La
SOUFFRANCE
D'ou vient la Souffrance ?
« C'est à la sueur
de ton visage que tu mangeras du pain
jusqu'à ce que tu retournes dans la terre
d'où tu as été pris ; car
tu es poussière et tu retourneras dans la
poussière. »
(Genèse 3, 19.)
« Lorsqu'il
eut tout dépensé, une grande famine
survint dans ce pays, et il commença
à se trouver dans le besoin. »
(Luc 15, 14.
« C'est
un ennemi qui a fait cela. »
(Matthieu 13, 28.)
Si ce n'est pas Dieu qui veut la souffrance,
alors qui est-ce ? Telle est la solennelle
question à laquelle nous allons chercher une
réponse.
Et tout d'abord, quand je dis que ce n'est
pas Dieu, on a le droit de me demander une
explication, car, en un certain sens, Dieu veut
bien la souffrance. Il ne la veut pas, ou
plutôt il ne la voulait pas originellement,
dans son plan primitif, car il ne peut vouloir que
le véritable bien et le bonheur de ses
créatures. Mais une fois que celles-ci
furent tombées, une fois qu'elles eurent
violé les lois de leur être, il devint
impossible qu'il n'en résultât pas
pour elles des souffrances. On peut dire alors que
ces souffrances sont voulues de Dieu, non pas, cela
va sans dire, pour le plaisir de nous voir
souffrir, mais bien plutôt dans le but de
nous arracher à la souffrance, de la faire
même complètement
disparaître.
Nous pouvons donc dire que la volonté
primitive de Dieu a
été que nous ne souffrions pas, et
que sa volonté future et définitive
est que nous échappions à la
souffrance ; mais, en attendant, sa
volonté que nous pourrions appeler
secondaire est bien que nous passions par la
souffrance, non pas encore une fois pour nous y
maintenir, mais pour nous en délivrer. C'est
ainsi que l'on peut dire à la fois :
Dieu veut, et Dieu ne veut pas la souffrance. Il la
veut, pour nous, momentanément, afin de la
rendre inutile après s'en être
servi.
Il en est ici comme de son
immutabilité, c'est-à-dire du fait
que Dieu ne change pas : il paraît
souvent changer parce qu'il ne change pas,
pourrait-on dire d'une façon paradoxale.
C'est parce que le pilote d'un navire est
décidé à arriver au port, que
parfois il donne à son
vaisseau une direction qui semble l'en
éloigner, en inclinant plus à l'est
ou plus à l'ouest, plus au nord ou plus au
sud suivant les circonstances, le temps, les
courants, les icebergs, etc. Il peut sembler au
premier abord qu'il oublie sa direction ou qu'il se
trompe : en réalité, il y pense
au contraire, et il est résolu à tout
faire pour arriver au port
désiré.
Quand un guide conduit une caravane vers un
sommet, il ne peut pas, lui non plus, avancer
toujours dans la même direction ; il est
obligé de changer celle-ci suivant les plis
du terrain, les rochers, les glaciers et les
précipices ; parfois, lui aussi semble
se tromper, et ceux qui marchent derrière
lui peuvent être étonnés de le
voir agir de telle ou telle façon. En
réalité, c'est
précisément parce
qu'il ne se trompe pas et parce qu'il a toujours
devant lui le but à atteindre, qu'il
paraît changer.
Cela est particulièrement vrai encore
dans le domaine de l'éducation. Tout bon
éducateur doit être souple en
même temps que ferme, et il ferait fausse
route celui qui ne saurait pas tenir compte de la
personnalité de l'enfant qui lui est
confié. Si ce dernier obéit bien aux
ordres qui lui sont donnés, il va sans dire
que le maître l'encouragera, le
récompensera et se réjouira de sa
victoire ; mais s'il désobéit,
s'il prend un chemin diamétralement
opposé à celui qui lui était
indiqué, le maître suivra l'enfant,
car il ne peut pas l'abandonner, mais tout en le
suivant, il lui fera sentir son
mécontentement. Et si, par des
punitions, il le fait souffrir,
s'il a momentanément l'air de jouir de le
voir souffrir ou peut-être de céder
à ses caprices, ce ne sera qu'une
apparence ; en réalité, c'est
pour mieux arriver à ses fins que
l'éducateur semble céder.
La volonté de Dieu était que
l'homme se soumît à ses lois, aux lois
du monde moral comme à celles du monde
physique, car les unes et les autres sont
également immuables : en s'y
soumettant, l'homme échappait à la
souffrance. Est-ce à dire qu'avant la chute,
la souffrance n'existât pas ? Non
certes, car n'oublions pas que d'après la
géologie et la paléontologie, la mort
existait déjà avec le triste
cortège qui la précède et qui
la suit. Mais l'homme n'aurait connu la souffrance
que « comme une sentinelle
qui monte la garde autour la
vie », pour employer l'heureuse
expression de Richet. Ç'eût
été la souffrance avertisseuse,
garde-à-vous, évitable par
conséquent. Dieu l'avait placée comme
une double haie de chaque côté du
chemin de l'humanité, il dépendait de
celle-ci d'en éviter les épines et de
s'épargner des blessures inutiles.
Il est, en effet, des souffrances
indépendantes du péché, et
nous n'avons pas lieu de les redouter puisqu'elles
préparent de vives jouissances. Par exemple,
l'homme eût connu la souffrance de la faim
oui de la soif, ou même de la fatigue, mais
elle n'eût pas été plus
redoutable que celle de l'homme affamé qui
se met à table pour faire un bon
dîner, ou de celui qui, altéré,
découvre une délicieuse source d'eau
fraîche, ou enfin du
voyageur fatigué qui,
arrivé chez lui, va se reposer dans un
fauteuil confortable, près d'un bon feu, ou
s'endormir dans un lit moelleux.
Cette souffrance-là, Dieu la veut,
Dieu la voulait dès l'origine, et il est
probable qu'il la voudra aussi longtemps que nous
serons dans le monde de la matière.
Mais, ce qu'il ne voulait pas, c'est la
souffrance, conséquence du
péché, résultat de la
violation des lois qu'il a lui-même
établies pour notre plus grand bien. Je puis
par exemple, si cela me plaît, ne pas me
soumettre à la loi de la digestion, et
refuser de me nourrir par je ne sais quel caprice
de ma volonté propre ; je puis refuser
de respirer, quand bien même la loi de mon
être exige que mes poumons aspirent un air
aussi pur que possible ; je
puis aussi, si cela me fait plaisir, tenter de
vivre sous l'eau, moi qui suis fait pour respirer
l'oxygène de l'air. Mais, il est
évident qu'il en résultera pour moi
des souffrances nombreuses, parfois terribles, qui
seront autant d'avertissements, et je ne crains pas
de dire le mot, de châtiments pour ma
volonté rebelle.
De même, dans le monde moral, il
existe des lois auxquelles je n'ai pas le droit de
me soustraire ; je puis le faire, mais je ne
le dois pas ; cette loi, par exemple, qui veut
que mon âme vive dans un certain milieu,
respire une certaine atmosphère, qui n'est
autre que Dieu, et d'après la loi de son
être, l'amour. Mais il va sans dire que si je
préfère me soustraire à cette
loi, si je veux rompre avec mon
Créateur, échapper à mon
milieu naturel, sortir de celui « en qui
j'ai la vie, le mouvement et
l'être »,
(Actes 17, 28) il en résultera
pour moi des conséquences fâcheuses,
plus ou moins nombreuses, plus ou moins redoutables
auxquelles j'aurais parfaitement pu
échapper, si je l'avais voulu.
C'est là, mes frères,
disons-le bien haut, la cause de la plupart de nos
maux. En dépit de tous les prétextes
que nous essayons d'inventer, de toutes les
théories qui ont pour but de nous disculper,
la conscience est là qui nous dit :
« Tu souffres, parce que tu es dans le
désordre, tu souffres, parce que tu as
violé la loi de ton être, et si tu
veux sortir de la souffrance, immédiatement
ou plus tard, il te faut à tout prix rentrer
dans l'ordre, te soumettre
à la loi, en un mot revenir à Dieu,
qui est une « source d'eau vive, en
fuyant les citernes crevassées qui ne
retiennent pas l'eau. »
(Jérémie, 2, 13.)
En d'autres termes, la chute telle qu'elle
nous est décrite dans le chapitre premier de
la Genèse est l'origine première de
tous nos maux, quelle que soit, du reste,
l'explication symbolique ou littérale que
l'on donne de cette chute, que l'on y voie une
faute particulière, ou tout un ensemble de
fautes symbolisées dans l'histoire du fruit
défendu. Si nous en croyons le récit
de la Genèse, c'est à la suite du
péché d'Adam et d'Eve que le sol fut
maudit et que l'homme dut manger le pain à
la sueur de son visage, jusqu'à ce qu'il
retourne à la terre ». Faut-il
croire que c'est la faute d'Adam qui a fait
produire à la terre des
épines et des ronces ?
Évidemment pas, les épines et les
ronces étaient là bien avant
lui ; mais à partir de la chute, elles
causèrent à nos premiers parents des
souffrances qu'ils ne connaissaient pas auparavant,
sans doute parce que l'homme ne dominant plus la
nature était dominé par elle. Sorti
de la loi de l'obéissance, il avait perdu
une partie de sa force, et cette perte le rendait
infiniment plus sensible et plus accessible
qu'auparavant à toute espèce de
souffrance.
N'est-ce pas là aussi l'histoire de
l'enfant prodigue ? Tant qu'il vivait chez son
père, une foule de maux devaient lui
être épargnés ; sous le
toit paternel n'avait-il pas ce qu'il pouvait
désirer en fait de biens matériels et
spirituels ? Mais quand, par
un coup de tête vraiment insensé, il
crut devoir partir pour un pays étranger,
alors, mais alors seulement, commencèrent
pour lui toutes espèces de
tribulations : la faim, l'abandon, la
dégradation, la détresse. Qui oserait
dire que tous ces maux étaient voulus de son
père ? Disons : permis, mais
jamais voulus ; ou plutôt disons qu'en
un certain sens, le père les avait voulus,
précisément pour l'en faire sortir,
et par eux, le ramener à lui et en
même temps au bonheur. Il est possible que,
pendant un certain temps, le jeune homme
révolté ait accusé son
père de ses maux : il y a tant de gens
aujourd'hui qui accusent Dieu de malheurs qu'ils
ont eux-mêmes amenés sur leur
tête ! Mais au bout d'un certain temps,
lorsqu'il fut seul vis-à-vis de
lui-même, sa conscience lui
imposa silence, et le poussa à dire :
« J'ai péché contre le ciel
et contre toi, je ne suis plus digne d'être
appelé ton fils, traite-moi comme l'un de
tes mercenaires. »
(Luc 15, 18.)
Ah ! si l'on supprimait tous les maux
et toutes les souffrances qui viennent directement
ou indirectement de l'homme, on peut dire sans
exagération que les deux tiers, ou plus
encore, de ces souffrances, disparaîtraient,
comme par enchantement.
J'ajoute cependant, pour être juste,
qu'il est d'autres souffrances que la faute de
l'homme n'explique pas ; il y a des maux dont
il n'est évidemment pas responsable ;
il y a des catastrophes dans lesquelles il n'est
pour rien, et dont il est cependant la malheureuse
victime.
Viennent-ils de Dieu ? nous ne le
croyons pas. C'est ici qu'il faut faire intervenir
la parole de Jésus que nous avons. prise
pour troisième texte :
« C'est un ennemi qui a fait
cela. » Si nous voulons rester
fidèle à l'enseignement biblique,
nous sommes obligés de reconnaître que
le prince de ce monde, celui qui exerce encore sur
notre terre une royauté redoutable, ce n'est
pas Dieu, mais Satan. C'est lui qui a amené
la première chute, c'est lui qui s'est
acharné après le patriarche Job, lui
qui a tout fait pour empêcher Jésus
d'accomplir son oeuvre et les hommes de le
proclamer roi, lui qui a semé l'ivraie
là où Dieu avait semé le bon
grain, lui qui, par conséquent, doit
être rendu responsable d'un grand nombre de
nos souffrances.
Si la Bible dit vrai, qu'y a-t-il
d'étonnant à ce que notre
planète soit tombée dans le
désordre puisqu'elle est, depuis des
siècles, sous l'influence d'une puissance de
désordre ? De grands philosophes, comme
Secretan et Renouvier, admettaient la
possibilité d'une chute antérieure
à celle d'Adam, la chute d'une autre race ou
d'une race semblable à la nôtre, de
telle façon que lorsque la nôtre
apparut, ce fut sur une terre de désordre et
de péché. Si cette hypothèse
était vraie, nous ne devrions plus nous
étonner que nous soyons appelés
à tant souffrir ici-bas.
Mais je ne veux pas insister sur ce
côté mystérieux du
problème que nous étudions, il nous
manque trop de données pour que nous
puissions l'élucider à coup
sûr ; la violation des
lois divines et humaines, des lois morales et
naturelles, peut suffire à nous faire
comprendre l'origine de la plupart de nos
maux.
Il est, en tout cas, un fait bien frappant,
c'est que, lors de certaines catastrophes
naturelles, de tremblements de terre par exemple,
on a vu des animaux, des chiens et des chats donner
peu auparavant des signes non équivoques
d'angoisse et de souffrance ; certains d'entre
eux, poussés par un mystérieux
instinct, ont même si bien su s'enfuir qu'ils
ont échappé à la mort. Puisque
de simples animaux ont pu être avertis par le
seul instinct, pourquoi un être saint,
vraiment en communion avec Dieu, n'aurait-il pas
comme des antennes, ou quelque sens
supérieur l'avertissant des
dangers qu'il court ? Il est
en tout cas difficile de se représenter
Jésus-Christ, le Saint de Dieu, lui qui
était en relations si directes avec son
Père, succombant dans un tremblement de
terre ou quelque éruption volcanique :
il est bien plus naturel de le voir
échappant à la mort par sa
communication directe avec le Dieu auteur et source
de toute sa vie.
J'ajoute que ce qui est vrai des individus
est tout aussi vrai des peuples, et que lorsque, en
politique ou en diplomatie, on se moque des lois
morales, en foulant aux pieds la conscience, on
peut être sûr de payer chèrement
cette infraction aux ordres de l'obligation morale.
Ce qui se passe actuellement dans l'Europe
orientale est là pour nous le faire
constater : la terrible
guerre des Alliés
Balkaniques contre la Turquie aurait certainement
pu être évitée si la diplomatie
européenne ne s'était pas
moquée, pendant de longues années,
des principes élémentaires de la
morale. On a voulu leur substituer
l'intérêt, la ruse, le mensonge, il a
fallu payer tout cela et le payer
chèrement ; et maintenant que les
grandes puissances essayent d'ajouter à
l'injustice du passé de nouvelles
injustices, à l'égard du
Monténégro, par exemple, il faut
s'attendre à ce que tôt ou tard il en
résulte de nouvelles catastrophes ;
replâtrer ne sert à rien, dire :
« Paix ! paix ! là
où il n'y a pas de paix, »
(Jérémie 6, 14) c'est
préparer sûrement des malheurs
nouveaux, plus grands encore peut-être, parce
que c'est accumuler injustice sur injustice.
Mais ici se dresse une objection
redoutable : si les gouvernements sont
coupables, pourquoi les individus, les soldats en
particulier sont-ils punis ? Si ce sont les
parents qui ont manqué, pourquoi faut-il que
les enfants soient châtiés pour leurs
parents ? Nous comprendrions très bien
que les coupables expient leurs fautes, ce serait
justice, mais les innocents, pourquoi faut-il
qu'ils expient cruellement les fautes des
autres ?
Nous reconnaissons sans peine qu'il y a
là une très sérieuse
difficulté, impossible, semble-t-il,
à concilier avec l'idée d'un Dieu
juste et miséricordieux. Mais ne pourrait-on
pas répondre qu'elle implique la vie future,
« ces nouveaux cieux et cette nouvelle
terre où la justice
habitera ? »
(2 Pierre 3, 13). Déjà
le grand Kant concluait du phénomène
de l'impératif catégorique et de la
soif de justice qui tourmente toute âme
humaine, à la nécessité de
l'immortalité de l'âme. Ici-bas, la
justice se fait, mais lentement, et pour les
peuples plus encore que pour les individus.
Là-haut, elle se fera complète pour
ceux-ci tout autant que pour ceux-là. Il
faudra une réparation, des compensations qui
rétabliront l'équilibre
troublé sur la terre par cette cause
suprême de trouble qui s'appelle le
péché.
Ce que nous venons de dire de la souffrance
qui ne vient pas de Dieu rend donc
nécessaire un état supérieur
où la souffrance n'existe plus. N'est-ce pas
la preuve que Dieu ne la veut pas, ou qu'il ne la
veut que
momentanément ?
« Il essuiera toute larme de nos yeux et
la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil,
ni cri, ni douleur ; car les premières
choses ont disparu. »
(Apocalypse 21, 4.)
Mais il y a encore une autre réponse
à faire à l'objection de tout
à l'heure, c'est que les souffrances
injustes sont une nouvelle preuve de la grande loi
de solidarité affirmée par le
décalogue, et de plus en plus reconnue vraie
parla science, loi de solidarité dont
l'hérédité découle.
« Moi, l'Éternel ton Dieu, je suis
un Dieu jaloux qui punis l'iniquité des
pères sur les enfants jusqu'à la
troisième et à la quatrième
génération de ceux qui me
haïssent, mais qui fais miséricorde
jusqu'à la millième
génération à ceux qui m'aiment
et qui gardent mes
commandements. »
(Exode 20, 5 et 6.) Loi
souverainement injuste, révoltante
même, si l'homme en fait un mauvais usage en
la tournant contre lui ; loi splendide,
sublime, s'il en fait un bon usage en s'en servant
dans son intérêt et dans
l'intérêt des autres.
Parce que quelques accidents ont
été causés par la corde qui
lie les alpinistes au-dessus de l'abîme,
personne n'oserait en conclure qu'elle est une
mauvaise chose ; c'est elle, en effet, qui
bien plus souvent les aide à atteindre la
cime, et les empêche de tomber au fond du
précipice. À nous, de nous servir
utilement de cette loi ; à nous, de
transformer la solidarité fatale en
solidarité d'amour ; à nous,
d'assurer aux autres, à nos descendants en
particulier, jusqu'à la millième
génération, les
bénédictions de
Dieu, en évitant avec soin d'amener sur nos
enfants, jusqu'à la troisième ou
quatrième génération, des
souffrances imméritées.
En vertu de cette loi, le premier Adam a
perdu toute sa race ; par un engrenage
terrible, il nous a fait tous tomber, et nous avons
nous-mêmes rivé notre chaîne en
ajoutant nos fautes à celles de notre
premier père. Le second Adam, lui, par son
obéissance, a préparé une
humanité libre, heureuse, sainte, divine. Le
premier, par son égoïsme, n'a
réussi qu'à faire descendre sur nous
des maux en grand nombre, dont nous avons
grand'peine à nous débarrasser. Le
second Adam, par sa sainteté, par son amour
et sa consécration à Dieu, a
préparé pour le genre humain des
bénédictions
innombrables et un bonheur qui ne
finira jamais.
Mais il va sans dire que pour
connaître les bénédictions
attachées à la personne et à
l'oeuvre de Jésus-Christ et fuir les
malédictions qui résultent de la
faute d'Adam, il faut à tout prix que, par
un acte de libre volonté, nous nous
désolidarisions de l'un pour nous
solidariser avec l'autre, et que, par la foi, nous
nous unissions si étroitement à
Jésus-Christ qu'il puisse nous
entraîner vers les hautes cimes de la vie
divine, en nous arrachant à l'abîme du
péché et de la mort. Si
« c'est un ennemi qui a fait
cela, » si c'est par la faute de la
créature spirituelle que la terre a
été maudite et que l'enfant du
père a été ravalé au
niveau des pourceaux, notre devoir est bien
simple : nous devons rentrer
dans l'ordre en revenant au père, mettre
notre main dans la main du frère
aîné, et avec lui, revenir à
celui que nous avons offensé, rentrer dans
la maison paternelle où nous pouvons
être certains de voir tôt ou tard tous
nos maux cesser.
- Trop souvent je murmure
- Quand la route est obscure
- Oh ! ma foi faiblira.
- Et pourtant la promesse
- Est là pour ma
faiblesse
- L'Éternel
pourvoira !
-
- Je ne veux plus me
plaindre,
- Je ne veux plus rien
craindre,
- Car pour moi Dieu sera.
- En avant et courage !
- Jusqu'au bout du voyage
- L'Éternel
pourvoira !
-
- Et la mer mugissante,
- Soudain obéissante,
- Sous mes pas s'ouvrira.
- Plus le danger menace,
- Plus puissante est la
grâce
- L'Éternel
pourvoira !
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