Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LA GRANDE AVENTURE
AU SERVICE DE DIEU


CHAPITRE XI

ÉPILOGUE
(1)

Si ma soeur quitta la Russie soviétique, ce ne fut pas de son plein gré. Personnellement, elle eût préféré finir ses jours en prison ou en exil afin de poursuivre son ministère de « témoin ».
Cependant, lorsque, à la suite de l'intervention de Lord Noël Buxton, à Moscou, elle reçut l'ordre de quitter le pays, elle dut s'exécuter. C'était en 1935. Quinze ans auparavant, elle était retournée au Turkestan après cinq ans d'absence. Elle avait entendu l'appel et elle tenait à y répondre coûte que coûte. Quand, après un long et pénible voyage à travers le Béloutchistan et la Perse, elle mit le pied sur le sol russe à Askhabad, elle eut l'impression qu'une trappe s'était refermée sur elle ; et c'était bien le cas.

Il n'est pas possible de raconter en quelques lignes tout ce qu'elle eut à subir une fois de retour dans ces lieux du Turkestan qui lui étaient si familiers. Pendant assez longtemps, elle fut complètement libre de ses mouvements et put circuler à son gré, que ce fût à Tiflis, à Tachkent ou dans les montagnes du Kirghisistan où elle fonda un petit hôpital après avoir au préalable assumé les frais d'études d'une jeune femme qui devait en devenir le médecin.

Bien que ma soeur eût, comme la plupart des gens, perdu tout ce qu'elle possédait en Russie, elle jouissait encore de revenus largement suffisants grâce à des fonds étrangers dont j'avais la gérance.

Après une période où, devenue suspecte, elle fut placée sous la surveillance de la police, son arrestation eut lieu. Elle était à ce moment-là à Leningrad.
Alors commença son existence de recluse, parfois, cependant, on la faisait sortir de prison pour l'envoyer en exil dans quelque lointain village ou quelque petite ville, après quoi elle était incarcérée à nouveau. Cela se répéta huit fois. Elle acceptait tout comme étant la voie tracée pour elle par son Maître. Elle ne se tourmentait pas ; tout cela faisait partie du plan de Dieu à son égard. Tout au long de ces années de prison et d'exil, jamais un doute ne l'effleura, quant à sa conviction d'avoir fait un acte d'obéissance à son Maître en retournant en Russie à un moment où tous ceux qui pouvaient la quitter s'empressaient de le faire. Et c'est cette assurance d'être là où Dieu voulait qu'elle fût, qui la soutint dans les sombres heures de sa longue captivité.

Personne ne saura jamais d'une façon complète ce qu'elle endura pendant ses huit emprisonnements consécutifs.
Lorsque je me trouvai auprès d'elle, après son retour de la Russie soviétique, elle me fit part de quelques-unes de ses expériences, mais en somme elle m'en dit peu de chose. On lui a demandé d'écrire un livre sur cette période de sa vie, mais je doute qu'elle le fasse jamais. C'est par un tiers que j'appris qu'on l'avait obligée, un jour, à assister à l'exécution de cinquante prêtres et de deux femmes évangélistes. On lui dit que si elle persistait dans sa foi et dans son attitude, elle subirait le même sort, mais la mort ne l'effrayait pas.
La détention dans une cellule en compagnie de dix-neuf femmes condamnées pour des crimes de droit commun fut, certes, une expérience pénible, mais la solitude de la réclusion ne l'était pas moins.

Elle avait, en outre, un grand sujet de tristesse mais sans aucun rapport avec sa situation personnelle : c'était la pensée que les milliers de traités en uzbek qu'elle avait écrits ou traduits n'accompliraient pas leur mission. On ne l'avait pas autorisée à en emporter dans la Russie des Soviets ; elle avait dû les renvoyer à Mechhed. Cette graine ne serait-elle jamais semée ?
Depuis lors cette tristesse s'est changée en joie car des amis de la mission de l'Asie centrale découvrirent qu'au Turkestan chinois les musulmans de langue uzbek pouvaient lire ces traités. Et ainsi, cette précieuse semence tombe sur un bon terrain, dans des coeurs musulmans.

Depuis l'automne de l'année 1938, ma soeur vit au Canada qui est devenu sa seconde patrie. C'est une femme âgée de soixante-dix-neuf ans, frêle et délicate, physiquement brisée par les terribles souffrances de ses années de prison mais mentalement et spirituellement aussi vivante que jamais. Sa grande joie est d'exercer un ministère, par sa science biblique, auprès de ses compatriotes, des Russes évangéliques, établis dans ce grand pays libre et hospitalier.

Cédant aux pressantes sollicitations d'amis canadiens et américains, elle a écrit quelques articles sur sa vie qui forment la substance du présent volume, ce qui explique le caractère un peu décousu de ses récits. Pour combler des lacunes, je me suis efforcée de donner quelques explications et renseignements complémentaires en ajoutant un certain nombre de notes en bas de page.

Des lecteurs du Canada et des États-Unis se sont adressés à l'éditeur pour lui exprimer leur désir de savoir si l'auteur de ce livre vivait encore et ce qu'elle faisait actuellement. Quelques-uns nous ont demandé quel avait été le résultat de cette large diffusion de la Parole de Dieu et ce qui en était de la moisson de cette précieuse semence. Ma soeur a répondu dans son avant-propos à cette légitime question.

Il faut une grande humilité pour pouvoir, sans en avoir le coeur déchiré, jeter des regards en arrière, vers tant de choses commencées dans la foi sans qu'il y ait toutefois de résultat apparent.
Dans mon esprit, ma soeur est la vivante illustration de la pensée si admirablement exprimée par sainte Thérèse : « Sa divine Majesté aime et recherche les âmes courageuses, mais elles doivent être humbles dans leur conduite et ne pas mettre leur confiance en elles-mêmes. »

En 1925, trois ans après le passage à Jérusalem de ma soeur qui se rendait au Turkestan, je me trouvais dans cette ville et je rendis visite, à sa demande, à quelques pauvres pèlerins russes qu'elle avait aidés pendant son séjour dans la cité sainte. Parmi eux se trouvait une vieille femme qui me dit en parlant de ma soeur : « Son souvenir est comme l'encens. »
Il en est ainsi partout où elle passe.

SONIA E. HOWE


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1 Par Mrs S. E. Howe, soeur de l'auteur.

 

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