Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE VII

LE TÉMOIGNAGE DE L'EXPÉRIENCE

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« Mettez-moi à l'épreuve ! » (Mal. 3 : 10). Tel est le défi que Dieu a fait écrire dans sa Parole, et qu'un grand nombre de croyants ont accepté de nos jours, éprouvant ensuite la fidélité de leur Dieu à tenir les promesses de guérison qu'il a faites aux malades.

Dans ce chapitre, nous allons examiner ce qu'a offert l'expérience de ceux qui ont exercé un ministère de guérison. Ce n'est pas pourtant qu'il soit permis d'attribuer à aucun homme le pouvoir de guérir les malades. Le médecin n'est qu'un médiateur entre la nature et l'humanité souffrante ; son art dépend seulement du talent avec lequel il sait interpréter les lois de la santé et mettre le malade en rapport avec les forces restaurantes que peut lui offrir la terre. De même ceux qui sont revêtus par Dieu du don de guérison ne sont que des médiateurs n'ayant d'autre pouvoir que celui de la foi et de la prière. Il nous est dit que Paul entra chez Publius et que trouvant son père malade, « il pria, lui imposa les mains et le guérit » (Act. 28 : 8), mais on ne peut pas en conclure que l'apôtre possédait individuellement le pouvoir de guérir les malades sinon pourquoi aurait-il prié ? Prier, c'est toucher le bord du vêtement de Christ comme imposer les mains, c'est toucher le corps du malade. C'est donc répéter ce qui s'est fait souvent pendant le ministère terrestre de notre Seigneur, c'est lui apporter les malades pour que lui-même les guérisse.

Lors du miracle à « la belle porte, » Pierre dit à ceux qui s'en étonnaient : « Pourquoi avez-vous les regards fixés sur nous, comme si c'était par notre propre puissance ou par notre piété que nous eussions fait marcher cet homme ? » (Act. 3 : 12). S'il était question ici de puissance ou de sainteté humaine, nous n'hésiterions pas à limiter le don de guérison à l'âge apostolique, en reconnaissant notre totale incapacité, mais puisqu'il s'agit de la puissance et de la sainteté de Jésus-Christ qui « est toujours le même hier, aujourd'hui et éternellement, », c'est tout autre chose. « Si tu peux croire » (Marc. 9 : 23), voilà le fond de la question.

Romaine parle d'une certaine année de son ministère comme d'une année exceptionnelle de foi. Si chaque chrétien pouvait signaler dans sa vie quelque année de ce genre, ce serait sans doute aussi un temps de victoires, car croire, c'est connaître Dieu et s'approprier les trésors de grâce et de puissance que nous possédons en lui. « Le peuple de ceux qui connaîtront leur Dieu prendra courage et fera des exploits, » nous dit l'Écriture. (Dan. 11 : 32).

De nos jours quelques croyants ont pris à la lettre les promesses de guérison du Seigneur ; ils ont eu foi en sa parole et ont éprouvé sa fidélité. Leur témoignage sera donc d'un grand secours à nos lecteurs :

Le nom de Dorothée Trudel (1) est particulièrement connu. L'histoire de sa vie, de ses travaux et de sa maison de guérison dans le village de Maennedorf, sur le lac de Zurich en Suisse, a été publiée au loin et a fait réfléchir ceux qui étudient ce sujet. Le Seigneur prépare de fortes racines partout où il veut voir des branches s'élancer avec vigueur, aussi cette vie si riche d'activité partait d'une base ferme et stable. Sa mère qui vivait dans l'obscurité et la pauvreté se distinguait par une foi et une consécration qui font ranger sa biographie au nombre de celles des femmes chrétiennes les plus estimées pour leur piété. Alliée à un mari brutal et impie, et privée de sympathie autour d'elle, ce n'était qu'à Dieu seul qu'elle pouvait recourir dans sa détresse. À cette rude école, elle apprit ce que sont la foi et la dépendance de Dieu. C'est à lui qu'elle regardait pour le pain de sa famille qui sans cela eût péri de faim, c'est en lui qu'elle se confiait en toute circonstance et aussi pour obtenir la guérison quand la maladie menaçait ses enfants. Dorothée avait ainsi grandi au milieu des guérisons opérées par le Seigneur, car sa famille était trop pauvre pour recourir à d'autre médecin. La foi qu'il est souvent si difficile d'obtenir lui était donc naturelle ; dans les cas où d'autres se demandent avec anxiété s'il est permis d'attendre autant de Dieu, elle se serait plutôt reprochée de ne pas user de plus de foi et de confiance en lui.

Après la mort de ses parents, nous la trouvons s'occupant avec amour de la classe ouvrière, et cherchant à l'évangéliser. Elle-même nous raconte comment elle fut amenée à user de la prière de la foi pour la guérison des malades

« Quatre de mes ouvrières tombèrent malades et appelèrent le médecin, mais malgré les remèdes qui furent employés, elles allèrent toujours plus mal. Je m'adressai enfin, au Seigneur pour lui exposer notre détresse. Je lui dis que je voudrais bien « appeler un ancien » selon que le commande saint Jacques (5 : 14), mais qu'il n'y en avait point à faire venir, qu'ainsi je devais officier moi-même auprès de mes malades et leur imposer les mains avec la foi de la femme syrophénicienne, sans toutefois attribuer aucune vertu à ma main. C'est ce que je fis, et par la grâce de Dieu, toutes quatre furent guéries. Depuis ce moment je fus très frappée du péché qu'il y a à désobéir à la Parole de Dieu ; et la nécessité de marcher tout simplement par la foi, en faisant ce que Dieu commande, s'imposa à moi avec force. »

Bientôt après, Dorothée se consacra entièrement au service du Maître. Comme ses travaux d'évangélisation amenèrent de bons résultats et que les récits des guérisons obtenues par ses prières s'étaient répandus à l'entour, on lui demanda de recevoir chez elle des malades. Ce ne fut pas sans peine qu'elle y consentit et ainsi commença l'oeuvre de sa vie, d'où devait résulter tant de bénédictions pour l'âme et pour le corps, d'un grand nombre de personnes.

La manière dont elle traitait ses patients était très simple. La Bible et la prière composaient toute sa pharmacie. Elle commençait par s'occuper de l'âme, cherchant à amener chacun à la foi et à l'obéissance. Après quoi, elle priait pour la guérison du corps en imposant les mains aux malades et les oignant d'huile au nom du Seigneur. Pour le faire, elle reconnaissait l'absolue nécessité d'une entière consécration soit de sa part ? soit de la part de ceux qui l'aidaient, ainsi que d'une foi pleine d'abandon de la part du malade. Voici comment elle parle des privilèges du croyant.

« Dans le Nouveau-Testament, nous sommes appelés rois et sacrificateurs. » (1 Pier. 2 ; 9 : Apo. 1 : 6). L'onction des rois était accompagnée de puissance ; si donc nous appartenons réellement à la sacrificature royale, l'onction du Saint-Esprit ne nous revêtira-t-elle pas de la puissance de guérir les malades par la prière ? Si nous sommes réellement enveloppés de l'éphod sacerdotal, si nous sommes tout à fait consacrés de corps et d'âme, étant devenus des canaux de la grâce divine, c'est à Dieu de faire tout le reste, d'accorder la bénédiction demandée.
Oh ! ne cherchons pas à faire plus que Dieu ne demande de nous, et nous serons vivifiés de la vie divine ».

C'est ainsi que commença son oeuvre, et que par une main invisible, elle fut conduite à exercer ce remarquable ministère. Il est rare de rencontrer une vie aussi complètement consacrée. Parmi les sentences qu'elle distribuait comme souvenirs, se trouve celle-ci : Le coeur ne doit pas être une auberge où le Seigneur vienne loger de temps en temps seulement ; il faut qu'il soit pour lui une demeure fixe où il puisse, résider toujours.

Pendant bien des années elle se vit appelée à tenir une pension où logeaient les malades, sorte d'hospice où l'on venait chercher consolation et guérison. Le Seigneur demeurait si habituellement en elle, qu'on pouvait dire d'elle ce qu'on avait dit de Luther, qu'en frappant à la porte de son coeur et en demandant : « Qui habite là ? » on eût aussitôt entendu répondre : « Jésus-Christ ».

Ce n'est pas pourtant qu'elle prétendît à une grâce si élevée, car nul ne fut jamais plus humble et plus exempt d'égoïsme, mais sa vie même témoignait de la vérité du fait. Sa biographie raconte que parfois ses prières se prolongeaient jusqu'au milieu de la nuit et que souvent le désir intense d'obtenir ce qu'elle demandait se trahissait par la transpiration qui perlait sur son front. Une fois même elle passa toute la journée sans manger, tant elle était préoccupée des soins à donner à ses malades, et quand l'heure tardive ne lui permit plus de se procurer de la nourriture, elle tomba aux pieds de Jésus, réclamant de lui la nourriture que le monde ne connaît pas. Ainsi restaurée, elle acheva la nuit avec la force du Seigneur.

Une consécration si rare, si conforme à l'exemple de Christ est un sol fertile, bien préparé à produire des fruits miraculeux, surtout quand la persécution vient encore la purifier et la stimuler. Ce sceau de souffrance que l'Écriture promet à « tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ » (2 Tim. 3 : 12) ne lui manqua pas, non plus que l'esprit de douceur pour supporter tout avec patience. « J'ai eu, écrit-elle, une foule d'ennemis connus et inconnus, et tous les mensonges, toutes les calomnies répandues sur mon compte n'étaient pas faciles à supporter. J'ai éprouvé que tant qu'on ne peut pas supporter les plus noirs mensonges et calomnies sans être péniblement ému, on ne sait pas encore tout ce qu'est la paix de Dieu, cet océan sans bornes ».

Les médecins et d'autres personnes encore lui furent très hostiles, l'accusant devant les tribunaux de pratiquer illégalement la médecine, tandis que les malades assuraient que la prière avait été le seul remède employé pour leur guérison. En parlant de cette épreuve elle dit :

« Mais un orage allait fondre sur l'oeuvre, car en 1856 au moment où la nouvelle maison était remplie de malades et où le Seigneur agissait avec puissance, on nous fit payer une amende de soixante francs accompagnée de l'ordre de renvoyer tous les malades à tel jour fixé. Quoique ce fût là le jour le plus triste de ma vie, j'obéis à cet ordre, mais les maisons si rapidement vidées ne tardèrent pas à se remplir plus que jamais « d'aveugles, de boiteux et de sourds » pour lesquels le Seigneur fit « de grandes choses. » Les esprits malins furent chassés de quelques-uns des malades qui en furent instantanément délivrés ; ils furent affranchis de la puissance des ténèbres qui opprimait leur esprit aussi bien que leur corps, et de loups ils devinrent agneaux ».

En 1861 une nouvelle persécution commença contre cette sainte femme. À l'instigation d'un médecin, les magistrats du pays la condamnèrent à une lourde amende et à renvoyer tous ses malades. C'est alors qu'elle recourut en appel et que sa cause jugée par un tribunal supérieur fit connaître au monde par de nombreux témoignages l'oeuvre merveilleuse que Dieu avait accomplie en répondant à ses prières.
M. Spondlin, éminent avocat de Zurich consentit à se charger de sa cause ; le pasteur Kopff, le professeur Tholuck et beaucoup d'autres témoignèrent en sa faveur. Il en résulta qu'elle fut pleinement acquittée, et qu'après cela on la laissa exercer en paix son oeuvre de miséricorde. Depuis ce moment, sa maison qui avait été trop souvent un Beth-aven (maison d'affliction) devint un Béthesda (maison de miséricorde). S'il suffit des simples récits de sa plume, confirmés par la parole de nombreux pour prouver la vérité de tous les miracles de guérison qui furent opérés dans sa maison, ceux-ci ne sont pas douteux.

Convaincue que le péché est souvent la cause secrète de la maladie, elle s'occupait très sérieusement de l'âme de ses malades.
« Confessez vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres afin que vous soyez guéris. » (Jac. 5 : 16). Voilà le texte qui avait pour elle un sens très pratique ; aussi la conviction de péché et la conversion étaient à ses yeux les premiers symptômes de la convalescence physique.

« Un jeune artisan vint un jour chez moi si malade d'un cancer qu'il était presque impossible de supporter son approche. Cet homme jadis frivole, mais qui cherchait alors la vérité, assista aux leçons bibliques. Il apprit là par où devait commencer la guérison, et ce fut du jour où il confessa ses péchés envers Dieu et envers les hommes, que son mal commença à diminuer. Quelque temps après, il confessa encore un autre péché qu'il avait caché ; aussitôt il recouvra rapidement la santé et s'en retourna chez lui guéri de corps et d'âme. »

Dans certains cas, ses prières et son ardent désir de connaître la volonté de Dieu devaient se prolonger un certain temps, avant qu'il se manifestât aucun signe de guérison. Dans d'autres cas, elle obtenait une très forte conviction que la volonté de Dieu n'était pas de guérir le malade, et alors elle travaillait sans relâche à amener cette âme à la paix avec Dieu avant que vînt la mort. Pour d'autres malades encore, la guérison lui était immédiatement accordée.

Une dame de S. s'était fait si mal au genou en tombant que depuis plusieurs semaines elle souffrait beaucoup. Le docteur avait déclaré que cela finirait mal, mais le divin Guérisseur accomplit pour elle les promesses qui seront vraies jusqu'à la fin du monde. Par la prière et l'imposition des mains de Dorothée, ce genou fut guéri en vingt-quatre heures et toute enflure disparut.

Voici ce qu'a raconté quelqu'un à propos de son procès criminel :

« Pendant le cours de ce procès, plusieurs centaines de guérisons bien constatées et authentiques eurent lieu, entre autres celles-ci : Un genou roide qu'avaient en vain traité les meilleurs médecins de France, d'Allemagne et de Suisse ; un homme âgé qui ne pouvait plus marcher et qui était abandonné des médecins, mais qui posa bientôt ses béquilles ; un homme avec un pied brûlé. Les médecins avaient déclaré que l'amputation pouvait seule le préserver de la mort ; mais il fut aussi guéri. Un des premiers médecins du Wurtemberg témoigna de la guérison de l'un de ses malades qu'il tenait pour un cas désespéré. Un autre médecin qui avait passé là six semaines déclara qu'il avait assisté à la guérison de toute espèce de maladies. Le cancer et la fièvre avaient été radicalement guéris de même que l'épilepsie et la démence dans de nombreux cas. »

Tel fut le ministère de guérison de cette sainte femme jusqu'au jour où elle s'endormit en Jésus. Quel exemple béni elle nous a laissé ! On raconte qu'en Suisse se trouve un lac entouré de hautes montagnes et que dans ses ondes pures se mirent d'autres cimes plus éloignées encore et dont l'oeil ne peut voir que la réflexion dans l'eau. C'est ainsi que l'image du Sauveur invisible se voyait dans la vie paisible et cachée de cette humble paysanne suisse. Et combien de ceux qui l'ont connue personnellement, ou qui après sa mort ont lu le récit de sa vie, en ont éprouvé un reflet de la présence invisible du Sauveur, en ont été animés d'un nouvel amour pour lui, et en ont reçu une foi plus vivante en sa puissance.

Samuel Zeller poursuivit l'oeuvre commencée par Dorothée à Maennedorf. Son père était le fondateur d'un asile de jeunes garçons à Beuggen près de Bâle, il était beau-frère de Gobat, évêque de Jérusalem. Samuel Zeller avait coopéré à l'oeuvre de Dorothée du vivant de celle-ci ; et c'est après avoir demandé pour lui un don de foi et de guérison, qu'elle avait laissé son oeuvre à ses soins. Dès lors la maison a continué sous sa direction sans diminution appréciable de puissance spirituelle et avec le concours de Mlle Zeller, sa soeur, ainsi que de quelques personnes dévouées. Tous les employés et jusqu'aux domestiques travaillent sans rétribution à cette oeuvre d'amour ; c'est souvent par reconnaissance qu'ils le font, après avoir été guéris eux-mêmes dans cette maison.

M. Zeller est un évangéliste zélé qui circule dans le voisinage de son asile pour prêcher la Parole de Dieu tout en travaillant sans relâche au salut de l'âme et à la guérison du corps auprès des malades qui réclament ses soins. Cet asile qui s'est accru de nouveaux bâtiments, compte actuellement dix maisons toujours remplies de malades de diverses nations. Comme Dorothée, il impose les mains aux malades, les oignant d'huile au nom du Seigneur, et réclame surtout la promesse de l'Épître de Jacques. (5: 15). Les rapports qu'il publie chaque aimée sont pleins d'exemples frappants de conversion et de guérison.

Rien d'extravagant dans son ministère. Tout en s'attachant avec force à la perpétuité de la promesse : « La prière de la foi sauvera le malade » (Jac. 5 : 15), il reconnaît aussi la souveraine et libre volonté de Dieu quant à l'exaucement de la prière. Un jour qu'un visiteur lui demanda si la volonté de Dieu n'était pas que tous ses enfants fussent exempts de maladie, il répondit que la volonté du Père est que les uns aient la victoire sur la maladie et que les autres l'aient dans la maladie.
Il cita à l'appui ces mots :

« Par la foi, ils vainquirent des royaumes, exercèrent la justice, obtinrent des promesses, fermèrent la gueule des lions, éteignirent la puissance du feu, échappèrent au tranchant de l'épée, guérirent de leurs maladies, furent vaillants à la guerre, mirent en fuite des armées étrangères, des femmes recouvrèrent leurs morts par la résurrection, d'autres furent livrés aux tourments et n'acceptèrent point de délivrance afin d'obtenir une meilleure résurrection. D'autres subirent les moqueries et le fouet, les chaînes et la prison. Ils furent lapidés, sciés, torturés, ils moururent tués par l'épée, ils allèrent çà et là vêtus de peaux de brebis et de peaux de chèvres, dénués de tout, persécutés, maltraités - eux dont le monde n'était pas digne, - errants dans les déserts et les montagnes, dans les cavernes et les autres de la terre. Tous ceux-là à la foi desquels il a été rendu témoignage, etc... » (Héb. 11 : 33-40).

D'éminents prédicateurs et professeurs allemands visitèrent un jour cet asile et lorsqu'on demanda à l'un d'eux son opinion quant à cette oeuvre, il répondit : « Là où le Saint-Esprit parle avec tant de puissance, on ne saurait faire autre chose que se taire pour écouter. Toute analyse critique est ici hors de question. » Une vie spirituelle calme et profonde, une foi vivante aux promesses de Dieu, ainsi qu'une humble soumission à sa Parole et à sa volonté, voilà quels sont les traits caractéristiques de cette oeuvre depuis son origine. Les guérisons obtenues à Maennedorf sont si fidèlement racontées dans le rapport de cet asile qu'il est inutile de les reproduire ici.

Le pasteur Blumhardt dans le petit village luthérien de Moettlingen, au centre de la Forêt Noire, en Allemagne, est aussi l'un de ces croyants dont Dieu a honoré la foi d'une manière signalée. Il est mort en 1880, mais pendant bien des années, Dieu accorda des grâces extraordinaires à ses prières pour les malades. Pour lui comme pour d'autres, dont nous venons de parler, ce ministère lui avait été en quelque sorte imposé. Il était connu par une rare consécration à Dieu et par son zèle à réveiller les croyants formalistes pour les faire entrer dans une vie d'activité. Il priait pour les malades avec efficace et les guérisons obtenues par ses prières lui amenèrent des malades de tous côtés. Sa maison et les maisons voisines devinrent bientôt une sorte d'hospice où non seulement les malades, mais aussi les affligés et les pécheurs venaient chercher conseil et secours. Quelqu'un a écrit de lui : Quant à Blumhardt et son oeuvre, on peut dire hautement de lui que « l'oeuvre de l'Éternel prospéra entre ses mains. » (Esa. 53 : 10). Il ne prit aucun soin de publier ses succès, ayant sans doute appris que le moyen d'obtenir une foi vivante et ferme est de ne point compter sur soi-même ; mais d'autres en parlèrent, et sa renommée qui s'accrut à l'entour témoignait de sa fidélité à s'occuper des corps malades aussi bien que des âmes angoissées de son troupeau.

Nous citons ici un trait de la vie de Blumhardt qui montre quelle influence peut avoir sur la vie spirituelle d'un peuple le don de faire des miracles.
Au début de son ministère, il avait trouvé Moettlingen envahi par l'incrédulité et la sensualité; aussi dès que ses prédications pleines de vie censurèrent la population, Satan s'éleva avec fureur contre lui pour lui résister. Il suscita dans le village un cas qui rappelait les possédés dont parle l'Écriture. La femme qui était affligée de cet état bizarre souffrait de cruelles tortures. Le pasteur appelé à la visiter fut terrifié de ce qu'il voyait là et dans sa perplexité, il fut sur le point de se retirer en refusant d'intervenir, car jamais il n'avait rien vu de pareil ; mais quelques fidèles de l'Eglise qui l'avaient entendu parler énergiquement de la prière de la foi, vinrent lui dire : Si vous ne résistez pas ici au malin, comment pourrons-nous avoir confiance en ce que vous prêchez. Il réfléchit un instant, pria en silence et répondit : Vous avez raison, mais pour être d'accord avec la Parole de Dieu, il faut que vous consentiez à prier avec moi selon que le dit saint Jacques. (5 : 14). Voici comment son ami, le pasteur Spittler, raconte la suite de cette histoire :

« Qu'il me soit permis de ne pas parler ici des détails terrifiants de ses souffrances. Le médecin qui la soignait ne sachant plus qu'essayer, s'écria un jour : N'y a-t-il donc point de pasteur ici qui sache prier ? Pour moi je n'y puis plus rien !
Blumhardt, pasteur de ce village, sentit toute la force de ce reproche qui venait confirmer ce que lui avaient déjà dit quelques croyants de sa paroisse, et par la force de la foi, il se rendit chez la malade. Là, il résista à la puissance funeste de Satan, et plus les manifestations de cette puissance maligne devenaient effrayantes, plus aussi le pasteur lui opposait une foi inébranlable en la souveraine puissance du Dieu vivant. Il continua à lutter ainsi contre les assauts répétés des puissances infernales jusqu'à ce que la malade finit par s'écrier d'une voix de forcenée : Jésus a la victoire ! Jésus est vainqueur ! Après avoir poussé ce cri terrible qu'on entendit dans presque tout le village, elle fut délivrée de l'obsession qu'elle avait subie depuis si longtemps et qui l'avait souvent mise au bord de la tombe.

Ce cri : Jésus est vainqueur ! retentit comme une trompette de Dieu dans toute la paroisse. Huit jours après, un homme si dissolu et si fourbe que le pasteur redoutait de lui parler, vint lui dire tout tremblant et tout pâle : « Monsieur, serait-il possible que moi aussi, je puisse être sauvé ? De toute la semaine, je n'ai pas pu dormir et si mon coeur ne trouve pas la paix, j'en mourrai. » Cet homme fit ensuite une affreuse confession de ses péchés qui ouvrit les yeux du pasteur sur la multitude et l'énormité des péchés commis par le peuple. Blumhardt pria avec lui, et lui annonça Christ tout prêt à pardonner le plus vil pécheur s'il recourait à sa miséricorde. Lorsqu'il vit cet homme humilié et réduit au désespoir, il sentit que, comme ambassadeur de Christ, il devait l'assurer solennellement de la grâce de Dieu en Jésus-Christ. Soudain l'expression désespérée de ce pécheur fut transformée et rayonna de joie et de gratitude.

La première chose qu'il fit alors fut d'aller chercher de maison en maison ses compagnons de péché pour leur raconter son expérience. Étonnés, ils ne purent pas le comprendre tout de suite, mais voyant le changement merveilleux qui s'était opéré en lui, ils se laissèrent entraîner à la cure où il les amena en triomphe. C'est ainsi qu'une vingtaine de personnes furent convaincues de péché et finirent par trouver grâce et pardon en Jésus. »

Ensuite vient le récit d'un réveil aussi béni qu'étendu. Tout le village devint un Bokim. (qui pleure. Jug. 2 : 1-5). Avec larmes, et lamentations, le peuple allait confesser ses péchés et demander comment il serait possible d'éviter la colère de Dieu. Du matin au soir, la maison du pasteur était assiégée de pénitents, si bien qu'au bout de deux mois, on n'eût pas trouvé vingt personnes qui ne fussent allées à lui, pleurant sur leurs péchés et trouvant la paix en Jésus-Christ. Le changement qui en résulta fut presque aussi merveilleux que la transformation amenée à Kidderminster par la prédication de Richard Baxter. Voilà ce qu'on peut attendre de la prédication de l'Évangile lorsqu'elle est « accompagnée de miracles. »

« L'âme est la vie du corps, la foi est la vie de l'âme ; Christ est la vie de la foi, » a dit Jean Farel et par là il a décrit très clairement la marche que suit Christ, notre Rédempteur, pour agir sur le corps humain.

Le pasteur Otto Stockmayer pourrait être appelé à bon droit le théologien de la guérison divine. Il a publié quelques pages aussi hardies que claires sur le rapport qui existe entre le péché et la maladie. « L'âme est la vie du corps, » et le Seigneur ne s'en tient pas à sauver et sanctifier l'âme seulement. Voilà ce qu'affirme très fortement la doctrine prêchée par Stockmayer. Il attache une grande importance à ce texte de l'Écriture : « Il guérit tous les malades afin que s'accomplît ce qui avait été annoncé par Esaïe, le prophète : Il a pris nos infirmités et il s'est chargé de nos maladies. » (Mat. 8 : 16, 17. Esa. 53 : 4). Il en infère que si notre Rédempteur s'est réellement « chargé de nos maladies, » sa volonté n'est donc pas de voir ses enfants rester au pouvoir de la maladie, pas plus qu'il ne veut après avoir porté nos péchés, nous voir rester sous la condamnation du péché et dans l'asservissement au péché. Voici ce qu'il dit :

« Lorsqu'on a bien compris que la volonté de Dieu n'est pas de voir souffrir ses enfants par la maladie (Jac. 5 : 14, 18) lorsqu'on sait que Christ nous a rachetés de nos maladies aussi bien que de nos péchés (Mat. 8: 16, 17), on ne peut plus tenir la guérison pour un privilège auquel il serait permis de renoncer. Il ne s'agit plus là de savoir s'il nous plaît ou non d'être guéri ; mais il s'agit de la volonté de Dieu qui doit s'accomplir dans notre corps aussi bien que dans notre âme. Nos propres vues sur ce point ne doivent dépouiller notre bien aimé Sauveur d'aucune des grâces que nous a acquises son agonie sur la croix.

C'est en vertu de cette volonté divine que nous sommes sanctifiés par l'offrande du corps de Jésus-Christ, une fois pour toutes. » (Héb. 10 : 10). Ceci signifie que par sa mort, Christ a affranchi nos membres et notre être tout entier de tout usage mauvais et sacrilège, les rachetant et les consacrant exclusivement à son usage. Par la rançon qu'il en a payée, il nous a soustraits à toute puissance étrangère, à celle de la maladie comme à celle du péché, en un mot à la puissance du diable. Rachetés par lui, nos membres doivent rester intacts et entièrement en sa possession.

« Laisse aller mon peuple » (Exo. 5 : 1) avait dit Dieu à Pharaon. Tel est encore l'ordre que Dieu adresse au péché, à la maladie, à Satan : « Laisse aller mon peuple, afin qu'il me serve. » Les enfants de Dieu ne doivent donc pas chercher à obtenir la guérison du corps sans prendre en même temps, par la foi, la position nouvelle que leur a acquise la rédemption par Christ et qu'expriment si bien ces mots de Moïse à Pharaon, puis mieux encore ceux de Paul, aux Corinthiens. « Il est mort pour tous afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux, » (2 Cor. 5 : 14, 15) ce qui revient à dire : Plus rien pour moi, mais tout pour Christ. Avant de chercher à être délivré de la maladie, nous devons saisir l'affranchissement moral que nous a obtenu la rédemption par Christ et par lequel nous sommes libérés de toute préoccupation de nous-mêmes, libérés de toute volonté propre, de toute vie propre, de toute recherche d'intérêt personnel et de propre gloire. Nos membres sont dorénavant les membres de Christ et ce n'est ni pour nous-mêmes, ni pour nos membres que nous désirons la santé, mais pour Christ et pour les membres qui sont à lui. Nous ne voulons plus savoir autre chose que Christ. »

Telle est en abrégé la doctrine qu'expose le traité Évangile et maladie du pasteur Stockmayer, traité qui a eu déjà plusieurs éditions et qui a été très répandu. Lui-même a mis en pratique ce qu'il enseigne. Il a ouvert à Hauptweil, dans le canton de Thurgovie, en Suisse, une maison de guérison dans le genre de celle de Maennedorf et il y reçoit ceux qui recourent à la prière de la foi pour être guéris.

Le pasteur Rein appartient au même groupe de ceux qui ont été les premiers à remettre en lumière cette doctrine. Très estimé pendant sa vie, il est mort depuis plusieurs années. Le début de son ministère fut tout à fait formaliste ; mais après avoir étudié la Bible avec la ferme détermination de s'en tenir à ce qu'elle enseigne, sans égard aux traditions humaines, il ne tarda pas à être transformé. Il commença par renoncer à l'usage de lire des prières aux malades et se mit à prier du coeur auprès d'eux. Ensuite, il se sentit pressé de leur imposer les mains avec prière selon la Parole de Dieu dans Marc XVI. Plus tard il fut appelé à les « oindre d'huile au nom du Seigneur » en obéissant strictement aux directions données dans l'Épître de Jacques. (5 : 14). Son ministère se distingua par l'humilité autant que par le zèle, par une entière consécration et une constante sollicitude pour le bien de soin prochain, en sorte que sa vie de dévouement a offert l'exemple vivant de cette maxime mise en pratique : La véritable humilité consiste moins à penser peu de soi qu'à se perdre entièrement de vue.

Voici ce que nous extrayons d'une publication récente, juste tribut à sa mémoire :

« Lorsqu'on lui amenait des malades, il les recevait comme venant de la part de Dieu ; et que de bien on se faisait dans la retraite et le calme qu'offrait la modeste cure du pasteur Rein. C'est dans le silence et sans en faire parade, qu'il aimait à travailler au service de Dieu, redoutant de faire parler de lui. Oh ! qu'ils sont heureux les malades qui reçoivent ainsi du Livre de Dieu et de la prière le remède à leurs maux, remède également efficace et pour le corps et pour l'âme.

Jamais Rein ne recourait au médecin, car il croyait à cette parole : « Je suis l'Éternel qui te guérit. » (Exo. 15 : 26). Lorsqu'il était malade lui-même, les anciens de l'Eglise ou ses amis lui imposaient les mains en priant pour lui et toujours il s'en trouvait mieux que d'user de médicaments. Il conservait ainsi plus de paix, sa communion avec Dieu n'étant interrompue ni par les visites du médecin, ni par la constante préoccupation de suivre ses directions. Il vivait en communion si intime avec Dieu qu'il lui demandait tout, des plus petites aux plus grandes choses ; aussi comment aurait-il pu ne pas recourir à lui pour la guérison ? Il aurait répugné à chercher du secours ailleurs qu'en son Dieu tout directement.

Jaloux de la gloire de Dieu, il s'affligeait de ce que généralement on ne lui rendait pas toute la gloire qui lui est due et de ce que surtout en cas de maladie, on attribuait la guérison au médecin et aux remèdes plutôt qu'au Seigneur. Il ne souffrait donc pas qu'aucun remède vint s'interposer entre lui et son Dieu et il se réjouissait de tout son coeur quand il voyait d'autres croyants quitter l'ancienne ornière de « la sagesse de ce monde » pour suivre sans réserve le chemin de la foi et de l'obéissance.

Quand il imposait les mains à un malade en priant pour lui, il cherchait à comprendre quelle était la volonté de Dieu à son égard et demandait toujours au Seigneur de lui révéler si cette maladie devait amener la mort ou si elle n'était qu'un appel à faire réfléchir le malade ; il priait alors avec lui selon sa conviction.

Cette confiance en Dieu qui allait jusqu'à refuser tout remède en cas de maladie, lui attira de sévères critiques, mais nous devons dire à son honneur que Rein, toujours plein de charité envers les autres, ne chercha jamais à leur imposer comme un joug ce qu'il considérait être un privilège et une grâce précieuse d'En-Haut.

Il ne voyait pas de péché à user de remèdes ou à consulter le médecin pour ceux qui n'avaient pas encore la foi spéciale qui permet de s'en passer, une foi qui, toute précieuse qu'elle soit, n'est pas indispensable pour être sauvé. Pourrait-on blâmer ceux qui comme Rein, se confient en Dieu seul pour toutes choses, par conséquent aussi pour la santé du corps, et qui trouvent heureux tous ceux qui peuvent agir comme eux ?

Il était ému d'une sainte jalousie quand il entendait dire des « miracles qui accompagneront ceux qui auront cru » (Marc 16 : 17) que cette promesse ne s'adressait qu'aux temps apostoliques, tandis que si ces miracles n'ont plus lieu, c'est au déclin de la foi dans l'Eglise chrétienne qu'il faut l'attribuer. On a dit que la foi met à la disposition de l'homme la puissance de Dieu. C'était aussi ce qu'il pensait et ce qui le faisait agir. »

Divers cas de guérison accordés à ses prières accompagnent cette esquisse de sa vie, mais comme ils sont du même genre que d'autres dont nous avons déjà parlé, nous ne les citons pas ici.

Au nombre des évangélistes et des pasteurs qui ont possédé la même foi, nous devons faire mention de Lord Radstock. Il est bien connu pour sa piété et son développement spirituel par tous ceux qui ont eu des rapports avec lui ; et ceux qui ne l'ont jamais vu ont lu avec intérêt le récit de ses travaux d'évangélisation parmi les personnes de haut rang, principalement en Russie et en Suède.

Un article, publié par le Christian, parle d'exemples frappants de guérison divine en Suède :

« Le Seigneur manifeste sa grâce à Stockholm par l'obéissance et la foi de plusieurs pasteurs et anciens qui ont usé du privilège d'oindre les malades au nom du Seigneur. Plusieurs cas de guérisons remarquables leur ont été accordés. J'en cite ici quelques-uns afin de montrer aux enfants de Dieu que le Seigneur n'a pas retiré la promesse transmise par Jacques (5 : 15) et qu'il vaut mieux mettre sa confiance en Dieu qu'en l'homme. » etc...

En Amérique, il y a plusieurs maisons de guérison du même genre que celle de Mlle Trudel. Quelques-unes sont sous la direction de femmes pieuses qui ont acquis le secret de la prière de la foi. Nous ne parlerons ici que de l'oeuvre bien connue dont l'auteur de ces pages se trouvait rapproché et que par conséquent il a pu visiter souvent et apprécier avec connaissance de cause :
Le Dr Charles Cullis est à la tête de ce qu'on appelle « l'oeuvre de foi » dans la ville de Boston. Cette oeuvre compte plusieurs branches : la maison des malades atteints de consomption ; le dépôt des traités Willard ; des asiles d'enfants ; la mission intérieure ; les missions en pays païens ; des écoles pour les esclaves affranchis, etc. Toutes ces oeuvres marchent d'après le principe mis en action par George Muller à Bristol, et il suffit de visiter un seul de ces divers départements pour n'avoir aucun doute sur le caractère chrétien et la très grande utilité de tous les travaux qui se font là.

Depuis longtemps, le Dr Cullis se conforme aux directions de l'Écriture pour traiter les malades qui le font appeler, et nous avons autour de nous de nombreux témoins des guérisons que Dieu lui a accordées. L'auteur de ce livre connaît personnellement bon nombre de ceux qui ont été guéris et n'hésite pas à voir dans ces guérisons le caractère de la vérité la plus évidente. Dans son Rapport Guérisons par la foi, le Dr Cullis expose lui-même comment il fut amené à exercer ce ministère. Voici ce que nous en extrayons :

« Depuis plusieurs années je me demandais devant Dieu s'il ne voudrait pas étendre l'oeuvre qu'il m'avait confiée auprès des affligés en y ajoutant aussi la guérison des malades. J'avais souvent lu les prescriptions et les promesses de l'Épître de Jacques. (5 : 14, 15). Elles me paraissaient si claires et si simples que je me disais : Si je puis compter sur ces mots : « Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, je le ferai, » et en réaliser chaque jour l'efficace pour tout ce que réclame l'oeuvre confiée à mes soins, pourquoi ne pourrais-je pas compter également sur lui pour recevoir l'accomplissement de cette autre promesse qui concerne la guérison du corps : « La prière de la foi sauvera le malade et le Seigneur le relèvera. » (Jean 14 : 13. Jac. 5 : 15). Je ne pouvais pas admettre qu'avec des promesses si explicites et si claires, il fut permis de limiter le libre exercice de la puissance de Dieu. Je demandai à de sincères croyants s'ils connaissaient quelque réponse de Dieu pour la guérison du corps. Bientôt après, la vie de Dorothée Trudel me tomba entre les mains et vint fortifier mes convictions, car si Dieu pouvait faire de tels miracles à Maennedorf, pourquoi n'en ferait-il pas autant à Boston ?

Dans ce temps-là, je soignais comme médecin une malade atteinte d'une tumeur qui la faisait beaucoup souffrir et qui l'obligeait à garder plus ou moins le lit. Tout remède avait échoué, il ne restait d'autre ressource que celle d'une opération chirurgicale. Un matin que je la visitais, je sentis toute la puissance de la promesse qui nous est transmise par saint Jacques et, prenant la Bible, je lui lus ce que Dieu promet à la foi de ses enfants. « La prière de la foi sauvera le malade et le Seigneur le relèvera et s'il a commis des péchés, il lui sera pardonné. » (Jac. 5 : 15).

Je lui demandai ensuite si elle voulait confier au Seigneur la guérison de cette tumeur et croire qu'il rétablirait sa santé pour qu'elle pût continuer son oeuvre missionnaire. Elle me répondit : Je n'ai pas de foi spéciale à cet égard, mais je veux bien confier ma guérison au Seigneur.

Je m'agenouillai donc et je l'oignis d'huile au nom du Seigneur le priant d'accomplir sa promesse, après quoi je la quittai. Bientôt après, elle se leva, elle put marcher et franchir à pied une distance de près de cinq kilomètres. Depuis ce jour-là sa tumeur diminua rapidement et finalement il n'en resta plus trace. »

L'oeuvre ainsi commencée a continué Pendant un grand nombre d'années et nous n'hésitons pas à déclarer qu'à Boston, aussi bien qu'à Maennedorf et à Moettlingen, Dieu a souvent montré qu'il veut, aujourd'hui encore, guérir directement les malades en réponse aux intercessions de ses enfants.

N'avons-nous donc pas raison de louer le Seigneur et de nous réjouir d'une joie nouvelle de ce que:

« C'est lui qui pardonne nos iniquités,
Qui guérit toutes nos maladies. » (Ps. 103: 3)

Néanmoins quand le monde incrédule se trouve en présence du miracle, il recourt à toute espèce d'explication plutôt que d'admettre le surnaturel ; et ne voit-on pas même des chrétiens, plus prudents que croyants, qui se rangent en ceci à l'avis du monde ? C'est ainsi qu'on a évité avec soin de reconnaître le surnaturel dans les cas où pourtant il eût fallu le signaler et en rendre témoignage. Quoi qu'il en soit, notre but est ici d'attirer l'attention non seulement sur ces cas de guérison miraculeuse, mais bien plutôt sur la foi qu'ils dénotent. On peut avoir quelques doutes sur l'authenticité de telle guérison, mais est-il permis d'en avoir quand il s'agit de la promesse de Dieu ? Si l'on pouvait prouver que tel récit de guérison n'est guère fondé, il s'agirait seulement là de l'erreur ou de l'ignorance humaine, mais nous savons que « Dieu dans ces derniers temps nous a parlé par le Fils qu'il a établi héritier de toutes choses ; » et que « celui qui a reçu son témoignage a certifié que Dieu est vrai. » (Héb. 1: 1 ; Jean 3: 33).


(1) Dorothée Trudel (dans la bibliothèque "Regard") 
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