FONDATION DE L'INSTITUT POUR
LA
PROPAGATION DES ÉCRITURES DANS LE MONDE,
RÈGLEMENT ET BUT. -
NAISSANCE
D'UN FILS. - CHANGEMENT DE
MAISON NÉCESSAIRE. - DIEU Y POURVOIT. -
DIVERS EXAUCEMENTS. -
IRRITABILITÉ
D'HUMEUR. - DES ÉCOLES
SONT OUVERTES POUR ENFANTS PAUVRES. - LE CAS D'UN
ORPHELIN ENVOYÉ A L'HOSPICE, OCCUPE LA
PENSÉE DE G. MULLER. - ANNÉE
TERMINÉE ET COMMENCÉE PAR LA
PRIÈRE : 1834-1835. -
RETOUR
DE
FRÈRE GROVES. -
INVITATION POUR L'ALLEMAGNE. - LES FRÈRES
APPROUVENT CE PROJET. -
VOYAGE
EN
ALLEMAGNE. -
G.
MULLER
REVOIT SON PÈRE. -
RETOUR
A
BRISTOL. -
DEUILS.
-
MALADIE. -
CHANGEMENT D'AIR. - LANGUEUR ET
RENOUVEAU SPIRITUELS.
LA
création d'une
oeuvre à Bristol même semblait
toujours plus nécessaire à 6.
Müller, et son premier biographe, M. Warne,
écrit qu'il avait de « multiples
raisons pour souhaiter cette fondation plutôt
que de subventionner les oeuvres existantes :
Sociétés missionnaires, bibliques,
des Traités religieux ou des
Écoles ».
Ces raisons, nous les
trouvons
clairement exposées dans le journal de G.
Müller :
« Pourquoi
fonder une
oeuvre à Bristol :
1° Toutes les
sociétés existantes travaillent avec
la pensée que le monde va
s'améliorant et que bientôt il sera
entièrement converti.... or ce n'est pas
là l'enseignement des Écritures...
2° Elles s'allient au
monde, en opposition aux commandements de Dieu.
« Il suffit de donner une guinée
ou même une demi-guinée pour devenir
membre de l'une ou de l'autre. Le donateur peut
vivre dans le péché, ou afficher son
incrédulité... Qu'importe ! s'il
donne la susdite cotisation il est membre, et a
droit de vote. Donne-t-on davantage, de dix
à vingt livres sterling par exemple ?
On devient membre à vie, même si l'on
fait ouvertement le mal. » Il est
évident, que ceci ne doit pas
être !
3° On demande de
l'argent
aux incrédules... Quelle différence
avec la manière des premiers disciples [Lire
III Jean : 7].
4° Les dirigeants,
sont le
plus souvent des gens riches et influents, mais ils
ne sont pas convertis. C'est l'argent et le rang
qui sont pris en considération lorsqu'il
s'agit de choisir les présidents ou les
orateurs. Jamais encore, à l'occasion des
réunions publiques, je n'ai vu offrir la
chaire à un serviteur du Maître
PAUVRE, bien que fidèle et consacré.
D'après ces principes, ni les pêcheurs
de Galilée devenus apôtres, ni le
Maître lui-même qu'on appelait
« le Charpentier » n'auraient
été invités à remplir
cet office.
Enfin ces sociétés
contractent des dettes. Il est rare de lire un
rapport qui n'indique pas un chiffre de
dépenses supérieur aux recettes, ce
qui est contraire à la lettre et à
l'esprit du Nouveau Testament
(Rom.
XIIl : 8).
Certes, il y a des
enfants de
Dieu dans ces sociétés, et Dieu
bénit leurs travaux sous bien des rapports.
Cependant, même si nous devions être
traités de gens bizarres ou orgueilleux, qui
se décernent un brevet de
supériorité, nous croyons que Dieu
nous appelle à nous en
séparer, afin de pouvoir montrer aux
fidèles en quoi ces sociétés
ne se conforment pas aux enseignements de
l'Écriture.
Les jeunes pasteurs de
Bristol
ne se croyaient donc pas appelés à
soutenir les oeuvres existantes parce que sur plus
d'un point elles étaient en désaccord
avec ce qu'enseigne la Bible. D'autre part, ils se
rendaient compte que ce serait une cause
d'affaiblissement pour leurs Églises que de
n'avoir pas d'activité missionnaire, de ne
point s'occuper de la diffusion des
Écritures, de la distribution des
traités religieux, etc... D'où la
nécessité de fonder un Institut
missionnaire.
Le 9 mars 1834, une
réunion publique fut convoquée et la
question fut exposée devant les
fidèles. « Séance toute
ordinaire », écrit Müller
dans son journal. Et cependant ce tout petit
commencement inaugurait de grandes
choses.
Nous avons proposé aux
assistants les règles énoncées
ci-après, et elles ont été
adoptées.
I. Tout chrétien doit
travailler de façon ou d'autre pour
Christ ; et la Bible nous garantit que Dieu
met sa bénédiction sur toute oeuvre
de foi et d'amour. Il semble bien, d'après
certains passages scripturaires
[Matthieu
XIII : 24-43, Il
Timothée III : 1-13
et plusieurs autres], que le monde ne sera pas
converti avant la venue du Seigneur Jésus.
Cependant, aussi longtemps que le Seigneur tarde
à venir, tous les moyens doivent être
employés pour rassembler les
élus.
Il. Dieu aidant, nous
ne
rechercherons pas le patronage du monde. Nous ne
demanderons jamais le concours des personnes de
haut rang et fortunées, mais inconverties,
car ceci serait un déshonneur pour le
Seigneur. « C'est au nom de
l'Éternel, notre Dieu, que nous
élèverons
l'étendard »
(Psaume
XX : 6), Lui seul sera notre
Bienfaiteur.
S'il nous aide, nous prospérerons ;
s'Il ne le fait pas, nous tomberons.
III. Nous n'avons pas
l'intention de DEMANDER de l'argent aux
incrédules
(2
Cor. VI : 14, 18), toutefois
nous ne nous sentons pas libres de refuser leurs
contributions s'ils nous les offrent
(Actes
XXVIII: 2-10).
IV. Nous refusons
absolument le
concours des incrédules pour diriger
l'Oeuvre ou y travailler de quelque manière
que ce soit
(2
Cor. VI : 14-18).
V. Nous n'étendrons
pas
notre champ d'activité en contractant des
dettes et en lançant ensuite des appels
à l'Eglise, ce qui est contraire à
l'esprit et à la lettre du Nouveau Testament
(Rom.
XIII : 9), mais nous
exposerons à Dieu les besoins de l'Oeuvre,
et nous agirons dans la mesure des ressources qu'il
mettra à notre disposition.
VI. Nous ne pensons
pas devoir
mesurer le succès au montant des sommes
données ou au nombre de Bibles
distribuées, etc... Mais nous examinerons
devant Dieu si sa bénédiction repose
sur l'Oeuvre de nos mains
(Zacharie
IV : 6), et nous
comptons bien l'avoir dans la mesure où nous
nous attendrons à Lui par la prière
avec la force qu'il nous donnera.
VII. Bien que nous ne
voulions
pas nous singulariser inutilement, nous
désirons cependant aller de l'avant, en
obéissant aux Écritures et sans
compromettre la Vérité. Nous sommes
prêts à recevoir, avec reconnaissance,
tous conseils basés sur la Bible que des
chrétiens d'expérience voudraient
nous donner relativement à l'Oeuvre que nous
fondons.
Voici les buts
poursuivis
Aider les écoles de
semaine et du dimanche ; subventionner les
cours d'adultes, dont l'enseignement repose sur des principes
scripturaires. Ouvrir ce genre
d'écoles si le Seigneur nous conduit
à le faire en nous en donnant les moyens, et
en nous envoyant les aides qualifiés. Nous
aimerions placer des enfants pauvres à ces
écoles.
Par écoles de semaine
basées sur des principes scripturaires, nous
entendons celles où l'enseignement est
donné par des personnes pieuses, dont les
leçons ne sont pas en désaccord avec
les règles de l'Évangile. De
même pour les Écoles du dimanche, il
est nécessaire que les moniteurs soient
chrétiens et que leur enseignement soit
fidèle à l'Écriture. C'est
à ces Écoles seulement que notre
Oeuvre pourra venir en aide par le don de Bibles et
de Nouveaux Testaments, ou autrement..., car il est
anti-scripturaire que ceux qui ne croient pas
soient autorisés à enseigner les
autres. Mêmes clauses pour les cours
d'adultes.
L'Oeuvre aidera à la
diffusion des Écritures par des dons et des
ventes à prix réduits. Nous croyons
qu'il vaut mieux VENDRE à prix
réduits que de donner, Toutefois, il pourra
y avoir des dons lorsqu'il s'agira de personnes
vraiment pauvres.
L'Oeuvre collaborera à
l'action missionnaire en aidant les ouvriers qui
travaillent selon les principes
scripturaires.
Les dons seront
proportionnellement répartis pour les objets
que nous venons d'énumérer, si aucun
n'a plus particulièrement besoin
d'être aidé. Toutefois si les
donateurs stipulent l'attribution de leurs dons, il
sera fait comme ils le désirent.
L'Institut de Bristol
était fondé. L'oeuvre devait prendre
rapidement un tel développement que nous
avons voulu reproduire in extenso les motifs qui
déterminèrent sa création et
les règles qui présidèrent
à celle-ci. Non moins intéressant que
le développement de l'oeuvre est celui de
l'ouvrier que Dieu s'est choisi.
Dénué de tout, humainement parlant,
cet homme, qui a souvent une maison pleine de
visiteurs, de parents, de frères en Christ
et un porte-monnaie vide ou à peu
près, s'avance dans la vie, les veux
fixés sur Dieu et sur ses promesses, et
réalise de grandes choses. Il n'a
rien : ni argent, ni influence. Mais Dieu est
riche, lui ! Il dispose de tous les
trésors et il tient les coeurs en sa main.
N'est-il pas le Tout-Puissant ?
Deux jours seulement
avant cette
séance mémorable, nous lisons dans le
journal de G. Müller :
Aujourd'hui, nous
n'avons plus
qu'un shelling. Il est déjà
arrivé, depuis que nous sommes à
Bristol, que nous n'avons plus rien ou presque plus
rien en porte-monnaie ; mais nos provisions
n'ont jamais été
épuisées au même point
qu'à Teignmouth. Ce soir, en rentrant
à la maison, nous avons trouvé un
tailleur, un frère, qui nous attendait avec
deux complets pour frère Craik et moi. Ces
vêtements nous sont offerts par un membre
d'église qui veut garder
l'anonymat.
10 mars.
- Un homme que
Dieu a converti par notre moyen et qui s'adonnait
à l'alcool et à d'autres
péchés, est venu nous trouver il y a
quelque temps pour nous supplier avec larmes de
prier pour sa femme qui continuait à vivre
comme il l'avait fait lui-même autrefois. Au
bout de dix jours à peu près, il plut
au Seigneur de commencer à agir par Sa
Grâce dans le coeur de la malheureuse femme,
en réponse aux très nombreuses
prières de son mari. Elle a
été reçue dans l'Eglise ce
soir. Ce cas n'est pas unique.
Bien des maris et des
femmes ont
été convertis en exaucement de la
prière de l'époux ou de
l'épouse fidèle.
19
mars. - En rentrant ce soir, après la
prédication à Béthesda, j'ai
appris la joyeuse nouvelle de la naissance d'un
fils. Nous l'avons nommé Elie.
14 avril.
Jusqu'ici nous
avons vécu avec frère et soeur Craik
mais maintenant que le Seigneur leur a donné
un enfant et deux à nous, comme la maison
n'a que six chambres et que cher frère Craik
et moi nous avons dû fréquemment
chercher ailleurs le silence ou la solitude, il
nous a semblé nécessaire d'envisager
une séparation pour le bien de nos
âmes et l'oeuvre du Seigneur.
15 avril.
- Quelques
soeurs nous ont envoyé aujourd'hui
vingt-cinq livres sterling pour le mobilier d'une
autre maison.
23 avril. -
Hier et
aujourd'hui, j'ai demandé au Seigneur de
nous envoyer vingt livres sterling pour que nous
puissions avoir un plus grand stock de Bibles et de
Nouveaux Testaments que celui dont dispose le petit
fonds de l'Institut. Or, le même soir, une
soeur nous dit qu'elle était venue à
la connaissance du Seigneur par la seule lecture
des Saintes Écritures ; qu'elle prenait
donc un grand intérêt à leur
diffusion et voulait nous envoyer vingt livres
sterling à cet effet.
4 mai.
- Reçu
à nouveau aujourd'hui quinze livres sterling
pour meubler une maison. Dans sa bonté, le
Seigneur a subvenu à nos besoins.
5 mai -
Aujourd'hui nous
sommes allés dans notre nouvelle demeure
après avoir vécu presque deux ans
avec frère et soeur Craik.
4
juin. - Reçu aujourd'hui la visite d'une
soeur elle est restée, bien que je lui eusse
laissé entendre que je ne disposais que de
quelques minutes, et j'en ai conçu de
l'irritation. J'ai péché contre le
Seigneur. « 0 Seigneur
Jésus ! Toi,
aide-moi ! »
25 juin.
- Voici trois
jours qui s'écoulent sans que j'aie pu
avoir, ou à peine, d'instants de
véritable communion avec Dieu. En
conséquence, j'ai été
très faible au point de vue spirituel.
À plusieurs reprises, j'ai ressenti de
l'irritabilité. Que Dieu dans sa
miséricorde m'aide à m'adonner
davantage à la prière
secrète.
26 juin.
- J'ai pu, avec
l'aide de Dieu, me lever de bonne heure et avoir
presque deux heures de prière avant le
déjeuner. Et maintenant je me sens
mieux ; que Dieu dans sa bonté m'aide
aujourd'hui à marcher devant Sa Face et
à faire son oeuvre ; qu'Il me garde de
tout mal.
11 juillet. -
J'ai
beaucoup prié pour trouver un maître
qualifié pour l'école de
garçons que je veux ouvrir, école qui
dépendra de notre Institut. Huit personnes
s'étaient présentées ;
aucune ne m'avait paru convenir. Mais le Seigneur
nous a enfin envoyé le maître qu'il
nous fallait et celui-ci va se mettre à
l'oeuvre sans retard. Dieu a permis que nous
priions longtemps avant de répondre ;
mais, maintenant Il nous a parfaitement
exaucés.
18 août. -
Aujourd'hui frère Craik et moi nous avons engagé
les services
d'une institutrice pour une école de filles
que nous avons l'intention d'ouvrir, en regardant
à Dieu pour les subsides
nécessaires.
27 août. -
J'ai
prié à plusieurs reprises et j'ai lu
dix chapitres de l'Écriture pour trouver un
texte, le tout sans résultats. Je suis donc
parti ce soir pour la Chapelle sans savoir sur quel
texte le Seigneur désirait que je
prêchasse. Au moment de commencer la
réunion, ma pensée fut attirée
sur le livre des Lamentations, chapitre III,
versets 22-26 ; le Seigneur m'a aidé et
j'ai parlé sur ce texte avec
joie.
28 octobre. -
J'ai
entendu parler d'un pauvre petit orphelin qui
durant quelque temps avait suivi l'une de nos
écoles, et chez qui un travail
intérieur avait commencé de se faire
en m'entendant parler des tourments de l'enfer.
Depuis on l'a mis à l'hospice situé
à quelques kilomètres de
Bristol ; et en partant, il a dit sa tristesse
de nous quitter, de ne plus pouvoir revenir
à notre école, et de n'avoir plus
l'occasion de nous entendre. SI LE SEIGNEUR LE
VEUT, QUE CECI ME CONDUISE À FAIRE AUSSI
QUELQUE CHOSE POUR LES BESOINS TEMPORELS DES
ENFANTS PAUVRES. C'EST L'EXTRÊME
PAUVRETÉ QUI A FAIT ENVOYER CET ENFANT
À L'HOSPICE !
1er novembre. -
Aujourd'hui comme nous n'avions plus rien, voici ce
que nous avons fait pour subvenir à nos
besoins : nous avions des cuillères en
argent qu'on nous avait offertes, il y a quelque
temps, et que nous n'employions jamais pensant
qu'il était préférable pour
les serviteurs de Christ, à cause de
l'exemple, de se servir de cuillères
ordinaires. C'est aussi pour cette raison que nous
avions vendu notre argenterie à Teignmouth.
Cependant nous
n'avions pas encore disposé de ces
cuillères données depuis. Maintenant
la chose est faite ; et nous sommes certains
que l'aimable donateur ne nous en tiendra pas
rigueur puisque le produit de la vente a servi
à nous nourrir.
5 novembre. -
J'ai
passé presque toute la journée en
prière et à lire la Parole de Dieu.
Entre autres choses, j'ai exposé à
Dieu nos besoins temporels. Jusqu'ici je n'ai pas
reçu l'exaucement que
j'espère.
8 novembre,
samedi. -
À nouveau le Seigneur a subvenu à
tous nos besoins durant la semaine
écoulée, bien que nous l'eussions
commencée avec fort peu de chose. J'ai
beaucoup prié cette semaine pour de
l'argent ; plus que je ne l'avais encore fait
depuis que nous sommes à Bristol, pour
autant que je puisse me souvenir. Le Seigneur n'a
pas répondu à nos prières en
nous envoyant UN DON, mais en nous amenant à
vendre ce qui ne nous était pas
nécessaire, et en faisant payer ce qui nous
était dû.
10 décembre. Un
frère a légué douze livres
sterling à frère Craik et autant
à moi.
31 décembre. -
Depuis que frère Craik et moi nous
travaillons à Bristol, deux cent vingt-sept
membres ont été ajoutés
à nos communautés : cent
vingt-cinq à l'église de
Béthesda, cent trente-deux à Gideon
Chapel. Le Seigneur m'a donné cette
année deux cent quatre-vingt-huit livres
sterling, huit pence et quart (sept mille deux
cents francs quatre-vingt-cinq).
1er janvier. - Nous avons eu hier
soir
une réunion de prière spéciale
pour les deux églises réunies, pour tous ceux qui
voulaient
joindre leurs louanges aux nôtres en
reconnaissance des bienfaits de Dieu durant
l'année écoulée, et aussi pour
lui demander de nous continuer sa faveur. Tous les
frères étaient libres de prier ;
dix-huit le firent. La prière, la louange,
le chant des cantiques, la lecture de la Bible et
les exhortations continuèrent jusqu'à
une heure du matin. Le service avait
commencé la veille à sept heures du
soir.
13 janvier.
- Aujourd'hui
j'ai fait des visites de maison en maison dans la
rue d'Orange depuis dix heures du matin
jusqu'à une heure ; puis de six
à huit heures et demie, le soir. J'ai
visité les familles qui habitent dans neuf
maisons, m'assurant que personne ne désirait
de Bibles et que les gens pouvaient lire. J'ai
aussi proposé aux parents de laisser venir
leurs enfants à nos écoles de semaine
ou du dimanche pour que nous pussions les aider de
la sorte. J'ai abordé avec tous la grande
question de l'âme et celle du salut. J'ai
vendu à prix réduits huit Bibles et
deux Nouveaux Testaments, et j'en ai donné
un. J'ai inscrit une femme pour l'école
d'adultes, et un garçon pour l'école
de semaine ; enfin j'ai eu l'occasion d'une
conversation avec une trentaine de personnes.
Combien j'aimerais pouvoir faire souvent ce genre
de travail, que je considère comme avant une
grande importance ! Mais nous avons d'autre
part tant à faire, que nous ne le pouvons
pas.
17
janvier. - RETOUR DE M. GROVES. -
Frère Groves est arrivé aujourd'hui.
L'un de ses motifs en rentrant en Angleterre, c'est
de trouver en Allemagne des frères
missionnaires pour l'Inde. Il me demande de
l'accompagner dans, mon
pays
pour l'aider à trouver le personnel dont la
Mission a besoin. C'est là une affaire bien
délicate et très grave. Que le
Seigneur me dirige et m'aide à vouloir ce
qu'il veut.
28 janvier. - J'ai beaucoup prié
ces jours passés pour savoir si le Seigneur
désire que je parte moi-même pour les
Indes, comme missionnaire. Je suis tout prêt
à le faire s'Il condescend à se
servir de moi de cette manière.
29 janvier. -
Je me suis
senti poussé à prier au sujet de mon
départ possible pour Calcutta. Que le
Seigneur me conduise !
4 février.
-
Dernièrement, j'ai prié très
souvent et avec intensité relativement
à ce voyage en Allemagne. Je veux y aller ou
rester selon que Dieu voudra. Qu'il me
conduise ! C'est aussi là mon
état d'esprit au sujet des Indes. Comme
moyen d'arriver à connaître la
volonté de Dieu, je me suis mis à
faire des lectures sur les Hindous, pour me rendre
mieux compte de leur état. Que le Seigneur
incline mon coeur à penser davantage
à eux, soit que j'aille travailler
là-bas, soit que je reste à
Bristol.
16 février.
-
Mentionné ce soir devant l'église de
Béthesda, comme je l'avais fait le 13
à Gideon Chapel, que je croyais que Dieu me
demandait d'accompagner frère Groves en
Allemagne, à cause de ma connaissance de la
langue, pour l'aider à trouver les
missionnaires nécessaires. Pas un seul
membre n'a élevé d'objections, et
plusieurs ont discerné un appel du Seigneur,
ajoutant qu'ainsi et par mon moyen, leurs
églises seraient pour quelque chose dans la
vocation et le départ de plusieurs
missionnaires. Ceci m'a
réconforté ; et l'unanimité des
frères à ce sujet m'a affermi dans la
pensée que le Seigneur désirait bien
que j'entreprisse ce voyage.
25 février.
- Au
nom du Seigneur et en nous attendant uniquement
à Lui pour tout ce qui est
nécessaire, nous avons ouvert aujourd'hui
une cinquième école d'enfants
pauvres. De sorte que nous avons maintenant cinq
écoles : deux pour les garçons,
trois pour les filles.
26
février. - DÉPART POUR
L'ALLEMAGNE. - J'ai quitté Bristol cet
après-midi, et suis en route pour
l'Allemagne.
7 mars.
- Quitté
Londres hier soir, arrivé à Douvres
ce matin. Le Seigneur m'a aidé à le
confesser devant les autres voyageurs. J'ai pu
m'adonner longuement et dans la tranquillité
à la lecture de la Bible et à la
prière, bien que je sois à
l'hôtel.
8 mars. -
J'ai
prêché ce matin et cet
après-midi dans l'une des chapelles de
l'endroit.
9 mars.
- Impossible de
s'embarquer aujourd'hui, tellement la mer est
démontée. Aucun bateau n'est parti.
J'ai écrit des lettres, j'ai lu la Parole
divine et prié. Nous dépendons
complètement de Dieu. Ce soir nous lui avons
demandé ensemble à deux reprises de
bien vouloir calmer le vent et les vagues ; et
maintenant que la chose lui a été
remise je me sens tout à fait
heureux.
10 mars.
- Le Seigneur
nous a entendus. Nous nous sommes
réveillés de bonne heure ce matin et
avons constaté que la violence du vent
était tombée. Nous avons quitté
l'hôtel alors qu'il faisait encore nuit pour
gagner le rivage. Tous les voyageurs se
hâtaient en même temps vers le port, et
je m'aperçus tout à coup que je
n'étais plus en compagnie des frères
G. et Y. Comme Dieu m'aide
généralement en semblables
circonstances, j'élevai aussitôt mon
coeur vers Lui pour qu'Il me guidât vers le
bateau qui transportait les voyageurs à
notre navire, celui où nous avions pris
passage, et je le découvris presque
instantanément... Très bonne
traversée en exaucement à la
prière. Arrivés à Calais,
après le visa des passeports et la visite en
douane, nous avons retenu nos places dans la
diligence qui, peu après dix heures, partait
pour Paris. Quelle bénédiction, en de
semblables circonstances, d'avoir un Père
Céleste à qui l'on peut toujours
recourir ! Quelle chose différente
aussi que de voyager au service de Dieu, ou de le
faire pour son plaisir ou ses
affaires !
14 mars.
- Retenu nos
places dans la malle-poste de Strasbourg,
frère Groves et moi. Frère Y.,
souffrant, restera quelques jours à
Paris.
15 mars. -
J'ai
prêché ce matin dans une petite
chapelle, au Palais Royal. Quitté Paris, ce
soir à six heures.
17 mars.
- Depuis le 15
au soir, jusqu'au moment de notre arrivée
à Strasbourg à une heure et demie cet
après-midi, nous avons été
à peu près constamment
enfermés dans la malle-poste, à
l'exception d'une demi-heure le matin vers 7
heures, et d'une autre demi-heure le soir vers 11
heures, pour les repas. J'ai pu avoir un temps de
communion et de rafraîchissement spirituel
avec mon bien-aimé frère.
Ce voyage par
malle-poste est le
plus rapide en France et ne comporte que deux
voyageurs. Nous avons donc pu librement parler et
prier ensemble, ce qui m'a fortifié.
À Strasbourg, nous n'avions que peu de chose
à faire, et bien que nous eussions
déjà roulé presque sans
arrêt durant quarante-quatre heures, nous
prîmes le même soir la voiture pour
Bâle, comptant sur Dieu pour recevoir la
force nécessaire à supporter cette
troisième nuit de voyage. Nous étions
à peine partis que notre équipage
s'embourba sur une route nouvellement ouverte. Tout
le monde dut descendre : la nuit était
froide, la neige tombait. J'élevai mon coeur
vers Dieu qui nous secourut, et le voyage put
continuer. Pour la première fois depuis six
ans, je me trouvai au milieu de voyageurs qui
parlaient ma langue natale. Mais,
hélas ! ils ne parlaient pas pour
Christ !
18 mars.
- Nous sommes
arrivés ce soir à Bâle,
où les frères nous ont reçus
avec affection. Nous restons ici quelques jours.
J'ai assisté à une réunion que
présidait un pasteur pieux et
vénérable ; il s'adressait
à des frères qui se destinent
à la Mission, et expliquait 1 Pierre
III : 1-2, en se servant du Testament grec.
À ce propos, il raconta un épisode
qui s'était passé à Bâle
même et dont il avait été le
témoin dans sa jeunesse. J'ai trouvé
que ce récit comportait un tel encouragement
pour ceux qui sont mariés à des
incrédules, particulièrement pour les
soeurs dont les maris ne sont pas croyants, et
d'autre part qu'il est une si belle illustration du
passage cité ci-dessus, que je l'ai
noté, et le donne ici :
« Il y avait
à
Bâle un homme très riche dont la femme
était chrétienne ; mais
lui-même ne craignait pas
Dieu. Il passait toutes ses soirées au
café et y restait souvent jusqu'à
onze heures, minuit, et même une heure du
matin. En ces occasions, sa femme congédiait
les domestiques et restait elle-même à
attendre son retour. Quand il rentrait, elle le
recevait avec bonté, sans lui faire le
moindre reproche sur l'heure, sa fatigue ou le
manque de sommeil. S'il avait trop bu et avait
besoin de quelque assistance, elle lui rendait les
services nécessaires. Les choses
continuèrent de se passer ainsi pendant
longtemps.
Certain soir, vers
minuit, cet
homme était encore à la taverne avec
ses amis, lorsqu'il s'écria :
« Je parie que si vous m'accompagnez
à la maison, vous trouverez ma femme encore
debout et m'attendant, qu'elle viendra m'ouvrir
elle-même et nous recevra aimablement. Bien
plus, si je lui demande de nous préparer un
souper, elle le fera tout de suite, sans murmure et
sans reproches. »
Ses compagnons de
péché refusèrent de le
croire ; à la fin, ils se
levèrent tous et le suivirent pour aller
voir cette excellente femme. Ils avaient à
peine frappé que la porte s'ouvrait, et la
maîtresse de céans les reçut
avec amabilité et courtoisie. Une fois
qu'ils furent entrés, M. X. demanda à
souper. Elle y consentit aussitôt, servit
tout ce qu'il fallait sans manifester de
désapprobation ou d'irritation, puis se
retira dans sa chambre.
Lorsqu'elle fut
partie, l'un des
amis dit au maître de la maison :
« Quel homme méchant et cruel vous
devez être pour vous amuser à
tourmenter une si excellente femme. »
Puis, prenant sa canne et son chapeau, il s'en alla
sans toucher à un seul morceau. Un second
fit quelques remarques semblables et partit aussi
sans rien prendre ; et bientôt les
autres suivirent ; personne ne toucha au repas servi.
Peu après, le
maître de la maison se trouvait seul ;
et, sous l'influence du Saint-Esprit, il comprenait
enfin son effroyable iniquité, plus
particulièrement ses torts vis-à-vis
de sa femme. Ses amis étaient partis depuis
une demi-heure à peine qu'il décida
d'aller trouver celle-ci pour la prier
d'intercéder en sa faveur auprès de
Dieu, afin d'obtenir le pardon de ses
péchés. Dès cette heure, il
devint un disciple de
Jésus... »
25 mars.
- Arrivé
hier matin à six heures à Shaffhouse.
À l'hôtel des Postes, j'ai
rencontré un monsieur titré qui,
averti de mon passage par les frères de
Bâle, m'invita à passer chez lui les
deux heures dont je disposais dans cette ville. Il
restaura mon corps avec un déjeuner, et mon
âme par la communion fraternelle avec ceux
qu'il avait invités à l'occasion de
mon passage. Ce matin, j'ai rencontré
frère Gundert, l'étudiant en
théologie pour lequel je suis venu
jusqu'ici, et j'ai eu à peu près
trois heures de conversation avec lui.
26 mars.
- Ce matin,
frère Gundert et moi, nous sommes partis en
voiture pour Stuttgart. Je désirai le
connaître un peu plus et aborder le sujet de
son départ avec le père. Celui-ci
nous a fort aimablement reçus. Non seulement
il ne s'oppose pas au départ de son fils,
mais considère que c'est un honneur que de
pouvoir donner un fils au Seigneur. Je crois que
frère Gundert est destiné à
partir aux Indes.
30 mars,
Halle. - Depuis
le 27 au soir jusqu'à cet après-midi,
j'ai voyagé jour et nuit, avec les forces
que le Seigneur m'a données. Je me suis
senti profondément ému en repassant
en mon coeur les bontés de Dieu à mon égard.
J'ai eu de fréquentes occasions de confesser
le Nom de Jésus devant les compagnons de
route qui se succédèrent pendant le
parcours. Un étudiant me vanta le vin fameux
et bon marché de Weinheim près de
Heidelberg. Je lui répondis qu'autrefois,
étudiant comme lui, j'avais traversé
cet endroit, et que m'étais alors
intéressé à ces choses. Mais
maintenant, j'avais trouvé ce qui valait
infiniment mieux. Hier, un Français,
après m'avoir entendu parler à une ou
deux reprises de Jésus, quitta
l'intérieur de la voiture lorsqu'il vit
descendre le troisième voyageur. Il ne se
souciait évidemment pas de rester seul avec
moi, et s'empressa d'aller s'asseoir dans le
compartiment de devant, à côté
d'un officier, ce qui m'a procuré l'avantage
d'être tout à fait seul. J'en ai
profité pour prier à haute voix
durant une heure à peu près, ce qui
m'a rafraîchi spirituellement et
fortifié.
J'ai très
particulièrement apprécié la
bonté du Seigneur qui me donnait de la sorte
la possibilité de prier à haute voix.
Comme je voyageais depuis quarante-huit heures sans
interruption, j'étais trop fatigué
pour pouvoir persévérer quelque temps
dans la prière mentale et somnolais
aussitôt. Hier après-midi, à
Eisenach, situé au pied de la colline que
couronnent les ruines de la Wartburg où
Luther traduisit la Bible, j'ai été
le témoin de scènes d'une effroyable
profanation. Comment le chandelier a-t-il
été ôté de sa
place ?
Cet après-midi, nous
arrivions enfin à Halle, la ville où
il plut au Seigneur de m'amener à sa
connaissance. Jusqu'ici Il m'a gardé dans ce
voyage malgré le mauvais état de la
voiture. Lorsque j'en descendis on constata qu'un
ressort était brisé. J'avais le plus grand besoin
de repos, mais
je
ne pus dormir, mon coeur était trop plein.
Je me rendis d'abord chez frère
Wagner : c'est chez lui que j'avais
été converti ; puis j'allai voir
le Dr Tholuck, lequel, après sept ans
d'absence, me reçut avec la même
bonté, le même amour fraternel qu'il
me montrait autrefois. Il m'invita à
demeurer chez lui, montrant ainsi que les
divergences concernant certains aperçus de
la vérité ne devaient pas
élever de barrières entre les enfants
de Dieu. [J'avais pris soin de l'avertir de
l'évolution de ma pensée sur divers
points.]
31 mars.
- Aujourd'hui,
nous sommes allés à cheval, le Dr
Tholuck, deux frères et moi, jusque chez un
pasteur fidèle qui vit dans les environs de
Halle. Durant le parcours, le Docteur m'a appris
bien des choses encourageantes,
particulièrement celle-ci : que bon
nombre de mes anciens camarades d'Université
qui ne connaissaient pas le Seigneur
s'étaient depuis donnés à Lui
et s'étaient enrôlés à
son service. D'autres, restés faibles en la
foi, s'étaient fortifiés.
1er avril.
- Je suis
allé jusqu'aux orphelinats de Francke pour
voir le fils d'un voisin de mon père qui est
professeur ici. Je ne l'avais pas vu depuis quinze
ans, et j'ai eu la joie de découvrir en lui
un frère ! Ce soir, nous nous sommes
rencontrés dans cette même chambre
où il a plu à Dieu de commencer en
moi l'oeuvre de sa grâce, avec quelques-uns
des frères et des soeurs qui y venaient il y
a sept ans. Et j'ai pu leur dire ce qu'avaient
été pour moi, durant les
années passées, la
fidélité de Dieu, son amour, sa
bonté, sa patience. En vérité,
le Seigneur a répandu sur moi ses
faveurs.
2 avril.
- Ce matin j'ai
visité plusieurs frères et soeurs, rendant partout
témoignage à la
bénédiction qu'entraîne une
obéissance implicite aux Écritures
qui doivent être le Guide unique, dans les
choses du domaine spirituel. Les frères
m'ont entouré d'affection. J'ai
quitté Halle cet après-midi pour
gagner Sandersleben, distant de quelque vingt
kilomètres. C'est là que demeure un
cher et vieil ami dont l'affection n'a cessé
de m'entourer pendant mes années
d'Angleterre. Il m'a reçu à bras
ouverts ainsi que sa chère femme et le
domestique. Celui-ci est aussi un frère
bien-aimé dans le Seigneur.
3 avril,
Sandersleben. -
Aujourd'hui, j'ai vu plusieurs frères et
soeurs. Je retrouve l'un d'eux au même point
qu'il y a huit ans : peu de joie en Dieu, peu
de progrès, parce qu'il n'a pas obéi
aux ordres de sa conscience et conserve une
situation qu'il aurait dû abandonner.
L'apôtre nous exhorte à demeurer dans
notre vocation, mais seulement si nous pouvons y
rester avec Dieu (1
Cor. VII : 24). Ce soir, un
pasteur fidèle et les frères de cette
petite ville et des villages environnants, nous
nous sommes réunis chez frère
Stahlschmidt. Ceux-ci voulaient m'entendre dire ce
que Dieu avait fait pour moi depuis que je les
avais quittés. J'ai essayé de les
fortifier dans le Seigneur, et je les ai
exhortés à se donner sans restriction
et complètement à Dieu. Ce fut une
soirée de rafraîchissement spirituel.
J'en ai retiré du bien pour mon âme.
Dieu me bénit chaque fois que je dis ses
bontés et sa
fidélité.
4
avril. - REVOIR. - J'ai laissé
Sandersleben ce matin. - S'inspirant de III Jean
5-6, mon hôte a voulu me conduire dans sa
voiture jusqu'à Aschersleben, la dernière
station avant l'endroit qu'habite mon père.
En route pour Heimersleben, j'ai demandé au
conducteur des nouvelles d'un ancien compagnon de
péché qui avait étudié
avec moi à Halle. Il est, paraît-il,
toujours dans le même état. Quelle
différence entre nous deux, uniquement parce
que la Grâce a agi en moi.. Je pourrais
être sur la route où il se trouve
maintenant : encore dans la culpabilité
et le péché, et lui pourrait
être à ma place, à moi qui suis
un brandon arraché à la
fournaise ! Que Dieu m'aide à l'aimer
davantage. Ces pensées s'agitaient en mon
coeur, alors que je commençais d'apercevoir
la ville qu'habite mon père et où ne
se trouvent à ma connaissance que deux
personnes qui aiment le Seigneur... Comme toutes
choses sont différentes pour moi
aujourd'hui, en comparaison de ce qu'elles
étaient autrefois quand je venais passer ici
les semaines de vacances. Je suis heureux
maintenant ; vraiment heureux ! Mon coeur
n'appartient plus aux choses que je recherchais
autrefois et que je considère aujourd'hui
comme des bulles d'air. Mon coeur n'est pas
ici ; il n'est même pas en Angleterre.
En une certaine mesure, il est déjà
dans le ciel, bien que je ne sois qu'un faible et
misérable ver. Cette rencontre. avec mon
père, maintenant très
âgé, cette joie du revoir, sont pour
moi choses très solennelles. Je sens aussi
l'importance du retour en cette ville témoin
de mon orageuse jeunesse, et je veux vivre les
trois jours que je compte y passer comme il
convient à un serviteur de Christ. J'en ai
fait un sujet de prière avant de quitter
Bristol et jusqu'à maintenant. J'arrivai
enfin chez mon père. Notre rencontre fut
pleine d'émotion.
5 avril.
- HELMERSLEBEN.
- Cet après-midi, un ami de mon père
est venu ; il ne connaît pas Dieu. Peu
après son arrivée, l'occasion se
présenta donc pour moi d'exposer devant mon
père les vérités essentielles
de l'Évangile, la joie et la consolation
qu'elles apportent et dont personnellement je
jouissais. Je pus parler bien plus librement devant
lui et mon frère que je ne l'avais fait
jusque-là, sans faire de personnalité
et sans avoir à dire comme le
prophète : « Tu es cet
homme-là. » Dieu m'a
assisté. Qu'Il daigne prendre soin de la
semence répandue
6 avril. -
Je n'ai pas
parlé directement à mon père
de son âme ; mais j'ai eu plus d'une
fois l'occasion d'annoncer la vérité
devant lui. Dieu a été avec moi de
façon manifeste et je crois que c'est Lui
qui m'a poussé à faire ainsi. J'ai
agi différemment avec mon frère, et
lui ai parlé non seulement du danger
où il se trouve, mais de ses
péchés. Durant la soirée, j'ai
raconté à tous deux quelques-unes des
choses que Dieu avait faites pour moi depuis que je
suis en Angleterre, et en particulier comment Il
avait subvenu à tous mes besoins en
réponse à la prière. Sur le
moment, tous deux semblèrent comprendre la
joie qu'il y avait à vivre comme je le
fais.
7 avril.
- J'ai
passé une bonne partie de la matinée
en promenade avec mon père. Il m'a
mené voir l'un de ses jardins et
quelques-uns de ses champs. Je savais que cela lui
ferait plaisir et je voulais lui témoigner
toute l'attention, toute l'affection possibles,
tout ce qui était compatible avec ma
conscience. Demain, je pense lui dire adieu et
reprendre le chemin de l'Angleterre. Dans sa grande
bonté, le Seigneur a exaucé ma
prière, et Il m'a aidé à me conduire de telle
façon
que mon père a dit aujourd'hui :
« Que Dieu m'aide à suivre ton
exemple et à agir selon ce que tu as
dit. »
9 avril.
- CELLE. - Hier
matin, mon père a voulu m'accompagner en
voiture jusqu'à Halberstadt, et c'est en
versant bien des larmes qu'il m'a
quitté...
J'étais seul dans la
voiture, ce qui a été un soulagement
pour moi... Sur cette route de Brunswick que
j'avais parcouru deux fois auparavant au service de
Satan, je voyageais maintenant pour le nom de
Jésus. J'aperçus en passant l'auberge
de Wolfenbüttel d'où j'avais
essayé de me sauver et où j'avais
été arrêté. Bien des
pensées et des souvenirs s'agitaient en
moi !
Vers le soir,
j'arrivai à
Brunswick d'où nous repartîmes peu
après. Durant la nuit, j'entendis une
conversation abominable entre le conducteur et un
étudiant : propos pervers, païens,
sardoniques. Le seul témoignage que je
rendis fut de garder le silence. Nous sommes
arrivés à Celle ce matin, la voiture
ne repart que cet après-midi pour Hambourg.
Mon âme est souffrante aujourd'hui.
L'horrible conversation de cette nuit a agi sur moi
comme un poison spirituel. Comme le mal nous
pénètre facilement, même
lorsque nous n'en avons pas
conscience !
10 avril.
- HAMBOURG. -
Je suis arrivé ici à dix heures du
matin !
15
avril. - RETOUR A BRISTOL. - Hier,
à une heure, nous arrivions à
Londres. À deux heures, j'étais chez
mes amis de Chancery Lane où je trouvai une
lettre de ma femme. Elle m'apprend que frère
Craik est malade ; il souffre d'une
inflammation du larynx, et à vues humaines
ne pourra pas prêcher de quelque temps. Je
repartis
donc
aussitôt pour Bristol où j'arrivai ce
matin. J'ai trouvé frère Craik moins
mal que je ne le craignais, mais il lui est tout
à fait impossible de
prêcher.
5 mai.
- ÉPREUVES.
-
Mon beau-père est très malade depuis
quelques jours.
3 juin.
- Aujourd'hui,
réunion publique de l'Institut pour
répandre la connaissance de la Bible en
Angleterre et sur le Continent. Voici quinze mois
que nous l'avons fondé en regardant
uniquement à Dieu. nous avons instruit des
enfants, fait connaître la Bible, aidé
des missionnaires. Il y a eu des moments que nous
n'avions presque plus d'argent, mais nous n'avons
jamais été obligés de
suspendre le travail. Nous avons ouvert trois
écoles, nous en avons adopté deux,
qu'autrement et faute de moyens il aurait fallu
fermer. Quatre cent trente-neuf enfants sont
instruits dans nos écoles.
22 juin.
- Aujourd'hui,
à deux heures, notre père est
mort.
23 juin.
- Nos deux
enfants sont très malades.
25 juin. --
Notre cher
petit garçon est si malade que je
n'espère pas sa guérison. Il a une
fluxion de poitrine. J'ai parlé ce soir
à Gideon Chapel sur ce passage : Psaume
CXLV : 1-4, ne me sentant pas libre de
supprimer le service à cause de nos
circonstances de famille.
26 juin.
- J'ai
demandé à Dieu hier soir qu'Il lui
plut de soutenir ma chère femme dans
l'épreuve, s'il reprenait à Lui
l'enfant. Je n'ai pas prié pour la guérison de
notre fils.
Deux heures après il nous quittait Pour
aller auprès du Bon Berger.
27 juin.
- Ma
chère femme est très soutenue dans
l'épreuve...
3 juillet. -
À
cause de nos récentes épreuves, nous
avons pris l'argent mis de côté pour
les impôts et l'avons employé. Que le
Seigneur daigne pourvoir à nos
besoins.
6 juillet.
- Grâce
à Dieu, avec l'argent des troncs et ce qui
me restait, j'avais la somme nécessaire
avant que l'agent du fisc ne se
présentât pour la percevoir. Que Dieu
est bon de m'avoir répondu si
promptement.
Dans les jours qui
suivent, M.
Müller consigne dans son journal une
succession de dons : Cinq livres sterling
envoyées de Weston-super-Mare ; un
complet envoyé par un frère. Cinq
autres livres sterling envoyées par une
personne éloignée de plus de cent
kilomètres ; somme qui arriva presque
en même temps qu'une nouvelle feuille
d'impôts.
15 août.
-
Aujourd'hui, mon cher frère Craik est revenu
du Devonshire. La santé
générale s'est fort
améliorée, mais pas la
voix.
24 août. -
Je me
sens très faible, et souffre plus que jamais
auparavant. Est-ce une indication à quitter
Bristol pour quelque temps ? Je n'ai pas les
fonds nécessaires au
déplacement ; mais comme j'ai
reçu d'une soeur l'invitation à
passer une semaine chez elle, je crois que je vais
l'accepter.
29 août. -
J'ai
reçu avant-hier cinq livres sterling pour un
changement
d'air ;
aujourd'hui j'ai reçu une seconde somme
semblable avec affectation identique.
30 août.
- MALADIE.
- Pour la
première fois depuis mon arrivée
à Bristol, je n'ai pas pu prêcher pour
cause de maladie. Le Seigneur est bon de m'avoir
donné des forces suffisantes durant toutes
ces années passées. J'ai reçu
un troisième don de cinq livres sterling
toujours pour le changement d'air.
2 septembre.
- Nous
sommes partis en famille pour
Portishead.
5 septembre.
- Je lis en
ce moment la vie des martyrs de la Réforme
en Angleterre, ce qui me fait le plus grand bien.
Que Dieu daigne m'aider à imiter leur
exemple dans la mesure où ils suivirent
Christ. Après la lecture de la Bible
laquelle doit toujours être LE LIVRE par
excellence, pas seulement en théorie, mais
en pratique, la lecture de la vie des serviteurs de
Dieu est l'une des plus utiles au
développement de l'être
intérieur.
14 septembre. - Nous
sommes toujours à Portishead. Mon
état ne s'est guère
amélioré. Je me sens très
abattu à cause de ma corruption
intérieure ; mon coeur est resté
charnel. Quant le Seigneur me délivrera-t-il
de cet état ! Comme je voudrais lui
ressembler davantage. Ma vie présente est
une grande épreuve. S'occuper tellement de
son corps, avoir comme occupations principales de
manger et de boire, de se promener, de se baigner,
d'aller à cheval, tout ceci constitue un
mode d'existence auquel je ne suis plus
habitué, et me met à une dure
épreuve. Je préférerais me
retrouver à Bristol et au travail, si Dieu
daigne encore employer un serviteur aussi indigne
que moi.
16 septembre.
- Nous
songeons à quitter Portishead pour nous
rendre à une invitation venue de l'île
de Wight, invitation faite par des frères en
Christ. Mais l'argent manque pour notre
voyage ; nous sommes quatre : ma femme,
notre enfant et notre domestique. - Ce soir Dieu a
enlevé l'obstacle. Le courrier nous a
apporté deux lettres chargées :
l'une avec six livres treize shellings qui nous
étaient dus (cent soixante-six francs) et
l'autre avec deux livres sterling (cinquante
francs). Le Seigneur prend le plus tendre soin de
ses enfants.
19 septembre.
- Nous
sommes arrivés ce soir chez nos amis de
l'île de Wight.
27 septembre.
- J'ai
aujourd'hui trente ans, et je sens
profondément que je ne suis qu'un serviteur
inutile. - J'aurais pu vivre tellement plus pour
Dieu que je ne l'ai fait. Si le Seigneur m'accorde
encore quelques jours ici-bas, qu'Il m'aide
à les vivre uniquement pour
Lui !
29 septembre.
- Hier
soir, après avoir pris congé pour la
nuit des amis qui nous reçoivent, je me
disposais à me coucher aussitôt comme
j'avais déjà prié auparavant.
Je me sentais peu bien.., la nuit était
froide.... autant de raisons pour aller au lit tout
de suite. Mais Dieu m'aida à me mettre
à genoux, et j'avais à peine
commencé de prier qu'Il resplendit en mon
âme, me communiquant un esprit de
prière que je n'avais plus depuis longtemps.
Dans sa bonté, il fit revivre son oeuvre en
moi, me donnant le sentiment de sa présence
et ranimant ma ferveur d'esprit pour
l'intercession. C'était là ce
après quoi mon âme soupirait depuis
des semaines. Cette communion dura plus d'une
heure. Pour la
première fois depuis que je suis malade, je
demandai instamment à Dieu de me
guérir. Maintenant, il me tarde de retourner
à Bristol ; toutefois je
n'éprouve aucune impatience ; mais j'ai
l'assurance que le Seigneur me rétablira, et
que je pourrai retourner à mon champ de
travail. J'étais très heureux en me
couchant, et à mon réveil je
jouissais encore d'une grande paix. Je me suis
levé plus tôt que d'habitude pour
avoir quelques instants de communion avec le
Seigneur avant le déjeuner. Que Dieu daigne
continuer de faire habiter Sa joie dans le coeur de
son indigne enfant.
9 octobre.
- Il m'est
souvent venu l'idée de faire imprimer une
brochure où je consignerais le récit
des bontés de Dieu envers moi, afin que mes
frères en retirent quelque instruction,
quelque consolation, quelque encouragement. Cette
pensée s'est souvent présentée
à moi pendant que je lisais la biographie de
Newton ces jours passés. J'ai pesé
aujourd'hui toutes les raisons pour et contre.
Contre, c'est à peine si j'en
discerne ; pour, il y en a
beaucoup.
15 octobre.
-
Aujourd'hui, nous partons pour Bristol.
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