L'ÉTERNEL TE
BÉNISSE ET TE GARDE
PRÉFACE
La biographie d'Arnold Bovet, récemment publiée, et qui
évoque si puissamment la figure sympathique du vaillant
champion de la Croix Bleue, a mis en lumière le fait que ce
héros chrétien a été avant tout un homme de Maennedorf. Nous
voudrions nous en autoriser pour offrir aujourd'hui au
public de langue française un spécimen de l'interprétation
biblique de l'homme en qui l'esprit de Maennedorf s'est
absolument personnifié, de M. Zeller. Si sa parole vivante
et originale peut se comparer à la fleur sauvage qui croît
sur les sommets, il est certain que ce qui en reste à la
lecture n'est plus en comparaison qu'une fleur d'herbier, et
qu'elle a dû perdre encore de son charme à être traduite
dans une langue qui ne se prête pas à la
liberté d'allure de l'orateur. Néanmoins ce qui en reste
peut donner une idée de ce qu'est la nourriture spirituelle
qui a formé un homme de la trempe d'Arnold Bovet. En même
temps cette interprétation si puissante, si sobre, si simple
et si absolument biblique d'une parole qui revient si
souvent dans nos cultes, peut être d'une grande bénédiction
aux âmes désireuses de saisir et de s'approprier les
réalités puissantes et régénératrices de notre foi. Elle a
l'avantage d'être à la portée des âmes les plus simples et a
trouvé un accueil sympathique dans les unions, lors de son
apparition en langue allemande. Que le Seigneur la mette en
bénédiction !
L'Éternel te bénisse et te
garde.
- Et l'Éternel parla à Moïse et dit :
- Parle à Aaron et à ses fils et dis-leur :
- Vous bénirez ainsi les enfants d'Israël :
- L'Éternel te bénisse et te garde !
- L'Éternel fasse luire sa face sur toi et te fasse
grâce !
- L'Éternel tourne sa face vers toi et te donne sa
paix !
- Ils mettront ainsi mon nom sur les enfants d'Israël,
et moi, je les bénirai. (Nomb.
6, 22-27.)
La bénédiction d'Aaron n'est pas une formule composée par
Aaron, mais une instruction divine pour lui et ses fils. L'Eternel
parla à Moïse et dit : Parle à Aaron et à ses fils et
dis-leur : Vous bénirez ainsi les enfants d'Israël.
Cet ordre de l'Éternel ne nous rappelle-t-il pas
d'autres instructions divines, surtout celles données par
Jésus à ses disciples :
« Quand tu feras l'aumône, ne fais pas sonner la
trompette devant toi comme font les hypocrites.... Mais
quand tu fais l'aumône, que ta main gauche ne sache pas ce
que fait ta droite. »
« Et quand tu prieras, ne sois pas comme les
hypocrites.... Mais quand tu pries, entre dans ton cabinet,
et, avant fermé ta porte, prie ton Père qui est dans le lieu
secret, et le Père qui te voit dans le secret, te le rendra
publiquement. Or quand vous priez, n'usez pas de vaines
redites comme les païens, car ils croient qu'ils seront
exaucés en parlant beaucoup.... Vous donc, priez
ainsi : « Notre Père, qui es aux cieux.... »
(Matth.
6, 2-9).
« Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air
triste comme les hypocrites, car ils se rendent le visage
tout défait.... Mais toi, quand tu jeûnes, oins ta tête et
lave ton visage, afin qu'il ne paraisse pas aux hommes que
tu jeûnes, mais seulement à ton Père qui est en secret, et
ton Père qui te voit dans le secret te récompensera
publiquement » (Matth.
6, 16-18).
Et dans la bénédiction d'Aaron :
Lorsque vous bénirez les enfants d'Israël
dites-leur :
« L'Éternel te bénisse et te garde ! »
Ah ! qu'il est précieux de savoir que les
enfants de Dieu peuvent avoir pour toutes leurs actions des
instructions divines ! La manière dont on donne
l'aumône, dont ou jeûne, dont on prie, la manière dont ou
entre dans une maison n'est certes pas indifférente. Tout
cela peut se faire d'une manière qui est loin d'être
agréable à Dieu. Mais celui qui observe les instructions
divines fera l'expérience qu'aucune de ses actions n'est
perdue. Il en est de même pour la
bénédiction. Il y a une manière de bénir qui ne mérite pas
ce nom, une manière de bénir qui n'est autre chose qu'un
vain souffle, qu'une cymbale retentissante, tout au plus un
pieux souhait. Mais il y a aussi une manière de bénir
purement humaine qui est d'une valeur divine, car n'est-il
pas dit aux versets 23
et 27 :
« Si vous bénissez, vous direz.... Car vous mettrez mon
nom sur les enfants d'Israël, afin que moi je les
bénisse. » N'est-ce pas admirable comme dans cet ordre
de l'Éternel la bénédiction divine s'unit à la bénédiction
humaine !
- Aaron et ses fils béniront.
- Aaron et ses fils parleront.
Aaron et ses fils mettront le nom de l'Éternel sur les
enfants d'Israël, les enfants d'Israël bénis par Aaron et
ses fils sont bénis par Dieu lui-même. Si notre manière de
bénir doit être en même temps bénédiction de Dieu, il faut
que nous participions de la race d'Aaron, c'est-à-dire, il
faut que le St-Esprit nous rende clairement témoignage que
nous sommes « la race élue, le sacerdoce royal » (1
P. 2, 9), il faut que nous soyons à même de nous
écrier avec St-Jean : « Il nous a aimés, et par
son sang nous a lavés de nos péchés, et nous a faits rois et
sacrificateurs de Dieu, son Père » (Ap.
1, 6).
En bénissant, Aaron et ses fils doivent parler.
Leur parole doit communiquer la bénédiction. Ce fait
ne nous rappelle-t-il pas l'histoire de la création ?
« Dieu dit, et il fut » (Gen.
1,
3, etc.) ; ainsi que les instructions de Jésus
données à ses disciples ?
« Quand vous entrez dans une maison,
dites : « La paix soit sur cette
maison ! » Et s'il y a là quelque enfant de paix,
votre paix reposera sur lui ; sinon, elle retournera à
vous. » (Luc
10,
5. 6). Quelle puissance admirable de la Parole de
Dieu ! Quelle puissance n'a-t-il pas mise aussi dans la
parole de ses enfants, des sacrificateurs de la nouvelle
alliance ! Pensons-y lorsque nous sommes chargés de
parler en son nom. En parlant, Aaron et ses fils doivent mettre
le nom de l'Éternel sur les enfants d'Israël.
Dans la formule de bénédiction même, ce nom de
l'Éternel est prononcé à trois reprises ;
« L'Éternel .... l'Eternel.... l'Éternel ... »
Abstraction faite de l'allusion au mystère de la Trinité, il
se trouve quelque chose de tout particulier. dans le nom
de l'Éternel, qui le distingue de tout nom humain. Son
nom est l'expression de tout son être : Il est
ce que dit son nom. Ce n'est pas toujours le cas pour nous.
Nous nous sommes habitués à donner des noms plus
qu'insignifiants. Lorsqu'un père doit donner un nom à son
fils, il consulte le calendrier pour y choisir le nom qui
lui plaît ; ou bien la mère propose le nom du père sans
se soucier s'il répond à ce que selon leur désir cet enfant
devra être un jour. De cette manière il arrive que le jeune
homme le plus dissipé, le plus éloigné de Dieu peut
s'appeler Théophile, ou la jeune fille la plus sotte et la
plus frivole Sophie.
Nous nous sommes tout à fait
habitués à cette manière de faire, et c'est de là aussi que
provient le manque de respect vis-à-vis du nom de Dieu. Esaïe
63, 16, il nous est dit : « Éternel, tu es
notre Père ; notre Rédempteur, voilà ton nom de
tout temps. » Le nom répond à ce qu'il est. Je ne puis
pas m'arrêter ici à vous citer les différents noms de
Dieu ; mais il suffit de relever que tous nous disent
qu'il est ce que dit son nom. C'est pourquoi Salomon dit
dans les proverbes (chap.
18. 10) : « Le nom de l'Éternel est
une forte tour ; le juste y court et y est dans
une haute retraite. » Il veut exprimer par là que nous
pouvons compter aussi sûrement sur le nom de l'Éternel que
l'on comptait jadis dans les temps de persécutions et de
dangers sur les châteaux forts qui offraient un abri sûr
contre les attaques de l'ennemi. Les puissances des ténèbres
ne peuvent nuire à celui qui s'appuie en simplicité de foi
sur le nom de Dieu et qui s'y réfugie. La Sulamite s'écrie
dans le Cantique des cantiques :
« Ton nom est comme un parfum répandu » (chap.
1.
3). « Parce que ton nom me dévoile tout ton être
et tes pensées à mon égard, il est pour moi le plus grand
rafraîchissement, tel que le parfum d'un nard pur. » En
effet, celui qui saisit le nom de Dieu par une foi vivante
sera certainement infiniment soulagé. Je vous rappellerai
encore aussi brièvement que possible quatre passages de la
parole de Dieu qui nous illustrent la puissance du nom
de l'Éternel.
Pierre dit au peuple qui s'étonnait de la guérison du
paralytique à la porte du temple : « Hommes
israélites, pourquoi vous étonnez-vous de ceci ? Ou
pourquoi avez-vous les yeux arrêtés sur nous, comme si
c'était par notre propre puissance, ou par notre
piété que nous eussions fait marcher cet homme ? ...
Dieu a ressuscité Jésus-Christ, de quoi nous sommes témoins.
C'est par la foi en son nom que son nom a
raffermi cet homme que vous voyez et que vous
connaissez ; et c'est la foi que nous avons en Lui qui
a opéré dans cet homme cette parfaite guérison en présence
de vous tous. » (Act,
3,
12-16).
« Tous les prophètes rendent de Lui ce
témoignage que quiconque croira en Lui aura la rémission des
péchés par son nom. » (Act.
10,
43).
Paul écrit aux Corinthiens : « Vous avez
été justifiés au nom du Seigneur Jésus et par
l'esprit de notre Dieu. » (1
Cor. 6, 11).
Et Joël prophétise : « Il arrivera que quiconque
invoquera le nom de l'Éternel sera sauvé. » (Joël
2,
32).
Voyez donc ce qu'opère le nom de l'Éternel.
Il y a même des impies qui tirent parti de ce fait.
Ce sont tous ceux qui pratiquent la magie dans ses diverses
formes. ils se servent aussi du nom de l'Éternel,
c'est-à-dire ils en abusent. Ils ne l'invoquent ni ne
l'adorent, mais ils le chuchotent. (Esaïe
8,
19), ils le profanent, et pourtant
ils opèrent de cette manière des miracles. Par exemple, si
quelqu'un a une brûlure, un de ces charlatans souffle sur la
plaie en nommant les trois noms suprêmes, c'est-à-dire le
nom de l'Éternel, et la douleur est apaisée. Ces magiciens
seront de ceux qui au grand jour diront :
« Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé en ton
nom ? et n'avons-nous pas chassé les démons en ton
nom » Mais le Seigneur leur dira ouvertement
« Je ne vous ai jamais connus ; retirez-vous de
moi, vous qui faites métier d'iniquité. » (Matth.
7, 22. 23). J'ai eu souvent l'idée que ces gens-là
condamneront les chrétiens ; ils se lèveront et
diront : « Nous avons employé le nom de l'Éternel
en le profanant et nous avons vu des miracles. Et vous
autres croyants, qui étiez en droit de compter sur la
puissance du nom de l'Éternel, vous avez fait si peu
d'usage de ce privilège. Quelles expériences infiniment plus
merveilleuses encore n'auriez-vous pas faites ? »
Nous voulons en prendre note. Nous ne péchons
peut-être pas par la profanation du nom de Dieu, mais par
négligence, par indifférence vis-à-vis de ce nom, au sujet
duquel l'Éternel avait donné cet ordre à Aaron et à ses
fils : « Vous mettrez mon nom sur les
enfants d'Israël ! » Ne prendrons-nous pas plus en
considération dorénavant l'importance du nom de
l'Éternel en nous réjouissant de tout ce qui nous est donné
dans le nom de Dieu ? Il s'appelle
« Rédempteur. » (Es.
63, 16). Le croyons-nous réellement ? Il
s'appelle « Admirable-Conseiller. » Est-il notre
Conseiller ? Celui qui a saisi la puissance du nom
de l'Éternel et s'en est prévalu, peut aussi porter ce nom à
d'autres et le mettre sur eux ; non seulement il le
peut, mais il doit le faire. Jésus dit à Ananias dans une
vision au sujet de Paul : « Cet homme est un
instrument que j'ai choisi pour porter mon nom
devant les Gentils, devant les rois et devant les enfants
d'Israël. » (Act.
9,
15).
L'expression « mettre le nom de Dieu sur
quelqu'un » n'est pas si facile à comprendre. Nous
connaissons plusieurs paroles bibliques qui parlent de
« l'imposition des mains, » une expression qui se
conçoit facilement ; mais comment faire pour mettre
le nom de Dieu sur quelqu'un ? Un passage de
l'ancien Testament pourra peut-être nous donner quelque
lumière. Dans Lév. 4 il nous est raconté qu'un Israélite
après avoir péché, était tenu d'apporter comme offrande à
l'Éternel une chèvre sans défaut. Il devait appuyer sa main
sur la bête et transmettre de cette manière son péché à
l'animal. Alors la chèvre, chargée du péché de l'homme,
devait être immolée. Cet acte solennel nous est décrit d'une
manière encore plus précise à l'occasion du grand jour des
expiations. Aaron était chargé de jeter le sort sur les deux
boucs destinés au sacrifice d'expiation. L'un des deux
devait être offert en holocauste et son sang devait servir à
l'aspersion devant et sur le propitiatoire en vue de l'expiation
pour lui et sa maison, et toute l'assemblée des enfants
d'Israël. Puis il avait ordre d'amener le bouc vivant,
d'appuyer ses deux mains sur sa tête et de confesser sur lui
les iniquités des enfants d'Israël et toutes leurs
rébellions, de les mettre sur la tête du bouc et de
l'envoyer dans le désert par un homme chargé de cet office.
Ainsi le bouc devait emporter sur lui toutes leurs iniquités
dans une terre déserte. (Lév.
16, 20-22).
Si donc dans l'ancienne alliance le péché d'un peuple
entier pouvait être déposé sur une pauvre bête, combien plus
la plénitude de tout ce que contient le nom de Dieu
devrait-elle pouvoir être placée sur les enfants de la
nouvelle alliance par le moyen des sacrificateurs de cette
alliance ? Les enfants d'Israël furent bénis par le
fait que le nom de Dieu était mis sur eux. Nous aussi nous
sommes bénis par ce moyen et nous sommes à même de bénir les
autres afin qu'ils soient bénis par Dieu lui-même.
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