Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE VI

TÉMOIGNAGE DE L'ADVERSAIRE

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Pourquoi recourir à ce témoignage-là, dira-t-on, puisque c'est celui « du menteur et du père du mensonge » ? (Jean 8 : 44).
Si nous nous souvenons de ce qu'il est, son témoignage pourra nous être très utile aussi, car nous savons, à moins que « nous n'ignorions ses desseins » (2 Cor. 2 : 11), que les tromperies de Satan sont généralement des contrefaçons des vérités divines. Il cherche à s'opposer au Dieu tout-puissant en contrefaisant ses oeuvres et ses paroles. Ses mensonges sont donc pour nous ce qu'est en photographie la négative qui sert à reproduire l'image vraie : aussi lorsque nous observons de quoi il s'occupe particulièrement à tel ou tel moment, nous pouvons en inférer quelle est la vérité divine, la doctrine vitale qui va se faire jour et attirer l'attention des croyants.

Ce que nous avançons là nous paraît si scripturaire et incontestable que nous sommes surpris de voir des auteurs chrétiens se laisser induire en erreur faute de se souvenir de cette vérité. Souvent, par exemple, on entend dire carrément : Si vous ajoutez foi aux miracles modernes de l'Eglise fidèle, vous êtes logiquement tenu d'admettre la réalité des prétendus miracles de l'Eglise romaine. - Non, non ; n'avez-vous pas lu ce qu'il est dit du retour de Christ ? Il n'aura lieu qu'après l'apparition de « l'homme de péché » qui « se fera par la puissance de Satan avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers... » (2 Thes. 2 : 9). « Ce sont des esprits de démons qui font des prodiges. » (Apo. 16 : 14).

L'oeuvre de l'antéchrist est une fausse imitation de l'oeuvre de Christ. Les miracles de « l'adversaire » ne manquent pas de prestige, mais leur fausseté, facile à reconnaître, les rend méprisables. Il nous est prédit de lui qu'il fera « des miracles et des prodiges » ; ce sont là les mêmes termes employés pour désigner les oeuvres de Christ. Il y a plus encore : il est dit aussi : qu'il agira avec « toute puissance ». Ce sont là les mêmes termes dont se servit le Seigneur avant son ascension pour réclamer l'autorité universelle. (Mat. 28 : 18). Sans nous arrêter à discuter ou limiter le sens de ces mots, nous sommes frappés de ce rapprochement ; il nous avertit que les miracles de l'antéchrist seront merveilleux et pleins de puissance « au point de séduire les élus mêmes s'il était possible. » (Mat. 24 : 24). Il n'est donc pas logique de soutenir que la foi aux véritables miracles de l'Eglise fidèle oblige à croire aux miracles de mensonge de l'Eglise apostate. Nous disons « miracles de l'Eglise apostate » parce que soit les Pères de l'Eglise, soit les réformateurs, ont également attribué à l'antéchrist plusieurs des miracles qui se faisaient de leur temps, voyant là des prodiges d'un caractère surnaturel, mais opérés par le moyen d'esprits malins qui cherchaient à imiter les oeuvres de l'Esprit de Dieu.

Cette manière de voir nous paraît scripturaire, car en énumérant les péchés des derniers jours, Paul parle de faux docteurs qui « de même que Jannès et Jambrès s'opposèrent à Moïse, s'opposent à la vérité. » (2 Tim. 3 : 8.) On se souvient que pour résister à Moïse, les magiciens de l'Égypte reproduisaient les miracles des serviteurs de Dieu. Quand Aaron fit un miracle avec sa verge, « eux aussi en firent autant par leurs enchantements. » (Exo 7 : 11). Miracle après miracle furent ainsi imités par des miracles semblables jusqu'à ce que Dieu finit par confondre ces imposteurs.

Il en a été de même de l'Eglise de Christ tout le long de son histoire. Satan a toujours cherché à s'opposer à Dieu en imitant ses oeuvres plutôt qu'en les niant. Il a mieux réussi à affermir sa puissance par les faiseurs de miracles papistes qui s'attribuaient un pouvoir divin que par les incrédules qui niaient ouvertement tout miracle. Mais toujours les miracles de l'Eglise romaine ont un certain cachet de contre-façon qui révèle aux croyants leur véritable caractère. On y remarque une couleur égyptienne qui rappelle la sorcellerie bien plutôt que le doigt de Dieu. Ce sont des guérisons dues au contact des os de saints hommes morts, des douleurs calmées par le signe de la croix, le rétablissement de la santé obtenu par tel pèlerinage à la châsse de quelque martyr ou bien des esprits malins exorcisés par le crucifix et l'image de la vierge ! Qui ne voit là le contraste qu'offrent ces divers moyens avec le mode d'agir aussi simple que digne de Christ et de ses apôtres ! On a dit que jamais Dieu ne met quelqu'un en scène sans que Satan n'en produise aussitôt le simulacre. Il se rapprochera autant que possible de la vérité tout en maintenant le mensonge. Par de faux prophètes, il nous donnera des miracles qui auront l'apparence de miracles divins, ayant un but divin, mais toujours il a soin de les allier à quelque superstition, à quelque fatale hérésie.

Nous insistons donc sur ce que les faux miracles témoignent ainsi de la réalité des miracles divins, et nous répétons qu'il faut prendre garde de se laisser entraîner à nier le miracle divin par la répulsion qu'inspire la caricature du vrai miracle.

De nos jours, nous sommes témoins de l'énergie extraordinaire que déploie Satan dans le spiritisme. Depuis longtemps rien n'avait été plus propre à entraîner à la souillure, au blasphème, à l'adultère, à diverses aberrations des sens et de l'esprit. De tout ce qu'opère le spiritisme s'exhale un souffle si empesté et si infernal qu'il semble impossible de voir des croyants s'y laisser prendre ; et pourtant, c'est par milliers qu'il a su capter les disciples de Christ qui « ont ainsi suivi la voie de Caïn, se sont jetés pour un salaire dans l'égarement de Balaam et se sont perdus par la révolte de Coré. » (Jude 11). Les fruits étranges qu'il produit se signalent par quelque chose de grotesque et de fantastique qui différencie toujours les oeuvres du diable de celles de Christ. Ce sont des coups frappés, des tables tournantes, des esprits prenant une forme matérielle et des rapports avec les morts, toutes choses qui prouvent une provenance satanique bien évidente pour qui sait distinguer la main de « l'adversaire » de celle de Dieu. Et pourtant des chrétiens de tous pays ne participent-ils pas à ces expériences, les uns attribuant ces merveilles à de bons esprits, les autres révoquant toute intervention d'esprits et se faisant un jeu de ce que nie leur incrédulité.

Hélas ! Voilà comment le spiritisme peut se vanter de compter des millions d'adhérents et que parmi ces millions se trouvent des milliers d'âmes qui se réclament du nom de Christ. Quand on considère ces choses à la lumière de l'Écriture, on en vient à voir là un des signes des derniers jours, de « ces temps difficiles » prédits par saint Paul. (2 Tim. 3 : 1).

Le spiritisme s'arroge hautement le pouvoir de faire des guérisons miraculeuses. Il déclare que c'est en recourant aux esprits que Christ guérissait les malades et qu'en prenant le même moyen, on peut en faire autant que lui. De là toute une légion de médiums guérisseurs et d'innombrables faux miracles venant appuyer cette prétention.

Quant à nous, cette irruption d'empirisme satanique (1) nous paraît être la preuve que le Seigneur veut faire revivre parmi ses enfants le don de guérison divine. Cette monnaie courante du diable doit nous faire rechercher avec soin celle qui porte l'effigie et le nom de Christ.

On a remarqué que l'ère du spiritisme moderne et celle du retour du don de guérison coïncident exactement. Les exemples les plus frappants de guérison, miraculeuse moderne ont eu lieu comme, nous l'avons déjà dit, il y a environ cinquante ans, en Écosse et en Angleterre. Dès lors ces exemples se sont multipliés, si bien qu'à présent un grand nombre de chrétiens évangéliques déclarent avoir été miraculeusement guéris, et cela dans tous les pays où l'Évangile est prêché.

Il se peut que « le prince de la puissance de l'air, l'esprit qui agit maintenant dam les fils de la rébellion » (Eph. 2 : 2), voyant Dieu recommencer à faire des miracles de guérison cherche à contrecarrer son oeuvre en la caricaturant pour la faire mépriser de son peuple même. Ou bien aujourd'hui que la négation du miracle est générale dans le monde savant, ne cherche-t-il pas plutôt à impressionner les esprits crédules par un déploiement de puissance surnaturelle pour établir « la doctrine des démons » (1 Tim. 4 : 1) et asservir les peuples au prince des ténèbres ? Mais ceci nous empêchera-t-il de donner créance aux témoignages qui nous parlent de miracles authentiques ? Si l'antéchrist cherche à éblouir par ses manifestations les plus hardies et les plus néfastes, l'Eglise ne doit-elle pas, selon la force que lui en donnera le Seigneur, lui résister en face par les guérisons qu'opère le Saint-Esprit ? Le professeur Christlieb nous paraît inspiré d'une sagesse toute scripturaire quand il dit : « Dans la dernière période de l'Eglise, on verra encore le Christ ressuscité intervenir par des actes miraculeux, lorsqu'il soutiendra son combat final et décisif contre le prince des ténèbres. C'est pour ce moment-là que les Écritures nous annoncent de nouveaux miracles. »

Prenons garde, en attendant, de ne pas nous laisser enlever nos droits par l'adversaire. S'il a apposé son estampille sur les miracles dont il se sert pour tromper les âmes simples, ne nous hâtons pas de refuser les droits et les titres que le Seigneur nous a légués quant aux vrais miracles. N'abandonnons pas notre champ de blé parce que le diable y a semé de l'ivraie. Le fait qu'il prend la peine de semer de l'ivraie nous prouve précisément toute la valeur du blé.

On devait s'attendre à voir l'ennemi redoubler d'efforts et d'audace pour confondre l'Eglise au moment où elle commence à retrouver les dons surnaturels. Tant que I'Eglise dort, l'adversaire marche sans bruit et tempère ses rugissements de peur de la réveiller ; mais qu'elle vienne à se réveiller et à réclamer quelque grâce tombée dans l'oubli, aussitôt le voilà redevenu « le lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer. » (1 Pierre 5 : 8).


(1) N'est-il pas curieux que dans le Nouveau-Testament grec, le mot employé pour sortilège signifie également drogue, par exemple : « Dehors les chiens, les enchanteurs (ou pharmakoi, pharmaciens.) (Apo.22 : 15. (Les oeuvres. de la, chair sont l'impudicité, l'impureté, la dissolution., l'idolâtrie, la magie » (ou pharmakia, la pharmacie) (Gal. 5 : 19.) Quand on pense combien il y a partout d'hommes et de femmes qui prétendent guérir les malades par des invocations, quand on pense à tous les spirites et somnambules avec leurs remèdes dictés par les morts, à cette légion de guérisseurs qui affluent dans les chambres des malades comme jadis « les grenouilles dans la chambre à coucher de Pharaon » (Exo. 7 : 23), la signification du terme employé, dans ces deux passages fait une sinistre impression.
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