DE LA RELIGION DES PATRIARCHES JUSQU'A MOïSE.
I. Les quinze siècles qui s'écoulèrent depuis la création du monde jusqu'à la sortie des Israélites de l'Egypte, ont un caractère tout particulier qui les distingue éminemment des siècles suivants. Ils renferment l'histoire de la création, de l'origine du genre humain, de son accroissement, de son développement intellectuel et moral, de la formation des sociétés et des empires, des progrès des arts, etc. , etc.
Nous n'avons sur cette époque intéressante d'autres renseignements que ceux que nous fournit la Genèse. Nous essaierons d'en donner un aperçu rapide qui nous fera assister, pour ainsi dire, à l'éducation du peuple d'Israël; nous verrons par quels moyens la divine Providence le prépara aux institutions que Moïse devait lui donner.
II. Dieu plaça les premiers hommes dans le Paradis, séjour de délices. L'homme, pur et innocent, y vécut comme le centre et le roi de la création (Gen., II, 19, 20). Dieu se communiqua à lui, nous ignorons par quels moyens, et lui donna les premières notions sur l'usage de toutes choses, sur l'auteur de l'univers, sur le culte que la créature doit rendre au Créateur, sur les devoirs qui sont imposés à l'homme, sur les suites funestes du mal, etc. (Gen., II, 16, 17; III, 16; etc.). Cette première révélation immédiate peut seule expliquer les connaissances vraies et étendues sur la divinité que nous trouvons déjà chez les premiers hommes.
Dans le Paradis ou Eden, se trouvaient deux arbres remarquables: l'arbre de vie : son fruit procurait l'immortalité et l'arbre de la connaissance du bien et du mal : son fruit donnait la mort (Gen., II, 9, etc.). Dieu défendit à l'homme de toucher à ce dernier fruit; l'homme devait sentir sa dépendance entière de Dieu, et apprendre à lui obéir et à résister aux tentations. - Mais l'homme se laissa séduire; il perdit les privilèges glorieux de son innocence primitive. Le péché vint au monde, et avec le péché la mort, c'est-à-dire la misère, les remords, les troubles de l'âme.
III. La Bible nous fournit peu de renseignements sur le sort de nos premiers parents après leur chute. Elle se borne à nous apprendre comment ils se procurèrent les biens les plus indispensables à la vie, en élevant des troupeaux ou en cultivant la terre (Gen., IV, 2) ; comment la jalousie conduisit au premier meurtre (et le premier meurtre fut un fratricide) ! (8) ; comment les hommes se divisèrent en familles et en tribus (16), et fondèrent la première ville (17). Dieu accorda à Adam et à Eve un autre fils à la place d'Abel ; il fut nommé Seth (25). Ses descendants demeurèrent fidèles au culte du vrai Dieu; la Bible les nomme Fils de Dieu, tandis que la postérité de Caïn, s'adonnant à toutes sortes de vices , est appelée enfants des hommes.
Bientôt les deux races se mêlèrent (VI, 1 , 2). Nous devons cependant observer que la connaissance et l'adoration du vrai Dieu ne se perdirent jamais entièrement. Adam les transmit à Seth, Seth à Hénoc, qui marcha avec Dieu, Hénoc à Noé. Alors Dieu résolut de détruire les hommes coupables par un déluge; Noé, le juste, seul avec sa famille, fut excepté.
IV. Après la fin du déluge, Noé, avec sa famille, s'établit au centre de l'Asie, au pied du mont Ararat; ses trois fils, Japhet, Cam et Sem, devinrent les pères de nombreux peuples (Gen., IX, 1 ; X). La Bible ne parle qu'accidentellement des descendants de Japhet, qui se répandirent dans l'ouest et le nord de l'Asie et dans l'Europe, et de ceux de Cam, qui peuplèrent l'Afrique; elle fixe particulièrement notre attention sur les Sémites, qui établirent leurs demeures entre l'Euphrate et la Méditerranée, et chez lesquels le culte du vrai Dieu et les traditions des siècles antérieurs au déluge se conservèrent plus purs que chez les autres races. La Genèse s'étend surtout sur l'histoire des patriarches ou chefs du peuple juif, Abraham, Isaac et Jacob, et des douze fils de ce dernier.
V. Les patriarches adoraient tous un Dieu éternel spirituel, parfait (Gen., XIII , 18 ; XIV, 18 ; XVI , 13; XVIII, 23-32 ; XX, 3 ; XXI, 1-33 ; XXIV, 27, 62 XXXII, 9, etc., etc.).
Entre la divinité et l'homme , les patriarches reconnaissaient une autre espèce d'êtres , les Anges , esprits purs, supérieurs à l'homme par leurs facultés , qui forment, pour ainsi dire , la cour de l'Eternel ( Gen. , XXI, 17. Job, 1, 6), qui exécutent ses ordres (Gen., XVIII-XIX ; XXII, 11 , 15), qui protègent les justes (XLVIII , 16 XXIV, 7) , et les détournent du mal, etc. (XVI, 7).
L'espérance d'un Messie, d'un Sauveur, qui relèverait un jour les hommes de leur chute, animait déjà les patriarches ; cette attente se fondait d'abord sur la promesse faite à nos premiers parents (Gen., III, 15), mais ensuite et surtout sur les promesses si souvent répétées à Abraham, à Isaac et à Jacob, que toutes les familles de la terre seraient bénies en leur postérité (Gen., XII, 3, XXII, 8 ; XXVI, 4 ; XXVIII, 14).
Le culte par lequel les patriarches honoraient Dieu répondait à la simplicité des premiers âges. Le chef de famille remplissait les fonctions de sacrificateur; il instruisait les siens dans la loi divine, priait pour eux, et offrait à l'Eternel des sacrifices (Gen., IV, 4 ; XV, 9).
Outre les sacrifices, nous trouvons , comme actes de dévotion chez les patriarches , la prière , le voeu (Gen., XXVIII, 20-22) , le serment (XIV, 22 , 23) , la circoncision (XVII, 9-14).
Tout nous porte à croire que déjà , dans les siècles les plus reculés , les patriarches célébraient le septième jour, le sabbat, comme particulièrement consacré à l'adoration de l'Eternel ; en tout cas , il était observé antérieurement à la loi donnée sur le mont Sinaï.
VI. Nous manquons absolument de renseignements sur tout ce qui concerne la religion , le culte , le gouvernement, les moeurs , etc. , des Hébreux pendant leur séjour en Egypte.
DES INSTITUTIONS RELIGIEUSES ÉTABLIES PAR MOïSE.
I. Les idées religieuses qui forment la base du culte établi par Moïse sont exactement les mêmes que celles des patriarches. La doctrine de la création , de la chute de l'homme et de l'origine du mal, etc. , est en tout conforme à celle contenue dans la Genèse.
Moïse représente Dieu comme le Créateur et le Conservateur de l'univers , comme un Etre unique, éternel , immuable, invisible , parfait, saint , souverainement bon, sage et juste , prenant soin de tous les hommes, mais accordant une protection spéciale et toute particulière au peuple juif.
L'idée d'une providence et d'une justice rétributive règne dans tous les livres de l'Ancien et du Nouveau-Testament ; toutefois, avec une différence notable. Selon la doctrine de l'Ancien-Testament, Dieu récompense le bien et punit le mal, soit dans les individus, soit dans les peuples, déjà sur cette terre ; et ce dogme est une suite naturelle de la théocratie (1) établie chez les Juifs. Jéhovah est le Dieu et le Roi d'Israël, les Israélites sont ses sujets ; la fidélité à son culte et l'observation de ses lois sont récompensées par la prospérité terrestre, par la puissance, les richesses, la santé, une postérité nombreuse et d'autres biens temporels ; l'abandon du culte de Jéhovah et l'idolâtrie sont des crimes de lèse-majesté, et entraînent infailliblement des maux et des calamités sans nombre : pestes et famines , guerres et tremblements de terre , assujettissements aux peuples païens, etc. , etc.
II. Afin de conserver l'adoration du seul vrai Dieu parmi les Israélites, Moïse lia étroitement le culte public à la constitution politique et civile qu'il donna à ce peuple , en sorte qu'ils se prêtaient mutuellement force et appui. Les lois étaient les lois de Dieu ; les juges et les fonctionnaires, les ministres de Dieu ; les punitions , des peines infligées au nom de Dieu ; les mesures et les poids , consacrés à Dieu, etc. Dans le même but , Moïse désigna un lieu unique pour la célébration du culte religieux, savoir le tabernacle , et , plus tard , le temple de Jérusalem il établit un culte surchargé de cérémonies , de sacrifices , d'ablutions , de prières , etc. , afin de rappeler à chaque instant aux Israélites leur dépendance de Dieu ; il nomma une classe particulière de personnes , les lévites, pour veiller à tout ce qui se rattachait au culte de Jéhovah.
DES LIEUX SAINTS CONSACRÉS AU CULTE PUBLIC.
Moïse consacra, aussitôt après la législation donnée sur le mont Sinaï, un lieu exclusivement destiné à la célébration du culte public; ce fut le tabernacle, et plus tard, le temple de Jérusalem.
- Du tabernacle.
Le tabernacle est aussi appelé le pavillon ou la demeure ou le sanctuaire de Dieu, ou le tabernacle d'assignation (Exode, XXVI, XL) ou du témoignage (2 Chron., XXIV, 6). - Il se composait de deux parties : le parvis et le tabernacle proprement dit.
I. Le parvis ou parvis du peuple, parce que tout le monde y avait un libre accès, était une cour oblongue. Ce parvis, ou cette cour, était entouré de tous côtés par des rideaux de fin lin, suspendus à des barres de fer supportées par des colonnes en bois d'acacia, avec soubassement d'airain. L'entrée du parvis était du côté de l'est, où l'on avait laissé une ouverture, laquelle se fermait par une tapisserie blanche, brodée en hyacinthe , écarlate, cramoisi et pourpre (Exode, XXVII, 9-19). Au milieu du parvis était placé l'autel des holocaustes, en bois d'acacia, partout recouvert d'airain ;. les quatre coins étaient ornés de cornes d'airain et pourvus d'anneaux, dans lesquels on plaçait les barres pour porter l'autel. La moitié supérieure de l'autel était remplie de terre, afin que l'on pût y allumer le feu destiné à consumer les victimes. L'autel était placé sur une élévation de terre, doucement inclinée vers le sud pour pouvoir y monter ; sur cet autel brûlait perpétuellement le feu sacré (Exode, XXVII, 1-8).
À l'usage des sacrifices offerts sur l'autel des holocaustes, appartenaient divers ustensiles en airain, tels que des bassins, des pelles, des fourchettes à trois dents, des encensoirs, etc. (Exode, XXVII, 3).
Derrière l'autel se trouvait la cuve d'airain, avec son soubassement (Exode, XXXVIII, 8) ; l'eau en sortait par le moyen de plusieurs robinets, et servait aux ablutions , que les sacrificateurs étaient obligés de faire avant et après les sacrifices.
II. Le tabernacle proprement dit était un bâtiment oblong; il était construit en planches d'acacia couvertes de feuilles d'or et emboîtées, en haut et en bas, dans deux mortaises; cinq verrous d'or de chaque côté, qui passaient par des anneaux, réunissaient les diverses planches, au nombre de quarante-huit. On voit, par ces détails, que le tabernacle pouvait être facilement monté et démonté, ce qui était nécessaire, puisqu'il accompagnait toujours les Israélites pendant leurs voyages dans le désert. Le tabernacle était placé au fond des parvis, vers l'ouest, vis-à-vis l'entrée. Le côté du tabernacle qui regardait vers l'est était entièrement ouvert, et servait d'entrée; cinq colonnes d'acacia couvertes d'or, avec des soubassements en airain, supportaient une barre ou tringle d'or, sur laquelle était suspendu un rideau de fin lin, brodé en hyacinthe, écarlate et cramoisi, que l'on pouvait ouvrir et fermer à volonté. L'intérieur du tabernacle était divisé en deux appartements :
1 ° Le lieu saint ou le sanctuaire n'était accessible qu'aux lévites et aux sacrificateurs. On y voyait -
1) Le chandelier d'or (Exode, XXV, 31, etc. qui éclairait ce sombre appartement; il était en or pur, mais creux, et avait, outre le pied principal, de chaque côté trois branches. Les sept lampes brûlaient pendant toute la nuit (Lév., XXIV, 1-4).
2) La table d'or ou table de proposition. Elle était entièrement couverte d'or fin; un couronnement ou moulure, de même métal, l'entourait; au-dessous de la table était une espèce d'armoire, ou de tiroir; à chacun des quatre pieds, était adapté un anneau d'or ; dans ces anneaux on plaçait des barres pour transporter la table (Exode , XXV, 23-28. XXXVII, 10-16), - Sur cette table étaient placés douze pains sans levain , de la plus fine farine , et sur les pains , de l'encens. Chaque sabbat on enlevait ces pains et ou les remplaçait par d'autres (Lév. , XXIV, 5-9). La Bible les nomme pains de proposition ou de l'arrangement, parce qu'ils étaient continuellement exposés devant l'Eternel, en signe de reconnaissance de la part des douze tribus du peuple (Exode, XXV, 30. 1 Chron. , IX, 32). Les sacrificateurs seuls avaient le droit de manger de ces pains et seulement dans le sanctuaire même (Lév. , XXIV, 9). À côté des pains de proposition étaient placés un vase d'or avec du vin, un autre avec du sel, un troisième avec de l'encens, et des bassins et des tasses d'or pour les aspersions (Exode, XXXVII, 16).
3) L'autel des parfums, l'autel intérieur ou l'autel d'or, également en bois d'acacia, était placé dans le lieu saint, entre la table d'or et le chandelier, plus près du lieu très-saint. Les quatre pieds se terminaient par des ornements, appelés cornes; un couronnement ou moulure régnait à l'entour, et des anneaux y étaient fixés pour recevoir les barres qui servaient pour le transport (Exode, XXX, 4, 5). Sur cet autel, on brûlait des parfums matin et soir. La composition des parfums est indiquée dans la Bible (Exode, XXX, 34, etc.).
2° Le second appartement du tabernacle portait le nom de lieu très-saint; un rideau semblable à ceux que nous avons décrits ci-dessus le séparait du sanctuaire. Aucun rayon de soleil n'éclairait les mystères de ce saint lieu. Le souverain sacrificateur avait seul le droit d'y pénétrer, et seulement une fois par au, le jour des grandes expiations. Dans le lieu très-saint se trouvait:
1) L'arche de l'alliance, ainsi nommée parce qu'elle renfermait la loi, cette alliance que Dieu avait traitée avec son peuple (Exode, XXV, 10, etc. ). - Elle était fermée par un couvercle d'or pur, qui portait le nom de propitiatoire ou d'oracle. Sur ce couvercle étaient deux anges ou chérubins, vis-à-vis l'un de l'autre, un à chaque bout, faits en or travaillé au marteau, de la même pièce que le couvercle. Les visages des chérubins s'inclinaient vers l'arche en signe d'adoration. C'est du haut du propitiatoire que Dieu rendait ses oracles à Moïse, et ensuite au souverain sacrificateur (Exode, XXV, 22. Nomb., VII, 89). L'arche de l'alliance était l'objet principal de la vénération des Hébreux. Les sacrificateurs seuls pouvaient y toucher (Deut., XXXI, 9. 2 Sam., XV, 24).
2) Auprès de l'arche se trouvait placé, dans le lieu très-saint, un vase d'or, plein de cette manne dont se nourrissaient les Israélites dans le désert (Exode, XVI, 32, etc.) , et le bâton ou la verge miraculeuse d'Aaron (Nomb., XVII, 1-10. Héb., IX, 4).
- Du temple de Jérusalem.
Nous devons distinguer : le temple construit par Salomon, celui bâti par les Juifs, après leur retour de la captivité de Jérusalem, enfin le temple restauré par le roi Hérode.
1. Temple de Salomon.
David résolut d'élever, à Jérusalem, sur la montagne de Morija, un temple magnifique à la gloire de l'Eternel; mais il fut détourné de ce projet par les conseils du prophète Nathan. Dieu lui ordonna de différer la construction de ce temple jusqu'au règne de Salomon , son fils et son successeur ( 1 Chron., XVII, 1 - 12). - Aussitôt après la mort de son père, Salomon mit la main à l'oeuvre. Nous avons une description détaillée de ce premier temple (1 Rois, VI; VII, 13-51. 2 Chron., III, IV); mais cette description offre de grandes obscurités. Voici les détails les plus nécessaires pour l'intelligence des Ecritures : l'emplacement occupé par le temple formait un carré oblong; il y avait d'abord deux cours ou parvis (2 Chron. , XX, 5) ; la grande cour, dans laquelle. se rassemblait le peuple (1 Rois, VII, 12), et la cour intérieure ou le parvis intérieur (1 Rois, VI, 36), appelée aussi, le parvis qui était devant la maison de l'Eternel (2 Chron., VII, 7), ou le parvis des sacrificateurs (2 Chron., IV, 9). Ces deux cours étaient entourées de plusieurs édifices destinés à conserver les ustensiles et les provisions du temple, et à loger les lévites chargés du service (1 Chron., IX, 26, 29, 33).
Dans le parvis intérieur se trouvait le grand autel, couvert d'airain (2 Chron., IV, 1, etc.), et le grand bassin d'airain, appelé la mer d'airain, renfermant l'eau nécessaire pour le service du temple (1 Rois, VII, 23, etc. 2 Chron., IV, 2, etc.). Il y avait en outre dix autres bassins de cuivre plus petits, servant aux ablutions (Exode, XXX, 21. 1 Rois, VII, 27-39, etc. 2 Chron., IV, 6).
Après le parvis intérieur, venait le sanctuaire (1 Rois, VI, 2, etc. 2 Chron., III, 3, etc. ). Devant ce sanctuaire, régnait un portique (1 Rois, VI, 3. 2 Chron. , III, 4). A l'entrée du portique étaient placées les deux colonnes, Jakin et Boaz (1 Rois, VII, 15-22. 2 Chron., III, 15). - Les murs intérieurs du sanctuaire étaient revêtus de bois de cèdre, couverts de plaques d'or (1 Rois, VI, 15, etc. 2 Chron., III, 5-9).
Dans l'intérieur du sanctuaire, on voyait : l'autel du parfum, en or (Exode, XXX, 1-10, 27); les dix chandeliers d'or, dix tables d'or, et une multitude d'autres vases et ustensiles pour le service (1 Rois, VII. 2 Chron., IV). Sur l'autel étaient placés les douze pains de proposition (Exode, XXV, 30. Lév., XXIV, 6, 7).
Au fond du temple se trouvait le tabernacle ou l'oracle ou le sanctuaire au dedans du voile, ainsi appelé, parce qu'il était séparé du premier sanctuaire par un voile (Matth., XXVII, 54) ; le souverain sacrificateur n'y entrait qu'une fois par an (Exode, XXX, 10. Lév., XVI, 2). C'est là que se trouvait l'arche sainte, etc. (1 Rois, VI, VIII. 2 Chron., V).
2 Temple de Zorobabel.
Dès que Cyrus eut permis aux Juifs de retourner de Babylone dans leur patrie, l'an 536 avant Jésus-Christ, le gouverneur Zorobabel et le souverain sacrificateur Jesçuah commencèrent la construction du temple (Esdras, III, 8, 9) ; mais l'ouvrage fut arrêté par les Samaritains pendant quinze ans ( Esdras, IV, 4-24) ; en sorte que le temple ne fut achevé que l'an 515 avant Jésus-Christ , dans la sixième année du règne de Darius Hystaspe (Esdras, V, 1-6). Mais ce second temple était loin d'égaler en grandeur et en magnificence celui de Salomon (Esdras, III, 42. Aggée, II, 1-9). - Nous ne possédons aucune description satisfaisante de ce temple.
3. Temple d'Hérode le Grand.
Ce roi, pour plaire aux Juifs et ajouter à sa renommée, résolut de rendre au temple sa première splendeur; mais l'ancien ne fut démoli qu'à mesure que le nouveau s'élevait, en sorte que les Juifs continuèrent à désigner le temple construit par Hérode, sous le nom de second temple; ces changements ne furent que la continuation des travaux commencés au retour de l'exil. Le temple d'Hérode ne fut donc que celui de Zorobabel enrichi et augmenté. Josèphe, dans la Guerre des Juifs, V, 5, 2-5, et dans ses Antiquités, XV, II, 3-7; le Talmud, dans le traité de Middoth (Mischnah, V, 10) , nous en ont conservé la description.
Le temple s'élevait par une suite de terrasses, chaque parvis intérieur étant plus élevé que celui qui l'entourait immédiatement, et le temple couronnant et dominant ses parvis et la ville tout entière. Le parvis extérieur avait plusieurs portes, et était entouré, au moins de trois côtés, d'un double rang de galeries en bois, de cèdre soutenues par des colonnes de marbre : là se trouvait, à ce qu'on pense, le portique de Salomon (Jean, X, 23), une synagogue (Luc, II, 46), des chambres pour les lévites, une maison de change et un marché on y vendait les objets ,nécessaires aux sacrifices sanglants et non sanglants, de la farine, de l'huile et des animaux. Le sol de ce parvis était pavé de pierres plates de différentes couleurs ; une balustrade de fer, avec des colonnes de distance en distance et des inscriptions grecques et latines, marquait le point au delà duquel il était défendu aux Gentils, sous peine de mort, de pénétrer.
On montait de là au parvis proprement dit. On entrait dans ce parvis par neuf portes, auxquelles conduisaient cinq degrés. A l'est était le parvis des femmes , parce qu'elles ne pouvaient aller au delà vers le sanctuaire, excepté lorsqu'elles allaient offrir des sacrifices. C'est dans ce parvis que les hommes et les femmes rendaient leur culte ordinaire non accompagné de sacrifices (Luc, XVIII, 10-14. Actes, III, 1 ; XXI, 26-30). Là aussi était la trésorerie (Jean, VIII, 20), où l'on déposait les dons pour le temple dans des troncs attachés à la muraille (Marc, XII, 41); ce fut dans ce parvis que Jésus prononça plusieurs de ses discours les plus remarquables (Jean, VIII, 20).
Plus rapproché du sanctuaire, était le parvis des Israélites. Des appartements étaient construits au-dessus des portes. Une simple galerie, supportée par de hautes et belles colonnes, courait le long des murs intérieurs du parvis. C'était le parvis d'Israël.
Le parvis des sacrificateurs entourait immédiatement le temple de tous les côtés. Dans ce parvis était l'autel des holocaustes ; c'est là qu'on sacrifiait, qu'on priait, qu'on bénissait , et que les lévites chantaient les doux cantiques d'Israël.
Enfin, au-dessus du parvis s'élevait le temple lui-même, qui était d'une beauté remarquable (Marc, XIII, 1). Son immense portique faisait saillie des deux côtés, et s'avançait à droite et à gauche. Sous le portique on trouvait deux tables, l'une de marbre, l'autre d'or, sur lesquelles le sacrificateur déposait, en entrant dans le temple et en en sortant, les pains de proposition. Deux portes d'or à deux battants, devant lesquelles pendait, à l'intérieur, un riche rideau brodé , ouvraient sur le lieu saint qui renfermait le chandelier d'or à sept branches, la table d'or pour les pains de proposition, et l'autel d'or des parfums. Un rideau magnifique , celui qui se déchira à la mort du Sauveur (Matth., XXVII, 54) , conduisait au lieu. très-saint, qui était vide , l'arche ayant disparu lors de la captivité de Babylone.
DU SACERDOCE OU DES PERSONNES SACRÉES CHEZ LES ISRAÉLITES.
I. Jusqu'à Moïse il n'existait chez les Hébreux aucun sacerdoce particulier, c'est-à-dire qu'il n'y avait point de personnes exclusivement chargées du culte public; le père ou chef de famille remplissait les fonctions de sacrificateur; il servait d'intermédiaire entre Dieu et les siens. Moïse établit de la part de Dieu un sacerdoce; la tribu de Lévi, à laquelle appartenait Moïse fut choisie par Jéhovah lui-même, pour être consacrée à son service ; les lévites devaient servir comme médiateurs entre Dieu et les hommes, offrant les prières et les sacrifices du peuple, et annonçant au peuple la volonté de Dieu (Nomb., III, 6-13 ; VIII, 13-20).
II. Le choix tomba sur Lévi, préférablement aux autres tribus , d'abord parce qu'elle était la moins nombreuse , ensuite parce que Moïse avait déjà eu occasion d'éprouver son zèle et sa fidélité, surtout parce qu'elle n'avait point participé à l'adoration du veau d'or; enfin Aaron, qui était de la tribu de Lévi, s'était acquis des droits incontestables à la reconnaissance des lsraélites.
Parmi les lévites ou descendants de Lévi, Aaron et ses descendants furent en particulier appelés aux charges de souverain sacrificateur et de sacrificateur; de là trois rangs ou ordres de lévites.
- Du souverain sacrificateur.
I. Cette première dignité du sacerdoce hébreu fut confiée , d'après l'ordre de Dieu, à Aaron, frère de Moïse, et se transmit par ordre de succession à ses fils Eléazar et Ithamar et à leurs descendants (Exode, XVIII, 1 , etc.). La souveraine sacrificature fut conservée dans la famille d'Eléazar jusqu'à Héli, et transmise par celui-ci aux descendants d'Ithamar ; elle retourna ensuite avec, Tsadok à la famille d'Eléazar, dans laquelle elle fut maintenue jusqu'à la captivité. - Ce fut le grand conseil de la nation qui fut chargé de choisir le souverain sacrificateur dans la famille d'Aaron.
II Le souverain sacrificateur jouissait d'une grande autorité et d'une grande influence; il était le chef des autres sacrificateurs et des lévites , et les consacrait à Dieu; il avait la garde des saints livres, il pouvait seul entrer dans le lieu très-saint et consulter l'Urim et le Thummim; on en appelait à son avis dans toutes les affaires graves, tant politiques que civiles (1 Sam., XIV, 37-43, etc.). Nous parlerons de ses fonctions sacerdotales lorsque nous traiterons des sacrifices et fêtes religieuses.
III. Le souverain sacrificateur avait un costume particulier dont il se revêtait lorsqu'il exerçait ses fonctions. La Bible le décrit (Lév., XVI , 1, etc.); il consistait en caleçon , tunique, tiare et ceinturon, le tout blanc et de fin lin. Les autres pièces de son vêtement étaient :
1°Le rochet ou robe de dessus(Exode, XXVIII, 31-35).
2°L'éphod, espèce de vêtement qui se mettait par-dessus le rochet (Exode, XXVIII, 6, 7 , 9-12).
3°Le pectoral, qui consistait en une pièce carrée de la même étoffe dont était fait l'éphod. Sur ce pectoral étaient fixés quatre rangs de pierres précieuses enchâssées dans de l'or, à chaque rang trois pierres différentes , sur chacune desquelles était gravé le nom des douze tribus d'Israël (Exode, XXVIII , 15-30).
4°L'Urim, et le Thummim(Exode, XXVIII, 30). Ces deux mots signifient, en hébreu, lumières et perfections ou plénitude. Mais quelle était la nature de cet ornement? Les opinions des interprètes sont fort partagées à cet égard.
5°Le ceinturon, de la même étoffe que l'éphod et le pectoral (Exode, XXVIII, 8).
6°La tiare ou la mitre, espèce de turban, de fin lin; sur le devant, au-dessus du front, était attachée une plaque d'or pur avec l'inscription : La sainteté à l'Eternel (Exode, XXVIII, 36-38).
- Des sacrificateurs ou prêtres.
I. Les simples sacrificateurs, tous descendants d'Aaron, occupaient le second rang parmi les lévites. Ils avaient diverses fonctions à remplir, les unes dans le temple, les autres hors du temple. - Quant au service public, ils étaient chargés d'offrir matin et soir le parfum devant l'Eternel (Exode, XXX, 7, etc.), de nettoyer le matin les lampes du chandelier d'or et de les allumer le soir (Lév. , XXIV, 3-4), de placer le jour du sabbat les pains de proposition sur la table d'or (6), d'entretenir le feu perpétuel et sacré sur l'autel des holocaustes, d'offrir les sacrifices du matin et du soir, de recueillir le sang des victimes, etc., etc.
Il est vrai, la Bible attribue toutes ces fonctions à Aaron, mais ce mot doit être pris collectivement, pour la famille d'Aaron, tous les sacrificateurs. - Après avoir achevé leur service dans le temple, les sacrificateurs s'occupaient de l'instruction du peuple, de la décision des affaires litigieuses en tout ce qui regardait la loi cérémonielle et morale.
En temps de guerre et en marche ils portaient l'arche, sonnaient la trompette, haranguaient le peuple, etc. - Le nombre des sacrificateurs s'accrut d'une manière si rapide, que David les divisa en vingt-quatre classes. Chaque classe avait son chef, et faisait à tour de rôle, pendant une semaine, le service du temple (1 Chron., XXIV, 1-19). Le sort décidait des fonctions que chacun aurait à remplir; cette division existait encore du temps de Jésus-Christ (Luc, I , 5, 9). Pendant le service, les sacrificateurs devaient être à jeûn et pieds nus (Lév. , X, 8-11. Josué, V, 15).
Les sacrificateurs et les lévites devaient être exempts de défauts corporels et sans aucune mutilation des membres. La Bible indique la manière de les consacrer à leurs charges (Exode, XXIX. Lév. , VIII).
II. L'habillement des sacrificateurs était semblable à celui du souverain sacrificateur, mais beaucoup plus simple, savoir : des caleçons, un rochet, un éphod , une ceinture de fin lin et une tiare moins élevée. Mais ils ne portaient ce costume distinctif que dans le temple (Exode, XXVIII, 13) ; hors du service ils étaient habillés comme les autres lévites.
- Des lévites proprement dits.
1. Dans une acception restreinte , on désigne par le nom de lévites un ordre inférieur de sacrificateurs ou de personnes sacrées , chargées d'assister les sacrificateurs dans leurs fonctions.
Moïse divisa les lévites en trois classes. Le nombre total des lévites, lorsqu'ils furent appelés au sacerdoce, fut de vingt-deux mille. Ils furent consacrés par diverses purifications , ablutions et autres cérémonies (Nomb., VIII, 5-22). Cette première consécration était valable pour eux et pour tous leurs descendants.
II. La Bible indique les fonctions des lévites (Nomb., III, 4 , etc.). Ils entraient en charge à l'âge de vingt-cinq ans et en sortaient à l'âge de cinquante. - Aucun lévite ne devait s'immiscer dans les fonctions des sacrificateurs (Nomb., XVI, 1 -50 ; XVIII, 2, 3). - Les lévites chantres avaient seuls un costume distinctif (1 Chron., XV, 27. 2 Chron., V, 42).
- Des revenus du temple et des lévites.
La tribu de Lévi n'obtint pas une portion de terre séparée, comme les autres tribus, mais Moïse leur assigna dans toute la Palestine quarante-huit villes, avec quelques terres à l'entour (Nomb., XXXV). Mais ces villes ne leur appartenaient point exclusivement; ils y avaient seulement leurs demeures à côté des autres citoyens. Les terres autour de ces villes, savoir : 4,800 pieds de chaque côté, leur appartenaient en propre, soit pour les cultiver, soit pour y nourrir quelques troupeaux.
Les lévites prélevaient en outre la dîme de toutes les productions (Lév., XXVII, 30-31. Nomb., XVIII, 21, etc.), Les premiers-nés des animaux et les prémices des fruits (Lév., II, 12, 14. Nomb., XV , 48-21 ; XVIII , 12- 19. Deut., XVIII, 4-5), une portion des sacrifices (Lév., VI, 29. Nomb., XVIII, 9, 14. Lév., VII, 8. Deut., XVIII, 3 , etc.).
- Des esclaves ou serviteurs du temple.
Au nombre des personnes employées au service du tabernacle , et plus tard du temple, nous devons encore remarquer les esclaves ou serviteurs du temple; ils étaient chargés des travaux les plus humbles et les plus pénibles, tels que fendre le bois, apporter l'eau, etc., etc. C'étaient d'abord des Israélites qui, par un voeu volontaire, s'étaient consacrés au service de Jéhovah, ou bien des enfants qui y avaient été consacrés par leurs parents. On pouvait racheter ces voeux (Lév., XXVII, 4 , etc.). Josué destina à ce service les prisonniers faits sur différents peuples de Canaan (Josué, IX, 23-27). Après le retour de la captivité, ces esclaves du temple forment une classe nombreuse sous le nom de Néthiniens , c'est-à-dire donnés en offrande (Esdras, II, 43). - Du temps de Moïse le nom de Néthiniens était donné aux lévites (Nomb., III , 9 ; VIII, 15 , 16, 19).
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