L'HISTOIRE D'UN DON.
-
UNE
LETTRE DE
STUTTGART. -
« Mme
G. OFFRE DE TRADUIRE « LE
RÉCIT » EN ALLEMAND. -
L'APPEL
DE
FRÈRE CHAPMAN. -
OBSTACLES LEVÉS. DÉPART. - À
STUTTGART. - ÉPREUVES. - COMBAT POUR LA FOI.
- DU BAPTÊME. - DU SAINT-ESPRIT DANS LES
ASSEMBLÉES FIDÈLES. -
IMPRESSION
DU « RÉCIT » EN
ALLEMAND. -
MON
IMPRIMEUR
TIENT PAROLE. -
À
LA
RECHERCHE D'UN LIBRAIRE. -
RETOUR A BRISTOL. -
DEUX
MANIÈRES D'OBTENIR DE L'ARGENT. -
« L'OR
ET L'ARGENT SONT À MOI, DIT
L'ÉTERNEL ». -
MAUVAISES
NOUVELLES DE STUTTGART. - NOUVELLE VISITE. -
COLPORTAGE.
L'ABONDANCE
revenait enfin avec un don de douze mille cinq
cents francs. Ce don a toute une histoire que nous
voulons essayer de résumer en quelques
lignes :
Le 25 octobre 1842,
une soeur
pauvre était venue voir M. Müller et
lui avait ouvert son coeur. Comme elle prenait
congé, il lui avait dit sa sympathie, et que
si jamais elle en avait besoin, sa maison et sa
bourse étaient à sa
disposition ; qu'il serait enchanté si
elle voulait accepter de ne faire qu'une bourse
avec lui.
« À cause
d'une
chose qui s'était passée deux jours
auparavant, j'avais tout lieu de croire qu'elle ne
possédait rien ou à peu
près », écrit G.
Müller dans son journal. Ma visiteuse me prit
au mot. Tout aussitôt elle
me dit qu'elle en serait enchantée et ajouta
qu'elle avait douze mille cinq cents francs.
Dès que je l'entendis, je revins sur mon
offre, lui expliquant que je la croyais pauvre, et
je lui donnai les raisons que j'avais eues de le
croire - Eh bien non ! elle possédait
ces cinq cents livres sterling... Dieu avait mis
cette somme entre ses mains sans qu'elle le
recherchât, elle considérait donc que
c'était lui qui avait constitué cette
réserve à son intention et elle n'y
touchait pas. » C'est à peine si
je répondis quoique ce soit, et toute la
conversation sur cette question d'argent ne dura
que quelques secondes ; mais en partant elle
ajouta :
« Voulez-vous
prier
pour moi à ce
sujet » ?
Après qu'elle fut
partie,
je demandai donc au Seigneur de la combler de joie,
de cette joie que seul il peut donner, et de lui
faire réaliser les richesses de son
héritage éternel, à ce point,
que pressée par l'amour de Christ, elle
pût déposer avec joie son argent aux
pieds de son Sauveur. Chaque jour, je
présentais cette chère soeur à
Dieu et parfois plusieurs fois par jour, mais je
me gardai bien d'aborder à nouveau le sujet
avec elle, considérant qu'il
était préférable qu'elle
conservât sa réserve, que de la donner
sous quelque influence, autre que celle du
Seigneur, ce qui ne manquerait pas de provoquer des
regrets. Il y avait vingt-quatre jours que je
priais ainsi pour elle, lorsqu'un soir, en rentrant
à la maison, je la trouvai m'attendant, et
désirant me parler en particulier. Elle me
dit alors qu'elle avait étudié les
Écritures à propos de cette somme
d'argent depuis notre précédente
conversation, et qu'elle était convaincue
maintenant que le Seigneur la lui
demandait. » Je lui conseillai alors de
ne rien faire avec précipitation, de bien
compter le prix, d'attendre encore une quinzaine au
moins avant de prendre une décision
définitive.
Dix-huit jours après,
je
reçus cette lettre :
« Cher Frère,
Je crois que Dieu n'a pas permis que vous vous
fatiguiez de prier pour moi, et qu'il vous a
aidé à continuer de le faire. Tout va
bien à mon endroit. Votre requête a
été entendue et exaucée. Je
suis heureuse et j'ai la paix. En
vérité, Dieu m'a manifesté ses
tendres soins et son grand amour en Jésus,
et il a incliné mon coeur à
déposer joyeusement aux pieds de mon
Sauveur, tout ce que jusque-là, j'avais
considéré comme mien. C'est un grand
privilège.
« J'écris
à la hâte pour vous demander (puisque maintenant nous n'avons plus
qu'une
bourse), de bien vouloir toucher cette somme
à une banque de Bristol. Je fais le
nécessaire pour que l'argent vous soit
remis, etc... »
Je répondis longuement
à cette lettre et reçus à
nouveau, le 18 décembre, un message de notre
soeur, dont voici quelques
extraits :
« Depuis, je
n'ai pas
eu le moindre doute sur ce que j'avais à
faire... La Parole de Dieu est claire... je me
repose sur elle. À cause de vos
prières, aucune tentation n'a
prévalu, je crois même pouvoir
dire qu'aucune ne s'est élevée. Mais
ceci pourrait survenir... Mon coeur est si mauvais,
et ma foi si faible ! C'est pourquoi
j'aimerais que vous demandiez à Dieu qu'il
me gardât de l'offenser en regrettant, ne
fût-ce qu'un instant, l'acte
d'obéissance que je puis accomplir par sa
grâce...
« Avant
de vous
avoir jamais vu j'avais demandé au
Seigneur qu'il inclinât mon coeur à
vous offrir cette somme, si la chose était
selon sa volonté. Alors, évidemment
son heure n'était pas encore venue.
Cependant, en une certaine mesure le don
était fait ; puisque je vous
léguais la somme par testament. Quand j'écrivis ce
testament
contresigné par deux témoins
[pièce sous enveloppe à vous
adressée et que, depuis, je portais toujours
sur moi], j'étais loin de pressentir la
grâce que Dieu tenait en réserve pour
moi... »
À la fin de la lettre,
elle m'avertissait que, quelques obstacles
survenant, elle ne pouvait toucher
immédiatement ce qui lui était
dû, et que probablement la somme ne me serait
versée que fin janvier 1843. L'annonce de ce
retard aurait pu me jeter dans une grande
perplexité. Mais le Seigneur m'aida à
m'approprier la promesse du verset :
« Nous savons que toutes choses
concourent ensemble au bien de ceux qui aiment
Dieu »
(Rom.
VIII : 28), de sorte que
je continuai de jouir d'une grande paix, bien que
nous n'eussions plus qu'un ou deux jours de vivres
aux Orphelinats. Dès le lendemain, le 19
décembre, je recevais d'A. B. une somme de
deux mille cinq cents francs ; le 22, d'un
frère de Bristol, une autre de douze cent
cinquante francs, ainsi que plusieurs autres dons.
Dieu m'avait donné le secours de sa
grâce, de sorte que j'avais pu faire de sa
volonté mes délices ; et
maintenant il m'envoyait environ cinq mille francs
pour couvrir les grosses dépenses des stocks
de vivres à renouveler, etc..., chose qui,
humainement parlant, semblait impossible, lorsque
je reçus l'annonce du retard du versement
des douze mille cinq cents
francs... »
Depuis
quelque
temps
déjà, la question de l'ouverture d'un
nouvel orphelinat occupait George Müller qui
en faisait un sujet de prière : une
quinzaine de fillettes auraient dû quitter la
Maison des enfants en bas âge, elles y
étaient restées parce que la place
manquait dans l'Orphelinat des filles ; il
fallait refuser de nombreuses demandes
d'admission ; deux
« soeurs » qualifiées
étaient prêtes à prendre la
direction de la maison à fonder ; un
local libre à
côté des autres orphelinats pouvait
être aménagé avec les fonds qui
restaient du don de douze mille cinq cents francs
dont nous avons parlé ; enfin et
surtout George Müller sentait que l'ouverture
d'une nouvelle Maison après les cinq
années d'épreuve de la foi
traversées, serait la meilleure des preuves
que loin de rien regretter et d'être las de
cette façon de vivre qui attendait tout de
Dieu par la foi, il était prêt
à aller de l'avant. Cependant il exposa
longuement cette question devant le Seigneur,
priant tout spécialement pendant vingt-deux
jours pour être guidé ;
après quoi, il fut confirmé dans la
pensée que l'heure avait sonné
d'ouvrir une autre Maison.
LETTRE
D'ALLEMAGNE. - Alors que l'ont était
en
bonne marche pour l'ouverture du quatrième
orphelinat, Müller recul une lettre de
Stuttgart qui fut pour lui comme un appel à
se rendre en Allemagne. L'auteur de cette missive,
une dame allemande venue en Angleterre pour
apprendre la langue, avait vécu un an
à Bristol. La première fois qu'elle
était venue voir M. Müller, parce
qu'elle avait entendu dire qu'il était
Allemand, elle lui avait demandé son
concours à titre de compatriote :
« Ne voulait-il pas l'aider à
trouver des leçons ? » -
Après lui avoir donné quelques
informations utiles, M. Müller avait
amené le grand sujet du salut, et
s'était aperçu « qu'elle
pouvait avoir eu des impressions religieuses de
temps à autre, mais qu'elle ignorait le
Seigneur ».
TRADUCTION
DU
« RÉCIT » EN
ALLEMAND. - Comme elle se levait pour prendre
congé, je lui avais remis les deux
premières parties du Récit en
demandant à Dieu qu'il voulût bien en
bénir la lecture pour sa conversion. Elle
était revenue quelques temps après...
Mes brochures l'avaient fort
intéressée... Pouvait-elle les
traduire en allemand ? J'aurais pu
répondre que je ne croyais pas ses
connaissances suffisantes : soit en anglais,
soit dans les choses de la vie anglaise et surtout
celles de la vie chrétienne puisqu'elle
n'était pas convertie, qu'il lui serait donc
impossible de faire une bonne traduction. Mais
comme j'avais en vue ses intérêts
spirituels, songeant qu'elle était sans
occupation, que cette traduction la garderait des
dangers de l'oisiveté, qu'elle pourrait
ainsi améliorer son anglais, et surtout
qu'une traduction l'obligerait à une
étude plus serrée, plus approfondie
du texte ce qui pouvait lui faire le plus grand
bien, je l'y autorisai sans l'y encourager. Elle
m'avait quitté en me donnant l'impression
qu'elle allait se mettre à ce travail, de
sorte que j'avais prié Dieu qu'il
voulût bien le bénir pour la
conversion de son âme.
Peu après, Mme G.
m'avait
apporté une partie de son manuscrit. Je
l'avais accepté sans promettre de le lire,
ayant peu de chance de pouvoir le faire faute de
temps, Cependant, j'en avais lu quelques pages que
j'avais trouvées mieux traduites que je
n'avais supposé. À deux ou trois
reprises, elle m'avait apporté son travail
sans qu'il me fût possible de le lire,
l'hiver s'était écoulé, et au
printemps, au moment de repartir pour le
Wurtemberg, elle était venue prendre
congé. Après quelques instants de
conversation sur sa situation, j'avais
abordé à nouveau le grand sujet du
salut. Je découvris alors que le sentiment
de son péché, pesait lourdement sur
elle, et que son coeur était brisé.
Elle me confessa en pleurant qu'elle était
une grande pécheresse ; et chacune de
ses paroles me montrait qu'elle était
prête à entendre le message du salut,
et à être conduite vers Christ. Je
passai donc deux heures avec elle, essayant de
diriger ses regards sur Jésus dont le sang
purifie de tout péché, celui qui
regarde à lui avec foi.
Le lendemain elle
était
revenue et nous avions passé presque trois
heures ensemble. Elle n'aurait pu quitter Bristol,
sans me revoir, disait-elle. Elle avait
passé la plus grande partie de la nuit
à lire la Parole et à prier, et avait trouvé la
paix en Jésus. Elle me dit alors comment
l'Esprit de Dieu avait commencé d'agir en
elle après qu'elle eût entrepris la
traduction du
« Récit ». Plus
elle avançait dans ce travail, plus elle
sentait son péché, jusqu'à ce
qu'enfin sa décision fût prise de
retourner en Allemagne. Quelques semaines
après, octobre 1841, elle m'écrivit
une longue lettre me confirmant dans la
pensée que si elle n'était qu'un
bébé en Christ, cependant cela elle
l'était bien, et que l'oeuvre de la
Grâce était vraiment commencée
en elle. Puis plus rien, jusqu'en mai 1843.
À cette date, une lettre écrite de
Stuttgart me racontait sa vie depuis son retour en
Wurtemberg. Elle avait cherché en vain des
chrétiens vivant en conformité avec
les vérités exposées dans le
« Récit », et
selon ce qu'elle avait vu dans notre
Communauté de Bristol. Aux environs du
Nouvel An, elle avait découvert une
église baptiste, avait reçu le
baptême, et s'était jointe à la
Communauté en février. Mais elle y
découvrait quantité de choses qui la
rendaient perplexe ; l'église de
Stuttgart était effectivement une
église baptiste stricte, et elle
désirait connaître ma pensée
sur plusieurs points.
L'APPEL
DE
FRÈRE CHAPMAN. - Or il se trouve
qu'à plusieurs reprises déjà,
durant les quatorze années de mon
séjour en Angleterre, on m'avait
demandé pourquoi je ne travaillais pas au
milieu de mes compatriotes ? On m'avait
montré l'importance du travail à
faire, et personnellement je n'y étais pas
insensible. Jusque-là, j'avais toujours
répondu que je devais travailler dans
l'endroit où Dieu m'avait appelé
à le faire, et qu'il ne m'avait pas
appelé en Allemagne. Quelques mois avant la
réception des lettres de Mme G.,
frère R.-C. Chapman avait aussi placé
la question sur mon coeur
à son retour de Danemark. Il avait vu
quelque chose de l'état spirituel des
églises du Continent, dont il avait entendu
dire plus encore. Presque chaque fois qu'il avait
exposé quelque vérité devant
les frères, il lui avait été
répondu : « Sans doute, ceci
est scripturaire ; vous avez raison. Mais si
nous le mettions en pratique, quelles en seraient
les conséquences ? Que
deviendrions-nous, nous, nos femmes et nos
enfants ? » cela ou quelque chose
d'analogue. Aussi, dès son retour,
frère Chapman était venu me faire une
visite à ce propos. Il lui semblait que mon
devoir était de consacrer un certain laps de
temps à l'Allemagne, après tout ce
que le Seigneur avait fait pour moi. Il pensait
aussi que je devrais publier le
« Récit » en
allemand ce qui, avec la bénédiction
de Dieu, pourrait fortifier la foi des
frères, et les amener à vivre en
conséquence...
Après avoir reçu
la lettre de Mme G., je fis très
particulièrement un sujet de prière
de cette possibilité de travail en
Allemagne, et j'arrivai à la conclusion
qu'il était bien selon la volonté de
Dieu que je partisse. Je me mis alors à
présenter à Dieu toutes les
difficultés de réalisation que je
percevais, et très particulièrement
celles-ci :
1° Le quatrième
orphelinat devait être ouvert, donc tous les
travaux achevés avant mon départ.
Autrement il y aurait de l'argent perdu ; les
promesses faites aux parents des orphelins ne
seraient pas tenues, etc..., et je ne pouvais
croire que Dieu voulait que j'abandonnasse l'oeuvre
commencée, à moins de
nécessité absolue, ce qui
n'était pas le cas. Je demandai donc
à Dieu qu'il voulût bien m'aider
à mener à bien ce qui restait
à faire, et ce n'était pas peu de
chose.
2° Il me semblait
nécessaire de laisser derrière moi
plusieurs milliers de francs. Je devais donc obtenir
une forte somme du
Seigneur, par la prière, et humainement
parlant, je ne discernais pas d'où elle
pourrait venir.
3° Il me fallait aussi
une
somme d'argent suffisante pour entreprendre le
voyage d'Allemagne et faire les frais de
séjour à Stuttgart pendant quelque
temps. Frais de voyage et de séjour doubles
cette fois, car pour plusieurs raisons il me
semblait nécessaire que ma chère
femme m'accompagnât, et j'étais
convaincu que c'était là la
volonté de Dieu. L'état de sa
santé ne me permettait plus de laisser
retomber sur elle la responsabilité de
l'Oeuvre des Orphelinats en mon absence.
4° J'étais convaincu
que Dieu me demandait de publier le
« Récit » en
allemand. Je désirais faire faire une
publication à bon marché, quelque
chose à deux francs cinquante pour les deux
volumes afin que les pauvres pussent l'acheter et
qu'à l'occasion on put le donner.
L'impression demanderait un certain temps, et
j'étais décidé à faire
tirer à quatre mille exemplaires.
Qu'était-ce d'ailleurs que ce chiffre par
rapport aux millions d'individus parlant
l'allemand !
Seulement pour cela
aussi il
fallait de l'argent. Bien que les travaux
d'impression ne fussent pas chers en Allemagne,
j'estimais que la dépense serait de cent
à deux cents livres sterling à peu
près (1). Cela encore, je le dis au
Dieu
vivant ; puisqu'Il m'avait montré sa
volonté, j'avais l'assurance qu'il me
fournirait aussi, à moi qui n'avais rien,
les moyens de l'accomplir. Bien plus,
j'éprouvais une secrète satisfaction
de la grandeur des difficultés qui barraient
la route. Au lieu de m'accabler, elles
remplissaient mon coeur de joie puisque je ne
désirais
qu'une seule chose : la volonté de
Dieu... Car s'il était bien dans sa
volonté que je partisse comme je le pensais,
il supprimerait tous les obstacles ; et plus
ceux-ci étaient grands, plus la preuve que
j'aurais de la volonté divine serait
évidente. D'autre part, si je me trompais,
plus, vite je m'en rendrais compte, mieux cela
vaudrait.
La prière et
la foi,
remèdes universels à tous les besoins
et à toutes les difficultés, et la
lecture de « la Parole » qui
nourrit la prière et la foi,
surmontèrent tous les obstacles
(2).
D'abord ceux-ci
avaient
grandi : les dépenses
dépassaient ce qu'on avait prévu,
l'argent ne rentrait pas... Mais le 12 juillet, un
papier était placé dans les mains de
M. Müller qui, par là, se trouvait
disposer de dix-sept mille cinq cent
cinquante-quatre francs ; la note accompagnant
ce don était ainsi
conçue :
« 1° Pour les
frères et les soeurs pauvres de notre
bien-aimé Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ,
« 2° Pour
envoyer
les secours de l'Évangile aux chers
frères allemands ou pour publier le
Récit,
« 3° Pour les
chers Orphelins,
« 4° Pour
achever
de payer les dépenses qu'entraînera la
construction de la chapelle érigée
pour l'assemblée des saints à
Barnstaple.
« Je m'en
remets au
jugement du serviteur de Dieu, frère
Müller, pour la part qu'il y a lieu
d'attribuer à chacun des chapitres
désignés ci-dessus, sachant que celui dont il est
l'économe le
guidera en ceci comme en toute autre chose. Que le
saint nom du Seigneur soit béni pour la
véritable joie que j'éprouve
aujourd'hui à faire une chose dont
l'accomplissement m'apparaissait il y a quelques
semaines comme une douloureuse épreuve
d'obéissance. »
« Trois des
obstacles
qui barraient ma route se trouvaient
enlevés... Les autres le furent aussi, et le
9 août, ma femme, Miss W. une soeur
allemande, et moi, nous quittions Bristol. Durant
cette absence je n'ai pas tenu de journal, je ne
puis donc donner le détail de mon
activité. »
[Autobiographie.]
« M.
Müller
ne
rédigea pas de journal, mais ses lettres
nous en tiennent lieu, dit le Dr Pierson dans son
livre - « G.
Müller de
Bristol ».
Il visita Rotterdam,
Weinheim, Cologne, Mayence, Stuttgart, Heidelberg,
etc... Partout, il distribuait des traités,
tenait des conversations avec les personnes
rencontrées, enfin et surtout il lisait et
expliquait la Parole de Dieu dans de petites
assemblées de croyants qui s'étaient
séparés de l'Eglise nationale pour
diverses raisons...
C'est
au
début de son
séjour à Stuttgart que sa foi fut
mise à une très rude épreuve.
On l'avertissait que les dix-sept mille cinq cent
cinquante-quatre francs offerts étaient
retirés ! George Müller fit le
silence sur cette affaire (3).
D'ailleurs il lui eût
été difficile d'en parler sans nuire à la partie
en
cause... Ce ne fut pas la seule épreuve qui
l'atteignit. Au contraire, des difficultés
surgissaient de toutes parts, si nombreuses, si
grandes, si diverses, qu'il eut besoin de toute la
sagesse, de toute la grâce que Dieu lui
avaient départies, de toute
l'expérience acquise au cours des
années passées, pour n'en être
pas accablé. Toutes ces épreuves ne
purent troubler la paix dont il jouissait. Il dit
même qu'il avait la conviction si
entière, si absolue que tout cela
révélerait en son temps la
bonté de Dieu, qu'il n'y aurait rien
changé, même s'il avait
été en son pouvoir de le faire. Ses
plus grandes épreuves portèrent
effectivement les plus riches moissons, et parfois
même toute une série de
bénédictions. Il fut amené en
particulier à adorer la sagesse divine qui
avait déterminé le moment de son
voyage : S'il était parti pour
l'Allemagne plus tôt, il aurait
devancé l'heure, parce qu'il n'aurait pas
encore eu toute l'expérience requise pour
résoudre les questions complexes qui
l'attendaient en son pays. Quand les
ténèbres obscurcissaient sa route, sa
foi l'aidait à attendre la lumière,
en tout cas une direction dans les
ténèbres, et il vit s'accomplir en sa
faveur la promesse de ce texte :
« Tandis
que tu avanceras pas à
pas, un chemin s'ouvrira devant
toi » (lire
dans l'hébreu le
texte de Proverbes
IV :
12).
À
Stuttgart,
il
découvrit qu'il lui fallait combattre, comme
autrefois Jude, « pour la foi
donnée aux saints une fois pour
toutes ». Même parmi les
frères, de nombreuses erreurs avaient
jeté de profondes racines. La principale
consistait à donner au baptême une
importance exagérée, excessive, hors
de toute proportion avec l'enseignement des
Écritures. Un frère avait
été jusqu'à prêcher que
sans le baptême, il ne pouvait y avoir de
nouvelle naissance ! Avant le baptême,
pas de rémission des
péchés ! Les Apôtres
n'étaient pas nés d'En-Haut avant la
Pentecôte ; le Seigneur lui-même
était né de nouveau seulement
après son baptême, et seulement alors
et jusqu'à la fin de sa vie mortelle il
avait cessé d'être sous la Loi !
Quantité d'autres notions fantaisistes
avaient cours : le vieil homme mourait
vraiment dans les eaux du baptême, et par le
baptême Dieu contractait une alliance avec
l'homme ; c'était un
péché que de communier avec des croyants non
baptisés,
ou, avec les membres de l'Eglise nationale ;
enfin on croyait généralement que le
pain et le vin consacrés n'étaient
pas des symboles, mais se transformaient vraiment
en sang et en corps de Christ.
Il
y
avait une doctrine bien plus dangereuse encore
contre laquelle George Müller s'éleva
de toutes ses forces et qu'il nomme « UNE
ÉPOUVANTABLE ERREUR ».
D'après celle-ci, qui était
universellement répandue en Allemagne, tous
les pécheurs étaient sauvés en
fin de compte, et même les
démons !
Avec
calme
et courtoisie, mais aussi
avec courage et fermeté, Müller
s'éleva contre toutes ces erreurs et
d'autres encore, en s'appuyant sur le
témoignage des Écritures. Ceci
provoqua beaucoup d'amertume et même
d'animosité chez les adversaires aveugles de
la vérité...
George
Müller
s'aperçut
aussi qu'autour de lui on ignorait les grandes
vérités scripturaires de la
présence et de la puissance du Saint-Esprit
dans l'Eglise, du ministère mutuel des
saints en tant que membres du Corps de Christ,
auxquels le Saint-Esprit distribue ses dons selon
qu'il lui plaît en vue de leur service.
C'était une lacune qu'il essaya de
combler ; car du fait de leur ignorance sur ce
point, les assemblées de frères, au
lieu d'être un moyen de sainte
édification dans la foi, devenaient le plus
souvent l'occasion de discussions
inutiles.
Le
seul
remède à de tels errements et
à de telles lacunes, c'était
d'enseigner fidèlement ce que
révèle la Parole de Dieu. C'est ce
que fit G. Müller, assumant à lui seul
la tâche d'instruire l'assemblée, afin
que la Parole de Dieu eût libre cours et
fût glorifiée. Ensuite, lorsque les
frères se furent appropriés la
vérité en une certaine mesure,
conséquent avec lui-même, avec
humilité, il reprit sa place dans
l'Assemblée, comme en étant l'un des
membres, tous pouvant enseigner selon qu'ils y
étaient conduits par le Saint-Esprit. Il mit
l'accent sur cette présence directrice du
Saint-Esprit dans l'assemblée des saints.
C'est un devoir et un privilège que de lui
laisser la direction ; si rien ne
s'élève qui fasse obstacle c'est lui
qui incline tel ou tel frère à parler
à tel moment, sur tel ou tel sujet selon ce
qu'il veut, et lorsque les chrétiens ne sont
pas charnels, le choix de l'Esprit est toujours en
harmonie avec le leur.
Cette
direction
de l'Esprit dans
l'assemblée des fidèles, et ses
manifestations chez tous les croyants pour
l'utilité commune ressort des passages
ci-après : 1
Cor. XII,
Romains
XII, Ephés.
IV, etc.
À
propos de
cette visite de M.
Müller, on fit courir le bruit qu'il avait
été délégué en
Allemagne par l'Eglise baptiste d'Angleterre pour
ramener les frères allemands
séparés dans l'Eglise
nationale ; un journal religieux avait
accueilli cette étrange explication, et
l'avait mise en circulation. Ceci était
inexact ; mais Müller ne put le
démentir, l'ayant ignoré jusqu'au
moment de son retour en Angleterre. Le Seigneur qui
avait permis que cette erreur se propageât la
fit servir à ses fins ; et c'est
à cause de cela que les autorités
allemandes n'inquiétèrent pas G.
Müller. Bien qu'il eût exercé son
ministère durant de longs mois parmi des
frères séparés de l'Eglise
nationale, aucune entrave ne fut mise à son
activité, et il jouit d'une entière
liberté. (Pierson).
1er janvier
1844. - Hier
soir, j'ai rencontré au thé toute la
petite église de Stuttgart. Les
dernières heures de l'année ont
été consacrées à la
prière.
IMPRESSION
DU
« RÉCIT » EN
ALLEMAND. - Alors que j'avais
déjà achevé la
préparation d'une bonne partie du
Récit pour l'impression, le Seigneur me fit
trouver, par l'intermédiaire d'un
frère que je connais depuis huit ans :
1° un fabricant qui
m'a
cédé à bon compte le papier
nécessaire à l'impression de cet
ouvrage, et
2° un imprimeur qui
s'est
engagé à tirer deux feuilles
(4) par
semaine.
MON IMPRIMEUR. - C'est
un homme
estimable et qui tient parole, de sorte que six
semaines à l'avance j'ai pu fixer au 26 février la
date de notre départ de Stuttgart. Pour
plusieurs raisons, il est très
nécessaire que je sois à Bristol
à cette époque ; c'est pourquoi
j'ai la conviction d'avoir été
guidé vers lui par Dieu. J'ai tout lieu de
supposer que cet homme craint le
Seigneur...
TENIR
LA
PAROLE DONNÉE. - À ce propos,
je voudrais supplier ici tous ceux qui aiment le
Seigneur Jésus et qui sont dans le commerce
ou les affaires, de se garder de faire des
promesses, par amour pour lui, à moins
qu'ils n'aient la certitude de pouvoir tenir leurs
engagements, et ceci à cause du Seigneur
qu'ils font profession d'aimer. Même dans les
petites choses de la vie, nous pouvons honorer ou
déshonorer Dieu, et c'est à ces
choses que les incrédules regardent.
Pourquoi entend-on dire si souvent, et parfois avec
quelque raison : les chrétiens font de
mauvais serviteurs, de mauvais commerçants,
de mauvais maîtres ? Ceci ne devrait
jamais être vrai, puisque nous sommes
puissants avec Dieu pour obtenir par la
prière et la foi toute la grâce toute
la sagesse, tout le savoir-faire dont nous avons
besoin.
À LA RECHERCHE D'UN
LIBRAIRE. - Tandis que l'impression du Récit se
poursuivait, je me suis occupé de trouver un
libraire qui voulût bien s'occuper de la
vente. Ceux à qui je me suis adressé
ont refusé ma demande ; sans doute
parce que je n'appartiens pas à l'Eglise
nationale ; d'ailleurs l'un d'eux me l'a dit
nettement. Sans me décourager, je me suis
mis à prier avec ma chère femme.
Durant quatre semaines, nous avons quotidiennement
prié à ce sujet ; puis je me
suis adressé à un autre libraire, et
celui-ci a accepté sans
hésitation. Il est
entendu qu'il prélèvera une
commission sur la vente. Il aura un stock de deux
mille exemplaires, et je garderai le reste, soit
aussi deux mille exemplaires, par devers
moi.
Cher lecteur, il n'y a
pas de
difficultés sur la route du chrétien
qui ne puissent être vaincues. À titre d'enfants du Père
céleste,
nous sommes puissants auprès de lui par la
foi et la prière qui font descendre
d'En-Haut d'abondantes
bénédictions.
- Ma chère femme et
moi,
nous avons quitté Stuttgart le 26, et nous
sommes arrivés à Bristol le 6 mars.
Certes, depuis que nous avions discerné que
Dieu nous rappelait en Angleterre, il nous tardait
d'y rentrer ; et cependant nous étions
déjà si fortement attachés aux
frères de Stuttgart que le plaisir du
départ a été grandement
tempéré par la tristesse. Notre
consolation fut de pouvoir remettre ceux que nous
laissions entre les mains du Bon Berger.
DEUX
MANIÈRES
D'OBTENIR DE L'ARGENT. - 23
mai. - Ces temps-ci le Seigneur subvient à
nos besoins au jour le jour... Nous recevons
le nécessaire, mais nous. sommes
pauvres ; il ne nous reste rien pour le
lendemain. Deux visiteurs qui font profession
d'être chrétiens sont venus me voir
aujourd'hui ; ils vont de maison en maison et
visitent ainsi toute la rue Wilson où
j'habite, pour collecter les fonds
nécessaires à l'extinction d'une
dette contractée pour la construction d'une
chapelle. J'ai essayé de leur
démontrer qu'en allant chercher de l'argent
chez tous, même chez les ennemis de Dieu, ils
le déshonoraient ! Si leur oeuvre est
selon la volonté divine, Dieu enverra le
nécessaire ; sinon mieux valait se
défaire de ce qui ne pouvait subsister qu'avec un
secours
recueilli en
frappant à toutes les portes : celles
des croyants et celles des autres.
« L'OR
ET
L'ARGENT SONT À MOI, DIT
L'ÉTERNEL. » - Ils me dirent
alors que l'argent et l'or appartenaient à
Dieu et qu'ils se sentaient donc libres d'aller le
chercher ici et là. - « C'est
justement parce que l'argent et l'or sont à
Dieu, dis-je, que nous ses enfants, nous n'avons
pas besoin d'aller chercher des contributions pour
son oeuvre chez ses ennemis. » À cet instant même, alors
que
je parlais pour Dieu bien que je n'eusse à
ce moment-là pas un sou en poche pour les
orphelins ou les autres branches de l'Oeuvre, le
facteur m'apporta un petit paquet enveloppé
de papier brun et une lettre. Mes visiteurs
partirent et continuèrent leurs visites. Je
ne les avais donc pas convaincus... Pour moi, en
rentrant, j'ouvris le paquet que le facteur venait
de me remettre. Le Seigneur me donnait une nouvelle
preuve de la bénédiction qu'il
attache à l'obéissance à ses
commandements tels que nous les enseigne
l'Écriture : le paquet contenait cinq
cents francs envoyés d'Irlande et un dessus
de tabouret brodé ; la lettre qui
venait de Seaton m'apportait vingt-cinq
francs ; ces sommes ajoutées au contenu
des boîtes des orphelinats relevées ce
même jour, me donnaient plus de cinq cent
cinquante francs pour les orphelins.
Lundi 10
juin. - Nous
nous sommes réunis pour prier quelques-uns
de nos collaborateurs et moi ; nous avons
particulièrement demandé au Seigneur
son secours pour la rédaction du prochain Rapport afin qu'il
voulût bien faire
reposer sur ce travail et sur l'Assemblée
générale que nous pensons convoquer,
le sceau de sa
bénédiction. Nous lui avons
demandé la conversion de nos chers
orphelins, toute la grâce et la sagesse
nécessaires pour ceux qui ont quelque part
dans l'Oeuvre, des subsides pour nos écoles
de semaine, des fonds en suffisance pour pouvoir
envoyer l'ordre d'achat de gruau d'avoine qu'on
fait venir d'Écosse, de l'argent pour
repeindre les Orphelinats, enfin les subsides
nécessaires aux dépenses
courantes...
Ce matin au culte de
famille,
j'avais lu ce passage :
« Demandez
et vous
recevrez, cherchez et vous trouverez, heurtez et on
vous ouvrira »
(Matthieu
VII : 7). Je m'en
suis
emparé immédiatement ; puis
ensuite j'ai repris ce texte avec mes
collaborateurs pour plaider avec Dieu, et il m'a
exaucé une fois de plus...
Dieu continuait
d'envoyer le
nécessaire jour après jour ;
mais le 7 juillet enfin, A. B. envoyait une somme
de mille deux cent cinquante francs qui permettait
de faire la commande d'une tonne de gruau. Or ce
don arrivait exactement au moment où le
correspondant de M. Müller, qui se chargeait
de ces achats, un frère d'Écosse, lui
écrivait pour proposer un marché
très avantageux de cette denrée. La
coïncidence entre le don et l'avis
d'Écosse frappa George Müller, et il le
souligna dans son journal.
14 juillet.
- Voici le
jour fixé pour arrêter les comptes.
Jusqu'ici Dieu nous a aidés et nous sommes
pleins de confiance pour l'avenir. L'encaisse est
de quarante francs. Du 10 mai 1842 au 14 juillet
1844, il a été dépensé
pour les orphelins soixante-deux mille cent
quatre-vingt-six francs.
31 décembre
1844.
- Après quelques considérations sur
le total de ce qu'il a reçu, le voyage de
retour d'Allemagne, etc.... G. Müller ajoute:
Une dame chrétienne a
voulu se charger complètement de notre
chère enfant, instruction et pension, et a
absolument refusé tout salaire. C'est un
cadeau de douze cent cinquante francs qu'elle nous
fait de la sorte. Dieu m'a mis au coeur de
m'occuper de pauvres orphelins, et maintenant
à titre de récompense dès
ici-bas, il a mis au coeur de cette soeur
chrétienne de prendre notre chère
fille dans sa pension, de sorte qu'elle
reçoit une instruction et une
éducation de premier ordre, sans qu'il m'en
coûte rien. Certes j'avais assez pour payer,
et je l'aurais fait très volontiers, mais le
Seigneur a voulu m'offrir le montant de cette
pension, pour me montrer qu'il est toujours
prêt à subvenir abondamment à
tous mes besoins.
6 janvier
1845. - MAUVAISES
NOUVELLES DE
STUTTGART. - J'ai reçu la très
douloureuse nouvelle qu'un faux docteur venu de
Suisse s'est introduit parmi les frères et
les soeurs de Stuttgart, qu'il en a
entraîné un grand nombre dans
l'erreur, et que chez plusieurs, le fondement
même de la foi a été
ébranlé.
Je ne puis dire toute
l'amertume
de cette épreuve je souffre de voir que le
Seigneur est déshonoré, et que le
travail des sept mois que j'ai passés
là-bas semble réduit à
néant. Mais le Seigneur a mis sur mon coeur
un tel fardeau de prière pour ces
frères et soeurs égarés que je
puis les lui présenter chaque jour, et que
j'ai pris la résolution de retourner
à Stuttgart, si j'en vois la
possibilité.
3 mai.
- Voilà
quatre mois que je prie quotidiennement pour eux,
sans demander à Dieu qu'il m'envoie les
fonds suffisants pour les rejoindre, parce que je
crois qu'il les enverra au moment favorable, et
aussi parce qu'il n'avait pas incliné mon
coeur à le faire
jusqu'ici. Mais aujourd'hui, je me suis senti
poussé à demander les moyens de me
rendre là-bas, et j'éprouvais une
secrète satisfaction à penser
à tout ce qui était
nécessaire : frais de voyage, aller et
retour, frais de séjour, frais d'impression
pour des traités en allemands, des fonds
pour l'oeuvre à Bristol, afin qu'elle
fût pourvue avant mon départ au moins
pour quelque temps... Je ne désire pas
partir si le Seigneur ne le veut pas ; mais
s'il le veut, il peut m'en donner les moyens.
À peu près un quart d'heure
après que, pour la première
fois, nous avions prié à ce sujet
ma chère femme et moi, je reçus une
lettre contenant douze mille cinq cents francs avec
cette indication : pour le voyage en
Allemagne ; et le surplus, pour l'oeuvre que
vous dirigez.
19 juillet. -
Ma
chère femme et moi nous avons quitté
Bristol ce matin pour Stuttgart.
Ce nouveau séjour en
Allemagne fut accompagné de
bénédictions presque plus nombreuses
que le précédent. Des portes
s'ouvrirent devant M. Müller qui eut de
nombreuses occasions d'annoncer la
vérité ; l'église de
Stuttgart fut aidée à reprendre pied,
et deux cent vingt mille traités furent
imprimés en allemand : onze sujets
différents y étaient exposés.
(F.-C. WARNE). Müller tint jusqu'à huit
réunions par semaine. Dieu pourvut à
sa manière (c'est-à-dire d'une
manière extraordinaire) à tous ses
besoins. Ainsi un riche médecin qui n'avait
jamais loué ses appartements les lui offrit,
de sorte qu'il fut confortablement logé,
alors que la ville était remplie
d'étrangers et les appartements difficiles
à trouver. De façon providentielle,
on lui offrit la chaire d'une église
nationale. C'était une occasion de faire
entendre la vérité, et bien qu'il ne
fût pas d'accord sur tous les principes de
cette Église, il accepta. (PIERSON). Le
séjour de Stuttgart dura sept
semaines ; après quoi G. Müller se
mit à la recherche d'une voiture qu'il loua.
Donnons-lui à nouveau la parole :
« En
Allemagne,
impossible de prêcher dans les rues et les
places publiques, autrement je l'eusse fait
volontiers. J'ai dû recourir aux
imprimés et j'ai distribué onze cents
exemplaires du « Récit », et
des dizaines de milliers de traités. En ce
faisant, je me sentais encouragé par la
pensée que c'est au moyen d'imprimés
surtout, que la Réforme avait fait son
oeuvre.
Dix-sept jours durant,
nous
avons voyagé dans une voiture, que j'avais
louée, couvrant de quarante à
cinquante kilomètres chaque jour. J'avais
fait faire une caisse spéciale qui pouvait
contenir trente mille traités et qu'on
amarrait à l'arrière de la voiture.
Sur le devant, des valises remplies de
« Récits » et encore des
traités. Pendant ce voyage, ma chère
femme et moi nous attendions les voyageurs qui se
présentaient, ou bien nous nous adressions
aux personnes que nous rencontrions le long du
chemin, et leur donnions livres ou
traités.
Le lecteur demandera
peut-être : « Et quel a
été le résultat de ce
travail ? » - À quoi je
répondrai : « Dieu seul le
sait... ». Mais si je pense aux huit mois
de prières qui ont
précédé le temps des
semailles, aux prières quotidiennes qui ont
accompagné et suivi celles-ci, j'ai le droit
d'attendre des fruits et j'en attends... Deux cent
vingt mille traités ont été
distribués, Dieu aidant, quelques-uns sont
allés jusque dans les recoins les plus
enténébrés de l'Europe,
d'autres en Amérique et jusqu'en Australie.
Les quatre mille brochures de l'édition
allemande du « Récit »
sont presque épuisées. Et je suis
amené à considérer la
possibilité d'une édition en
français (5). Les traités ont
été réimprimés
à Hambourg et à Cologne, et des
chrétiens s'occupent de les répandre.
Ils sont aussi distribués en Angleterre et
en plusieurs autres contrées.
Ne pouvant
évangéliser de façon directe,
M. et Mme Müller firent donc du colportage.
Même ceci aurait pu être interdit par
la police. Mais Dieu ne le permit pas ; et
aucune entrave ne fût mise à
l'activité de ses serviteurs. (F.-G. WARNE).
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