Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE VIII

TÉMOIGNAGE DES MALADES GUÉRIS

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« Je sais une chose, c'est que j'étais, aveugle et que maintenant je vois. » (Jean 9: 25.) De tous les témoignages de l'expérience, celui-ci n'est-il pas le plus concluant ?

Ce « je sais » pourrait paraître entaché de la présomption du moi, mais souvenons-nous que si l'opinion du moi paraît toujours agressive, l'expérience du moi a le droit de se faire écouter. Savoir qu'on ne sait pas, est-ce donc là le point culminant de la pensée et des spéculations de l'esprit humain ? Ceci caractérise la culture de notre siècle qui descend peu à peu dans l'agnosticisme, c'est-à-dire dans la connaissance qui aboutit à l'ignorance, comme les cimes les plus élevées vont se perdre dans les nuages. D'un autre côté, quand nous lisons le commencement de la première Épître de Jean : « Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché concernant la parole de vie, » nous ne pouvons plus nous étonner que l'auteur se serve souvent de l'expression « nous savons » et qu'il puisse dire : Nous savons que nous l'avons connu. » (1 Jean 1 : 1- 3).

L'expérience est la meilleure pierre de touche pour s'assurer de la vérité. Sans doute elle n'est pas infaillible, surtout lorsqu'il s'agit de notre état spirituel, car souvent il est difficile de s'en rendre compte ; mais quand une maladie se trouve guérie après avoir longtemps accablé le corps, quand une vive douleur disparaît après avoir fait beaucoup souffrir, ce témoignage-là n'est pas facile à réfuter.

Que de malades guéris sont prêts à rendre témoignage de leur guérison ! Refuserons-nous de les écouter ou les accuserons-nous d'être visionnaires et de ne pas savoir ce qu'ils disent ? Nous sommes prêts à accueillir ce que nous appelons une expérience religieuse faite par un membre de l'Eglise et témoignant de sa vie spirituelle, nous serait-il plus difficile de discerner et d'admettre une expérience de guérison divine ?

Écoutons ce que nous racontent les malades qui ont été guéris. Voici tout d'abord la guérison de Mlle Faucourt, fille d'un pasteur anglais, à Londres. Cette guérison excita un vif intérêt dans le temps où on en publia le récit.
Il serait trop long de retracer ici tous les détails de sa maladie. Disons seulement qu'en Novembre 1822, elle fut atteinte d'un mal à la hanche et que jusqu'en 1828 elle souffrit constamment soit du mal même, soit aussi de tous les traitements, emplâtres, saignées et opérations chirurgicales qu'elle eut à subir et qui ne produisirent aucune amélioration. Pendant deux ans encore elle fut tout à fait impotente et presque toujours obligée de rester couchée. Voici comment elle raconte elle-même sa guérison :

« Je continuai à être malade jusqu'au 20 octobre 1830. Un ami qui m'avait vue deux mois auparavant, avait été amené par Dieu à lui demander ma guérison en s'appuyant de ces mots : « tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous le recevez et vous le verrez s'accomplir. » (Marc 11 : 24). Il la demanda avec foi et Dieu exauça sa prière. Mercredi soir comme mon amie allait quitter la chambre, Mr. I. demanda la permission de rester encore un moment auprès de moi. Il me parla de ses parents, de la mort de son frère, puis se leva en disant : On m'attend sans doute pour le souper. Après m'avoir fait quelques questions sur ma maladie, il ajouta : - C'est triste de rester toujours enfermée.
- C'est dans sa bonté et pour mon bien que Dieu l'a permis lui dis-je.
- Mais ne croyez-vous pas que dans sa bonté il pourrait aussi vous guérir ?
- Oui, répondis-je, car Dieu me donna la foi de pouvoir le dire.
- Croyez-vous que ce soit le manque de foi qui ait empêché jusqu'ici votre guérison ?
- Oui.
- Croyez-vous que Jésus veuille vous guérir à présent même ?
- Oui.

Entre chacune de ces questions je voyais qu'il priait. Il ajouta alors : - Levez-vous et marchez, descendez et allez rejoindre votre famille.
Il me prit par la main et demanda à Dieu de glorifier le nom de Jésus. Je me sentis aussitôt la force de me lever. Dieu m'ôta toute douleur et nous descendîmes l'escalier, Mr I. continuant à prier ainsi : O Dieu sois avec nous ! Christ, sois avec nous !

Après être restée un moment au rez-de-chaussée, je m'aperçus que j'avais laissé mon mouchoir de poche dans ma chambre, je pris une bougie et j'allai le chercher. Le lendemain je marchai pendant près d'un quart d'heure, et le Dimanche suivant j'allai à pied jusqu'à la chapelle épiscopale distante de deux kilomètres. Depuis ce moment Dieu a continué à me fortifier et je suis tout à fait guérie. À Jésus toute la gloire.

13 Novembre 1830. (Mrs Oliphant. Vie de Edward Irving).

Nous avons appris dès lors qu'après avoir souffert si longtemps, cette malade a continué à jouir d'une bonne santé. Dès que le récit de sa guérison se répandit au loin, il attira sur elle et sur sa famille tout un orage de blâme, de reproches et de ridicule. La presse religieuse traita le tout de grossier scandale pour la foi chrétienne et ajouta des paroles si amères contre les personnes qui avaient eu part à cette guérison, que le vénérable père de la malade se vit appelé à publier une confirmation énergique de ce qui s'était passé, quoique lui-même eût été bien connu jusqu'alors pour ne pas croire aux miracles modernes. Voici donc ce que dit le Rev. Faucourt:

« Pénétré de la grâce particulière qui nous a été accordée, je suis convaincu que la gloire de Dieu et l'intérêt de la religion en réclament la publication et sans redouter les conséquences de ce que je déclare ici, je suis prêt à rendre témoignage du fait suivant : Par la foi au nom de Jésus, Dieu a guéri instantanément ma fille cadette qui était tout à fait impotente et qui savait très bien, selon que l'enseigne notre mère l'Eglise, que ce n'était qu'au nom de Jésus-Christ, qu'elle pouvait recevoir santé et salut, « puisqu'il n'y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés. » (Act. 4 : 12). C'est par cette foi-là et par la prière efficace d'un homme juste, car « Dieu n'exauce point les pécheurs » (Jean 9 : 31), que « Dieu a fait au delà de tout ce que nous demandons et pensons. » (Eph. 3 : 20.) Je sais qu'il s'élève des questions difficiles à résoudre quant aux moyens dont Dieu se sert pour accorder ses grâces ; mais qui pourrait sans trembler en conclure à la négation de l'intervention divine. Sans vouloir admettre cette supposition, je suis au contraire convaincu qu'un grand nombre de fidèles s'unissent à nous dans la voie de la vérité pour faire connaître à l'Eglise ce que Dieu a fait pour nous ; ce sont là de si grandes choses qu'au premier moment « nous étions comme ceux qui font un rêve. » (Psa. 126 : 1).

Notre Seigneur savait d'avance accueil on ferait aux miracles de guérison lorsqu'il disait : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute. » (Mat. 11: 5). Et pourtant ne semble-t-il pas que ce soit la dernière chose. dont le monde dût se scandaliser ? Mais l'esprit de l'homme est aux antipodes de l'esprit de Christ. Quelle indignation montrèrent les chefs de la synagogue lorsque Jésus guérit un jour de sabbat la pauvre femme que « Satan tenait liée depuis dix-huit ans. » (Luc 13 : 16). Une fois Jésus aussi fut rempli d'indignation lorsqu'il « frémit en son esprit, » (Jean 11: 33, 38) près de la tombe de Lazare. Il voyait là le chef-d'oeuvre du diable dont il était venu « détruire les oeuvres, » (1 Jean 3 : 8) mort, larmes, désolation, gémissements et tout ce qui accompagne la mort ; aussi son âme était-elle émue d'une sainte colère au dedans de lui. Et nous, ferions-nous bien de nous indigner à la pensée qu'à présent encore le Dieu vivant peut délivrer de la maladie, de cet avant-coureur de la mort, tous ceux sur lesquels il pose sa main.

Nous ajoutons ici le récit d'un autre miracle conservé par un éminent pasteur baptiste du siècle dernier, le Rev. Morgan Edwards, de New Jersey. Il raconte la guérison d'Anna Carman qui, dit-il, mourut à Brunswick. N. J. en 1776. Voici ce qu'il dit :

« Je tiens d'elle-même les détails suivants, trop bien attestés par d'autres pour que personne puisse en douter. J'ai devant moi trois certificats qui confirment le fait ainsi que le témoignage de la femme de N. Stout qui était présente au moment du miracle. Dès son enfance la malade avait montré piété et bon sens. À l'âge de vingt-cinq ans, elle fit une chute de cheval qui affecta l'épine dorsale et depuis ce moment, elle resta courbée sans pouvoir se redresser. Tous ses membres avaient tellement souffert qu'elle ne pouvait ni marcher, ni faire la moindre chose. Un jour la femme de Stout qui la soignait était allée au jardin après l'avoir assise dans son fauteuil ; mais bientôt elle entendit du bruit dans la maison et craignant que l'impotente ne fût tombée de son fauteuil, elle accourut aussitôt. Quels furent son étonnement et sa frayeur quand elle la vit à l'autre bout de la chambre louant Dieu qui venait de la guérir entièrement. Aussitôt cette femme fit chercher leur voisin Bray qui vint en toute hâte et fut également surpris de voir l'impotente en extase ; elle ne prenait garde à aucun de ceux qui l'entouraient, mais elle courait dans la maison, soulevait les chaises et les tables, entrait dans sa chambre à coucher pour prendre son lit et le porter ça et là, puis de temps en temps elle tombait à genoux pour louer Dieu qui venait de « guérir une fille d'Abraham courbée depuis dix ou douze ans. »

« Remarquons que l'impotente était seule à la maison quand le miracle eut lieu. C'est donc elle-même qui doit nous dire comment elle fut guérie :

« Tandis que je réfléchissais à ces mots » « Enée, Jésus-Christ te guérit » (Act. 9 : 34) je ne pus m'empêcher d'exprimer la pensée et le désir de mon coeur en m'écriant : Oh ! que n'ai-je été à la place d'Enée ! Aussitôt j'entendis une voix me dire distinctement : « Lève-toi, prends ton lit et marche ! » Le bruit soudain de cette voix me fit tressaillir sur mon fauteuil et quelle fut ma surprise de sentir mon dos se redresser aussitôt, mes membres reprendre leur ancienne force. Je me levai, et pour m'assurer qu'il s'agissait là d'une réalité et non d'une vision, je soulevai mon fauteuil et tout ce qui se trouva sur mon chemin. J'allai dans ma chambre à coucher, je pris mon lit et je continuai à user de mes forces jusqu'à ce que je fusse très certaine que ma guérison n'était pas un rêve, mais qu'elle était bien réelle. »

Edwards ajoute encore :

« Je ne doute pas qu'il ne se trouve des esprits légers capables de tourner en plaisanterie ce récit. Laissons-les faire ; mais tous ceux qui croient à la puissance de la prière retireront quelque bien et profit de ces détails. »

Il paraît qu'en effet, des esprits légers se firent un jeu de cette guérison, mais le caractère éminent de l'homme qui affirme ce fait et les certificats qui garantissent la vérité du récit nous engagent à le recevoir avec confiance. Peut-être nous trouvera-t-on bien simple d'avoir cité ici cette guérison, mais n'importe, la simplicité est l'une des qualités qui conduisent à la foi véritable. N'a-t-on pas traité de parole oiseuse la première nouvelle de la résurrection et n'est-ce pas à la foi de simples femmes répandant la nouvelle de ce miracle, qu'on doit d'avoir vu ensuite des hommes énergiques l'annoncer au loin dans leurs prédications ?

Le professeur Godet en parlant des miracles qui se virent chez les anciens protestants de France et qui sont confirmés par le même genre de renseignements se refuse à prononcer contre eux et cite avec approbation ce qu'en dit un auteur contemporain de ces faits, dans son livre Visions des Camisards, etc. : « Il y a eu un temps où l'on croyait tout. Dans celui où nous sommes, on ne croit rien. Je pense qu'il y aurait un milieu à prendre ; il ne faudrait pas croire tout, mais il faudrait croire quelque chose, car cet esprit d'incrédulité et le caractère d'esprit fort ne sont bons à rien et je n'ai pas encore découvert son usage... Il y a une Providence, nous l'avouons tous. Rien ne se fait sans Dieu. Est-il possible que Dieu se soit tellement caché derrière les créatures et sous le voile des causes secondes, que jamais il ne veuille tirer le rideau ? Concluons que la crédulité de nos ancêtres a bien fait recevoir de méchants contes pour de bonnes histoires ; mais aussi qu'elle est cause que de très bonnes histoires passent aujourd'hui pour de méchants contes... » - Paroles d'un écrivain du XVIIe siècle citées par F. Godet. - Conférences apologétiques ; Il. L'hypothèse des visions, p. 34 à 35.

Le récit suivant est de la plume du Dr R., médecin bien connu à Philadelphie. Nous le citons tel que l'avait publié le journal Le grand médecin du Dr Boardman. On avait prié le Dr R. de raconter la guérison frappante de son fils et voici ce qu'il dit :

« Je n'aime pas à en parler à qui que ce soit, car il y a tant d'incrédules ; mais à vous, je puis vous le raconter : Les enfants s'amusaient à sauter du haut d'un banc ; le cadet tomba et se cassa les deux os du bras au-dessous du coude. Mon frère, professeur de chirurgie au Collège de Chicago, était venu nous voir. Je le priai de remettre ce bras, ce qu'il fit en se servant d'éclisses et de bandages de façon que l'enfant pût le porter en écharpe. Celui-ci fut très patient et ne proféra ni plainte, ni murmure, tout le reste du jour. Le lendemain, il vint à moi en me disant :
- Papa, aie la bonté de m'ôter tout ça !
- Oh ! non, mon enfant, il faut encore cinq ou six semaines avant que le bras soit guéri.
- Mais, papa, il est guéri.
- Non, non, mon cher enfant, c'est impossible.
- Pourtant, papa, tu as foi en la prière, n'est-ce pas ?
- Tu sais bien que oui.
- Eh bien, hier au soir quand j'ai été me coucher, le bras me faisait si mal que j'ai demandé à Jésus de le guérir, et il l'a guéri. À présent il est guéri.

Je ne voulus rien lui dire qui pût ébranler sa foi ; mais l'idée me vint de lui répondre : Mon cher enfant, c'est ton oncle qui a mis toutes ces choses sur ton bras, et s'il faut les ôter, c'est à lui de le faire. Il alla donc à son oncle. Celui-ci lui répondit que son bras devait rester ainsi six ou sept semaines encore et qu'il fallait avoir de la patience. Quand l'enfant lui dit que Jésus l'avait guéri, il le renvoya en disant : Peuh ! peuh !... bêtise, tout ça !...

Le lendemain matin, le pauvre garçon revint à moi et plaida sa cause d'un air si sincère et avec tant de confiance que je fus tenté de croire qu'il était réellement guéri. J'allai donc dire à mon frère : Ne ferais-tu pas mieux de délier son bras pour lui faire voir dans quel état il est. Si on ne le fait pas, je crains que quoiqu'il soit obéissant, il ne le débande lui-même, et alors ce sera pire qu'avant. Mon frère consentit à le faire, il ôta bandages et éclisses, puis s'écria : Il est guéri, complètement guéri ! Aussitôt il s'élança vers la porte pour respirer l'air extérieur de peur de s'évanouir.

Mon frère avait été autrefois un chrétien de coeur simple, mais pendant ses années d'études, il s'était éloigné de la foi. Ceci le ramena aussitôt au Seigneur, et comment eût-il pu en être autrement ! Quant à moi je ne puis faire autre chose que me joindre au témoignage de mon enfant en déclarant qu'en effet Jésus l'avait guéri. »

Quelle histoire ! s'écriera-t-on, mais n'est-il pas remarquable que ce sont souvent les médecins qui témoignent de la réalité de ces miracles. Eux qui sont accoutumés à traiter les maux de l'humanité par les ressources terrestres de la science ne craignent pas de s'écrier : « L'Éternel est en ce lieu, » (Gen. 28 : 16) tandis que nous, théologiens, tout préoccupés des causes et des effets, nous croyons presque commettre un sacrilège en remontant à la cause des causes. Médecins et physiologistes montrent plus de hardiesse que nous en personnifiant la force merveilleuse qui guérit les malades. Quand donc aurons-nous le courage de voir dans le Saint-Esprit notre souverain Guérisseur, sans autre tribut à lui payer que celui de la reconnaissance, remerciant notre Dieu de ce qu'il a dit : « Je suis l'Éternel qui te guérit. » (Exo. 15 : 26). Oui, disons-le ouvertement, les médecins chrétiens sont souvent moins sceptiques que les pasteurs chrétiens à l'égard de la guérison miraculeuse. À notre connaissance au moins, il y a plus de médecins que de théologiens qui adhèrent à cette doctrine soit verbalement, soit par écrit.

Dans le livre du Dr Boardman, nous trouvons la touchante histoire d'un médecin anglais, le Dr de Gorreker Griffeth qui, après avoir quitté un enfant malade pour lequel la science ne pouvait plus rien, s'était retiré au bord de la rivière où il allait souvent chercher un moment de communion avec Dieu. Là il avait demandé au Seigneur et avait reçu de lui la guérison de ce jeune malade. Les deux croyants dont Dieu s'est le plus servi dans notre ville (Boston) pour la guérison divine sont des médecins qui ont fait des études de médecine et qui pratiquent la médecine. Et nous, pasteurs, nous qui sommes chargés de faire connaître les oracles divins, prenons garde ; ne soyons pas plus sceptiques sur ce point-là que ceux qui sont chargés d'administrer les remèdes tirés de la nature.

Citons encore une autre guérison dont plusieurs personnes ont pu entendre le récit par la malade elle-même. La remarquable histoire de Mlle Jenny Smith, de Philadelphie a été publiée sous le titre de From Baca to Beulah. Garrigues. Philadelphie 1880.

Sa maladie, aussi mystérieuse que cruelle, ne peut se raconter ici en détail. Le pasteur qui la visitait a déclaré que c'était là un cas rare, sinon inouï, de souffrances accumulées. Qu'il suffise de dire que depuis seize ans, elle était tout à fait impotente et souffrait de cruelles douleurs. L'une de ses jambes se contractait parfois avec une telle violence qu'il avait fallu l'enfermer dans une sorte d'étui très fort et la maintenir en place au moyen de poids lourds. Pendant ce temps de souffrances extraordinaires, sa foi et sa collaboration étaient devenues si actives que Dieu s'était servi d'elle pour réveiller la vie spirituelle de ceux qui venaient la voir. Peu à peu elle fut amenée à saisir les promesses de Dieu pour la guérison du corps et après avoir obtenu plusieurs fois des preuves de la puissance du Seigneur pour des soulagements partiels, elle en vint à demander et obtenir son entière guérison. Voici le récit de cette guérison tel qu'elle le donne elle-même. Après une journée de souffrances exceptionnelles elle était étendue le soir sur sa chaise longue, entourée de quelques amis chrétiens. Laissons-la parler :

« Notre soirée se passa à prier sous la direction du pasteur Everett. Au bout d'une heure ou deux, quelques personnes furent obligées de se retirer. Un frère que je n'avais pas encore vu me dit en s'en allant et me serrant la main : « Ma soeur, vous demandez trop, vous êtes trop impatiente d'être guérie. Le Seigneur peut vous rendre plus utile sur votre couche que si vous étiez sur pied. » Reconnaissante de cet avertissement, j'examinai s'il en était ainsi dans mon coeur et c'est avec droiture que je pus me dire : Non, je ne suis pas impatiente d'être guérie, j'ai obtenu la victoire à cet égard, et lors même que le creuset serait cent fois pire, je pourrais dire : Ta volonté soit faite, et supporter encore la douleur, si je voyais clairement que ce fût là la volonté de Dieu. Mais je crois que le temps est venu où je vais éprouver ce qu'est cette volonté divine.

Jusqu'à ce moment-là, je n'avais pas, senti dans notre réunion de prières l'unité d'esprit que je savais être nécessaire. Je dis donc à ceux qui restaient : Pouvez-vous rester ici jusqu'au matin si c'est nécessaire ? Je sais que c'est en attendant le Seigneur que nous recevrons de lui la grâce que nous désirons. Sommes-nous tous d'accord en ceci ? Mon médecin, le Dr Morgan, fut le premier à dire : Je resterai et je suis pleinement d'accord avec vous.

Tous vinrent entourer ma chaise longue et jamais ils ne pourront oublier les moments que nous passâmes là. C'était alors un peu plus de neuf heures. Nous continuâmes à attendre devant le Seigneur. L'un ou l'autre d'entre nous citait parfois un verset de la Bible en ajoutant quelques mots ou présentant à Dieu une courte prière. Pour, moi je restais dans une tranquille attente, souffrant encore, mais sentant clairement la présence de Dieu. La plupart du temps je perdais de vue, tout ce qui m'entourait, tant je me sentais en communion avec mon Père céleste. Vers onze heures je fus amenée à me consacrer de nouveau à Dieu, lui disant : Je te donne de nouveau mon corps, ces yeux pour voir, ces lèvres pour parler, ces oreilles pour entendre et si telle est ta volonté ces pieds aussi pour marcher au service de Jésus. Tout ce qui est en moi, tout, tout mon être est à toi, Père bien aimé. Que ta précieuse volonté soit faite.

Jusqu'à ce moment-là, je n'avais ressenti ni moins de douleur ni plus de force ; je me sentais même plus faible qu'à l'ordinaire. Après quelques minutes de silence, la guérison de « la main sèche » (Mat. 12 : 18) se présenta tout à coup à mon esprit avec une telle force qu'il me semblait la voir reprendre vie, et au même instant, le Saint-Esprit me doua d'une foi qui me permit de réclamer une grâce pareille. Ce fut alors comme si le ciel s'ouvrait soudain. Je sentis descendre sur moi un baptême de force aussi clairement que si une secousse électrique eût parcouru tout mon organisme. Je sentis distinctement cette force se répandre dans mon dos et animer mes jambes inertes. Posant la main sur le bord de la chaise longue, je me soulevai et m'assis. Les frères Garrigues qui étaient de chaque côté de ma couche s'élancèrent pour me soutenir, mais ce n'était pas nécessaire. Le Dr Morgan qui était tout près abaissa le pied de la chaise longue et tandis que la main de mes amis était encore sur mon épaule, je me levai et me tins debout.

Notre soeur Fanny ne se souvenait pas de m'avoir jamais vue debout. Elle leva les mains au ciel en s'écriant : O Jenny, Jenny ! - Je ne trouve pas de paroles pour exprimer ce que je sentais. Tout mon être tressaille encore de joie et déborde de louanges et d'actions de grâce Quand je parle de ce moment-là. Dès que je fus debout, le frère W. H. G. me mit la main sur la tête en me disant. Louons Dieu de qui nous vient toute grâce !

Ma première pensée fut : Puis-je m'agenouiller ? Je demandai au Seigneur de le pouvoir et je pus en effet me mettre à genoux aussi naturellement que si j'avais toujours pu le faire. Nous sentions si bien la présence de Dieu que pas un mot ne fut prononcé et c'est en silence que nous répandîmes notre âme devant le Seigneur le louant et le bénissant. Je me relevai ensuite et me mis à marcher avec facilité d'un bout à l'autre de la chambre, le faisant comme quelque chose de tout naturel. Ni tressaut, ni sensation étrange. Je m'assis quelques minutes dans un fauteuil. Il me semblait si merveilleux de ne pas avoir besoin de rapprendre à marcher. Mes jambes et tout mon corps me paraissaient avoir été remis à neuf. »

En se répandant au loin, le récit de cette guérison ne pouvait manquer de susciter bien des commentaires. On se demandait comment une guérison si rapide et si complète pouvait avoir eu lieu. Quelques personnes assurèrent que cela venait sans doute d'un acte de volonté aussi énergique que soudain, que dans des cas semblables, le mal était en grande partie nerveux et imaginaire et qu'ici la foi et les prières n'avaient fait qu'affermir la volonté et l'énergie. En est-il ainsi ? N'est-on pas heureux de rencontrer un médecin qui sache reconnaître que rien ne peut agir dans les cas déclarés sans espoir par toute la Faculté ? Si cette interprétation était juste, ce que nous ne pouvons admettre un instant, ce serait déjà là un beau triomphe de la foi sur la médecine. Notre pauvre humanité a besoin d'un Guérisseur divin qui pénètre et voie la cause du mal, car l'oeil du médecin terrestre est souvent plus fautif que sa main ; il ne peut pas guérir parce qu'il ne comprend pas la cause cachée de la maladie ; au contraire, quel regard pénétrant que celui du souverain Guérisseur ! Il discerne le fond des choses là où nous ne pouvons voir que les symptômes du mal.

Heureux le malade qui a trouvé le seul Docteur dont la main guérit, guidée par la vue pénétrante et sûre de celui qui sait « ce qui est en l'homme et qui n'a pas besoin qu'on lui en rende témoignage. » (Jean 2: 25)

Dans ce cas-ci, le témoignage écrit du médecin vient confirmer celui de la malade jusque dans les détails, soit quant au terrible caractère de la maladie, soit quant à la soudaine et complète guérison accordée à la prière de la foi. Nous pourrions ajouter ici beaucoup d'autres témoignages de guérison divine. Les exemples d'ivrognes subitement guéris de leur passion dominante, ainsi que de victimes de l'opium affranchies sans réserve de leur dégradante servitude sont particulièrement frappants ; ils nous font voir clairement l'intervention immédiate d'un Dieu qui enlève les conséquences du péché aussi bien qu'il pardonne le péché lui-même.

Quand on en vient à ouvrir les yeux sans prévention, que de traces de la main de Dieu ne voit-on pas dans le monde ? Que de faits évidents, irréfutables pour celui qui a la volonté de croire, tandis que pour celui qui est décidé à douter et à nier, ces mêmes faits paraissent voilés et incertains.

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