Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE V

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PASTEUR A TEIGNMOUTH. -
BAPTÊME. - DE LA FIDÉLITÉ DANS L'OBÉISSANCE AUX COMMANDEMENTS DE DIEU. -
DE LA MANIÈRE DE CÉLÉBRER LE JOUR DU SEIGNEUR. -
MARIAGE. -
GEORGE MÜLLER RENONCE A SON TRAITEMENT. - IL DÉCIDE DE NE FAIRE CONNAÎTRE SES BESOINS QU'A DIEU SEUL. -
PAR OBÉISSANCE, M. ET MADAME MÜLLER VENDENT TOUT CE QU'ILS ONT. - COMPLÈTE DÉPENDANCE DE DIEU. - VIE DE PRIÈRE ET D'EXAUCEMENT. - COMMUNION AVEC DIEU. -
MALADE, GEORGE MÜLLER SAISIT LA GUÉRISON PAR LA FOI. -
CONSIDÉRATIONS SUR LA FOI ; SUR LES AVANTAGES DE LA VIE D'OBÉISSANCE AU SEIGNEUR ET DE DÉPENDANCE TOTALE DE LUI.




PASTEUR. - Durant trois semaines, je prêchai à Exmouth et dans les environs ; puis je partis pour Teignmouth afin d'y voir les frères dont j'avais fait la connaissance l'été précédent et pour leur dire les bontés de Dieu à mon égard. Je pensais rester avec eux une dizaine de jours. Or, dès l'instant de mon arrivée, l'un d'eux me dit - « J'aimerais que vous deveniez notre pasteur, puisque le nôtre va nous quitter. » Je lui répondis que je ne pensais pas occuper de poste à demeure, mais voulais rester libre d'aller ici et là selon que Dieu me guiderait. Le lundi soir, je prêchai à Shaldon à la place de frère Craik

Trois pasteurs se trouvaient dans l'auditoire. Aucun d'eux n'aima le sermon. Cependant, il plut à Dieu de s'en servir pour amener à la connaissance de son cher Fils Jésus, la servante de l'un de ces pasteurs. Les jugements de Dieu diffèrent tellement de ceux des hommes ! Comme étranger, j'avais bien des obstacles à surmonter, et l'un d'eux c'était de ne pas parler l'anglais couramment. Mais j'avais l'ardent désir de servir Dieu, le désir que s'il y avait quelque fruit de mon service, le Seigneur en eût toute la gloire. Une chose m'a souvent frappé à cette époque et depuis : « C'est que Sa Puissance agissait alors et qu'elle agit encore aujourd'hui dans ma faiblesse. »

George Müller prêcha de nouveau le mardi, le mercredi, le vendredi, le dimanche, à Teignmouth même, à Ebenezer Chapel, et à Shaldon. Sa prédication, très appréciée par les uns, fut très critiquée par les autres. À son grand étonnement, il vit ses amis se ranger du côté de l'opposition.

« Une seule explication me semblait plausible, écrit Müller : Dieu voulait évidemment que je travaillasse à Teignmouth ; mais comme Satan le redoutait, il se démenait pour y faire obstacle. »
Un nombre croissant de frères lui demandaient de rester, mais les autres n'en persistaient pas moins dans la décision contraire.
« Cette opposition même fut la raison qui me décida à demeurer à Teignmouth, dit-il, au moins pour quelque temps, c'est-à-dire aussi longtemps qu'on ne me mettrait pas ouvertement en demeure de partir. Le mardi suivant, j'expliquai donc comment j'avais été conduit à Teignmouth et sans la moindre pensée d'y rester ; mais que maintenant, Dieu me guidait à y prolonger mon séjour. Si les frères voulaient m'autoriser à prêcher sans me donner de salaire, je n'y voyais point d'inconvénients puisque je ne prêchais pas pour de l'argent. Toutefois, ajoutai-je, c'est un privilège que de pouvoir contribuer aux besoins temporels des serviteurs de Christ.

« Je continuai donc de prêcher sans que personne élevât d'objections. Quelques personnes partirent et ne revinrent plus ; d'autres partirent qui revinrent par la suite ; d'autres enfin vinrent qui n'étaient jamais venues jusque-là, et il était manifeste que Dieu bénissait mon activité... Au bout de trois mois, toute la petite communauté, dix-huit personnes, me demanda de rester... Ceci me prouva que Dieu les avait bénis par mon moyen puisqu'ils étaient tous d'un même accord. Leur invitation ne faisait que confirmer les directions d'En-Haut, et j'acceptai, tout en réservant le futur ; car je n'avais pas perdu l'espoir d'aller de lieu en lieu selon que le Seigneur me conduirait. Jusque-là, deux frères avaient subvenu à mes besoins sans que je leur eusse rien demandé. Maintenant la communauté m'offrait un traitement de treize cent soixante-quinze francs, somme qui fut augmentée par la suite. »

M. Müller s'installa donc à Teignmouth, ville située au Sud du Devonshire, pays réputé pour sa beauté. Le jeune pasteur, loin de s'enfermer dans sa petite paroisse, allait prêcher une fois par semaine à Exeter, tous les quinze jours à Topsham, de temps à autre à Shaldon, souvent à Exmouth, ou dans les villages environnants, une fois par semaine à Bishopsteignton ; puis à Chudleigh, Collumpton, Newton Albot et ailleurs. C'est alors qu'il se trouvait à Sidmouth pour y prêcher, en avril 1830, que trois soeurs en Christ, dont l'une s'était fait baptiser, discutèrent devant lui sur la question du baptême ; puis s'en référèrent à lui.

« Je ne vois pas la nécessité de me faire baptiser à nouveau, dit-il. - Mais avez-vous été baptisé ? interrogea la soeur qui avait demandé le baptême. - Oui, dis-je, quand j'étais enfant. - Avez-vous jamais étudié les Écritures sur ce point spécial, et prié à ce sujet ? - Non, je ne l'ai pas fait. - Eh bien ! laissez-moi vous supplier de ne rien dire sur la question aussi longtemps que vous n'avez pas sondé la Parole de Dieu. » Il plut au Seigneur de me révéler l'importance de cette remarque, et dès que j'eus le temps, je me mis à étudier à fond la question, relisant le Nouveau Testament en entier tout en priant Dieu constamment de m'éclairer. Je m'étais à peine mis à l'oeuvre que nombre d'objections se dressèrent devant moi :


CONSIDÉRATIONS SUR LE BAPTÊME.
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I.
Puisque de saints hommes de Dieu, des hommes éclairés se sont divisés sur cette question, cela ne prouve-t-il pas qu'il est impossible d'arriver à une conclusion satisfaisante, actuellement, dans l'état imparfait de l'Eglise ?
- À ceci je répondis : « Puisque le Saint-Esprit est le Guide des fidèles aujourd'hui comme autrefois, pourquoi n'arriverais-je pas à connaître la pensée du Seigneur sur ce point, telle qu'elle est révélée dans Sa Parole ? »


Il.
Très peu de mes amis sont baptisés, la plupart s'opposent au baptême des adultes, et si je me prononçais pour, ils me tourneraient le dos. - À ceci je pus répondre : « Même si tous les hommes devaient m'abandonner, qu'importe ! pourvu que le Seigneur Jésus me recueille. »

III.
« Si tu te fais baptiser, tu vas certainement perdre la moitié de ton traitement ». - Ici je me dis qu'aussi longtemps que je serais fidèle au Seigneur, Il ne permettrait pas que je manquasse de rien.

IV.
« On va t'appeler un baptiste ; on te considérera comme l'un d'eux, et tu ne peux approuver toute leur manière de faire. » - Si je me fais baptiser, cela n'implique pas du tout que je doive suivre en tous points ceux qui pratiquent le baptême des adultes.

V.
« Voilà plusieurs années que tu prêches. Te faire baptiser, c'est confesser publiquement que, jusqu'ici, tu as été dans l'erreur. » - Ma réponse sur ce point fut celle-ci : qu'il valait mieux confesser une erreur que d'y persévérer.

VI.
« Même si le baptême des adultes est scripturaire, comme il doit suivre la conversion, il est trop tard pour te faire baptiser. » - À cette objection, je répondis qu'il valait mieux obéir aux ordres du Seigneur tardivement que de n'y point obéir du tout.

Il a plu au Seigneur dans sa grande miséricorde de me donner la volonté d'obéir aux enseignements de sa Parole dès que je les comprenais. Je poursuivis donc mon étude sur la question du baptême dans les conditions voulues : c'est-à-dire avec cette pensée bien arrêtée : « Je ferai sa Volonté » ; et c'est pour cela je pense, que je ne tardai pas à discerner quelle était la « doctrine selon Dieu ». Je dirai ici, en passant, que la parole du Seigneur contenue dans l'évangile de Jean au chapitre VII, verset 17 : « Si quelqu'un veut faire la volonté de Dieu, il connaîtra... » a été pour moi l'admirable commentaire de bien des doctrines et préceptes de notre très sainte foi. Par exemple de ceux qui sont contenus dans ces passages : « Mais moi je vous dis de ne pas résister à celui qui vous fait du mal ; mais si quelqu'un te frappe à la joue droite, présente-lui aussi l'autre ; et si quelqu'un veut plaider contre toi et t'ôter la robe, laisse-lui encore l'habit ; et si quelqu'un veut te contraindre d'aller une lieue avec lui, vas-en deux. Donne à celui qui te demande, et ne te détourne point de celui, qui veut emprunter de toi... Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous outragent et qui vous persécutent » (Matthieu V : 39-44), « Vendez ce que vous avez et le donnez en aumônes. » (Luc XII : 33). « Ne devez rien à personne, si ce n'est de vous aimer les uns les autres. » (Rom. XIII : 8).

On peut dire de ces passages : « Mais ils ne doivent pas être pris au pied de la lettre ! Autrement, comment les enfants de Dieu pourraient-ils vivre ici-bas ? » La disposition intérieure que le Seigneur réclame [Jean VII : 17] fait tomber ces objections. QUICONQUE VEUT CONFORMER SA VIE AUX COMMANDEMENTS DU SEIGNEUR, VERRA COMME MOI, JE PENSE, QUE LA VOLONTÉ DE DIEU EST BIEN QU'ON LES ACCEPTE LITTÉRALEMENT.
L'obéissance entraîne parfois de grandes difficultés : épreuves douloureuses pour la chair mais qui ont l'avantage de rappeler au chrétien qu'il est ici-bas étranger et voyageur, et que ce monde n'est pas sa Patrie.
Enfin la façon de vivre que comporte l'obéissance ramène constamment au Père céleste son enfant ; et le Père secourt toujours celui-ci dans toutes les épreuves qu'entraîne l'obéissance à ses commandements.

Ayant pris la résolution d'obéissance dès que la lumière se ferait pour moi, je ne fus pas long à discerner que le baptême est pour LES CROYANTS, et que le mode scripturaire d'application est le baptême par immersion. Le passage qui me convainquit plus particulièrement se trouve au livre des Actes (VIII : 36, 38) et celui qui m'aida le plus sur le second point se trouve dans l'épître aux Romains (VI : 3-5). Je fus donc baptisé peu après, ce qui me communiqua une grande paix. Depuis, je n'ai jamais regretté la décision prise.


DE LA COMMUNION.
- George Müller se fit donc baptiser sans appartenir à l'Eglise baptiste et sans avoir l'intention de s'y rattacher. C'est à cette même époque, l'été de l'année 1830, qu'il jugea convenable pour se conformer à l'exemple apostolique, et bien qu'il n'y eût pas d'ordre à ce sujet, de célébrer la sainte Cène tous les dimanches [Actes XX : 7]. Peu après, il lui sembla opportun que les fidèles guidés par le Saint-Esprit (lequel emploie qui Il veut) eussent la possibilité d'exhorter ou d'enseigner s'ils avaient quelque chose à communiquer à l'Assemblée. En conséquence, il donna la liberté de parole dans certaines réunions, en se basant sur les passages ci-après : Éphésiens IV, Romains XII.

« Mais, dit-il à ce sujet : « Comme je n'avais compris qu'imparfaitement la pensée du Seigneur, la chose ne fut pas sans entraîner dans la pratique certaines difficultés ». Aujourd'hui, bien des années après, comme il a plu au Seigneur de m'éclairer plus complètement sur cette question, je dis avec une entière certitude que les disciples de Jésus doivent se réunir le premier jour de la semaine pour rompre le pain. Ce doit être là leur principale réunion. Si à cette occasion, un ou plusieurs frères vraiment qualifiés par le Saint-Esprit pour son service : exhortation, enseignement, directions, désirent prendre la parole, ils doivent le faire et sont responsables envers Dieu de l'exercice des dons reçus. Dieu m'ayant révélé sa volonté, je suis maintenant tout à fait au clair sur cette question. ».


MARIAGE
. - C'est en cette même année, 1830, qu'après un temps de prière et d'examen personnel, j'arrivai à la conviction qu'il était préférable pour moi d'être marié. Je n'ai jamais eu lieu de regretter la décision que je pris alors, non plus que le choix fait en suite de cette décision ; et je veux dire ici à Dieu toute ma reconnaissance de ce qu'Il m'a fait trouver en Miss Mary Groves (la soeur du dentiste d'Exeter dont j'ai déjà parlé), la compagne désirée.

Voici comment la chose se fit : Lorsque je quittai Londres, à la fin de l'année 1829, un frère en Christ me donna une carte avec l'adresse, de Miss Paget d'Exeter, une chrétienne bien connue, pour que j'allasse la voir. Je pris l'adresse, mais sans penser faire la visite. Durant trois semaines, la carte resta dans ma poche ; enfin certain jour, je me décidai à aller voir cette dame, et ce fut le moyen dont Dieu se servit pour me donner une excellente épouse. Miss Paget me demanda d'aller prêcher à Poltimore, petit village près d'Exeter, le dernier mardi de janvier 1830, dans le local qu'elle avait aménagé elle-même et où Mr. Groves avait prêché une fois par mois avant de partir comme missionnaire pour Bagdad. J'acceptai cette offre avec empressement. Comme je me levais pour prendre congé, elle me remit l'adresse d'un Mr. Hake chez qui je pourrais descendre en arrivant de Teignmouth. Ce monsieur dirigeait une pension pour jeunes enfants à Northernhay-House, l'ancienne résidence de Mr. A.-N. Groves.

Au jour dit, je frappai à la porte de Mr. Hake. Sa femme était malade depuis longtemps, et c'était Miss Groves qui dirigeait la maison. Après ma première prédication à Poltimore, on m'invita à revenir le mois suivant ; j'acceptai. Cette seconde visite amena une invitation à prêcher tous les huit jours à Exeter, de sorte que chaque semaine je descendais chez Mr. Hake.

Jusque-là j'avais à peu près décidé de ne pas me marier, afin d'avoir toute la liberté de déplacement nécessaire pour le service du Seigneur. Mais après quelques mois d'expérience pastorale il m'était apparu que, pour bien des raisons, il était préférable qu'un jeune pasteur de moins de vingt-cinq ans fût marié. C'est alors que se posa pour moi la question d'une compagne, et que Miss Groves se présenta à ma pensée. Seulement je ne pouvais supporter l'idée d'enlever à Mr. Hake l'aide capable et dévouée dont il avait tant besoin. Je priai longtemps à ce sujet, sans pouvoir prendre de décision.

Voici ce qui m'amena à parler à Miss Groves : j'avais des raisons de croire qu'elle m'aimait ; il était donc convenable de lui faire une proposition de mariage, même si, en agissant ainsi, je devais sembler égoïste à mon cher ami Mr. Hake. Je pouvais d'ailleurs demander à Dieu qu'il lui fît trouver une autre aide qualifiée. Le 15 août, après avoir longtemps prié à ce sujet, j'écrivis donc à Miss Groves lui demandant de devenir ma femme. Le 19, lorsque je passai chez Mr. Hake en me rendant à Exeter, elle m'accepta. La première chose que nous fîmes fut de tomber à genoux tous deux pour implorer la bénédiction de Dieu sur nous et nos projets d'union.

Deux ou trois semaines après, en exaucement de nos prières, le Seigneur nous faisait trouver la personne qui pouvait diriger l'intérieur de Mr. Hake ; et notre mariage eut lieu peu après : le 7 octobre. Ce fut une cérémonie des plus simples. Nous nous rendîmes à l'église à pied ; il n'y eut pas de grand repas de noces, mais dans l'après-midi, quelques amis chrétiens se réunirent chez Mr. Hake, et ensemble nous commémorâmes la mort du Seigneur. Le lendemain nous prenions la diligence pour Teignmouth.

Miss Groves avait reçu une excellente éducation et une bonne instruction ; elle possédait bien le français, avait commencé le latin et l'hébreu. C'était une artiste : elle peignait joliment et était bonne musicienne. Mais surtout, et c'était là la chose essentielle, elle aimait Dieu et n'avait qu'une ambition : le servir. Enfin elle était accomplie dans tous les travaux d'intérieur et en particulier les travaux à l'aiguille.


G. MULLER RENONCE A SON TRAITEMENT
. - Peu après notre mariage, je commençai à éprouver quelque incertitude au sujet du traitement que je recevais. Avais-je le droit de l'accepter ? Il était constitué par la location des bancs de la chapelle. Or cette location était manifestement contraire à l'enseignement de la Parole de Dieu, puisque le frère pauvre ne pouvait se payer une aussi bonne place que le riche (Jacques Il : 1-6). La redevance pour les bancs était perçue par trimestres. À date fixe, le frère pauvre pouvait être gêné et ne l'acquitter que difficilement ; il ne pouvait donc donner joyeusement comme Dieu le demande. Je savais qu'il en était bien ainsi pour plusieurs. Et puis cette location de bancs pouvait être un piège pour le pasteur. Je m'en étais aperçu lorsque la question du baptême s'était posée pour moi, et que les trente livres sterling versées par l'un des membres m'avaient fait hésiter un instant. Pour toutes ces raisons, je décidai d'y renoncer, et j'annonçai ma résolution fin octobre après avoir lu le chapitre quatrième de l'épître aux Philippiens. Si les saints voulaient m'assister par des dons volontaires en argent ou en nature, je les accepterais volontiers, si minimes qu'ils fussent. Quelques jours après, pensant que cette manière de faire pourrait prendre beaucoup de temps et à moi et aux donateurs ; que d'autre part les pauvres pourraient hésiter à apporter quelques sous, privilège dont ils ne devaient pas être privés, et qu'enfin certains donneraient peut-être davantage si j'ignorais le nom des donateurs, je décidai de recourir à un tronc qui fut placé à l'entrée de la chapelle. Au-dessus, un écriteau annonçait que quiconque voulait offrir quelque chose pour moi pouvait le déposer dans cette boîte.

En même temps, il me sembla qu'il ne convenait pas que je m'ouvrisse de mes besoins à personne, même aux chers frères et soeurs qui m'avaient prié de le faire, et comme je l'avais déjà fait en certaines occasions. Ainsi, je voyageais fréquemment pour annoncer l'Évangile, et cela entraînait des dépenses qui dépassaient ce que je recevais. Inconsciemment, je m'étais laissé aller à m'appuyer sur le bras de la chair : je m'étais adressé à l'homme plutôt qu'à Dieu.
Désormais, je résolus qu'il n'en serait plus ainsi. MAIS POUR PRENDRE CETTE DÉCISION DEVANT DIEU, IL ME FALLUT LE SECOURS DE PLUS DE GRÂCE QUE POUR RENONCER À MON TRAITEMENT.


IL VEND CE QU'IL A.
- C'est à peu près à cette époque que le Seigneur nous communiqua, à ma femme et à moi, une provision suffisante de sa Grâce pour obéir littéralement à l'ordre de Jésus : « Vendez ce que vous avez et le donnez en aumônes » (Luc XII : 33). En cette occurrence, nous nous appuyâmes surtout sur les versets dix-neuf à trente-quatre du chapitre sixième de l'évangile selon saint Matthieu, et sur les versets treize et quatorze du chapitre quatorzième de l'évangile selon saint Jean. Nous mîmes toute notre confiance dans le Seigneur...

Dans sa grande bonté, Dieu nous a aidés à rester fidèles aux décisions que je viens d'énumérer, décisions prises sous son regard. Cette obéissance à ses commandements nous a permis de contempler son merveilleux Amour et de faire l'expérience des soins qu'Il prend de ses enfants jusque dans les plus petites choses ; elle nous a aussi aidée à discerner en Lui, comme jamais encore auparavant, « CELUI QUI ENTEND LA PRIÈRE ». Je donne ci-après quelques-unes des expériences que nous avons faites à cette époque, parce qu'elles montrent comment il plut au Seigneur d'agir avec nous... et qu'elles peuvent concourir à l'édification des frères.

Le 18 novembre 1830, il ne nous restait plus que huit shellings à peu près. Le matin de ce jour, tandis que nous priions ma femme et moi, le Seigneur me rappela l'état de ma bourse de sorte que je lui demandai de m'envoyer de l'argent. Quelque quatre heures après, je me trouvais chez une soeur à Bishopsteignton qui me dit : « Avez-vous besoin d'argent ? » Je répondis à sa question en lui rappelant qu'après avoir abandonné mon traitement, j'avais décidé de ne dire qu'au Seigneur mes besoins.

« Il ma dit de vous donner quelque chose, reprit-elle ; c'est là ce qu'Il m'a répondu il y a une quinzaine de jours alors que je lui demandais ce que je pourrais faire pour Lui ; dimanche dernier, la chose m'est revenue à la pensée avec force et ne m'a pas quittée, et hier je n'ai pu m'empêcher de m'en ouvrir à frère P. »

Mon coeur était rempli de joie en constatant la fidélité de Dieu, mais il me sembla qu'il valait mieux ne pas dire à cette chère soeur où nous en étions, de peur que ceci n'influençât son don. J'étais d'ailleurs certain que si la pensée venait de Dieu, elle ne pourrait faire autrement que de la mettre à exécution. Je détournai donc le sujet ; mais quand je partis, elle me remit deux guinées. J'invite le lecteur à bien vouloir admirer avec moi la bonté du Seigneur. Il ne permit pas, au début, que notre foi fût mise à une trop rude épreuve, mais Il nous fit comprendre sa volonté expresse de toujours nous aider.

Au commencement de décembre, je me rendis à Collumpton où je prêchai à plusieurs reprises ainsi que dans un village des environs. Durant le voyage de retour, tard dans la nuit, notre conducteur perdit son chemin. Aussitôt que nous découvrîmes notre erreur, et comme nous étions alors tout près d'une maison, il me vint à la pensée que Dieu avait permis ce détour pour quelque raison. Donc, après avoir réveillé les gens, j'offris à l'homme de lui donner quelque chose s'il voulait nous remettre dans la bonne route. Il vint. Je marchai avec lui devant le cabriolet, et je me mis à lui parler de Dieu, ce qui me fit découvrir en mon compagnon un effroyable renégat. Que Dieu daigne dans sa bonté bénir les paroles que je lui ai adressées cette nuit-là (1).

Noël était passé, nous approchions du Nouvel An et je n'avais plus que quelques shellings. Je demandai à Dieu qu'il voulût bien m'envoyer davantage. Quelques heures après, un frère arrivait d'Axminster et nous donnait vingt-cinq francs. Cet homme avait entendu dire bien des choses défavorables sur mon compte, ce qui l'avait décidé à venir se renseigner sur place, donc à entreprendre le voyage de Teignmouth situé à quelque cinquante-quatre kilomètres de chez lui. Ayant appris de quelle manière nous vivions, il était venu jusque chez nous pour nous donner cette livre sterling.
Ainsi se termina l'année 1830 durant laquelle Dieu subvint généreusement à tous nos besoins, bien qu'au début je n'eusse même pas l'assurance, humainement parlant, de recevoir un seul shelling. Je n'ai donc rien perdu dans le domaine temporel en obéissant aux ordres de ma conscience, bien au contraire ; et dans le domaine spirituel, j'ai été abondamment béni ; bien plus, Dieu a daigné se servir de moi pour faire son oeuvre.

Les 6, 7 et 8 janvier 1831, j'avais demandé à Dieu à plusieurs reprises de me donner de l'argent et l'exaucement ne se produisait pas. Le 8 au soir, je quittai ma chambre et durant quelques minutes je fus tenté de douter de Dieu, bien que jusque-là Il eût satisfait à tous nos besoins. J'allai même jusqu'à me dire qu'il était inutile de se confier en Lui de la manière que j'avais fait et me demandai si je n'étais pas allé trop loin dans l'obéissance... Mais grâces soient rendues à Dieu ! Cela ne dura que quelques minutes. Le Seigneur m'aida à regarder à nouveau à Lui, et Satan fut confondu. Lorsque je rentrai dans ma chambre d'où j'étais sorti depuis dix minutes à peu près, la délivrance était accordée. Une « soeur » d'Exeter était venue à Teignmouth et nous apportait quarante-cinq francs.

Le 10 janvier, il ne nous restait plus grand'chose lorsque le contenu du tronc nous fut apporté : il se montait à cent vingt-cinq francs. J'avais demandé une fois pour toutes, à ceux qui avaient la charge de cette offrande, de me l'apporter chaque semaine ; mais comme les chers frères oubliaient de le faire ou bien qu'ils avaient honte d'apporter d'aussi petites sommes, la boîte n'était vidée que toutes les trois, quatre et même cinq semaines. Comme je leur avais dit que je ne mettais pas ma confiance en l'homme non plus que dans le tronc qui recevait les offrandes, mais dans le Dieu vivant, je craignais d'affaiblir mon témoignage en leur rappelant de m'apporter chaque semaine le montant des dons. Ainsi, le 28, bien que nous n'eussions plus grand'chose à la maison et que j'eusse vu les frères vider le tronc le 24, je ne voulus pas demander la petite somme à celui qui l'avait emportée, et préférai demander au Seigneur d'incliner son coeur à me la donner. Presque aussitôt, il nous l'apportait : soit une livre sterling, huit shellings, six pence.

Le 12 juin. Jour du Seigneur. - Jeudi dernier, j'ai accompagné frère Craik à Torquay pour la prédication. Je n'avais pris que trois shellings avec moi et en avais laissé six à ma femme. Le Seigneur inclina le coeur d'un frère à nous offrir des lits. Quand je revins à la maison, ma femme n'avait plus que trois shellings et rien n'était arrivé, bien que j'eusse dit à plusieurs reprises nos besoins au Seigneur. Samedi passa, toujours rien ! Il ne nous restait plus que neuf pence (un franc). Ce matin, nous priâmes, encore et attendîmes la délivrance. Il n'y avait plus qu'un peu de beurre pour le déjeuner, assez pour frère E. et un parent qui vivaient sous notre toit et à qui nous n'avions pas dit nos circonstances pour qu'ils n'en éprouvassent point de gène. Aussitôt après le service du matin, frère Y. ouvrit le tronc et m'en donna immédiatement le contenu, deux choses qui n'étaient pas habituelles. Mais il m'expliqua que sa femme et lui n'avaient pu dormir la nuit précédente parce qu'ils avaient été poursuivis par l'idée que peut-être nous étions dans le besoin. Or, après avoir prié à plusieurs reprises sans avoir eu de réponse, j'avais demandé au Seigneur de faire sentir à frère Y. que nous avions besoin d'argent pour qu'il fût amené à ouvrir le tronc. Il s'y trouvait une livre, huit shellings, dix pence et demi, soit une quarantaine de francs. Nous avons une grande joie de cette nouvelle délivrance, et louons Dieu de tout notre coeur.

Le 9 août, Mine Müller donna le jour à un bébé mort-né, et elle fut gravement malade pendant les six semaines qui suivirent. Dans son journal, nous voyons que George Müller se reprocha vivement de n'avoir pas pensé aux dangers que comportait la maternité, et de ne pas avoir prié avec plus d'ardeur pour sa femme. De plus, il se rendit compte qu'il n'avait pas envisagé comme une bénédiction la perspective de la paternité, qu'au contraire il y avait vu une charge et un obstacle au service du Seigneur. Ce fut une très sévère leçon, qui lui fit voir combien son coeur était encore égoïste et charnel. Il comprit aussi que ce châtiment était nécessaire pour lui révéler la sainteté du mariage et la responsabilité des parents. Il se jugea sévèrement lui-même pour n'être pas jugé. (I Cor. XI : 31).

La maladie de Mme Müller entraînait des dépenses inaccoutumées et, par principe, M. Müller n'avait rien mis de côté, ce qui dans sa pensée, eût été un manque de confiance en Dieu. Il lui fut fait selon qu'il avait cru : Dieu pourvut à tout ce qu'il fallait, même à l'imprévu, et Mme Müller jouit des douceurs et du régime spécial, nécessaires aux malades et aux convalescents ; enfin les deux docteurs qui avaient prodigué leurs soins durant six semaines, déclinèrent leurs honoraires. C'est ainsi que George Müller reçut de Dieu beaucoup plus qu'il n'aurait pu se procurer avec les économies qu'il aurait pu réaliser (A. Pierson).

20 juillet. - Nous avons reçu d'un donateur inconnu une épaule de mouton et un pain... (2).

19 novembre. - Nous n'avions pas de quoi payer notre loyer hebdomadaire, mais le Seigneur nous a envoyé aujourd'hui quatorze shellings, six pence (dix-neuf francs à peu près). Je ferai remarquer que nous ne faisons jamais de dettes, ce que nous croyons être contraire à l'enseignement de l'Écriture [Rom. XIII : 8]. Nous n'avons donc pas de comptes chez le tailleur, le cordonnier, l'épicier, le boucher, le boulanger, etc.... nous payons comptant tout ce que nous achetons. Nous préférerions souffrir de privations que de contracter une dette. Nous savons donc toujours exactement ce que nous avons et ce que nous avons le droit de donner. Que l'enfant de Dieu qui lira ces lignes veuille bien étudier cette question avec prière. Je sais que bien des épreuves surviennent aux chrétiens du fait qu'ils ne se conforment pas à l'enseignement donné à ce sujet, au chapitre XIII de l'épître aux Romains.

27 novembre. Jour du Seigneur. - Nous n'avions plus que trente centimes, et c'est à peine si le pain pouvait suffire pour la journée. J'avais exposé à plusieurs reprises nos besoins à Dieu. Après déjeuner, en rendant grâce, je demandai au Seigneur notre pain quotidien, pensant littéralement au pain nécessaire pour le dîner. Pendant que je priais ainsi, on frappa la porte. Lorsque j'eus achevé de prier, une soeur pauvre entra qui nous apportait une partie de son repas et cinq shellings de la part d'une tierce personne. Dans l'après-midi, elle revenait avec un gros pain. Ainsi le Seigneur ne nous donnait pas seulement le pain, mais aussi de l'argent.

En lisant ces récits d'exaucements de la prière, le lecteur supposera peut-être que j'ai une capacité spirituelle qui dépasse la moyenne et que c'est pour cela que Dieu nous témoigne sa faveur. Mais la véritable raison, c'est que si nous mettons notre vie d'accord avec la pensée du Seigneur, nous sommes bénis et en bénédiction. Or, nous conformons notre vie à ce qu'Il demande, et Il prend plaisir à voir ses enfants aller à Lui (Matthieu VI) ; aussi, bien que je sois faible et que je puisse errer en bien des choses, Il me bénit sur ce point particulier, et je ne doute pas qu'Il continue de me bénir aussi longtemps qu'Il me rendra capable de faire sa volonté,

Le 31 décembre 1831 nous avons jeté un regard sur l'année écoulée, repassant en nos coeurs les bontés de Dieu à notre endroit et la manière dont Il avait survenu à tous nos besoins. À cette date il nous restait en mains dix shellings (douze francs cinquante), mais peu après, Dieu dans sa providence réclamait cette petite somme, de sorte qu'il ne nous resta rien. Ainsi se termina l'année durant laquelle nous n'avions rien demandé à personne ; le Seigneur avait pris soin de nous et nous avait envoyé exactement cent trente et une livre, dix-huit shellings, huit pences (3).
De plus nous avions reçu en nature, des provisions et des vêtements, pour une valeur de vingt livres sterling. Si je mentionne ces détails, c'est pour montrer que nous ne perdons jamais rien, lorsque nous obéissons à Dieu. Si j'avais eu mon traitement régulier, je n'aurais pas touché autant à beaucoup près. Même si un traitement régulier m'avait donné autant, il est clair que je n'ai pas servi un Maître dur et sévère ; et j'ai la plus grande joie à le souligner. Car le but de ces lignes, c'est de magnifier son Nom, afin que mes compagnons de pèlerinage puissent être encouragés à se confier en Lui.


1832

7 janvier 1832. - Nous avons demandé à plusieurs reprises au Seigneur, aujourd'hui et hier, de subvenir à nos besoins temporels, pour que nous puissions payer notre loyer hebdomadaire. À onze heures du soir, un frère nous a apporté dix-neuf shellings, six pences...

11 janvier. - Ce matin nous n'avons eu que du pain, sans rien d'autre, avec notre thé. C'est la seconde fois que cela arrive depuis que nous vivons uniquement par la foi en Jésus. Nous avons quarante livres sterling à la maison pour deux billets à échéance assez éloignée, mais cet argent n'est pas à nous et nous préférerions souffrir que d'y toucher. Je bénis Dieu qui m'aide à être plus fidèle en ces choses que je ne l'étais autrefois. Autrefois, j'aurais disposé de cet argent en me disant que j'avais bien le temps de le rendre avant l'échéance. Aujourd'hui je préfère regarder à mon Père Céleste. Et Il n'a pas permis que je fusse déçu. Nous avons effectivement reçu deux shellings, puis cinq. Il serait trop long de dire comment ces dons nous furent apportés en réponse à la prière, alors que nous n'avions plus que trente centimes et un petit morceau de pain.


18 février. - GUÉRISON PAR LA FOI. - Cet après-midi, j'ai eu une forte hémorragie de l'estomac ; j'ai perdu beaucoup de sang. Aussitôt après, je me suis senti très particulièrement heureux.

19 février. - Ce matin, jour du Seigneur, deux frères vinrent pour me demander ce qu'il fallait décider : quelques frères avaient l'habitude d'aller prêcher dans quatre villages des environs, mais ce matin, l'un d'eux devait rester pour me remplacer, que faire ? - Je leur demandai de bien vouloir revenir dans une heure pour ma réponse. Le Seigneur me donna alors assez de foi pour me lever et m'habiller, et je décidai que j'irais à la chapelle. Je reçus les forces suffisantes pour m'y rendre. C'était tout près ; cependant j'étais encore si faible que je dus faire appel à toute mon énergie pour aller jusque-là. Dieu aidant, j'ai pu prêcher d'une voix forte comme d'habitude, et aussi longtemps. À l'issue du service, un docteur de mes amis vint me trouver et me supplia de ne pas recommencer l'après-midi ; il craignait que cela n'ait de graves répercussions. Je lui répondis que moi aussi, j'aurais pensé commettre une grande imprudence, si le Seigneur ne m'avait pas donné la foi suffisante pour l'action. L'après-midi je prêchai à nouveau, et cet ami revint pour m'adjurer de me soigner et de ne pas prêcher encore le soir. Toutefois avant la foi suffisante pour le faire, je prêchai à nouveau pour la troisième fois, me sentant plus fort après chacun des services, ce qui montrait surabondamment que Dieu me conduisait.

23 février. - Je me sens maintenant aussi bien qu'auparavant. En publiant les détails ci-dessus, je tiens à avertir le lecteur qu'il ne doit pas m'imiter en cette matière s'il n'a pas la foi. Mais s'il l'a, qu'il agisse en conséquence, et Dieu répondra sûrement à sa confiance. Je ne puis affirmer que si la chose se reproduisait, je recommencerais moi-même. Il m'est arrivé depuis d'être bien moins faible que je ne l'étais à ce moment-là, et de ne pas prêcher parce que je manquais de foi pour le faire. Toutefois, s'il plaisait au Seigneur de me communiquer à nouveau celle-ci, je serais prêt à agir en conséquence même dans un état de faiblesse plus grande encore. C'est à cette époque que je me mis à prier sans conditions pour les enfants de Dieu malades, afin qu'ils reçussent la bénédiction de la santé. [chose qu'aujourd'hui je ne ferais plus] et presque toujours je fus exaucé. Déjà à Londres, en 1829, j'avais été guéri d'une infirmité physique dont je souffrais depuis longtemps, en réponse à la prière ; et cette infirmité n'a jamais reparu depuis. Je m'explique ainsi ces faits : c'est qu'il plut au Seigneur de me communiquer en ces occasions un DON DE FOI ; de sorte que je pouvais lui exposer mes requêtes sans aucune condition restrictive et attendre les réponses. Il me semble que la différence entre le DON et la GRÂCE de la foi est celle-ci : par le DON DE LA FOI, je suis rendu capable de faire une chose ou de la croire ; MAIS IL N'Y A PAS PÉCHÉ si je n'agis pas en conséquence ou si je ne crois pas. Quant à la GRÂCE DE LA FOI qui nous rend capable de faire une chose, ou de croire qu'elle s'accomplira, elle est basée sur la Parole de Dieu, ET IL Y AURAIT PÉCHÉ à ne pas agir en conséquence ou à ne pas croire. Ainsi il faut UN DON DE FOI pour croire qu'une personne très malade et perdue à vues humaines va recouvrer la santé, car il n'y a pas de promesses à ce sujet ; mais pour croire que Dieu me donnera tout ce qui est nécessaire à cette vie si je cherche premièrement le royaume de Dieu et sa justice, il suffit que j'exerce la grâce de la foi, car la promesse existe dans l'Écriture (Matthieu VI : 33).


VIE DE COMPLÈTE DÉPENDANCE DE DIEU.
- Craignant que sa manière de vivre au jour le jour ne fût décriée, et presque certainement elle l'était, 6. Müller écrivit à ce propos ce qui suit :

« Qu'on ne s'imagine pas que de vivre comme je le fais éloigne de Dieu ou des choses spirituelles, et que cela remplisse la pensée de préoccupations matérielles : « Que mangerons-nous, que boirons-nous, ou de quoi serons-nous vêtus ? » Qu'on ne dise pas que le traitement est préférable surtout pour le serviteur de Dieu qui est ainsi gardé des soucis matériels. Bien au contraire ! Ma conviction est tout autre ; et je demande qu'on veuille bien lire avec attention et prière le résultat de mes expériences :

« 1° Ayant vécu sous l'un et l'autre régimes, je sais que celui que j'ai adopté en obéissance aux commandements de Dieu comporte moins de soucis.

« 2° Je regarde uniquement au Seigneur pour mes besoins temporels, ce qui me permet (aussi longtemps que j'exerce la foi) de venir au secours de la misère lorsqu'elle frappe à ma porte, ou d'envoyer quelque don en argent quand l'oeuvre du Seigneur le demande. Autrement, je ne pourrais pas, éviter de me poser ces questions : Mon traitement peut-il y suffire ? Aurai-je suffisamment moi-même le mois prochain ? etc...
Libre de tout traitement, je puis généralement me dire ceci ou quelque chose d'approchant : « Mon Dieu n'est pas limité ; Il peut m'envoyer une nouvelle provision ; Il sait bien qu'on m'a envoyé cette détresse à secourir. » Je dis donc qu'au lieu, d'ENTRAÎNER DES soucis, cette façon de vivre est CELLE QUI EN PRÉSERVE.
En vérité, il est arrivé à certain individu de me dire : « Vous pouvez bien faire telle et telle chose, puisque vous n'avez pas besoin de mettre de côté ; toute l'Église du comté de Devonshire pense à vos besoins. » Ce à quoi j'ai répondu : « Le Seigneur peut employer non seulement les saints du Devonshire pour subvenir à mes besoins mais aussi ceux du monde entier... »

« 3° Dieu s'est souvent servi de cette dépendance absolue de lui pour renouveler en mon coeur l'oeuvre de sa Grâce aux époques de langueur spirituelle. Elle a été aussi le moyen qu'Il a employé pour me ramener quand je m'éloignais de lui. Il est manifeste qu'il est impossible de vivre dans le péché, et de conserver en même temps cette communion avec Dieu qui obtient tout ce qui est nécessaire à l'existence de complète dépendance.

« 4° Il est arrivé fréquemment qu'un exaucement a vivifié mon âme et l'a remplie de joie. » 

(1) Huit ans après, l'homme qui nous avait servi de guide vint me trouver et en se présentant à moi me dit qu'il était devenu chrétien et avait reçu ses premières impressions alors que je lui prêchais la Parole. Que le Seigneur veuille bien nous enseigner par là, lorsqu'Il permet certaines circonstances, à nous demander pourquoi ? Que ce fait encourage les chrétiens à semer sans se lasser, même s'ils ne doivent VOIR la moisson que huit ans après. 

(2) Il paraît (je l'appris par la suite) que Satan faisait courir le bruit que nous mourions de faim, ce qui poussa un frère à nous envoyer ces provisions sous le couvert de l'anonymat. Comme on a dit bien des choses sur notre manière de vivre : que nous n'avions pas de quoi manger à notre faim, qu'un régime insuffisant était la cause des maladies dont nous avons souffert, je tiens à déclarer ici que s'il est arrivé que nous fussions sans le sou, et que nous eussions sur la table le dernier pain, cependant il n'est JAMAIS arrivé qu'en nous mettant à table nous avons manqué de nourriture substantielle. Je me sens obligé de dire cela et je le dis AVEC JOIE. Mon maître a toujours montré une grande bonté envers moi ; et si aujourd'hui j'avais à choisir à nouveau la meilleure façon de vivre, et que Dieu m'en fît la grâce, je choisirais à nouveau comme je l'ai fait. Bien que ces bruits au sujet de notre indigence fussent faux, je ne doute pas que Dieu s'en soit parfois servi pour placer sur le coeur de ses enfants nos besoins temporels.

(3) Ci-après le détail de cette somme:

Par le tronc de la chapelle £ 31 14 0
Par quelques frères de la paroisse
6 18 6
Par des frères de Teignmouth et d'ailleurs qui n'appartiennent pas à la paroisse
93 6 2
En nature
20


£ 151 18 18

Pour ceux qui prendraient la peine de faire celte addition et la croiraient fautive, nous rappelons qu'il y a 20 shellings dans une livre sterling (I. B.). 
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