Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE IV.

DES VERSIONS DE LA BIBLE.

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- Les divisions anciennes et modernes de la Bible.

I. - A l'époque de la venue de notre Seigneur Jésus-Christ, les Juifs divisaient la Bible en trois parties, comme nous l'avons vu ; mais les chrétiens ont suivi une autre division des livres de l'Ancien-Testament. D'après cette division, on a :

1. les livres historiques , plus faciles à comprendre, et dont il est nécessaire de connaître et d'avoir compris le contenu, pour, l'intelligence des doctrines et des prophéties;

2. les livres sentencieux, de doctrine ou d'instruction;

3. les prophètes.

 

Les livres du Nouveau-Testament se divisent en historiques, dogmatiques, et un prophétique, ils nous font connaître la fondation de l'Eglise, la foi de l'Eglise et les destinées de l'Eglise; l'amour de Christ, la pensée de Christ et les jugements de Christ. Les quatre Evangiles et les Actes racontent l'histoire de Christ, l'auteur du salut et la formation de l'Eglise - les Epîtres, au nombre de vingt et une, appartiennent à la seconde classe ; l'Apocalypse est le seul livre de la troisième, le seul essentiellement et entièrement prophétique.

 

II - Les écrits sacrés n'avaient primitivement aucun signe de ponctuation ; les lettres se suivaient comme si chaque ligne n'était qu'un seul mot. La nécessité obligea cependant d'adopter quelques marques distinctives pour les lectures soit publiques soit particulières. Les Juifs commencèrent à ponctuer les sections déjà , à ce que l'on croit, au temps d'Esdras; d'autres disent au deuxième siècle de l'ère chrétienne.

Dans les premiers temps, on divisait le Nouveau-Testament en trois parties : les Evangiles, les Epîtres et les Actes, et la Révélation.

Au troisième siècle , les Evangiles furent divisés en péricopes ou fragments détachés. La première division qui en fut faite , celle par chapitres, est attribuée à Ammonius d'Alexandrie (sections d'Ammonius) ; elle a été revue et améliorée par Eusèbe de Césarée, qui y adapta ses tables de référence , appelées de son nom les canons d'Eusèbe (315 à 340 après Jésus-Christ). Une autre division des Evangiles, contemporaine de celle-ci, la division par titres, n'est pas parvenue jusqu'à nous : les sections en étaient plus grandes.

Dans la dernière partie du même siècle (360) , Chrysostôme parle de l'usage d'écrire les manuscrits des Ecritures sur les parchemins les plus fins et les plus tendres, et avec des lettres ornées d'or ou d'argent.

Vers l'an 158, Euthalius, diacre d'Alexandrie, publia une édition des lettres de Paul, en y ajoutant des sommaires dont il n'est pas l'auteur, mais qu'il emprunta d'un autre. En 490 , il divisa les Actes et les épîtres catholiques en sections, et en composa lui-même les sommaires. Il fait connaître aussi qu'il introduisit les accents dans tous les manuscrits qui se firent sous sa direction ; mais cette coutume ne devint guère générale que vers le sixième siècle. Ce fut lui qui ajouta à la fin des livres du Nouveau-Testament ces notices ou indications quelquefois démenties par le contenu même du livre, et qui se sont propagées jusque dans nos versions.

Au septième siècle , des lectionnaires , c'est-à-dire des manuscrits spécialement destinés à l'usage du culte public et contenant le recueil des péricopes ou des parties du Nouveau-Testament qu'on avait coutume de lire dans les églises, se multiplièrent. Au neuvième, le point d'interrogation et la virgule furent adoptés.

 

III. - On a déjà dit que les sommaires, titres et souscriptions des livres de la Bible n'appartiennent pas au texte original, La division par chapitres et versets n'a de même aucun caractère apostolique, non plus que l'ordre dans lequel les livres sont placés. La Vulgate est la première version qui fut divisée en chapitres; ce travail fut fait ou par le cardinal Hugues de Sainte-Chair, au treizième siècle, ou, selon l'opinion de Jahn , par Langton , archevêque de Cantorbéry, en 1227. Le texte hébreu fut de même divisé en chapitres par Mardochée Nathan, en

La division en versets est encore plus récente. Le travail du cardinal Hugues vint à la connaissance de Mardochée Nathan, Juif distingué , qui l'adopta pour la Bible hébraïque, et qui plaça sur la marge les lettres hébraïques qui désignent aussi les nombres. Nathan en fit usage dans une concordance qu'il publia en 1451, et Athias l'adopta dans une édition de la Bible hébraïque (1661).

 

La division actuelle du Nouveau-Testament en versets est encore plus moderne; c'est une imitation de celle de Nathan. Elle fut créée par le savant imprimeur français Robert Etienne, imprimeur du roi de France , converti plus tard à la foi évangélique, et appliquée pour la première fois dans son édition du Nouveau-Testament de 1551 il modifia aussi la division de l'Ancien-Testament.

Le travail de ce savant critique fut adopté dans toutes les éditions suivantes de la Bible. Il est évident que cette division en chapitres et versets n'a aucune autorité. Il est de plus évident que ces divisions n'ont pas toujours été judicieusement faites. Le sens est souvent interrompu par la fin d'un chapitre, et plus souvent encore par la coupure d'un verset. En lisant les Ecritures, il ne faut donc y donner que peu d'attention; elle n'est d'usage aujourd'hui que pour faciliter les recherches; et bien qu'imparfaite, elle doit être à ce titre conservée. Tous les livres imprimés depuis trois siècles, en rapport avec la Bible , renvoient à ces chapitres et à ces versets.

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- Les anciennes versions de la Bible. 

I. - On divise en général toutes les versions de l'Ancien et du Nouveau-Testament en orientales et occidentales, ou bien en anciennes et modernes, qu'on appelle encore vulgaires, comme étant la plupart en langues vulgaires.

Les Septante et la Vulgate sont les traductions les plus célèbres, sinon par leur mérite , au moins par leur antiquité et le rôle qu'elles ont joué. La plus ancienne de ces traductions est celle de l'Ancien-Testament , connue sous le nom de version des Septante (sous-entendu interprètes) , ou simplement les Septante, aussi la version alexandrine. Elle fut faite à Alexandrie , en Egypte , en langue grecque, et a été reçue avec autant de faveur par les Juifs que par les chrétiens. Elle est plus souvent citée dans le Nouveau-Testament que le texte hébreu; on la lisait également dans les synagogues et dans les Eglises chrétiennes des premiers temps. Aristobule , qui vivait au second siècle avant l'ère chrétienne, la mentionne. On suppose que cette traduction fut achevée vers l'an 285 avant Jésus-Christ, sous le règne de Ptolémée Lagus et de Ptolémée Philadelphe. D'autres pensent que cette version a été faite par différentes personnes et à différentes époques ; mais la date la moins ancienne qu'on lui attribue , c'est l'époque du fils de Sirach, 130 ans avant Jésus-Christ. Elle est parvenue jusqu'à nous.

L'Eglise primitive accordait à cette version une grande valeur, quoique souvent aussi des écrivains en appelassent contre elle au texte hébreu. Ce fut pour en corriger les inexactitudes les plus saillantes qu'Origène forma le recueil de ses Hexaples, ou la Bible en six colonnes. Ce travail, qui se composait de cinquante volumes ou rouleaux, périt probablement dans le sac de Césarée par les Sarrasins en 653.

En résumé, la version des Septante est plutôt libre que littérale, et souvent elle ne donne pas le sens exact.

On compte encore trois autres versions grecques de l'Ancien-Testament : celles de Symmaque, d'Aquila et de Théodotien. La version d'Aquila fut faite vers l'an 460 pour l'usage des Juifs hellénistes. Elle est extrêmement littérale, et les Juifs la lisaient dans leurs synagogues. La traduction de Théodotien fut faite vers la même époque. Celle de Symmaque est postérieure ; elle est plus élégante, mais moins littérale. Toutes les trois sont perdues maintenant.

 

Dès les premiers temps du christianisme, on s'occupa, dans l'Occident aussi bien que dans l'Orient, à reproduire les livres saints dans la langue vulgaire; la propagation et l'enseignement de la religion chrétienne rendaient ce travail d'une nécessité indispensable. Comme le latin était la langue vulgaire des vastes contrées soumises à l'empire romain, on vit paraître une foule de versions latines des Ecritures, prises, à la vérité, non pas sur le texte hébreu, mais sur le texte déjà défectueux des Septante.

Parmi ces versions, il y en eut une qui l'emporta sur les autres par l'exactitude, la clarté et l'autorité : c'est celle que l'on désigne généralement sous le nom de Vetus Itala.

Cette version italique contenait l'Ancien-Testament pris sur les Septante , et le Nouveau-Testament pris sur l'édition grecque vulgaire ; on ne sait positivement ni quel en est l'auteur, ni dans quel temps elle a pu être faite; mais on est sûr qu'elle est fort ancienne. Eichhorn l'attribue au premier siècle.

Les nombreuses copies de la version italique différant les unes des autres, et le texte original ayant été altéré de diverses manières, Jérôme entreprit, en 382, de la corriger, comme Origène avait précédemment révisé la version des Septante. Il se servit pour cela des Hexaples d'Origène, et révisa soigneusement l'Ancien-Testament tout entier. Mais, tandis que son travail touchait à sa fin , la version des Septante, qui avait si longtemps joui d'une grande faveur chez les Juifs, tombait en discrédit, probablement parce que , de leur côté, les chrétiens lui accordaient la même estime. Ce discrédit risquait de compromettre l'oeuvre de Jérôme; aussi , sans perdre courage, il entreprit immédiatement de traduire la Bible en latin d'après l'hébreu. Il consacra vingt années à ce travail , qui fut entièrement terminé en 405.

Le respect traditionnel et superstitieux de plusieurs pour le texte des Septante empêcha quelque temps le succès de cette version nouvelle; mais elle gagna peu à peu du terrain, et à l'époque de Grégoire le Grand (604) elle avait acquis une autorité au moins égale à celle des plus anciennes versions, à tel point qu'on l'appela la Vulgate, c'est-à-dire l'édition vulgaire la plus répandue. Bientôt, en effet, cette traduction fut la seule en usage dans les pays de langue latine. Les copies s'en étant considérablement multipliées avec le temps (outre qu'elle fut écrite au quatrième siècle), il s'est glissé bien des fautes dans le texte; en sorte que, vers le commencement du neuvième siècle, Alcuin, chargé par Charlemagne d'en faire la révision, compara entre eux les nombreux manuscrits qu'il put se procurer, et les confronta avec le texte hébreu.

Au onzième siècle, une nouvelle révision fut jugée nécessaire, et Lanfranc, archevêque de Cantorbéry, lui donna son nom. De même, le cardinal Nicolas au douzième siècle. La Sorbonne fit faire ce travail par ses élèves, mais les Dominicains (1256) le firent interdire. Hugues de Sainte-Chair fut plus heureux; mais tous ces essais presque individuels ne firent qu'accroître la confusion. La découverte de l'imprimerie , dans la seconde moitié du quinzième siècle , vint ranimer les espérances que l'on avait conçues de conduire à fin l'énorme entreprise d'une traduction latine de la Bible : la première édition parut à Mayence (1462) , et constata les nombreuses corruptions du texte. En 1502 , le cardinal Ximénès publia sa fameuse Bible d'Alcala , et, en mettant la Vulgate entre le texte grec et le texte hébreu, il dit dans sa préface « Que c'est le Christ entre les deux larrons! » Gumelli (Paris, 1504) et Castellanus (Venise, 1511) publièrent la traduction et ses variantes. Robert Etienne en fit huit éditions successives, et corrigea la version latine d'après l'hébreu. Jean Benoît (1541) et Isidore Clarius (1512) firent un travail analogue , et ce dernier se plaignit assez librement des innombrables erreurs dont fourmille la traduction de Jérôme, amendée, corrigée, changée depuis des siècles. Sont venues ensuite les corrections de Henten (Louvain, 1547) et des théologiens de Louvain, par les soins desquels cette version parut à Anvers (1580 et 1585) ; mais tous ces essais presque individuels ne firent qu'accroître la confusion.

Le concile de Trente arrive. Après bien des débats, le 8 avril 1546 , il décide qu'il serait publié une nouvelle édition retouchée de la Vulgate, après que le pape l'aurait fait corriger. On avait nommé une commission d'examen, qui ne fit rien. Vers la fin du concile, Pie IV nomme une autre commission , mais à Rome et sous ses yeux. Pie V la renouvelle et en accélère les travaux. Douze ans après, à l'avènement de Sixte-Quint, l'oeuvre est à peine ébauchée. L'impétueux pontife s'impatiente. Il en fait son affaire, et, au commencement de 1589, il annonce par une bulle que le travail touche à sa fin. La nouvelle Vulgate s'imprime sous ses yeux, au Vatican. Lui-même , il revoit les épreuves. « Nous les avons corrigées de notre main (1), » dit-il dans la préface. L'ouvrage parait, « et il était impossible, dit Hug, qu'il ne fournît matière à la critique et à la plaisanterie. On trouva, surtout dans l'Ancien-Testament, un grand nombre de passages recouverts de petites bandes de papier, sur lesquelles on avait imprimé des corrections nouvelles ; d'autres étaient raturés, ou simplement corrigés à la plume Enfin, les exemplaires étaient loin de présenter tous les mêmes corrections. »

C'était donc à refaire. Le successeur de Sixte-Quint , Grégoire XIV, se remet immédiatement à l'ouvrage, et Clément VIII , après lui, a enfin le bonheur de publier, en 1592, le texte qui ne changera plus (2). Mais que va penser le public? Comment avouer ces corrections, dont environ six mille de détail et une centaine d'importantes? Bellarmin se charge de la préface. L'honneur de Sixte est sauvé : toutes les imperfections de sa Vulgate , c'étaient ..... des fautes d'impression.

La donne-t-on au moins comme aussi bonne que possible, cette version qui, après quarante-six ans de remaniements, va entrer en pleine possession des privilèges énoncés dans le décret? Non; Bellarmin avoue, dans cette même préface, que les réviseurs ont laissé passer bien des choses qui auraient eu besoin d'un examen plus rigoureux.

Mais en voilà assez. Fût-elle aujourd'hui la meilleure des traductions de la Bible, on voit ce qu'elle était quand le concile la plaça sur l'autel, et ce qu'il fallait d'audace ou d'ignorance pour la déclarer authentique, même dans le sens indirect et affaibli qu'on a été forcé plus tard de donner à ce mot.

La Vulgate existe enfin; elle a déjà près de deux cent soixante ans; son enfantement a été laborieux. Elle est née dans un temps d'orage; elle a respiré dès lors un air trop vif, et tout porte en elle les caractères de la décrépitude. De cinquante ans plus jeune que les chefs-d'oeuvre de la Réformation, elle a l'air d'avoir deux siècles de plus.

 

II. - On doit considérer le Pentateuque samaritain plutôt comme une recension que comme une traduction du texte hébreu. On suppose qu'elle se fit à l'époque du schisme de Jéroboam, d'après les manuscrits du Pentateuque qui se trouvaient entre les mains des Israélites. Différentes raisons , peut-être politiques, empêchèrent les Juifs des dix tribus de faire le même travail pour les Psaumes de David et pour les écrits de Salomon, bien qu'ils fussent très répandus à cette époque.

Les caractères samaritains sont très probablement la forme primitive des lettres hébraïques.

On donne aux versions caldaïques le nom de paraphrases ou Targums , parce qu'elles sont en effet des paraphrases et des explications du texte, plutôt que des traductions littérales. Elles ont dû prendre naissance vers l'époque à laquelle les Juifs ont abandonné la langue hébraïque pour faire usage du caldéen, c'est-à-dire vers les temps des premiers Maccabées.

Les Targums n'ont pas été faits en même temps ni par le même auteur; aucun docteur juif n'a entrepris de traduire en caldéen tout l'Ancien-Testament; mais l'un a traduit certains livres, l'autre a travaillé sur d'autres livres, et l'on ne sait pas le nom de tous; on voit seulement que ces traductions ne sont pas de la même main, parce que le langage, le style et la méthode ne sont pas exactement les mêmes. - On compte aujourd'hui dix paraphrases caldaïques ; elles embrassent tous les livres canoniques de l'Ancien-Testament : Daniel, Esdras et Néhémie exceptés.

Les plus remarquables de ces paraphrases sont : celle du rabbin Onkélos, l'ancêtre de Gamaliel (soixante ans avant Christ); celle de Jonathan Ben-Uziel (du commencement de l'ère chrétienne) ; celle de Joseph l'Aveugle (du quatrième siècle) ; et, peu de temps après, d'autres travaux semblables sur différentes parties des Ecritures furent publiés.

La Peshito, version syriaque des Ecritures, fut faite probablement par les soins de ces hommes qui furent envoyés en Palestine par l'apôtre Jude et par Abgare, roi d'Edesse; c'est au moins ce que rapporte la tradition la plus ancienne , et tout concourt à en établir la vraisemblance et la probabilité. Il résulte de l'examen des caractères internes que les traducteurs étaient des Judéo-chrétiens, et qu'ils traduisirent l'Ancien-Testament directement d'après l'original , et non avec le secours d'une autre version intermédiaire. La Peshito contient tous les livres canoniques de l'Ancien et du Nouveau-Testament, à l'exception de la deuxième épître de Pierre, de la deuxième et de la troisième de Jean, de celle de Jude et de l'Apocalypse. Le Nouveau-Testament a été imprimé pour la première fois à Venise (1522) , et l'Ancien-Testament dans les Bibles polyglottes de Paris et de Londres.

Les caractères intérieurs et la tradition s'accordent pour faire remonter cette version au premier siècle. Elle a une grande valeur critique. C'est celle qui a servi de base aux versions arabes les plus anciennes et à la version perse des Evangiles, imprimée dans la polyglotte de Londres.

La version philoxénienne (le Nouveau-Testament seulement) fut faite d'après le grec, à l'époque et par les soins de Philoxène, évêque de Maberg, en Syrie, vers l'an 508. Dans les premières années du siècle suivant , Thomas d'Harkel ou d'Héraclée, successeur de Philoxène, se mit à réviser l'oeuvre de son prédécesseur et publia sa version en 616. Elle contient tout le Nouveau-Testament, à l'exception de l'Apocalypse.

 

III. - Les versions arabes de différents livres des Ecritures, telles qu'elles sont données dans les polyglottes de Paris et de Londres , ont été faites , d'après les Septante, par différents auteurs, entre le dixième et le douzième siècles. Les livres de Job , Chroniques, Juges, Ruth , Samuel et quelques autres ont été traduits d'après la Peshito. C'est aussi d'après la Peshito que fut faite la version persane des Evangiles; elle doit être postérieure à Mahomet.

Au quatrième siècle, la traduction éthiopienne des Ecritures est donnée à la patrie de Candace, à la moderne Abyssinie. L'auteur de ce travail est inconnu.

On possède encore la plus grande partie de l'Ancien-Testament et tout le Nouveau-Testament en copte (ou memphitique) , langage de la basse Egypte (les Coptes étaient les Egyptiens convertis au christianisme) , et en sahidique (ou thébaïque) , langue de la haute Egypte. Elles datent du troisième ou du quatrième siècle. Elles sont traduites d'après les Septante. Les traducteurs sont inconnus.

La version arménienne date de 410. Mienob, l'inventeur de l'alphabet arménien, qui en est l'auteur, paraît s'être servi des Septante. Elle a été imprimée plusieurs fois: la Bible à Amsterdam (1666), le Nouveau-Testament seul (1668 à 1698).

La version géorgienne a beaucoup de rapport avec la précédente qui lui a probablement servi de base. On pense qu'elle appartient au sixième siècle. Elle a été imprimée à Moscou (1743).

L'auteur de la version gothique est Ulphilas, évêque des Moeso-Goths, qui assista au concile de Constantinople en 359. Cette traduction fut faite d'après le grec et a une très grande valeur critique.

La version slave ou slavonne appartient an neuvième siècle; on lui donne pour auteurs les fils d'un noble grec, Léon, qui le premier prêcha l'Evangile aux Slavons Bien qu'elle soit généralement rangée parmi les traductions issues des Septante, d'anciens témoignages portent qu'elle a en pour base la version italique, et des travaux plus récents confirment cette opinion. Le texte fut de bonne heure corrigé d'après des manuscrits grecs. Elle fut imprimée en 1576, et a été dès lors souvent réimprimée à Moscou.

Des fragments détachés des Ecritures furent successivement traduits en langue vulgaire parmi les Anglo-Saxons, et ils le furent presque tous d'après la Vulgate. Ainsi, Adhelus, premier évêque de Sherborn, traduisit les Psaumes en saxon (706); ainsi, Egbert , évêque de Holy-Island (Northumberland) , traduisit les quatre Evangiles. Vers la même époque à peu près (735), Bède le Vénérable traduisit de nombreuses portions de la Bible. Le roi Alfred entreprit, de son côté, une nouvelle traduction des Psaumes; mais il mourut (900), ayant à peine achevé la moitié de son travail. Aelpie de Cantorbéry traduisit le Pentateuque et quelques-uns des livres historiques. - C'est également à la Vulgate qu'il faut attacher les diverses traductions qui furent faites de l'Ancien-Testament, en français, en italien et en espagnol, avant le seizième siècle. Enfin Luther lui-même, dans sa traduction allemande de la Bible, se servit souvent de la version latine et en utilisa les données toutes les fois qu'elles étaient conformes au texte original.

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- Les versions modernes de la Bible.

I. - Les traductions de la Bible en Langues modernes datent des temps de la Réformation. Wikleff et Jean Huss en avaient déjà compris la nécessité , et Wikleff avait achevé sa traduction en 1380 ; mais un bill du Parlement anglais ne permit pas qu'elle fût rendue publique. Tyndale, après lui, se remit à l'oeuvre avec l'esprit de suite et d'énergie que réclamait une entreprise aussi périlleuse que difficile ( 1526, 1532). Luther le suivit de près. Puis vinrent les réformateurs de France et de Suisse. Partout on comprit que la Bible donnée aux peuples était à la fois la conséquence de la Réformation et son plus puissant auxiliaire.

L'hébreu et le grec étant les langues originales des Ecritures, plus une traduction de la Bible reproduira fidèlement l'hébreu pour l'Ancien-Testament, le grec pour le Nouveau-Testament, plus elle sera exacte. - Toutes les versions protestantes sont faites directement sur l'hébreu et sur le grec ; c'est pourquoi elles portent souvent ces mots en tête : traduites sur les originaux , ou revues sur les originaux ; c'est-à-dire traduites ou revues sur les textes originaux, savoir, le texte hébreu et le texte grec. Il n'en est pas de même des versions catholiques en langues modernes, qui sont toutes faites sur la Vulgate. Ce ne sont donc que des traductions faites sur une autre traduction.

 

Dans les livres, on imprime en caractères italiques les mots sur lesquels on veut appeler l'attention; dans les traductions modernes de la Bible , les mots en lettres italiques sont ceux qui, n'étant pas exigés par l'original, ont été ajoutés à la phrase par les traducteurs, soit pour la compléter , soit pour faire mieux ressortir le sens des auteurs inspirés.

Notre dessein n'est point de parler de toutes les versions modernes , et surtout de toutes celles qui ont été composées dans l'idiome des différents peuples du globe : nous nous bornerons à faire connaître les plus importantes.

 

II. - Les principales versions latines modernes sont : celle de Sanctes Pagninus, dominicain et bibliothécaire du Vatican, traduite des textes originaux (Lyon, 1527-28); cette édition est l'ouvrage de vingt-cinq ans ; Arias Montanus, prêtre espagnol et docteur en théologie, en donna une édition corrigée (Anvers, 1572) ; la traduction du jésuite Weitenauer ( 1768-73), elle a été faite sur les textes originaux. Nous indiquerons encore les versions catholiques du cardinal Cajétan ( 1539), de Thomas Malvenda, dominicain ( 1650), du P. Houbigant (1746-53), etc., et les éditions Vulgates retouchées, qu'on peut considérer comme des versions nouvelles : telles sont celles d'Isidore Clarius ou Clario , bénédictin , puis évêque de Foligno, qui donna une Vulgate revue sur les textes originaux (Venise , 1542), et dans laquelle il annonce avoir corrigé plus de huit mille fautes; celle de Paul Eber (1565), de Luc Osiander (1578), d'André Osiander (1600). Il y a aussi les versions protestantes de Munster (1534), de Léon Judas (1543-44) , de Castellanus (1551 ), de Junius et Tremellius (1575), de Schmidt (1696), de Dathe (1779-89), etc. - Les principales versions du Nouveau-Testament sont : celle d'Erasme (1516) ; celle de Théodore de Bèze ( 1556) , très estimée pour sa fidélité, etc.

 

Une très ancienne version italienne de la Bible est celle de Nicolas Malermi ou Malerbi, moine camaldule, qui la fit sur la Vulgate (Venise , 1471 ). En 1532, Antonio Brucioli en publia une autre à Venise. Nous avons encore une traduction de Sanctes Marmochinus (révision de la précédente) (Venise, 1538). En 1560 parut une nouvelle édition de la version de Brucioli, revue par Tudeschi. Une traduction fort estimée est celle d'Antonio Martini, archevêque de Florence (Turin , 1776-81 ) ; mais la meilleure traduction (qui est une des versions les plus importantes des temps modernes) est celle de Jean Diodati, qui fut plus tard traduite en français; elle parut en 1607, au frais de l'auteur, qui était alors professeur d'hébreu à Genève.

En Espagne, Alphonse , roi de Castille, fit faire une traduction des livres saints dans la langue du pays (1280). Abraham Usque, Juif portugais, fit sur le texte hébreu une traduction de l'Ancien-Testament (Ferrare, 1553 ).

La même édition de Jérémie de Vergas, espagnol (1553), à l'usage des chrétiens réformés. Cyprien de Valère a fait imprimer une traduction de toute la Bible sur les textes originaux (Amsterdam, 1602) ; mais cette version n'est guère que la nouvelle édition d'une plus ancienne, dont l'auteur est Cassiodore de Reyna (Bâle, 1569). Francisco de Enzinas publia la traduction sur le grec du Nouveau-Testament et le dédia à l'empereur Charles-Quint (Anvers, 1543) , et Jean Pérès en fit paraître une nouvelle édition (Venise, 1556). Il y a aussi deux traductions de la Bible d'après la Vulgate, savoir, celle de Bonifacio Ferreiro (Valence, 1478) et celle de Phil. Scio de San Miguel , évêque de Ségovie (Madrid, 1793-99).

 

L'Ancien-Testament fut traduit en portugais par le P. Ferreira d'Almeida (Batavia, 1748-53). Il a publié aussi une traduction du Nouveau-Testament (Amsterdam, 1712). Il y a encore une traduction de la Bible d'après la Vulgate par le P. Antonio Pereira de Figueiredo (Lisbonne, 1781-83).

 

III. - Les Bibles allemandes les plus anciennes ne portent pas de date. La plus ancienne dont l'année soit bien connue est celle de Nuremberg (1477) et celle d'Augsbourg (même année). On en a fait diverses autres éditions dans les mêmes villes avant que Luther parût, et à Strasbourg (1485). Mais on ne sait qui sont les auteurs de cette ancienne traduction.

Luther , ce fécond et puissant génie, donna une nouvelle traduction du Nouveau-Testament, après avoir été révisé par Mélanchton (1522), et de toute la Bible (1530). C'est un chef-d'oeuvre de science , de travail et de piété. Il parut plusieurs autres versions de la Bible en allemand avant et depuis le concile de Trente; nous indiquerons les suivantes : celles de Dietenberger ( 1534), d'Eck (1537), d'Ulemberg (1630), de Costier (1748) du jésuite Weitenauer (1781-83), de Braun (1786), de François Rosalino , par l'ordre de l'empereur Joseph II, avec l'approbation du prince archevêque, le cardinal de Migazzi (Vienne, 1781 ) , etc. , etc. Elles sont toutes faites d'après la base de la version de Luther. Enfin , il y a encore la version de Meyer de Francfort, enrichie de notes précieuses, courtes et complètes; et celle du professeur de Wette, qui jouit d'une réputation justement méritée. - Parmi les commentaires allemands, nous citerons encore la Haus-Bibel de Richter.

 

La première Bible polonaise imprimée est une traduction faite sur la Vulgate par Jean Léopolita (Cracovie, 1564 ). Il y a encore la traduction du fameux socinien Sim Budwy (Zoslaw, 1572) ; la Bible autorisée du jésuite Jacob Wuyck, à ]'usage des catholiques romains (Cracovie, 1599). Elle fut approuvée par le pape Clément VIII, et elle est reconnue comme étant une des meilleures traductions faites d'après la Vulgate. Il y a encore la traduction du jésuite Justus Raabe ( Cracovie, 1617). On a publié deux versions protestantes, l'une aux frais du prince Radziwill (1563) et l'autre par l'Eglise réformée de Dantzig (1632).

La traduction hongroise de l'Ancien-Testament fut faite par Georges Kaldi ( Vienne, 1589) , et celle du Nouveau-Testament en 1574.

La première traduction de la Bible danoise fut faite par Palladius et d'autres (1550). Elle fut retouchée et réimprimée ( 1589). Il y a aussi une version faite d'après celle de Luther (1647) et qui a souvent été réimprimée. La première traduction du Nouveau-Testament, par Haus Mikkelsen, parut à Leipsig (1524) et à Anvers (1529). Il y a encore une autre traduction par Christian Pedersen (Andorp, 1529 et 1531 ). L'évêque Resanius fit aussi paraître une nouvelle version de la Bible sur l'original hébreu (1605). Sa version est dure et obscure. Mais Christian IV, roi de Danemark, la fit corriger et mettre dans un meilleur style (1633).

 

La première édition de la version de la Bible un suédois fut faite par Olaüs Magnus et Laurent Petri ( Upsal, 1534-41 ). Lorenz Andrëa traduisit le Nouveau-Testament en 1526; en 1617, il parut une version de la Bible entière. Le roi Gustave-Adolphe ( 1630) en fit faire une nouvelle édition.

Enfin, la Russie vit paraître la première version complète de la Bible en langue vulgaire en 1581, traduite sur le grec.

Nous nous arrêterons un peu plus longuement sur les versions de la Bible en langues hollandaise, anglaise et française.

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- Histoire des versions hollandaises et anglaises de la Bible.

1. - Les versions hollandaises de la Bible sont très anciennes. La première traduction parut à Delft (1477) et fut faite d'après la Vulgate ; elle ne contenait que l'Ancien-Testament sans le Psautier, qui n'a paru que plus tard (1480). En 1548 Nicolas Van Winghe , prêtre, en publia une autre à Louvain et à Cologne en la même année. Cette version fut imprimée vingt fois de 1548 à 1596. Un Nouveau-Testament, publié par les théologiens de Louvain (1548), eut trente nouvelles éditions , jusqu'à 1585.

La traduction de Van Winghe, corrigée selon la Vulgate par les théologiens de Louvain, parut à Anvers chez Jean Moerentorf (1599). C'est cette version de la Bible qui est encore en usage parmi les catholiques romains.

 

II. - En 1524 le savant Erasme de Rotterdam, publia à Delft une traduction hollandaise du Nouveau-Testament; elle fut bientôt remplacée par les traductions faites en Allemagne. Lorsque la traduction du Nouveau-Testament de Luther parut (1522), elle fut immédiatement traduite en hollandais ; elle fut imprimée la même année à Anvers, et peu de temps après à Amsterdam. En 1534, on y ajouta la traduction de l'Ancien-Testament du même auteur.

En 1526, il parut une traduction du Nouveau-Testamen connu sous le nom de Bible de Liesveldsche, Liesveldschen Bijbel. Elle fut suivie d'un grand nombre d'autres versions, jusqu'à ce qu'enfin, en 1556 et 1562, quelques théologiens hollandais publièrent une traduction de la Bible d'après celle en langue allemande de Zwingle (Zurich, 1525). Elle fut connue sous le nom de Bible réformée d'Emden. On s'en servit jusqu'au synode de Dordrecht (1637).

Toutes ces versions laissèrent beaucoup à désirer; ce qui porta plusieurs savants à faire des traductions d'après les textes originaux. Ces divers travaux donnèrent naissance à ce qu'on appelle l'ancienne traduction; elle continua à être en usage jusqu'à ce que parût la Bible des Etats dont on se sert aujourd'hui en Hollande.

 

III. - En 1593, vers la fin de sa carrière, le célèbre Ph. de Marnix de Sainte-Aldegonde, né à Bruxelles en 1538, de père et mère natifs des Pays-Bas, fut chargé par les Etats-Généraux de la république batave de donner une traduction flamande de l'Ancien et du Nouveau-Testament; ce n'était pas seulement une mission littéraire qu'on lui confiait, cette traduction avait une portée politique; les Eglises réformées de Hollande ne possédaient point, à l'usage du peuple, les livres de l'Ecriture. Or, le protestantisme étant la base du nouvel Etat, il importait que les masses se pénétrassent bien des livres, fondement de la religion réformée. Marnix était reconnu le plus apte à faire ce grand travail , autant par sa connaissance de la langue hébraïque que par son génie, créateur d'une langue flamande populaire et élégante à la fois.

Pour accomplir cette oeuvre, Marnix se retira à Leyde , où une riche bibliothèque était à sa disposition ; il reçut une pension de 2,700 florins.

 

La Genèse seule fut traduite; car d'autres occupations l'absorbèrent bientôt.

On a encore du même auteur les Psaumes de David, Anvers, chez Gilles Van den Rade, 1580 , suivis du catéchisme des Pays-Bas, des cérémonies et des prières , revu et corrigé par Gaspar Van der Heiden, pour la communauté réformée à Anvers, sous la croix, avec privilège du roi d'Espagne, du prince d'Orange , du conseil des Etats, et des différentes provinces en particulier. C'est la première édition. - La deuxième édition, celle de Richard Schilders, Middelbourg, 1591 , renferme plusieurs améliorations importantes. - On trouve ces deux éditions à la bibliothèque royale de La Haye.

 

IV. - Dès la première séance du synode national, tenu à Dordrecht en 1578, on décida de nommer quelques personnes pour s'occuper d'une meilleure traduction de la Bible; mais cette résolution ne fut exécutée qu'au fameux synode de Dordrecht, tenu en 1618 et 1619 (1). Dans la sixième séance, cette assemblée s'occupa d'une nouvelle et meilleure version de la Bible à faire d'après les originaux, et elle consacra plusieurs séances à l'examen de cette importante affaire. Dans la treizième séance, on procéda au choix des traducteurs, à qui l'on adjoignit quelques savants chargés de la révision de leur travail. Cette oeuvre fut commencée en 1620 et achevée en 1636. En vertu d'un arrêt du 29 juillet 1637 , les Etats-Généraux approuvèrent et patronnèrent cette traduction. De là lui vient le nom de Staaten Bijbel (Bible des Etats).

Toutes les communions religieuses protestantes , hormis les Eglises luthériennes qui ont leurs propres traductions faites d'après celle de Luther, se servent de la Bible des Etats.

Quelque parfaite que soit cette version, on ne doit pas oublier que c'est une oeuvre humaine, et que comme telle elle est susceptible d'être corrigée en quelques points.

 

V. - Aegidius De Wit, prêtre, donna à Utrecht (1717) une traduction des livres saints. Une Bible, remarquable par son élégance, est celle à laquelle travailla André Van der Schuur, prêtre , et ses continuateurs (Utrecht, 1732). Souvent ils mettent la Vulgate de côté pour ne s'attacher qu'au texte hébreu.

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- Histoire des versions anglaises de la Bible.

1. - En Angleterre, on fit plusieurs essais dans des temps différents pour traduire la Bible en langue vulgaire, comme nous l'avons déjà vu. Mais il est généralement admis que la première traduction complète fut faite par Wickleff, vers 1380 (1). La première Bible imprimée fut une traduction faite par Guillaume Tyndale, qui se réfugia sur le continent, afin d'y travailler en sûreté. Il fut assisté par Miles Coverdale, autre exilé anglais. Le Nouveau-Testament fut imprimé à Anvers (1526) et une partie de la Bible, en 1532. En 1535, la Bible entière fut publiée par Coverdale. Pendant que l'on préparait cette édition, Tyndale fut saisi et brûlé vif comme hérétique à Vilvorde, près de Bruxelles, en 1536. A la mort de Tyndale, l'oeuvre fut continuée par Coverdale avec l'aide de Jean Rogers. Ils revirent toute la Bible, en la comparant avec l'hébreu , le grec, le latin et l'allemand, et y ajoutèrent des notes et des préfaces tirées de la traduction de Luther. Elle parut en 1537, sous le nom fictif de Thomas Matthew. Elle fut imprimée sur le continent ; mais , par l'influence de plusieurs évêques anglais, un permis d'imprimer fut obtenu pour la faire paraître en Angleterre. Cette traduction de la Bible, revue par Coverdale, avec des préfaces par l'archevêque Cranmer, imprimée en Angleterre (1539), s'appelle la Bible de Cranmer. Une autre édition de cette Bible fut imprimée l'année suivante (1540). Sous le règne de Marie , quelques exilés anglais réfugiés à Genève, parmi lesquels étaient Coverdale et le célèbre réformateur écossais Knox, firent une nouvelle traduction imprimée en 1560. On la nomme Bible de Genève. L'archevêque Parker la fit réviser et publier de nouveau (1568). On appelle cette révision Bible des évêques. Le roi Jacques 1er ordonna que l'on fit une nouvelle traduction de la Bible. Quarante-sept ecclésiastiques s'en occupèrent; elle fut commencée en 1607, et terminée et publiée en 1611, avec, une savante préface et une dédicace au roi Jacques. Cette version authentique excellente, qui est une des meilleures qui existent, fit mettre de côté les autres versions. - Il en a été publié, en 184.8, une édition avec cartes, notes et parallèles, par la Tract Society de Londres, sous le nom de Paragraph Bible, parce que les strophes des livres poétiques y sont indiquées, autant du moins qu'on peut les reconnaître dans l'original. Le docteur Conquest a publié une version nouvelle avec vingt mille corrections; il y en a beaucoup de superflues. - Notons aussi The Domestic Bible du révérend Ingram Cobbin, avec commentaires, parallèles , plusieurs centaines de gravures, etc. ; et la nouvelle édition illustrée du commentaire de Matthieu Henry, faite par les soins des révérends E. Bickersteth, docteur Steane, Brown, Cobbin , Leischild, Forsyth et Bunting.

La première Bible anglaise imprimée à l'usage des catholiques romains est celle qui parut à Douai (1609 et 1610) et à Paris (1635). Elle ne contient que l'Ancien-Testament, et fut traduite sur la Vulgate avec des notes de quelques théologiens de Douai. Le Nouveau-Testament parut à Reims (1582) avec des notes des théologiens anglais de Reims.

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- Histoire des versions françaises de la Bible. 

1. Quelques auteurs, en France, pendant les ténèbres du moyen-âge, travaillaient à traduire la Bible en français, en tout ou en partie (1). Mais comme ils ne s'astreignirent pas à traduire exactement le texte inspiré , mais plutôt le paraphrasèrent en y intercalant des commentaires de leur façon, leur travail ne pouvait guère satisfaire les personnes qui désiraient posséder le livre divin dans sa simplicité et sa pureté. La première traduction travaillée avec soin est celle de Lefèvre d'Etaples, imprimée, à Anvers, par Michel L'empereur (1530). Sa traduction, faite sur la Vulgate, a plus ou moins servi de base aux premières traductions protestantes et catholiques qui la suivirent.

Avant la réformation opérée par Calvin, on se servait à Genève d'une traduction française manuscrite qui avait été faite d'après la Vulgate (1294). - La première traduction de la Bible faite à l'usage des protestants, est celle de Pierre Robert Olivétan, de Neufchâtel, l'un des compagnons d'oeuvre de Farel et de Calvin. Cette traduction, à laquelle le grand réformateur travailla, fut imprimée dans le village de Serrières, près de Neufchâtel, par Pierre de Wingle (1535). Remarquable pour le temps où elle parut, cette version a servi de base à la plupart des versions protestantes françaises qui ont paru depuis. En 1561 , on la réimprima sans changement pour l'Ancien-Testament, mais avec quelques modifications dans le Nouveau, corrections dues à Calvin et à Théodore de Bèze; elle était précédée d'une préface dogmatique de Calvin. Il en parut une nouvelle édition en 1588 (1), considérablement modifiée, avec un avertissement, sous forme d'épître, sur le perfectionnement graduel des traductions de nos livres saints. Cette traduction suffit pendant plus d'un siècle, et fut réimprimée en 1693. L'édition de 1712 subit quelques corrections de langage et d'orthographe; on y ajouta quelques notes explicatives ; l'épitre et la préface restèrent les mêmes. Cette édition de 1712 fut évidemment de beaucoup supérieure à celles qui avaient précédé, et à l'heure qu'il est encore elle est considérée comme ayant de la valeur. Elle laissait néanmoins assez à désirer pour que David Martin , du Languedoc, pasteur à Utrecht, d'une part, et de l'autre la compagnie des pasteurs de Genève, entreprissent le travail d'une nouvelle révision. Le travail de Martin, moins complet, fut le premier terminé son édition parut à Amsterdam (1707), et malgré quelques crudités de langage et quelques obscurités, elle satisfit assez aux besoins des Eglises pour être bientôt généralement adoptée. La traduction de Martin fut revue par Pierre Roques, pasteur de l'Eglise française de Bâle, qui la retoucha quant au langage et en fit paraître une nouvelle édition à Bâle (1736). Ce texte retouché a fini par supplanter celui de Martin lui-même, et est celui qu'on réimprime aujourd'hui sous le nom de ce dernier. La révision du pasteur Ostervald, de Neufchâtel, un peu plus française, un peu plus claire, mais moins nerveuse, et quelquefois moins exacte ou moins littérale, rivalisa bientôt d'influence avec la version de Martin, et semble aujourd'hui, peut-être à tort, assez généralement préférée. En attendant, l'édition de Genève parut en 1805 , et malgré des qualités incontestables, ne satisfit à peu près personne. Elle manque de couleur locale; le style en est tout moderne, la forme trop académique, la période trop harmonieuse, pour que ces avantages n'aient pas été obtenus par le sacrifice de bien des pensées naïves ou fortes, de bien des expressions simples et antiques. L'adjonction des apocryphes la caractérise comme une oeuvre tiède et faible en la foi.

Dès lors, c'est-à-dire depuis cinquante ans, aucun travail complet n'a paru dans ce genre , ni comme traduction originale ni comme révision. Divers essais partiels ont été tentés avec plus ou moins de succès. Le plus considérable et le plus complet est la traduction des hagiographes du professeur Perret-Gentil, de Neuchâtel ( 1848) ; c'est la moitié de l'Ancien-Testament et la moitié la plus difficile, celle qui laisse le plus à désirer dans nos versions ordinaires, la moitié poétique. C'est tout ensemble un beau monument de science théologique et une oeuvre littéraire remarquable. Nommons encore la traduction qu'a faite M. Vivien des Psaumes, des Proverbes et de l'Ecclésiaste; celle des Psaumes par une société de pasteurs à Genève, etc.

Quant au Nouveau-Testament, après avoir suivi le sort de l'Ancien jusqu'en 1805 , il s'en est séparé depuis cette époque, et des travaux spéciaux , des traductions nouvelles ont paru , parmi lesquelles il faut distinguer :

1° la version des pasteurs de Genève (1835), révision assez complète de la traduction de 1805 , faite avec un peu plus d'indépendance , avec plus de vigueur dans le style , mais, quoi qu'en disent les traducteurs, avec des préoccupations dogmatiques qui se trahissent soit dans le choix des variantes soit dans la nature des notes, assez peu nombreuses du reste, dont elle est enrichie. Elle n'est pas toujours fidèle.

2° La version suisse, faite par une réunion de pasteurs de Genève et du canton de Vaud. Elle a pris pour base le texte reçu, et pour principe une traduction complètement littérale. Sous ce double rapport, elle échappe au reproche de tendances dogmatiques particulières. Elle est trop littérale pour être d'une lecture facile et d'un usage commode, quoiqu'il ne faille pas non plus exagérer les inconvénients de ce langage, plus grec que français, dont la nouveauté constitue peut-être la principale difficulté. D'un autre côté, son extrême littéralisme est un avantage considérable pour les personnes qui, ne sachant pas le grec, pourront en quelque sorte lire l'original en français. Elle se caractérise par son exactitude et souvent par le bonheur avec lequel sont rendues les tournures mêmes de l'original; quelquefois cependant elle est obscure. La deuxième édition, qui vient de paraître (Lyon, 1849) , est accompagnée de parallèles.

Aux éditions françaises du Nouveau-Testament, nous devons ajouter celle qui a été faite à Genève (imprimée à Bruxelles, 1813) à l'usage des catholiques romains. Elle restera comme un monument de l'activité des pasteurs de Genève et du zèle avec lequel les dames de cette ville ont su faire, pour la Parole de Dieu, ce que leurs mères avaient déjà fait pour conserver à leur patrie une précieuse collection d'histoire naturelle.

Dans cette édition , tous les chapitres et passages dont la lecture est plus particulièrement recommandée sont notés d'une raie bleue, parallèle à la marge ; les passages qui réfutent d'une manière directe les erreurs de l'Eglise romaine sont soulignés à l'encre rouge, et de nombreuses notes, toutes de controverse, sont collées en regard des versets auxquels elles servent de commentaires, ou dont elles sont destinées à faire ressortir le sens. Ce travail , fait à la main, a dû exiger un temps considérable, et fait l'éloge de ceux qui l'ont conçu et de celles qui l'ont exécuté. On peut regretter cependant que les auteurs de ce commentaire d'un nouveau genre n'aient pas utilisé davantage les passages relatifs au salut par la foi.

 

II. - Il y a peu de chose à dire sur les versions catholiques romaines. L'infaillibilité des versions sixtine et clémentine s'est reproduite dans les traductions de la Vulgate en français. Elles ont en général aussi peu de valeur critique que de valeur littéraire.

On ne fut généralement pas satisfait de la traduction de la Bible faite par Lefèvre ( 1530) , qui s'éloignait souvent de la Vulgate (il inclinait vers le protestantisme par ses idées théologiques ; mais il ne rompit pas cependant avec l'Eglise de Rome). Le mécontentement qu'il avait excité engagea les théologiens de Louvain à charger deux de leurs confrères de traduire en français la Vulgate. Cette version parut à Louvain ( 1550 ) ; mais elle n'était autre chose que celle de Lefèvre revue. Il en parut une nouvelle révision, due à plusieurs docteurs de la même université, à Anvers, chez Plantin (1578), et c'est d'après cette dernière que la Bible dite, des docteurs de Louvain fut réimprimée plusieurs fois.

Mais la plus répandue des versions catholiques , qui est incontestablement la meilleure, est celle de Louis-Isaac Lemaistre de Sacy, janséniste, qui y travailla de concert avec Antoine Arnauld, P. Nicole et d'autres savants théologiens de Port-Royal. Le Nouveau-Testament fut imprimé à Mons (ou plutôt à Amsterdam) ( 1667 ), ce qui fit qu'on l'appela traduction de Mons. L'Ancien-Testament parut à Paris (1672). Cette traduction rencontra une opposition formidable de la part des Jésuites et de quelques théologiens français; Sacy, pour ôter lieu à certaines critiques, la retravailla et la fit réimprimer telle qu'elle se publie encore aujourd'hui.

La version de Sacy, revue dans quelques parties, fut employée avec le texte latin de la Vulgate, par Dom Calmet , dans ses commentaires sur le sens littéral des Ecritures (Paris, 1707-16).

Après la version de Sacy, vient la paraphrase du P. de Carniéres, de l'Oratoire, avec le texte latin et un commentaire littéral (Paris, 1708- 1716).

La sainte Bible, traduite d'après les textes sacrés avec la Vulgate, par l'abbé de Genoude (1821-1824). C'est une révision de la traduction de Sacy, mais qui manque d'indépendance; elle n'est pas faite à un point de vue spécial, et ne saurait à aucun titre faire oublier celle de Sacy , quoiqu'elle ait peut-être une plus grande valeur littéraire. Le Nouveau-Testament de Lamennais se distingue par un style éclatant; mais l'interprète absorbe quelquefois le traducteur, et quand on cherche la Parole de Dieu, on ne rencontre quelquefois que celle de l'homme.

 

IV. - On a donné le nom de polyglottes aux Bibles qui réunissent ensemble plusieurs textes ou plusieurs versions en langues différentes. Parmi les polyglottes, les unes contiennent tous les livres de la Bible, c'est-à-dire l'Ancien et le Nouveau-Testament, et les autres ne renferment qu'une partie de l'Ecriture, comme l'Ancien ou le Nouveau-Testament, ou même quelques livres seulement. Les premières s'appellent polyglottes générales, et les dernières polyglottes particulières.

Les polyglottes générales les plus célèbres sont:

La polyglotte d'Alcala, ou polyglotte Complutensis, imprimée à Alcala en Espagne ( 1511-17 ), 6 volumes in-folio. Cette polyglotte , exécutée par les ordres et aux frais du cardinal Ximénès de Cisneros, dont elle a retenu le nom, a servi de modèle à toutes celles qui ont été exécutées depuis.

La polyglotte d'Anvers, dite la Royale, publiée par le bénédictin Arias Montanus, entreprise sous la protection du roi d'Espagne Philippe II, imprimée chez Plantin (1569-72) , 8 volumes in-folio.

La polyglotte de Paris, due à Guidon Michel Le Jay, et dirigée par Jean Morin ( 1629-45) , 10 volumes in-folio.

La polyglotte de Londres, la plus célèbre de, toutes (1653-1657)) , 6 volumes in-folio. On l'appelle souvent Bible de Walton, parce que le docteur Bruyan Walton, depuis évêque de Winchester, prit le soin de la faire imprimer.

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