QUEL
dommage que M.
Baldi soit obligé d'aller aujourd'hui
à Tivoli ! s'écriait Elsa en
terminant son déjeuner ; nous aurions
eu tant besoin de lui pour nous aider dans nos
préparatifs de réception. Notre seule
consolation est d'avoir au moins un homme :
mon cher frère !
Bruce, très flatté dans
son amour-propre, de se voir apprécié
à sa juste valeur, mettait les morceaux
doubles pour être plus vite à la
disposition de ces demoiselles.
- Enfin ! continua Elsa, c'est un
bonheur que nous ayons tant à faire ;
le temps passera moins lentement.
C'était le mardi ; M. et Mme
Brindini étaient attendus le jeudi
suivant.
- Voyons, Mademoiselle Smith, vous ne
songez pas à faire votre sieste cet
après-midi, reprit Elsa trop surexcitée pour avoir
faim et s'imaginant que tout le monde devait
partager son impatience et sa joie.
Mais le chaperon secoua gravement la
tête en signe de refus. Comment aurait-elle
pu priver ses nerfs ébranlés d'un
repos si nécessaire ?
- Ce qui m'enchante, continua la jeune
fille, c'est que le comte Romualdo ait si bien
disparu, que personne ne sait où le prendre,
et que, bon gré, mal gré, nous sommes
obligés de garder Moïse ; nous
pourrons donc le montrer à mon oncle et
à ma tante !
Bruce releva brusquement la tête,
et parlant comme un oracle :
- Vous ne savez donc pas que le comte
est à sa villa ? Il est arrivé
hier soir, et pour vingt-quatre heures
seulement ; il repart demain pour le Sahara ou
autre lieu de délices pour y passer tout
l'hiver. C'est du moins ce qu'on m'a dit au
village.
Marguerite ne répondit pas :
le sang lui monta aux joues et ses yeux
brillèrent d'un plus vif éclat. Elle
passa sur le balcon et put voir l'étendard
des Brindini qui flottait sur la tourelle de la
villa. Il n'y avait pas à en douter, le
comte était chez lui. Rita se recueillit un
instant ; sans doute, elle demandait la force
nécessaire pour remplir son devoir, et sans
doute aussi elle l'obtint, car, redressant
fièrement la tête, elle dit d'une voix
émue :
- Bruce a été bien
renseigné : il ne nous reste d'autre
alternative que d'envoyer la statue à mon
oncle ; si nous retardons d'un jour, il sera
reparti ; avec lui, on ne sait jamais à
quoi s'en tenir. La première chose à
savoir, est comment la lui envoyer.
- Puisque Mlle Smith n'est pas là
pour nous donner un conseil, adressons-nous
à Nanette, proposa Elsa.
Mme Mactavish proposa d'emballer
soigneusement moïse dans une caisse et on
envoya un des domestiques au grenier, d'où
il revint avec une grande boite.
- C'est tout à fait ce qu'il nous
faut, dit Elsa ; ce sera un second
berceau.
- Ou plutôt un cercueil, remarqua
Bruce.
Et il était dans le vrai.
Moïse fut donc soigneusement
emballé et Elsa n'eût de cesse qu'elle
ne lui eût mis sur la figure un de ses plus
jolis mouchoirs de poche ; elle mit tant de
temps à cette opération, que son
frère s'aperçut qu'elle
pleurait.
- Oh ! oh !
s'écria-t-il ; malgré
l'historien sacré qui nous dit le contraire,
vous allez voir que Moïse sera
noyé.
Et il se hâta de fermer le
couvercle pour couper court aux adieux larmoyants
de sa soeur.
- Et maintenant, comment allons-nous le
transporter ? demanda Marguerite.
- Nous n'avons que l'âne à
notre disposition, répondit Bruce ; M.
Baldi a envoyé tous les chevaux chez le
maréchal-ferrant.
- Nous l'escorterons nous-mêmes,
ce qui sera le plus sûr, reprit
Marguerite ; nous ne pourrions nous fier
à aucun des domestiques. Allons ! ne
perdons pas une minute, le plus tôt sera le
mieux.
- Et si nous rencontrons le
comte ?
objecta timidement Elsa.
- Il faut espérer qu'il ne nous
mangera pas.,
Les domestiques étaient
rassemblés sur le seuil de la porte pour
voir partir cet étrange et peu
aristocratique cortège.
- Vrai, disaient-ils, quand notre
demoiselle a une idée, personne ne l'en
ferait démordre.
Pendant ce temps, la susdite demoiselle,
sans se douter qu'elle pouvait compromettre la
dignité des Brindini, marchait à
côté de la charrette, pendant que
Bruce conduisait l'âne et qu'Elsa formait
l'arrière-garde ; sa terreur du comte
l'aurait portée à rester au
château, mais elle ne pouvait se
résoudre à perdre de vue son cher
petit Moïse.
Heureusement le cocher improvisé,
connaissant le caractère un peu têtu
de son coursier, avait fait une ample provision de
biscuits ; en sorte que, lorsque semonces et
encouragements restaient sans effet, il marchait en
avant un biscuit à la main, et maître
aliboron se décidait alors à
avancer.
Ils parcoururent ainsi le chemin qui
séparait les deux habitations et,
après avoir monté l'avenue, se
trouvèrent devant la villa. Marguerite,
Malgré tous ses efforts pour rester calme,
était visiblement émue; elle
n'était pas revenue chez son oncle depuis
deux ans et une foule de souvenirs se pressaient
dans sa mémoire.
- Souvenez-vous, dit-elle à ses
cousins, que je déteste le comte. Oui, je le
déteste.
- Vous nous l'avez dit assez souvent
pour que nous en soyons convaincus, répliqua
Bruce.
- Ah ! vous le savez ?
Tant
mieux, car moi je commençais à en
douter. Voyons, Elsa, ne prends pas, cet air
effarouché ; je t'ai déjà
dit qu'il ne nous mordra pas.
- Tu ne comptes pourtant pas le
demander ?
- Je commence à croire que nous y
serons bien forcés. Il a la manie de prendre
des idiots à son service ; ils seront
incapables de transmettre convenablement notre
message, et nous n'avons pas songé à
écrire un mot.
À ce moment, parut un valet de
chambre qui regardait d'un oeil ahuri
l'étrange cortège qui
approchait.
- Le comte Romualdo Brindini est-il chez
lui ? demanda impérieusement
Marguerite.
Le domestique, devinant instinctivement
à qui il avait affaire, les aurait de suite
introduits dans le vestibule si Bruce ne lui avait
dit :
- Prenez cette caisse doucement,
doucement ; c'est un
bébé.
- Il n'est pas en vie, je suppose,
s'écria le jeune homme en reculant
effrayé.
- Non, non, il est mort, répliqua
Bruce, ne trouvant pas dans son mince vocabulaire
italien un autre mot pour s'expliquer.
- Au nom de tous les saints, Pierre,
tonna une voix du haut du balcon, que faites-vous
là-bas ?
Nos jeunes gens relevèrent la
tête et virent un vieillard grand, sec,
à cheveux blancs, aux yeux perçants,
au nez recourbé, au front sillonné de
rides.
- Mais c'est mon chef de brigands, pensa
Bruce tant soit peu désappointé.
- Répondras-tu,
imbécile ? répéta le
vieillard.
- Pardon, Excellence, murmura le valet
terrifié je crois que c'est... un
cadavre !
Là-dessus, le comte et Marguerite
échangèrent de profonds saluts et,
pendant qu'ils procédaient à cette
solennelle cérémonie, à la
stupéfaction d'Elsa, le majordome, un vieil
ami de Marguerite au temps jadis, s'approcha pour
aider l'infortuné. Pierre à
décharger la caisse ; puis il
introduisit les trois visiteurs dans un des grands
salons de réception. Le comte les y
rejoignit presque immédiatement.
- Puis-je vous demander, Mademoiselle,
dit-il avec une exquise politesse, ce qui me vaut
l'honneur de votre visite ?
- Nous avons trouvé quelque chose
qui doit vous appartenir, Monsieur le comte. Nous
avons découvert ce marbre en creusant sur
vos terres.
Le maître de la villa jeta un
regard indifférent sur le colis
déposé sur le parquet. Elsa,
craignant qu'il ne méconnût la valeur
de leur trouvaille, s'empressa, de lui
dire :
- Oh ! Monsieur ! nous
croyons
que c'est le bébé de Jokébed,
le petit Moïse, qui manque à votre
magnifique statue.
Le comte dressa les oreilles.
- Qu'est-ce que vous dites
là ? demanda-t-il.
- Nous allons le déballer,
répondit Bruce qui se mit à l'oeuvre,
aidé d'Elsa.
Celle-ci enleva en dernier lieu le
mouchoir qui cachait le visage du petit
enfant.
- Voilà Moïse ! dirent
les deux Maxwell.
Le comte s'approcha. Il n'eut pas plus
tôt vu la statue, qu'il se répandit en
exclamations si incohérentes, si joyeuses,
que tous les assistants en furent saisis.
- Ce Moïse perdu ! Je le crois
bien ! Est-il beau ! Quel bijou ! Et
pas du tout endommagé ! continuait-il
en passant ses mains ridées sur le corps et
le visage du bébé. Sur quel coin de
la terre avez-vous trouvé ça ?
- Pas sur la terre, mais dedans, et cela
chez vous, tout près de chez mon oncle
Robert, si près que nous croyions même
avoir trouvé cette statue chez lui. C'est M.
Baldi qui nous a dit que nous avions chassé
sur vos terres, et vous pouvez croire que cette
nouvelle ne nous a pas réjouis.
Le comte se tourna vers Marguerite. Son
visage s'était adouci :
- Vous êtes
généreuse, Mademoiselle...
Mais elle l'interrompit soudain.
- Ne vous y trompez pas, comte. Ce n'est
pas de gaieté de coeur que nous vous
rapportons cette statue. J'aurais
préféré la brûler que de
vous la rendre.
- Alors, pourquoi n'avoir pas suivi
votre penchant ?
- Parce que, répondit la jeune
fille moitié en colère et
moitié souriante, parce que la proposition
de ma cousine, Mlle Maxwell, de brûler le
propriétaire au lieu de la statue m'a paru
un plan préférable au mien.
Elsa, terrifiée des
conséquences d'une pareille
déclaration, s'empressa
d'ajouter :
- Laissez-moi vous expliquer...
- Peu importent les
explications ;
je les ai en horreur ! Je ne suis pas surpris
des sentiments que vous venez
d'exprimer, Mademoiselle Marguerite ; on m'a
dit que vous aviez appris à détester
votre grand-oncle...
- Et n'en ai-je pas mille fois
raison ? Lui, l'ennemi de mon
père ?
- C'est ainsi qu'il
m'appelle ?
- Non ; jamais il ne vous a
donné pareil nom ; il dit...
- Que dit-il ?
répétez-le-moi. Vite !
vite ! mon enfant.
Presque involontairement (car elle avait
toujours trouvé son père trop
modéré) Rita reprit :
- Il répète sans cesse que
quelqu'un l'a desservi près de vous, que
quant à lui il ne pourra jamais en vouloir
à quelqu'un qui lui a toujours
témoigné une affection paternelle et
pour lequel il conserve une profonde
reconnaissance.
- Comment ? Il m'aime encore mon
Robert, mon cher Robert ?
Et le comte se mit à arpenter le
salon pour cacher son émotion. Il se
rapprocha de Rita dont le visage s'adoucissait peu
à peu.
- Vous êtes seuls au
château, n'est-ce pas ? C'est du moins
ce que votre ami le père Gaspard m'a
dit.
- Le père Gaspard n'est pas mon
ami, Monsieur le comte, dit Marguerite d'une voix
stridente.
- Voilà d'étranges
paroles ! On m'a donné à
entendre que lui et Mme Corvietti étaient
vos seuls amis en ce monde, les deux seuls qui
osaient vous soutenir contre votre père, qui
vous brisait le coeur en s'opposant a ce que vous
entriez
au couvent. Ce sont leurs propres
expressions.
Pendant quelques secondes, le
saisissement coupa la parole à
Marguerite ; son oncle l'observait avec
étonnement.
- Oncle Rom, qui a pu vous dire un
pareil mensonge ?
- Un mensonge, dis-tu ? Un
mensonge ? Combien du même genre m'en
a-t-on donc fait ? Peux-tu me le
dire ?
La jeune fille se rapprocha de son
oncle ; une pensée soudaine venait de
la saisir.
- Pourquoi avez-vous pris cette
hypothèque sur les biens de mon
père ? Est-ce parce que vous le
haïssez ? Parce que vous voulez le
ruiner ? Parce que son second mariage vous a
déplu ?
- Voilà sans doute ce qu'on vous
a dit, interrompit le comte, le visage
contracté, car il commençait à
soupçonner la vérité. Eh
bien ! écoutez la version que m'ont
donnée à moi vos prétendus
amis. On m'a dit que si je tenais votre père
en mon pouvoir, grâce à cette
hypothèque, et si je le menaçais
(avez-vous jamais pu supposer que ce fût plus
qu'une menace ?) oui, on m'a persuadé
que ce serait le seul moyen de lui faire entendre
raison et de l'obliger à vous laisser suivre
votre vocation. La pensée que vous vouliez
entrer au couvent m'était odieuse, car j'ai
ces établissements en horreur ; mais du
moment où c'était votre désir,
j'étais décidé à faire
tout au monde pour vous permettre de suivre vos
goûts. Comment ? tonna le comte en
voyant la contradiction écrite sur le front de
Marguerite. M'aurait-on
trompé ? Dites-moi pourquoi votre
père, qui prétend m'aimer, - mais
cela ne peut être vrai, - pourquoi n'a-t-il
jamais répondu à aucune de mes
lettres ? Je lui ai écrit et
réécrit, lui disant : Oublions
le passé et soyons unis comme nous
l'étions jadis ; et, pour toute
réponse, je recevais de froids
accusés de réception, paraissant
ignorer les avances que je lui faisais. Lui,
m'aimer ? Allons donc ! vous vous moquez
de moi !
Marguerite était confondue ;
secouant sa stupéfaction, elle posa sa main
sur le bras du comte.
- Mon oncle, je puis vous assurer que
mon père n'a jamais reçu de vous que
de simples lettres d'affaires, sèches et
froides, sans un mot d'affection, et que depuis
deux ans il vous a écrit maintes et maintes
fois. Il m'a montré plusieurs de ses lettres
et je vous jure qu'elles étaient celles d'un
fils s'adressant à un père
bien-aimé.
Le comte regardait Marguerite sans la
voir ; il ne pouvait arriver à
comprendre qu'ils eussent été le
jouet du père Gaspard. Tout à coup,
il sortit de cet état d'affaissement pour
entrer dans une rage indescriptible, tapant du
pied, parcourant le salon avec fureur, montrant le
poing à un être invisible.
- Gérome, cria-t-il à son
majordome qui venait d'entrer, tenez-moi ! Je
crois que je deviens fou Mon âme et mon corps
ne tiennent plus ensemble Mademoiselle
Jokébed, continua-t-il en s'adressant
à Elsa, ne vous évanouissez pas,
n'ayez pas peur de moi. Je suis un vieux bonhomme
pas méchant, pas violent. Oh !
jamais !
Et il ébranlait le plancher par
ses soubresauts, reprenant ses mouvements de plus
en plus rapides ; « Romualdo
Brindini, » s'écriait-il,
« as-tu été assez
aveugle ? assez
stupide ? »
- Mon oncle, dit doucement Marguerite en
lui passant les bras autour du cou, moi aussi j'ai
été bien aveugle, et comme papa
j'aurais du voir qu'il y avait quelque machination
contre nous, et j'aurais dû savoir,
par-dessus toutes choses, que jamais je ne pourrais
parvenir à vous détester. J'ai cru y
être arrivée, mais quand je suis
rentrée dans votre maison, j'ai compris que
je vous aimais toujours de tout mon coeur. C'est
Dieu qui m'a conduite ici aujourd'hui afin que nous
sachions, vous et moi, que rien ne pouvait nous
séparer.
Ce que le vieillard répondit
n'arriva pas aux oreilles des jeunes Maxwell ;
mais ils ouvraient de grands yeux en voyant les
démonstrations, tout italiennes, auxquelles
se livraient l'oncle et la nièce.
Elsa, qui ne comprenait que très
imparfaitement leur langage, n'avait pu suivre
leurs explications ; en les voyant
s'embrasser, elle comprit que la paix était
faite, et son coeur aimant se réjouit.
Bruce, supposant que ces épanchements
méridionaux pouvaient durer un certain
temps, pensa à maître
aliboron.
- Il trouve le temps long, dit-il tout
bas à sa soeur ; il me reste un
biscuit ; je vais le lui porter et lui dire
que lorsqu'on aura fini de crier, de pleurer et de
s'embrasser, nous repartirons.
- Peux-tu deviner, Rita, quel est le
scélérat qui a fait toute cette
vilaine besogne ? Il est bien trop intelligent
et trop habile
pour
être un démon ordinaire.
- Oui, je devine sans peine.
- Tu soupçonnes tes deux
amis ?
- Pas tante Cécile ;
oh ! non pas elle ! Jamais elle n'aurait
été si cruelle, de son plein
gré du moins.
- C'est possible, car je suis convaincu
que, depuis trente ans, Cécile Corvietti n'a
plus d'autre volonté que celle de son
directeur, qui la conduit tout droit en
enfer ! C'est donc le secrétaire
particulier du comte Romualdo qui est seul
responsable, le misérable ! Quand
attends-tu ton père, carissima
mia ?
- Après demain, répondit
Bruce revenu de sa visite sympathique à son
âne ; c'est dommage que vous partiez si
vite pour le Sahara.
- Je ne partirai pas. Qui vous a dit que
je partirais ? Ne puis-je pas rester chez moi
si cela me plaît ? et je dînerai
ce soir à Roccadoro si on veut bien
m'inviter. Vous voudrez bien peut-être (en
souriant) m'offrir la place de Moïse, dans
votre équipage ?
Elsa rougit en pensant au cortège
qui avait accompagné le petit Moïse.
Marguerite de même, mais pour une autre
raison.
- Craignez-vous que le pudding ne soit
pas assez gros ? demanda Bruce à
demi-voix. Je lui donnerai ma part.
- Le pudding ! répéta
le comte ; ne vous en inquiétez pas. Je
fournirai le mien.
- Il est certain que nous avons ce soir
un maigre dîner, dit en riant la jeune
maîtresse de maison ; mais je vais
courir à la maison voir de quelles
ressources dispose Dorothée.
- Bêtises ! Marguerite ;
tu sais bien que tous les jours de l'année
Maxime me prépare un repas, dont ni vous, ni
moi ne viendrons jamais à bout, et qui
suffirait à un régiment.
Gérôme !
Gérôme ! Dites à Maxime
d'envoyer tous les comestibles dont il dispose au
château de Roccadoro. Comment, vous
n'êtes pas encore parti ? Pourquoi
n'avez-vous pas apporté des
rafraîchissements ? Vous savez bien que
je ne vous garde qu'à la condition que vous
remplissiez convenablement votre office ; sans
quoi, je vous chasse ! Combien de fois vous
l'ai-je déjà dit ?
- Pas plus de dix fois par jour,
Excellence.
- Je mets tout mon monde à ta
disposition, Rita mia, pour t'aider dans tes
préparatifs de réception ; ce
sera donc après-demain que je reverrai
Robert, mon cher Robert !
Il recommença une nouvelle
promenade dans le salon.
- Ainsi, tu ne te soucies que
médiocrement de recevoir ton vieil oncle ce
soir ? Tu attends du monde ? Mme
Clarence, probablement ? Eh bien ! si
elle vient, je serai enchanté de faire sa
connaissance, ainsi que de tous ceux qui pourraient
se présenter.
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