Cellule 33
Lundi de Pâques, 2 avril
1945.
QUE LA GRÂCE ET LA PAIX VOUS SOIENT
DONNÉES DE LA PART DE DIEU NOTRE PÈRE
ET DE JÉSUS-CHRIST NOTRE SEIGNEUR !
AMEN.
Nous trouvons l'Évangile de ce jour
au
chapitre 20 de saint Jean, versets
11-18 :
Cependant
Marie se tenait dehors près du
sépulcre, et pleurait. Comme elle pleurait,
elle se baissa pour regarder dans le
sépulcre ; et elle vit deux anges
vêtus de blanc, assis à la place
où avait été couché le
corps de Jésus, l'un à la tête,
l'autre aux pieds. Ils lui dirent : Femme,
pourquoi pleures-tu ? Elle leur
répondit : Parce qu'ils ont
enlevé mon Seigneur, et je ne sais où
ils l'ont mis. En disant cela elle se retourna, et
elle vit Jésus debout ; mais elle ne
savait pas que c'était Jésus.
Jésus lui dit : Femme, pourquoi
pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Elle,
pensant que c'était le jardinier, lui
dit : Seigneur, si c'est toi qui l'as
emporté, dis-moi où tu l'as mis, et
je le prendrai. Jésus lui dit :
Marie ! Elle se retourna, et lui dit en
hébreu : Rabbouni !
c'est-à-dire, Maître !
Jésus lui dit : Ne me touche pas; car
je ne suis pas encore monté vers mon
Père. Mais va trouver mes frères, et
dis-leur que je monte, vers mon Père et
votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.
Marie de Magdala alla annoncer aux disciples
qu'elle avait vu le Seigneur, et qu'il lui avait
dit ces choses.
Pâques ! Un cri d'allégresse
retentit à travers toute la
chrétienté : « Le
Seigneur est ressuscité, il est vraiment
ressuscité ! »
Il semble que la création
entière s'y associe. La puissance de l'hiver
est brisée une espérance
printanière parfume l'atmosphère une
nouvelle joie de vivre émerge à la
lumière et semble s'écrier :
« Toutes choses doivent
changer ».
Ne blâmons pas ces dispositions
pascales. Il est permis de se réjouir de la
venue du printemps et de la sève qui monte,
faisant gonfler les bourgeons d'où sortiront
bientôt les fleurs. Soyons aussi
reconnaissants de la croissance du blé qui
nous donnera le pain grâce auquel, Dieu le
veuille, la vie de millions d'êtres sera
prolongée, malgré toute la
misère qui nous entoure.
Il y a une chose, cependant, dont nous
devons nous abstenir, si nous voulons
célébrer Pâques dignement et
éprouver la joie que procure le vrai message
de la résurrection de
Jésus-Christ : il ne faut pas que le
charme des phénomènes de la nature
nous entraîne à ne voir dans ce
message qu'une sorte de parabole de cette victoire
de la vie sur la mort, que nous croyions observer
chaque année au printemps. Ce n'est
là d'ailleurs qu'une manière de
parler. Nous savons fort bien que cette vie qui est
en train de fleurir est, elle aussi,
périssable et mortelle. En nous y attachant,
nous ne faisons que nous défendre contre la
pensée de la mort et contre un pessimisme
stérile, bien que justifié en
soi.
Non. Pour bien fêter Pâques, il
nous faut écouter la nouvelle que Dieu nous
annonce dans sa Parole. Il n'y est pas question
d'une prétendue loi naturelle,
d'après laquelle la vie serait plus forte
que la mort, le Bien plus puissant que le Mal, et
je ne sais quoi encore, qu'affirment tant de dogmes
idéalistes auxquels d'ailleurs personne ne
croit plus guère.
À l'aube du matin de Pâques,
une femme solitaire se tient près de la
tombe de Jésus. Elle y était
déjà venue aux dernières
heures de la nuit et avait constaté avec
effroi que le tombeau avait été
ouvert et que la lourde dalle qui en fermait
l'entrée avait été
poussée de côté. Elle
était alors retournée chercher deux
des disciples de Jésus, Pierre et Jean. Tant
accourus, ils ne trouvèrent qu'un tombeau
vide. Marie-Madeleine les avait suivis et elle
était restée là, après
le départ des autres.
Elle pleure ; ce tombeau vide augmente
sa douleur. On a enlevé son Seigneur, et
elle ignore où se trouve son cadavre.
Jésus avait été pour elle, en
particulier, un bienfaiteur. Il avait tiré
son âme de la plus profonde détresse -
l'évangéliste Luc raconte qu'elle
avait été délivrée de
sept démons - aussi sa mort avait-elle
été pour elle comme un coup
d'assommoir. Et par surcroît, la disparition
de son corps lui faisait éprouver plus
cruellement son total abandon.
Cette femme sait combien vraie est la parole
du Seigneur : « Vous aurez des
afflictions dans le monde ». Elle sait
que pour elle, dans sa misère et sa
détresse, une vie sans le Seigneur
Jésus-Christ n'est pas supportable. Et la
voici, les yeux fixés sur ce tombeau et n'y
trouvant rien qu'un sombre et morne
désespoir, malgré les anges
vêtus de blanc qui, selon
l'évangéliste, essayent en vain de
s'intéresser à son chagrin.
Cette femme sera la toute première
à connaître la consolation et la joie
du message de Pâques. Le premier acte, du
Ressuscité sera de lui venir en aide.
Un trait commun à tous les
récits, pourtant très divers, des
apparitions du Ressuscité, c'est le fait
qu'il n'y est question que de personnes
déjà unies à lui par un lien
spirituel et que la certitude de Pâques
s'empara d'elles alors qu'elles étaient dans
un état de prostration et de frayeur. La
résurrection du Seigneur n'est pas une sorte
d'Évangile universel que n'importe qui
puisse s'approprier sans plus. Celui
qui s'imagine pouvoir, par ses
propres moyens, résoudre le problème
de sa vie et de sa mort - qui est satisfait de
soi-même et du monde, ou qui s'est
tiré d'affaire par un compromis, de
manière à garder son
équilibre, celui-là manque de
l'organe réceptif, c'est-à-dire des
yeux pour voir le Seigneur ressuscité et des
oreilles pour entendre sa voix. Celui, en revanche,
qui ne sait plus où se tourner, parce que la
grande pitié de l'humanité et la
sienne propre consument son âme ; celui
qui se sent terrassé par le sentiment
d'être, avec le monde entier,
abandonné de Dieu - comme cette femme
éplorée ou comme les disciples
honteux de leur pitoyable lâcheté et
de leur ingratitude à l'égard, de
Celui à qui ils doivent le meilleur
d'eux-mêmes - pour tous ceux-là, il y
a une espérance. Pour eux, la nouvelle de la
résurrection du crucifié a un sens.
Cet Évangile s'adresse lui aussi aux
travaillés et chargés, et rien
qu'à eux.
Aussi bien n'est-ce probablement pas pour
rien que dans notre situation présente Dieu
nous fait éprouver avec intensité que
ce monde gît dans le mal, selon l'expression
de l'apôtre, et qu'en dehors du secours de
Dieu, il ne nous reste aucune possibilité de
venir à bout du problème de la vie,
à moins d'un total endurcissement spirituel,
ce qui signifierait en somme que c'est la vie qui a
eu raison de nous et non l'inverse. Je pense que ce
n'est pas sans raison que ces impressions nous sont
données car il faut avoir perdu l'illusion
que tout finira bien par s'arranger - souffrir en
son for intérieur de voir le Mal triompher
et le Bien cloué sur la croix ; il
faut, dis-je, désespérer de
découvrir une lueur annonçant pour
nous et pour l'humanité une aube nouvelle,
et meilleure. Celui qui en est là est plus
près du Seigneur ressuscité qu'il ne
le pense, même s'il ne le voit pas encore et
ne perçoit pas sa voix.
Voilà bien ce qui se passe dans
l'âme, de cette femme éplorée
dont parle l'Évangile. Il n'y a plus pour
elle que chagrin et douleur ; elle ne voit
rien que le tombeau vide et obscur ; elle ne
sait que devenir sans son Seigneur et Maître.
Et tandis qu'elle en est là, Jésus se
tient lui-même derrière elle, sans
qu'elle s'en doute. Mais lorsque dans son
désarroi elle regarde autour d'elle et le
voit, elle ne le reconnaît pas et le prend
pour le gardien du cimetière. Même
lorsqu'il lui adresse la parole et s'informe de la
cause de son chagrin, ce n'est pas encore la
lumière qui se lève en elle, mais une
minuscule étincelle d'espoir ;
peut-être cet homme pourrait-il lui dire ce
qu'il est advenu du cher disparu. « Si
c'est toi qui l'as emporté, dis-moi
où tu l'as mis et j'irai le
chercher ! »
L'étrange clair-obscur où se
déroule cette rencontre, nous le trouvons
dans la plupart des récits d'apparitions du
jour de Pâques : les proches et les
intimes n'ont pas reconnu aussitôt le
Ressuscité et ne surent pas discerner celui
qu'ils avaient devant eux, jusqu'à ce que
Christ lui-même leur dît ou leur
fît comprendre : « C'est
moi ! » Les disciples d'Emmaüs
cheminèrent et conversèrent avec lui
pendant une heure et plus, sans que son
extérieur ni sa voix trahissent
l'identité de leur compagnon de route ;
et Thomas ne put admettre qu'il avait le
Ressuscité devant lui qu'après avoir
mis le doigt dans la marque des clous et la main
dans son côté. Un mystère
entoure ses allées et venues ; il
apparaît et disparaît tour à
tour, on ne sait comment ; il semble
même parfois qu'on l'ait vu de façon
simultanée en divers lieux.
Dès lors on n'a pas de peine à
comprendre qu'il soit impossible d'harmoniser entre
eux les divers récits de la
résurrection et des apparitions, contenus
dans les écrits de l'apôtre et des
évangélistes, comme cela se peut
aisément pour l'histoire de la Passion de
Jésus. Sa résurrection, en effet,
à la différence de
ses souffrances et de sa mort,
n'est pas ce qu'on a coutume d'appeler un
événement historique. Aucun oeil
incrédule n'a perçu le
Ressuscité ; aucun observateur critique
ne l'a vu. Il n'y a aucun moyen de prouver que la
résurrection du Seigneur est un fait. On ne
peut qu'en rendre témoignage,
témoignage qu'il nous est loisible
d'accepter par la foi ou de repousser avec
incrédulité, tout comme la
parole : « pour vous, pour la
rémission des
péchés », par quoi le
Seigneur indique le sens de sa mort.
Par là Dieu respecte notre
liberté personnelle. Il ne nous fait pas
violence et ne force personne à croire et
à obéir ; il nous laisse libres
de nous décider. Si la résurrection
était démontrable, nous serions
contraints de l'admettre, car devant la preuve il
n'y a pas de non possible. Nous devons prendre
nous-mêmes une décision, qui est une
affaire toute personnelle et privée,
à laquelle nous invite le témoignage
que Jésus rend de lui-même et que lui
rendent ses disciples et apôtres. Il s'agit
de croire ou de ne pas croire.
Ainsi s'explique le fait que le Seigneur
ressuscité ne se fait pas connaître
immédiatement, mais se borne à
manifester sa présence, de manière
à susciter en nous la décision de la
foi.
Pour la malheureuse Marie en larmes, il suffit
pour cela d'un seul mot de Jésus. Il
l'appelle par son nom :
« Marie ! » Aussitôt
elle se retourne, car dans cette unique parole elle
a entendu tout ce qu'elle a besoin d'entendre.
« Oui, c'est moi, lui dit cette voix, je
te connais et je ne t'ai pas abandonnée.
J'étais mort, il est vrai, mais la mort n'a
pu me séparer de toi ni toi de moi ; je
suis ici comme le vivant et je ne le
délaisse pas ; ma main te gardera et te
conduira encore à l'avenir, et tous les
démons ne te pourront rien.
Tu es et tu restes à moi !
Crois-tu cela ? Crois-tu en
moi ? »
Et Marie répond également par
une seule parole :
« Rabbouni »,
« mon Maître », et cette
parole contient toute sa confession de foi :
« Oui, je crois ce que tu me dis :
tu as vaincu la mort et tu es le vivant pour
l'éternité. Tu es près de moi
et tu me conduiras, et personne ne peut me ravir de
ta main. J'étais insensée de
m'affliger, de pleurer et de chercher le vivant
parmi les morts ; j'étais aveugle et
sourde, maintenant je sais et je crois que mon
Sauveur est vivant, que tu vis ! »
Ainsi Marie se trouve être la première
à posséder la foi au
Ressuscité.
Les circonstances qui peuvent nous amener
à la décision de la foi sont aussi
multiples et variées que la vie
elle-même. Pour rendre notre coeur
réceptif, Dieu mène chacun de nous
par un chemin particulier : l'un par le
silence d'une maladie, l'autre par la solitude de
la captivité, un troisième au bord
d'une tombe, un quatrième, devant les ruines
fumantes de ses biens terrestres. Mais toujours le
Seigneur Jésus-Christ se tient
derrière nous quand nous cherchons aide et
consolation, il nous appelle par notre nom, comme
Marie, et nous rappelle qu'il n'est pas un
inconnu : « M'as-tu
oublié ? N'es-tu pas baptisé en
mon nom ? ! C'est moi qui ai donné
ma vie sur la croix et, voici, je suis le vivant,
le même hier, aujourd'hui et pour
l'éternité. C'est moi qui te parle,
ici et maintenant, et je veux te conduire par le
vrai chemin. À toi de te
décider : veux-tu te laisser conduire,
châtier, redresser, avertir, solliciter et
consoler par moi ? On bien veux-tu être
ton propre Seigneur et Maître ? Sache
cependant ceci : pour toi j'ai accepté
la mort et pour toi je suis ici comme le
Vivant ! »
Devant cet appel, nous pouvons nous
récuser, car rien ne nous contraint. Nous
pouvons répondre : « Tu n'es
qu'un mythe, un mort depuis deux mille ans. Je
préfère suivre mon
chemin ! » Nous verrons
ensuite où et
jusqu'où cela nous mène. Or c'est ici
que nous avons à prendre une décision
dont nul ne peut se charger pour nous, à
savoir si vraiment nous pouvons raisonner ainsi, ou
si plutôt nous ne devons pas confesser :
« Oui, Seigneur, je le sais ; ta
Parole est vraie et le chemin que tu veux me faire
suivre est le bon. Pardonne-moi d'avoir
préféré mes propres voies, et
reprends ma vie dans tes mains : Rabbouni, mon
Maître, mon Seigneur et mon
Dieu ! » Si cet aveu jaillit de
notre coeur, si nous en venons à parler
ainsi, c'est que nous croyons au Seigneur
Jésus-Christ comme en Celui qui, non
seulement a été crucifié, mais
est ressuscité pour nous. Si, en revanche,
notre décision est autre et que, nous
détournant de lui, nous nous replions sur
nous-mêmes, il importe peu que nous croyions
que Jésus est ressuscité des morts ou
que nous nous imaginions qu'on ait d'une
manière ou d'une autre fait
disparaître son corps. Ce ne sont plus alors
que des opinions sans influence sur nous et sur
notre vie.
Le Seigneur ressuscité nous rencontre
dans sa Parole et dans les sacrements. C'est
là qu'il nous aborde et nous, fait entendre
sa voix, qu'il se manifeste à nous comme le
Vivant, tout en restant voilé, afin que nous
ne le reconnaissions pas d'emblée, mais afin
que nous puissions le trouver par la foi. On
comprend donc que parfois, surtout en temps
d'épreuves, de tribulations, nous aspirions
à quelque chose de plus solide et de plus
sûr. Nous voudrions voir la face du
Ressuscité, savoir comment il est, sentir ma
main dans sa main qui me conduit.
Marie-Madeleine semble avoir
éprouvé cela lorsqu'elle eut reconnu
son Seigneur et son Maître en celui qu'elle
croyait être le jardinier. Elle veut se
précipiter vers lui, étreindre ses
genoux, se persuader qu'aucun doute n'est possible,
que c'est vraiment Lui et qu'elle
n'est pas dupe de son
imagination. Mais elle n'a même pas le temps
de faire un pas en avant ; le Seigneur le lui
interdit : « Ne me touche
pas ». Étrange parole, si nous
comparons ce récit à celui du
même évangéliste, où
Jésus exauce un voeu semblable, de Thomas et
va jusqu'à lui ordonner :
« Mets ici ton doigt et regarde mes
mains ; avance ta main et mets-la dans mon
côté ». De même chez
Luc, lors de la première apparition de
Jésus aux disciples assemblés qui
croyaient, dans leur frayeur, voir un
fantôme : « Voyez mes mains et
mes pieds ; c'est bien moi. Touchez-moi et
regardez ; un esprit n'a ni chair ni os, ce
que j'ai, comme vous le voyez ».
Le Seigneur Jésus-Christ
procède individuellement, lorsqu'il place un
homme devant la question de la foi. Il ne demande
à personne plus qu'il ne peut donner ;
mais il ne lui offre rien de plus que ce qui lui
est salutaire. Chez Marie, une seule parole suffit
à son amour pour garder la mémoire de
cette rencontre et avec elle la foi. Pour Thomas,
le douteur loyal, le chemin est plus ardu ;
aussi obtient-il un secours proportionné
à ses difficultés, de même que
les disciples intimidés qui par peur des
Juifs n'osaient se réunir que
derrière les portes closes.
Mais, enfin de compte, tous en sont tout de
même réduits à la foi, aucun
n'obtient une certitude tangible de la
résurrection du Seigneur. Les apparitions
cessent, Jésus-Christ remonte vers son
Père céleste, et ce n'est qu'à
l'heure de son retour dans la gloire, quand se
réalisera la communion parfaite des croyants
avec lui, que la foi fera place à la vue,
que l'espérance s'accomplira, tandis que
l'amour reste le même pour
l'éternité.
La parole de Jésus à
Marie : « Ne me touche
pas » nous concerne également.
Nous n'avons aucune preuve tangible que le Sauveur
est vivant et nous n'avons pas à compter sur
des apparitions corporelles du Ressuscité.
Nous en sommes entièrement réduits
à la foi et nous ne trouvons notre Seigneur
que dans la
révélation voilée contenue
dans la Parole et les sacrements. Il ne nous
apprend pas plus qu'il n'est bon pour nous de
savoir, mais nous pouvons être assurés
qu'il n'attend pas de nous ce qui dépasse
nos forces.
Il reste donc toujours dans notre foi une
place pour l'attente et l'espérance qui nous
portent en haut et en avant. Mais notre attente est
libre de toute crainte et notre espérance ne
comporte pas le moindre doute. Le Ressuscité
nous salue, nous qui croyons en lui, comme ses
frères et nous permet d'appeler notre
Père son Père céleste vers
lequel il est retourné. Sa mort et sa
résurrection nous ont ouvert un chemin qui
mène hors de ce monde du péché
et de la mort dans le monde de Dieu, où
règnent la paix et la vie :
« Va vers mes frères et dis-leur
que je monte vers mon Père et vers votre
Père, vers mon Dieu et vers votre
Dieu ».
Chargée de cette mission,
Marie-Madeleine retourne auprès des
disciples. Elle n'essaye pas de retarder le moment
de l'adieu. Elle sait que le Seigneur est proche.
Ses larmes sont séchées. Elle devient
la première messagère de la
résurrection : « J'ai vu le
Seigneur et il m'a dit ces choses »
Le message de Pâques n'est pas un
Évangile universel. Il est avant tout une
question très personnelle posée
à chacun d'entre nous : Cherches-tu
l'homme qui a expiré sur la Croix au
Vendredi-Saint ? As-tu besoin de lui pour
trouver la paix de ton coeur agité et
tourmenté ? Si oui, aie confiance il
n'est pas dans le tombeau, son tombeau est
vide ; lui-même
« est » et il est près
de toi, il veut être ton Seigneur et ton
Maître, ton Sauveur et ton Roi, si tu crois
en lui. Il est ressuscité.
Mais ce message ne reste pas dans l'ombre,
il veut se répandre, et partout où il
trouve la foi, des oreilles ouvertes et des coeurs
réceptifs, il se forme une
communauté, une Église du Seigneur
vivant, et c'est elle qui propage le cri
d'allégresse : « Le Seigneur
est ressuscité ». Cette
Église sait que le Seigneur
Jésus-Christ, dont la royauté est
aujourd'hui cachée aux yeux du monde,
viendra en vérité pour accomplir sa
promesse : « Voici je fais toutes
choses nouvelles ! »
Et le printemps de la nature, tout ce qu'il
peut y avoir encore de beauté et de vie dans
ce monde de la mort, sera pour nous qui connaissons
le Ressuscité, une parabole de la vie
victorieuse de notre Seigneur, grâce auquel
nous avons une espérance joyeuse et vivante.
Amen.
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