Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE III

UN COEUR CONTRIT

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 Bien que personne, sur l'estrade, ne semblât diriger le culte, il régnait une entente et un ordre parfaits. Certains étaient à genoux, la plupart assis ; des larmes coulaient, tandis que des exclamations de joie et des cris de victoire ponctuaient les témoignages individuels. Tout était en accord avec la bénédiction puissante, le « nuage de gloire » dont nous sentions la présence. Les paroles jaillissaient spontanément. Et bien qu'il n'y eût aucune organisation, aucun programme suivi, tout se fondait dans la même harmonie. Ce qui frappait surtout, c'était les larmes qui coulaient de toutes parts, larmes de gratitude, de repentance ou de joie.
Ce qu'il y a de plus beau et de plus caractéristique dans un réveil, c'est la rupture, la fonte des coeurs, l'humilité, la contrition, les foules brisées en la présence de Dieu.


Libéré des formes.
Ici je voudrais m'éloigner un instant de mon sujet, afin de faire face à la critique. Il existe une forme de désordre apparent qui plaît à Dieu, car ce n'est pas véritablement du désordre ; ce n'en a que l'apparence, pour ceux qui ne connaissent pas la vie de l'Esprit. En effet, rien ne paraît plus ordonné qu'un cimetière, le séjour de la mort !
Les diverses manières dont l'Esprit de Dieu tomba sur son peuple lors des grands réveils du passé ont toujours constitué une pierre d'achoppement pour le ritualisme stéréotypé des églises et des groupements religieux établis. C'est un fait que chaque mouvement chrétien d'avant-garde fut marqué d'un tel enthousiasme et d'une telle ébullition — tout étant si complètement nouveau et bouleversant — que cela a toujours provoqué les critiques et les condamnations les plus violentes. Trop souvent, le rafraîchissement apporté par le réveil est méprisé et couvert d'opprobre par les organismes religieux « décents » et bien-pensants. Les méthodistes, les baptistes, les salutistes, tous ont paru bizarres au début. Chaque visitation de Dieu fut caractérisée par cette touche de sincérité, de joie débordante, de courage indomptable et de hardiesse spirituelle qui renversèrent l'édifice du cérémonialisme.

Le caractère inattendu, spontané, miraculeux des manifestations de l'Esprit de Dieu captive et retient l'attention des masses. Au lieu de retarder le réveil, il lui sert de propagande. Il est mort le christianisme qui dégénère en une simple acceptation mentale de l'Évangile, qui a perdu l'émotion profonde des choses divines et la passion pour les choses de l'Esprit. La vie ne peut pas être standardisée.
Quand l'Esprit de Dieu occupe la première place dans un culte, l'adoration est toujours inspirée ; tout est frais et spontané. Avec Dieu rien n'est racorni ou desséché. La manne céleste était toujours fraîche !
O la monotonie et la mort des formes religieuses copiées, héritées ! Combien d'églises sont maudites à cause d'elles !



Le message était exactement pour moi.
Mais revenons à notre histoire. Il y avait là quelque chose de nouveau et qui ne faisait que commencer ; quelque chose que seul un coeur humble pouvait accepter et rechercher. Mme Cantell était une amie de mon père. Elle avait depuis longtemps pris position quant à la guérison divine et sa maison était le rendez-vous de nombre de personnes qui avaient éprouvé Jésus-Christ comme le grand Médecin. Cela coûte souvent très cher pour un chrétien de marcher dans la lumière. On s'expose ainsi à l'Incompréhension, à l'ostracisme. Seuls ceux qui sont prêts à porter l'opprobre peuvent avancer avec Dieu.
Ce réveil n'avait aucun nom spécial. Dans ce temps-là, il n'était ni établi ni organisé. Il avait surgi spontanément en différentes parties des États-Unis, puis avait passé en Angleterre. Un peu partout des chrétiens avaient expérimenté ce qu'ils appelaient la « bénédiction de Pentecôte ». La première femme qui la reçut à Londres fut Mme Catherine Price (1). Mon père avait fait sa connaissance lorsqu'il était revenu malade de Paris et c'est ainsi qu'il entra en contact avec le mouvement. Le feu s'étendait rapidement. Dieu déversait son Esprit sur le pays et beaucoup étaient dans l'attente et la joie.
J'écoutais le prédicateur, un pasteur baptiste. Son visage resplendissait de la gloire de Dieu. En un langage simple, il nous expliqua comment Dieu l'avait convaincu qu'il s'agissait bien là de Son Esprit, Il raconta comment il avait fait cette expérience quelques jours auparavant ; puis il nous exhorta à la foi et à la repentance de tout péché connu. Chacune de ses paroles me perçait le coeur et la conviction du péché me tenaillait. Je ne voyais qu'une chose : combien j'avais attristé mon précieux Sauveur. Aucune douleur n'est aussi aiguë que celle d'une conscience troublée. O, la détresse éprouvée pendant ces instants ! Je m'étais rendu coupable de haute trahison envers la cause de Christ. Tout ce qui se passait là me condamnait. L'épée à deux tranchants de la Parole de Dieu me révélait les pensées secrètes et les intentions de mon coeur rebelle. Combien elle était véritable en moi la conviction de David : « Tu veux que la vérité soit au fond du coeur. Fais donc pénétrer ta sagesse au dedans de moi. » (Ps. 51/8.)



Les seules choses qui demeurent.
Je ne pouvais supporter davantage la lumière qui me fouillait. Plus moyen d'échapper : il fallait accepter l'invitation. Tel l'enfant prodigue, j'étais contraint de retourner vers mon Père. Un instant j'eus l'idée de résister, mais là je reconnus la voix de Satan et m'en détournai. Et je n'en fus que plus prompt à me décider. C'est ainsi que je me levai et me rendis tant bien que mal jusque vers l'estrade ; je trouvai une chaise devant laquelle je m'agenouillai. Puis, oubliant ce qui m'entourait, je me mis à pleurer et pleurer encore.
Dans la vie, les souvenirs les plus lumineux et les plus marquants sont ceux qui se rattachent des événements provoqués directement par Dieu ; leur caractère inoubliable et leur parfum proviennent de ce que l'Esprit de Dieu les a pénétrés. Comment ne pas me rappeler tout ce que Jésus avait été et avait fait pour moi ? Il était resté fidèle. Il ne m'avait jamais abandonné. Mais moi, combien j'avais honteusement désobéi à Sa douce Voix ! Le souvenir de mon bonheur, durant les jours vécus avec Lui, se présentait à moi : mon « Bien-Aimé » avait marché avec moi et m'avait parlé au milieu de la solitude et des souffrances infligées par mes camarades d'école. Il m'avait soutenu tandis que je prêchais dans le dortoir. Il avait rempli, mon coeur de joie quand on m'avait pris mes livres pour m'empêcher de préparer mes leçons ; cependant, en temps ordinaire, cette aventure m'eût rempli de terreur. J'annonçais l'Évangile, je priais avec larmes pour la conversion de mes camarades, malgré les coups et l'interdiction des maîtres. Mais la persécution avait été transformée pour moi en ciel sur la terre. Et maintenant, je me sentais accusé par le souvenir de chacune de ces bénédictions, de chacune de ces délivrances ! Je sanglotais, les fondements de mon être étaient ébranlés. J'avais renié mon Meilleur Ami, Celui qui m'avait soutenu comme une mère ! Je voyais mon égoïsme abject et j'avais horreur de moi-même.
Je pleurai, agenouillé devant cette chaise de 10 heures du soir à 1 heure du matin environ. Mon père vint s'asseoir près de moi et s'efforça de calmer mes gémissements. J'avais complètement oublié mon entourage et me lamentais à haute voix sur mon état de péché et mon abandon de Dieu. Je ne voulais pas être consolé. Je mis mes bras autour de mon père et continuai à sangloter. Je disais : « Laisse-moi pleurer ! », car je réalisais que mon témoignage était mort et le sentiment de ma culpabilité pesait lourdement sur mon esprit. Je savais que Jésus-Christ seul pouvait apporter la paix à mon coeur désespéré, me rendre la joie du salut et renouveler en moi un esprit bien disposé.



Le secret de la repentance chrétienne.
Je vais vous dire comment je fus conduit à la victoire. Mon ciel semblait rempli de nuages noirs, chacun d'eux représentant un péché. Tandis que je les nommais et les confessais, ils disparaissaient pour être aussitôt remplacés par d'autres. Je les appelais tous par leur nom : mes désobéissances, mes retours au monde, mes convoitises, mes mauvaises pensées et tout ce qu'avait enfanté mon imagination, mon égoïsme, ma paresse, les mesquineries, les querelles, mes tromperies, mes mensonges, mon orgueil, etc. Je les énumérais sans crainte et sans honte. Mais les nuages étaient toujours là. Alors je pensai à mon manque d'amour, de prière et je compris que mes « manques » étaient des péchés encore plus graves que les autres. Qui pouvait dire pour combien de créatures j'avais été une pierre d'achoppement, quel était le nombre de ceux que j'avais mal influencés par mon infidélité ? Cette pensée acheva de m'anéantir. La main de Dieu pesait lourdement sur moi.
Ce n'est que sous cette pression divine que nous pouvons réaliser la pleine mesure de notre iniquité et voir l'immensité de notre péché. Il existe une « tristesse selon Dieu » capable de briser en nous jusqu'au moindre vestige de résistance. Cette repentance radicale nous abaisse aussi radicalement et, dans ces conditions, Dieu peut guérir et restaurer l’âme sur-le-champ. Pour cela, il faut aussi que le chrétien confesse toutes les fautes dont il est conscient. Il ne peut pas s'approcher de Dieu comme les pécheurs et les êtres irrégénérés, car ces derniers n'ont jamais, connu la lumière, tandis que l'enfant de Dieu rétrograde a péché contre elle. Il est responsable de ses transgressions délibérées et répétés, commises en présence de la lumière et, malgré elle.
C'est la raison pour laquelle, si souvent, la repentance des chrétiens demeure superficielle. Et beaucoup de ceux qui voudraient être rétablis dans la communion avec Dieu sont déçus. Cela vient de ce qu'ils n'ont pas répandu tout leur coeur devant Dieu. C'est encore pourquoi beaucoup de ceux qui recherchent le baptême du Saint-Esprit ne le reçoivent pas, car ils n'ont pas touché le fond de la repentance, ils n'ont pas réalisé la totalité de leur iniquité. Le secret de la repentance chrétienne est de confesser chaque péché individuellement, autant les omissions, si nombreuses, que les actes répréhensibles.


« Il est la propitiation pour nos péchés. »
Rien n'est plus terrible que l'indifférence d'un chrétien vis-à-vis de son Sauveur. C'est la porte ouverte à la tiédeur, au manque de prière, à l'insuffisance du sens des responsabilités.
Et peu à peu, au milieu du tourbillon de la vie courante, la vie spirituelle s'étiole et meurt. Au lieu d'une religion du coeur apparaît l'effort pour prolonger une profession de foi extérieure. Nos instincts divins sont endormis et nous perdons la conscience et la joie du salut. Si les compromis d'une vie mêlée de plaisirs et de satisfactions mondaines viennent s'y ajouter, notre religion n'est plus qu'une chose vacillante, pénible et méprisable. Impossible de se retrouver en ordre avec Dieu jusqu'à ce que tout cela soit reconnu et confessé.
Mon père avait posé sa main sur mon épaule et priait avec moi. Finalement, il demanda à Dieu de me donner la consolation du pardon divin. Il cita ces paroles de I Jean 1 /9 : « Si nous confessons nos péchés, Il est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de toute iniquité. »

Je réalisais enfin que Dieu m'entendait. Et maintenant, la conscience qu'IL ME PARDONNAIT passait, merveilleusement douce, comme un souffle même de Dieu, sur mon âme repentante. La pensée qu'Il pouvait et voulait me reprendre à Lui, malgré tout ce que j'avais fait pour L'attrister et Le renier, fit à nouveau couler mes pleurs.
Il devait être plus d'une heure du matin lorsqu’enfin je me relevai. Je vois encore la flaque de mes larmes sur le siège de cette chaise. J'avais retrouvé la « PAIX QUI SURPASSE TOUTE INTELLIGENCE ». Ma joie divine était telle que je ne désirais parler à personne, bien que plusieurs m'adressassent des paroles d'encouragement. Nous sortîmes avec quelques-uns dans la nuit silencieuse. Cette nuit-là, je pus à peine dormir. Une seule pensée remplissait tout mon être : « Jésus m'a pardonné ». J'étais débordant de cette allégresse que Christ seul peut donner à ceux qui s'abandonnent entièrement à Lui. Les anciennes sources avaient été rouvertes et envahissaient mon être d'un repos et d'une joie indescriptibles.



CHAPITRE IV

LA PROMESSE DU PÈRE


Vous êtes-vous jamais réveillé le matin avec vos pensées et votre esprit centrés en Christ ? Eh bien, c'était Jésus et Jésus seul qui remplissait mon coeur ce matin-là. Mon père entra dans ma chambre et me dit de me dépêcher car nous devions prendre un train de bonne heure ; nous nous rendions à Plumstead, chez un M. Bristow, où il y avait aussi des réunions. Nous nous embrassâmes et je me mis presque à danser ; j'étais si heureux, si léger que j'aurais pu m'envoler. La gloire de Dieu brûlait en moi. Au petit déjeuner, je mangeai à peine et cependant il me semblait être à un banquet.



Retour de la faim et de la soif spirituelles.
Nous devions être cinq ou six à voyager ensemble ce jour-là. Une fois installés dans le train, nous éclatâmes en chants de louange, sans nous occuper des autres voyageurs. Je sortis ma Bible, l'ouvris au livre des Psaumes et commençai à lire avec avidité. Comme les paroles brillaient ! L'une après l'autre, les promesses semblaient choisies pour le moment que je vivais. Je me rendis compte tout à coup que la faim et la soif de la Parole de Dieu m'étaient revenues. J'avais retrouvé ce même appétit insatiable que j'avais connu après ma conversion. Je ne pouvais plus retenir des larmes de joie et elles continuèrent à tomber sur ma Bible ouverte pendant le reste du voyage.
C'était pour moi une preuve certaine que mon coeur avait été renouvelé et avait retrouvé son ancienne adoration. Des vagues de louanges surgissaient en moi ; je poussais des cris de joie ; je dévorais la seule nourriture de l'âme rachetée ; la Parole inspirée de Dieu.
Quand nous sommes soumis au Saint-Esprit, notre vie chrétienne se trouve en grande partie dirigée par un instinct divin. Nous n'avons pas besoin de nous forcer à accomplir certaines choses — cela vient naturellement. Il n'y a ni contrainte, ni pression artificielle.
Au culte du matin, il y avait une cinquantaine de personnes. Tout était simple, mais rempli de chaleur et de zèle. L'orateur, le missionnaire Charles Léonard, venait des États-Unis et se rendait en Égypte pour y accomplir son travail. Il nous raconta comment Dieu agissait en Amérique ; il croyait qu'un des plus grands réveils des derniers temps avait éclaté et que Dieu envoyait à nouveau son Esprit comme Il l'avait fait à la Pentecôte et à l'époque de l'Église primitive. Bien des choses que j'entendais étaient nouvelles pour moi, mais mon coeur était grand ouvert ; j'étais possédé du besoin irrésistible d'être rempli de l'Esprit jusqu'à déborder et revêtu de la puissance à laquelle M. Léonard rendait témoignage(2). Puis nous prîmes la Sainte Cène.



Mon ami le rouquin.
J’avais remarqué dans l'assistance un garçon aux cheveux rouges, à peu près de mon âge, dont je m'approchai aussitôt. Nous devînmes amis. J'ai depuis longtemps oublié son nom, mais, s'il est quelqu'un que je me réjouis de retrouver au ciel, c'est bien ce rouquin-là. Dieu se servit de lui pour m'indiquer le chemin d'une manière encore plus claire. Et, à l'heure qu'il est, je reste émerveillé de la sagesse qui inspirait les conseils et la foi toute simple de ce jeune garçon.
Il y avait un petit parc en face de chez M. Bristow et mon nouvel ami proposa que nous nous y rendions après déjeuner. Nous nous assîmes sur un banc et je lui demandai s'il avait reçu le baptême du Saint-Esprit. Son visage s'éclaira tandis qu'il me répondait affirmativement. Il répétait sans cesse « C'est merveilleux ! » Il éclatait de rire de joie. Ses lèvres frémissaient ; par moments, il fermait les yeux et semblait perdu dans l'adoration. Je l'aimais et lui posais force questions. Sa réponse était toujours la même : « Attends de l'avoir reçu. »
Il avait sa Bible avec lui et il me lut plusieurs textes, entrecoupant sa lecture de nombreux « Alléluia ! » et « Gloire à Dieu ! ». Il adaptait chaque passage à mes besoins. Quels moments bénis nous avons vécus sur ce banc! La vue de sa Bible abondamment soulignée fit surgir en moi de violents remords et de nouveau je pleurai ; c'était comme au temps où j'avais moi-même rempli la mienne de marques diverses et d'annotations ; j'avais aussi inventé un système marginal me permettant de situer n'importe quel récit. Dans la sienne, certains passages étaient soulignés en bleu, d'autres en rouge en vert, en violet, etc.



Précieuses promesses.
Le bleu, me disait-il, rappelle ce qui concerne le Saint-Esprit, par exemple la prophétie de Joël :
« Et il arrivera après ces choses que je répandrai mon Esprit sur toute chair : vos fils et vos filles prophétiseront : vos vieillards auront des songes et vos jeunes gens des visions. Et même sur les serviteurs et sur les servantes, en ces jours-là, je répandrai mon Esprit. »
Joël 2 /28-29.

Et voici le même passage dans les Actes, où l'apôtre Pierre en constate la réalisation le jour de la Pentecôte ; il dit dans son discours que ce don est aussi pour nous :
« Car la promesse est pour vous et pour vos enfants et pour tous ceux qui sont éloignés, autant que le Seigneur notre Dieu en appellera. »
Actes 2/39.

Cette dernière phrase nous concerne, me dit mon ami. Et maintenant regarde ici. Et il montra un grand trait bleu dans la marge de Jean 14 :
« Et je prierai mon Père, qui vous donnera un autre Consolateur, afin qu'Il demeure éternellement avec vous ; savoir, l'Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous le connaissez, parce qu'Il demeure avec vous et qu'Il sera en vous. Je ne vous laisserai point orphelins, je viendrai à vous. »
Jean 14/16-18.

Et au verset 26, Jésus dit :
« Mais le Consolateur, qui est le Saint-Esprit que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous remettra en mémoire toutes les paroles que je vous ai dites, »
« Oui, fis-je, je connais ces passages. » — « Je veux t'en montrer encore d'autres », me dit-il avec sa charmante simplicité. Il connaissait suffisamment la Bible pour la laisser parler d'elle-même :
« Mais lorsque le Consolateur sera venu, lequel je vous enverrai de la part de mon Père, savoir l'Esprit de vérité, qui procède de mon Père, c'est lui qui rendra témoignage de moi. Toutefois je vous le dis en vérité, il est avantageux que je m'en aille, car si je ne m'en vais, le Consolateur ne viendra point à vous et si je m'en vais, je vous l'enverrai. »
Jean 15/27 ; 16/7.

« Et quand Jésus fut ressuscité des morts il rappela à ses disciples les promesses qu'il leur avait faites. Regarde :
« Et les ayant assemblés, il leur commanda de ne point partir de Jérusalem, mais d'y attendre la promesse du Père, laquelle, dit-il, vous avez ouïe de moi. »

Actes 1/4.
« N'es-tu pas un enfant de Dieu ? » reprit mon compagnon. — « Oui ! » répondis-je. — « Alors c'est la promesse du Père pour toi. »
Mon coeur était plein de foi et je le crus. Nous lûmes encore beaucoup de passages dans les Évangiles et les Épîtres.



« Mon âme te sera fidèlement attachée. »
Puis il me parla de son expérience et m'expliqua comment, par la puissance de Dieu en moi, je me mettrais à parler une langue que je ne connaissais pas. Ensuite il pria et, pendant ce temps, mon coeur brûlait du désir d'être aussi ardent et consacré que lui. Nous fûmes inséparables jusqu'à l'heure de la réunion. Partout dans la maison, il y avait des gens qui priaient et tous étaient si heureux, si pleins d'attente et conscients que Dieu agissait parmi eux.
À la réunion du soir, M. Léonard prêcha de nouveau, mais je n'entendis guère ce qu'il disait. J'étais comme un captif qu'on vient de mettre en liberté, dont les chaînes sont tout à coup tombées, le laissant hésitant, émerveillé, pouvant à peine y croire ! O c'est une chose merveilleuse que d'être en règle avec le Père et d'avoir la certitude que plus rien ne vous sépare de Lui. Le soleil de l'amour de Dieu pouvait désormais m'envelopper librement ; il n'y avait plus d'entraves.
J'avais tellement de choses à dire au Seigneur Vous savez ce que l'on ressent lorsqu'on a été longtemps séparé d'un ami intime et bien-aimé ; on veut être SEUL AVEC LUI, et on en trouve le temps, afin de pouvoir lui parler à coeur ouvert. Impossible de contenir mes larmes ; c'étaient des larmes heureuses, des larmes bénies ; elles correspondaient à la source de joie qui s'ouvrait en moi. Je pouvais à peine attendre que le missionnaire Léonard eût fini de parler. Au moment où l'on annonça qu'on allait prier, je tombai à genoux et oubliai mon entourage, comme je m'oubliai moi-même. Mon esprit s'était pour ainsi dire enfermé avec Christ, se rapprochant toujours plus de Lui, tandis que j'ignorais ce qui se passait autour de moi, Je multipliai les « Alléluia » et déversai l'adoration de tout mon être aux pieds de mon Rédempteur. Une telle exubérance de louange naît tout naturellement d'un « esprit contrit et brisé », débordant de reconnaissance comme l'était le mien ce soir-là. Mon coeur était fixé sur jésus qui avait ouvert mes lèvres et ma bouche se répandait en louanges. Plus je criais de joie, plus je voulais crier ; la fièvre de mon exaltation était telle que je ne pouvais m'arrêter. J'étais si absorbé à offrir le sacrifice de mes lèvres, à adresser des voeux et des prières à mon Sauveur que je ne réalisais pas le bruit que je faisais.



Dieu habite parmi les louanges d'Israël.
Il en est tant qui n'avancent pas avec Dieu, parce que leur foi est inactive. Les promesses SONT LA, mais les hommes ne font pas un geste pour s'en emparer
. Et ce n'est rien moins qu'un crime que de rester dans la passivité au lieu de s'approprier le meilleur de ce que Dieu tient en réserve pour nous, afin que nous puissions faire face aux besoins immenses du monde et pratiquer un christianisme agressif et victorieux. Beaucoup ont peur de se montrer osés et extravagants dans la louange. Un regard autour de nous nous convaincra de la manière mesquine et parcimonieuse dont les chrétiens louent leur Dieu. Ce ne sont pas des « cris de louange », mais une louange faible, ô si faible, mécanique et à demi convaincue. Les disciples n'étaient ni tristes ni déprimés tandis qu'ils attendaient la Promesse du Père dans le temple. Au contraire, nous lisons dans Luc 24/52-53 :
« Et eux, l'ayant adoré, s'en retournèrent à Jérusalem avec une grande joie ; et ils étaient toujours dans le temple, louant et bénissant Dieu »
L’Écriture dit :
« Celui qui offre pour sacrifice la Louange me glorifie. » (Ps. 50/23.)
Elle nous commande aussi de « rendre sa louange glorieuse ». (Ps. 66/2.)
David proclame : « J'ajouterai encore à toutes tes louanges. » (Ps. 71/14.)
La seule énumération des différents titres donnés à Christ dans la Bible suffirait à nous occuper pendant longtemps, car il y en a plus de 680. Le chemin de la victoire est pavé par les louanges de Dieu sortant de nos lèvres. Si ce fut mon cas, ce sera aussi le vôtre !


1  Voir l'Introduction 
 

2 Sa fille Lucilie devint par la suite la femme de mon frère Eric, mort comme missionnaire au Soudan. 
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