Réponses à la
Prière
ou les voies de
Dieu
envers
Georges Müller
CHAPITRE PREMIER
Les débuts de l'oeuvre parmi les
orphelins
« Afin
que
l'épreuve de votre foi, beaucoup plus
précieuse que celle de l'or qui, quoique
périssable, est pourtant
éprouvé par le feu, tourne à
votre louange, à votre honneur et à
votre gloire, lorsque paraîtra
Jésus-Christ.
1 Pierre I, 7.
M. Georges Muller fut le fondateur des nouveaux
orphelinats à Ashley Down, Bristol,
établissements qui ont été,
pendant bien des années, les plus grands
monuments des temps modernes, prouvant que Dieu
exauce les prières. Dans un livre, d'une
grande valeur, Les voies de Dieu envers Georges
Muller, l'auteur donne entre autres motifs,
pour lesquels il a fondé des orphelinats, le
motif suivant :
« J'ai souvent
rencontré des enfants de Dieu abattus par la
perspective que, lorsqu'ils seront vieux et qu'ils
ne pourront plus travailler, ils devront avoir
recours à une maison de charité. Si
je leur rappelle, à ceux-là, que leur
Père céleste n'a jamais manqué
de venir au secours de ceux qui se sont attendus
à Lui, ils ne diront peut-être pas
toujours que les temps ont changé ;
cependant il sera assez évident qu'ils ne
regardent pas à Dieu comme à celui
qui est le Dieu vivant. Souvent, j'ai
été grandement attristé par
ces choses, et je désirais
vivement mettre sous les yeux des chrétiens
un fait qui pût leur montrer que, même
dans les temps particuliers où nous vivons,
Il ne délaisse pas ceux qui se confient en
Lui.
« Une autre classe de
personnes se compose de frères dans les
affaires, dont l'âme est en souffrance et la
conscience chargée, parce qu'ils se
conduisent à peu près comme les gens
du monde. La concurrence dans le commerce, les
temps difficiles, la trop grande population du
pays, sont des raisons qu'on allègue
quelquefois à l'appui de cette idée
qu'on ne réussirait pas, si l'on regardait
simplement à la Parole de Dieu pour la
direction des affaires. Tel frère, par
exemple, s'est dit : Si seulement je pouvais
changer de position ! Rarement j'ai
rencontré une détermination bien
arrêtée de tenir ferme pour Dieu, de
se confier en Lui, coûte que coûte,
afin de conserver une bonne conscience. Je
désirais donner aussi à cette classe
de personnes une preuve visible que Dieu demeure
toujours le même.
« D'autres frères
ou soeurs ont des professions qu'ils ne peuvent pas
exercer en bonne conscience et se trouvent dans une
position que l'Écriture n'approuve pas,
même en ce qui concerne les choses
spirituelles. Les uns redoutent de quitter la
profession qu'ils ne peuvent pas continuer avec
l'approbation de Dieu, à cause des
conséquences qu'ils entrevoient ; les
autres craignent de renoncer à leur
position, de peur de se trouver sans emploi. Il me
tardait donc d'être un instrument dans les
mains de Dieu pour fortifier la foi de ces chers
enfants de Dieu, non seulement en leur montrant par
des exemples de la Parole de Dieu qu'Il veut
et peut secourir tous ceux qui se reposent
en Lui, mais surtout en leur mettant sous les yeux
des faits qui peuvent les
convaincre qu'Il est toujours le même.
« Je savais bien que la
parole seule de Dieu devrait suffire - et
grâce Lui en soient rendues, elle me
suffisait à moi, - mais cependant, je
pensais que si cette preuve visible de
l'immuable fidélité du Seigneur (je
veux parler de l'établissement d'une maison
d'orphelins) pouvait servir à fortifier mes
frères en la foi, je serais trop heureux de
leur être en bénédiction, en
entrant dans cette voie. J'avais un souvenir vivant
du bien que mon âme avait reçu en
considérant la fidélité de
Dieu envers son serviteur A.-H. Francke, qui, en
s'appuyant entièrement sur le Dieu vivant,
avait fondé la plus grande maison
d'orphelins existant alors dans le monde.
Je me crus appelé à
être ainsi le serviteur de l'Eglise de Christ
pour lui communiquer la grâce qu'Il m'a faite
de le prendre au mot dans toutes ses promesses.
Toutes les peines que mon âme a
éprouvées en voyant un si grand
nombre de croyants, avec lesquels je suis
entré en relation, être
accablés ou angoissés, et ayant une
mauvaise conscience parce qu'ils doutaient du
Seigneur, toutes ces choses, dis-je, ont
été dans les mains du Seigneur autant
de moyens pour réveiller dans mon coeur le
désir de présenter à
l'Eglise et au Monde une preuve
que
Dieu écoute nos requêtes et qu'Il les
exauce. - Si donc, moi, qui ne suis qu'un pauvre
homme, je pouvais arriver à obtenir par la
foi et la prière, sans rien demander
à personne, les moyens d'établir
une maison d'orphelins et la continuer, en la
développant, n'est-il pas évident
que, avec la bénédiction du Seigneur,
un tel fait contribuerait à fortifier la foi
des enfants de Dieu et parlerait à la
conscience même des incrédules ?
Telle est la raison principale qui m'a porté
à entreprendre ce travail.
Je désirais sans doute de
tout mon coeur que Dieu se servît de moi pour
faire du bien à de pauvres orphelins, au
point de vue corporel, leur être utile dans
les choses qui concernent la vie présente,
et les élever dans la crainte de Dieu, mais
mon but principal était que Dieu fût
glorifié. Oui, je me suis proposé (et
je me propose encore) de magnifier le Nom du
Seigneur en obtenant de Lui seul, par la
prière et par la foi, tout ce qui est
nécessaire pour l'entretien de ces chers
orphelins. Mes compagnons d'oeuvre et moi, ne
demandons rien à personne. Ce qui s'est
passé depuis le mois de novembre 1835 a
démontré d'une manière
remarquable que je ne m'étais pas
trompé ; non seulement les rapports qui
ont été publiés concernant
cette oeuvre ont porté des fruits abondants
parmi les enfants de Dieu, mais ils ont encore
contribué à la conversion de bien des
pécheurs. Du plus profond de mon âme,
je rends grâces à Dieu et lui attribue
l'honneur et la gloire qui n'appartiennent
qu'à Lui seul. »
Nouveaux détails sur la
fondation de l'Orphelinat
« Lorsque, ces derniers temps, la
pensée de fonder un orphelinat, en ne
comptant, pour les ressources, que sur Dieu seul,
eut repris vie dans mon esprit, la seule chose que
je demandais à Dieu pendant deux semaines,
ce fut si cette pensée venait de Lui, d'en
amener Lui-même la réalisation, sinon
de me l'ôter entièrement, La
pensée du Seigneur ne m'était pas
claire. Sans doute, j'étais sûr qu'il
verrait d'un oeil favorable de fonder une maison
où des enfants, privés de leurs
père et mère, trouveraient un abri et
une éducation conforme aux enseignements de
la Parole ; mais était-ce sa
volonté que je fusse,
moi, son instrument pour mettre cette oeuvre
sur pied, puisque mon temps était plus que
rempli ? Toutefois, ce qui m'encourageait,
c'était la pensée que, si telle
était sa volonté, Il me donnerait non
seulement les moyens nécessaires, mais
encore les personnes qualifiées pour prendre
soin des enfants, en sorte que mon concours
personnel à l'oeuvre ne me prendrait pas
plus de temps, vu son importance et, malgré
toutes mes autres occupations, que je n'en pourrais
raisonnablement lui donner. Durant ces deux
semaines, pas une seule fois, je ne
demandais au Seigneur soit de l'argent, soit des
collaborateurs, dont je pusse m'assurer les
services.
Tout à coup, le 5
décembre, l'objet de ma prière
changea. Je lisais le
Psaume LXXXI, et je fus tout
particulièrement saisi, plus que jamais
auparavant, par le verset 11 :
« Ouvre ta bouche, et je la
remplirai. » Je
réfléchis quelques instants à
cette parole, et fus amené à en faire
l'application à mon projet. Frappé
par cette pensée que je n'avais encore rien
demandé au Seigneur en vue de cet
Orphelinat, sauf de me faire connaître s'il
voulait qu'il fût fondé ou non, je
tombai à genoux, et, ouvrant ma bouche toute
grande, je demandai beaucoup. Je priai dans une
pleine soumission à la volonté de
Dieu, sans lui dire : Réponds-moi
à tel moment. Je lui demandai de me donner
une maison, qui me serait prêtée on
qui me serait donnée pour cet objet à
titre définitif. De plus, je demandais
à Dieu de m'envoyer vingt-cinq mille francs,
en même temps que des personnes bien
qualifiées pour prendre soin des enfants.
Depuis, j'ai été amené
à demander aussi au Seigneur de mettre au
coeur des siens de m'envoyer des meubles pour la
maison et des vêtements pour les orphelins.
En priant ainsi, je me rendais
parfaitement compte de ce que je faisais,
C'est-à-dire je savais fort bien que ce que
je demandais, il n'y avait, à vues humaines,
aucune probabilité que je l'obtinsse des
frères que je connaissais ; mais je
savais aussi que ce n'était pas trop pour
que le Seigneur pût me
l'accorder. »
Un grand encouragement
17 décembre. - « J'ai
été abattu hier soir et ce matin et
me suis demandé si je devais m'engager dans
cette entreprise ; j'ai aussi prié le
Seigneur de bien vouloir me donner quelque nouvel
encouragement. Peu d'instants après, un
frère envoya deux coupons d'indienne, l'un
mesurant 7 yards (1),
et l'autre 23 3/4 ;
6 3/4
yards de calicot, quatre coupons de doublure
mesurant en tout 4 yards, un drap de lit et un yard
pour mesurer les étoffes.
Ce soir, un frère a
apporté un séchoir, trois petites
robes, quatre tabliers, six mouchoirs de poche,
trois couvertures piquées, une de laine,
deux salières en étain, six gobelets
en fer blanc et six petites cuillères en
métal. Il m'a également remis 3
shillings 6 pences (environ) de la part de trois
différentes personnes et m'annonça en
même temps un don de 2,500 francs pour
demain. »
Vingt-cinq mille francs
15 juin 1837. - J'ai recommencé
à prier ardemment le Seigneur afin qu'il
veuille bien compléter les 25,000 francs que
je lui ai demandés déjà. - Ce
soir, on m'a remis 125 francs, ce qui fait que la
somme entière se trouve maintenant
réalisée. Je voudrais rappeler ici,
pour la gloire du Seigneur, à
qui j'appartiens et que je
sers,
que chaque franc de cette somme de même que
tous les articles d'habillement et d'ameublement,
dont il a été fait mention dans les
pages précédentes, m'ont
été donnés, sans que j'aie
rien demandé à qui que ce
soit. »
Des orphelins pour l'Orphelinat
« Autant que je puisse m'en souvenir,
le sentiment de ma faiblesse et de mon ignorance
m'avait toujours conduit à exposer au
Seigneur de la manière la plus minutieuse
tout ce qui concernait la Maison des Orphelins.
Cependant, il était un point sur lequel je
ne l'avais pas entretenu ; je ne lui avais pas
demandé de vouloir bien lui envoyer des
enfants, car je m'assurais que les demandes ne
manqueraient pas. Cependant plus le jour qui avait
été indiqué pour recevoir les
demandes approchait, plus aussi j'avais le
pressentiment secret que le Seigneur pourrait bien
vouloir me désappointer dans mon attente, et
me montrer que je ne pouvais prospérer sans
Lui, pas même dans les plus petites choses.
Le jour fixé arriva, et pas une seule
demande ! J'avais été tant de
fois tenté auparavant par le doute, au sujet
de la volonté de Dieu sur mon entreprise,
que, à ce moment-là, je fus
profondément abattu devant Dieu et fus en
prières toute la soirée du 3
février. J'examinais de nouveau mon coeur et
les motifs qui me faisaient agir. Je
découvris que mon but principal avait bien
été de rechercher la gloire de Dieu,
en démontrant que ce n'est pas en vain que
l'on se confie en Lui ; que j'avais
cherché également et d'abord le
bonheur spirituel, puis le bonheur temporel des
orphelins. En persévérant dans la
prière, je fus amené à me
réjouir de tout mon coeur, lors même
que la gloire de Dieu serait dans
l'anéantissement de tout
ce plan. Cependant, l'établissement et la
prospérité de l'Orphelinat me
semblaient devoir glorifier le Seigneur
plutôt que la non-réussite de
l'entreprise et je pus ainsi demander au Seigneur,
avec instances, d'envoyer des enfants. Je jouis
après cela d'une grande paix
intérieure et j'arrivai à l'assurance
que Dieu établirait cette Maison. -
Dès le lendemain, 4 février,
la première demande fut faite et depuis lors
42 enfants ont été
présentés. »
Au jour le jour
22 juillet 1838. - « Le
soir,
je me promenais dans notre petit jardin en
méditant Hébreux XIII, 8,
« Jésus-Christ est le même
hier, aujourd'hui et
éternellement. » En pensant
à cet amour, à cette puissance et
à cette sagesse immuables, et que je
convertissais, comme j'ai l'habitude de le faire,
tout ce que je médite, en prières,
pour moi-même, j'ai appliqué cet
amour, cette puissance et cette sagesse, à
mes circonstances tant spirituelles que
temporelles. Tout à coup, les besoins
actuels de la Maison des Orphelins me vinrent
à l'esprit. Immédiatement, je fus
amené à me dire : Puisque
Jésus, dans son amour et sa puissance, m'a
accordé jusqu'ici tout ce qui m'était
nécessaire pour les orphelins, et que cet
amour et cette puissance ne changent pas, Il sera
fidèle jusqu'au bout. Mon âme fut
alors inondée de joie à la
pensée de cette immutabilité de notre
adorable Sauveur.
« Un instant après,
on m'apporte une lettre renfermant un billet de 500
francs avec ce qui suit : « Veuillez
appliquer la somme ci-incluse à continuer la
diffusion des Écritures, à votre
Orphelinat, ou enfin à la
cause du Maître, d'une manière ou
d'une autre, selon qu'Il vous dirigera. Ce n'est
pas une forte somme, mais il y aura suffisamment
pour les besoins d'aujourd'hui et en
général le Seigneur pourvoit au jour
le jour ; le lendemain prendra soin de ce qui
le regarde, etc. »
(J'ai consacré la
moitié de cette somme, soit 250 francs au
fond des orphelins, et l'autre moitié aux
autres objets, ce qui m'a mis à même
de faire face à environ 850 francs de
dépenses relatives aux Maisons des Orphelins
auxquelles je m'étais attendu et qui se sont
présentées dans l'espace de quatre
jours.)
Dieu n'oublie pas
Au cours des premières années de
son oeuvre dans l'Institution, M. Muller et ses
compagnons d'oeuvre eurent à endurer bien
des épreuves de foi ; exemple, les
paroles suivantes de M. Muller
lui-même :
Juillet 1845. -
Il y a
maintenant 7 ans environ nos fonds ont
été si épuisés pendant
ce laps de temps, que je pourrais à peine
mentionner un seul cas où nous ayons eu des
ressources pendant 3 jours consécutifs, pour
l'entretien de plus de 100 personnes !
Cependant mon esprit n'a été inquiet
qu'une seule fois, et c'était le 18
septembre 1838. Le Seigneur semblait refuser toute
réponse à nos prières. Mais
quand Il nous envoya la délivrance et que je
fus assuré qu'Il ne nous avait pas
oubliés, mais qu'Il avait voulu
seulement éprouver notre foi, mon âme
fut si fortifiée et encouragée que,
même dans la plus profonde
pauvreté, Il m'a accordé la
grâce de ne plus douter de Lui. Dès
lors, je ne fus plus abattu. »
Un don de 300 francs
20 août 1838. - « Les 125
francs que j'avais reçus le 18, ayant
été donnés pour le
ménage, je me trouvais de nouveau sans le
sou ; mais mes yeux étaient
tournés vers le Seigneur. Sachant que cette
semaine, il me faudrait de 3 à 500 francs,
je me suis mis en prières ce matin. Dans la
journée je reçois la réponse.
Une dame qui demeure à Clifton, et que je ne
connais pas, m'a envoyé 300 francs. Adorable
Sauveur, fais que ce soit un nouvel encouragement
pour moi ! »
Crise solennelle
À propos d'une des plus dures
épreuves, M. Muller
écrit :
10 septembre 1838
(lundi
matin). - Il n'est point venu d'argent ni
samedi, ni hier. Il me paraît maintenant
nécessaire de faire quelques
démarches relatives au besoin où nous
nous trouvons. J'ai la pensée de me rendre
aux Orphelinats, rassembler les frères et
soeurs employés dans ces
établissements, et qui, à l'exception
du frère T.... n'ont jamais
été informés de l'état
des fonds. Mon intention est de leur exposer le
cas, de nous assurer combien d'argent il nous faut,
et leur dire en même temps que, malgré
cette épreuve de foi, je continue à
croire que Dieu nous viendra en aide. Nous prierons
ensemble. Il me paraît surtout
nécessaire de les aviser qu'ils ne fassent
pas plus d'achats que nous n'avons moyen d'en
payer, mais que, quant aux enfants, il ne faut les
laisser manquer ni de bonne nourriture, ni des
vêtements indispensables, attendu que je
préférerais les renvoyer plutôt
que de les voir privés des
choses nécessaires. Je tenais aussi à
m'assurer s'il n'y aurait pas encore quelques
articles qui auraient été
envoyés pour être vendus, ou s'il se
trouverait peut-être quelques objets inutiles
qu'on pourrait vendre également. Je sentais
que l'oeuvre traversait une crise solennelle.
À neuf heures et demie, nous
trouvâmes 0 fr. 60 qui avaient
été mis dans le tronc de la chapelle
Gédéon. Je considérais cette
somme comme des arrhes que Dieu me donnait pour
m'assurer qu'Il veut avoir compassion de nous et
envoyer davantage.
À 10 heures environ,
après être revenu de chez le
frère Craik, à qui j'avais de nouveau
ouvert mon coeur, comme j'étais encore en
prières pour demander du secours, une soeur
vint nous voir et donna à ma femme 50 francs
pour les orphelins, en disant qu'elle
s'était sentie pressée de venir, et
qu'elle avait même trop tardé !
Quelques minutes après j'entre dans la
chambre où se trouvait cette dame, elle me
remet encore 50 francs, tout cela, sans rien
connaître de notre disette. Ainsi le
Seigneur, dans sa miséricorde, m'a
envoyé quelques petites ressources, pour le
plus grand encouragement de ma foi. Quelques
minutes plus tard, on vient me demander de l'argent
pour l'Orphelinat des enfants en bas âge.
J'envoyai 50 fr. à cet établissement,
25 fr. 60 à l'établissement des
orphelins et 25 fr. à celui des orphelines.
»
Une précieuse
délivrance
17 septembre 1838. -
« L'épreuve continue. Plus il va,
et plus la foi est éprouvée. C'est
sans doute dans des vues bien sages que le Seigneur
permet que nous réclamions si longtemps son
secours ; mais je suis persuadé qu'Il
l'enverra, si seulement nous
pouvons l'attendre. L'un des frères
employés ayant reçu quelque argent,
en a donné une partie, savoir 15 fr. 60, un
autre employé a aussi remis 14 francs
cinquante ; tout l'argent qui lui restait. Ces
deux sommes jointes aux 21 fr. 85 que nous avions
en partie, et dont le reste nous est arrivé
depuis, nous a mis à même de payer ce
qui était dû et de nous procurer des
provisions ; de sorte que, jusqu'à
présent, nous n'avons en aucune façon
manqué de rien. Ce soir j'étais un
peu éprouvé de ce que des sommes plus
fortes tardaient à arriver. Mais ayant
cherché du soulagement dans les
Écritures, mon âme fut
extrêmement rafraîchie et ma foi de
nouveau fortifiée par le
Psaume XXXIV. Avec joie j'allai
rejoindre mes compagnons d'oeuvre pour prier avec
eux. Je leur lus le Psaume en cherchant à
les encourager par les précieuses promesses
qu'il renferme. »
18 septembre. -
Frère
T. avait environ 31 francs et moi 3 fr. 75. Avec
ces 35 francs, nous avons pu acheter le pain et la
viande nécessaires, un peu de thé
pour l'une des maisons, enfin du lait pour tous,
mais pas plus qu'il ne nous fallait de toutes ces
choses pour le besoin présent. Le Seigneur y
a donc pourvu, non seulement pour aujourd'hui, car
il y a du pain pour deux jours. Nous nous trouvions
néanmoins réduits à
l'extrémité. Les fonds étaient
épuisés ; les employés
avaient donné jusqu'à leur dernier
centime. Remarquez maintenant comment le Seigneur
est venu à notre aide ! Une dame, des
environs de Londres, déléguée
par sa fille pour nous apporter un paquet et de
l'argent, était arrivée à
Bristol cinq jours auparavant et s'était
logée à côté de
l'Orphelinat. Cet après-midi, elle est venue
s'acquitter de sa commission et nous a remis
78 fr.10. Notre pénurie
avait été si grande que nous avions
été sur le point de vendre les choses
dont nous aurions pu nous passer ; mais ce
matin j'avais prié le Seigneur
d'empêcher cette dernière
extrémité. Le fait, que pendant
plusieurs jours, cet argent avait été
si près de nous sans qu'il nous fût
remis, ne prouve-t-il pas surabondamment que,
dès le début, Dieu avait à
coeur de nous aider ? Oui, Il prend un
singulier plaisir à écouter le cri de
ses enfants, et Il permet souvent que nous priions
longtemps, soit pour éprouver notre foi,
soit pour nous faire trouver la réponse
d'autant plus agréable. N'est-ce pas
là une précieuse
délivrance ? Resté seul,
j'éclatais tout haut en actions de
grâces et en louanges.
Ce soir, nous nous
réunissions mes compagnons d'oeuvre et moi
pour prier et rendre grâces. Leurs coeurs ont
été grandement réjouis. Cette
somme a été répartie ce soir,
et pourvoira suffisamment à tout ce qu'il
faut pour demain. »
Attendant le secours
21 novembre 1838. -
« Jamais
nous ne nous étions trouvés dans une
si grande disette. Les gouvernantes des trois
maisons n'avaient absolument plus rien.
Malgré cela, il y eut un bon dîner. En
partageant le pain qui restait, on eut la
perspective d'atteindre ainsi la fin de la
journée, mais nous n'avions aucune
idée d'où nous viendrait le secours,
sinon du Seigneur Lui-même. Et voyez comment
nous vint la délivrance : Ayant
quitté les frères et soeurs,
après avoir prié ensemble, à
une heure de l'après-midi, je vins à
Ringsdown. Ayant froid, je sentis que j'avais
besoin d'exercice, et au lieu de
prendre le chemin le plus court pour retourner chez
moi, je fis le tour par la place de
Clarence.
À peu près à 15
mètres de ma maison, je rencontre un
frère qui se met à cheminer avec moi.
Après une courte conversation, il me remet
250 fr. qui devaient être remis à des
frères diacres, en vue de procurer du
charbon, des couvertures et des vêtements
chauds aux pauvres enfants de Dieu ! Cent
vingt-cinq francs pour les orphelins et le reste
pour les autres objets de l'Institution afin de
répandre la connaissance des
Écritures. Ce frère était venu
deux fois pendant que je me trouvais à
l'Orphelinat et, si j'étais arrivé
une demi-minute plus tard, je l'aurais
manqué. - Mais le Seigneur qui connaissait
nos besoins, avait voulu me le faire rencontrer.
J'envoyais immédiatement les cent-vingt-cinq
francs aux gouvernantes. »
À l'abri de toute
déception
21 septembre 1840. - « Avec
ce
qui nous est arrivé hier et ce que nous
avions en main, nous avons assez de provisions pour
aujourd'hui et demain. - Un frère des
environs de Londres m'a remis aujourd'hui deux cent
cinquante francs à employer pour ce qui sera
le plus nécessaire. Comme nous avons fait un
sujet spécial de prière pour le fonds
des Écoles, des Bibles et des Missions, j'ai
consacré toute cette somme à cet
objet. Lorsque ce frère arriva, il y a trois
jours, à Bristol, il ignorait absolument
notre oeuvre. »
« Le Seigneur, pour
montrer comment Il prend toujours soin de nous,
nous suscite de nouveaux collaborateurs. Quiconque
se confie en Lui ne sera jamais confus. Parmi ceux
qui nous aident pendant un temps, les uns peuvent
s'endormir en Jésus,
d'autres peuvent se
refroidir au
service du Maître, d'autres, toujours
désireux d'aider, peuvent n'en avoir plus
les moyens, ou bien se sentir appelés de
Dieu à en faire un autre usage. Ainsi, pour
une raison ou pour une autre, si nous nous appuyons
sur l'homme, sûrement, nous serions
réduits à la confusion. Mais en nous
appuyant sur Dieu, le Dieu vivant, nous sommes
à l'abri de toute déception, et bien
au-dessus de toute crainte de nous voir
réduits à l'abandon soit par la mort,
soit par l'épuisement des ressources, soit
par le manque d'amour, soit par les exigences
d'autres branches de l'oeuvre du Seigneur.
Qu'il est précieux d'avoir appris, ou
même d'avoir commencé à
apprendre à se contenter dans ce monde, du
seul appui de Dieu, et de savoir que certainement,
tant que nous marcherons dans
l'intégrité, Il ne nous refusera
aucun bien. »
La Fidélité de Dieu
25 janvier 1842. - M. Muller écrit
à cette date :
« Peut-être, mon cher lecteur, vous
êtes-vous dit dans votre coeur avant de lire
jusqu'ici : « Comment les choses
iraient-elles, si les fonds des orphelins
étaient réduits à rien ?
si ceux qui s'emploient dans les
établissements n'avaient rien à
donner de leur poche, et que l'heure du repas
arrivât sans que vous ayez de la nourriture
pour les enfants ? Certes, cela pourrait
arriver, car nos coeurs sont
désespérément mauvais. Oui, si
jamais, complètement abandonnés
à nous-mêmes, nous cessions de nous
attendre à Dieu, si jamais nous
« concevions de l'iniquité dans
notre coeur », alors, nous avons lieu de
le croire, nous pourrions nous trouver dans une
telle situation. Mais aussi
longtemps que Dieu nous rendra capables de nous
confier en Lui, en Lui, le Dieu vivant -
aussi longtemps (quoique nous ne soyons jamais ce
que nous devrions être) que nous serons
préservés de vivre dans le
péché, une situation semblable ne
peut pas se produire. C'est pourquoi, cher Lecteur,
si vous marchez avec Dieu, et si par
conséquent sa gloire vous est chère,
je vous en supplie avec amour, demandez-Lui qu'Il
nous soutienne. Car quel opprobre sur son saint
Nom, si après nous être publiquement
glorifiés en Lui, et avoir raconté sa
louange, nous en venions à Le
déshonorer par notre
incrédulité au moment de
l'épreuve, ou en vivant, à d'autres
égards dans le
péché. »
« S'Il tarde,
attends-Le »
9 mars 1842. - « Au moment
où nous étions dans la plus grande
pénurie, et où nous ne pouvions pas
aller plus loin sans secours, soit pour les
écoles, soit pour les orphelins, je
reçois 250 francs d'un frère qui
habite près de Dublin. J'ai partagé
cette somme entre les deux départements de
l'oeuvre. Au sujet de ce don, je rapporterai une
petite circonstance qui est digne de
remarque : Comme nous étions vraiment
dans la pauvreté et que par la grâce
de Dieu, mon âme s'attendait au Seigneur, je
comptais recevoir du secours dans le courant de la
matinée. Cependant, l'heure de la poste
était passée, et rien n'était
venu. Je n'en fus pas du tout
découragé. Je me dis en
moi-même que le Seigneur pouvait tout aussi
bien me secourir d'une autre manière ou
même qu'Il avait pu déjà y
pourvoir par ce courrier. Eh bien, selon mon
attente, la chose était
ainsi arrivée, car le frère qui
m'avait adressé ces 250 francs avait
envoyé sa lettre à l'orphelinat
d'où elle me fut
expédiée. »
Dieu est notre bon Père
17 mars. - « Du 12 au 16, il
est rentré pour les orphelins 107 fr. 40. -
Notre pauvreté, qui a duré,
déjà plusieurs mois, est pour ainsi
dire arrivée à son comble ce matin.
À 7 heures environ, je suis sorti de chez
moi pour me rendre aux orphelinats, afin de
m'assurer s'il y avait assez d'argent pour prendre
le lait qui arrive ordinairement vers 8 heures.
Chemin faisant, je demandai au Seigneur
d'être ému de compassion envers nous
comme un père est ému de compassion
envers ses enfants, et de ne pas nous
éprouver au-delà de nos forces. Je le
suppliai d'encourager nos coeurs en nous envoyant
du secours. Je lui remis en mémoire que, si
par faute de moyens, nous étions
obligés d'abandonner cette oeuvre, les
conséquences qui en résulteraient
seraient des plus tristes pour les croyants et les
inconvertis, et qu'Il ne permettrait pas sans doute
qu'elle fût réduite à
néant. Enfin, je lui confessai que je ne
méritais nullement qu'Il continuât
à m'employer dans cette oeuvre. Comme
j'étais encore en prières, et
arrivé à quelques mètres de
l'Orphelinat, je rencontre un frère qui
allait de bonne heure à son travail. Nous
échangeons quelques paroles, puis nous nous
quittons Mais il revient bientôt sur ses pas
et me remet 25 francs pour les orphelins. C'est
ainsi que le Seigneur répondit
immédiatement à ma prière. En
vérité, il vaut la peine d'être
pauvre et de passer par de telles épreuves
de foi pour recevoir jour après jour des
gages aussi précieux du tendre
amour de notre bon Père
qui s'intéresse à tout ce qui nous
concerne. Et comment ferait-il autrement ? Lui
qui nous a donné la plus grande preuve
d'amour qu'Il pouvait donner, en livrant son Fils
pour nous, ne nous donnera-t-Il pas toutes choses
libéralement avec Lui ? »
Vous déchargeant sur Lui de
tous vos soucis car Il a soin de vous
« Je désirerais beaucoup que
les enfants de Dieu qui liront ces détails,
soient amenés par ce moyen à se
confier plus simplement en Dieu pour les choses
nécessaires, et dans toutes les
circonstances. Je souhaite aussi que les nombreuses
réponses qui ont été
accordées à nos prières, les
encouragent à prier eux-mêmes,
essentiellement pour la conversion de leurs parents
et de leurs amis, pour leur propre avancement dans
la grâce et dans la connaissance. Il est
urgent aussi de présenter au Seigneur
l'état des saints avec lesquels ils sont en
relation, l'Eglise en général et le
succès de la prédication de
l'Évangile. Je tiens surtout à les
mettre en garde contre cette ruse de Satan qui les
porterait à penser que ces choses sont
spéciales pour moi, et que d'autres ne
pourraient pas en jouir. Si, comme cela a
été déjà dit, tout
croyant n'est pas appelé à
établir des orphelinats, des Écoles
de Charité, et à s'attendre au
Seigneur seul pour toutes ressources, cependant
tous sont appelés à se
décharger sur Lui de tous leurs
fardeaux, avec cette confiance enfantine que
donne la foi. Non seulement il faut faire un sujet
de prières de toutes choses, grandes ou
petites, mais encore, faut-il attendre
l'exaucement à toute
prière, faite au nom du Seigneur
Jésus. »
« Quand, humainement
parlant, tout a paru sombre, excessivement sombre,
relativement au service que j'accomplis au milieu
des croyants, ce qui est arrivé
quelquefois ; quand j'aurais pu être
accablé par le chagrin et le
désespoir, pour peu que je me fusse
arrêté à l'apparence qu'avaient
les choses, alors je cherchais à me
fortifier en Dieu, en m'appuyant sur sa
toute-puissance, son immuable amour, sa sagesse
infinie. Je me disais : Dieu peut me
délivrer, et Il me délivrera si cela
m'est utile, car il est écrit :
« Lui qui n'a point épargné
son propre Fils, mais qui l'a livré pour
nous tous, comment ne nous donnera-t-Il pas aussi
toutes choses avec Lui ?
(Romains VIII, 32). Et c'est parce
que, par la grâce de Dieu, je crois cela que
mon âme est gardée dans la
paix. »
Si vraiment nous désirons que
notre foi soit fortifiée, nous ne reculerons
pas devant les occasions qui peuvent amener
l'épreuve de notre foi, car c'est par ce
moyen qu'elle sera fortifiée. Dans notre
état naturel, nous n'aimons pas marcher avec
Dieu seul. Par suite de l'éloignement
où nous sommes naturellement de Lui, nous Le
fuyons, ainsi que les réalités
éternelles. Cette tendance nous reste
après notre
régénération. Il
résulte de cela que, quoique nous soyons
enfants de Dieu, nous craignons plus ou moins de
nous trouver avec Dieu seul, de dépendre de
Lui seul, de regarder à Lui seul ; et
c'est là cependant la vraie position dans
laquelle nous devons être, si nous
désirons que notre foi se développe.
Plus je me trouve dans l'épreuve au sujet de
ma santé, de ma famille, de mon service pour
le Seigneur ou dans mes affaires,
etc., plus aussi j'ai l'occasion de voir le secours
de Dieu et sa délivrance. Ma foi est alors
grandement fortifiée. En conséquence
le croyant ne doit pas éviter les
situations, les positions, les circonstances dans
lesquelles sa foi peut se trouver
éprouvée, mais les saisir avec joie
comme autant d'occasions dans lesquelles il pourra
voir la main de Dieu s'étendre pour le
secourir et le délivrer. Encore une fois sa
confiance en Dieu sera augmentée. Il est
encore un point d'une haute importance pour que
notre foi soit fortifiée : c'est que
nous devons laisser à Dieu le soin de
travailler pour nous lorsque l'heure de la
tentation est là, au lieu de chercher
à nous délivrer nous-mêmes.
Quand Dieu donne la foi à quelqu'un, elle
lui est donnée, entre autres motifs, pour
être mise à
l'épreuve.
Oui, quelque faible que soit
notre
foi, Dieu l'éprouvera un jour ou l'autre.
Dans sa grande miséricorde, Il nous
mène toujours avec douceur, avec patience,
et pas à pas ; il n'agit pas autrement
dans l'épreuve de notre foi. Comme Dieu ne
nous charge jamais d'un fardeau plus lourd que nous
ne pouvons le porter, ainsi en est-il dans
l'épreuve de la foi. Quand l'heure de cette
épreuve a sonné pour nous, nous
sommes généralement enclins à
douter de Dieu. Nous nous confions en
nous-mêmes, en nos amis, dans les
circonstances. »
« Pourquoi donc, ne
regardons-nous pas simplement à Dieu, en
attendant son secours, au lieu de chercher à
nous tirer d'affaire par nous-mêmes ?
Puissions-nous apprendre toujours plus et toujours
mieux, - et afin que notre foi s'augmente de jour
en jour, - à accorder le temps
nécessaire à notre Dieu, qui est
toujours prêt à nous secourir,
à nous délivrer, juste au moment
propice. »
Le pain quotidien
3 août 1844. - « Nous
avons commencé, la journée avec 15
francs. Je me suis dit en moi-même :
« Je vais maintenant attendre le moyen
par lequel le Seigneur me délivrera
aujourd'hui ; car Il le fera sûrement.
Combien de fois, dans le passé, n'est-Il pas
venu à mon secours ? Et ainsi, je
m'attends à Lui. » Entre 9 et 10
heures ce matin, je me suis adonné à
la prière pour obtenir ce qui nous est
nécessaire. Trois de mes collaborateurs
étaient avec moi, chez moi. Pendant que
nous priions, on a frappé à ma
porte, et on vient m'annoncer qu'un Monsieur
désirait me voir. C'était un
frère de Tetbury, qui m'apportait 43 francs
pour les orphelins. On lui avait remis cette somme
à Barnstaple.
Je continue à m'attendre au
Seigneur.
6 août. - De
nouveau
dans l'extrême pauvreté. La poste ne
m'a rien apporté, et je n'ai rien
reçu d'ailleurs ; seulement à
dix heures dix, le contenu de la boîte aux
lettres chez les orphelines m'a été
apporté et il y a assez pour nos besoins de
la journée. - Voyez la délivrance du
Seigneur ! Une collaboratrice m'avait
envoyé un billet avec 52 fr., partie d'un
présent qu'elle avait reçu pour
elle-même d'une manière tout à
fait inattendue. Ainsi le Seigneur nous a secourus
aujourd'hui.
4 septembre.
- Pas même
un sou en main, ce matin.
Réfléchissez un peu,
cher lecteur ! Seulement un farthing (un peu
plus d'un centime) pour commencer la
journée, Pensez à cela, et pensez aux
cent quarante personnes qui doivent être
nourries aujourd'hui. Vous, frères pauvres,
qui avez six ou huit enfants avec
de petits gages, pensez à ma
situation ; et vous, mes frères, qui
n'appartenez pas à la classe
ouvrière, mais qui avez, comme on dit, des
revenus bien limités, pensez à cela.
Vous pouvez faire ce que nous faisons, dans nos
épreuves, n'est-ce pas ? Le Seigneur
vous aimerait-Il moins que nous ? Selon cette
parole de
(Jean
XVII, 20-23), n'aime-t-Il pas
ses enfants du même amour qu'Il aime son Fils
unique ? Ou serions-nous mieux partagés
que vous ?
Non, non, nous ne sommes que de
pauvres misérables pécheurs tels que
vous ; et c'est justement à cause de
notre indignité, que nous pouvons avoir
droit à la justice du Seigneur Jésus,
laquelle est imputée à tous ceux qui
croient en Lui. C'est pourquoi, cher Lecteur, de
même que nous confions au Seigneur tout ce
qui concerne l'oeuvre dans laquelle Il nous a
engagés, et qu'II nous envoie le secours, de
même, Il est prêt à aider tous
ses enfants qui mettent leur confiance en Lui. - Et
maintenant, rendez-vous bien compte de la
manière dont Dieu nous secourut au matin du
4 septembre 1844:
« Vers 9 heures, je
reçus 26 francs d'une soeur en Christ, qui
ne désire pas nommer le lieu de sa
résidence. Entre 10 et 11 heures, le sac aux
dépêches me fut envoyé de
l'Orphelinat, dans lequel je trouvais un message,
me réclamant 29 francs pour les besoins de
la journée. J'avais à peine lu le
billet mentionné, qu'une voiture
s'arrêtait devant ma porte. Un Monsieur des
environs de Manchester est annoncé. Je
m'aperçois qu'il est un croyant, venu pour
affaires à Bristol. Il avait entendu parler
des orphelinats et exprima sa surprise de ce que
sans aucune collecte, - simplement par la
prière, - j'avais obtenu plus de 50,000
francs annuellement pour l'oeuvre
du Seigneur confiée à mes soins. Je
n'avais jamais connu, ni même vu ce
frère auparavant. Il me donna 50 francs pour
exprimer sa satisfaction de tout ce que je lui
avais dit. »
« Vous aurez toujours des
pauvres avec vous »
12 février 1845. -
« Après avoir envoyé, ce
matin, l'argent nécessaire pour l'entretien
des orphelins, il ne me restait plus que vingt
francs vingt-cinq, à peu près le
quart de ce qu'il faut pour un jour. Il fallait de
nouveau recourir au Seigneur. Comme d'habitude,
dans la matinée, ma chère femme, sa
soeur et moi, nous rencontrons pour prier afin de
demander de grandes bénédictions sur
cette oeuvre. Nous parlons aussi au Seigneur des
besoins matériels. »
« Une heure plus tard
environ, je reçois une lettre du Devonshire,
contenant un mandat de 550 francs, dont 250 francs
pour les orphelins, 50 fr. pour un frère
pauvre de Bristol et 250 francs pour
moi-même. J'avais une nouvelle preuve que
notre Père céleste voulait continuer
à secourir les orphelins, mais il y avait
aussi autre chose : Depuis quelques mois,
j'avais à coeur d'aider les enfants de Dieu,
pauvres, au milieu de nous. La parole du
Seigneur : « Vous aurez des pauvres
avec vous » et « faites du bien
à ceux qui sont de la foi »,
m'avait souvent préoccupé, et ce
matin-là en particulier. C'était la
plus froide matinée que nous eussions eue de
tout l'hiver. Au cours de ma promenade matinale,
méditant et priant le long du chemin, je me
disais : « Toi, tu as du charbon, de
la bonne nourriture, des vêtements chauds, et
beaucoup de chers enfants de Dieu
sont peut-être dans le besoin. J'avais alors
élevé mon âme à Dieu,
afin qu'Il voulût bien m'envoyer pour
moi-même quelque argent, afin qu'il me
fût possible de venir en aide à mes
frères dans la disette. Trois heures
après, je recevais 250 fr. pour
moi. »
Confiez-vous dans le Seigneur et non
dans vos semblables
6 mai 1845. - Il y a à peu
près six semaines, un frère
m'annonça qu'il s'attendait à
recevoir une certaine somme d'argent et que s'il
réussissait dans ses espérances, il
consacrerait 2,500 francs pour l'oeuvre qui
m'était confiée et une autre somme
pour mes dépenses et celles de frère
Craik. - Un certain temps s'écoule et pas de
nouvelles. Je ne me confiais pas dans cet argent,
mais, comme plus ou moins, nous étions dans
la gêne, je pensais à la promesse de
ce frère. Je m'appuyais, par la grâce
de Dieu, sur le Seigneur et non sur ce
frère. Des semaines et des semaines se
passent et aucune nouvelle. - Ce matin, il m'est
venu à l'esprit que de telles promesses
devaient être considérées par
moi comme nulles ; que mon esprit ne devait
pas s'y arrêter, car mon attente est
seulement dans le Dieu vivant. J'ai vu clairement
que les promesses de ce genre ne devaient avoir
aucune valeur pour moi, surtout si je comptais sur
elles pour le secours. C'est pourquoi, j'ai
demandé au Seigneur, - en priant avec ma
femme bien-aimée, - qu'Il voulût bien
enlever de ma pensée tout ce qui concernait
cette promesse, et de me venir en aide...
- Je fus exaucé. - À
peine avions-nous fini de prier que je recevais la
lettre suivante :
5 mai
1845.
» Bien cher frère,
» Veuillez me dire si vos banquiers sont
toujours » MM. Stukey et Cie, de Bristol,
et s'ils sont en correspondance avec MM. Robarts et
Cie, de Londres. J'attends votre réponse
afin de déposer dans cette dernière
banque la somme de 1,750 francs que vous pourrez
employer selon la sagesse que Dieu vous
donnera.
Bien à
vous,
XXX. »
« Ainsi le Seigneur me donna la
récompense de mon attente en Lui seul. Mais
ce ne fut pas tout. Vers deux heures de
l'après-midi, je reçus du
frère qui m'avait fait la promesse
(il y avait plus de 40 jours), la somme de 3,992
fr. 50. Il avait reçu cet argent le jour
même où il en faisait
l'expédition. Cette somme était
répartie comme suit : 2,500 francs pour
l'usage des orphelins et le reste pour les besoins
de frère Craik et les miens. »
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