28 Celui qui a violé la loi de Moïse meurt sans miséricorde, sur la déposition de deux ou de trois témoins;
29 de quel
pire châtiment pensez-vous que sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, qui aura tenu pour profane le sang de l'alliance, par lequel il a été sanctifié, et qui aura outragé l'Esprit de la grâce?
30 Car nous connaissons celui qui a dit: A moi la vengeance, à moi la rétribution! et encore: Le Seigneur jugera son peuple.
31 C'est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant.
32 Souvenez-vous de ces premiers jours, où, après avoir été éclairés, vous avez soutenu un grand combat au milieu des souffrances,
33 d'une part, exposés comme en spectacle aux opprobres et aux tribulations, et de l'autre, vous associant à ceux dont la position était la même.
34 En effet, vous avez eu de la compassion pour les prisonniers, et vous avez accepté avec joie l'enlèvement de vos biens, sachant que vous avez des biens meilleurs et qui durent toujours.
35 N'abandonnez donc pas votre assurance, à laquelle est attachée une grande rémunération.
36
Car vous avez besoin de persévérance, afin qu'après avoir accompli la volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis.
37 Encore un peu, un peu de temps: celui qui doit venir viendra, et il ne tardera pas.
38 Et mon juste vivra par la foi; mais,
s'il se retire, mon âme ne prend pas plaisir en lui.
39 Nous, nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour se perdre, mais de ceux qui ont la foi pour sauver leur âme.

Comme nous le montre ce petit mot « car »(8) du verset 26, cet avertissement découle des exhortations de l'auteur des versets précédents (v.23-25). En effet, les lecteurs étaient encouragés à retenir fermement la profession de leur espérance, à veiller les uns sur les autres, à s'exciter à l'amour, à ne pas abandonner leur assemblée et à s'exhorter réciproquement... tout ce qui est nécessaire pour se tenir éveillés. Et si l'apôtre, inspiré par le St-Esprit, leur a recommandé cela, c'est bien parce qu'il connaissait les conséquences d'un relâchement spirituel, conséquences dont il fait part dans les versets cités ci-dessus.


...si nous péchons volontairement...
La première remarque que nous pouvons faire est que l'apôtre s'inclut dans cet avertissement vu qu'il est écrit « si nous péchons... ». Donc nous pouvons en conclure que même un chrétien avancé dans la foi doit se sentir concerné par cette mise en garde.

Les notes liées aux termes grecs (numéros strong) de l'Online Bible « volontairement » (en grec, « hekousios ») nous donne l'éclairage suivant:
1) volontairement, avec son propre accord, spontanément

1a) du péché avec obstination, opposé au péché commis sans réflexion et qui vient de l'ignorance ou de la faiblesse

Ce « péché volontaire » est donc bien un état d'endurcissement comme nous l'avons vu précédemment.


...après avoir reçu la connaissance de la vérité...
Ce qui fait toute la gravité de ce péché volontaire, c'est qu'il a lieu après avoir reçu la connaissance de la vérité. Comme nous l'avons déjà vu, la vérité peut être la vérité de la parole de Dieu (Ta parole est la vérité. Jean 17.17) ou Jésus lui-même, la parole faite chair (Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Jean 14.6). Nous voyons dans l'Évangile de Jean ce que connaître la vérité nous apporte:

...vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira. - Jean 8.32

Mais il nous faut pas oublier le verset précédent où Jésus lui-même nous montre la condition qui y est liée, à savoir demeurer dans sa parole, ce qui signifie aussi obéir à ses commandements.

Et il dit aux Juifs qui avaient cru en lui: Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples... vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira. - Jean 8.31-32

Ainsi recevoir la vérité n'est pas une fin en soi, mais il y a tout une démarche de persévérance qui doit suivre, comme nous le montre aussi ce verset:

Ainsi donc, comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui, étant enracinés et fondés en lui, et affermis par la foi, d'après les instructions qui vous ont été données... - Colossiens 2.6-7

Nous pouvons donc avoir reçu cette connaissance de la vérité, mais ensuite c'est à nous de tenir fermes et de persévérer dans ce que nous avons reçu pour ne pas tomber dans ce cas de figure dont il est question dans ce chapitre 10 d'Hébreux, dont les conséquences sont terribles.


On pourrait peut-être me répliquer que cette « connaissance de la vérité » ne veut pas dire une conversion pleine et entière, mais juste une première approche, une connaissance intellectuelle. Mais cet argument peut être réfuté en regardant les versets qui parlent de la connaissance dans le Nouveau Testament. Nous voyons en effet qu'elle est toujours mentionnée après la repentance, ou en tout cas dans un contexte qui s'adresse à des chrétiens. Voici quelques versets:

...Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. - 1 Timothée 2.4

...il doit redresser avec douceur les adversaires, dans l'espérance que
Dieu leur donnera la repentance pour arriver à la connaissance de la vérité,... - 2 Timothée 2.25

En effet, si, après s'être retirés des souillures du monde, par la connaissance du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, ils s'y engagent de nouveau et sont vaincus, leur dernière condition est pire que la première. - 2 Pierre 2.20

Il en est parmi eux qui s'introduisent dans les maisons, et qui captivent des femmes d'un esprit faible et borné, chargées de péchés, agitées par des passions de toute espèce, apprenant toujours et ne pouvant jamais arriver à la connaissance de la vérité. - 2 Timothée 3.5

Or ce dernier verset est très clair. Ces personnes ont l'apparence de la piété, elles apprennent toujours et ont donc sans nul doute de bonnes connaissances « théoriques ». Mais Dieu est formel, ils n'ont pas cette « connaissance de la vérité »! Nous voyons donc que cet avertissement d'Hébreux 10.26-27 s'adresse à la même population qu'Hébreux 6.4-6, « ceux qui ont été une fois éclairés », et les conséquences sont donc les mêmes, comme nous allons le voir.

De plus, l'expression « par lequel il a été sanctifié » (Hébreux 10.29), en parlant du sang de l'alliance, nous prouve qu'il est bel et bien question d'un chrétien qui a expérimenté le pardon de ses péchés, et montre bien son état de « sauvé » avant sa rebellion...


...il ne reste plus de sacrifice pour les péchés...
Pour comprendre cette phrase terrible, il nous faut la remettre dans le contexte de cette épître (cf. 9.5 Le paradoxe de l'épître aux Hébreux). En effet, par différents passages de l'Ancien Testament, l'apôtre a développé comment l'ancienne alliance a été abolie pour être remplacée par une bien plus excellente dont Christ est le médiateur (Hébreux 8.7). Donc si les sacrifices de l’ancienne alliance ont été aboli et si par notre comportement rebelle, nous méprisons la grâce de la nouvelle alliance qui nous est offerte, que reste-t-il pour le pardon de nos péchés? Rien! Car seul le sang de Jésus est efficace! Il est impossible de trouver de nouveaux moyens de salut, car...

Il n'y a de salut en aucun autre; car il n'y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. - Actes 4.12

Ainsi, comment avoir « une libre entrée dans le sanctuaire » (v.19), comment s'approcher de Dieu « les coeurs purifiés d'une mauvaise conscience, et le corps lavé d'une eau pure » (v.22) si nous foulons aux pieds le sang de Jésus par notre endurcissement dans le péché? En effet, le seul moyen est le sang de Jésus (v.19).

Voici une illustration, peut-être un peu simpliste il est vrai, mais qui peut nous aider à comprendre ce qui vient d’être dit. En effet, nous pourrions comparer le changement d’alliance à un changement de monnaie, comme cela s’est passé en France il y a quelques années. Depuis que le changement de monnaie a eu lieu, il est impossible d'acheter quoique ce soit avec les Francs français. Si donc nous avons accepté de les convertir en Euros, nous pouvons bénéficier de leurs « bienfaits », en achetant ce qui nous est nécessaire pour vivre, par exemple. Mais admettons que pour une raison ou une autre, nous « foulions aux pieds » les Euros, que nous les méprisions, nous nous retrouverions alors dans l’impossibilité d’acheter quoi que ce soit...


...mais une attente terrible du jugement et l'ardeur d'un feu qui dévorera les rebelles...
Le jugement terrible qui tombera sur de telles personnes qui ont méprisé la grâce est la seule chose qui reste. C'est donc là la conséquence finale, et combien tragique, d'un tel comportement...

Soyons donc de ceux qui disent avec l'apôtre:

Mais pour nous, nous n'avons garde de nous soustraire [à notre Maître] ; ce serait notre perdition ; mais nous persévérons dans la foi, pour le salut de l'âme. (David Martin)
Mais pour nous, nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour la perdition, mais de ceux qui croient
pour la conservation de l’âme. (Darby) - Hébreux 10.39


9.4 Synthèse des avertissements de l'épître aux Hébreux

Après s'être arrêtés sur les avertissements de cette épître, nous voyons qu'il y a une harmonie entre ces différentes exhortations qui se rejoignent. En effet, nous avons à faire à:

La même population: des chrétiens

... ceux qui doivent hériter du salut...
...ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit, qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir... (6.4-5)
...après avoir reçu la connaissance de la vérité... (10.26)
...le sang de l'alliance, par lequel il a été sanctifié... (10.29)

Le même problème: le péché volontaire

...en négligeant un si grand salut... (2.3)
...et qui sont tombés,... (6.6)
Car, si nous péchons volontairement... (10.26)

Les mêmes conséquences: l'impossibilité d'être à nouveau restauré

Car il est impossible... (qu'ils) ...soient encore renouvelés et amenés à la repentance... (6.6)
...il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, mais une attente terrible du jugement et l'ardeur d'un feu qui dévorera les rebelles. (10.26-27)

La même raison du jugement: le mépris du Fils de Dieu

...puisqu'ils crucifient pour leur part le Fils de Dieu et l'exposent à l'ignominie. (6.6)
...celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, qui aura tenu pour profane le sang de l'alliance, par lequel il a été sanctifié, et qui aura outragé l'Esprit de la grâce... (10.29)


9.5 Le paradoxe de l'épître aux Hébreux

Avant d'aller plus loin, je vous invite à relire tranquillement la première partie de ce chapitre, celle qui parle de l'oeuvre de Jésus et les bénéfices pour le croyant (cf. chapitre 9.2).

Alors que ces passages parlent de sécurité, de la fidélité, de l’amour de Jésus pour les siens, les avertissements que nous venons de lire retentissent comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu!

Nous nous retrouvons donc devant ce qui semble a priori comme un paradoxe. En effet, d'un côté, l'auteur nous expose Jésus comme étant un souverain sacrificateur miséricordieux, qui nous propose une alliance nouvelle, meilleure que la précédente, qui nous sanctifie, qui est là pour nous secourir dans nos faiblesses et intercéder pour nous, et dans cette même lettre viennent s'entremêler des mises en garde quant à notre salut, nous parlant même d'un état où le retour en arrière, la repentance n'est plus possible...

Dès lors comment comprendre ce paradoxe? Comment expliquer que ces textes cohabitent dans la même épître? Loin de moi prétendre expliquer tout ce mystère, mais j'aimerais néanmoins partager quelques réflexions sur ce sujet.


9.5.1 Place des mises en garde dans cette épître

Tout d'abord, il est important de préciser qu'une vérité n'exclut pas l'autre! Il ne sert à rien de nier les textes parlant de l'oeuvre parfaite de Jésus, ni les avertissements concernant la perte du salut. Si ces deux points sont dans la Bible, c'est qu'ils ont leur place. Si Dieu ne peut se contredire, cela signifie que ces deux aspects sont essentiels et complémentaires.

Dès lors, comment expliquer la place de ces mises en garde dans cette lettre? Tout d'abord, il est à relever que cette épître est l'une de celles qui parle le plus de l'oeuvre de Jésus et de son ministère sacerdotal en notre faveur. En mettant un tel accent sur Christ, son oeuvre et le résultat de son sacrifice, cela ne fait que renforcer la gravité, la solennité des textes contenant les avertissements.

Il faut comprendre que ces mises en garde ne sont pas là pour minimiser l’oeuvre de Jésus, mais au contraire pour faire prendre conscience au chrétien la grandeur de l'oeuvre de grâce accomplie à la croix, du prix et du sérieux du salut et donc de sa propre responsabilité face à son comportement.

Dieu nous a créés en tant qu’être humain responsable, assumant la conséquence de ses actes, et la nouvelle naissance ne change pas ce principe, comme nous le montre ce verset du Nouveau Testament:

Ne vous y trompez pas: on ne se moque pas de Dieu. Ce qu'un homme aura semé, il le moissonnera aussi. Celui qui sème pour sa chair moissonnera de la chair la corruption; mais celui qui sème pour l'Esprit moissonnera de l'Esprit la vie éternelle. - Galates 6.7-8

Ainsi donc notre comportement, notre conduite en tant que chrétien a son importance! Et vouloir rester dans un état de péché, quelqu'en soit la raison, c'est retourner à ce que nous avions vomi (2 Pierre 2.22), et cela montre que nous n’avons pas compris l’horreur du péché, la sainteté de Dieu et l’amour de Jésus. C'est mépriser son oeuvre accomplie à la croix et donc le sang de l'alliance nouvelle, comme Hébreux 10 en parle.

Malgré tout l'amour et la compassion de notre Dieu, il nous faut aussi nous rappeler que « notre Dieu est aussi un feu dévorant. » (Hébreux 12.29).
Ces exhortations peuvent sembler dures. L'auteur de cette épître en était conscient, c'est pourquoi il écrit encore, en guise de conclusion:

Je vous prie, frères, de supporter ces paroles d'exhortation, car je vous ai écrit brièvement. - Hébreux 13.22

Supportons donc ces paroles inspirées par le St-Esprit, méditons-les et prenons-y garde!


9.5.2 La clé du paradoxe ou les conditions pour avoir la vie

La clé de ce paradoxe pourrait peut-être se trouver dans une idée qui revient tout au long de cette épître:

Retenons fermement la profession de notre espérance, car celui qui a fait la promesse est fidèle. - Hébreux 10.23

Car nous sommes devenus participants de Christ, pourvu que nous retenions fermement jusqu'à la fin l'assurance que nous avions au commencement,... - Hébreux 3.14

...
demeurons fermes dans la foi que nous professons. - Hébreux 4.14

...nous dont
le seul refuge a été de saisir l'espérance qui nous était proposée. - Hébreux 6.18

Cette foi, cette espérance est nécessaire à la vie chrétienne, et les exemples d'Hébreux 11 sont là pour nous le prouver. Si le salut est gratuit, si celui qui a fait la promesse est fidèle pour la tenir, notre part est de retenir fermement ce qui nous a été donné gratuitement, cette espérance merveilleuse dont il est question dans cette épître, mais il est vrai que cela demande des efforts.

D'ailleurs, si nous comparons différentes versions pour le passage d'Hébreux 10.23, nous voyons que pour conserver cette « pleine certitude de l'espérance » (versions Ostervald, Martin et Bible Annotée), une démarche est nécessaire; il faut de l' « ardeur » (Ostervald), du « soin » (Martin), du « zèle » (Bible annotée, Second) ou de la « diligence » (Darby). Tous ces synonymes montrent bien qu'il y a un effort à faire, à fournir.

Il est intéressant aussi de noter que l'apôtre termine son épître par des exhortations qui me semblent être la réponse aux avertissements donnés. Après avoir montré la grandeur du salut dont nous sommes au bénéfice, après avoir démontré les conséquences de l'incrédulité et de l'état continuel de péché, l'auteur nous explique par les exhortations du chapitre 12 comment faire pour conserver cette espérance, pour persévérer dans ce chemin étroit. En voici les points-clés:


Rejeter le péché

Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d'une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau, et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte... (v.1)

Garder les yeux fixés sur Jésus, l'exemple parfait

... ayant les regards sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi, qui, en vue de la joie qui lui était réservée, a souffert la croix, méprisé l'ignominie, et s'est assis à la droite du trône de Dieu. Considérez, en effet, celui qui a supporté contre sa personne une telle opposition de la part des pécheurs, afin que vous ne vous lassiez point, l'âme découragée. Vous n'avez pas encore résisté jusqu'au sang, en luttant contre le péché. (v.2-4)

Ne pas mépriser le châtiment de Dieu (comme Israël l'a fait), mais le supporter

Et vous avez oublié l'exhortation qui vous est adressée comme à des fils: Mon fils, ne méprise pas le châtiment du Seigneur, et ne perds pas courage lorsqu'il te reprend; Car le Seigneur châtie celui qu'il aime, Et il frappe de la verge tous ceux qu'il reconnaît pour ses fils. Supportez le châtiment: c'est comme des fils que Dieu vous traite; car quel est le fils qu'un père ne châtie pas? Nos pères nous châtiaient pour peu de jours, comme ils le trouvaient bon; mais Dieu nous châtie pour notre bien, afin que nous participions à sa sainteté. Il est vrai que tout châtiment semble d'abord un sujet de tristesse, et non de joie; mais il produit plus tard pour ceux qui ont été ainsi exercés un fruit paisible de justice. (v.5-11)

L'obéissance

D'ailleurs, puisque nos pères selon la chair nous ont châtiés, et que nous les avons respectés, ne devons-nous pas à bien plus forte raison nous soumettre au Père des esprits, pour avoir la vie? (v.8)

Ce qui rejoint Hébreux 5.9:

(C’est lui Jésus)...qui, après avoir été élevé à la perfection, est devenu pour tous ceux qui lui obéissent l'auteur d'un salut éternel,...

Il est intéressant de noter que l’apôtre parle d’un salut éternel, mais qu’il est bien conditionnel, vu qu’il est destiné « pour tous ceux qui lui obéissent ». Quant à l’expression « un salut éternel », nous pourrions faire les mêmes remarques que celles faites dans le chapitre 2 sur la vie éternelle.

La sanctification

Fortifiez donc vos mains languissantes et vos genoux affaiblis; et suivez avec vos pieds des voies droites, afin que ce qui est boiteux ne dévie pas, mais plutôt se raffermisse. Recherchez la paix avec tous, et la sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur. Veillez à ce que nul ne se prive de la grâce de Dieu; à ce qu'aucune racine d'amertume, poussant des rejetons, ne produise du trouble, et que plusieurs n'en soient infectés. (v.12-15)
Dieu nous châtie pour notre bien, afin que
nous participions à sa sainteté. (v.10)

La persévérance

...courons avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte... (v.1)
...afin que
vous ne vous lassiez point, l'âme découragée. (v.3)

Écouter la voix de Dieu

Gardez-vous de refuser d'entendre celui qui parle; car si ceux-là n'ont pas échappé qui refusèrent d'entendre celui qui publiait les oracles sur la terre, combien moins échapperons-nous, si nous nous détournons de celui qui parle du haut des cieux... (v.25)

Ce verset fait écho avec la première exhortation de cette épître, en Hébreux 2.2-3:
Car, si la parole annoncée par des anges a eu son effet, et si toute transgression et toute désobéissance a reçu une juste rétribution, comment échapperons-nous en négligeant un si grand salut...?


Toutes ces exhortations rejoignent celle de l'apôtre Paul, non pas que le salut s'acquiert par des oeuvres, loin de là, mais comme nous le disions, c'est à nous de travailler pour garder ce précieux trésor:

Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours obéi, travaillez à votre salut avec crainte et tremblement, non seulement comme en ma présence, mais bien plus encore maintenant que je suis absent... - Philippiens 2.12


10. Conclusion

Ainsi, suite à cette étude, je peux affirmer que j’ai l’assurance de mon salut. Je sais que je le possède et je ne crains pas de le perdre tant que je marche dans le chemin étroit et que je ne m’en détourne pas. Il est vrai qu’il y a dans la Bible des versets qui nous montrent clairement que l’on peut perdre son salut, mais ils sont là non pour me faire vivre dans la crainte, mais pour que je sois vigilante tous les jours de ma vie, et que je continue ma vie chrétienne avec le même but: Jésus-Christ!

En guise de conclusion, j'aimerais encore partager l’illustration suivante que j'ai beaucoup aimée. Il me semble qu'elle explique et résume bien comment tenter de comprendre le paradoxe de cette épître aux Hébreux, et du reste de la Bible, en ce qui concerne cette question de salut.

« Pour répondre aux besoins divers des âmes, les deux faces de notre condition terrestre doivent nous être également présentées. Nous avons un abîme à traverser pour parvenir sur la rive escarpée du salut éternel ; la grâce de Dieu a jeté un pont sur cet abîme. Engagé sur l'étroit passage, je pourrais être saisi de crainte, de doute, de découragement : voici à ma droite une barrière, c'est l'assurance de la foi fondée sur la grâce éternelle de mon Dieu. Ou bien, je pourrais me laisser choir par une présomption orgueilleuse, une fausse sécurité, un relâchement charnel : voici à ma gauche une autre barrière, c'est l'avertissement solennel qui me montre la possibilité effrayante de me perdre.
Ainsi prémuni, l'enfant de Dieu ne se rejettera ni à droite ni à gauche, mais marchera droit vers le but, et il y parviendra pour donner toute gloire à la grâce de son Dieu. (9)
»

***

Table des matières


7 - Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales: http://www.cnrtl.fr/lexicographie/négliger

8 - Conjonction de coordination introduisant une proposition qui explique ou justifie ce qui vient d'être énoncé.

9 - Tiré du site: http://epelorient.free.fr/nta/nta.html

 

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