CHAPITRE VII
LES CARACTÈRES DE LA FOI QUI
SAUVE
Nous avons dit, dans notre deuxième
chapitre, que la foi, c'est croire. Hâtons-nous cependant de
distinguer entre foi et foi.
On peut dire que l'on croit et ne pas
être sauvé. On peut dire avoir la foi (Jacques 2 : 14), et vivre
dans une tragique illusion.
Jésus, déjà, ne se fiait
pas à ceux qui croyaient en Lui (Jean 2 : 25.) La vraie foi
n'est pas une profession intellectuelle, extérieure, mais une
réalité intérieure, qui produit des fruits
conformes à la vie de Dieu dans notre vie
extérieure.
La foi qui repose sur le sentiment, la
sentimentalité, n'est pas la vraie foi. Si les miracles de
Jésus étaient pour ceux qui les voyaient une raison
péremptoire de croire ( Jean 8 : 38 ; 14 : 11) s'ils pouvaient
produire la foi chez une minorité de gens sincères
(Jean 4 : 53), le plus
souvent ils produisent chez les hommes charnels la fausse foi
(Jean 6 : 2, 14-15, 30, 41, 66), et chez ceux qui ne
sont pas sincères, l'incrédulité (Jean 5 :14-18 ;
9 : 13-34 ; XI : 46-53 ;
12 : 37-41.) « Heureux,
disait Jésus, ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru » (
Jean 20 : 29.)
Beaucoup de ceux qui avaient été
vivement touchés dans des réunions, sont
retournés en arrière : ils n'étaient pas
réellement «nés de nouveau » ; ils n'avaient
pas reçu la vie éternelle. On peut éprouver des
émotions, être même profondément
ébranlé, sans que le coeur soit réellement
changé. Les dons spirituels les plus grands ne sauraient
remplacer le fruit de l'Esprit (Galates 5 : 22.) Une grande
ardeur, une joie exubérante ne prouvent pas non plus que
l'âme ait reçu la vie éternelle.
L'Écriture donne de solennels
avertissements quant à la possibilité de recevoir
«la grâce de Dieu en vain », de bien commencer, puis
de déchoir de la grâce. (II Corinthiens 6 : 1 ;
Galates 5 : 4.) Plus d'une
fois, le Seigneur parle de ceux qui reçoivent la Parole avec
joie, mais qui n'ont pas de racine en eux-mêmes. Ils ne croient
que pour un temps (Luc 8 : 13.) Ceci explique
que des gens qu'on a pu prendre pour de vrais croyants sont
tombés sans espoir de retour. Superficiels, ils n'ont pas
persévéré dans la foi (Actes 14 : 22), ils ne l'ont
pas poursuivie (II Timothée 2 : 22),
et Satan, après les avoir illusionnés pour un temps sur
leur état réel, s'est servi d'eux pour
discréditer la vraie foi par leurs reniements. L'apôtre
Pierre dans sa seconde épître leur applique ce proverbe
: « Le chien est retourné à ce qu'il avait vomi
lui-même, et la truie lavée, à se vautrer au
bourbier » (Il Pierre 2 : 20-22.) Leur
cas est grave, car après avoir été une fois
éclairés, et avoir goûté du don
céleste, ils n'ont désormais plus l'excuse, en rejetant
Christ, de ne pas savoir ce qu'ils font. Aussi, l'épître
aux Hébreux nous déclare qu'il est impossible pour eux
d'être «renouvelés encore à la repentance,
crucifiant pour eux-mêmes le Fils de Dieu et l'exposant
à l'opprobre » (Hébreux 6 : 4-6.)
Après Jésus qui met en garde
contre une profession de foi apparente, mais sans
réalité profonde, l'apôtre Paul nous montre qu'on
peut posséder une foi qui transporte les montagnes, et
pourtant n'être rien, s'il nous manque l'amour (I Corinthiens 13 : 2.)
Pas plus que beaucoup de paroles pieuses (Matthieu 7 : 21), les
actions extraordinaires ne sont preuves de la vraie foi. Celle-ci a
sa source et sa manifestation dans l'amour de Dieu. La foi
amène les hommes à être et non pas à
paraître. L'apôtre Jacques reprend également celui
qui se glorifie de sa foi tout en menant une vie coupable. Il lui dit
: « Tu crois que Dieu est un; tu fais bien, les
démons aussi croient, et ils tremblent »
(Jacques 2 : 19.)
Il ne suffit pas de proclamer que Jésus
Christ est le Fils de Dieu. Pierre l'a fait (Matthieu 16 : 16), mais les
démons aussi. Écoutons plutôt : « Je
connais qui tu es le Saint de Dieu » (Marc 1: 24), ou encore :
« Qu'y a-t-il entre moi et toi, Jésus Fils du Dieu
Très-Haut ? » (Marc 5 : 7.) D'aucuns de nos
lecteurs savent peut-être qui est le Christ. Peut-être
même ont-ils une connaissance très orthodoxe de Sa
personne et de Son oeuvre. Seulement, qu'ils se souviennent que cette
connaissance, à elle seule, ne peut les sauver. La
connaissance de Dieu n'est pas une fin en soi, elle n'a pas de valeur
en soi-même. Elle est un service qui n'a de prix que par son
sujet, sa tâche, son but, honorer Dieu (Colossiens 1 : 9-10.) «
La connaissance de Dieu n'est pas une connaissance qui nous laisse
intacts, elle est une connaissance qui nous entraîne. Dieu nous
prend à Son service. Il ne nous laisse pas rester
nous-mêmes et « le connaître » avec
indépendance. Il devient tout pour nous » (1).
Pierre et les démons ont confessé
Christ avec des formules presque identiques. Mais Pierre, en le
faisant, agissait sous l'inspiration divine, tandis que les
démons obéissaient à la crainte. Voilà
pourquoi le Seigneur, qui lit dans les coeurs, qui regarde à
la source et à la nature d'une confession, peut proclamer
Pierre « bienheureux » (Matthieu 16 : 17), alors
qu'Il dit au démon : « Tais-toi » (Marc 1 : 25.) Pierre croit
et aime, parce qu'il a été aimé le premier
(I Jean 4 : 19) ; les
démons savent, croient, mais ne connaissent pas l'amour qui
bannit la crainte (cf. Jacques 2 : 19 et
I Jean 4: 18.)
Prenons garde à la froide et
sèche connaissance biblique. On peut tout savoir sans
posséder la foi. L'opération de la foi transforme des
vérités connues en réalités dans nos
vies. On ne sait plus, on ne croit plus, parce, qu'on nous a dit,
mais on sait et on croit pour avoir expérimenté l'amour
du Seigneur (Jean 4 : 42.)
Veillons donc à ne pas confondre la foi
avec des sentiments religieux, la foi avec des actions
spectaculaires ; la foi avec des connaissances doctrinales
étendues.
Comment donc pouvons-nous reconnaître les
vrais croyants? À ce principe universel : «Vous les
reconnaîtrez à leurs fruits » (Matthieu 7 : 20.) Une preuve
irrécusable que nous sommes enfants de Dieu, sera notre
persévérance dans la sainteté et dans
l'obéissance à la Parole de Dieu (Hébreux 12 : 4.)
Alors, le Saint-Esprit rendra témoignage à notre esprit
que nous sommes enfants de Dieu (Rom. 8 : 16.) Tel est le
premier caractère de la vraie foi. Elle ne nous donne
l'assurance de notre salut que dans une communion vivante avec le
Sauveur Vivant et une marche dans la lumière (I Jean 1: 6-7.) Ceci ne veut
pas dire que le croyant soit impeccable, car «nous faillissons
tous à plusieurs égards » (Jacques 3 : 2.) Ayant la
foi, il nous sera impossible de vivre dans un état de
péché, de pratiquer l'iniquité (I Jean 3 : 4-12.) Toutefois,
si nous ne veillons pas constamment, si nos yeux ne sont pas
fixés sans cesse sur Jésus, une chute, ou même
plusieurs sont inévitables. Cependant cela ne peut être
qu'un accident dont nous pouvons être restaurés, en
confessant notre péché à Celui qui est
fidèle et juste pour nous le pardonner et nous purifier de
toute iniquité (I Jean 1 : 9 ; cf.
Proverbes 28 : 13.) Le
péché rompant la communion avec Dieu, il est impossible
pour celui qui l'a goûtée de vivre sans elle (lire
Psaume 32 et 51.) Certes le Seigneur a
dit de ses brebis : « Je leur donne la vie
éternelle, et elles ne périront jamais ; et personne ne
les ravira de ma main » (Jean 10 : 28.) Toutefois,
d'après le contexte, ces paroles ne sauraient donner
d'assurance qu'aux brebis qui écoutent la voix du Bon Berger
et qui le suivent (Jean 10 : 27.) Pour elles,
oui, il y a une assurance totale, et avec l'apôtre Paul,
s'appuyant uniquement sur Christ en qui elles se trouvent, et non sur
leur fidélité, elles peuvent s'écrier au sein de
toutes leurs misères et de leurs défaillances :
« Il n'y a désormais aucune condamnation pour ceux
qui sont dans le Christ Jésus ! Car je suis assuré
que ni mort, ni vie, ni anges, ni principautés, ni choses
présentes, ni choses à venir, ni hauteur, ni
profondeur, ni aucune autre créature, ne pourra nous
séparer de l'amour de Dieu, qui est dans le Christ
Jésus notre Seigneur » (Romains 8 : 1, 38-39.) Ce chant de triomphe
est celui de la vraie foi !
Qu'il soit bien entendu que la foi
véritable donne l'assurance pleine et entière du salut.
Mais que périsse cette conception fausse et diabolique qui
fait de la foi une police d'assurance contre les risques de peines
éternelles. Personne ne reçoit l'assurance de son
élection comme une charte d'immunité pour vivre ensuite
comme bon lui semble !
La foi est dans le coeur du croyant une loi
morale, et le germe d'une personnalité nouvelle (II Corinthiens 5 : 17.) Elle
est loin d'entraîner au relâchement moral, mais produit
nécessairement et spontanément des oeuvres
(Éphésiens 2 : 10.) En effet, elle est la mort au péché qui
est tué dans sa racine par l'union du pécheur avec
Christ mourant et ressuscité (Romains 6.)
Résumons maintenant les
caractères de la vraie foi tels. que nous les trouvons
dépeints dans la Bible.
La foi qui sauve est celle du coeur
(Romains 10 : 9-10.)
Dans les Écritures le coeur est le vase qui contient la
pensée, les sentiments, la volonté (Marc 7: 21-23.) La foi du
coeur est donc une foi qui gouverne la pensée, les sentiments
et la volonté. Elle se manifeste à l'extérieur
par l'accomplissement des oeuvres que Dieu a préparées
à l'avance afin que nous marchions en elles (Éphésiens 2 : 10 ; cf. Hébreux 11 ;
Jacques 2 : 14-25.)
Ainsi se concilient très bien la
doctrine de Paul et celle de Jacques. Pour l'un et l'autre, la foi
qui sauve est celle qui produit des oeuvres, et les oeuvres que Dieu
agrée sont celles que produit la foi (Romains 4 : 2-8 ;
Jacques 2 : 18-26.) La foi
sans les oeuvres est morte, or une foi morte n'est pas la
foi !
La foi qui sauve est agissante par l'amour
(Galates 5 : 6.) La vraie foi
est toujours unie à la charité. On peut avoir une foi
sans l'amour (I Corinthiens 13), mais on
ne peut avoir le vrai amour sans la foi. « On peut confesser que
le Christ est venu et ne pas aimer le Christ, mais impossible d'aimer
le Christ sans proclamer que le Christ est venu » (saint
Augustin.)
La foi qui sauve reçoit Christ qui se
donne à nous comme Sauveur, comme Libérateur, comme
Seigneur. Elle donne l'assurance du pardon de nos
péchés en se fondant uniquement sur l'oeuvre expiatoire
de Christ (Romains 3 : 24-25.) Elle
nous libère de la puissance du péché en nous
apprenant à compter entièrement sur Christ
(Jean 8 : 36 ; Romains 8 : 2-4.) Enfin,
elle soumet sans réserve notre esprit aux enseignements du
Maître et notre vie à Son contrôle absolu.
Elle se confie uniquement en Christ. Elle est
inébranlable, elle sait qui. elle croit (II Timothée 1 : 12.)
Elle invoque le nom du Seigneur (Romains 10 : 13-14.)
Elle ne recule pas devant la confession publique du nom de
Jésus et n'a pas honte de le confesser. Elle accomplit son
service malgré les dangers et les épreuves
(Hébreux 10 : 38-39.)
Elle supporte l'épreuve qui
l'épure et la fortifie à la louange, à l'honneur
et à la gloire de Dieu (I Pierre 1 : 7.)
Dans le passage d'Hébreux 11 : 1, nous
trouvons encore deux caractères de la foi : « elle est
l'assurance des choses qu'on espère, et la conviction de
celles qu'on ne voit pas. »
Elle perçoit l'invisible et saisit les
réalités spirituelles. De même que nos sens nous
mettent en relation avec le monde physique, la foi nous met en
relation avec le monde spirituel. Ce qu'elle affirme dans le domaine
spirituel a autant de valeur que ce qu'affirment les sens dans le
domaine physique, ou la raison dans le domaine scientifique.
Si la foi qui sauve ne se repose pas sur
l'évidence, elle n'est cependant ni la
crédulité, ni la spéculation, car elle a ses
motifs propres et ses méthodes de démonstration. Loin
d'être aveugle ou de se complaire dans l'ignorance, elle sait
en qui elle croit (II Timothée 1 : 12.)
Elle connaît (à sa manière) ce qui surpasse toute
intelligence (Éphésiens 3 : 18 ; Jean 6 : 69.) Elle comprend
ce que les saints seuls peuvent comprendre (Éphésiens 3 : 18.) En un mot, la foi a sa certitude indépendante
de la logique, comme « le coeur a ses raisons que la raison ne
connaît pas. » (Pascal) On voit que des trois
éléments de la foi : une connaissance plus ou moins
claire de son objet, c'est-à-dire de Dieu, la conviction que
la Parole est vraie, et la confiance en Lui, c'est le dernier qui
constitue essentiellement la foi religieuse. Pascal l'a
définie : « Dieu sensible au coeur. »
« Enfants, n'aimons pas de parole ni de
langue mais en action et en vérité. Et par ceci nous
saurons que nous sommes dans la vérité, et nous
assurerons nos coeurs devant Lui, que, si notre coeur nous condamne,
Dieu est plus grand que notre coeur et Il sait toutes choses.
Bien-aimés, si notre coeur ne nous condamne pas, nous avons de
l'assurance envers Dieu ; et quoi que nous demandions, nous le
recevrons de Lui, parce que nous gardons Ses commandements et que
nous pratiquons les choses qui sont agréables devant Lui
» (I Jean 3 : 18-23.)