TITLE>MARTYRS - ÉPISODE DES PERSÉCUTIONS RELIGIEUSES sous RANAVANOLA 1 ère REINE DE MADAGASCAR

Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



MARTYRS
ÉPISODE DES PERSÉCUTIONS RELIGIEUSES
sous
RANAVANOLA 1 ère REINE DE MADAGASCAR



ACTE IV
Le Jugement

PERSONNAGES :
Les mêmes que précédemment :

CHRÉTIENS.
PAÏENS.
PEUPLE.
QUATRE JUGES.
UN PIQUET DE SOLDATS.
UN OFFICIER.

La place pour le jugement est la même que celle du Kabary. Pour gagner du temps, préparer la scène d'avance. La Reine, le Conseiller, les Juges sont en place. La foule est réunie.
Les soldats sont vêtus de chemises courtes, serrées à la taille. Il n'est pas nécessaire qu'ils aient un uniforme. Les juges ne se distinguent du reste de la foule que par la place qu'ils occupent.



SCÈNE PREMIÈRE

LA REINE (à son esclave au parapluie)
Tu as vu condamner des hommes par des hommes : aujourd'hui, il y aura Dieu contre Dieu. Nous voulons chasser les étrangers. (On entend du bruit à la cantonade. Sur la scène on, écoute.) Voix à l'extérieur : En avant ! Faites tourner les prisonniers. Attention. Saluez.



SCÈNE II

(Les quatre chrétiens entrent, liés de cordes, conduits par des soldats. Tous s'inclinent.)

Tous (en se relevant)
Vis à jamais. Ô reine, que personne ne te trompe !

L'OFFICIER (raide)
Les prieurs ici présents ont été saisis hier. 0 Reine ! ils n'ont tenu aucun compte de tes ordres. Ils sont demeurés ensemble et ont dit des choses folles : « Digne est l'Agneau de recevoir honneur, louange et gloire. » Qui peut comprendre ce qu'ils veulent dire ? Interrogés, ils n'ont pas nié. Ils n'ont pas même essayé de fuir, et, s'ils sont liés, c'est de crainte qu'ils n'aient des amis dans le peuple. On dit les prieurs plus nombreux que nous ne le pensions...

La REINE
C'est bien. Les juges feront leur devoir, et le peuple apprendra quelle force a la parole de Ranavalona, reine de Madagascar.

UN JUGE (aux chrétiens)
Vous avez entendu. Vous êtes accusés d'avoir méprisé les ancêtres, dédaigné nos divinités, méconnu l'autorité de la Reine. Vous troublez la paix. Vos noms ?
RAFANALA
Rafanala.

RAMAZAVA
Ramazava.

RAVELO
Ravelo

RAMASY
Ramasy.

L'OFFICIER (qui craint que ce ne soit long et qu'on ne mette trop de formes)
O vous qui avez autorité, souvenez-vous que ces gens ont foulé aux pieds tout ce qui vous est sacré. Ils sont redoutables, tels des brigands sur les routes...

LA REINE
On jugera suivant la loi. (A part, à son esclave) Ces gens font pourtant bonne impression.

UN JUGE
Que l'aîné des accusés parle !

RAFANALA
Vis a jamais, ô Reine ! et vous, chefs du peuple, devenez vieux. La raison pour laquelle nous sommes ici, c'est que nous avons voulu trouver le repos pour nos âmes et devenir serviteurs du Dieu unique et vivant. Il remplit la terre et les cieux. Les ancêtres n'en avaient point eu connaissance, et leur erreur (rumeur), leur erreur prouve seulement que déjà Dieu les cherchait les, sacrifices n'avaient d'autre valeur que de montrer à quel point nous désirons tous un moyen de rédemption (rumeur), les mpisikidy trompaient le peuple (vive rumeur trompaient le peuple par un langage habile et des inventions curieuses Alors ...

RAMANANA (criant)
On ne le fera pas taire ?

RAFANALA
Alors, quand nous vint la grande nouvelle, la bonne nouvelle qui fit de nous les enfants de Dieu, grâce à Celui dont le nom est au-dessus de tout nom ... (Vive rumeur, agitation.)

LE PEUPLE (crie)
Et Ranavalona, Ranavalona, Ranavalona ! ...

RAMANANA (aux juges)
Voilà des paroles graves. Ces gens se condamnent eux-mêmes. Qu'on leur impose le silence !

RAMAHERY
Oui, silence à ces lèvres menteuses !

LA REINE (intervenant du geste et de la voix)
Laissez parler les accusés.

UN JUGE (à Ramazava)
Et toi, qu'as-tu à dire ?

RAMAZAVA
Le Dieu des chrétiens veut être servi sans peur et sans honte, et vous, juges, vous êtes devant Lui. Prenez garde

UN JUGE
Quelle folie ! Alors, tu ne prieras plus par les douze montagnes sacrées, ni par les douze grandes idoles, comme faisaient nos douze rois, dont Ranavalona est l'enfant ?

RAMAZAVA
Les montagnes sont faites de terre on de rochers, les idoles, ouvrages (le la main de l'homme, sont de bois ou de pierre.

UN JUGE
Le dimanche sera pour toi jour sacré ?

RAMAZAVA
C'est le jour du Seigneur, car il a dit : « Tu travailleras six jours et feras toute ton oeuvre ; le septième jouir est le jour de repos pour l'homme, afin qu'il puisse servir Dieu. »

UN JUGE
Alors, tu ne prieras ni par Andriananipoïnimerina, ni par son fils ?

RAMAZAVA
Ils sont les maîtres à qui Dieu a donné le pays ; nous les respectons, mais les prier, jamais. Dieu seul peut être prié.

UN JUGE
Alors, tu ne veux pas même prier notre reine Ranavalona ?

RAMAZAVA
Elle est reine, il faut la servir. Elle est femme, nul ne peut la prier.

LA REINE (essayant d'intervenir, à un juge)
Ne pourriez-vous pas essayer de convaincre ces insensés

RAMANANA (qui a entendu, hypocritement)
Si tu permets, Ô Reine ! qu'on essaie de détourner ces malheureux, afin qu'ils puissent échapper à la mort. Leur opiniâtreté même fait pitié.

UN JUGE (à Ramasy)
Toi, Masy, ne te sens-tu pas honteuse devant cette noble assemblée et tout le, peuple ? Ignorante, en sais-tu plus que nous tous ? Rejette les contes des blancs. Tu rejoindras ta famille en larmes. Toi-même, tu pleures.

RAMASY
J'ai honte de ma faiblesse et non de mon Sauveur.

UN JUGE
Regarde donc ton bébé. Il a besoin de toi encore.

RAMASY
J'ai confiance en Celui qui est le père des orphelins.

UN JUGE
C'est donc vrai, tu ne veux pas prier ni les ancêtres, ni les idoles, ni notre Reine ?

RAMASY
Dieu bénisse la Reine ! Quant aux idoles, elles sont faites de bois à brûler. Les montagnes sont la terre sur laquelle il faut marcher. (Inspirée) Pour moi, semblable au vase de terre dans lequel on cuit le riz ou conserve le miel, Je suis saturée de choses bonnes et douces. Voici ce que Dieu a fait pour moi. J'étais esclave, et il a consenti à faire de moi son enfant. Je n'aurai point d'autre Dieu, je ne l'abandonnerai pas. Ma compagne et moi ne voulons pas autre maître.

UN JUGE (à Ravelo)
Tu refuserais donc aussi de rendre hommage aux douze rois, à la Reine et à nos idoles sacrées, de prier par le ciel et par la terre ?

RAVELO
Moi ? Non, je ne prierai ni les rois, ni leurs idoles. Les montagnes sont l'oeuvre de Dieu, le ciel est son palais, et la terre son marchepied.

UN JUGE
Tu ne jureras donc ni par ton père, ni par ta mère ?

RAVELO
Ce qui est vrai n'a pas besoin de serment. Le oui doit être oui, le non, non. Celui qui dit plus dit trop.

(Gestes de découragement des juges. La Reine, le peuple s'agitent.)

UN JUGE (sévèrement, à Rafanala)
Vieillard qui entraînes ces gens à leur perte, ne feras-tu pas un effort pour les sauver ? On obtiendrait leur grâce si tu pouvais répondre d'eux.

RADAMA Ier dans son costume national.

RAFANALA (inspiré et prophétisant)
Gloire soit rendue à Dieu le Divin Créateur ! ... Pour moi, je n'ai rien à demander. Si mon Roi avait pensé que je dusse servir de sel à la terre, Il m'aurait protégé, mais, voici, Il m'a livré entre vos mains, et je n'ai point de craintes. En vérité, en vérité, je vous le dis, quel que soit le traitement que vous puissiez nous réserver, la prison, les souffrances ou la mort, nous sommes plus heureux que vous. En notre coeur demeure une paix que vous ne pouvez troubler. (Il désigne la Reine.) Quant à toi, ô Reine ! tes jours sont comptés, et dans peu de temps tu viendras rejoindre ceux que tu fais souffrir aujourd'hui. En ce jour-là, tu te souviendras de ton injustice présente, des iniquités que tu as permises. Le Dieu des chrétiens est un Dieu d'amour, et c'est aussi un juste juge. (Il se tourne vers les chrétiens.) Et vous, « ne craignez pas ceux qui peuvent tuer le corps, craignez Celui qui peut jeter votre esprit dans la géhenne. »

(Mouvement dans la foule. Murmures. On pleure.)

LA REINE (se lève vivement et s'en va avec quelques personnes et son esclave)
Ah ! si ce n'est pas un malheur !



SCÈNE III

LE CONSEILLER, substitut de la Reine
Refuseriez-vous réellement d'obéir aux ordres de votre Reine ?

RAVELO
La Reine n'aura pas de meilleurs serviteurs que les serviteurs du Rois des rois.

LE CONSEILLER
Songez que, dans vos demeures, ou se lamente à cause de vous. Vous déchirez les entrailles qui vous ont portés.

RAFANALA
Celui qui ne sait pas renoncer à ses parents à cause de Moi n'est pas digne de Moi, dit notre Maître.

LE CONSEILLER
Mais les angoisses de la mort sont terribles. Vous serez jetés hors du tombeau de famille. Vos os iront blanchir au soleil ou seront dévorés par les chiens.

RAMAZAVA
O mort, où est ton aiguillon ?

RAMASY
O sépulcre, où est ta victoire ?

LE CONSEILLER
Donc vous vous jugez vous-mêmes. Tournez-vous vers le peuple. Qu'il voie, qu'il entende et soit témoin de votre entêtement ! (Il parle au peuple.) Voici ce que tu dois entendre, ô peuple ! car c'est toi qui prononces, la Reine ne prononce pas seule. Ces femmes, ces hommes se refusent à prier nos dieux, nos ancêtres. Ils ne sont plus des nôtres. Ils blasphèment, ils adorent les ancêtres des blancs. Ils ne veulent jurer ni par le père ou la mère, ni par le frère ou la soeur. Ils sont plus entêtés que le bois ou la pierre. La Reine les livre au jugement.

(Mouvement dans le peuple.)

UNE VOIX (crie)
Qu'on en finisse donc !

L'OFFICIER
Les nommés Rafanala, Ramazava, Ravelo et Ramasy, ici présents, sont accusés de corrompre le peuple, de mépriser les ancêtres, d'introduire les étrangers dans le pays et de se révolter contre la Reine.

UN DES JUGES (aux accusés)
Qu'avez-vous à répondre ?

RAFANALA
« Vous serez heureux lorsqu'on vous dira des injures et que vous serez faussement accusés à cause de Moi. »

L'OFFICIER (aux juges)
Sont-ils coupables ?

LES JUGES
Oui, ils sont coupables.

(Rumeurs dans le peuple. Les chrétiens se regardent et s'encouragent.)

L'OFFICIER
Les gens reconnus coupables des crimes de corruption, de révolte et de trahison doivent, selon la loi édictée par la Reine et acceptée par le peuple, être condamnés à mort.

UN JUGE (très ému, aux chrétiens)
Mais c'est si peu de choses qu'on vous demande, des paroles, quelques gestes, un serment. Ayez pitié de nous, ayez pitié de vous-mêmes

RAVELO
Celui qui voudra sauver sa vie la perdra ...

LES CHRÉTIENS
Celui qui la perdra la sauvera.

L'OFFICIER
Quelle est la sentence des juges devant les coupables ?

LES JUGES (debout)
Qu'ils meurent !

UN JUGE (aux chrétiens)
Au nom de la Reine et du peuple qui règne avec elle, vous êtes condamnés à mort, comme juste peine de vos crimes, La sentence aura un effet immédiat. Vous n'avez plus rien à demander ?

L'OFFICIER
Encore ! Mais ils vont s'échapper !

RAFANALA
Non, rien qu'un moment..

RAMASI
pour prier et chanter.

LE CONSEILLER (à l'officier qui s'avance)
Laissez-les faire.

(Les juges, le peuple s'en vont. Le peuple murmure. Les soldats entourent les chrétiens en leur tournant le dos.)



SCÈNE IV

 

(À quatre voix)

LES CHRÉTIENS (sont à genoux. Ils chantent.)

Non, ce monde n'est pas notre patrie (1)
La joie est, ici-bas, trop flétrie !
C'est la terre des pleurs, des chutes, des douleurs
Elle est vraiment ailleurs, notre patrie !
Sans crainte, désormais, bien que meurtrie,
Mon âme marche en paix vers la patrie.
Et, parce que je suis las, une voix dit tout bas
« Courage, encore un pas vers la patrie ! »
Auprès de ton Sauveur, âme ravie,
Tu verras le bonheur et la patrie,
Paix, amour, liberté, joie, immoralité,
Dans la sainte cité, dans la patrie !

UNE VOIX (à la cantonade)
Qu'on se hâte, là-bas !

RAFANALA (debout, bénissant)
Que l'amour de Dieu notre Père, la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, et ...

L'OFFICIER (interrompant brusquement. Les soldats se tournent.)
C'en est assez. (Bruit. Le rideau tombe.)

UNE VOIX DE FEMME
Père, pardonne-leur...

Porte d'entrée de la cour de la Case Royale
sous Andrianampoïnimerina ( 1810).

 


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1 N° 231 Recueil des Psaumes et Cantiques des Églises réformées de France

 

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