Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE XI

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L'HISTOIRE D'UN DON. -
UNE LETTRE DE STUTTGART. -
« Mme G. OFFRE DE TRADUIRE « LE RÉCIT » EN ALLEMAND. -
L'APPEL DE FRÈRE CHAPMAN. - OBSTACLES LEVÉS. DÉPART. - À STUTTGART. - ÉPREUVES. - COMBAT POUR LA FOI. - DU BAPTÊME. - DU SAINT-ESPRIT DANS LES ASSEMBLÉES FIDÈLES. -
IMPRESSION DU « RÉCIT » EN ALLEMAND. -
MON IMPRIMEUR TIENT PAROLE. -
À LA RECHERCHE D'UN LIBRAIRE. - RETOUR A BRISTOL. -
DEUX MANIÈRES D'OBTENIR DE L'ARGENT. -
« L'OR ET L'ARGENT SONT À MOI, DIT L'ÉTERNEL ». -
MAUVAISES NOUVELLES DE STUTTGART. - NOUVELLE VISITE. - COLPORTAGE.


 

L'ABONDANCE revenait enfin avec un don de douze mille cinq cents francs. Ce don a toute une histoire que nous voulons essayer de résumer en quelques lignes :

Le 25 octobre 1842, une soeur pauvre était venue voir M. Müller et lui avait ouvert son coeur. Comme elle prenait congé, il lui avait dit sa sympathie, et que si jamais elle en avait besoin, sa maison et sa bourse étaient à sa disposition ; qu'il serait enchanté si elle voulait accepter de ne faire qu'une bourse avec lui.

« À cause d'une chose qui s'était passée deux jours auparavant, j'avais tout lieu de croire qu'elle ne possédait rien ou à peu près », écrit G. Müller dans son journal. Ma visiteuse me prit au mot. Tout aussitôt elle me dit qu'elle en serait enchantée et ajouta qu'elle avait douze mille cinq cents francs. Dès que je l'entendis, je revins sur mon offre, lui expliquant que je la croyais pauvre, et je lui donnai les raisons que j'avais eues de le croire - Eh bien non ! elle possédait ces cinq cents livres sterling... Dieu avait mis cette somme entre ses mains sans qu'elle le recherchât, elle considérait donc que c'était lui qui avait constitué cette réserve à son intention et elle n'y touchait pas. » C'est à peine si je répondis quoique ce soit, et toute la conversation sur cette question d'argent ne dura que quelques secondes ; mais en partant elle ajouta :
« Voulez-vous prier pour moi à ce sujet » ?

Après qu'elle fut partie, je demandai donc au Seigneur de la combler de joie, de cette joie que seul il peut donner, et de lui faire réaliser les richesses de son héritage éternel, à ce point, que pressée par l'amour de Christ, elle pût déposer avec joie son argent aux pieds de son Sauveur. Chaque jour, je présentais cette chère soeur à Dieu et parfois plusieurs fois par jour, mais je me gardai bien d'aborder à nouveau le sujet avec elle, considérant qu'il était préférable qu'elle conservât sa réserve, que de la donner sous quelque influence, autre que celle du Seigneur, ce qui ne manquerait pas de provoquer des regrets. Il y avait vingt-quatre jours que je priais ainsi pour elle, lorsqu'un soir, en rentrant à la maison, je la trouvai m'attendant, et désirant me parler en particulier. Elle me dit alors qu'elle avait étudié les Écritures à propos de cette somme d'argent depuis notre précédente conversation, et qu'elle était convaincue maintenant que le Seigneur la lui demandait. » Je lui conseillai alors de ne rien faire avec précipitation, de bien compter le prix, d'attendre encore une quinzaine au moins avant de prendre une décision définitive.

Dix-huit jours après, je reçus cette lettre :
« Cher Frère, Je crois que Dieu n'a pas permis que vous vous fatiguiez de prier pour moi, et qu'il vous a aidé à continuer de le faire. Tout va bien à mon endroit. Votre requête a été entendue et exaucée. Je suis heureuse et j'ai la paix. En vérité, Dieu m'a manifesté ses tendres soins et son grand amour en Jésus, et il a incliné mon coeur à déposer joyeusement aux pieds de mon Sauveur, tout ce que jusque-là, j'avais considéré comme mien. C'est un grand privilège.

« J'écris à la hâte pour vous demander (puisque maintenant nous n'avons plus qu'une bourse), de bien vouloir toucher cette somme à une banque de Bristol. Je fais le nécessaire pour que l'argent vous soit remis, etc... »

Je répondis longuement à cette lettre et reçus à nouveau, le 18 décembre, un message de notre soeur, dont voici quelques extraits :
« Depuis, je n'ai pas eu le moindre doute sur ce que j'avais à faire... La Parole de Dieu est claire... je me repose sur elle. À cause de vos prières, aucune tentation n'a prévalu, je crois même pouvoir dire qu'aucune ne s'est élevée. Mais ceci pourrait survenir... Mon coeur est si mauvais, et ma foi si faible ! C'est pourquoi j'aimerais que vous demandiez à Dieu qu'il me gardât de l'offenser en regrettant, ne fût-ce qu'un instant, l'acte d'obéissance que je puis accomplir par sa grâce...

« Avant de vous avoir jamais vu j'avais demandé au Seigneur qu'il inclinât mon coeur à vous offrir cette somme, si la chose était selon sa volonté. Alors, évidemment son heure n'était pas encore venue. Cependant, en une certaine mesure le don était fait ; puisque je vous léguais la somme par testament. Quand j'écrivis ce testament contresigné par deux témoins [pièce sous enveloppe à vous adressée et que, depuis, je portais toujours sur moi], j'étais loin de pressentir la grâce que Dieu tenait en réserve pour moi... »

À la fin de la lettre, elle m'avertissait que, quelques obstacles survenant, elle ne pouvait toucher immédiatement ce qui lui était dû, et que probablement la somme ne me serait versée que fin janvier 1843. L'annonce de ce retard aurait pu me jeter dans une grande perplexité. Mais le Seigneur m'aida à m'approprier la promesse du verset : « Nous savons que toutes choses concourent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rom. VIII : 28), de sorte que je continuai de jouir d'une grande paix, bien que nous n'eussions plus qu'un ou deux jours de vivres aux Orphelinats. Dès le lendemain, le 19 décembre, je recevais d'A. B. une somme de deux mille cinq cents francs ; le 22, d'un frère de Bristol, une autre de douze cent cinquante francs, ainsi que plusieurs autres dons. Dieu m'avait donné le secours de sa grâce, de sorte que j'avais pu faire de sa volonté mes délices ; et maintenant il m'envoyait environ cinq mille francs pour couvrir les grosses dépenses des stocks de vivres à renouveler, etc..., chose qui, humainement parlant, semblait impossible, lorsque je reçus l'annonce du retard du versement des douze mille cinq cents francs... »

Depuis quelque temps déjà, la question de l'ouverture d'un nouvel orphelinat occupait George Müller qui en faisait un sujet de prière : une quinzaine de fillettes auraient dû quitter la Maison des enfants en bas âge, elles y étaient restées parce que la place manquait dans l'Orphelinat des filles ; il fallait refuser de nombreuses demandes d'admission ; deux « soeurs » qualifiées étaient prêtes à prendre la direction de la maison à fonder ; un local libre à côté des autres orphelinats pouvait être aménagé avec les fonds qui restaient du don de douze mille cinq cents francs dont nous avons parlé ; enfin et surtout George Müller sentait que l'ouverture d'une nouvelle Maison après les cinq années d'épreuve de la foi traversées, serait la meilleure des preuves que loin de rien regretter et d'être las de cette façon de vivre qui attendait tout de Dieu par la foi, il était prêt à aller de l'avant. Cependant il exposa longuement cette question devant le Seigneur, priant tout spécialement pendant vingt-deux jours pour être guidé ; après quoi, il fut confirmé dans la pensée que l'heure avait sonné d'ouvrir une autre Maison.


LETTRE D'ALLEMAGNE.
- Alors que l'ont était en bonne marche pour l'ouverture du quatrième orphelinat, Müller recul une lettre de Stuttgart qui fut pour lui comme un appel à se rendre en Allemagne. L'auteur de cette missive, une dame allemande venue en Angleterre pour apprendre la langue, avait vécu un an à Bristol. La première fois qu'elle était venue voir M. Müller, parce qu'elle avait entendu dire qu'il était Allemand, elle lui avait demandé son concours à titre de compatriote : « Ne voulait-il pas l'aider à trouver des leçons ? » - Après lui avoir donné quelques informations utiles, M. Müller avait amené le grand sujet du salut, et s'était aperçu « qu'elle pouvait avoir eu des impressions religieuses de temps à autre, mais qu'elle ignorait le Seigneur ».


TRADUCTION DU « RÉCIT » EN ALLEMAND.
- Comme elle se levait pour prendre congé, je lui avais remis les deux premières parties du Récit en demandant à Dieu qu'il voulût bien en bénir la lecture pour sa conversion. Elle était revenue quelques temps après... Mes brochures l'avaient fort intéressée... Pouvait-elle les traduire en allemand ? J'aurais pu répondre que je ne croyais pas ses connaissances suffisantes : soit en anglais, soit dans les choses de la vie anglaise et surtout celles de la vie chrétienne puisqu'elle n'était pas convertie, qu'il lui serait donc impossible de faire une bonne traduction. Mais comme j'avais en vue ses intérêts spirituels, songeant qu'elle était sans occupation, que cette traduction la garderait des dangers de l'oisiveté, qu'elle pourrait ainsi améliorer son anglais, et surtout qu'une traduction l'obligerait à une étude plus serrée, plus approfondie du texte ce qui pouvait lui faire le plus grand bien, je l'y autorisai sans l'y encourager. Elle m'avait quitté en me donnant l'impression qu'elle allait se mettre à ce travail, de sorte que j'avais prié Dieu qu'il voulût bien le bénir pour la conversion de son âme.

Peu après, Mme G. m'avait apporté une partie de son manuscrit. Je l'avais accepté sans promettre de le lire, ayant peu de chance de pouvoir le faire faute de temps, Cependant, j'en avais lu quelques pages que j'avais trouvées mieux traduites que je n'avais supposé. À deux ou trois reprises, elle m'avait apporté son travail sans qu'il me fût possible de le lire, l'hiver s'était écoulé, et au printemps, au moment de repartir pour le Wurtemberg, elle était venue prendre congé. Après quelques instants de conversation sur sa situation, j'avais abordé à nouveau le grand sujet du salut. Je découvris alors que le sentiment de son péché, pesait lourdement sur elle, et que son coeur était brisé. Elle me confessa en pleurant qu'elle était une grande pécheresse ; et chacune de ses paroles me montrait qu'elle était prête à entendre le message du salut, et à être conduite vers Christ. Je passai donc deux heures avec elle, essayant de diriger ses regards sur Jésus dont le sang purifie de tout péché, celui qui regarde à lui avec foi.

Le lendemain elle était revenue et nous avions passé presque trois heures ensemble. Elle n'aurait pu quitter Bristol, sans me revoir, disait-elle. Elle avait passé la plus grande partie de la nuit à lire la Parole et à prier, et avait trouvé la paix en Jésus. Elle me dit alors comment l'Esprit de Dieu avait commencé d'agir en elle après qu'elle eût entrepris la traduction du « Récit ». Plus elle avançait dans ce travail, plus elle sentait son péché, jusqu'à ce qu'enfin sa décision fût prise de retourner en Allemagne. Quelques semaines après, octobre 1841, elle m'écrivit une longue lettre me confirmant dans la pensée que si elle n'était qu'un bébé en Christ, cependant cela elle l'était bien, et que l'oeuvre de la Grâce était vraiment commencée en elle. Puis plus rien, jusqu'en mai 1843. À cette date, une lettre écrite de Stuttgart me racontait sa vie depuis son retour en Wurtemberg. Elle avait cherché en vain des chrétiens vivant en conformité avec les vérités exposées dans le « Récit », et selon ce qu'elle avait vu dans notre Communauté de Bristol. Aux environs du Nouvel An, elle avait découvert une église baptiste, avait reçu le baptême, et s'était jointe à la Communauté en février. Mais elle y découvrait quantité de choses qui la rendaient perplexe ; l'église de Stuttgart était effectivement une église baptiste stricte, et elle désirait connaître ma pensée sur plusieurs points.


L'APPEL DE FRÈRE CHAPMAN.
- Or il se trouve qu'à plusieurs reprises déjà, durant les quatorze années de mon séjour en Angleterre, on m'avait demandé pourquoi je ne travaillais pas au milieu de mes compatriotes ? On m'avait montré l'importance du travail à faire, et personnellement je n'y étais pas insensible. Jusque-là, j'avais toujours répondu que je devais travailler dans l'endroit où Dieu m'avait appelé à le faire, et qu'il ne m'avait pas appelé en Allemagne. Quelques mois avant la réception des lettres de Mme G., frère R.-C. Chapman avait aussi placé la question sur mon coeur à son retour de Danemark. Il avait vu quelque chose de l'état spirituel des églises du Continent, dont il avait entendu dire plus encore. Presque chaque fois qu'il avait exposé quelque vérité devant les frères, il lui avait été répondu : « Sans doute, ceci est scripturaire ; vous avez raison. Mais si nous le mettions en pratique, quelles en seraient les conséquences ? Que deviendrions-nous, nous, nos femmes et nos enfants ? » cela ou quelque chose d'analogue. Aussi, dès son retour, frère Chapman était venu me faire une visite à ce propos. Il lui semblait que mon devoir était de consacrer un certain laps de temps à l'Allemagne, après tout ce que le Seigneur avait fait pour moi. Il pensait aussi que je devrais publier le « Récit » en allemand ce qui, avec la bénédiction de Dieu, pourrait fortifier la foi des frères, et les amener à vivre en conséquence...

Après avoir reçu la lettre de Mme G., je fis très particulièrement un sujet de prière de cette possibilité de travail en Allemagne, et j'arrivai à la conclusion qu'il était bien selon la volonté de Dieu que je partisse. Je me mis alors à présenter à Dieu toutes les difficultés de réalisation que je percevais, et très particulièrement celles-ci :

1° Le quatrième orphelinat devait être ouvert, donc tous les travaux achevés avant mon départ. Autrement il y aurait de l'argent perdu ; les promesses faites aux parents des orphelins ne seraient pas tenues, etc..., et je ne pouvais croire que Dieu voulait que j'abandonnasse l'oeuvre commencée, à moins de nécessité absolue, ce qui n'était pas le cas. Je demandai donc à Dieu qu'il voulût bien m'aider à mener à bien ce qui restait à faire, et ce n'était pas peu de chose.

2° Il me semblait nécessaire de laisser derrière moi plusieurs milliers de francs. Je devais donc obtenir une forte somme du Seigneur, par la prière, et humainement parlant, je ne discernais pas d'où elle pourrait venir.

3° Il me fallait aussi une somme d'argent suffisante pour entreprendre le voyage d'Allemagne et faire les frais de séjour à Stuttgart pendant quelque temps. Frais de voyage et de séjour doubles cette fois, car pour plusieurs raisons il me semblait nécessaire que ma chère femme m'accompagnât, et j'étais convaincu que c'était là la volonté de Dieu. L'état de sa santé ne me permettait plus de laisser retomber sur elle la responsabilité de l'Oeuvre des Orphelinats en mon absence.

4° J'étais convaincu que Dieu me demandait de publier le « Récit » en allemand. Je désirais faire faire une publication à bon marché, quelque chose à deux francs cinquante pour les deux volumes afin que les pauvres pussent l'acheter et qu'à l'occasion on put le donner. L'impression demanderait un certain temps, et j'étais décidé à faire tirer à quatre mille exemplaires. Qu'était-ce d'ailleurs que ce chiffre par rapport aux millions d'individus parlant l'allemand !

Seulement pour cela aussi il fallait de l'argent. Bien que les travaux d'impression ne fussent pas chers en Allemagne, j'estimais que la dépense serait de cent à deux cents livres sterling à peu près (1). Cela encore, je le dis au Dieu vivant ; puisqu'Il m'avait montré sa volonté, j'avais l'assurance qu'il me fournirait aussi, à moi qui n'avais rien, les moyens de l'accomplir. Bien plus, j'éprouvais une secrète satisfaction de la grandeur des difficultés qui barraient la route. Au lieu de m'accabler, elles remplissaient mon coeur de joie puisque je ne désirais qu'une seule chose : la volonté de Dieu... Car s'il était bien dans sa volonté que je partisse comme je le pensais, il supprimerait tous les obstacles ; et plus ceux-ci étaient grands, plus la preuve que j'aurais de la volonté divine serait évidente. D'autre part, si je me trompais, plus, vite je m'en rendrais compte, mieux cela vaudrait.

La prière et la foi, remèdes universels à tous les besoins et à toutes les difficultés, et la lecture de « la Parole » qui nourrit la prière et la foi, surmontèrent tous les obstacles (2).

D'abord ceux-ci avaient grandi : les dépenses dépassaient ce qu'on avait prévu, l'argent ne rentrait pas... Mais le 12 juillet, un papier était placé dans les mains de M. Müller qui, par là, se trouvait disposer de dix-sept mille cinq cent cinquante-quatre francs ; la note accompagnant ce don était ainsi conçue :

« 1° Pour les frères et les soeurs pauvres de notre bien-aimé Seigneur et Sauveur Jésus-Christ,
« 2° Pour envoyer les secours de l'Évangile aux chers frères allemands ou pour publier le Récit,
« 3° Pour les chers Orphelins,
« 4° Pour achever de payer les dépenses qu'entraînera la construction de la chapelle érigée pour l'assemblée des saints à Barnstaple.
« Je m'en remets au jugement du serviteur de Dieu, frère Müller, pour la part qu'il y a lieu d'attribuer à chacun des chapitres désignés ci-dessus, sachant que celui dont il est l'économe le guidera en ceci comme en toute autre chose. Que le saint nom du Seigneur soit béni pour la véritable joie que j'éprouve aujourd'hui à faire une chose dont l'accomplissement m'apparaissait il y a quelques semaines comme une douloureuse épreuve d'obéissance. »
« Trois des obstacles qui barraient ma route se trouvaient enlevés... Les autres le furent aussi, et le 9 août, ma femme, Miss W. une soeur allemande, et moi, nous quittions Bristol. Durant cette absence je n'ai pas tenu de journal, je ne puis donc donner le détail de mon activité. » [Autobiographie.]

« M. Müller ne rédigea pas de journal, mais ses lettres nous en tiennent lieu, dit le Dr Pierson dans son livre - « G. Müller de Bristol ». Il visita Rotterdam, Weinheim, Cologne, Mayence, Stuttgart, Heidelberg, etc... Partout, il distribuait des traités, tenait des conversations avec les personnes rencontrées, enfin et surtout il lisait et expliquait la Parole de Dieu dans de petites assemblées de croyants qui s'étaient séparés de l'Eglise nationale pour diverses raisons...
C'est au début de son séjour à Stuttgart que sa foi fut mise à une très rude épreuve. On l'avertissait que les dix-sept mille cinq cent cinquante-quatre francs offerts étaient retirés ! George Müller fit le silence sur cette affaire (3). D'ailleurs il lui eût été difficile d'en parler sans nuire à la partie en cause... Ce ne fut pas la seule épreuve qui l'atteignit. Au contraire, des difficultés surgissaient de toutes parts, si nombreuses, si grandes, si diverses, qu'il eut besoin de toute la sagesse, de toute la grâce que Dieu lui avaient départies, de toute l'expérience acquise au cours des années passées, pour n'en être pas accablé. Toutes ces épreuves ne purent troubler la paix dont il jouissait. Il dit même qu'il avait la conviction si entière, si absolue que tout cela révélerait en son temps la bonté de Dieu, qu'il n'y aurait rien changé, même s'il avait été en son pouvoir de le faire. Ses plus grandes épreuves portèrent effectivement les plus riches moissons, et parfois même toute une série de bénédictions. Il fut amené en particulier à adorer la sagesse divine qui avait déterminé le moment de son voyage : S'il était parti pour l'Allemagne plus tôt, il aurait devancé l'heure, parce qu'il n'aurait pas encore eu toute l'expérience requise pour résoudre les questions complexes qui l'attendaient en son pays. Quand les ténèbres obscurcissaient sa route, sa foi l'aidait à attendre la lumière, en tout cas une direction dans les ténèbres, et il vit s'accomplir en sa faveur la promesse de ce texte : « Tandis que tu avanceras pas à pas, un chemin s'ouvrira devant toi » (lire dans l'hébreu le texte de Proverbes IV : 12).

À Stuttgart, il découvrit qu'il lui fallait combattre, comme autrefois Jude, « pour la foi donnée aux saints une fois pour toutes ». Même parmi les frères, de nombreuses erreurs avaient jeté de profondes racines. La principale consistait à donner au baptême une importance exagérée, excessive, hors de toute proportion avec l'enseignement des Écritures. Un frère avait été jusqu'à prêcher que sans le baptême, il ne pouvait y avoir de nouvelle naissance ! Avant le baptême, pas de rémission des péchés ! Les Apôtres n'étaient pas nés d'En-Haut avant la Pentecôte ; le Seigneur lui-même était né de nouveau seulement après son baptême, et seulement alors et jusqu'à la fin de sa vie mortelle il avait cessé d'être sous la Loi ! Quantité d'autres notions fantaisistes avaient cours : le vieil homme mourait vraiment dans les eaux du baptême, et par le baptême Dieu contractait une alliance avec l'homme ; c'était un péché que de communier avec des croyants non baptisés, ou, avec les membres de l'Eglise nationale ; enfin on croyait généralement que le pain et le vin consacrés n'étaient pas des symboles, mais se transformaient vraiment en sang et en corps de Christ.

Il y avait une doctrine bien plus dangereuse encore contre laquelle George Müller s'éleva de toutes ses forces et qu'il nomme « UNE ÉPOUVANTABLE ERREUR ». D'après celle-ci, qui était universellement répandue en Allemagne, tous les pécheurs étaient sauvés en fin de compte, et même les démons !
Avec calme et courtoisie, mais aussi avec courage et fermeté, Müller s'éleva contre toutes ces erreurs et d'autres encore, en s'appuyant sur le témoignage des Écritures. Ceci provoqua beaucoup d'amertume et même d'animosité chez les adversaires aveugles de la vérité...

George Müller s'aperçut aussi qu'autour de lui on ignorait les grandes vérités scripturaires de la présence et de la puissance du Saint-Esprit dans l'Eglise, du ministère mutuel des saints en tant que membres du Corps de Christ, auxquels le Saint-Esprit distribue ses dons selon qu'il lui plaît en vue de leur service. C'était une lacune qu'il essaya de combler ; car du fait de leur ignorance sur ce point, les assemblées de frères, au lieu d'être un moyen de sainte édification dans la foi, devenaient le plus souvent l'occasion de discussions inutiles.

Le seul remède à de tels errements et à de telles lacunes, c'était d'enseigner fidèlement ce que révèle la Parole de Dieu. C'est ce que fit G. Müller, assumant à lui seul la tâche d'instruire l'assemblée, afin que la Parole de Dieu eût libre cours et fût glorifiée. Ensuite, lorsque les frères se furent appropriés la vérité en une certaine mesure, conséquent avec lui-même, avec humilité, il reprit sa place dans l'Assemblée, comme en étant l'un des membres, tous pouvant enseigner selon qu'ils y étaient conduits par le Saint-Esprit. Il mit l'accent sur cette présence directrice du Saint-Esprit dans l'assemblée des saints. C'est un devoir et un privilège que de lui laisser la direction ; si rien ne s'élève qui fasse obstacle c'est lui qui incline tel ou tel frère à parler à tel moment, sur tel ou tel sujet selon ce qu'il veut, et lorsque les chrétiens ne sont pas charnels, le choix de l'Esprit est toujours en harmonie avec le leur.
Cette direction de l'Esprit dans l'assemblée des fidèles, et ses manifestations chez tous les croyants pour l'utilité commune ressort des passages ci-après : 1 Cor. XII, Romains XII, Ephés. IV, etc.

À propos de cette visite de M. Müller, on fit courir le bruit qu'il avait été délégué en Allemagne par l'Eglise baptiste d'Angleterre pour ramener les frères allemands séparés dans l'Eglise nationale ; un journal religieux avait accueilli cette étrange explication, et l'avait mise en circulation. Ceci était inexact ; mais Müller ne put le démentir, l'ayant ignoré jusqu'au moment de son retour en Angleterre. Le Seigneur qui avait permis que cette erreur se propageât la fit servir à ses fins ; et c'est à cause de cela que les autorités allemandes n'inquiétèrent pas G. Müller. Bien qu'il eût exercé son ministère durant de longs mois parmi des frères séparés de l'Eglise nationale, aucune entrave ne fut mise à son activité, et il jouit d'une entière liberté. (Pierson).

1er janvier 1844. - Hier soir, j'ai rencontré au thé toute la petite église de Stuttgart. Les dernières heures de l'année ont été consacrées à la prière.


IMPRESSION DU « RÉCIT » EN ALLEMAND.
- Alors que j'avais déjà achevé la préparation d'une bonne partie du Récit pour l'impression, le Seigneur me fit trouver, par l'intermédiaire d'un frère que je connais depuis huit ans :
1° un fabricant qui m'a cédé à bon compte le papier nécessaire à l'impression de cet ouvrage, et
2° un imprimeur qui s'est engagé à tirer deux feuilles (4) par semaine.

MON IMPRIMEUR. - C'est un homme estimable et qui tient parole, de sorte que six semaines à l'avance j'ai pu fixer au 26 février la date de notre départ de Stuttgart. Pour plusieurs raisons, il est très nécessaire que je sois à Bristol à cette époque ; c'est pourquoi j'ai la conviction d'avoir été guidé vers lui par Dieu. J'ai tout lieu de supposer que cet homme craint le Seigneur...


TENIR LA PAROLE DONNÉE.
- À ce propos, je voudrais supplier ici tous ceux qui aiment le Seigneur Jésus et qui sont dans le commerce ou les affaires, de se garder de faire des promesses, par amour pour lui, à moins qu'ils n'aient la certitude de pouvoir tenir leurs engagements, et ceci à cause du Seigneur qu'ils font profession d'aimer. Même dans les petites choses de la vie, nous pouvons honorer ou déshonorer Dieu, et c'est à ces choses que les incrédules regardent. Pourquoi entend-on dire si souvent, et parfois avec quelque raison : les chrétiens font de mauvais serviteurs, de mauvais commerçants, de mauvais maîtres ? Ceci ne devrait jamais être vrai, puisque nous sommes puissants avec Dieu pour obtenir par la prière et la foi toute la grâce toute la sagesse, tout le savoir-faire dont nous avons besoin.


À LA RECHERCHE D'UN LIBRAIRE.
- Tandis que l'impression du Récit se poursuivait, je me suis occupé de trouver un libraire qui voulût bien s'occuper de la vente. Ceux à qui je me suis adressé ont refusé ma demande ; sans doute parce que je n'appartiens pas à l'Eglise nationale ; d'ailleurs l'un d'eux me l'a dit nettement. Sans me décourager, je me suis mis à prier avec ma chère femme. Durant quatre semaines, nous avons quotidiennement prié à ce sujet ; puis je me suis adressé à un autre libraire, et celui-ci a accepté sans hésitation. Il est entendu qu'il prélèvera une commission sur la vente. Il aura un stock de deux mille exemplaires, et je garderai le reste, soit aussi deux mille exemplaires, par devers moi.

Cher lecteur, il n'y a pas de difficultés sur la route du chrétien qui ne puissent être vaincues. À titre d'enfants du Père céleste, nous sommes puissants auprès de lui par la foi et la prière qui font descendre d'En-Haut d'abondantes bénédictions.

- Ma chère femme et moi, nous avons quitté Stuttgart le 26, et nous sommes arrivés à Bristol le 6 mars. Certes, depuis que nous avions discerné que Dieu nous rappelait en Angleterre, il nous tardait d'y rentrer ; et cependant nous étions déjà si fortement attachés aux frères de Stuttgart que le plaisir du départ a été grandement tempéré par la tristesse. Notre consolation fut de pouvoir remettre ceux que nous laissions entre les mains du Bon Berger.

DEUX MANIÈRES D'OBTENIR DE L'ARGENT.
- 23 mai. - Ces temps-ci le Seigneur subvient à nos besoins au jour le jour... Nous recevons le nécessaire, mais nous. sommes pauvres ; il ne nous reste rien pour le lendemain. Deux visiteurs qui font profession d'être chrétiens sont venus me voir aujourd'hui ; ils vont de maison en maison et visitent ainsi toute la rue Wilson où j'habite, pour collecter les fonds nécessaires à l'extinction d'une dette contractée pour la construction d'une chapelle. J'ai essayé de leur démontrer qu'en allant chercher de l'argent chez tous, même chez les ennemis de Dieu, ils le déshonoraient ! Si leur oeuvre est selon la volonté divine, Dieu enverra le nécessaire ; sinon mieux valait se défaire de ce qui ne pouvait subsister qu'avec un secours recueilli en frappant à toutes les portes : celles des croyants et celles des autres. 


« L'OR ET L'ARGENT SONT À MOI, DIT L'ÉTERNEL. »
- Ils me dirent alors que l'argent et l'or appartenaient à Dieu et qu'ils se sentaient donc libres d'aller le chercher ici et là. - « C'est justement parce que l'argent et l'or sont à Dieu, dis-je, que nous ses enfants, nous n'avons pas besoin d'aller chercher des contributions pour son oeuvre chez ses ennemis. » À cet instant même, alors que je parlais pour Dieu bien que je n'eusse à ce moment-là pas un sou en poche pour les orphelins ou les autres branches de l'Oeuvre, le facteur m'apporta un petit paquet enveloppé de papier brun et une lettre. Mes visiteurs partirent et continuèrent leurs visites. Je ne les avais donc pas convaincus... Pour moi, en rentrant, j'ouvris le paquet que le facteur venait de me remettre. Le Seigneur me donnait une nouvelle preuve de la bénédiction qu'il attache à l'obéissance à ses commandements tels que nous les enseigne l'Écriture : le paquet contenait cinq cents francs envoyés d'Irlande et un dessus de tabouret brodé ; la lettre qui venait de Seaton m'apportait vingt-cinq francs ; ces sommes ajoutées au contenu des boîtes des orphelinats relevées ce même jour, me donnaient plus de cinq cent cinquante francs pour les orphelins.

Lundi 10 juin. - Nous nous sommes réunis pour prier quelques-uns de nos collaborateurs et moi ; nous avons particulièrement demandé au Seigneur son secours pour la rédaction du prochain Rapport afin qu'il voulût bien faire reposer sur ce travail et sur l'Assemblée générale que nous pensons convoquer, le sceau de sa bénédiction. Nous lui avons demandé la conversion de nos chers orphelins, toute la grâce et la sagesse nécessaires pour ceux qui ont quelque part dans l'Oeuvre, des subsides pour nos écoles de semaine, des fonds en suffisance pour pouvoir envoyer l'ordre d'achat de gruau d'avoine qu'on fait venir d'Écosse, de l'argent pour repeindre les Orphelinats, enfin les subsides nécessaires aux dépenses courantes...

Ce matin au culte de famille, j'avais lu ce passage :
« Demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez, heurtez et on vous ouvrira » (Matthieu VII : 7). Je m'en suis emparé immédiatement ; puis ensuite j'ai repris ce texte avec mes collaborateurs pour plaider avec Dieu, et il m'a exaucé une fois de plus...

Dieu continuait d'envoyer le nécessaire jour après jour ; mais le 7 juillet enfin, A. B. envoyait une somme de mille deux cent cinquante francs qui permettait de faire la commande d'une tonne de gruau. Or ce don arrivait exactement au moment où le correspondant de M. Müller, qui se chargeait de ces achats, un frère d'Écosse, lui écrivait pour proposer un marché très avantageux de cette denrée. La coïncidence entre le don et l'avis d'Écosse frappa George Müller, et il le souligna dans son journal.

14 juillet. - Voici le jour fixé pour arrêter les comptes. Jusqu'ici Dieu nous a aidés et nous sommes pleins de confiance pour l'avenir. L'encaisse est de quarante francs. Du 10 mai 1842 au 14 juillet 1844, il a été dépensé pour les orphelins soixante-deux mille cent quatre-vingt-six francs.

31 décembre 1844. - Après quelques considérations sur le total de ce qu'il a reçu, le voyage de retour d'Allemagne, etc.... G. Müller ajoute:
Une dame chrétienne a voulu se charger complètement de notre chère enfant, instruction et pension, et a absolument refusé tout salaire. C'est un cadeau de douze cent cinquante francs qu'elle nous fait de la sorte. Dieu m'a mis au coeur de m'occuper de pauvres orphelins, et maintenant à titre de récompense dès ici-bas, il a mis au coeur de cette soeur chrétienne de prendre notre chère fille dans sa pension, de sorte qu'elle reçoit une instruction et une éducation de premier ordre, sans qu'il m'en coûte rien. Certes j'avais assez pour payer, et je l'aurais fait très volontiers, mais le Seigneur a voulu m'offrir le montant de cette pension, pour me montrer qu'il est toujours prêt à subvenir abondamment à tous mes besoins.


6 janvier 1845. - MAUVAISES NOUVELLES DE STUTTGART. - J'ai reçu la très douloureuse nouvelle qu'un faux docteur venu de Suisse s'est introduit parmi les frères et les soeurs de Stuttgart, qu'il en a entraîné un grand nombre dans l'erreur, et que chez plusieurs, le fondement même de la foi a été ébranlé.

Je ne puis dire toute l'amertume de cette épreuve je souffre de voir que le Seigneur est déshonoré, et que le travail des sept mois que j'ai passés là-bas semble réduit à néant. Mais le Seigneur a mis sur mon coeur un tel fardeau de prière pour ces frères et soeurs égarés que je puis les lui présenter chaque jour, et que j'ai pris la résolution de retourner à Stuttgart, si j'en vois la possibilité.

3 mai. - Voilà quatre mois que je prie quotidiennement pour eux, sans demander à Dieu qu'il m'envoie les fonds suffisants pour les rejoindre, parce que je crois qu'il les enverra au moment favorable, et aussi parce qu'il n'avait pas incliné mon coeur à le faire jusqu'ici. Mais aujourd'hui, je me suis senti poussé à demander les moyens de me rendre là-bas, et j'éprouvais une secrète satisfaction à penser à tout ce qui était nécessaire : frais de voyage, aller et retour, frais de séjour, frais d'impression pour des traités en allemands, des fonds pour l'oeuvre à Bristol, afin qu'elle fût pourvue avant mon départ au moins pour quelque temps... Je ne désire pas partir si le Seigneur ne le veut pas ; mais s'il le veut, il peut m'en donner les moyens. À peu près un quart d'heure après que, pour la première fois, nous avions prié à ce sujet ma chère femme et moi, je reçus une lettre contenant douze mille cinq cents francs avec cette indication : pour le voyage en Allemagne ; et le surplus, pour l'oeuvre que vous dirigez.

19 juillet. - Ma chère femme et moi nous avons quitté Bristol ce matin pour Stuttgart.
Ce nouveau séjour en Allemagne fut accompagné de bénédictions presque plus nombreuses que le précédent. Des portes s'ouvrirent devant M. Müller qui eut de nombreuses occasions d'annoncer la vérité ; l'église de Stuttgart fut aidée à reprendre pied, et deux cent vingt mille traités furent imprimés en allemand : onze sujets différents y étaient exposés. (F.-C. WARNE). Müller tint jusqu'à huit réunions par semaine. Dieu pourvut à sa manière (c'est-à-dire d'une manière extraordinaire) à tous ses besoins. Ainsi un riche médecin qui n'avait jamais loué ses appartements les lui offrit, de sorte qu'il fut confortablement logé, alors que la ville était remplie d'étrangers et les appartements difficiles à trouver. De façon providentielle, on lui offrit la chaire d'une église nationale. C'était une occasion de faire entendre la vérité, et bien qu'il ne fût pas d'accord sur tous les principes de cette Église, il accepta. (PIERSON). Le séjour de Stuttgart dura sept semaines ; après quoi G. Müller se mit à la recherche d'une voiture qu'il loua. Donnons-lui à nouveau la parole :

« En Allemagne, impossible de prêcher dans les rues et les places publiques, autrement je l'eusse fait volontiers. J'ai dû recourir aux imprimés et j'ai distribué onze cents exemplaires du « Récit », et des dizaines de milliers de traités. En ce faisant, je me sentais encouragé par la pensée que c'est au moyen d'imprimés surtout, que la Réforme avait fait son oeuvre.

Dix-sept jours durant, nous avons voyagé dans une voiture, que j'avais louée, couvrant de quarante à cinquante kilomètres chaque jour. J'avais fait faire une caisse spéciale qui pouvait contenir trente mille traités et qu'on amarrait à l'arrière de la voiture. Sur le devant, des valises remplies de « Récits » et encore des traités. Pendant ce voyage, ma chère femme et moi nous attendions les voyageurs qui se présentaient, ou bien nous nous adressions aux personnes que nous rencontrions le long du chemin, et leur donnions livres ou traités.

Le lecteur demandera peut-être : « Et quel a été le résultat de ce travail ? » - À quoi je répondrai : « Dieu seul le sait... ». Mais si je pense aux huit mois de prières qui ont précédé le temps des semailles, aux prières quotidiennes qui ont accompagné et suivi celles-ci, j'ai le droit d'attendre des fruits et j'en attends... Deux cent vingt mille traités ont été distribués, Dieu aidant, quelques-uns sont allés jusque dans les recoins les plus enténébrés de l'Europe, d'autres en Amérique et jusqu'en Australie. Les quatre mille brochures de l'édition allemande du « Récit » sont presque épuisées. Et je suis amené à considérer la possibilité d'une édition en français (5). Les traités ont été réimprimés à Hambourg et à Cologne, et des chrétiens s'occupent de les répandre. Ils sont aussi distribués en Angleterre et en plusieurs autres contrées.

Ne pouvant évangéliser de façon directe, M. et Mme Müller firent donc du colportage. Même ceci aurait pu être interdit par la police. Mais Dieu ne le permit pas ; et aucune entrave ne fût mise à l'activité de ses serviteurs. (F.-G. WARNE).


(1) Soit deux mille cinq cents à cinq mille francs, si la livre sterling était au pair à l'époque. 

(2) En 1895, G. Müller ajoutait à ce passage les lignes suivantes : Depuis que je suis à Christ, c'est-à-dire depuis plus de soixante-neuf ans, je ne me souviens pas d'avoir jamais cherché SINCÈREMENT et PATIEMMENT la volonté de Dieu, sans qu'il me l'ait fait connaître par son Saint-Esprit au moyen des Écritures, et il m'a TOUJOURS conduit parfaitement. Mais lorsque mon coeur manqua de droiture devant Dieu, ou que je n'attendis pas avec patience qu'il me guidât, ou que je préférai les conseils des hommes à la Parole du Dieu vivant, j'ai commis de grandes erreurs. 

(3) Évidemment le retrait ne fut que partiel ou même momentané. Ceci ressort de ce passage de l'Autobiographie daté du 31 décembre 1843 : « Il a plu au Seigneur de me donner cette année 8.152,50. À Quoi IL FAUT AJOUTER TOUS LES FRAIS DE VOYAGE ET DE SÉJOUR EN ALLEMAGNE POUR LA PÉRIODE DU 9 AOÛT AU 31 DÉCEMBRE, LESQUELS FURENT PRÉLEVÉS SUR LA SOMME QUI M'AVAIT ÉTÉ REMISE AVANT NOTRE DÉPART.
N'est-il pas évident que nous servons un très bon Maître, même pour ce qui est des besoins temporels ? Et j'ai la plus grande joie à le souligner ! Si j'avais travaillé de tout mon pouvoir à obtenir un gros traitement en 1843, je n'aurais pu avoir davantage. C'est environ 10.000 francs que de façon ou d'autre le Seigneur m'a donnés sans que j'aie rien demandé à personne. Donc, plus qu'il n'était nécessaire, pour moi, pour ma famille, et pour exercer l'hospitalité. » 

(4) Il faut probablement comprendre deux feuilles de seize pages, comme cela se pratique encore aujourd'hui.

(5) Trois ans après ce projet était réalisé. Donc en 1848. 
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