Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE II

DE L'AUTHENTICITÉ ET DE L'AUTORITÉ DE LA BIBLE.

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- L'authenticité des livres de la Bible.

I. - Un livre est authentique quand il a réellement été composé par l'auteur dont il porte le nom et dans le temps où il prétend avoir été écrit. Nous avons les preuves les plus fortes et les plus satisfaisantes de l'authenticité des livres de la Bible.

L'histoire entière du peuple juif prouve que les livres de l'ancienne alliance sont authentiques. En effet, si ces livres n'étaient pas des auteurs dont ils portent les noms, l'histoire juive qui en fait mention serait fausse d'un bout à l'autre, ce qui est une absurdité que personne n'ose soutenir.

Dès le commencement, les Juifs conservèrent avec des précautions sans nombre les livres qu'ils regardaient comme inspirés. Moïse voulut qu'on plaçât le livre de la loi à côté de l'arche de l'alliance, pour servir de témoignage contre Israël (Deut. , XXXI, 26). Dès-lors ce fut une coutume établie. Josué ajouta quelque chose au livre de la loi et le plaça au sanctuaire de l'Eternel (Josué, XXIV, 26). Samuel écrivit le droit du royaume dans un livre et le plaça devant l'Eternel ( 1 Sam., X, 25). Josèphe, qui vécut depuis Jésus-Christ, parle de cette même coutume qui s'était perpétuée. Les livres que les Juifs possèdent aujourd'hui sont les mêmes qui ont traversé tous les âges de l'histoire juive, et qui sont parvenus jusqu'à nous exactement tels qu'ils ont été de tout temps.

On peut présenter cette preuve d'une autre manière. Les livres de l'Ancien-Testament forment un ensemble si bien lié que ses diverses parties se soutiennent toutes mutuellement ; on ne peut en détacher une sans rejeter aussi toutes les autres. Il faut donc ou admettre tous ces livres, ou les rejeter tous; en effet, ils s'appuient mutuellement et se supposent les uns les autres ; bien plus, tous les autres livres (non inspirés) des Juifs appuient ceux-ci et les supposent. Les livres du Nouveau-Testament rappellent constamment l'Ancien et le citent. Les ouvrages de Philon et de Josèphe, et l'ouvrage juif du Talmud composé plus tard, sont tous fondés sur l'Ancien-Testament, dont ils supposent l'existence et dont ils citent de nombreux passages. Si donc, on voulait nier l'authenticité de l'Ancien-Testament, il faudrait traiter de fable toute l'histoire du peuple juif et celle de tous les peuples qui se rattachent à elle.

 

II - Le Nouveau-Testament a été conservé depuis les premiers temps par les chrétiens avec autant de soin que l'Ancien-Testament l'a été par les Juifs. Depuis Jésus-Christ, l'histoire des divers peuples parle du Nouveau-Testament comme d'un livre bien connu, qui a traversé les siècles, étant toujours le même et dans son ensemble et dans ses parties.

Peu après la mort des apôtres, leurs livres étaient connus dans les diverses Eglises chrétiennes; on les lisait publiquement., on les citait dans d'autres ouvrages, on les traduisait en plusieurs langues, en sorte qu'il aurait été, absolument impossible d'introduire d'autres livres que ceux connus de tous, ou de les altérer d'une manière essentielle. Le témoignage en faveur de l'authenticité du Nouveau-Testament vient des Pères de l'Eglise des hérétiques et des premiers ennemis du christianisme.

On peut donner aussi une preuve interne de l'authenticité du Nouveau-Testament, c'est-à-dire une preuve tirée, du livre lui-même. Les idées, les faits, le style , c'est-à-dire le fond du livre, est le produit de l'époque des apôtres et ne peut venir que d'eux. Si un imposteur avait pris plus tard le nom des apôtres, pour composer une fable en leur nom, il n'aurait jamais pu imiter exactement la couleur de l'époque. Il faut être très habile pour composer ces sortes d'impostures qui sont toujours découvertes par la postérité. Or, depuis dix-huit siècles, on n'a rien découvert de semblable dans le Nouveau-Testament; les faits, les moeurs, les discours sont empreints de la couleur locale , et s'accordent avec tout ce que l'histoire nous dit de ce temps. or, découvre encore journellement des monuments antiques qui attestent la vérité de l'histoire renfermée dans le Nouveau-Testament. Il faut donc que ce livre ait été écrit dans le temps même dont il fait mention, dans le pays dont il parle et par des témoins oculaires qui ont dépeint avec fidélité et avec force ce qui se passait devant eux (1 Jean, I , 1-3). Leurs livres sont AUTHENTIQUES.

Nous possédons en entier ou par fragments plus de cinquante auteurs des quatre premiers siècles, qui tous témoignent des faits contenus dans l'Evangile. Près de cinquante autres sont cités par Jérôme (392) , mais leurs ouvrages ont disparu. Ces auteurs appartiennent à toutes les parties du monde ancien , depuis l'Euphrate jusqu'aux Pyrénées, depuis la Germanie septentrionale jusqu'aux déserts brûlants de l'Afrique. Ils parlaient syriaque, grec, ou latin. Ils représentaient la foi de nombreuses Eglises professant le christianisme et le consentement de nombreuses multitudes qui n'étaient pas chrétiennes. Ils sont unanimes à citer les Ecritures comme authentiques et véritables. Ils en appellent à elles comme à un livre à part, universellement reçu. Ils le commentent et l'expliquent. Ils le citent comme un livre divin. Les hérétiques ne se séparent de ]'Eglise que sur les conclusions à tirer des faits, et non sur les faits eux-mêmes. Les incrédules, en reniant la foi, ne renient pas les faits qui en font la base. En un mot, les faits évangéliques avaient obtenu en peu de temps une telle créance, ils étaient si généralement admis, que Justin Martyr (165) raconte qu'en tous pays des prières et des actions de grâces étaient rendues au Père au nom de Jésus-Christ, et cinquante ans plus tard, Tertullien constatait que dans presque toutes les villes les chrétiens formaient la majorité.

Les écrivains profanes, païens ou juifs, sans même qu'ils parlent du Nouveau-Testament et sans rendre aucun témoignage à son authenticité, confirment d'une manière générale les récits de la vie de notre Seigneur et de ses disciples, et leur servent involontairement de commentaires. Josèphe dans ses Annales (37 à 93), Tacite dans son Histoire (l'an 100) , Suétone dans ses Biographies (117), Juvénal dans ses Satires (123), Pline dans ses Lettres (103) , tous confirment les faits de l'histoire évangélique. On peut dire, sans la moindre exagération, qu'il n'est aucun événement de l'histoire ancienne qui réunisse en sa faveur autant de preuves que ne le font les récits des Evangiles et de l'histoire sainte.

 

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- L'autorité divine des livres de la Bible.

I. - En établissant l'antiquité et l'intégrité des livres de la Bible, nous n'avons rien dit encore de leur autorité. Nous avons établi simplement que ces livres nous étaient parvenus tels qu'ils avaient été écrits. Quant à ce qu'ils sont, quant au respect auquel ils ont droit, quant à l'autorité qu'ils réclament, nous verrons ce qu'ils en disent eux-mêmes.

La Bible renferme non la pensée des hommes, mais la pensée de Dieu, et elle s'appelle la Parole de Dieu, en tant qu'elle est l'expression de cette pensée. Ce sont bien des hommes qui ont écrit ce livre, mais Dieu a communiqué sa pensée à des hommes (1), et c'est sous l'influence immédiate de l'Esprit saint que la Bible a été écrite (2 Tim., III, 16. 2 Pierre, 1, 21) ; cette communication s'appelle l'INSPIRATION. Or, les écrivains de la Bible s'attribuent tous cette inspiration.

Les auteurs de l'Ancien-Testament réclament pour eux-mêmes cette inspiration (Exode, IV, 15, 46; XIX, 9. Nomb., XXIII, 12. Deut., IV, 2. 2 Sam., XXIII, 2. Jér., I, 7-9. Ezéch., III, 4-10. Michée, III, 8).

Le Nouveau-Testament la réclame pour lui-même et pour l'Ancien (2 Pierre, I, 20 , 21. Luc, I, 20. 1 Pierre, I, 2. Actes, I, 16; XXVIII, 25. Héb., III, 7. Jean, XIV, 26; XVI, 13, 14. 1 Cor., II, 13; XIV, 37. 1 Thes, Il; 13; IV, 8. 2 Pierre, III, 1, 2; etc.).

L'Ecriture établit que la mission de notre Sauveur Jésus a été une mission divine. Lui-même se donne pour un docteur envoyé de Dieu, et annonce qu'il est venu donner sa vie pour le salut du monde (Jean, VIII, 42 ; VII, 16; XVII, 8; III, 14-18).

À l'appui, et comme preuve de sa mission, il fit de nombreux miracles et montra une intelligence surnaturelle du coeur humain et des événements de l'avenir (Matth., XI, 2-6; XX, 17-19. Luc, XIX, 42-44. Jean, V, 36; XV, 24; VI, 64; XVI, 30).

Ceux qui le connaissaient, même ceux qui étaient le moins favorablement disposés en sa faveur, reconnaissaient qu'il était impossible d'expliquer sa puissance et sa sagesse par des causes naturelles (Marc, VI, 1-3. Luc, IV, 22. Jean, VII, 15).

Sa vie publique était une vie de renoncement et de désintéressement; sa vie privée était sans reproche et pleine de miséricorde (Matth., XXVII, 3, 4. Jean, IV, 34; VI, 15; VII, 18. Actes, X, 38. 1 Pierre, II, 22 , 123).

Il fut mis à mort, ainsi qu'il l'avait prédit, pour s'être fait égal à Dieu, accusation qu'il ne songea pas un instant à repousser. Après sa mort il ressuscita du tombeau (Luc, XXII, 70. Jean, XX, 47. Actes, 1, 3).

Ses paroles doivent en conséquence être reçues comme divines ( Matth., XVII, 5. Jean, XIV, 10, 11 ; XII, 44-50).

Les Ecritures représentent comme divine la mission donnée aux apôtres. Or, des huit écrivains du Nouveau-Testament, cinq étaient au nombre de ces apôtres à qui Jésus-Christ donna le pouvoir de faire des miracles et d'annoncer au monde son Evangile, savoir: Matthieu, Jean, Pierre, Jacques et Jude (Matth., X, 1-4, 7, 8. Luc, IX, 6).

Jésus leur promit, comme apôtres, en quatre circonstances différentes, l'assistance d'un conseiller divin qui leur remettrait en mémoire ce qu'il leur avait lui-même enseigné, et qui leur communiquerait une intelligence plus complète et plus durable de ces vérités (Matth , X, 19, 20. Luc, XII, 11 , 12. Marc, XIII, 11. Luc, XXI, 14. Jean, XIV, 16, 26. Voyez aussi Matth., XXVIII, 18-20. Marc, XVI, 20. Actes, 1, 4; XXI, 4. 1 Pierre, 1, 12).

Les apôtres montrèrent la divinité de leur mission par les miracles qu'ils firent an nom et par la puissance de Jésus-Christ, et en communiquant à d'autres les dons surnaturels qu'ils avaient reçus de lui (Actes, III, 16; V, 12, 15; VIII, 17-19. Héb., II, 4. Marc, XVI, 17, 18).

Le, plus complet renoncement à eux-mêmes, la sincérité et la sainteté de leur oeuvre, les succès rapides et, humainement parlant , inexplicables de leur action apostolique, établissent aussi la divinité de leur mission (Actes, IV, 16 ; V, 29; II, 41 ; XII, 24).

Nous pouvons donc conclure que les paroles de Matthieu, de Jean, de Pierre, de Jacques et de Jude, sont divines (Jean, XIV, 12-14; XX, 21. Matth., X, 20. 1 Jean, IV, 6).

 

Quant aux trois écrivains qui n'appartenaient pas au nombre des douze apôtres, Marc et Luc furent les compagnons intimes des douze; Marc passe pour avoir vécu dans l'intimité de Pierre, et quelques-uns croient que c'est lui que Pierre appelle son fils (1 Pierre, V, 13). Luc fut l'ami et le compagnon de Paul.

Papias, Justin, Irénée, Origène parlent de l'évangile de Marc comme étant généralement reçu, et comme avant été dicté ou sanctionné par Pierre. Luc et Paul demeurèrent ensemble à Jérusalem deux ans, voyagèrent ensemble fort longtemps, firent ensemble plusieurs missions, et se trouvaient encore ensemble quand Paul fut emprisonné à Rome (Actes, XXI, 17 ; XXVII, 2, 4 ; XXVIII, 16. Col., IV, 14. 2 Tim., IV, 11). - Le passage Luc, X, 7 est cité 4 Tim., V, 18, comme un texte de l'Ecriture. Irénée, Tertullien, Origène, parlent de cet Evangile comme ayant été sanctionné par Paul et comme étant généralement reçu dans l'Eglise.

Quant à Paul , sa mission est également représentée comme divine. Il fut appelé de Dieu au ministère apostolique . il réclame lui-même tous les droits apostoliques, il revendique l'autorité des apôtres et justifie ses prétentions par ses miracles; il communiquait à d'autres les dons surnaturels; il montra le plus grand désintéressement, supporta les épreuves les plus douloureuses, fut reconnu par les autres apôtres, et obtint les plus grands succès. Quand il parle , c'est toujours au nom de Christ (1 Cor. , XV, 8. Actes, XXVI, 12- 17; IX, 13-17; XIX, 6. 2 Cor., XI, 5. Gal., I, 1- 12 ; II, 6-9. 2 Tim., I, 6, 14).

 

Les écrits des apôtres sont représentés comme ayant été composés par le commandement de Dieu et en accomplissement d'une mission spéciale (1 Thes., IV, 15. 1 Tim., IV, 1. Apoc. , 1, 19. Jean, XX, 31. 1 Jean, V, 13. 1 Cor., XIV, 37).

Les apôtres avaient, en écrivant, le même objet, le même but que - lorsqu'ils prêchaient la Parole (Jude,3. Héb. XIII, 22. 1 Jean, II, 1 , 26).

Leurs écrits ne sont autre chose que leur enseignement oral résumé et permanent, et ils doivent être reçus comme ayant la même autorité (Ephés., III, 3-5. 1 Jean, 1, 1-5; II, 12-14. 2 Pierre, I, 15; III, 1 , 2. 2 Thes. , II, 15; III, 14. 1 Cor., XV, 1 ; 11, 13).

Ces écrits furent, en effet, reçus dans l'Eglise primitive comme ayant la même autorité que la prédication des apôtres, et comme agissant avec la même puissance (Actes, XV, 19-31 ; XXVI, 4. 2 Cor., VII, 8-10. 2 Thes., II, 1, 2).

On peut donc affirmer que, dès le commencement, les écrits des apôtres furent regardés comme étant, aussi bien que les livres de l'Ancien-Testament, la sainte et vraie Parole de Dieu (2 Pierre, III, 15, 16. Jacq., IV, 5. Gal. , V, 17-21. Jacq., II, 8. Matth., XXII, 39).

 

II - La religion juive et les saints écrits des Hébreux sont considérés dans le Nouveau-Testament comme étant d'origine divine; Jésus-Christ et les apôtres n'ont à cet égard qu'un seul et même langage (Jean, IV, 22. Actes, III ,13. Rom., IX, 4). - Ils constatent la divinité de la révélation donnée à Abraham et à Moïse (Jean, VIII, 56. Marc, XII, 26. Actes, III, 25. Jean, 1, 17. Gal., III, 18. 2 Cor., III, 7). - Ils reconnaissent la divine autorité de la loi morale, et la divine origine du rituel juif et des prescriptions civiles de la loi mosaïque (Matth., XV, 4. Luc, XXII, 15, 16. 1 Pierre, I, 15, 16. Jean, XIX, 36. 1 Cor., IX, 8, 9. Rom., VII, 22 et les versets 7 et 12).

- Ils voient dans le christianisme le complément et l'accomplissement du judaïsme, tel qu'il avait été annoncé par les prophètes. Quant aux écrivains de l'Ancien-Testament, ils déclarent que tout ce qu'ils ont dit et écrit, ils l'ont fait sur l'ordre de Dieu qui parlait par eux (Matth. , V, 17 ; XXVI, 54 et suiv. Actes, X, 43. Ephés. , II, 20. Rom., III, 21. 2 Cor. , III , 6-14. Exode, IV, 12, 15, 16. Deut., XVIII, 18. Jér., 1, 6, 7. Amos, III, 7).

 

Le Nouveau-Testament maintient ainsi la divine autorité des écrits de l'Ancien-Testament, les attribuant tous à l'Esprit de Dieu, loi, prophètes, psaumes, ou quelque division semblable que l'on puisse établir entre eux, quant à leur contenu (Matth., XXII, 31, 43. Héb., XIII, 5. Actes, XXVIII, 25. Rom., III, 10. Jean, X, 35. Gal., III, 8).

D'après les témoignages du chef de l'Eglise et de ses apôtres, la Bible est donc le livre de Dieu ; elle nous donne la vérité sans mélange, et son objet, son bat, c'est le salut. L'ébranler, c'est douter du Christ, et, par conséquent, lui enlever son absolue divinité ; c'est supprimer le christianisme.

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- La Bible est la seule autorité divine.

I. - Si l'Ecriture revendique une autorité divine, elle le fait d'une manière absolue et pour elle seule. Elle n'est pas une règle, elle est la règle de la foi et des oeuvres. Nous pouvons, pour la mieux comprendre, faire appel à la raison, à l'opinion des savants et des hommes pieux, à l'expérience des chrétiens, à la conscience d'un coeur dévoué mais ni l'une ni l'autre de toutes ces sources de lumières , ni toutes ensemble, ne peuvent prétendre à la moindre autorité. Elles ne font pas partie de la loi, elles ne peuvent en être tout au plus que le commentaire. Suivre en matière de foi une opinion humaine, quand elle est en contradiction avec la Bible , c'est nier la Bible ; suivre des doctrines humaines quand elles ajoutent à la Bible, c'est admettre une autre révélation ; s'appuyer enfin sur des doctrines humaines, même quand elles sont d'accord avec la Bible, si c'est à cause de la raison et non à cause de la Bible , c'est s'élever au-dessus de la Parole de Dieu, quand notre devoir est de nous soumettre entièrement à elle, et à elle seule.

Les écrivains sacrés s'adressent à des hommes de toute classe et de toute nation (Prov. , VIII, 1-4. Ps. XLIX, 1-3. Rom., X, 12 , 43. - Voyez Deut., XXIX, 29. Ps. LXXVIII, 5-7).

Les portions les plus considérables des saints livres étaient lues, pour l'Ancien-Testament, aux Juifs dans leurs assemblées; pour le Nouveau-Testament, à tous en général, et d'une manière spéciale dans les Eglises (Deut., V, 22; XXXI, 24, 26. Ezéch., XXXIII, 30, 31. Josué, XXIII, 6. Jér., XXXVI, 2-6. Hah., II, 2. Matth., VII, 28, Actes, V, 20. Rom., I, 7. 2 Cor., I, 1. Gal., I, 2. Col., I, 2. Philip., I, 1. Apoc. , II, 29).

La lecture publique de ces livres, dans une langue comprise de tous, avait été ordonnée de Dieu, soit pour les Juifs, soit pour les chrétiens (Deut., XXXI, 11-13. Josué, VIII, 33-35. Esdras, VII, 6-10. Néh., VIII, 1-8. 1 Thes., V, 27. Col., IV, 16.)

La lecture particulière des Ecritures, fortement recommandée dans l'Ancien-Testament, est ordonnée dans le Nouveau (Deut. , XI, 18-20. Ps. I, 2 ; XIX. Josué, I, 8. Actes, VIII, 30-35; XVII, 11. Rom., XV, 4. 2 Tim., III, 15. 2, Pierre, I, 19).

 

II - La Bible, partant du principe de la responsabilité de l'homme, fait expressément appel à sa raison et à son intelligence (1 Sam., XII, 7. Jér. , II, 9-11. Marc, VII, 14, 16. 1 Cor., X, 15).

Dans le Nouveau-Testament, en particulier, l'exercice intellectuel , le travail de l'esprit, l'étude faite dans un esprit de foi et de recherche est représentée comme essentielle à l'existence et aux progrès de la vraie religion (Matth., VI, 22 , 23. 1 Cor., XIV, 20. Col., I, 9. Philip., I, 9 10. Actes , XVII, 23. Voyez 1 Pierre, III , 15. Rom. XII , 12).

Les fidèles sont exhortés dans l'Ecriture à soumettre toutes les doctrines qui leur sont présentées, et leur caractère propre au témoignage de la vérité scripturaire apostolique (Esaïe, VIII, 20. 1 Jean, IV, 1. 1 Thes. , V, 20, 21. Ephés., V, 6, 8, 10, 17. Col., II, 18. Gal., VI, 4, 5. 2 Cor., XIII, 5. 1 Cor., XI, 28-31).

Notre Seigneur et ses apôtres, en s'adressant à ceux qui possédaient l'Ancien-Testament, en appelait toujours à son autorité, repoussant toute usurpation spirituelle des traditions humaines, et ne reconnaissant d'autre étendard de la vérité que ce qui était écrit dans la loi et les prophètes (Matth., XXIII, 1, 8-10. 2 Cor., I, 21).

La complète insuffisance de la raison humaine, laissée à ses propres forces, pour découvrir ou pour apprécier sainement la vérité divine, suffit à montrer qu'elle est incompétente pour faire plus qu'interpréter la révélation (Ps. XIX. Gal., I, 11, 12. 1 Cor., II, 9, 11 ; I, 18-25).

Dès les temps les plus anciens, Dieu. ordonna que tout ce qui devait servir de règle pour la foi ou pour les pratiques religieuses fût conservé par écrit (Exode, XVII, 14. Deut., XXXI, 19. Osée, VIII, 12. Esaïe, VIII, 19, 20).

Les auteurs sacrés étaient dirigés d'en haut pour employer le langage et la manière en laquelle Dieu voulait qu'ils parlassent (Dan., XII, 7-9. Matth., X, 19, 20. 1 Pierre, I, 10-12. 2 Pierre, I, 21. 2 Tim. , III, 16. Héb., I, 1. 1 Cor., II, 12, 13).

Certains raisonnements reposent quelquefois sur de simples mots ( 1 Cor., XV, 45. Héb., III , 7- 10).

Défense absolue est faite de rien ajouter aux paroles de Dieu et d'en rien retrancher (Deut., IV, 2; XII, 32. Héb., XIII, 1. Prov., XXX, 5 , 6. Apoc., XXII, 18, 19. Gal., III , 15).

Les traditions orales des Juifs, après avoir été signalées et censurées par la loi et par les prophètes, sont positivement condamnées par Jésus-Christ (Esaïe, XXIX, 13, 14. Matth., XV, 2-9).

Si les révélations comparativement imparfaites de l'ancienne alliance étaient suffisantes pour instruire et sauver ceux qui croyaient, à plus forte raison les révélations accomplies du Nouveau-Testament (Ps. XIX, 7-11. Prov., XXII, 19-21. Jean, XX, 30 , 31. 4 Jean , I, 3, 4. 1 Cor., XV, 1-4).

Ces considérations sommaires, et surtout l'étude des passages qui les appuient, prouvent surabondamment que les Ecritures sont la seule source à laquelle nous puissions puiser la vérité.

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Les livres canoniques de la Bible.

I. - La question de l'autorité des différents livres de l'Ecriture se pose quelquefois d'une autre manière; on se demande s'ils sont canoniques, s'ils appartiennent tous au canon. Cette question est résolue quand une fois on a prouvé qu'ils sont l'oeuvre d'hommes inspirés.

Dès les premiers jours de l'établissement du christianisme, on vit paraître un grand nombre d'écrits destinés à faire connaître aux hommes la vie et le caractère de notre Seigneur. Quatre seulement furent admis définitivement comme faisant autorité. Il fut généralement reconnu qu'ils étaient l'ouvrage des évangélistes dont ils portent le nom, et que ceux de Marc et de Luc avaient été écrits sous la direction particulière de Pierre et de Paul. L'apôtre Jean reconnut publiquement l'autorité des trois premiers évangiles, et y ajouta le sien pour les compléter. Ces livres furent donc composés par des auteurs auxquels notre Sauveur avait spécialement promis le secours de son Esprit pour les guider en toute vérité, leur rappeler les choses qu'il leur avait dites, et les rendre capables de faire connaître au monde son Evangile.

C'est de la même manière, quoique moins directement, que Jean rendit encore témoignage au livre des Actes.

Quant aux épîtres de Paul, il y en a treize qui portent son nom. D'autres disciples étaient présents, pouvant attester qu'elles avaient été écrites par lui (1 Thes., I, 1. 2 Thes., I, 1 ; etc.).

Généralement, il dictait sa lettre à un secrétaire, qui, dans ce cas, était aussi un témoin qui en garantissait l'authenticité (Rom. , XVI, 22) ; l'apôtre ajoutait alors de sa propre main la salutation et quelquefois la souscription (Col., IV, 18. 1 Cor., XVI, 21). Ses épîtres étaient confiées à des personnes sûres pour être portées à destination (Rom., XVI, 1. Col. , IV, 7, 8. Philip., II, 25. Ephés. , VI, 21). Il ordonna dans les premières qu'il écrivit qu'elles fussent lues en assemblée publique ; les suivantes le furent pareillement (1 Thes. , V , 27. 2 Thes., II, 15; III, 6, 14. 2 Cor., I, 43. Col., IV, 16) ; et nous savons par Ignace, Polycarpe et Clément , et surtout par Pierre (2 Pierre, III , 15, 16), que ses lettres étaient regardées comme Ecriture inspirée, et lues dans les Eglises comme la loi et les prophètes de l'Ancien-Testament et comme les évangiles du Nouveau. Pour donner à cette observation tout son poids, ajoutons que Pierre, parlant des épîtres de Paul, le fait après que toutes les épîtres de l'Apôtre aux Eglises avaient déjà été écrites (voyez 2 Pierre, I, 14), et qu'il les désigne sous le nom d'Ecriture, nom qui se trouve jusqu'à cinquante fois dans le Nouveau-Testament, et qui n'et jamais employé pour désigner autre chose que les livres du canon actuel. Il en résulte donc que ces épîtres sont de Paul et qu'elles possèdent ce que Paul réclamait pour elles et ce qu'un autre grand apôtre leur attribue également, une autorité inspirée et canonique. Elles ne sont pas les paroles de l'homme , elles sont celles de l'Esprit saint.

 

La première épître de Pierre et la première de Jean furent, ainsi que les livres déjà nommés, reconnues, dès leur apparition, comme divines.

Les autres livres du Nouveau-Testament furent nommés antilégomènes, ou encore deutérocanoniques , parce qu'ils ne furent reçus dans le canon qu'après un second travail de révision. Ils n'arrivèrent que graduellement à en faire partie ; au commencement du quatrième siècle, ils étaient reçus par la plupart des Eglises; à la fin du même siècle , ils l'étaient par toutes.

 

II - C'est le Nouveau-Testament qui nous fournit les plus fortes preuves de la canonicité de l'Ancien. Notre Seigneur a reçu et considéré comme Ecriture les livres que les Juifs lui ont présentés comme tels, et les apôtres font ressortir les privilèges qu'avaient obtenus les Juifs d'être faits les dépositaires des oracles de Dieu (Rom ., I, 2). Il y a dans le Nouveau-Testament deux cent soixante-trois citations directes et environ trois cent cinquante allusions indirectes à l'Ancien-Testament, prises de chacun des livres qui le composent ou à peu près; ce qui montre, non seulement le rapport intime qu'il y a entre les deux alliances, mais encore le respect que le christianisme professe pour les livres saints de l'ancienne.

Les témoignages les moins contestables établissent qu'à la venue de notre Seigneur, le canon était fixé tel qu'il existe maintenant. Josèphe et Philon déclarent, d'une manière positive, que les livres aujourd'hui regardés comme canoniques étaient les livres saints de la nation ; Josèphe ajoute que ces livres, dont il donne les noms, étaient reçus de tous les Juifs , que tous les Juifs combattaient jusqu'à la mort pour les défendre , et que personne n'avait jamais osé ni les modifier ni en rien retrancher (Contre Appion , 1, 8).

Nous indiquerons par ordre les diverses autorités qui ,établissent historiquement l'identité du canon ancien et du canon actuel. Quant au silence que garde le Nouveau-Testament sur cinq ou six des livres de l'Ancien, il s'explique naturellement par le fait que les apôtres n'ont pas eu l'occasion de les citer; de ce que pour les uns il y a une preuve positive, il ne résulte pas que la preuve soit négative pour les autres , et cela d'autant moins que plus d'une fois l'Ancien-Testament est considéré comme un ensemble.

 

Le Nouveau-Testament cite en effet l'Ancien sous la triple division de : la loi, les prophètes et les Ecritures (ou les Psaumes), Il cite, en outre, à part tous les livres , à l'exception de Ruth , Esdras , Néhémie, Ester , le Cantique, l'Ecclésiaste et peut-être les Lamentations.

La version des Septante , qui, par son origine comme par son ancienneté, est une preuve positive, les renferme tous.

Le fils de Sirach ( 130 ans avant Jésus-Christ) mentionne la triple division de l'Ancien-Testament, ainsi que Philon (41 ans avant Jésus-Christ), qui, en outre , cite séparément tous les livres qui le composent, excepté Ruth, Chroniques, Néhémie, Ester, le Cantique, l'Ecclésiaste , les Lamentations, Ezéchiel et Daniel. Josèphe (né l'an 37) les énumère également en trois classes renfermant tous les livres du canon actuel.

Parmi les Pères de l'Eglise grecque, Méliton (177) les mentionne tous, excepté Ester et Lamentations ; Origène (230), tous sans exception; Athanase (326), tous, sauf Ester; Cyrille de Jérusalem (318), le concile de Laodicée (363), Epiphane (368), Hilaire de Poitiers (370) , tous sans exception ; Grégoire de 'Nazianze (370), Amphiloque (370), tous. Les canons apostoliques, d'une date incertaine, mais antérieurs à la fin du quatrième siècle , et les constitutions apostoliques les mentionnent tous aussi,

Les autorités latines, Jérôme (392), Rufin (397), le troisième concile de Carthage (397) et Augustin (395), sont d'accord à énumérer tous les livres du canon actuel, comme formant le canon des Juifs.

 

III. - Mais s'il est facile , grâce aux sources, qui viennent d'être indiquées , de constater le fait , il l'est beaucoup moins de déterminer de quelle manière et en quel temps le canon fut formé et définitivement clos. On ne peut donner que des probabilités.

Les livres de la loi furent placés dans le tabernacle avec l'arche de l'alliance , et y furent conservés pendant les voyages du désert , puis, plus tard encore, à Jérusalem (Deut., XXXI, 9 , 26. Josué, XXIV, 26. 1 Sam., X, 25). C'est dans le même sanctuaire que furent successivement déposés les divers livres historiques et prophétiques qui furent écrits depuis Josué jusqu'aux jours de David. Lors de l'érection du temple , Salomon y déposa , à ce qu'on pense , les anciens écrits, et y ajouta les productions inspirées de sa propre plume (2 Rois, XXII, 8. Esaïe, XXXIV, 16). Après lui s'éleva toute une succession de prophètes., Jonas, Amos , Esaïe, Osée, Joël, Michée , Nahum, Sophonie, Jérémie, Abdias et Habacuc, qui enseignèrent avant la destruction du temple et qui enrichirent de leurs nombreux écrits le volume inspiré. Mais le temple fut détruit par Nébucadnetsar quatre cent vingt ans après son érection. On ignore ce que devinrent, lors de cette calamité nationale, les manuscrits des saints livres. Néanmoins , à Babylone, Daniel parle du livre de la loi comme lui étant familier; il parle également des prophéties de Jérémie, et d'autres encore (Daniel, IX, 2, 11). Puis, peu après la conquête de Babylone par Cyrus, les Juifs furent rendus à la liberté , le temple fut reconstruit, le culte public restauré, et les prophètes Aggée et Zacharie élevèrent la voix pour exhorter les Juifs à l'espérance et à la fidélité.

Cinquante ans environ après la reconstruction du temple, Esdras, à ce que rapporte la tradition, rassembla les saints écrits et les réunit en collection; on voit en tout cas, par Néhémie , VIII, 1 , 3 , 9 , qu'il s'occupa avec zèle d'exposer et de faire connaître à tous la loi ancienne. A cette collection furent ajoutés, probablement par Simon le Juste, les écrits d'Esdras lui-même, puis ceux de Néhémie et de Malachie ; et c'est ainsi que fut clos le canon de l'Ancien-Testament ; car depuis les jours du prophète Malachie il ne s'éleva plus aucun prophète jusqu'à ceux de Jean-Baptiste , qui réunit en sa personne les deux alliances, et dont il avait été annoncé qu'il précéderait le grand jour du Seigneur (Mal., III, 1).

 

On dit généralement que la collection des livres de l'Ancien-Testament fut l'oeuvre de la grande synagogue, conseil religieux qui compta parmi ses membres Esdras , Néhémie, Aggée, Zacharie , Malachie, et plus tard Simon le Juste. Il est dans tous les cas parlé de ce conseil , de son existence et de ses travaux, dans les plus anciens ouvrages des Juifs.

 

Après la captivité, de nombreuses synagogues s'établirent en Judée et dans toutes les contrées où résidèrent les Juifs de la dispersion; les copies des Ecritures se multiplièrent dès lors si rapidement, que la conservation de quelques manuscrits particuliers cessa d'avoir aucune importance historique et ne fut plus qu'une affaire de simple curiosité.

La traduction des Septante fut la prompte conséquence de cette abondante dissémination des livres saints, comme elle est un témoin authentique de leur canonicité.

 

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- Les livres apocryphes de l'Ancien-Testament,

I - On entend par apocryphes, c'est-à-dire cachés , douteux, certains livres reliés quelquefois avec la Bible comme appendice de l'Ancien-Testament, et qui cependant ne font point partie du volume inspiré.

Quoique compris sous un même nom, ces livres n'ont presque rien de commun entre eux. Les uns sont des écrits moraux ou didactiques, comme l'Ecclésiastique et la Sapience. D'autres sont des écrits historiques, comme le premier livre d'Esdras et les Maccabées. D'autres sont des écrits fabuleux destinés à instruire et à intéresser, comme Tobit et Judith. D'autres encore sont des écrits supposés, mis faussement sous les noms connus d'écrivains sacrés et de prophètes. Par exemple, Baruch, le deuxième livre d'Esdras.

Ou bien de simples additions faites à des livres canoniques, longtemps après leur rédaction. Ainsi Susanne, Bel et le dragon, le cantique des trois jeunes Hébreux, ajoutés à Daniel; des fragments d'Ester ajoutés au livre de ce nom la prière de Manassé ajoutée aux Chroniques, etc.

Ces livres diffèrent, non seulement par le sujet et par la forme, mais encore par le pays d'où ils proviennent; pour les uns, c'est la Palestine; pour d'autres, l'Egypte; et pour la langue originale, qui est ici le grec, là l'hébreu, ailleurs le caldéen.

Nous pouvons diviser les livres apocryphes de l'Ancien-Testament en deux classes :

1. les livres historiques, savoir : deux livres d'Esdras , deux livres des Maccabées, Judith, les additions au livre d'Ester, et les divers suppléments au prophète Daniel ;

2. les livres didactiques ou moraux , savoir : Tobit, la Sapience, l'Ecclésiastique, Baruch , et la prière de Manassé, roi de Juda.

 

II. - Examinés aux divers points de vue, qui viennent d'être indiqués pour les Ecritures inspirées, les livres qu'on connaît sous le nom d'apocryphes ne peuvent revendiquer aucune autorité divine. Les preuves extérieures leur sont contraires, aussi bien que les preuves intérieures.

1 - Ils ne figurent , en effet , dans aucun catalogue des quatre premiers siècles du christianisme, et ils n'ont jamais été considérés comme règle de foi jusqu'aux jours du concile de Trente (1) , qui, le premier et seul, les a déclarés canoniques (2). Philon ne les cite jamais comme il cite l'Ecriture, et Josèphe les repousse d'une manière positive (Contre Appion, 1, 8). Les Juifs ne les ont jamais reçus comme canoniques , et notre Seigneur, ni les apôtres, dans les six cents citations environ qu'ils font des livres canoniques, n'ont jamais cité aucun des apocryphes, ce qui est d'autant plus remarquable que Paul cite jusqu'à trois fois des auteurs païens, et que Jude emprunte des citations à d'autres sources hébreuses qui ne sont pas contenues dans le canon. Il n'est pas moins digne de remarque que le dernier des hommes inspirés de l'Ancien-Testament, termine ses oracles en recommandant à ses compatriotes les livres de Moïse, et en déclarant qu'il ne faut plus attendre aucun messager de l'Eternel avant la venue du second Elie (Mal., IV, 1-6).

 

2. Les Pères de l'Eglise des premiers siècles et d'anciens docteurs de l'Eglise de Rome répètent que les apocryphes ne sont pas les oracles de Dieu.

Méliton, évêque de Sardes, vers l'an 170, qui avait visité toutes les Eglises de l'Orient, dit que pas une d'elles ne recevait les livres apocryphes.

Eusèbe, Origène , Hilaire de Poitiers , Athanase, Cyrille de Jérusalem, Epiphane, Grégoire de Nazianze, Rufin, Augustin, Jérôme, et beaucoup d'autres évêques et docteurs, les répudient d'un commun accord et déclarent que, comme ils n'étaient pas les oracles de Dieu, ils ne furent pas mis dans l'arche de l'alliance. Jérôme , surtout, homme d'étude et de savoir, un des Pères qui ont le plus travaillé sur la Bible et qui, au quatrième siècle, voyagea dans la Palestine pour apprendre l'hébreu, dit expressément : « Nous n'avons pas connu l'économie de notre salut par d'autres que par ceux qui » d'abord prêchèrent l'Evangile , qu'ensuite ils mirent par écrit, pour qu'il fût la colonne et le fondement de notre foi. » Puis il nomme tous les livres de cette économie , tant de l'Ancien que du Nouveau-Testament, et il ne fait aucune mention des livres apocryphes, si ce n'est pour dire que, s'il a traduit CES FABLES, ce n'est que pour se prêter aux préjugés du peuple ; mais qu'il les a marquées d'un style (ou stylet) , « afin , en quelque sorte , de les égorger. »

Il est à observer cependant que quelques-uns des livres apocryphes ont été cités comme canoniques par quelques-uns des Pères de l'Eglise. Ainsi Baruch (et Baruch seul), par Origène, Athanase , Cyrille et Epiphane, Tobit, Judith , la Sapience, l'Ecclésiastique et les deux livres des Maccabées, par Augustin seul (1).

3. Le concile de Laodicée ne les admet point non plus; et je remarque qu'il devient la voix de l'Eglise entière (2).

En Afrique, Augustin nous dit qu'ils ne sont lus que comme livres inférieurs et sans autorité. Au septième siècle, Jean Damascène (si favorable d'ailleurs à d'autres opinions de l'Eglise romaine) , ne compte que vingt-deux livres de l'Ancien-Testament, et, comme Epiphane , il remarque que les apocryphes ne furent pas mis dans l'arche sainte.. Et quant aux docteurs romains, deux cardinaux, Cajétan (1539), et Ximénès (1517), et avec eux tous les docteurs d'Alcala (1), Thomas d'Aquin (1271), et Nicolas de Lyra (1660), et Pagninus (1527), et bien d'autres, les excluent des Bibles qu'ils impriment ou commentent; enfin, c'est un pape, Grégoire le Grand (601), qui « pense, dit-il, n'avoir pas mal agi en citant le livre des » Maccabées, quoiqu'il ne soit pas canonique, mais écrit » seulement pour l'édification de l'Eglise. »

 

III. - Les preuves internes de la non-inspiration des apocryphes sont plus décisives encore, puisqu'ils renferment des erreurs graves de faits, de doctrine et de morale, et sont souvent en contradiction avec la Parole de Dieu. Ces livres ne revendiquent nulle part une autorité divine; parfois même ils semblent en désavouer la pensée (2 Macc., 11, 21-33 ; XV, 38). Ils renferment des détails contraires à l'histoire , ils sont en contradiction avec eux-mêmes , ils sont en opposition avec les doctrines et les préceptes de l'Ecriture, comme nous le verrons ailleurs.

Toutefois, si ces livres n'ont aucune autorité canonique, ils ne sont pas tout-à-fait sans valeur historique; ils font connaître les coutumes et les moeurs des Israélites après le retour de l'exil , leurs progrès en divers genres de connaissances, leur caractère religieux et leur gouvernement. Quelques-uns développent d'anciennes prophéties , et en démontrent l'accomplissement ; d'autres font connaître les principes et les sentiments les plus exaltés du patriotisme chez des hommes non inspirés.

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