Pourquoi recourir à ce
témoignage-là, dira-t-on, puisque
c'est celui « du menteur et du
père du mensonge » ?
(Jean
8 : 44).
Si nous nous souvenons de ce qu'il est,
son témoignage pourra nous être
très utile aussi, car nous savons, à
moins que « nous n'ignorions ses
desseins »
(2
Cor. 2 : 11), que les
tromperies de Satan sont généralement
des contrefaçons des vérités
divines. Il cherche à s'opposer au Dieu
tout-puissant en contrefaisant ses oeuvres et ses
paroles. Ses mensonges sont donc pour nous ce
qu'est en photographie la négative qui sert
à reproduire l'image vraie : aussi
lorsque nous observons de quoi il s'occupe
particulièrement à tel ou tel moment,
nous pouvons en inférer quelle est la
vérité divine, la doctrine vitale qui
va se faire jour et attirer l'attention des
croyants.
Ce que nous avançons là
nous paraît si scripturaire et incontestable
que nous sommes surpris de voir
des auteurs chrétiens se laisser induire en
erreur faute de se souvenir de cette
vérité. Souvent, par exemple, on
entend dire carrément : Si vous ajoutez
foi aux miracles modernes de l'Eglise
fidèle, vous êtes logiquement tenu
d'admettre la réalité des
prétendus miracles de l'Eglise romaine. -
Non, non ; n'avez-vous pas lu ce qu'il est dit
du retour de Christ ? Il n'aura lieu
qu'après l'apparition de « l'homme
de péché » qui
« se fera par la puissance de Satan avec
toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges
mensongers... »
(2
Thes. 2 : 9). « Ce
sont des esprits de démons qui font des
prodiges. »
(Apo.
16 : 14).
L'oeuvre de l'antéchrist est une
fausse imitation de l'oeuvre de Christ. Les
miracles de « l'adversaire » ne
manquent pas de prestige, mais leur
fausseté, facile à reconnaître,
les rend méprisables. Il nous est
prédit de lui qu'il fera « des
miracles et des prodiges » ; ce sont
là les mêmes termes employés
pour désigner les oeuvres de Christ. Il y a
plus encore : il est dit aussi : qu'il
agira avec « toute puissance ».
Ce sont là les mêmes termes dont se
servit le Seigneur avant son ascension pour
réclamer l'autorité universelle.
(Mat.
28 : 18). Sans nous
arrêter à discuter
ou limiter le sens de ces mots, nous sommes
frappés de ce rapprochement ; il nous
avertit que les miracles de l'antéchrist
seront merveilleux et pleins de puissance
« au point de séduire les
élus mêmes s'il était
possible. »
(Mat.
24 : 24). Il n'est donc
pas logique de soutenir que la foi aux
véritables miracles de l'Eglise
fidèle oblige à croire aux miracles
de mensonge de l'Eglise apostate. Nous disons
« miracles de l'Eglise
apostate » parce que soit les
Pères de l'Eglise, soit les
réformateurs, ont également
attribué à l'antéchrist
plusieurs des miracles qui se faisaient de leur
temps, voyant là des prodiges d'un
caractère surnaturel, mais
opérés par le moyen d'esprits malins
qui cherchaient à imiter les oeuvres de
l'Esprit de Dieu.
Cette manière de voir nous
paraît scripturaire, car en
énumérant les péchés
des derniers jours, Paul parle de faux docteurs qui
« de même que Jannès et
Jambrès s'opposèrent à
Moïse, s'opposent à la
vérité. »
(2
Tim. 3 : 8.) On se souvient
que pour résister à Moïse, les
magiciens de l'Égypte reproduisaient les
miracles des serviteurs de Dieu. Quand Aaron fit un
miracle avec sa verge, « eux aussi en
firent autant par leurs enchantements. »
(Exo
7 : 11). Miracle
après miracle furent ainsi imités par
des miracles semblables jusqu'à ce que Dieu
finit par confondre ces imposteurs.
Il en a été de même
de l'Eglise de Christ tout le long de son histoire.
Satan a toujours cherché à s'opposer
à Dieu en imitant ses oeuvres plutôt
qu'en les niant. Il a mieux réussi à
affermir sa puissance par les faiseurs de miracles
papistes qui s'attribuaient un pouvoir divin que
par les incrédules qui niaient ouvertement
tout miracle. Mais toujours les miracles de
l'Eglise romaine ont un certain cachet de
contre-façon qui révèle aux
croyants leur véritable caractère. On
y remarque une couleur égyptienne qui
rappelle la sorcellerie bien plutôt que le
doigt de Dieu. Ce sont des guérisons dues au
contact des os de saints hommes morts, des douleurs
calmées par le signe de la croix, le
rétablissement de la santé obtenu par
tel pèlerinage à la châsse de
quelque martyr ou bien des esprits malins
exorcisés par le crucifix et l'image de la
vierge ! Qui ne voit là le contraste
qu'offrent ces divers moyens avec le mode d'agir
aussi simple que digne de Christ et de ses
apôtres ! On a dit que jamais Dieu ne
met quelqu'un en scène
sans que Satan n'en produise aussitôt le
simulacre. Il se rapprochera autant que possible de
la vérité tout en maintenant le
mensonge. Par de faux prophètes, il nous
donnera des miracles qui auront l'apparence de
miracles divins, ayant un but divin, mais toujours
il a soin de les allier à quelque
superstition, à quelque fatale
hérésie.
Nous insistons donc sur ce que les faux
miracles témoignent ainsi de la
réalité des miracles divins, et nous
répétons qu'il faut prendre garde de
se laisser entraîner à nier le miracle
divin par la répulsion qu'inspire la
caricature du vrai miracle.
De nos jours, nous sommes témoins
de l'énergie extraordinaire que
déploie Satan dans le spiritisme. Depuis
longtemps rien n'avait été plus
propre à entraîner à la
souillure, au blasphème, à
l'adultère, à diverses aberrations
des sens et de l'esprit. De tout ce qu'opère
le spiritisme s'exhale un souffle si empesté
et si infernal qu'il semble impossible de voir des
croyants s'y laisser prendre ; et pourtant,
c'est par milliers qu'il a su capter les disciples
de Christ qui « ont ainsi suivi la voie
de Caïn, se sont jetés pour un salaire
dans l'égarement de Balaam et se sont perdus
par la révolte de
Coré. »
(Jude
11). Les fruits étranges
qu'il produit se signalent par quelque chose de
grotesque et de fantastique qui différencie
toujours les oeuvres du diable de celles de Christ.
Ce sont des coups frappés, des tables
tournantes, des esprits prenant une forme
matérielle et des rapports avec les morts,
toutes choses qui prouvent une provenance satanique
bien évidente pour qui sait distinguer la
main de « l'adversaire » de
celle de Dieu. Et pourtant des chrétiens de
tous pays ne participent-ils pas à ces
expériences, les uns attribuant ces
merveilles à de bons esprits, les autres
révoquant toute intervention d'esprits et se
faisant un jeu de ce que nie leur
incrédulité.
Hélas ! Voilà comment
le spiritisme peut se vanter de compter des
millions d'adhérents et que parmi ces
millions se trouvent des milliers d'âmes qui
se réclament du nom de Christ. Quand on
considère ces choses à la
lumière de l'Écriture, on en vient
à voir là un des signes des derniers
jours, de « ces temps
difficiles » prédits par saint
Paul.
(2
Tim. 3 : 1).
Le spiritisme s'arroge hautement le
pouvoir de faire des guérisons miraculeuses.
Il déclare que c'est en recourant aux
esprits que Christ
guérissait les malades et qu'en prenant le
même moyen, on peut en faire autant que lui.
De là toute une légion de
médiums guérisseurs et d'innombrables
faux miracles venant appuyer cette
prétention.
Quant à nous, cette irruption
d'empirisme satanique (1) nous
paraît être la
preuve que le Seigneur veut faire revivre parmi ses
enfants le don de guérison divine. Cette
monnaie courante du diable doit nous faire
rechercher avec soin celle qui porte l'effigie et
le nom de Christ.
On a remarqué que l'ère du
spiritisme moderne et celle du retour du don de guérison
coïncident
exactement. Les exemples les plus frappants de
guérison, miraculeuse moderne ont eu lieu
comme, nous l'avons déjà dit, il y a
environ cinquante ans, en Écosse et en
Angleterre. Dès lors ces exemples se sont
multipliés, si bien qu'à
présent un grand nombre de chrétiens
évangéliques déclarent avoir
été miraculeusement guéris, et
cela dans tous les pays où l'Évangile
est prêché.
Il se peut que « le prince de
la puissance de l'air, l'esprit qui agit maintenant
dam les fils de la rébellion »
(Eph.
2 : 2), voyant Dieu
recommencer à faire des miracles de
guérison cherche à contrecarrer son
oeuvre en la caricaturant pour la faire
mépriser de son peuple même. Ou bien
aujourd'hui que la négation du miracle est
générale dans le monde savant, ne
cherche-t-il pas plutôt à
impressionner les esprits crédules par un
déploiement de puissance surnaturelle pour
établir « la doctrine des
démons »
(1
Tim. 4 : 1) et asservir les
peuples au prince des ténèbres ?
Mais ceci nous empêchera-t-il de donner
créance aux témoignages qui nous
parlent de miracles authentiques ? Si
l'antéchrist cherche à éblouir
par ses manifestations les plus hardies et les plus
néfastes, l'Eglise ne
doit-elle pas, selon la force que lui en donnera le
Seigneur, lui résister en face par les
guérisons qu'opère le
Saint-Esprit ? Le professeur Christlieb nous
paraît inspiré d'une sagesse toute
scripturaire quand il dit : « Dans
la dernière période de l'Eglise, on
verra encore le Christ ressuscité intervenir
par des actes miraculeux, lorsqu'il soutiendra son
combat final et décisif contre le prince des
ténèbres. C'est pour ce
moment-là que les Écritures nous
annoncent de nouveaux miracles. »
Prenons garde, en attendant, de ne pas
nous laisser enlever nos droits par l'adversaire.
S'il a apposé son estampille sur les
miracles dont il se sert pour tromper les
âmes simples, ne nous hâtons pas de
refuser les droits et les titres que le Seigneur
nous a légués quant aux vrais
miracles. N'abandonnons pas notre champ de
blé parce que le diable y a semé de
l'ivraie. Le fait qu'il prend la peine de semer de
l'ivraie nous prouve précisément
toute la valeur du blé.
On devait s'attendre à voir
l'ennemi redoubler d'efforts et d'audace pour
confondre l'Eglise au moment où elle
commence à retrouver les dons surnaturels.
Tant que I'Eglise dort,
l'adversaire marche sans bruit et tempère
ses rugissements de peur de la
réveiller ; mais qu'elle vienne
à se réveiller et à
réclamer quelque grâce tombée
dans l'oubli, aussitôt le voilà
redevenu « le lion rugissant, cherchant
qui il pourra dévorer. »
(1
Pierre 5 : 8).
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