Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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(Jean 17.17)
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« JÉSUS-CHRIST VOTRE SAGESSE »
Sermon prêché à l'Oratoire du Louvre
le 29 Novembre 1937
(pour l'Avent)
par le pasteur WILFRED MONOD.


Par la volonté de Dieu, vous appartenez à Jésus-Christ, lequel est devenu notre Sagesse, je veux dire notre justice et notre Sanctification et notre Rédemption. I Corinthiens 1/30.

MES FRÈRES,

Le calendrier civil commence au 1er janvier ; l'année chrétienne part du premier dimanche de l'Avent. Les disciples du Christ, aujourd'hui, devraient échanger des voeux des souhaits, des félicitations ; nous sommes à la date même où la caravane de l'Eglise, ici-bas, s'ébranle pour marcher à la rencontre de l'Étoile ; durant les semaines qui viennent, les enfants dans le monde entier s'exerceront par myriades à chanter - « Noël ! Noël ! »

Choisissons une devise qui éclaire d'un coup les quatres dimanches de l'Avent ! Voici le passage illuminateur - l'apôtre Paul écrivait à des païens, convertis, anciens adorateurs de Jupiter et de Junon - « Par la volonté de Dieu vous appartenez à Jésus-Christ, lequel est devenu notre Sagesse, je veux dire notre Justice, notre Sanctification et notre Rédemption. »

- Eh quoi ! dira-t-on, voilà vos quatre jets de lumière ? Un nuage, un brouillard, une fumée, une brume. Est-ce que la mentalité européenne d'aujourd'hui, même dans les églises, est capable encore de saisir des notions précises dans les nébulosités d'un vocabulaire pieux et vague ?... Premier dimanche ? Le Christ nous est « Sagesse ». Deuxième dimanche ? Le Christ nous est « justice ». Troisième dimanche ? Le Christ nous est « Sanctification ». Quatrième dimanche ? Le Christ nous est « Rédemption ». Hélas ! ne comptez pas sur nous pour mémoriser ce langage périmé.
- Je réponds : Détrompez-vous ! Le Saint-Esprit nous accordera, aujourd'hui, une révélation précieuse. O Seigneur ! entends notre prière intérieure ; écoute au moins notre attente silencieuse, qui appelle, qui implore, qui s'apprête à saisir non seulement un réel bienfait, mais une bénédiction immortelle.

Le passage que nous méditons termine le développement où l'apôtre caractérise l'originalité de l'Évangile, en le distinguant soit de la religion païenne, soit de la religion israélite. « Les Grecs cherchent la sagesse, les juifs réclament le miracle ; c'est pourquoi les Grecs s'irritent devant le fou du Calvaire, et les juifs se scandalisent devant la victime d'un supplice réservé aux esclaves, Mais moi je vous prêche, au contraire, en Jésus-Christ, le rayonnement surnaturel, soit d'une « folie de Dieu » plus sage que la philosophie humaine, soit d'une « faiblesse de Dieu » plus forte que la puissance humaine. » Et l'apôtre s'exalte jusqu'à la conclusion suivante : la révélation par excellence, ici-bas, révélation divine, s'est incarnée en Jésus-Christ, manifestation suprême de la Sagesse qui sauve ; et ce faisceau de lumière est décomposable en trois rayons diversement colorés : la Justice, la Sanctification, la Rédemption, trois resplendissements de clarté - (la « Sagesse ») - mais aussi trois fulgurations d'énergie foudroyante, capable de bouleverser le genre humain.

Voilà le contenu général de notre passage. Je vais en reprendre le détail très simplement, et d'une manière aussi concrète que possible.

Jésus notre « Sagesse » ! Le terme a une vaste portée. Dans l'Ancien Testament, au livre des Proverbes, la Sagesse est exaltée au point d'être personnifiée, presque à la manière d'une déesse. Rappelez-vous aussi, dans le poème de Job, l'extraordinaire passage où la Sagesse est identifiée avec le mystère même de la foi en Dieu : « Où se trouve la Sagesse ? Où demeure l'Intelligence ? » Pour les chrétiens, cet ineffable secret est concentré dans notre Sauveur ; en lui nous est offerte une révélation pour l'esprit ; en lui, aussi, nous est présentée une direction pour la conduite ; dans ce dernier domaine, tout pratique, on pourrait dire que l'Eglise, à Noël, célèbre la naissance de « Jésus le Sage ». Estimez-vous qu'une pareille commémoration - dans le chaos politique, moral, social, international, - soit inopportune ? Aujourd'hui des millions d'hommes, saisis d'une mortelle angoisse devant l'avenir, se tournent vers des chefs qu'ils suivent, serrés coude à coude, et qu'ils saluent d'acclamations délirantes ; l'un est nommé, le « Guide », l'autre est appelé le « Conducteur » un troisième sera le « Chef » ou le « Surveillant » un quatrième sera le « Maître » ou le « Contrôleur » ; un cinquième sera le « Directeur » ou l' « Inspecteur ».

Et tous ces prétendus sur-hommes ne sont, et ne peuvent être, que des aveugles entraînant des aveugles à l'abîme. Oui ou non, l'humanité ; a-t-elle besoin d'un sage, d'un berger, d'un « bon berger ? »

Le Nouveau Testament nous légua le nom d'un « Souverain pasteur » qui cherche la « centième brebis » isolée mais qui, en même temps, a souci des masses ; il pleure sur la foule égarée, il donne sa vie pour le troupeau menacé par les loups ; aujourd'hui encore, présent par son esprit dans l'Eglise qui le perpétua, il jette une invitation pathétique à l'humanité dévoyée : « Venez à moi ! vous les travaillés et les chargés, je vous soulagerai. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. »

Jésus le Sage... « L'enfant était plein de sagesse, raconte l'évangéliste, et la grâce de Dieu était sur lui. » Et encore : « Jésus croissait en sagesse et en grâce devant Dieu et devant les hommes... » Et cette croissance-là n'est guère sur le point de se terminer. Plus le désordre et l'anarchie augmentent, plus les hommes désespérés, soûlés de discorde et de dérèglement, finiront par entonner les choeurs angéliques (avec les myriades béatifiées dans le ciel de l'Apocalypse), la vraie cantate de Noël : « Digne est l'Agneau immolé de recevoir la puissance, l'honneur, la gloire, la sagesse ».
Oui, Jésus le Sage, la « Sagesse » incarnée.

Examinons maintenant les autres titres du Christ énumérés par l'apôtre Paul, et qui tournoient dans la nuit comme les feux d'un phare. Trois éclats déchirent les ténèbres. Saint Paul désigne en Jésus le Messie notre « justice ». Il célèbre là un don de Dieu. En effet, telle que nous connaissons la race humaine - (celle dont notre glace et notre coeur, double miroir, nous renvoient l'image) - elle est capable de distinguer entre un vrai Sauveur et un faux ; elle refusera d'être pipée indéfiniment par tel soi-disant Émancipateur, incapable, lui, d'affranchir l'individu d'un passé infernal. Là, décidément, est la pierre de touche pour un Libérateur authentique ; c'est là que chaque personne, en son isolement, et pour son propre compte, doit défier le prétendu rédempteur et mettre le candidat-sauveteur au pied du mur. « Si tu es un Sauveur, sauve-moi ! oui, même un insauvable tel que moi. »

Vous savez de quoi nous sommes formés ; consciemment ou à notre insu, nous restons des mécontents ici-bas de la terrestre aventure ; dégoûtés, au fond, d'une longue série de gaspillages, de désillusions, d'échecs et d'erreurs. Que murmure ce vieillard, le dos au soleil ? Il balbutie : « J'ai manqué ma vie ». Et cette femme qui tricote fiévreusement, les yeux mi-clos ? Elle se répète en revoyant sa destinée : « Trop tard ! » Et le jeune homme qui marche à pas lents et rêve ? Il soupire : « Tant pis ! »

Osons tout dire : on n'est pas seulement malheureux des circonstances, on est mécontent de soi. On a commis le mal, on a omis le bien. Le péché n'est pas seulement quelque chose de perpétré, mais quelque chose de négligé ; le Devoir, sous, un tel angle, apparaît précisément comme ce qui reste dû ; on doit le « devoir », comme on doit une « dette » ; or, on reste insolvable. On ne peut plus arrêter la flèche d'une certaine parole ; ni effacer tel acte indélébile ; ni boucher telle fissure. Le passé est un rongeur inassouvi, le remords n'a point de muselière ; l'irréparable s'acharne contre la conscience, comme le bec dur et persévérant d'un oiseau qui frappe l'écorce d'un tronc d'arbre.

Telle est la situation humaine, assez banale (mais assez poignante) à laquelle se prête admirablement le titre décerné au Christ : « Notre Justice ». Pourquoi ? De même qu'il existe une adaptation entre la serrure et la clé, il existe une harmonie préétablie entre l'expérience du désespoir, du péché, du néant, et l'attribut merveilleux dont Jésus apparaît couronné comme d'un diadème : il est notre justice, notre justificateur ; l'auteur sacré le nomme notre « avocat », notre « intercesseur ». D'une manière ou de l'autre, et quelles que soient les formules employées pour exprimer cette grâce ineffable, Jésus est là précisément pour cela ; il l'a prouvé dans l'Évangile, et dans l'Eglise, et dans l'Histoire : il plaide sans parole en notre faveur, par le seul fait qu'il existe.

Cette expérience inouïe, surnaturelle, a été réalisée des millions et des millions de fois : le coupable avance vers le tribunal, tenant l'acte d'accusation qui va le condamner... Soudain, on lui arrache le document fatal, on le déchire en menus morceaux.

Depuis deux mille années, dans l'Eglise, le soleil n'a jamais terminé sa course quotidienne, sans que des âmes aient chanté un hosanna ! du soir et un alléluia ! devant le Christ notre « justice » ; or, ces mêmes âmes, à l'aube du même jour, se croyaient réprouvées !
Quelqu'un objectera « je ne puis accepter les antiques et mystiques formules de la tradition chrétienne sur le sang expiatoire... je n'ose même pas répéter que le Crucifié a voulu mourir pour moi. »

... Cher isolé, cher sincère, disons simplement que Jésus a vécu pour toi et moi, en vivant pour l'humanité : il est donc né pour nous, puisque sa naissance reste inséparable de sa vie ; et sa mort, elle non plus, ne peut en. être distinguée ; elle fut la suprême expression, ou la souveraine révélation de sa vie, elle fut l'incarnation finale de son esprit ; c'est tout l'ensemble de l'Évangile qui sauve. Le Crucifié n'était pas autre que le Glorifié. De même que sa présence au Calvaire était indiscernable de l'existence, ici-bas, de la « Parole faite chair », de même la présence du Christ à Golgotha s'identifiait avec l'existence perpétuée du Ressuscité dans l'Eglise, où il préside la Table sainte : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, Je suis là. »

La croix fut l'étincelle révélatrice d'une réalité ineffable, concrète, éternelle : le Crucifié mourut pour chacun d'entre nous, dans la mesure même où il s'immola volontairement par amour, par fidélité à ses amis, à ses ennemis, à son Évangile, à son Dieu. Et voici le message tout spirituel, essentiellement spirituel, qui rayonnait à travers la croix matérielle (comme la clarté intensifiée par une lentille grossissante) : Dieu pardonne au pécheur qui se reprend, qui se repent (nous l'affirmons dans notre liturgie, chaque dimanche !) ; le salut est saisi par l'élan d'une confiance pauvre et nue : « Ne crains point ; crois seulement ; ta foi t'a sauvé ; va en paix. » Voilà l'Évangile de Noël.

Ai-je raison de m'exprimer ainsi ? Est-il vrai que toute la Bonne Nouvelle doive se résumer dans le credo poignant : le Crucifié a vécu pour les pécheurs jusqu'à mourir pour eux ? Non, ce message ne concentre pas, à lui seul, tout l'Évangile de Noël. Pour qu'il soit complet, parachevé, il y faut ajouter une autre parole extraordinaire de l'apôtre : « J'ai été crucifié avec Christ ; ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi ». Cela signifie que l'affirmation du pardon pour le passé doit s'épanouir dans l'appel à la sainteté pour le présent. Voilà le sens de l'expression énigmatique : « Jésus-Christ est notre sanctification ».
Oh ! béni soit l'Évangile authentique, intégral, qui nous accule à la sainteté, c'est-à-dire à la consécration, qui nous condamne à rompre avec le péché.

L'apôtre ose déclarer à ses convertis : « Considérez-vous comme étant morts au péché » - (telle est son expression, d'un réalisme pathétique) - morts au péché donc, et « vivants pour Dieu ». Il ajoute même - « Le péché n'aura plus de pouvoir sur vous ». jamais encore, ici-bas, aucun écrivain d'aucune époque n'avait exprimé pareille sentence, étrangère à la littérature universelle ; et quand ces paroles furent tracées pour la première fois sur un vulgaire papyrus, un des contemporains de l'apôtre, son voisin-même à Rome, s'appelait César-Néron.

Quel contraste entre ces deux hommes, et quel avertissement pour nous ! Donc jamais nous n'avons le droit d'alléguer le malheur des temps, la corruption des moeurs, l'indulgence de l'opinion, pour trahir notre idéal moral et renier nos convictions religieuses. Vous savez qu'en divers pays, depuis quelques années, un groupe de chrétiens laïques propage, sans phrases et sans peur, un programme de conduite inspiré par la nostalgie de l'Absolu sur le terrain concret de la pratique. Les propagateurs de cette règle élémentaire et sublime formulent quatre principes fondamentaux : D'abord, soyez sobres ; soyez purs ; maintenez en vous la hiérarchie des grandeurs. Ne laissez pas les instincts vous envahir, comme le gui parasitaire étouffe le chêne ; que les sens gardent l'activité naturelle qui leur appartient dans le cadre corporel mais qu'ils ne s'exaspèrent pas jusqu'à la sensualité : gardons la tempérance, l'équilibre, la modération, l'harmonie en nous de toutes les énergies (physiques et morales), diverses mais orientées, variées mais convergentes, maintenues sur des plans superposés, dociles, disciplinées, transfigurées.

Le deuxième principe fondamental est celui-ci maintenons intégralement un idéal d'honnêteté... sans tache, de scrupule et de véracité... sans exception, de loyauté... sans compromission aucune dans le détail, en appliquant cette règle... sans restriction au domaine des affaires (quelle magnifique témérité !) ou même à celui de la conversation courante (quelle naïveté splendide !)

Puis vient le troisième principe : soumission réfléchie, minutieuse, persévérante à la Règle d'or, celle de la bonté, de la charité, de l'oubli des offenses, de la bienveillance intelligente pour les faibles et les petits sans négliger nos frères inférieurs dans le domaine animal.

Tu aimeras ! c'est le résumé de l'Ancien Testament, d'après le décalogue de Moïse ; Tu aimeras ! c'est le résumé du Nouveau Testament, d'après l'hymne à la charité de saint Paul. Impossible d'y échapper. Si Dieu est amour, le vrai « sans-dieu » est le sans-amour, celui qui médit de l'absent on se moque du présent, celui qui refuse de tendre la main pour pardonner ou d'étendre la main pour bénir.

Enfin le quatrième principe fondamental est celui de l'humilité transparente, radieuse, et qui veut s'ignorer, et qui peut s'effacer, et qui refuse d'être susceptible, et de cultiver un faux point d'honneur, et d'étaler un ridicule sentiment de sa propre importance, et de chérir un moi minuscule qui se hérisse (au nom de sa propre dignité) contre un manque d'égards involontaire ou une prétendue négligence. O mes frères, mes frères, foin de tout ce foin-là ! jetez : cette pauvre paille, cette litière défraîchie, dans le brasier de la Confession des péchés. Un pécheur ne peut plus se pavaner, se rengorger, se donner des airs.

Béni soit le héros de Noël, notre Sauveur ! Par lui, nous sommes justifiés pour le passé. En lui, nous sommes sanctifiés pour le présent.

Pour terminer, fixons nos yeux sur le point culminant du paysage. L'apôtre déclare : « Jésus-Christ, en notre faveur, est devenu rédemption ». Voilà un mot qui nous oriente éperdument vers l'avenir.
Car il faut bien comprendre le terme de rédemption ; plus que tout autre, il mérite qu'on l'interprète avec soin. Il signifie simplement rachat ; un esclave racheté à son maître est libéré. Quand on parle d'une rédemption de l'humanité, on parle de sa délivrance. Il est vrai qu'on enveloppe alors cette réalité magnifique dans une image impossible à serrer de près ; car si le rédempteur avait réellement payé une rançon pour la libération du genre humain, à quel maître aurait-il acquitté la somme due ?

Pendant de longs siècles, et très logiquement, les théologiens enseignèrent que Jésus avait désintéressé le tyran des hommes : « Satan ». Aujourd'hui, les catéchismes enseignent plutôt que la dette fût payée à « Dieu » lui-même. Puisque l'Eglise hésite, ne pressons pas une comparaison qui mènerait au scandale ou au blasphème.

Restons-en avec allégresse à la suprême et miséricordieuse notion de délivrance, d'évasion, de salut ; mais, j'y insiste, en regardant vers l'avenir. Si nous demeurions tournés vers le passé, en parlant ici de rédemption, alors l'apôtre aurait, contre son habitude, répété deux fois la même idée en déclarant : le Christ est « notre justice », le Christ est « notre rédemption ». Or l'apôtre n'était pas de ceux qui piétinent en rond. Dans notre splendide passage, il nous mène d'un point à un autre : Jésus est notre « justificateur », pour hier ; Jésus est notre « sanctificateur », pour aujourd'hui ; Jésus est notre « libérateur », pour demain.

La rédemption, dans le langage du Nouveau Testament, vise d'ordinaire l'avenir ; elle embrasse d'immenses possibilités, futures, promises, un monde céleste, l'univers des réalités éternelles. Chacun de nous peut constater que le terme de rédemption n'existe que dans les épîtres, une dizaine de fois ; et dans ces rares passages on trouve deux expressions bien caractéristiques ; Paul écrit aux Romains « Nous attendons la rédemption de notre corps » et aux Éphésiens il déclare : « Vous avez reçu le sceau de l'Esprit saint, en vue du jour de la rédemption ».

Dès lors tout s'éclaire et s'engrène dans notre texte majestueux : on découvre ses mouvantes articulations : la Foi, l'Amour, l'Espérance ; le pardon pour le passé (la Foi) - la communion avec le Sauveur dans le présent (l'Amour) - la vie éternelle devant nous (l'Espérance), dans une lumière inaccessible où se fixe inébranlablement l'ultime anneau d'une chaîne de diamant.

Chacune de ces grâces vraiment surnaturelles complète la précédente ou prépare celle qui suivra. Le pardon lui-même, offert sur la Croix par les bras étendus, ne serait qu'une indulgence malsaine et stérile, s'il n'aboutissait pas, coûte que coûte, à une exigence absolue de sainteté ; mais cette exigence à son tour, dans quelle contradiction quotidienne et déchirante nous mène-t-elle inexorablement ! La conduite pure et fraternelle, ici-bas, est-elle autre chose qu'une gageure angoissante ? Elle ressemble à une tremblante bestiole menacée par des chasseurs, encerclée de chiens à la gueule fumante...

Vive Dieu c'est notre sort, et notre paradoxe, et notre gloire on a les pieds dans la nuit, et les yeux dans la lumière ; on a des mains frémissantes et un coeur assuré ; on se traîne ici-bas pécheur et mortel, mais déjà l'on possède en l'âme le goût de la victoire et la saveur de l'immortalité ; on clame comme le psalmiste : « Avec mon Dieu je franchis une muraille ! » et encore : « je m'écrie Loué soit l'Éternel ! et je suis délivré ». La voilà bien la délivrance, la rédemption. Mais le psalmiste lui-même n'en était qu'à l'A.B.C. de l'épopée du salut total, éternel. Et voilà pourquoi, bien aimés frères, nous célébrons aujourd'hui l'Avent, saisis d'une jubilation sacrée ; voilà pourquoi, dans la communion de la chrétienté universelle, nous allons répéter de dimanche en dimanche jusqu'à Noël :

« Par la volonté de Dieu nous appartenons à Jésus-Christ, lequel est devenu notre Sagesse - oui, notre Justice, notre Sanctification et notre Rédemption ».
Ainsi soit-il. Amen.


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