Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE VII

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FONDATION DE L'INSTITUT POUR LA PROPAGATION DES ÉCRITURES DANS LE MONDE, RÈGLEMENT ET BUT. -
NAISSANCE D'UN FILS. - CHANGEMENT DE MAISON NÉCESSAIRE. - DIEU Y POURVOIT. - DIVERS EXAUCEMENTS. -
IRRITABILITÉ D'HUMEUR. - DES ÉCOLES SONT OUVERTES POUR ENFANTS PAUVRES. - LE CAS D'UN ORPHELIN ENVOYÉ A L'HOSPICE, OCCUPE LA PENSÉE DE G. MULLER. - ANNÉE TERMINÉE ET COMMENCÉE PAR LA PRIÈRE : 1834-1835. -
RETOUR DE FRÈRE GROVES. - INVITATION POUR L'ALLEMAGNE. - LES FRÈRES APPROUVENT CE PROJET. -
VOYAGE EN ALLEMAGNE. -
G. MULLER REVOIT SON PÈRE. -
RETOUR A BRISTOL. -
DEUILS. -
MALADIE. - CHANGEMENT D'AIR. - LANGUEUR ET RENOUVEAU SPIRITUELS.



 LA création d'une oeuvre à Bristol même semblait toujours plus nécessaire à 6. Müller, et son premier biographe, M. Warne, écrit qu'il avait de « multiples raisons pour souhaiter cette fondation plutôt que de subventionner les oeuvres existantes : Sociétés missionnaires, bibliques, des Traités religieux ou des Écoles ».
Ces raisons, nous les trouvons clairement exposées dans le journal de G. Müller :
« Pourquoi fonder une oeuvre à Bristol :

1° Toutes les sociétés existantes travaillent avec la pensée que le monde va s'améliorant et que bientôt il sera entièrement converti.... or ce n'est pas là l'enseignement des Écritures...

2° Elles s'allient au monde, en opposition aux commandements de Dieu. « Il suffit de donner une guinée ou même une demi-guinée pour devenir membre de l'une ou de l'autre. Le donateur peut vivre dans le péché, ou afficher son incrédulité... Qu'importe ! s'il donne la susdite cotisation il est membre, et a droit de vote. Donne-t-on davantage, de dix à vingt livres sterling par exemple ? On devient membre à vie, même si l'on fait ouvertement le mal. » Il est évident, que ceci ne doit pas être !

3° On demande de l'argent aux incrédules... Quelle différence avec la manière des premiers disciples [Lire III Jean : 7].

4° Les dirigeants, sont le plus souvent des gens riches et influents, mais ils ne sont pas convertis. C'est l'argent et le rang qui sont pris en considération lorsqu'il s'agit de choisir les présidents ou les orateurs. Jamais encore, à l'occasion des réunions publiques, je n'ai vu offrir la chaire à un serviteur du Maître PAUVRE, bien que fidèle et consacré. D'après ces principes, ni les pêcheurs de Galilée devenus apôtres, ni le Maître lui-même qu'on appelait « le Charpentier » n'auraient été invités à remplir cet office.

Enfin ces sociétés contractent des dettes. Il est rare de lire un rapport qui n'indique pas un chiffre de dépenses supérieur aux recettes, ce qui est contraire à la lettre et à l'esprit du Nouveau Testament (Rom. XIIl : 8).

Certes, il y a des enfants de Dieu dans ces sociétés, et Dieu bénit leurs travaux sous bien des rapports. Cependant, même si nous devions être traités de gens bizarres ou orgueilleux, qui se décernent un brevet de supériorité, nous croyons que Dieu nous appelle à nous en séparer, afin de pouvoir montrer aux fidèles en quoi ces sociétés ne se conforment pas aux enseignements de l'Écriture.

Les jeunes pasteurs de Bristol ne se croyaient donc pas appelés à soutenir les oeuvres existantes parce que sur plus d'un point elles étaient en désaccord avec ce qu'enseigne la Bible. D'autre part, ils se rendaient compte que ce serait une cause d'affaiblissement pour leurs Églises que de n'avoir pas d'activité missionnaire, de ne point s'occuper de la diffusion des Écritures, de la distribution des traités religieux, etc... D'où la nécessité de fonder un Institut missionnaire.

Le 9 mars 1834, une réunion publique fut convoquée et la question fut exposée devant les fidèles. « Séance toute ordinaire », écrit Müller dans son journal. Et cependant ce tout petit commencement inaugurait de grandes choses.
Nous avons proposé aux assistants les règles énoncées ci-après, et elles ont été adoptées.

I. Tout chrétien doit travailler de façon ou d'autre pour Christ ; et la Bible nous garantit que Dieu met sa bénédiction sur toute oeuvre de foi et d'amour. Il semble bien, d'après certains passages scripturaires [Matthieu XIII : 24-43, Il Timothée III : 1-13 et plusieurs autres], que le monde ne sera pas converti avant la venue du Seigneur Jésus. Cependant, aussi longtemps que le Seigneur tarde à venir, tous les moyens doivent être employés pour rassembler les élus.

Il. Dieu aidant, nous ne rechercherons pas le patronage du monde. Nous ne demanderons jamais le concours des personnes de haut rang et fortunées, mais inconverties, car ceci serait un déshonneur pour le Seigneur. « C'est au nom de l'Éternel, notre Dieu, que nous élèverons l'étendard » (Psaume XX : 6), Lui seul sera notre Bienfaiteur. S'il nous aide, nous prospérerons ; s'Il ne le fait pas, nous tomberons.

III. Nous n'avons pas l'intention de DEMANDER de l'argent aux incrédules (2 Cor. VI : 14, 18), toutefois nous ne nous sentons pas libres de refuser leurs contributions s'ils nous les offrent (Actes XXVIII: 2-10).

IV. Nous refusons absolument le concours des incrédules pour diriger l'Oeuvre ou y travailler de quelque manière que ce soit (2 Cor. VI : 14-18).

V. Nous n'étendrons pas notre champ d'activité en contractant des dettes et en lançant ensuite des appels à l'Eglise, ce qui est contraire à l'esprit et à la lettre du Nouveau Testament (Rom. XIII : 9), mais nous exposerons à Dieu les besoins de l'Oeuvre, et nous agirons dans la mesure des ressources qu'il mettra à notre disposition.

VI. Nous ne pensons pas devoir mesurer le succès au montant des sommes données ou au nombre de Bibles distribuées, etc... Mais nous examinerons devant Dieu si sa bénédiction repose sur l'Oeuvre de nos mains (Zacharie IV : 6), et nous comptons bien l'avoir dans la mesure où nous nous attendrons à Lui par la prière avec la force qu'il nous donnera.

VII. Bien que nous ne voulions pas nous singulariser inutilement, nous désirons cependant aller de l'avant, en obéissant aux Écritures et sans compromettre la Vérité. Nous sommes prêts à recevoir, avec reconnaissance, tous conseils basés sur la Bible que des chrétiens d'expérience voudraient nous donner relativement à l'Oeuvre que nous fondons.

Voici les buts poursuivis
Aider les écoles de semaine et du dimanche ; subventionner les cours d'adultes, dont l'enseignement repose sur des principes scripturaires. Ouvrir ce genre d'écoles si le Seigneur nous conduit à le faire en nous en donnant les moyens, et en nous envoyant les aides qualifiés. Nous aimerions placer des enfants pauvres à ces écoles.

Par écoles de semaine basées sur des principes scripturaires, nous entendons celles où l'enseignement est donné par des personnes pieuses, dont les leçons ne sont pas en désaccord avec les règles de l'Évangile. De même pour les Écoles du dimanche, il est nécessaire que les moniteurs soient chrétiens et que leur enseignement soit fidèle à l'Écriture. C'est à ces Écoles seulement que notre Oeuvre pourra venir en aide par le don de Bibles et de Nouveaux Testaments, ou autrement..., car il est anti-scripturaire que ceux qui ne croient pas soient autorisés à enseigner les autres. Mêmes clauses pour les cours d'adultes.

L'Oeuvre aidera à la diffusion des Écritures par des dons et des ventes à prix réduits. Nous croyons qu'il vaut mieux VENDRE à prix réduits que de donner, Toutefois, il pourra y avoir des dons lorsqu'il s'agira de personnes vraiment pauvres.

L'Oeuvre collaborera à l'action missionnaire en aidant les ouvriers qui travaillent selon les principes scripturaires.

Les dons seront proportionnellement répartis pour les objets que nous venons d'énumérer, si aucun n'a plus particulièrement besoin d'être aidé. Toutefois si les donateurs stipulent l'attribution de leurs dons, il sera fait comme ils le désirent.

L'Institut de Bristol était fondé. L'oeuvre devait prendre rapidement un tel développement que nous avons voulu reproduire in extenso les motifs qui déterminèrent sa création et les règles qui présidèrent à celle-ci. Non moins intéressant que le développement de l'oeuvre est celui de l'ouvrier que Dieu s'est choisi. Dénué de tout, humainement parlant, cet homme, qui a souvent une maison pleine de visiteurs, de parents, de frères en Christ et un porte-monnaie vide ou à peu près, s'avance dans la vie, les veux fixés sur Dieu et sur ses promesses, et réalise de grandes choses. Il n'a rien : ni argent, ni influence. Mais Dieu est riche, lui ! Il dispose de tous les trésors et il tient les coeurs en sa main. N'est-il pas le Tout-Puissant ?

Deux jours seulement avant cette séance mémorable, nous lisons dans le journal de G. Müller :
Aujourd'hui, nous n'avons plus qu'un shelling. Il est déjà arrivé, depuis que nous sommes à Bristol, que nous n'avons plus rien ou presque plus rien en porte-monnaie ; mais nos provisions n'ont jamais été épuisées au même point qu'à Teignmouth. Ce soir, en rentrant à la maison, nous avons trouvé un tailleur, un frère, qui nous attendait avec deux complets pour frère Craik et moi. Ces vêtements nous sont offerts par un membre d'église qui veut garder l'anonymat.

10 mars. - Un homme que Dieu a converti par notre moyen et qui s'adonnait à l'alcool et à d'autres péchés, est venu nous trouver il y a quelque temps pour nous supplier avec larmes de prier pour sa femme qui continuait à vivre comme il l'avait fait lui-même autrefois. Au bout de dix jours à peu près, il plut au Seigneur de commencer à agir par Sa Grâce dans le coeur de la malheureuse femme, en réponse aux très nombreuses prières de son mari. Elle a été reçue dans l'Eglise ce soir. Ce cas n'est pas unique.
Bien des maris et des femmes ont été convertis en exaucement de la prière de l'époux ou de l'épouse fidèle.

19 mars. - En rentrant ce soir, après la prédication à Béthesda, j'ai appris la joyeuse nouvelle de la naissance d'un fils. Nous l'avons nommé Elie.

14 avril. Jusqu'ici nous avons vécu avec frère et soeur Craik mais maintenant que le Seigneur leur a donné un enfant et deux à nous, comme la maison n'a que six chambres et que cher frère Craik et moi nous avons dû fréquemment chercher ailleurs le silence ou la solitude, il nous a semblé nécessaire d'envisager une séparation pour le bien de nos âmes et l'oeuvre du Seigneur.

15 avril. - Quelques soeurs nous ont envoyé aujourd'hui vingt-cinq livres sterling pour le mobilier d'une autre maison.

23 avril. - Hier et aujourd'hui, j'ai demandé au Seigneur de nous envoyer vingt livres sterling pour que nous puissions avoir un plus grand stock de Bibles et de Nouveaux Testaments que celui dont dispose le petit fonds de l'Institut. Or, le même soir, une soeur nous dit qu'elle était venue à la connaissance du Seigneur par la seule lecture des Saintes Écritures ; qu'elle prenait donc un grand intérêt à leur diffusion et voulait nous envoyer vingt livres sterling à cet effet.

4 mai. - Reçu à nouveau aujourd'hui quinze livres sterling pour meubler une maison. Dans sa bonté, le Seigneur a subvenu à nos besoins.

5 mai - Aujourd'hui nous sommes allés dans notre nouvelle demeure après avoir vécu presque deux ans avec frère et soeur Craik.

4 juin. - Reçu aujourd'hui la visite d'une soeur elle est restée, bien que je lui eusse laissé entendre que je ne disposais que de quelques minutes, et j'en ai conçu de l'irritation. J'ai péché contre le Seigneur. « 0 Seigneur Jésus ! Toi, aide-moi ! »

25 juin. - Voici trois jours qui s'écoulent sans que j'aie pu avoir, ou à peine, d'instants de véritable communion avec Dieu. En conséquence, j'ai été très faible au point de vue spirituel. À plusieurs reprises, j'ai ressenti de l'irritabilité. Que Dieu dans sa miséricorde m'aide à m'adonner davantage à la prière secrète.

26 juin. - J'ai pu, avec l'aide de Dieu, me lever de bonne heure et avoir presque deux heures de prière avant le déjeuner. Et maintenant je me sens mieux ; que Dieu dans sa bonté m'aide aujourd'hui à marcher devant Sa Face et à faire son oeuvre ; qu'Il me garde de tout mal.

11 juillet. - J'ai beaucoup prié pour trouver un maître qualifié pour l'école de garçons que je veux ouvrir, école qui dépendra de notre Institut. Huit personnes s'étaient présentées ; aucune ne m'avait paru convenir. Mais le Seigneur nous a enfin envoyé le maître qu'il nous fallait et celui-ci va se mettre à l'oeuvre sans retard. Dieu a permis que nous priions longtemps avant de répondre ; mais, maintenant Il nous a parfaitement exaucés.

18 août. - Aujourd'hui frère Craik et moi nous avons engagé les services d'une institutrice pour une école de filles que nous avons l'intention d'ouvrir, en regardant à Dieu pour les subsides nécessaires.

27 août. - J'ai prié à plusieurs reprises et j'ai lu dix chapitres de l'Écriture pour trouver un texte, le tout sans résultats. Je suis donc parti ce soir pour la Chapelle sans savoir sur quel texte le Seigneur désirait que je prêchasse. Au moment de commencer la réunion, ma pensée fut attirée sur le livre des Lamentations, chapitre III, versets 22-26 ; le Seigneur m'a aidé et j'ai parlé sur ce texte avec joie.

28 octobre. - J'ai entendu parler d'un pauvre petit orphelin qui durant quelque temps avait suivi l'une de nos écoles, et chez qui un travail intérieur avait commencé de se faire en m'entendant parler des tourments de l'enfer. Depuis on l'a mis à l'hospice situé à quelques kilomètres de Bristol ; et en partant, il a dit sa tristesse de nous quitter, de ne plus pouvoir revenir à notre école, et de n'avoir plus l'occasion de nous entendre. SI LE SEIGNEUR LE VEUT, QUE CECI ME CONDUISE À FAIRE AUSSI QUELQUE CHOSE POUR LES BESOINS TEMPORELS DES ENFANTS PAUVRES. C'EST L'EXTRÊME PAUVRETÉ QUI A FAIT ENVOYER CET ENFANT À L'HOSPICE !

1er novembre. - Aujourd'hui comme nous n'avions plus rien, voici ce que nous avons fait pour subvenir à nos besoins : nous avions des cuillères en argent qu'on nous avait offertes, il y a quelque temps, et que nous n'employions jamais pensant qu'il était préférable pour les serviteurs de Christ, à cause de l'exemple, de se servir de cuillères ordinaires. C'est aussi pour cette raison que nous avions vendu notre argenterie à Teignmouth. Cependant nous n'avions pas encore disposé de ces cuillères données depuis. Maintenant la chose est faite ; et nous sommes certains que l'aimable donateur ne nous en tiendra pas rigueur puisque le produit de la vente a servi à nous nourrir.

5 novembre. - J'ai passé presque toute la journée en prière et à lire la Parole de Dieu. Entre autres choses, j'ai exposé à Dieu nos besoins temporels. Jusqu'ici je n'ai pas reçu l'exaucement que j'espère.

8 novembre, samedi. - À nouveau le Seigneur a subvenu à tous nos besoins durant la semaine écoulée, bien que nous l'eussions commencée avec fort peu de chose. J'ai beaucoup prié cette semaine pour de l'argent ; plus que je ne l'avais encore fait depuis que nous sommes à Bristol, pour autant que je puisse me souvenir. Le Seigneur n'a pas répondu à nos prières en nous envoyant UN DON, mais en nous amenant à vendre ce qui ne nous était pas nécessaire, et en faisant payer ce qui nous était dû.

10 décembre. Un frère a légué douze livres sterling à frère Craik et autant à moi.

31 décembre. - Depuis que frère Craik et moi nous travaillons à Bristol, deux cent vingt-sept membres ont été ajoutés à nos communautés : cent vingt-cinq à l'église de Béthesda, cent trente-deux à Gideon Chapel. Le Seigneur m'a donné cette année deux cent quatre-vingt-huit livres sterling, huit pence et quart (sept mille deux cents francs quatre-vingt-cinq).


1835

1er janvier. - Nous avons eu hier soir une réunion de prière spéciale pour les deux églises réunies, pour tous ceux qui voulaient joindre leurs louanges aux nôtres en reconnaissance des bienfaits de Dieu durant l'année écoulée, et aussi pour lui demander de nous continuer sa faveur. Tous les frères étaient libres de prier ; dix-huit le firent. La prière, la louange, le chant des cantiques, la lecture de la Bible et les exhortations continuèrent jusqu'à une heure du matin. Le service avait commencé la veille à sept heures du soir.

13 janvier. - Aujourd'hui j'ai fait des visites de maison en maison dans la rue d'Orange depuis dix heures du matin jusqu'à une heure ; puis de six à huit heures et demie, le soir. J'ai visité les familles qui habitent dans neuf maisons, m'assurant que personne ne désirait de Bibles et que les gens pouvaient lire. J'ai aussi proposé aux parents de laisser venir leurs enfants à nos écoles de semaine ou du dimanche pour que nous pussions les aider de la sorte. J'ai abordé avec tous la grande question de l'âme et celle du salut. J'ai vendu à prix réduits huit Bibles et deux Nouveaux Testaments, et j'en ai donné un. J'ai inscrit une femme pour l'école d'adultes, et un garçon pour l'école de semaine ; enfin j'ai eu l'occasion d'une conversation avec une trentaine de personnes. Combien j'aimerais pouvoir faire souvent ce genre de travail, que je considère comme avant une grande importance ! Mais nous avons d'autre part tant à faire, que nous ne le pouvons pas.

17 janvier. - RETOUR DE M. GROVES. - Frère Groves est arrivé aujourd'hui. L'un de ses motifs en rentrant en Angleterre, c'est de trouver en Allemagne des frères missionnaires pour l'Inde. Il me demande de l'accompagner dans, mon pays pour l'aider à trouver le personnel dont la Mission a besoin. C'est là une affaire bien délicate et très grave. Que le Seigneur me dirige et m'aide à vouloir ce qu'il veut.


LA CHAPELLE DE BÉTHESDA

28 janvier. - J'ai beaucoup prié ces jours passés pour savoir si le Seigneur désire que je parte moi-même pour les Indes, comme missionnaire. Je suis tout prêt à le faire s'Il condescend à se servir de moi de cette manière.

29 janvier. - Je me suis senti poussé à prier au sujet de mon départ possible pour Calcutta. Que le Seigneur me conduise !

4 février. - Dernièrement, j'ai prié très souvent et avec intensité relativement à ce voyage en Allemagne. Je veux y aller ou rester selon que Dieu voudra. Qu'il me conduise ! C'est aussi là mon état d'esprit au sujet des Indes. Comme moyen d'arriver à connaître la volonté de Dieu, je me suis mis à faire des lectures sur les Hindous, pour me rendre mieux compte de leur état. Que le Seigneur incline mon coeur à penser davantage à eux, soit que j'aille travailler là-bas, soit que je reste à Bristol.

16 février. - Mentionné ce soir devant l'église de Béthesda, comme je l'avais fait le 13 à Gideon Chapel, que je croyais que Dieu me demandait d'accompagner frère Groves en Allemagne, à cause de ma connaissance de la langue, pour l'aider à trouver les missionnaires nécessaires. Pas un seul membre n'a élevé d'objections, et plusieurs ont discerné un appel du Seigneur, ajoutant qu'ainsi et par mon moyen, leurs églises seraient pour quelque chose dans la vocation et le départ de plusieurs missionnaires. Ceci m'a réconforté ; et l'unanimité des frères à ce sujet m'a affermi dans la pensée que le Seigneur désirait bien que j'entreprisse ce voyage.

25 février. - Au nom du Seigneur et en nous attendant uniquement à Lui pour tout ce qui est nécessaire, nous avons ouvert aujourd'hui une cinquième école d'enfants pauvres. De sorte que nous avons maintenant cinq écoles : deux pour les garçons, trois pour les filles.


26 février. - DÉPART POUR L'ALLEMAGNE. - J'ai quitté Bristol cet après-midi, et suis en route pour l'Allemagne.

7 mars. - Quitté Londres hier soir, arrivé à Douvres ce matin. Le Seigneur m'a aidé à le confesser devant les autres voyageurs. J'ai pu m'adonner longuement et dans la tranquillité à la lecture de la Bible et à la prière, bien que je sois à l'hôtel.

8 mars. - J'ai prêché ce matin et cet après-midi dans l'une des chapelles de l'endroit.

9 mars. - Impossible de s'embarquer aujourd'hui, tellement la mer est démontée. Aucun bateau n'est parti. J'ai écrit des lettres, j'ai lu la Parole divine et prié. Nous dépendons complètement de Dieu. Ce soir nous lui avons demandé ensemble à deux reprises de bien vouloir calmer le vent et les vagues ; et maintenant que la chose lui a été remise je me sens tout à fait heureux.

10 mars. - Le Seigneur nous a entendus. Nous nous sommes réveillés de bonne heure ce matin et avons constaté que la violence du vent était tombée. Nous avons quitté l'hôtel alors qu'il faisait encore nuit pour gagner le rivage. Tous les voyageurs se hâtaient en même temps vers le port, et je m'aperçus tout à coup que je n'étais plus en compagnie des frères G. et Y. Comme Dieu m'aide généralement en semblables circonstances, j'élevai aussitôt mon coeur vers Lui pour qu'Il me guidât vers le bateau qui transportait les voyageurs à notre navire, celui où nous avions pris passage, et je le découvris presque instantanément... Très bonne traversée en exaucement à la prière. Arrivés à Calais, après le visa des passeports et la visite en douane, nous avons retenu nos places dans la diligence qui, peu après dix heures, partait pour Paris. Quelle bénédiction, en de semblables circonstances, d'avoir un Père Céleste à qui l'on peut toujours recourir ! Quelle chose différente aussi que de voyager au service de Dieu, ou de le faire pour son plaisir ou ses affaires !

14 mars. - Retenu nos places dans la malle-poste de Strasbourg, frère Groves et moi. Frère Y., souffrant, restera quelques jours à Paris.

15 mars. - J'ai prêché ce matin dans une petite chapelle, au Palais Royal. Quitté Paris, ce soir à six heures.

17 mars. - Depuis le 15 au soir, jusqu'au moment de notre arrivée à Strasbourg à une heure et demie cet après-midi, nous avons été à peu près constamment enfermés dans la malle-poste, à l'exception d'une demi-heure le matin vers 7 heures, et d'une autre demi-heure le soir vers 11 heures, pour les repas. J'ai pu avoir un temps de communion et de rafraîchissement spirituel avec mon bien-aimé frère.
Ce voyage par malle-poste est le plus rapide en France et ne comporte que deux voyageurs. Nous avons donc pu librement parler et prier ensemble, ce qui m'a fortifié. À Strasbourg, nous n'avions que peu de chose à faire, et bien que nous eussions déjà roulé presque sans arrêt durant quarante-quatre heures, nous prîmes le même soir la voiture pour Bâle, comptant sur Dieu pour recevoir la force nécessaire à supporter cette troisième nuit de voyage. Nous étions à peine partis que notre équipage s'embourba sur une route nouvellement ouverte. Tout le monde dut descendre : la nuit était froide, la neige tombait. J'élevai mon coeur vers Dieu qui nous secourut, et le voyage put continuer. Pour la première fois depuis six ans, je me trouvai au milieu de voyageurs qui parlaient ma langue natale. Mais, hélas ! ils ne parlaient pas pour Christ !

18 mars. - Nous sommes arrivés ce soir à Bâle, où les frères nous ont reçus avec affection. Nous restons ici quelques jours. J'ai assisté à une réunion que présidait un pasteur pieux et vénérable ; il s'adressait à des frères qui se destinent à la Mission, et expliquait 1 Pierre III : 1-2, en se servant du Testament grec. À ce propos, il raconta un épisode qui s'était passé à Bâle même et dont il avait été le témoin dans sa jeunesse. J'ai trouvé que ce récit comportait un tel encouragement pour ceux qui sont mariés à des incrédules, particulièrement pour les soeurs dont les maris ne sont pas croyants, et d'autre part qu'il est une si belle illustration du passage cité ci-dessus, que je l'ai noté, et le donne ici :

« Il y avait à Bâle un homme très riche dont la femme était chrétienne ; mais lui-même ne craignait pas Dieu. Il passait toutes ses soirées au café et y restait souvent jusqu'à onze heures, minuit, et même une heure du matin. En ces occasions, sa femme congédiait les domestiques et restait elle-même à attendre son retour. Quand il rentrait, elle le recevait avec bonté, sans lui faire le moindre reproche sur l'heure, sa fatigue ou le manque de sommeil. S'il avait trop bu et avait besoin de quelque assistance, elle lui rendait les services nécessaires. Les choses continuèrent de se passer ainsi pendant longtemps.
Certain soir, vers minuit, cet homme était encore à la taverne avec ses amis, lorsqu'il s'écria : « Je parie que si vous m'accompagnez à la maison, vous trouverez ma femme encore debout et m'attendant, qu'elle viendra m'ouvrir elle-même et nous recevra aimablement. Bien plus, si je lui demande de nous préparer un souper, elle le fera tout de suite, sans murmure et sans reproches. »

Ses compagnons de péché refusèrent de le croire ; à la fin, ils se levèrent tous et le suivirent pour aller voir cette excellente femme. Ils avaient à peine frappé que la porte s'ouvrait, et la maîtresse de céans les reçut avec amabilité et courtoisie. Une fois qu'ils furent entrés, M. X. demanda à souper. Elle y consentit aussitôt, servit tout ce qu'il fallait sans manifester de désapprobation ou d'irritation, puis se retira dans sa chambre.
Lorsqu'elle fut partie, l'un des amis dit au maître de la maison : « Quel homme méchant et cruel vous devez être pour vous amuser à tourmenter une si excellente femme. » Puis, prenant sa canne et son chapeau, il s'en alla sans toucher à un seul morceau. Un second fit quelques remarques semblables et partit aussi sans rien prendre ; et bientôt les autres suivirent ; personne ne toucha au repas servi. Peu après, le maître de la maison se trouvait seul ; et, sous l'influence du Saint-Esprit, il comprenait enfin son effroyable iniquité, plus particulièrement ses torts vis-à-vis de sa femme. Ses amis étaient partis depuis une demi-heure à peine qu'il décida d'aller trouver celle-ci pour la prier d'intercéder en sa faveur auprès de Dieu, afin d'obtenir le pardon de ses péchés. Dès cette heure, il devint un disciple de Jésus... »

25 mars. - Arrivé hier matin à six heures à Shaffhouse. À l'hôtel des Postes, j'ai rencontré un monsieur titré qui, averti de mon passage par les frères de Bâle, m'invita à passer chez lui les deux heures dont je disposais dans cette ville. Il restaura mon corps avec un déjeuner, et mon âme par la communion fraternelle avec ceux qu'il avait invités à l'occasion de mon passage. Ce matin, j'ai rencontré frère Gundert, l'étudiant en théologie pour lequel je suis venu jusqu'ici, et j'ai eu à peu près trois heures de conversation avec lui.

26 mars. - Ce matin, frère Gundert et moi, nous sommes partis en voiture pour Stuttgart. Je désirai le connaître un peu plus et aborder le sujet de son départ avec le père. Celui-ci nous a fort aimablement reçus. Non seulement il ne s'oppose pas au départ de son fils, mais considère que c'est un honneur que de pouvoir donner un fils au Seigneur. Je crois que frère Gundert est destiné à partir aux Indes.

30 mars, Halle. - Depuis le 27 au soir jusqu'à cet après-midi, j'ai voyagé jour et nuit, avec les forces que le Seigneur m'a données. Je me suis senti profondément ému en repassant en mon coeur les bontés de Dieu à mon égard. J'ai eu de fréquentes occasions de confesser le Nom de Jésus devant les compagnons de route qui se succédèrent pendant le parcours. Un étudiant me vanta le vin fameux et bon marché de Weinheim près de Heidelberg. Je lui répondis qu'autrefois, étudiant comme lui, j'avais traversé cet endroit, et que m'étais alors intéressé à ces choses. Mais maintenant, j'avais trouvé ce qui valait infiniment mieux. Hier, un Français, après m'avoir entendu parler à une ou deux reprises de Jésus, quitta l'intérieur de la voiture lorsqu'il vit descendre le troisième voyageur. Il ne se souciait évidemment pas de rester seul avec moi, et s'empressa d'aller s'asseoir dans le compartiment de devant, à côté d'un officier, ce qui m'a procuré l'avantage d'être tout à fait seul. J'en ai profité pour prier à haute voix durant une heure à peu près, ce qui m'a rafraîchi spirituellement et fortifié.

J'ai très particulièrement apprécié la bonté du Seigneur qui me donnait de la sorte la possibilité de prier à haute voix. Comme je voyageais depuis quarante-huit heures sans interruption, j'étais trop fatigué pour pouvoir persévérer quelque temps dans la prière mentale et somnolais aussitôt. Hier après-midi, à Eisenach, situé au pied de la colline que couronnent les ruines de la Wartburg où Luther traduisit la Bible, j'ai été le témoin de scènes d'une effroyable profanation. Comment le chandelier a-t-il été ôté de sa place ?

Cet après-midi, nous arrivions enfin à Halle, la ville où il plut au Seigneur de m'amener à sa connaissance. Jusqu'ici Il m'a gardé dans ce voyage malgré le mauvais état de la voiture. Lorsque j'en descendis on constata qu'un ressort était brisé. J'avais le plus grand besoin de repos, mais je ne pus dormir, mon coeur était trop plein. Je me rendis d'abord chez frère Wagner : c'est chez lui que j'avais été converti ; puis j'allai voir le Dr Tholuck, lequel, après sept ans d'absence, me reçut avec la même bonté, le même amour fraternel qu'il me montrait autrefois. Il m'invita à demeurer chez lui, montrant ainsi que les divergences concernant certains aperçus de la vérité ne devaient pas élever de barrières entre les enfants de Dieu. [J'avais pris soin de l'avertir de l'évolution de ma pensée sur divers points.]

31 mars. - Aujourd'hui, nous sommes allés à cheval, le Dr Tholuck, deux frères et moi, jusque chez un pasteur fidèle qui vit dans les environs de Halle. Durant le parcours, le Docteur m'a appris bien des choses encourageantes, particulièrement celle-ci : que bon nombre de mes anciens camarades d'Université qui ne connaissaient pas le Seigneur s'étaient depuis donnés à Lui et s'étaient enrôlés à son service. D'autres, restés faibles en la foi, s'étaient fortifiés.

1er avril. - Je suis allé jusqu'aux orphelinats de Francke pour voir le fils d'un voisin de mon père qui est professeur ici. Je ne l'avais pas vu depuis quinze ans, et j'ai eu la joie de découvrir en lui un frère ! Ce soir, nous nous sommes rencontrés dans cette même chambre où il a plu à Dieu de commencer en moi l'oeuvre de sa grâce, avec quelques-uns des frères et des soeurs qui y venaient il y a sept ans. Et j'ai pu leur dire ce qu'avaient été pour moi, durant les années passées, la fidélité de Dieu, son amour, sa bonté, sa patience. En vérité, le Seigneur a répandu sur moi ses faveurs.

2 avril. - Ce matin j'ai visité plusieurs frères et soeurs, rendant partout témoignage à la bénédiction qu'entraîne une obéissance implicite aux Écritures qui doivent être le Guide unique, dans les choses du domaine spirituel. Les frères m'ont entouré d'affection. J'ai quitté Halle cet après-midi pour gagner Sandersleben, distant de quelque vingt kilomètres. C'est là que demeure un cher et vieil ami dont l'affection n'a cessé de m'entourer pendant mes années d'Angleterre. Il m'a reçu à bras ouverts ainsi que sa chère femme et le domestique. Celui-ci est aussi un frère bien-aimé dans le Seigneur.

3 avril, Sandersleben. - Aujourd'hui, j'ai vu plusieurs frères et soeurs. Je retrouve l'un d'eux au même point qu'il y a huit ans : peu de joie en Dieu, peu de progrès, parce qu'il n'a pas obéi aux ordres de sa conscience et conserve une situation qu'il aurait dû abandonner. L'apôtre nous exhorte à demeurer dans notre vocation, mais seulement si nous pouvons y rester avec Dieu (1 Cor. VII : 24). Ce soir, un pasteur fidèle et les frères de cette petite ville et des villages environnants, nous nous sommes réunis chez frère Stahlschmidt. Ceux-ci voulaient m'entendre dire ce que Dieu avait fait pour moi depuis que je les avais quittés. J'ai essayé de les fortifier dans le Seigneur, et je les ai exhortés à se donner sans restriction et complètement à Dieu. Ce fut une soirée de rafraîchissement spirituel. J'en ai retiré du bien pour mon âme. Dieu me bénit chaque fois que je dis ses bontés et sa fidélité.


4 avril. - REVOIR. - J'ai laissé Sandersleben ce matin. - S'inspirant de III Jean 5-6, mon hôte a voulu me conduire dans sa voiture jusqu'à Aschersleben, la dernière station avant l'endroit qu'habite mon père. En route pour Heimersleben, j'ai demandé au conducteur des nouvelles d'un ancien compagnon de péché qui avait étudié avec moi à Halle. Il est, paraît-il, toujours dans le même état. Quelle différence entre nous deux, uniquement parce que la Grâce a agi en moi.. Je pourrais être sur la route où il se trouve maintenant : encore dans la culpabilité et le péché, et lui pourrait être à ma place, à moi qui suis un brandon arraché à la fournaise ! Que Dieu m'aide à l'aimer davantage. Ces pensées s'agitaient en mon coeur, alors que je commençais d'apercevoir la ville qu'habite mon père et où ne se trouvent à ma connaissance que deux personnes qui aiment le Seigneur... Comme toutes choses sont différentes pour moi aujourd'hui, en comparaison de ce qu'elles étaient autrefois quand je venais passer ici les semaines de vacances. Je suis heureux maintenant ; vraiment heureux ! Mon coeur n'appartient plus aux choses que je recherchais autrefois et que je considère aujourd'hui comme des bulles d'air. Mon coeur n'est pas ici ; il n'est même pas en Angleterre. En une certaine mesure, il est déjà dans le ciel, bien que je ne sois qu'un faible et misérable ver. Cette rencontre. avec mon père, maintenant très âgé, cette joie du revoir, sont pour moi choses très solennelles. Je sens aussi l'importance du retour en cette ville témoin de mon orageuse jeunesse, et je veux vivre les trois jours que je compte y passer comme il convient à un serviteur de Christ. J'en ai fait un sujet de prière avant de quitter Bristol et jusqu'à maintenant. J'arrivai enfin chez mon père. Notre rencontre fut pleine d'émotion.

5 avril. - HELMERSLEBEN. - Cet après-midi, un ami de mon père est venu ; il ne connaît pas Dieu. Peu après son arrivée, l'occasion se présenta donc pour moi d'exposer devant mon père les vérités essentielles de l'Évangile, la joie et la consolation qu'elles apportent et dont personnellement je jouissais. Je pus parler bien plus librement devant lui et mon frère que je ne l'avais fait jusque-là, sans faire de personnalité et sans avoir à dire comme le prophète : « Tu es cet homme-là. » Dieu m'a assisté. Qu'Il daigne prendre soin de la semence répandue

6 avril. - Je n'ai pas parlé directement à mon père de son âme ; mais j'ai eu plus d'une fois l'occasion d'annoncer la vérité devant lui. Dieu a été avec moi de façon manifeste et je crois que c'est Lui qui m'a poussé à faire ainsi. J'ai agi différemment avec mon frère, et lui ai parlé non seulement du danger où il se trouve, mais de ses péchés. Durant la soirée, j'ai raconté à tous deux quelques-unes des choses que Dieu avait faites pour moi depuis que je suis en Angleterre, et en particulier comment Il avait subvenu à tous mes besoins en réponse à la prière. Sur le moment, tous deux semblèrent comprendre la joie qu'il y avait à vivre comme je le fais.

7 avril. - J'ai passé une bonne partie de la matinée en promenade avec mon père. Il m'a mené voir l'un de ses jardins et quelques-uns de ses champs. Je savais que cela lui ferait plaisir et je voulais lui témoigner toute l'attention, toute l'affection possibles, tout ce qui était compatible avec ma conscience. Demain, je pense lui dire adieu et reprendre le chemin de l'Angleterre. Dans sa grande bonté, le Seigneur a exaucé ma prière, et Il m'a aidé à me conduire de telle façon que mon père a dit aujourd'hui : « Que Dieu m'aide à suivre ton exemple et à agir selon ce que tu as dit. »

9 avril. - CELLE. - Hier matin, mon père a voulu m'accompagner en voiture jusqu'à Halberstadt, et c'est en versant bien des larmes qu'il m'a quitté...
J'étais seul dans la voiture, ce qui a été un soulagement pour moi... Sur cette route de Brunswick que j'avais parcouru deux fois auparavant au service de Satan, je voyageais maintenant pour le nom de Jésus. J'aperçus en passant l'auberge de Wolfenbüttel d'où j'avais essayé de me sauver et où j'avais été arrêté. Bien des pensées et des souvenirs s'agitaient en moi !
Vers le soir, j'arrivai à Brunswick d'où nous repartîmes peu après. Durant la nuit, j'entendis une conversation abominable entre le conducteur et un étudiant : propos pervers, païens, sardoniques. Le seul témoignage que je rendis fut de garder le silence. Nous sommes arrivés à Celle ce matin, la voiture ne repart que cet après-midi pour Hambourg. Mon âme est souffrante aujourd'hui. L'horrible conversation de cette nuit a agi sur moi comme un poison spirituel. Comme le mal nous pénètre facilement, même lorsque nous n'en avons pas conscience !

10 avril. - HAMBOURG. - Je suis arrivé ici à dix heures du matin !


15 avril. - RETOUR A BRISTOL. - Hier, à une heure, nous arrivions à Londres. À deux heures, j'étais chez mes amis de Chancery Lane où je trouvai une lettre de ma femme. Elle m'apprend que frère Craik est malade ; il souffre d'une inflammation du larynx, et à vues humaines ne pourra pas prêcher de quelque temps. Je repartis donc aussitôt pour Bristol où j'arrivai ce matin. J'ai trouvé frère Craik moins mal que je ne le craignais, mais il lui est tout à fait impossible de prêcher.


5 mai. - ÉPREUVES. - Mon beau-père est très malade depuis quelques jours.

3 juin. - Aujourd'hui, réunion publique de l'Institut pour répandre la connaissance de la Bible en Angleterre et sur le Continent. Voici quinze mois que nous l'avons fondé en regardant uniquement à Dieu. nous avons instruit des enfants, fait connaître la Bible, aidé des missionnaires. Il y a eu des moments que nous n'avions presque plus d'argent, mais nous n'avons jamais été obligés de suspendre le travail. Nous avons ouvert trois écoles, nous en avons adopté deux, qu'autrement et faute de moyens il aurait fallu fermer. Quatre cent trente-neuf enfants sont instruits dans nos écoles.

22 juin. - Aujourd'hui, à deux heures, notre père est mort.

23 juin. - Nos deux enfants sont très malades.

25 juin. -- Notre cher petit garçon est si malade que je n'espère pas sa guérison. Il a une fluxion de poitrine. J'ai parlé ce soir à Gideon Chapel sur ce passage : Psaume CXLV : 1-4, ne me sentant pas libre de supprimer le service à cause de nos circonstances de famille.

26 juin. - J'ai demandé à Dieu hier soir qu'Il lui plut de soutenir ma chère femme dans l'épreuve, s'il reprenait à Lui l'enfant. Je n'ai pas prié pour la guérison de notre fils. Deux heures après il nous quittait Pour aller auprès du Bon Berger.

27 juin. - Ma chère femme est très soutenue dans l'épreuve...

3 juillet. - À cause de nos récentes épreuves, nous avons pris l'argent mis de côté pour les impôts et l'avons employé. Que le Seigneur daigne pourvoir à nos besoins.

6 juillet. - Grâce à Dieu, avec l'argent des troncs et ce qui me restait, j'avais la somme nécessaire avant que l'agent du fisc ne se présentât pour la percevoir. Que Dieu est bon de m'avoir répondu si promptement.

Dans les jours qui suivent, M. Müller consigne dans son journal une succession de dons : Cinq livres sterling envoyées de Weston-super-Mare ; un complet envoyé par un frère. Cinq autres livres sterling envoyées par une personne éloignée de plus de cent kilomètres ; somme qui arriva presque en même temps qu'une nouvelle feuille d'impôts.

15 août. - Aujourd'hui, mon cher frère Craik est revenu du Devonshire. La santé générale s'est fort améliorée, mais pas la voix.

24 août. - Je me sens très faible, et souffre plus que jamais auparavant. Est-ce une indication à quitter Bristol pour quelque temps ? Je n'ai pas les fonds nécessaires au déplacement ; mais comme j'ai reçu d'une soeur l'invitation à passer une semaine chez elle, je crois que je vais l'accepter.

29 août. - J'ai reçu avant-hier cinq livres sterling pour un changement d'air ; aujourd'hui j'ai reçu une seconde somme semblable avec affectation identique.


30 août. - MALADIE. - Pour la première fois depuis mon arrivée à Bristol, je n'ai pas pu prêcher pour cause de maladie. Le Seigneur est bon de m'avoir donné des forces suffisantes durant toutes ces années passées. J'ai reçu un troisième don de cinq livres sterling toujours pour le changement d'air.

2 septembre. - Nous sommes partis en famille pour Portishead.

5 septembre. - Je lis en ce moment la vie des martyrs de la Réforme en Angleterre, ce qui me fait le plus grand bien. Que Dieu daigne m'aider à imiter leur exemple dans la mesure où ils suivirent Christ. Après la lecture de la Bible laquelle doit toujours être LE LIVRE par excellence, pas seulement en théorie, mais en pratique, la lecture de la vie des serviteurs de Dieu est l'une des plus utiles au développement de l'être intérieur.

14 septembre. - Nous sommes toujours à Portishead. Mon état ne s'est guère amélioré. Je me sens très abattu à cause de ma corruption intérieure ; mon coeur est resté charnel. Quant le Seigneur me délivrera-t-il de cet état ! Comme je voudrais lui ressembler davantage. Ma vie présente est une grande épreuve. S'occuper tellement de son corps, avoir comme occupations principales de manger et de boire, de se promener, de se baigner, d'aller à cheval, tout ceci constitue un mode d'existence auquel je ne suis plus habitué, et me met à une dure épreuve. Je préférerais me retrouver à Bristol et au travail, si Dieu daigne encore employer un serviteur aussi indigne que moi.

16 septembre. - Nous songeons à quitter Portishead pour nous rendre à une invitation venue de l'île de Wight, invitation faite par des frères en Christ. Mais l'argent manque pour notre voyage ; nous sommes quatre : ma femme, notre enfant et notre domestique. - Ce soir Dieu a enlevé l'obstacle. Le courrier nous a apporté deux lettres chargées : l'une avec six livres treize shellings qui nous étaient dus (cent soixante-six francs) et l'autre avec deux livres sterling (cinquante francs). Le Seigneur prend le plus tendre soin de ses enfants.

19 septembre. - Nous sommes arrivés ce soir chez nos amis de l'île de Wight.

27 septembre. - J'ai aujourd'hui trente ans, et je sens profondément que je ne suis qu'un serviteur inutile. - J'aurais pu vivre tellement plus pour Dieu que je ne l'ai fait. Si le Seigneur m'accorde encore quelques jours ici-bas, qu'Il m'aide à les vivre uniquement pour Lui !

29 septembre. - Hier soir, après avoir pris congé pour la nuit des amis qui nous reçoivent, je me disposais à me coucher aussitôt comme j'avais déjà prié auparavant. Je me sentais peu bien.., la nuit était froide.... autant de raisons pour aller au lit tout de suite. Mais Dieu m'aida à me mettre à genoux, et j'avais à peine commencé de prier qu'Il resplendit en mon âme, me communiquant un esprit de prière que je n'avais plus depuis longtemps. Dans sa bonté, il fit revivre son oeuvre en moi, me donnant le sentiment de sa présence et ranimant ma ferveur d'esprit pour l'intercession. C'était là ce après quoi mon âme soupirait depuis des semaines. Cette communion dura plus d'une heure. Pour la première fois depuis que je suis malade, je demandai instamment à Dieu de me guérir. Maintenant, il me tarde de retourner à Bristol ; toutefois je n'éprouve aucune impatience ; mais j'ai l'assurance que le Seigneur me rétablira, et que je pourrai retourner à mon champ de travail. J'étais très heureux en me couchant, et à mon réveil je jouissais encore d'une grande paix. Je me suis levé plus tôt que d'habitude pour avoir quelques instants de communion avec le Seigneur avant le déjeuner. Que Dieu daigne continuer de faire habiter Sa joie dans le coeur de son indigne enfant.

9 octobre. - Il m'est souvent venu l'idée de faire imprimer une brochure où je consignerais le récit des bontés de Dieu envers moi, afin que mes frères en retirent quelque instruction, quelque consolation, quelque encouragement. Cette pensée s'est souvent présentée à moi pendant que je lisais la biographie de Newton ces jours passés. J'ai pesé aujourd'hui toutes les raisons pour et contre. Contre, c'est à peine si j'en discerne ; pour, il y en a beaucoup.

15 octobre. - Aujourd'hui, nous partons pour Bristol.

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