LE VRAI BONHEUR
DAVID HUME.
Le coeur naturel de l'homme est si corrompu,
qu'il parvient quelquefois
à nier sa propre immortalité, se
mettant ainsi au rang des brutes qui
périssent. Dans leur orgueil, les
incrédules exaltent l'homme si haut,
qu'à les entendre il n'aurait aucun besoin
du secours de Dieu, tandis qu'en même temps
ils le rabaissent jusque dans la poussière
en lui promettant le même avenir qu'aux
reptiles. Hume était de ceux qui se croient
sages, parce qu'ils se parent du nom de
philosophes ; triste et fatale philosophie
dont voici quelques propositions :
« L'univers existe dans la
pensée, et la pensée n'existe
pas. »
« Si les hommes voulaient jouir de
tous les avantages de la vie, ils devraient
pratiquer l'adultère ; s'il
était général, il cesserait
avec le temps d'être scandaleux, et s'il
était secret et fréquent, on en
viendrait peu à peu à n'y trouver
aucun mal. »
« Se tuer, ce n'est que
détourner quelques onces de sang leur canal
naturel, » Il observe qu'il n'y a aucun
crime à détourner le cours d'une
rivière, et il ajoute - « Est-ce
donc un crime de détourner quelques onces de
sang de leurs canaux naturels. »
Avec de pareils principes, un homme
pourrait, commettre beaucoup de meurtres et
alléguer pour sa
justification qu'il n'a fait que détourner
quelques livres de sang de leurs canaux
naturels.
Hume parait avoir différé de
la plupart des impies par sa conduite qui fut assez
morale. Les partisans de son
incrédulité n'ont pas manqué
de s'en glorifier ; mais on a fait observer
avec justesse que tous les êtres
méchants ne sont pas immoraux. Satan
lui-même ne commet pas des
péchés d'intempérance ;
il agit autrement et cherche à exciter
d'autres créatures à
pécher.
Hume vécut et parla en philosophe,
Gibbon dit qu'il mourut de même. Voici
quelques détails sur cette mort qui fait, le
triomphe des incrédules :
Dans les derniers temps de sa vie, quand ses
yeux livides annonçaient déjà
l'approche de sa dissolution, il s'amusait
quelquefois à faire sa partie au whist, son
jeu favori.
Un jour, il exprima au docteur Smith sa
satisfaction de ce qu'il laissait ses amis et
particulièrement sa famille dans une
position florissante. Et cela, disait-il, il le
sentait à tel point que la veille en lisant
les Dialogues des morts de Lucien, il
n'avait rien trouvé qui lui convint, parmi
les excuses alléguées à Caron,
pour ne pas entrer dans sa barque. Il n'avait ni
maison à finir, ni fille à pourvoir,
ni ennemi dont il voulut se
venger. « Je ne
savais
que lui dire, ajoutât-il, pour obtenir le
moindre délai. J'ai fini tous les ouvrages
importants que j'ai voulu faire. Je ne pourrais
jamais laisser mes parents et mes amis dans une
meilleure situation ; j'ai donc toutes les
raisons possibles de mourir content. »
Alors il se mit à chercher quelques
excuses plaisantes qu'il pourrait donner à
Caron, et à imaginer les réponses que
celui-ci pourrait lui faire : « Mon
bon ami Caron, lui dirais-je, j'ai corrigé
mes oeuvres pour une nouvelle édition ;
laissez-moi encore un peu de temps pour voir
comment le public la recevra. » Mais
Caron me répondrait : « Quand
vous auriez vu l'effet de ces corrections, vous en
voudriez faire d'autres, et ce serait toujours la
même excuse. Ainsi, mon brave ami, veuillez
entrer dans la barque. » Mais je pourrais
continuer : « Ayez un peu de
patience, mon bon ami Caron, je me suis
efforcé d'ouvrir les yeux du public ;
si je vis encore quelques années, je puis
avoir le plaisir de voir la chute de quelques-unes
des superstitions dominantes. » Mais
Caron, perdant, toute patience,
s'écrierait : « Coquin,
paresseux, cela n'arrivera pas de quelques
centaines d'années ; t'imaginerais-tu
que je te laisserais si longtemps ? Entre de
suite dans la barque, fainéant, mauvais
drôle ! »
Et voilà ce qu'on appelle mourir en
philosophe !
Quel glorieux triomphe pour un fils de la
raison ! Si nous n'avions pas appris que la
philosophie de tels hommes n'est que folie, nous
serions étonnés de voir un homme de
sens s'amuser de la ridicule histoire de Caron et
de sa barque ; mais comme de tels hommes
aiment mieux les ténèbres que la
lumière, il est évident qu'ils
doivent préférer la plus indigne
folie à la plus haute sagesse. Ils prennent
plaisir à des contes absurdes, et ils
repoussent. la pensée glorieuse de
l'immortalité. Comparez les pensées
de Hume mourant, à celles du chrétien
qui, sur son lit de mort, loue et bénit Dieu
de ce que Jésus lui a acquis un salut
éternel, et dites ensuite s'il y a plus de
différence entre le ciel et l'enfer,
qu'entre la mort du chrétien et celle de
l'incrédule.
La mort de Voltaire et celle de Paine nous
dévoilent quelques-unes des horreurs de
l'impiété, mais l'endurcissement de
Hume nous présente un exemple frappant de
son influence pernicieuse.
Dans une excellente lettre adressée
par l'évêque Horne au docteur Adam
Smith, le panégyriste de Hume, nous trouvons
le passage suivant : « De bonne foi,
pouvez-vous nous assurer qu'il n'existe rien de
semblable à Dieu et à un avenir de
récompense et de punition
? S'il en est ainsi, employons nos derniers moments
à lire Lucien, à jouer au whist,
à plaisanter sur Caron et sa barque ;
mourons en fous et en insouciants, comme nos
frères en philosophie, les veaux des champs
et les ânes du désert, autant que cela
nous sera possible.
Mais si les choses que vous niez sont
vraies, comme elles le sont certainement, est-il
bien à vous, monsieur, d'élever
à nos regards, comme parfaitement sage et
vertueux, un homme qui paraît avoir eu
une antipathie incurable pour toute espèce
de religion ? Vous voudriez nous persuader,
par l'exemple de David Hume, que l'athéisme
est le seul spécifique pour relever les
esprits abattus et l'antidote spécial contre
les frayeurs de la mort.
Mais, en vérité, celui qui
peut regarder avec complaisance un ami qui emploie
si mal ses facultés dans cette vie et qui
pense plaisanter à l'heure de la mort, un
tel homme, dis-je, peut sourire à la vue des
ruines de Babylone ; il peut regarder comme un
événement agréable le
tremblement de terre qui détruisit Lisbonne,
et féliciter Pharaon d'avoir
été englouti dans la mer Rouge. Dans
de pareilles circonstances, la plaisanterie ne peut
être qu'une folie capricieuse trompant par
un rire insensé les plus vives douleurs.
Pour connaître l'influence
funeste et corruptrice de
la
fausse philosophie sur le coeur de l'homme, nous
n'avons qu'à regarder au déplorable
exemple de M. Hume. »
Un autre écrivain dit à ce
sujet : « En
réfléchissant à des
plaisanteries si péniblement,
élaborées, on est conduit à
penser à ces enfants qui, passant de nuit
par un lieu obscur, se mettent à siffler,
soit pour diminuer leur frayeur, soit pour faire
croire aux autres qu'ils n'en ont point. On a tout
lieu de croire que le vieux philosophe et l'enfant
timide se laissent conduire par la même cause
et agissent par les mêmes motifs. »
VOLTAIRE.
Tout le monde sait que cet homme, si tristement
célèbre, a travaillé toute sa
vie à répandre le poison de
l'incrédulité et à saper les
bases de la religion de Jésus-Christ. Il
avait été bien coupable pendant sa
vie et il fut bien malheureux à l'heure de
la mort. Il était allé, dans son
égarement, jusqu'à prendre l'habitude
d'appeler du nom d'infâme notre
adorable Rédempteur, et de jurer qu'il
l'écraserait, Plusieurs de ses lettres,
adressées à ses amis
incrédules, sont terminées par ces
mots : Écrasez l'infâme.
Cependant telle était sa bassesse et sa
méchanceté que, au
milieu de tous ses efforts pour détruire le
christianisme, il avait l'habitude de communier et
d'observer quelques actes de religion, afin de
pouvoir nier son impiété si elle lui
était reprochée. À l'approche
de la mort, il fut bouleversé par le remords
et le désespoir, mais son coeur ne fut pas
amolli et ne fut pas conduit à la vraie
repentance. Voici le terrible récit que l'on
a fait de ses derniers moments :
« C'était pendant la
dernière visite que Voltaire fit à
Paris, quand sa gloire était à son
comble Il put même craindre de mourir au
théâtre au milieu des acclamations
d'une foule transportée d'admiration. C'est
là que la main du Tout-Puissant le frappa.
Au milieu de ses triomphes, un violent crachement
de sang fit craindre pour sa vie. D'Alembert,
Diderot et Marmontel se hâtèrent de
venir l'assister dans ses derniers moments ;
mais ils ne furent témoins que de leur
mutuelle ignominie.
» Ici l'historien n'a pas à
redouter l'exagération.
La rage, le remords, les reproches, les
blasphèmes ne laissèrent pas à
l'impie un moment de repos pendant sa longue
agonie. Sa mort, la plus horrible qui soit
restée dans la mémoire des hommes, ne
sera point niée par ses amis
incrédules.
Leur silence à cet égard est
la moindre des preuves qu'on
peut alléguer. Aucun d'entre eux n'a
osé faire mention de quelque marque de
courage ou de tranquillité, donnée
par le premier chef, pendant l'espace de trois mois
que dura sa maladie. Ce silence est
significatif ; il suffit pour faire comprendre
quelle fut leur humiliation.
» En dépit de tous les
philosophes incrédules qui l'entouraient
pendant les premiers jours de sa maladie, il
manifesta quelques désirs de revenir au Dieu
qu'il avait blasphémé. Quand le
danger augmenta, il écrivit à
l'abbé Gautier, pour le prier de le visiter.
Il fit ensuite une déclaration par laquelle
il renonçait de fait à son
incrédulité. Cette déclaration
fut signée par lui-même et par deux
témoins. L'un d'eux était le marquis
de Villevieille auquel, onze ans auparavant,
Voltaire avait coutume d'écrire.
« Dissimulez votre marche à
l'ennemi dans vos efforts pour écraser
l'infâme. »
» Voltaire avait permis que cette
déclaration fût portée au
curé de Saint-Sulpice et à
l'archevêque de Paris, pour savoir si elle
suffisait. Quand l'abbé Gautier revint avec
la réponse, il ne lui fut plus possible de
revoir le malade. Les conspirateurs avaient
employé tous les moyens pour empêcher
leur chef d'achever sa rétractation. Ils ne
permirent pas au prêtre que Voltaire avait
envoyé chercher de
pénétrer auprès de lui. Tant
que le malade vécut, la rage, succéda
à la fureur, et la fureur a la rage.
» Dès-lors d'Alembert, Diderot
et environ vingt autres, qui avaient
assiégé son appartement,
n'approchèrent plus de lui que pour
être témoins de leur propre honte.
Souvent il les maudissait -
« Retirez-vous,
s'écriait-il ; c'est vous qui m'avez
mis en cet état. Sortez d'ici !
J'aurais pu me passer de vous, mais vous, vous
n'existeriez pas sans moi ! Et quelle odieuse
gloire vous m'avez donnée ! »
Ils purent l'entendre, en proie à la terreur
et à l'angoisse, tantôt suppliant,
tantôt blasphémant ce Dieu contre
lequel il avait conspiré. Il
s'écriait d'une voix déchirante -
« 0 Christ ! ô
Jésus-Christ ! » et dans
l'amertume de son désespoir, il se plaignait
d'être abandonné de Dieu et des
hommes. Les médecins, et en particulier M.
Tronchin, se retirèrent
épouvantés, déclarant que la
mort de l'impie est vraiment terrible. Les
partisans de ses doctrines
d'incrédulité auraient bien voulu
supprimer ces déclarations, mais en
vain ; le maréchal de Richelieu
s'enfuit du lit du malade, disant que ce spectacle
était trop horrible à voir. M.
Tronchin lui-même disait que les fureurs
d'Oreste ne pourraient donner qu'une faible
idée de celles de Voltaire.
» Dans une de ses visites le docteur le
trouva dans la plus grande angoisse, « Je
suis abandonné de Dieu et des hommes,
s'écriait-il, docteur ; je vous
donnerai la moitié de mes biens, si vous me
donnez six mois de vie. - Monsieur, répondit
celui-ci, vous ne pouvez vivre six semaines. -
Alors, répliqua Voltaire j'irai en enfer, et
vous y viendrez avec moi ! »
Bientôt après il avait cessé de
vivre, »
J.-J. ROUSSEAU.
Jean-Jacques Rousseau était un des
philosophes du siècle dernier, et il a
été honoré par les
incrédules de « la seconde place
à leur Panthéon. Sa vie fut une vie
de péché, et sa mort fut une des plus
tristes que l'on puisse imaginer.
D'après ce qu'il dit lui-même
dans ses Confessions, né protestant,
il se fit catholique par des motifs
intéressés, et puis il redevint
protestant. Il vécut avec plusieurs femmes
dans un commerce coupable, et envoya aux enfants
trouvés les enfants qu'il eut d'une
d'elles.
Voilà, d'après son propre
récit, sa vie de droiture et
d'honneur, destinée à expier un
vol qu'il commit dans sa jeunesse, et dont il
accusa une servante, lui faisant
perdre ainsi sa place et sa réputation.
Il prélude au récit d'une si
belle vie par ces étonnantes paroles.
« Que la trompette du jugement dernier
sonne quand elle voudra ; je viendrai, ce
livre à la main, me présenter devant
le souverain Juge ; je dirai hautement.
Voilà ce que j'ai fait, ce que j'ai
pensé, ce que j'ai été.
Être éternel, rassemble autour de moi
l'innombrable foule de mes semblables, qu'ils
écoutent mes confessions, qu'ils
gémissent de mes faiblesses, qu'ils
rougissent de mon indignité. Que chacun
d'eux découvre à son tour son coeur
au pied de ton trône avec la même
sincérité, et puis qu'un seul te
dise, s'il l'ose : Je fus meilleur que cet
homme-là ! »
La mort de cet homme singulier fut comme sa
vie. Il mourut en proférant un horrible
mensonge, accompagné de la prière la
plus orgueilleuse que l'on puisse faire.
« Ah ! ma chère,
dit-il à sa femme à ses derniers
moments, que c'est une chose heureuse de mourir
sans aucun remords et sans avoir rien à se
reprocher ! » puis s'adressant au
Tout-puissant, il ajouta :
« être éternel, l'âme
que je vais te rendre est aussi pure qu'au moment
où elle émana de toi : fais-la
participer à ta
félicité ! »
THOMAS
PAINE.
Thomas Paine est très-connu pour avoir
été l'un des ennemis les plus
acharnés du christianisme. En
théorie, il fut un impie avoué ;
en pratique, il se livra ouvertement à la
débauche et à l'ivrognerie. Il
vécut méprisé des gens de
bien, et mourut, comme beaucoup d'autres
incrédules, rempli de craintes à
l'égard de l'avenir, sans avoir la
repentance qui conduit à la vie. Nous devons
le récit suivant à un respectable
médecin qui le soigna dans sa
dernière maladie.
« Pendant les derniers jours de sa
vie, sa conversation était équivoque
et sa conduite singulière. Il ne voulait
rester seul ni la nuit ni le jour ; et
non-seulement il exigeait qu'il y eût
toujours quelqu'un avec lui, mais encore il voulait
voir la personne ; aussi ses rideaux
étaient-ils toujours ouverts, et s'il
restait seul un moment, il se mettait à
crier jusqu'à ce que l'on vint. Lorsque ses
souffrances diminuaient un peu, il paraissait
plongé dans ses pensées et dans ses
réflexions, et restait alors les yeux
fermés et les mains jointes sur la poitrine.
Cependant il ne pouvait pas dormir sans le secours
d'un narcotique. Cette période de
sa vie, qui dura environ
deux
semaines avant sa mort, nous présente
quelque chose de remarquable, surtout chez l'auteur
de l'Âge de la raison. Quand ses
douleurs étaient bien fortes, il
s'écriait sans cesse :
« Seigneur, aide-moi ! ô Dieu,
aide-moi ! Jésus-Christ,
aide-moi ! » et il
répétait les mêmes paroles sans
le moindre changement, d'une voix à alarmer
toute la maison. Cela me fit penser qu'il avait
abandonné son ancienne
incrédulité. Sa garde, qui
était une femme sérieuse et, je
crois, pieuse, me confirma dans mes
soupçons. Le malade lui avait demandé
ce qu'elle lisait, en la voyant un livre à
la main. Après lui avoir répondu,
elle lui avait demandé la permission de lire
à haute voix ; il y avait consenti et
avait même paru y accorder une attention
particulière.
Dans la nuit du 5 au 6 juin, je
résolus de mettre à l'épreuve
ses opinions au sujet de la
Révélation ; en
conséquence, je vins le voir vers minuit,
cette heure m'ayant parti convenable à mon
dessein. Je le trouvai plongé dans une
grande angoisse, et répétant sans
cesse les paroles que nous avons citées tout
à l'heure. Je lui dis alors :
« Monsieur Paine, Nos opinions ont
excité une assez grande sensation chez un
nombreux public pour vous faire comprendre que nous
connaissons vos sentiments au
sujet de la religion, tels que vous les avez
donnés au monde. Que devons-nous penser de
la conduite que vous tenez maintenant ?
Pourquoi suppliez-vous Jésus-Christ de vous
aider ? Allons, répondez-moi
simplement... J'ai besoin d'une réponse
sortie de la bouche d'un mourant, car je crois que
vous ne vivrez pas vingt-quatre heures. »
J'attendis quelques moments après
chaque question, mais il ne répondit
rien ; seulement il cessa ses exclamations. Je
m'adressai encore à lui :
« Monsieur Paine, lui dis-je, vous ne
m'avez pas répondu ; voulez-vous me
répondre maintenant ? Permettez-moi de
vous demander si vous croyez... ou bien, modifions
la question : Désirez-vous de croire
que Jésus-Christ est le Fils de
Dieu ? » Après quelques
moments de silence, il répondit :
« Je n'ai aucun désir de le
croire. »
L'esprit de Paine était probablement
convaincu de la vérité de cette
religion qu'il avait tournée en ridicule;
mais l'orgueil obstiné de l'incrédule
endurci l'empêcha de le reconnaître
explicitement, quand la question lui fut
solennellement posée.
CONCLUSION.
Avant de terminer cet ouvrage, nous
désirons adresser quelques paroles à
nos lecteurs.
Cher lecteur, qui que vous soyez, permettez
à un ami de vous demander encore un peu de
votre temps qui passe si vite. Ce petit volume vous
présente des vérités d'une
importance infinie. Oh ! rappelez-vous bien
que c'est pour vous que leur importance est
infinie, parce qu'il est certain que, vous aussi,
vous mourrez un jour ; le chemin que les
autres ont suivi, vous aussi vous le suivrez ;
les choses que les autres ont vues, vous aussi vous
les verrez. Bientôt les rêves du temps
disparaîtront pour vous, et les solennelles
réalités de l'éternité
se dérouleront à vos regards.
Votre coeur sera bientôt réjoui
par l'assurance d'une félicité
infinie, ou tourmenté par un terrible
désespoir.
Votre âme sera bientôt
introduite au milieu des ravissantes harmonies des
cieux, ou remplie d'épouvante dans les
amères lamentations de l'étang de
feu. Ah ! s'il est vrai de dire qu'il y a un
ciel et un enfer, il est aussi
vrai de dire qu'il y a un ciel ou un enfer pour
vous.
Contemplez dans les récits que vous
venez de lire la valeur inappréciable de
l'Évangile du salut. Pensez au bonheur de
ces âmes qui sont maintenant dans la gloire.
Pensez à ce qui a réjoui leurs
derniers moments, à ce qui a
ôté pour elles l'aiguillon de la mort
et leur a ouvert les portes du ciel. Cherchez
à comprendre comment leurs souffrances ont
pu leur paraître légères et la
mort désirable. Était-ce le doux
souvenir d'une jeunesse sans tache ?
était-ce la voix de l'innocence qui parlait
en eux ? Oh ! non, de si dangereuses
illusions n'aveuglèrent pas leurs yeux et ne
fermèrent pas leurs coeurs au Sauveur des
hommes. Ils ne parlaient pas d'innocence, ils ne se
reposaient pas sur leurs mérites personnels,
ils savaient que tous les coeurs sont
souillés de péché, que tout
être humain est corrompu dès sa
naissance. Leur joie, était la joie des
pêcheurs reçus en grâce ;
la religion de l'Évangile était leur
religion. Ce qui réjouissait leurs
âmes, ce, n'étaient, ni les
spéculations de la philosophie, ni ce
paganisme qui se cache sous le nom de
christianisme. La mort et la justice de leur grand
Dieu Sauveur était leur seule gloire, leur
seule joie, leur seul refuge; c'est auprès
de lui seul qu'ils cherchaient leurs
consolations.
Jésus était à
eux ; il a changé leur pauvreté
en richesses, et leur affliction en bonheur. Son
sang les a purifiés de tout
péché, sa victoire a brise pour eux
l'aiguillon de la mort, sa justice a couvert leurs
âmes et les a préparées
à aller sans crainte et sans
inquiétude à la rencontre d'un Dieu
de sainteté. Christ était pour eux
tout en tous.
À vous, mon cher lecteur, pouvez dire
aussi : Christ est à moi, Christ est
mon tout ? Ah ! il vaudrait mieux,
mille fois mieux pour vous, être suspendu
au-dessus d'un précipice de mille pieds de
profondeur, en n'étant soutenu que par un
fil prêt à se rompre, que de vous
reposer pour votre salut éternel sur la
moralité de votre vie. Il vaudrait mieux,
mille fois mieux pour vous, si Christ est avec
vous, flotter sur le vaste océan, sans
secours, dénué de tout, sur une
faible planche, que de vous lancer dans la
redoutable éternité sans autre appui
que vos propres mérites....
Mais peut-être parlé-je
à une brebis qui a déjà
entendu la voix du bon Berger. Permettez-moi donc,
mon cher ami chrétien, de vous faire
observer que ce petit volume peut vous apprendre
une chose. Il vous montrera combien vous
paraîtront puériles ces malheureuses
distinctions trop générales qui
existent entre les divers amis de Jésus.
Luther et Calvin et tant
d'autres, qui ont eu quelques différences de
vues pendant leur vie, sont unis maintenant. Ils
ont fait les mêmes expériences
à l'heure de la mort ; ils se sont
appuyés sur le même Sauveur ; ils
ont également cherché dans son
sacrifice méritoire une justice qu'ils
n'avaient pas ; ils ont tous renoncé
à eux-mêmes, et sont tous venus
s'humilier avec allégresse aux pieds de
l'Agneau. Leurs espérances et leurs
consolations ont été les
mêmes ; leurs joies ont eu la même
source, et ils jouissent du même ciel.
Calvinistes et arminiens dissidents et nationaux,
quakers et méthodistes, sont des noms qui
n'existent plus parmi eux : ils s'appellent
chrétiens.
Mais quelqu'un s'écriera
peut-être, après avoir lu ces
récits qui montrent la puissance des
vérités du christianisme.
« Ce sont des rêves d'esprits
exaltés et des contes de
prêtres ! » Malheureux, qui
parlez ainsi, le moment s'approche où vous
reconnaîtrez combien vous êtes dans une
funeste erreur. Le christianisme est une fable,
dites-vous ; écoutez la réponse
de ses ennemis les plus acharnés :
Voltaire et Paine. L'horreur de leurs derniers
moments, leurs cris de détresse
adressés à Celui qu'ils ont
blasphémé, vous ont
répondu ; Non. Que croirez-vous
plutôt des protestations d'innocence que le
criminel fait entendre
avant le
jugement, ou des aveux sortis de ses lèvres
mourantes ? Voltaire, Paine et d'autres impies
ont voulu vous prouver, par des ouvrages
composés aux jours de leur santé et
de leur force, que la religion est une fable ;
mais regardez à leurs derniers moments.
Leurs angoisses vous apprendront qu'il y a un enfer
pour les ennemis de Dieu, et que cet enfer peut
commencer à saisir l'âme, même
sur la terre.
Cher lecteur, tous les récits
contenus dans ce livre vous apprennent qu'une chose
est nécessaire, nécessaire à
vous, à moi, à tous. Les remords de
ceux qui ne font pas possédée vous en
montrent la valeur aussi bien que la joie
triomphante de ceux qui l'ont connue. Souvenez-vous
que maintenant est le temps favorable, que
maintenant est le jour du salut
(2 Cor., VI, 2). Pensez à
cette éternité qui s'avance ;
pensez à ce Sauveur qui veut et qui peut
vous donner une félicité
éternelle. Bientôt les choses du temps
ne vous paraîtront plus que des ombres
fugitives ! Ah ! si vous pouviez voir les
créatures qui en ont fini avec le temps,
combien elles vous enseigneraient la vanité
des choses d'ici-bas ! Les âmes perdues,
si leur méchanceté ne les en
empêchait, vous diraient elles -
mêmes :
« N'imitez pas notre folie. Le
péché et le monde
nous ont perdus, et, quelle
pensée déchirante ! nous ont
perdus pour toujours ! Malheur à
nous ! Le jour de grâce est
passé ! La bonne nouvelle du salut ne
se fait plus entendre à nous. Le sang de
Jésus-Christ ne peut plus nous
purifier ; les compassions de Dieu ne peuvent
plus nous atteindre ! »
Ah ! mon cher compagnon de
péché, mon frère, ma soeur, si
les esprits des damnés vous adressaient des
paroles aussi effrayantes, ne vous rendraient-ils
pas attentifs à vos intérêts
éternels ? Eh bien ! pensez que,
si vous n'avez pas choisi Jésus pour votre
Sauveur, vous marchez sur la route qui conduit
à ce monde de malheur, où vous
n'aurez en partage que les terribles angoisses
d'une éternité de
malédiction.
Si les esprits des justes pouvaient vous
parler, ne vous diraient-ils pas :
« Suivez Celui que nous avons suivi. Nous
nous sommes humiliés aux pieds de
Jésus, et nous avons trouvé en lui le
bonheur éternel : suivez-le, et il sera
votre Seigneur ; recevez-le, et il vous
recevra ; confiez-lui vos âmes, et tout
ira bien pour vous dans le temps et dans
l'éternité. »
Les morts ne peuvent pas, cher ami, venir
vous parler ; mais votre coeur peut vous dire
que tel serait le conseil qu'ils vous donneraient.
D'ailleurs ce conseil, la Parole de Dieu
nous le donne. Venez donc à Christ, et vivez
pour toujours.
Je prie mes jeunes lecteurs d'observer que
la plupart des personnes dont la mort est
rapportée dans ce volume avaient
été amenées à la
piété dès leur jeunesse. Ces
exemple, nous montrent ainsi les avantages d'une
éducation chrétienne. Plusieurs des
tristes récits que nous avons placés
dans cet ouvrage montrent aussi les funestes effets
des péchés de la jeunesse.
Mais jetons encore un regard sur les
récits réjouissants. Pensez à
ces personnes jeunes, aussi jeunes et
peut-être plus jeunes que vous, qui ont
quitté avec joie ce monde et tout ce qu'il
contient, pour aller à Dieu, à
Jésus, au ciel. Voyez-les souffrir la
maladie, sans même désirer de
guérir. Voyez-les saluer la mort avec
allégresse, sans jeter derrière elles
un seul regard de regret.
Pourriez-vous faire comme elles ?
Peut-être sentez-vous que cela vous
est impossible.
Et pourquoi cela vous est-il
impossible ?
N'est-ce pas parce que leur Sauveur n'est
pas votre Sauveur ?
S'il était votre Sauveur, l'aiguillon
de la mort serait brisé. Cherchez-le, mon
jeune ami. Cherchez à avoir un
intérêt dans sa mort et dans sa
justice. Demandez lui son esprit pour vous
fortifier et pour vous
régénérer ;
choisissez, comme Marie, la bonne part qui ne vous
sera point ôtée, et, votre nom sera
pour toujours écrit dans le Livre de vie. -
Amen.
FIN.
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