CHAPITRE III
LA NATURE DE LA FOI
La foi ne se transmet pas avec le sang. Nous ne
l'héritons pas de nos parents ; elle ne sort pas de notre
coeur charnel. L'homme ne saurait l'inspirer à l'homme.
Elle est produite dans les âmes, non par
des raisonnements subtils, ou des paroles persuasives de sagesse
humaine, mais par une démonstration de l'Esprit, par la
puissance de Dieu (I Corinthiens 2 : 5 ;
Jean 6 : 44), ou par une
illumination divine (II Corinthiens 4, : 6), qui
accompagne la prédication de l'Evangile (Rom. 10 : 14-17;
I Corinthiens 1 : 21) et
d'où naît une conviction énergique et profonde
(I Thessaloniciens 1 : 5 ;
Hébreux 10 : 22.)
C'est la faculté qui perçoit l'invisible et qui saisit
les réalités spirituelles (Hébreux II : 1.)
Ainsi les enfants de croyants, tout en jouissant de grands
privilèges (I Corinthiens 7 : 14), ne
sont pas chrétiens dès leur naissance en vertu de la
foi des parents (Jean 1 : 13.) Ils sont par
nature des enfants de colère, comme aussi les autres
(Éphésiens 2 : 3.) L'éducation chrétienne qu'ils
reçoivent, les connaissances bibliques qu'ils
acquièrent, tout cela n'est pas encore la foi, mais doit les
conduire à la foi, c'est-à-dire à cet acte
personnel par lequel l'homme reconnaît la réalité
de Dieu qui se révèle et qui s'adresse à lui
dans Ses divers témoignages : la Création, les
Écritures et Christ. La foi est donc une décision, la
réponse précise à l'appel de Dieu. Elle est
l'attitude d'un coeur qui se soumet aux déclarations de Dieu,
confessant sa misère, et la pure grâce de Dieu en qui il
croit. La foi en son essence subjective et morale n'est autre chose
que l'obéissance (Romains 1 : 5), comme
l'incrédulité n'est que la révolte de la
créature envers le créateur (Jean 3 : 36.)
Toutefois, la valeur et la force de la foi ne
se trouvent pas dans les impressions ou l'élan de
volonté qui accompagne notre décision, mais en Dieu qui
est le principe, l'Objet et le motif de la foi.
La foi est donc d'ordre surnaturel
I. Par son
origine : elle est un fruit de la grâce divine, qui est apparue
à tous les hommes (Tite 2 : 11.) Elle est
l'unique moyen donné par Dieu pour nous approprier Son
merveilleux Salut. C'est une plante qui plonge ses racines en Dieu et
qui fleurit dans notre coeur ;
II. par son
Objet : Christ, en qui se trouvent réunies toutes les
vérités révélées (Éphésiens 4 : 21) ;
III. par son
motif : l'autorité de Dieu.
« De Lui, et par Lui, et pour Lui, sont
toutes choses !
À Lui soit la gloire
éternellement ! Amen » (Romains XI : 36.)
.
CHAPITRE IV
L'OBJET DE LA FOI
L'Objet de la foi n'est pas l'existence de Dieu
proprement dite, que les insensés sont seuls à nier
(Psaume 14 : 1 ; 53 : 1), mais la
réalité de Dieu dans Ses témoignages, la
fidélité de Ses promesses, la certitude de Sa Parole.
Il est évident qu'on ne peut croire une personne que si on est
certain auparavant que cette personne existe.
Au moyen âge spécialement,
plusieurs théologiens et en particulier saint Thomas d'Aquin,
ont cru pouvoir établir diverses preuves de Dieu. Ils avaient
oublié, semble-t-il, que le chrétien et l'Église
n'ont pas à démontrer la vérité, mais
à la confesser.
Les savantes démonstrations thomistes ou
autres qui concluent à l'existence d'un Dieu saint et bon,
sage et tout-puissant ne sauraient amener l'intelligence naturelle
à une conviction ferme au sujet de Dieu ; car en regardant
autour de nous, nous demandons : où est la sainteté de
Dieu ? Nous voyons l'impiété et l'hypocrisie
tolérées. Et Son amour ? Il y a tant de misères
! Et Sa sagesse ? Le désordre envahit Son oeuvre ! Et la
Toute-puissance de Dieu ? Il ne semble pas faire respecter Ses
lois.
Ceci explique qu'il ne suffit pas de montrer
que Dieu est, ce qu'Il est, pour satisfaire notre entendement
obscurci et rebelle. L'homme ne peut pas parvenir à la
connaissance de Dieu par le travail de sa raison. L'homme
connaît Dieu et est assuré de son existence par une
expérience vivante. La certitude de Son existence ne repose
pas sur un échafaudage philosophique, mais sur le fait que
Dieu s'est approché de nous, est venu à nous et nous a
saisis. L'homme ne s'élève pas à Dieu, mais Dieu
dans Sa grâce est venu vers nous (Jean 3 : 13 ;
1 : 14.) Le croyant est
assuré de l'existence de Dieu, parce qu'Il en a
éprouvé la réalité dans sa vie, et non
parce qu'il peut en donner des preuves scientifiques. Ces preuves
existent pour lui, mais il évite les discours vains et
profanes, et les disputes de la fausse science dont quelques-uns font
profession (I Timothée 6 : 20-21.)
Le croyant témoigne de l'existence de
Dieu dans ce monde, et son témoignage vivant a plus de force
et de poids que toutes les preuves raisonnées.
Si tu veux être assuré que Dieu
existe, toi qui te heurtes à des difficultés
intellectuelles dans la recherche de la vérité, ne te
dérobe pas plus longtemps à la main de Dieu, qui te
cherche et qui veut te saisir (Ésaïe 50 : 2.)
Abandonne tes vaines et stériles recherches dont la
poussière t'obscurcit la vue, désire rencontrer Dieu,
et soudain tu verras Dieu devant toi, et en Lui tu te
découvriras toi-même.
Alors seulement, saisi et subjugué par
Dieu, dans cette création qui soupire (Romains 8 : 22), dans la
nature qui t'offrait tant de choses contradictoires, tu discerneras
avec force la puissance éternelle et la divinité du
Créateur (Romains 1 : 20.) Le muet
langage de l'étendue des cieux parviendra à ton coeur
(Psaume 19 : 1-3.) La voix de
ta conscience sortant d'un long sommeil te rappellera ton origine en
te montrant tes erreurs (Psaume 19 : 12.)
L'existence de Dieu n'est donc pas un objet de
recherche, un sentiment vague, une idée obscure, mais un fait
indépendant de nos circonstances bonnes ou mauvaises. Les
événements fâcheux qui atteignent ce monde, les
épreuves pénibles rencontrées sur notre route,
nos souffrances actuelles ne sauraient la mettre en doute, pas plus
que l'insuffisance des preuves scientifiquement
développées. Les paroles de l'Écriture accusent
les païens, non pas d'avoir négligé les
études pour parvenir à la connaissance de Dieu, mais
d'avoir méconnu la vérité divine qui se
découvre manifestement à tous dans la création
(Romains 1 : 18.) La
négation de Dieu est donc une offense à la nature et
une offense à la raison.
À vrai dire, les libres penseurs, les
positivistes, les matérialistes, les rationalistes renient la
foi, non parce qu'ils ne peuvent pas croire, mais parce qu'ils ne
veulent pas croire. L'orgueil des uns ne peut tolérer la
suprématie d'un Être divin, auquel ils auraient à
rendre compte de leur conduite. Le désespoir, le dépit,
la révolte des autres qui ont vu les plans chéris de
leurs coeurs bouleversés les conduisent à rejeter
l'idée d'un Dieu juste et puissant. Si cet Être
existait, n'aurait-Il pas dû, en bon et puissant esclave,
réaliser tous leurs projets ? D'autres encore, voulant
assouvir les inclinations mauvaises de leurs coeurs, excluent la
pensée gênante d'un Dieu saint. Ces derniers malheureux
ne sont cependant pas très dangereux pour la foi
chrétienne. Les grands ennemis de la foi sont bien
plutôt ceux qui font de leur esprit leur dieu, de leur raison
leur unique sagesse. Tout en s'appelant peut-être comme
Nietzsche : « Nous autres immoralistes» - «Nous autres
sans patrie », ils ne sont pas nécessairement de grands
jouisseurs, ils ne vivent pas toujours dans les péchés
grossiers. Peut-être sont-ils, comme Nietzsche et tant de
grands révoltés, des chastes, des hommes dont la vie
privée semble irréprochable. Ce sont u des purs selon
le monde, mais certainement pas «des purs» selon Dieu
(Matthieu 5 : 8.) Leurs
pensées, leurs paroles, leurs écrits sont des
blasphèmes. On ne leur connaît pas selon le monde de
«grands péchés », mais pourtant ils vivent
dans « le péché », car la pureté
selon Dieu c'est « « l'obéissance à la
vérité » (I Pierre 1 : 22.)
S'ils renient et nient Dieu, si avec Renan ils
s'écrient : « Notre Père le Néant
», c'est pour mieux croire en eux-mêmes et s'adorer
eux-mêmes. Ce péché-là, c'est l'arbre
mauvais. Tous les autres péchés ne sont que les fruits
de cet arbre maudit (Romains 7: 5.)
Cet orgueil de l'esprit humain qui, à
l'instar de Satan (Ésaïe 14 : 13),
veut supplanter Dieu, engendre tous les péchés. Il est
la cause de la guerre et de tous les maux. Le péché de
certains intellectuels, s'en rendent-ils compte, encourage les
péchés des classes ignorantes. Après avoir
sapé au nom de la raison toutes bases religieuses, ou
simplement après avoir jeté le doute sur les valeurs
les plus sacrées, il ne faut pas s'étonner que tout
chancelle. « On ne se moque pas de Dieu. Ce qu'un homme aura
semé, il le moissonnera aussi (Galates 6 : 7.)
Vous qui êtes si édifiés
par l'exemple d'athées et d'incrédules de votre
connaissance, souvenez-vous que le péché, c'est
s'opposer à la volonté de Dieu, c'est
détrôner Dieu. Ne nous laissons pas illusionner par de
belles apparences ou entraîner par les divagations de notre
esprit, mais souvenons-nous de notre Créateur pendant qu'il en
est temps encore ! (Ecclésiaste 12 : 1.)
Réconcilions-nous avec Lui (Job 22 : 21), avant que le
Dieu vivant ne nous amène en jugement devant Lui (Ecclésiaste XI)
Notre destination est de glorifier Dieu ; si
nous y manquons, nous nous rapprochons de la bête.
Si nous sommes troublés par le
problème du mal, du péché, de la souffrance, des
injustices ; si nous estimons Dieu injuste ou impuissant,
réalisons ce que nous sommes : fils de la poussière,
atome dans l'espace, éclair dans le temps, et nous
constaterons combien nos doutes sont misérables.
Qui sommes-nous pour analyser Dieu, le peser
dans notre balance, le soumettre à nos appréciations
humaines et à nos critiques insensées ? La chose
formée, dira-t-elle à Celui qui l'a formée :
« Pourquoi m'as-tu ainsi faite ? » (Romains 9 : 20.) Si nous
pouvions sonder tous les problèmes, nous ne serions plus
créatures, mais Dieu Lui-même. Apprenons à Le
connaître et à nous connaître, et nous
constaterons que le péché et l'injustice sont en nous
et non en Dieu. Le rejet de Christ, le Saint et le juste, rejet qui
se perpétue au travers des âges, n'est-il pas une preuve
de l'injustice de l'homme et de son état de
péché ?
N'est-ce pas notre orgueil, notre vanité
qui nous aveugle ? Acceptons les réponses de la foi et nous
comprendrons ! Ce sont nos dieux profanes ou religieux, que nous nous
sommes choisis nous-mêmes, qui sont injustes et qui nous ont
trompés. Ce sont eux qu'il nous faut rejeter pour revenir au
vrai Dieu que nous avons méconnu et abandonné. La
chrétienté est retournée au paganisme. Sous un
vernis de christianisme, elle s'est créé une nouvelle
mythologie. C'est là son péché et sa
ruine.
En revenant à Dieu, en nous inclinant
devant Lui, nous serons sauvés. Dans la reconnaissance de Sa
souveraineté absolue et dans l'humble confession de notre
dépendance, nous trouverons l'apaisement. Nous pourrons
comprendre que « Ses pensées ne sont pas nos
pensées » (Ésaïe 55 : 8.)
Nous pourrons admettre que le Dieu Créateur peut avoir des
pensées et des vues qui nous dépassent et que nous ne
saisissons pas.
Après ces considérations que nous
jugions nécessaires pour la bonne compréhension de
notre sujet, nous disons donc que l'Objet direct de la foi n'est pas
l'existence de Dieu, mais Dieu Lui-même, tel qu'Il se
révèle en Jésus Christ (Jean 17 : 3), et dont
l'Ecriture sainte rend témoignage (Jean 5 : 39.) L'Objet de la
foi comprend donc toutes les vérités
révélées par Dieu et qui se trouvent
réunies en une seule personne, Jésus (Éphésiens 4 : 21), le Saint et le Véritable (Apocalypse 3 : 7.) Christ
est l'objet immuable de la foi, mais on ne peut et on ne doit pas
séparer les vérités bibliques de Sa personne
adorable.
Parce que nous ne connaissons encore qu'en
partie (I Corinthiens 13 : 12), il
peut exister des différences d'interprétation de
détail. Par contre un homme qui dit avoir la foi et qui nie
certaines vérités scripturaires, telles que la
préexistence éternelle du Christ, Sa divinité,
les miracles, la résurrection, ou qui spiritualise des
vérités clairement établies, ne possède
qu'une foi vaine, hypocrite et morte (I Corinthiens 15 : 14 ;
Matthieu 15 : 7-9 ;
Jacques 2 : 26.. Ce n'est
pas la foi, mais l'incrédulité qui se promène
sous le manteau de la foi (Jacques 2 : 14.)
D'autre part, si la foi se détourne de
son objet unique, qui renferme toute la Révélation,
pour se porter sur des traditions humaines même les plus
antiques et les plus dignes de respect (Colossiens 2 : 23), ou sur
des conceptions scientifiques même les plus plausibles
(Colossiens 2 : 8), elle perd
par le même son caractère essentiel, en cessant
d'être exclusivement religieuse.
En terminant ce chapitre, je résumerai
ce que nous devons croire selon les Écritures pour être
sauvés.
Pour avoir la vie éternelle, nous devons
croire du coeur que Jésus Christ venu en chair est le Fils
unique et éternel de Dieu (Jean 3 : 16 ; I Jean 4 : 2.) Cette foi
n'est pas intellectuelle, elle n'est pas une opinion
théologique, mais une assurance, une conviction qui nous
conduit à des actes, nous amenant à nous confier en Lui
et à soumettre toute notre vie à Son contrôle
(Galates 2 : 20.)
Nous devons croire à l'Évangile
(Romains 1 : 16 ;
I Corinthiens 15 : 1-4.) Cet
évangile, par lequel nous sommes sauvés, nous annonce
que Christ est mort pour nos péchés selon les
Écritures, qu'il a été enseveli, et qu'Il a
été ressuscité le troisième jour selon
les Écritures (I Corinthiens 15 : 1-4.)
Croire à l'Évangile implique la reconnaissance de
Jésus comme Sauveur et Seigneur de tout notre être
(I Corinthiens 6 : 19-20.)
Pour être sauvés nous devons
confesser de notre bouche Jésus comme Seigneur et croire dans
notre coeur que Dieu l'a ressuscité d'entre les morts
(Romains 10 : 9.) Cela
comporte la foi en Sa divinité, car si à nos yeux
Jésus est né selon la chair de la semence de David, Il
a été déterminé Fils de Dieu en
puissance, selon l'Esprit de Sainteté, par la
résurrection d'entre les morts (Romains 1 : 4.) La
résurrection de Christ, démonstration de Sa
divinité, devient le fondement de notre foi en Sa mort
expiatoire. Notre foi en l'oeuvre rédemptrice de Christ trouve
dans la résurrection du Seigneur le sceau de Dieu sur la vie
de Jésus et sur Son sacrifice et Son approbation de cette vie
et de ce sacrifice (Romains 4 : 25.) Christ
étant ressuscité, nous sommes conduits à croire
à Son élévation dans la gloire (Éphésiens 1 : 20), à Son intercession actuelle pour nous et
à Sa puissance pour nous délivrer du
péché (Hébreux 7 : 5.)
Pour être sauvés, nous devons
croire que Jésus peut et veut nous pardonner nos
péchés (Luc 7: 36-50.) En croyant
cela, nous reconnaissons et nous confessons que Jésus Christ
est Dieu, car un seul peut pardonner les péchés Dieu
(Marc 2 : 7.)
« Crois au Seigneur Jésus, disait Paul au
geôlier de Philippe, et tu seras sauvé »
(Actes 16 : 31.) De cette
affirmation et de cette circonstance, il ressort clairement que
l'Objet de la foi c'est Christ, une personne, et non un certain
nombre de vérités. Mais en croyant en cette personne et
en étant ensuite enseigné dans Sa Parole, on recevra
également toutes les vérités qui se rattachent
à notre Sauveur, avec lequel elles formeront bientôt
pour nous une seule réalité vivante.
La foi qui sauve est donc autre chose qu'une
adhésion intellectuelle aux vérités
révélées dans la Bible, et bien plus qu'une
simple confiance dans la parole d'un homme. La confiance est
cependant d'une importance extrême comme point de départ
de la foi. Mais la Parole révélée, objet de
cette confiance, ne doit servir qu'à nous amener à la
vérité divine qu'Elle renferme, à nous
introduire auprès de la personne vivante de qui
l'Écriture émane. La foi est plus que l'appropriation
de certaines promesses. Elle nous fait vivre en relations intimes
avec Dieu Lui-même, connu comme Père, et avec Son Fils
bien-aimé connu comme Sauveur, Ami et Maître de notre
vie.
« Il n'y a de salut en aucun autre ;
car aussi il n'y a point d'autre nom sous le ciel, qui soit
donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être
sauvés » (Actes 4 : 12.)