Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LA CRÉATION ou LA PREMIÈRE PAGE DE LA BIBLE



CHAPITRE I

LE COMMENCEMENT

« Au commencement Dieu créa les cieux et la terre. » (Gen. I, 1).

De toutes les questions scientifiques, politiques, sociales ou religieuses qui agitent l'humanité et les individus, il n'y en a pas de plus grande et de plus sérieuse que celle-ci : D'où venons-nous et où allons-nous ? C'est en vain que nous en demanderions la réponse à la raison ou à la science humaine. Elles ne l'ont pas encore trouvée. Demandez à ces disciples des lumières d'où nous venons, ils vous répondront : de la nuit éternelle ! « Notre Père, le néant », a dit Renan. Demandez-leur où nous allons, ils répondront : À la nuit éternelle! Mais Dieu, qui a créé le coeur humain et qui connaît toutes les questions, les doutes et les craintes qui l'agitent, nous a donné dans sa bonté un livre, une révélation plus consolante qui nous dit d'où nous venons : de Dieu ! et où nous allons : à Dieu !

J'ouvre ce livre et le premier mot que j'y trouve est la grande parole : « Au commencement Dieu créa les cieux et la terre ». J'entends bien aujourd'hui des voix discordantes qui me crient : « Ce n'est pas vrai ! ce n'est pas Dieu qui a créé le monde ; nous ne descendons pas de lui, mais du singe ; il n'y a point de Dieu ! » Mais les efforts que font ces matérialistes ou « monistes » modernes, pour éliminer de sa création le Créateur qu'ils craignent et qu'ils haïssent, sont vains. Quand ils vont répétant bien haut et sans l'ombre d'une preuve que la mort a produit la vie, et la matière l'esprit ; que des atomes d'hydrogène, d'oxygène et de carbone ont par hasard enfanté les organismes, et que la pensée et la conscience sont des produits chimiques, ce sont là des hypothèses absurdes, même au point de vue scientifique, puisque ni la pensée, ni la conscience n'ont une seule des propriétés de la matière, qu'elles n'exercent sur cette dernière aucune influence, pas plus physique que chimique. Quand ils affirment que l'idée du bien et du mal et celle de Dieu proviennent du mécanisme des atomes, et que l'infinie beauté et la sagesse de la création ne prouvent pas qu'il y ait un Créateur, ce n'est pas là de la science, ni de la logique, ni de la raison ; ce sont les assertions insensées et arbitraires d'une incrédulité qui ne recule devant aucune absurdité, quand il s'agit de nier Dieu.

Posons la question nettement. Ou bien l'univers existe de toute éternité, ou il s'est créé lui-même, ou enfin il a été créé. Son évolution actuelle prouve qu'il n'est pas éternel ; il tend à l'équilibre de toutes les forces, et, s'il était éternel, il aurait dû y arriver depuis des éternités ; aussi les physiciens, les astronomes, les savants comme Herschel, Secchi, Dubois-Reymond, le Dr Klein, Lord Kelvin et bien d'autres proclament-ils hautement : L'étude de l'univers prouve que le monde a eu un commencement et qu'il aura une fin. L'hypothèse de son éternité est absolument réfutée par son évolution même et par la science. Si donc le monde n'est pas éternel, s'est-il créé lui-même ? - Non. Qu'un jour le néant, sans force et sans matière pour cela, ait résolu de devenir quelque chose, ou le soit devenu sans le vouloir, voilà bien la plus grande absurdité que l'esprit humain puisse imaginer. Le simple bon sens nous dit qu'une chose ne peut pas agir avant d'être, et se créer elle-même avant d'exister. « Nul effet sans cause », tel est le principe fondamental des sciences naturelles ; et ici nous aurions des effets immenses, d'une variété prodigieuse, engendrés sans cause aucune ! De quel oeil me regarderait un athée auquel je dirais qu'un caillou ou une pièce d'or sur ma table se sont faits de rien cette nuit ! Il me citerait les lois éternelles de la nature qui s'y opposent. Mais qu'une fois, dans la nuit des siècles, et malgré ces lois éternelles, un monde tout entier se soit fait de rien, se soit engendré du néant, il le croit, parce qu'il espère pouvoir ainsi se passer du Créateur dans la création.

Si donc le monde n'est pas éternel et s'il n'a pu se créer lui-même, il ne reste plus qu'à dire avec l'astronome allemand, le Dr Klein : « L'arrangement du monde prouve qu'il a été fait par la plus haute intelligence, disposant en même temps d'une force créatrice sans bornes. Les plus grands savants, les fondateurs de nos sciences naturelles, ont reconnu l'existence de cette intelligence. Elle ressort aussi nécessairement de tout l'ensemble des phénomènes naturels, que l'existence d'une force attractive dans le soleil ressort du mouvement des planètes autour de lui dans des orbites fermées ». (Kosmologische Briefe, p. 28). « L'étude de la nature », disait dernièrement le professeur Reinke, de Kiel, « mène inévitablement à l'idée de Dieu », et Lord Kelvin, peut-être le premier physicien de notre temps, écrivait au Times (4 mai 1903) : « La pensée scientifique est obligée d'admettre l'idée du Créateur ».

Nous ne discuterons pas ici avec les adversaires de la Bible, quand ils vont répétant que ce livre suranné, qu'ils n'ont jamais lu avec attention, est définitivement réfuté par la science. Nous ne voulons pas non plus convaincre ceux qui, trompés par une fausse et superficielle théologie moderne, n'y voient que des mythes empruntés à l'Inde on à Babylone. Ceux-là ne veulent pas croire à la Bible. Ils lui préfèrent des théories qui flattent leurs penchants et leurs idées préconçues, et seraient bien fâchés que la Bible fût vraie, car ils pressentent que les conséquences en seraient effrayantes pour eux.

Nous nous proposons dans cet ouvrage d'exposer simplement aux âmes droites qui aiment la Bible et cherchent la vérité, que le récit que nous fait cette Parole divine des origines du monde s'accorde avec les résultats principaux de la science qui les étudie dans les couches de l'écorce terrestre. Nous disons les principaux résultats ; car y a-t-il une science, philosophie ou théologie, médecine, jurisprudence ou autre qui soit sur tous les points d'accord avec elle-même ? De même dans la géologie. Les plutonistes, les neptunistes, les quiétistes, les partisans du feu central et ses adversaires se disputeront longtemps encore. Il serait donc bien injuste de reprocher à la Bible de ne pas tenir compte de tous les systèmes ou de ne pas citer tous les faits. Moïse, inspiré par l'Esprit divin, n'a pas voulu nous donner en une page un manuel de géologie ou de paléontologie (science qui traite des pétrifications) ; mais bien esquisser à grands traits les faits principaux de la création et leur enchaînement, et l'exactitude de son récit a été admirée par des savants comme Cuvier, le fondateur de l'anatomie comparée, Guyot, dans son livre : la Création à la lumière de la science moderne, et encore récemment par le savant professeur Quenstedt, lequel appelle Moïse « un grand géologue ».

Dieu créa ! La création révèle le Créateur. Car Dieu a manifesté aux hommes « depuis la fondation du monde, ce qui ne peut se voir de lui, savoir sa puissance éternelle et sa divinité, qui se discernent par le moyen de l'intelligence dans ses oeuvres. » (Rom. I, 19-20). Et tous les peuples l'ont senti. Tous reconnaissent, au plus profond de leur âme, qu'il y a un Dieu ; mais « quoiqu'ayant connu Dieu », dit l'apôtre, « ils ne l'ont point glorifié comme Dieu, mais ont changé la gloire du Dieu incorruptible en la ressemblance de l'image d'un homme corruptible et d'oiseaux et de quadrupèdes et de reptiles ». (Rom. I, 21-23).

Le monothéisme, l'adoration d'un seul Dieu élevé au-dessus de tous les autres, est la première forme de toutes les religions. C'est ce que reconnaissent les écrivains impartiaux, par exemple le célèbre F.-Max Müller d'Oxford, dans son Histoire des Religions. Dieu n'a jamais entièrement abandonné aucun peuple ; « en toute nation, celui qui le craint et qui pratique la justice, lui est agréable ». (Actes X, 35.) Comme nous le voyons par l'exemple de Melchisédek, de Balaam, de Job et de ses amis, par les mages d'Orient à qui il s'est révélé d'une manière à nous inconnue, il a de tout temps et en tous lieux exaucé des milliers de prières qui Lui étaient adressées sous différents noms. « Tu exauces la prière ; aussi toute chair vient à toi ! » (Ps. LXV, 3.) Où y a-t-il un peuple, une nation, une race qui n'ait pas prié et adoré ?

Toutes ces nations ont à l'origine connu un seul Dieu suprême; le polythéisme, l'adoration de plusieurs dieux intérieurs et, tout au bas de l'échelle, le fétichisme, ont été partout le résultat de la crainte instinctive qu'éprouve l'âme coupable devant un Dieu saint, qu'elle sent être pour le pécheur « un feu dévorant ». Les dieux, que des voyageurs superficiels et souvent incrédules ont appelé les seules divinités des peuples sauvages, n'étaient le plus souvent que les intermédiaires, les médiateurs entre Dieu et l'homme. Ainsi en est-il des peuples catholiques, par exemple, qui, bien qu'ils sachent qu'il n'y a qu'un Dieu, invoquent la Vierge et les Saints. Ainsi le Romain Procope dit des Slaves d'au-delà des Carpathes : « Ils adorent, à la vérité, les fleuves, les nymphes et de nombreuses divinités ; mais Ils croient en même temps à un unique Dieu des dieux, seul Maître de tout, qui laisse aux dieux inférieurs qu'il a créés, l'administration du monde ». Ainsi encore, tandis qu'en Égypte le peuple adorait le boeuf Apis, comme symbole de la génération, le crocodile, comme image du Dieu du mal, Typhon, et le phénix comme celle de l'immortalité de l'âme, les prêtres célébraient dans les belles hymnes du livre des morts Atoum, l'Inaccessible, la Loi de la loi, le Père des pères des Dieux. De même les Polynésiens chantaient, avant que nous les connussions, le grand Tararoa ou Tangaroa « le Créateur du Tout, dont le monde est l'ombre » ; les Indiens de l'Amérique adoraient Gitsche Manitou, le Grand Esprit ; et les Bouriates, les Iakoutes dans leurs solitudes glacées, leur Dieu Tagarra ou Num ou Turum, « qui habite une lumière plus brillante que les nôtres » ( 1 Tim. VI, 16) et laisse les affaires terrestres aux dieux inférieurs auxquels il faut s'adresser.

Les antiques légendes des peuples offrent parfois des accords frappants avec le texte biblique. Un livre sacré de l'Inde, les Rig-Vedas, que le professeur Garbe estime de 3000 ans antérieur à J.-C. dit : « Celui qui existait de toute éternité créa d'abord l'eau par un mouvement de son esprit ; c'est pourquoi Il est appelé Nara, celui qui se meut sur les eaux ». (v. Gen. I, 2.) Et plus loin : « Après que Celui dont la puissance est incompréhensible eut achevé de créer l'univers, il échangea l'activité contre le repos ». (v. Gen. II, 2.) Les livres saints des Parses (ou Perses) racontent que le monde visible, ciel et terre, fut créé en six périodes. Ormuzd, le Dieu du bien, créa d'abord la lumière, ensuite l'eau, qui couvrit la terre entière, puis la terre ferme, puis les arbres de toute espèce, puis les animaux. Enfin Il créa le premier homme, Kaiomorts, dont le visage lumineux regardait en haut. Mais Ahriman, le mauvais esprit, créé bon autrefois, introduisit les ténèbres dans le royaume de la lumière et gâta toute la création. Partout on trouve l'idée, la croyance traditionnelle que l'homme a été créé bon et heureux, que son habitation primitive était un jardin de délices, mais qu'ayant succombé à une tentation ou fait du mal, il dut quitter son paradis terrestre pour porter désormais le châtiment de sa chute. Nulle part ne se rencontre la croyance que peu à peu, grâce à des réformes, à des progrès successifs, la terre avec ses habitants se transformera, s'améliorera au point de devenir un nouveau paradis ; mais partout l'attente de grandes luttes finales, d'un jugement universel suivi d'une éternité de bonheur et de félicité. Et partout aussi on retrouve la tradition d'un couple primitif : Deucalion et Pyrrha chez les Grecs ; Askr et Embla chez les Scandinaves, etc.

C'est surtout au sujet du déluge que l'unanimité dans les traditions de presque tous les peuples de la terre est frappante. C'est toujours et partout, avec des détails plus ou moins en harmonie avec la narration biblique, le récit de grandes eaux qui couvrirent la terre entière et ses plus hauts sommets, et sur lesquelles vogua, solitaire, un grand navire, monté par quatre ou huit êtres humains, les parents de l'humanité future. Ainsi des missionnaires trouvèrent dans l'Amérique du Nord des Indiens qui considéraient le pigeon sauvage comme un animal sacré ; et lorsqu'on leur demanda pourquoi ils le nommaient ainsi, ils répondirent que c'était l'oiseau qui, lors de la grande inondation, avait apporté à leur père dans le grand navire, une feuille de saule. Or cette feuille a la forme, la grandeur et la couleur de celle de l'olivier. Et les Toltèques racontaient, à propos de la grande pyramide de Choluta, que sept géants l'avaient construite pour s'y réfugier pendant l'inondation, mais qu'un Dieu irrité les avait dispersés par ses foudres. Ces traditions universelles prouvent que « Dieu a fait d'un seul sang toutes les races des hommes, pour habiter sur toute la face de la terre, ayant déterminé les temps ordonnés et les bornes de leur habitation. » (Actes XVII, 26.)

Considérons maintenant le premier verset du texte biblique, sublime dans sa simplicité : « Au commencement Dieu créèrent les cieux et la terre. » Aucune conception humaine n'ira jamais au delà.

Il ressort des recherches des savants sur les origines de la terre, que ce que nous appelons la vie organique n'a pas existé sur notre planète dès le commencement. Alors, d'où cette vie a-t-elle surgi tout à coup ? Voilà ce que personne n'a pu encore expliquer. Mais nous savons, nous chrétiens, parce que Dieu nous le dit dans sa Parole, qu'au commencement un Dieu vivant et tout-puissant de la plénitude de sa vie surabondante a fait naître la vie sur notre planète.

Certes, ce Dieu Lui-même est un miracle inexplicable, un Dieu caché ; mais serait-Il encore un Dieu, si nous pouvions le comprendre entièrement ? La vie procédant d'un Dieu vivant, voilà une idée que nous pouvons saisir, tandis que notre intelligence, notre raison se refuse à faire dériver la vie de la mort et l'esprit de la matière. Nous disons donc que le fini procède de l'infini, le temporel de l'éternel, les choses visibles des choses invisibles, en sorte que, selon le texte biblique, « les choses qui se voient n'ont pas été faites de choses qui parussent. » (Hébr. XI, 3.) Alors aussi nous comprenons la cause, l'origine de ces désirs ardents, de cette soif de l'infini, de ces aspirations irrépressibles vers les hauteurs et les profondeurs éternelles, qui se retrouvent, conscientes ou inconscientes, au fond de chaque âme humaine. Ces aspirations ne constituent-elles pas ce que nous appelons la vie ? Toute chose tend à retourner à son origine. Or tout ce qui existe tend à l'infini, et l'infini n'est-ce pas Dieu ? Oui, les besoins, les désirs si intenses de lumière, de vie, de force et de connaissance que nous éprouvons, démontrent assez que nous ne sommes point issus d'une matière inerte, autrement ce serait à la mort et non à la vie que tendraient toutes nos aspirations.

« Au commencement Dieu créa les cieux et la terre. » Par cette déclaration, la Bible nous fait connaître dès le début le point de vue où elle se place. Comme un écrivain de valeur fait d'abord savoir à son public quel but il poursuit, ainsi Dieu dans sa Parole nous dit d'emblée de quoi elle traitera, c'est-à-dire d'un « en haut » et d'un « en bas », de choses célestes et de choses terrestres. Ces deux idées sont le texte de ce qu'elle nous révélera du commencement jusqu'à la fin.

Elle nous dira d'abord l'harmonie parfaite entre le ciel et la terre, Dieu estimant que toutes choses étaient très bonnes ; puis l'entrée du péché dans le monde, entraînant une rupture, une séparation bien tranchée entre les choses d'en haut et celles d'en bas. Ensuite elle nous fera assister à l'évolution du plan divin composé de dispensations successives ayant pour but de réunir de nouveau ce que le péché avait séparé, et qui aboutissent à la venue en chair de Jésus-Christ, l'Homme-Dieu, le grand Réparateur. Enfin, dans le dernier chapitre de la Bible, nous trouvons l'harmonie parfaite rétablie, la nouvelle Jérusalem descendant sur la terre et l'unissant au ciel, afin que Dieu soit tout en tous, pour l'éternité.

Nous retrouvons dans toute la création le grand contraste entre les choses éternelles et les choses temporelles, entre ce qui est d'en haut et ce qui est d'en bas, entre l'esprit et la matière, ces deux éléments de toutes choses. Considérez l'homme : sa tête, siège de la pensée, est dirigée en haut, tandis que les membres inférieurs, qui ne servent qu'à des buts plus physiques, touchent la terre. Mais l'animal qui ne connaît qu'une vie terrestre, vit la tête penchée vers la terre où il cherche sa nourriture, et se traîne ou rampe sur elle. De même les végétaux élèvent vers le soleil leurs branches, leurs fleurs, tandis que leurs racines plongent en bas dans le sol nourricier. Ainsi l'existence humaine se compose de la double vie de l'esprit et de la matière, et de leur combat incessant.

« Au commencement Dieu créa les cieux et la terre. » Cette parole majestueuse se dresse à l'entrée de la Bible comme un rocher de granit. C'est la porte qui mène de l'insondable éternité à la période terrestre que nous appelons le temps. Alors ce qui n'avait pas encore été, fut : une création. Ce fondement posé, la Bible remet à des temps futurs - et l'éternité est assez longue pour cela - l'étude et la contemplation des autres corps célestes, pour s'occuper de celui qui forme le domaine de l'homme, de notre globe : la terre. Et, s'adressant à des créatures de la terre, elle emploie un langage terrestre aussi et intelligible pour tous, en parlant par exemple, comme du reste l'astronome le plus instruit, d'un soleil qui se lève et qui se couche, bien que ce soit la terre qui tourne autour du soleil. Remercions Dieu de ce que comme un père il nous parle à nous, ses enfants, le langage de l'enfance ; car pour lui l'humanité, ce n'est pas quelques milliers de savants ou quelques cent mille hommes instruits ; ce sont les millions qui, courbés vers la terre, mangent leur pain à la sueur de leur front. Ce sont les cultivateurs et les ouvriers, les peuples à moitié civilisés de l'Asie et de l'Afrique, et partout l'enfant, la femme, le vieillard, le faible, l'ignorant, l'infirme et le malade, le pauvre et le souffrant, tous ceux qui soupirent après un monde meilleur.

Ils n'ont presque aucune notion de sciences naturelles ou d'astronomie, mais leurs âmes n'en sont pas moins précieuses au Dieu de l'univers, « au vrai Père de toute famille dans les cieux et sur la terre. » (Eph. IlI, 15.) Tous ceux-là, que feraient-ils d'une Bible scientifique ? Et ne croyons pas que les savants la comprendraient mieux ! Un ouvrage de chimie avec ses formules reste inintelligible aux mathématiciens, et les formules de haute mathématique sont incompréhensibles au chimiste ; tout savant qui découvre ou invente est obligé de se faire des mots nouveaux pour exprimer ses idées ou les faits, et il n'y réussit jamais d'une manière exacte. Plus une chose est simple : temps, espace, matière, force, mouvement, vie, plus sa définition devient difficile ou impossible à notre langage imparfait, qui peut décrire, mais non définir ; et même pour décrire exactement le moindre phénomène, il nous faudrait connaître à fond la matière et l'esprit. Ainsi, quand nous disons que la lune tourne autour de la terre et la terre autour du soleil, ce n'est que relativement vrai. En réalité, la lune décrit chaque année dans l'espace non un cercle ou une ellipse, mais une ligne sinueuse jamais fermée, composée de douze petites et de douze plus grandes courbes, et qui se complique encore « des spirales dans lesquelles la terre tombe dans l'espace. » (Flammarion, Astron. pop., p. 65.) Aucun savant ne saurait tracer le vrai chemin que suivent la terre et le soleil à travers le monde étoilé. Si Dieu ne condescendait donc pas à s'abaisser jusqu'à nous, à se servir de notre langage imparfait pour se faire entendre, et si des cimes augustes de sa divinité et de ses attributs éternels Il nous adressait des paroles divines et absolument vraies sur sa Création, les hommes, même les plus savants ne pourraient pas le suivre. Qu'on cesse donc de reprocher à la Bible son manque apparent d'érudition ou son langage peu scientifique. Elle ne nous offre pas des nomenclatures stériles, ou des systèmes artificiels de la nature, mais bien les principes fondamentaux de la création, une physique plus haute que celle de l'université, et une vraie métaphysique donnant le trait d'union entre l'esprit et la matière.

« Au commencement ! » À quelle époque ? Quand Dieu commença-t-il à créer les cieux et les chérubins ? Quel est l'âge des anges ? Furent-ils tous créés ensemble ? Satan resta-t-il des éternités Lucifer, prince de la lumière, étoile du matin (Es. XIV, 12, 14.), toujours plus brillante, avant de tomber de ces hauteurs ? Les anges déchus habitaient-ils la terre avant que par suite de leur chute, elle devînt un chaos ? Nous ne le savons pas, et ne pouvons pas le savoir ; car la Bible ne nous le dit pas. Toutes les spéculations, même de chrétiens éminents, sur les origines et le pourquoi du mal, la prédestination et le libre arbitre, n'ont jamais rien expliqué, ni rien prouvé. « Les choses cachées sont à l'Éternel, notre Dieu, mais les choses révélées sont à nous et à nos enfants. » (Deut. XXIX, 29.) Ne cherchons pas à savoir ce que Dieu ne nous a pas révélé, afin de ne pas devoir répondre un jour comme Job : « J'ai parlé sans comprendre de choses trop merveilleuses pour moi. Je me repens dans la poussière et dans la cendre. » (Job XLII, 3, 6.)

La Bible dit : « Barah Elohim », les Elohim créa. Comment ? Pourquoi les Dieux au pluriel et leur action au singulier ? Parce que les trois personnes de la Sainte Trinité ( « de qui », du Père, « par qui », par le Fils, et « en qui », en l'Esprit Saint, « sont toutes choses », Rom. XI, 36, ) ont créé, réunies en une, d'un accord et d'une volonté, les cieux et la terre. Ce mystère redoutable, déjà indiqué dans le premier verset de la Bible, se retrouve, les Juifs pieux le savaient bien, dans le Tabernacle, copié du modèle céleste que Moïse vit sur le Sinaï, sous les images de la table aux douze pains, symbole du Père, qui nourrit journellement les douze tribus, de l'autel des parfums, d'où s'élèvent les prières des saints offertes par le Fils, et du chandelier d'or à sept branches représentant les sept Esprits qui sont devant Dieu (Apoc. I, 4.). Jésus a annoncé aux hommes le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et l'Apocalypse montre dans le ciel le Père, l'Agneau et les sept Esprits qui envoient grâce et paix aux sept Églises.

Le nombre trois est une loi fondamentale de l'oeuvre divine ; et comment le serait-il, s'il n'avait son origine en Dieu. Dieu a donné à tout esprit créé, comme moyens de révélation, la matière, le temps et l'espace. Nous connaissons l'espace comme ligne, surface et volume ; le temps comme passé, présent et avenir ; la matière sous la forme solide, liquide et gazeuse. Les trois manifestations de l'âme, qui y correspondent, sont l'action, la parole et la pensée. Sur la terre nous voyons le continent, la mer et l'atmosphère ; le règne minéral, le règne végétal et le règne animal ; dans l'homme une trinité mystérieuse aussi : le corps, l'âme et l'esprit (1 Thess. V, 23.) ; la famille composée du père, de la mère et de l'enfant, et l'humanité organisée en famille, état et église. Sans parler d'autres analogies aussi profondes et aussi peu comprises, remarquons enfin que les trois grandes idées de la divinité sont : le bien, le vrai et le beau ; car c'est à Toi qu'appartiennent le « royaume du bien », « la puissance du vrai » et « la gloire du beau » aux éternités des éternités. Amen.

Et, dans les cieux, les chérubins ne cessent de s'écrier : Saint ! Saint ! Saint ! et les vingt-quatre vieillards jettent leurs couronnes devant le trône, disant : «Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire et l'honneur et la puissance ; car c'est toi qui as créé toutes choses : et c'est à cause de ta volonté qu'elles sont devenues et qu'elles furent créées. » (Apoc. IV, 8, 11.)


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