Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA CONVERSION DE SAUL DE TARSE

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(1)

 Lorsque le disciple Ananias, sur l'ordre du Christ, se présenta devant Saul de Tarse aveuglé, dans la maison de Damas, il l'interpelle, en ces termes : « Saul, mon frère... (Actes IX, 17). »

Nous estimerons n'avoir pas travaillé en vain si, au terme de notre étude, vos coeurs éprouvaient une secrète joie à saluer dans les mêmes termes le grand apôtre des Gentils, si, oubliant un moment l'auteur des épîtres canoniques, le théologien inspiré ou l'illustre inconnu, vous vous écriiez avec une pieuse et respectueuse tendresse : « Paul, mon frère ! »

Avez-vous jamais réalisé, en effet, que Paul joue, dans l'histoire de l'Église chrétienne, un rôle tout à fait unique? Il est, si l'on peut dire, le premier en date des chrétiens modernes. Réfléchissez-y. Avant lui, nous avons affaire à des compagnons de Jésus-Christ, à des hommes qui, ayant vu le Maître de leurs yeux, ayant subi l'ascendant de sa personne, ont adhéré du coeur à sa pensée et se sont matériellement attachés à ses pas. Voici Pierre et André auxquels Jésus dit : « Suivez-moi et je vous ferai pêcheurs d'hommes (Matt. IV, 19). » Voici Lévi auquel il dit : « Suis-moi (Marc II, 14). » Ces hommes, que bien nous connaissons par les Évangiles, sont placés dans des conditions différentes des nôtres à l'égard de Jésus. Ne l'ont-ils pas là, près d'eux, à disposition toujours? Ils peuvent questionner et implorer. Le programme simplifié de leur vie est une obéissance pratique.

Ils croient en Jésus, sans doute. La foi leur est nécessaire, en ce sens que leur âme doit saluer en lui le Messie promis, le Fils de Dieu. « Nous avons cru et nous avons connu, dit Pierre, que tu es le Christ, le Saint de Dieu (Jean VI, 69). » Voilà leur foi.
Mais qui ne sent la distance qui sépare, au moins au premier regard, cette situation vis-à-vis du pèlerin de Galilée et la nôtre? On reprend, dans la prédication chrétienne, tous les récits des Évangiles et on leur donne, sans autres, une application nouvelle, symbolique, mystique. On dit : « Venez à Jésus ! » On dit: « Croyez en Jésus ! » On dit : « Laissez tout et le suivez ! » On parle comme si rien n'était changé, comme si Jésus était encore là vivant.

Sans doute, il y a bien des manières d'honorer un disparu, bien des manières d'accepter et de reprendre à son compte sa pensée. On peut être disciple, continuateur, fils spirituel. Voyez Socrate et Platon, Pascal et Vinet, tel fils et tel père. Tout de même, si hardie que soient les images employées pour exprimer cet attachement du coeur ou cette dévotion de la pensée, elles ne sauraient, sans exagération, prendre la forme des appels que nous citions. La personne de Jésus et non seulement son souvenir ou son enseignement, y tient une place trop éminente. Il faudrait, pour continuer à utiliser comme le fait la prédication chrétienne, les rapports de Jésus avec ses premiers disciples, une explication qui donnât la clé de cette étrange persistance d'expression au travers de situations différentes.

Eh ! bien, l'expérience de Paul nous donne cela, nous le donne avec une netteté, une plénitude singulières. Voilà ce qui fait de lui, pour nous, un homme si digne d'intérêt, voilà ce qui confère à la crise religieuse qu'il a vécue une valeur de premier ordre.

Saul de Tarse n'a pas plus que nous connu Jésus. Saul de Tarse était, à l'égard de Jésus, dans les mêmes conditions que nous. S'il a été un chrétien, il l'a été comme nous pourrons l'être. Si nous sommes ou devenons chrétiens, nous le sommes et nous le serons comme il le fut.

Ce n'est pas tout. Paul qui, à cet égard, est si attachant pour nous, l'est encore parce que l'histoire de son âme est une humaine et dramatique histoire. Son expérience est tellement profonde et tellement riche que l'on serait tenté de dire, s'il ne fallait se défier des méthodismes doctrinaires : cette expérience est normative. Les consciences, celles du moins qui vivront leur vie sous l'aiguillon de l'Esprit, suivront la même route que suivit le persécuteur devenu apôtre.

Nous ne pouvons, cela va de soi, épuiser le contenu de cette épopée, aussi bien nous proposons-nous d'en rappeler quelques scènes seulement. Nous grouperons nos descriptions sous trois chefs qui correspondent aux étapes principales de la crise dénouée.

Le coup d'arrêt.
Agonie et délivrance.
Au service du vainqueur.

Que Dieu nous soit en aide dans cette solennelle contemplation d'une âme!




Le coup d'arrêt.

C'est notre lot d'être très peu renseignés sur l'enfance et sur la jeunesse des premiers chrétiens. Saul de Tarse ne fait pas exception à la règle. C'est donc sa conscience qu'il faut interroger plutôt que les événements extérieurs, pour débrouiller sa psychologie.

Pourtant il est un fait historique d'une importance capitale et qui veut être examiné avec la plus intense attention, dans la vie de Paul, c'est ce que, traditionnellement, on appelle sa conversion, ce que (nous dirons pourquoi tout à l'heure) nous avons appelé le coup d'arrêt.

Deux mots sur les antécédents du jeune homme.
Vous le savez, Saul de Tarse était de famille judéo-romaine. Il appartenait au milieu le plus piétiste, la secte des Pharisiens. Sa famille, avec un respect entier pour les habitudes religieuses du temps, avait mis en pratique les préceptes légaux concernant un enfant israélite. Lui-même, Saul, adolescent, s'était nettement orienté vers les préoccupations religieuses. Il avait pour Moïse et pour les livres sacrés de l'ancienne alliance, une vénération passionnée. C'était, s'il est permis d'employer ici cette expression, un chauvin du judaïsme. À la fleur de l'âge, c'est-à-dire au moment où il entre dans l'histoire de l'Église primitive, Saul de Tarse est un jeune théologien docile, aux pieds du Gamaliel le docteur de la loi. C'est en même temps un homme d'action. Son ardente pensée religieuse fait de lui un militant et un fanatique.

C'est qu'en effet, la crise suscitée par le ministère et la mort de Jésus est encore en pleine évolution. La trace laissée par le prophète de Galilée est bien plus profonde que ses adversaires ne s'y attendaient. Son libre spiritualisme s'est propagé par delà sa mort et le légalisme intolérant des autorités juives n'est point aussi tranquille que l'on pourrait croire. La lutte n'est pas terminée. Des partenaires du condamné, incorrigiblement attachés au souvenir du disparu, continuent à se réunir dans les chambres de Jérusalem. Plus que cela: ils propagent leurs idées; ils font des conquêtes. Exaltés, sans doute, par quelque prédicateur illuminé, ils affirment et prétendent manifester la survivance de leur maître; ils le déclarent ressuscité. Cela est intenable et il faut - ainsi pense aussi Saul de Tarse - en finir à tout prix. Cette fermentation est dangereuse. Quelques mesures sévères auront tôt fait de l'arrêter.

Saul, à la pensée comme à l'activité duquel on pourrait donner pour devise ces mots : « Rien à moitié », prend délibérément position. Jaloux, plus que ses pairs, de l'autorité de Moïse, attaché par toutes les fibres de son coeur à la grande figure de Jéhova, il se joint aux ennemis de l'hérésie nouvelle.

Bientôt la persécution éclate. Étienne, l'humble diacre au service des chrétiens indigents, est arrêté. On le juge et le malheureux se permet une harangue offensante pour les dignitaires du peuple et pour le peuple élu tout entier. Non! l'esprit du Nazaréen n'est pas mort. L'écho de son « Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ! » revient à la mémoire du Sanhédrin. C'en est trop. Les juges grincent des dents. On traîne l'accusé vers quelque sinistre terrain vague et on le lapide. Saul ne ramasse et ne jette aucun pavé, mais il tient à manifester son approbation expresse. Il assiste au douloureux spectacle. C'est à ses pieds que les exécuteurs déposent leurs manteaux. Étienne meurt Sous les yeux de Saul. Les dernières paroles du martyr, toutes de paix et d'amour, arrivent à ses oreilles.

Engagé par ce premier geste, le jeune homme va plus loin. Il ne sait pas s'arrêter à mi-côte ni se contenter de demi-mesures. D'ailleurs, franchi ce premier pas par-dessus une mare de sang, une liberté étrange vous vient. Saul prendra la tête du mouvement persécuteur. Saluant à l'avance l'heure où l'hérésie sera enfin extirpée, il entrevoit le judaïsme et sans doute aussi sa propre âme à lui, retrouvant la paix et la prospérité dans la victoire.
Donc, avec l'appui des chefs des prêtres, Saul, débordant de cette haine, revers de tous les fanatismes, s'évertue à anéantir la mémoire de Jésus, pour faire redescendre sur le Lieu très saint la gloire de l'Éternel. Étrange amalgame d'amour et de haine, de sincérité et de violence, de foi et d'aveuglement, que le coeur de Saul sur la route de Damas!
C'est ici qu'intervient brusquement le coup d'arrêt.

Vous connaissez presque par coeur le triple récit que nous donne, de cette aventure, le livre des Actes. Nous nous bornons ici, à en dégager les traits principaux.
Saul, à midi, dans l'ardeur d'une journée d'Orient, est terrassé. Il ne s'agit pas d'un éblouissement, ni de je ne sais quelle insolation foudroyante. C'est une intervention. Il y a quelqu'un dans cette lumière, quelqu'un qui parle.
« Qui es-tu Seigneur? » s'écrie l'homme prostré.
- « Je suis Jésus que tu persécutes. Il te serait dur de regimber contre les aiguillons! »
« Seigneur, que veux-tu que je fasse? »
- « Lève-toi, entre dans la ville et on te dira ce que tu dois faire (Actes IX, 5 et suiv.). »

Chancelant, les yeux hagards, le farouche lutteur de tout à l'heure se relève. Ses compagnons, inquiets autant que surpris, l'entourent et s'informent. Saul de Tarse est aveugle. Il implore leur secours. On le soutient et on le guide. À petits pas angoissés, il arrive à Damas dans une maison amie. Il demande qu'on le laisse à ses tourments. Il n'explique rien. Ses amis s'inclinent et se retirent. Le voilà seul dans la nuit.

Les heures passent. Les hôtes, anxieux, viennent voir, de temps à autre, le malheureux. Il les renvoie toujours, d'un mot sans réplique. Pendant trois jours et trois nuits, il prie.

Le troisième jour, cependant, un disciple de Jésus se présente à la porte, tremblant, mais fort d'un ordre du Maître. Contre toute attente, l'homme qui a refusé, jusqu'ici, toute intervention, admet la visite d'Ananias : il l'attendait. Un bref dialogue se déroule. Le délégué du Christ est tendre pour le persécuteur de la veille. Il lui déclare que Jésus lui-même accueille, pardonne et guérit son implacable ennemi. Et Saul de Tarse quitte la maison de Damas voyant clair de ses yeux et de son âme.

Que s'est-il passé, religieusement parlant? Quelles sont les conséquences immédiates de cet événement pour Saul? Consultant l'interprétation que nous en donnent et sa vie et le témoignage de sa correspondance ultérieure, il est facile de répondre à ces questions.

Une certitude s'est emparée, bon gré mal gré, du persécuteur, et, consécutive à cette certitude sans ombre, une attitude a été prise qui ne sera plus jamais démentie.

Une certitude, celle-ci : Jésus, que je croyais mort et enterré, Jésus est vivant. Il vit non pas de la vie que conserve, dans le souvenir de ceux qui l'aimèrent, un mort vénéré; il vit, non pas à la manière capricieuse, insaisissable et précaire des esprits, il vit comme vit une personne vivante, il se possède, il parle, il agit. Il vit. Et (nous continuons à donner une expression à la pensée de Saul), puisqu'il a été crucifié, puisqu'on l'a porté au tombeau, l'affirmation de ses disciples, jugée jusqu'ici insensée, est la vérité même: Jésus est ressuscité.

Enfin, constatation irrécusable, ce vivant est un Maître. Ce n'est pas un homme semblable à d'autres hommes. «Seigneur!» s'écrie Saul de Tarse vaincu. Jésus est Seigneur! Tel est le contenu de la certitude dont nous parlions.

En voudriez-vous la preuve? La voudriez-vous de la bouche même de l'intéressé? Lisez ses lettres et vous verrez la place prééminente qu'y tient, d'un bout à l'autre de sa carrière et de sa prédication qui ne font qu'un, l'affirmation que Jésus est vivant, que Jésus est ressuscité. Il en parle comme un témoin et non comme un écolier qui récite une leçon. Il ne croit pas d'une foi dérivée ni d'une foi, adhésion intellectuelle à un article de credo, il sait, il est sûr. L'évidence intérieure s'est faite. Il ne peut parler autrement qu'il ne parle.

À la certitude à correspondu l'attitude. Matériellement la vision avait prosterné Saul. Moralement aussi, une position de docilité absolue, docilité de l'être tout entier, coeur, intelligence et volonté a été prise. « Seigneur, dit l'homme terrassé, que dois-je faire? » (Actes IX, 17 et suiv.). Et, comme un petit enfant, comme un aveugle qui ne sait pas se conduire tout seul, Saul suivra son guide. Cette dépendance totale restera, jusqu'au bout, la loi de sa vie.
Vous le voyez, cette conversion a un caractère tout à fait spécial.
Ce n'est point un passage de l'incrédulité à la foi.
Saul croyait en Dieu dès ses jeunes années. Ce n'est pas le passage d'une volonté de péché à une volonté de sainteté : Saul était sincèrement désireux d'accomplir la loi. Ce n'est pas le passage d'une attitude de révolte contre Dieu à une attitude de soumission à Dieu : Saul servait fanatiquement le Dieu de ses pères. C'est une conversion à Jésus-Christ. C'est la conversion à Jésus-Christ d'un honnête homme et d'un croyant. Sans doute, il verra se transformer, de fond en comble, sa conception du péché et de la justice, son sens de la volonté divine, mais ce sera pour plus tard. Au sens immédiat, sa conversion, c'est un changement radical d'attitude à l'égard de Jésus. Il reconnaît pour vivant celui qu'il croyait mort; il se soumet à celui qu'il haïssait.
Saul donc, parce que Dieu lui a fait grâce, est converti par Jésus-Christ à Jésus-Christ.

Agonie et délivrance.

Nous avons vu l'événement qui a bouleversé la vie de Saul de Tarse, nous en avons compris la portée première.

Il va de soi que le néophyte n'était pas, au lendemain de la visite d'Ananias, un chrétien mûri, il était un chrétien en ce sens que Jésus était son maître. Il fallait encore une longue élaboration intérieure, un long tête à tête avec le Vivant, pour amener à leur équilibre et la foi et la pensée de Saul. Aussi bien, est-ce par un séjour solitaire de trois ans en Arabie que s'inaugure la carrière chrétienne du serviteur.
Là, le « Qui es-tu Seigneur? » sera repris sous mille formes. Là, le « Je suis Jésus! » sera commenté par l'Esprit.
Là aussi, le « Que dois-je faire? », accompagné d'un inévitable « Que suis-je? » recevra une réponse appropriée.

C'est ensuite seulement que Saul deviendra, dans le plein sens de ce mot, un racheté et un apôtre de Jésus. C'est ensuite qu'il vivra sa vie douloureuse et triomphante d'ambassadeur pour Christ.

Pouvons-nous sonder quelque chose des pensées qui s'élaborèrent en Arabie et en rendre compte?

Oui. Paul, dans ses lettres, nous livre assez sa vie intérieure pour que nous soyons à même de comprendre par où son âme a passé. Il va sans dire que cette âme est un monde et que nous ne pouvons nous essayer à décrire de manière quelque peu complète, ses luttes et ses découvertes. Nous nous bornons à relater, sur un point essentiel, cette agonie et cette délivrance qui ont fait le chrétien Paul. Si nous voulions donner un titre au sobre tableau que nous allons brosser, nous dirions:
Une conscience droite aux prises avec la loi de Dieu.
C'est tout un drame qui se déroule et le sérieux moral de cette lutte est bien fait pour secouer notre piété trop souvent assoupie.

Saul de Tarse a voué un culte à la loi mosaïque, expression parfaite de la pensée divine. On se représente aisément ce jeune garçon apprenant par coeur les grands psaumes qui célèbrent la Thora. « La loi de l'Éternel est parfaite, elle restaure l'âme. Les commandements de l'Éternel sont purs, ils éclairent les yeux (Ps. XIX, 8.). » Ou encore les refrains du psaume 119 : « Je fais mes délices de tes commandements, je les aime... Je n'oublierai jamais tes ordonnances car c'est par elles que tu me rends la vie. Ta parole est une lampe à mes pieds et une lumière sur mon sentier (Ps. CXIX, 47, 93, 105). » Il a dû respirer cette ferveur et en éprouver les ravissements.

Plus tard, cette loi est devenue le champ de ses dévotes investigations, elle a été l'objet de ses études. Mais (comme toujours chez lui) aux enthousiasmes de l'esprit s'est associée la démarche pratique. Saul s'est joint au parti des Pharisiens, scrupuleux zélateurs.

Ainsi donc cette loi, loi morale en tête, loi cérémonielle ensuite, a été, pour la conscience de Saul, la règle incontestable de la conduite devant Dieu et devant les hommes. De toute son âme il s'est appliqué à en accomplir et les préceptes et les rites. En cela consistait le programme foncier de sa volonté.

Nous aimons à nous représenter l'idéal que visait cette âme droite. Pour elle la suprême justice, c'est-à-dire l'équilibre parfait, sanctionné par Dieu même, c'est une harmonie sans dissonance entre la volonté soumise et la Loi. Passionné comme il l'était, Saul a dû traverser des heures d'extase dans la contemplation de cette vision. Il a dû se livrer à d'ardents et persévérants efforts pour mettre en oeuvre sa conviction. Et, lorsque, sur son chemin, a surgi le spiritualisme chrétien aux allures de relâchement novateur, comme le coeur du disciple de Gamaliel a bondi et comme il. s'est jeté dans la lutte !
Seulement, tout n'est pas ravissement et succès dans une attitude comme celle que Saul adopte. Le programme est simple, c'est vrai : « Celui qui fera ces choses vivra par elles (Rom. X, 5.) ». Dans la réalité comment est-ce que la volonté et la conscience du serviteur de la Loi réagissent ?
Hélas ! Elle réagit, cette âme sincère, en deux sens distincts et voisins.

D'abord, la Loi modifie son expression souriante et sereine aussitôt qu'une transgression est commise. Son regard, s'il est permis de la personnifier ainsi, se fait sévère; son caractère, celui d'un juge incorruptible, et l'âme qui, d'un élan, se donnait, désobéissante, s'effondre dans la honte. Elle a péché.

Sans doute, cette éventualité est prévue par la Loi même, puisque des sacrifices sont édictés pour expier la faute commise. Aussi bien, les premières transgressions sont-elles aisément réparées et oubliées. Mais, quand les désobéissances se multiplient, quand, implacable, le témoignage de la souveraine volonté demeure et accuse, quand la vertu des sacrifices s'épuise pour une conscience rigoureuse vis-à-vis d'elle-même, qu'arrive-t-il? Il arrive que le tête à tête de l'âme avec la Loi son juge, devient intolérable et que la désespérance guette le pécheur. Saul a palpé l'horreur de cette situation.

Il y a plus. Au sentiment cuisant de sa culpabilité, s'ajoute le sentiment désolant de son impuissance, impuissance aggravée d'une disposition innée au mal. Quoi que l'on fasse, on n'arrive ni à la justice ni au repos. La justice des oeuvres, comme le polygone inscrit dans le cercle, s'épuise à rejoindre la belle et sainte limite : elle n'arrive jamais. Bête de somme exténuée, le lutteur s'abat sous le joug trop lourd. Il en vient, après quelques héroïques essais de se relever, à capituler. L'impression cruelle l'envahit qu'il y a là comme une impossibilité fondamentale et incurable : « Je ne peux pas, je ne peux plus, je ne pourrai jamais. Tout est inutile. Le juge me condamne, le joug m'écrase. Moralement honteux, je suis moralement étouffé ».

Vous connaissez la description immortelle que Paul a donné de son angoisse. « Oui, dit-il, nous savons que la Loi elle-même est spirituelle; mais c'est moi qui suis charnel, vendu et asservi au péché. Je ne sais pas même ce que je fais; car je ne fais pas ce que je veux; au contraire, ce que je déteste, voilà ce que je fais. Je sais, en effet, qu'en moi, je veux dire dans ma chair, il n'habite rien de bon; vouloir le bien est, il est vrai, à ma portée, mais l'accomplir, non. Car je ne fais pas le bien que je veux, mais le mal que je ne veux pas, voilà ce que je fais. Voici donc la situation où je me trouve : quand ma volonté est de faire le bien, c'est le mal qui est là; mon être intérieur adhère avec joie à la loi de Dieu; mais je découvre dans mes membres une autre loi en guerre avec la loi de ma raison et qui m'asservit à la loi du péché qui est dans mes membres. Misérable que je suis ! qui me délivrera de ce corps de mort? (Rom. VII, 14-24.) ».
Ah! que l'on comprend cette exclamation quasi-désespérée!

Cette confession, notons-le, date d'après la rencontre avec Jésus-Christ. Pourquoi? Parce que, évidemment, les expériences du Pharisien sincère se sont encore approfondies dans les années d'Arabie. C'est là, sous le contrôle de l'Esprit-Saint, que Paul a débrouillé, si je puis dire, et formulé sa propre expérience conduite à son paroxysme.

Conduite à son paroxysme, disons-nous. C'est que la vie et l'enseignement de Jésus, bien loin d'apaiser du premier coup, intensifient jusqu'à l'extrême les expériences que nous décrivions. La Loi, telle que Jésus l'a vécue et présentée, devient plus décourageante que jamais. En prétendant s'imposer à mes pensées, à mes sentiments, à mes regards mêmes, elle achève de me désespérer. Plus la loi se fait exigeante, plus je deviens coupable. Plus elle étend ses droits, plus je me sens impuissant et taré.

Et puis enfin le culte de l'antique Thora n'a pas préservé Saul de méconnaître ni de haïr Jésus-Christ, le Fils unique.
Tout est donc faillite pour finir. Les ferveurs du Pharisien de vingt ans ont abouti à un état de culpabilité et de misère. Il peut se demander, en vérité, si la vie est absurde, si la conscience fourvoie son serviteur, si Dieu se joue de nous, prenant plaisir à nous jeter dans une affreuse et stérile confusion. « Misérable que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort? »

Mais poursuivons la lecture de l'autobiographie en raccourci. Qu'allons-nous entendre? Oh ! surprise. Un cri de triomphe : « Grâces soient rendues à Dieu, par Jésus-Christ notre Seigneur ! (Rom. VII, 25.) ».
Eh ! quoi? C'est donc qu'à cette impasse s'est trouvée tout de même une issue? Cela fait frissonner le coeur d'émotion.
Oui. Quand Paul écrit les tristes aveux que nous avons lus, il parle du passé, car pour lui, dès lors, la délivrance est venue. Plus sincère avait été sa lutte, plus merveilleux a été le dénouement. Plus héroïque avait été la logique de la conscience, plus inattendue et plus radieuse a été la libération. « Grâces soient rendues à Dieu, par Jésus-Christ notre Seigneur ! »

Donc Jésus-Christ, de la part de Dieu, a modifié du tout au tout la situation intenable que nous décrivions. Il a mis fin aux tourments d'une culpabilité sans remède, mis fin au sentiment d'impuissance d'une volonté viciée.
C'est bien cela. L'Évangile de Paul, en son noeud, la bonne nouvelle qu'il annoncera jusqu'à sa mort, la voilà. N'attendez pas que ni lui ni nous-mêmes expliquions en langage tout rationnel, ces révélations accordées par l'Esprit de Dieu à l'âme sincère. « Ce sont là des choses que l'oeil n'avait point vues, que l'oreille n'avaient point entendues et qui n'étaient point montées au coeur de l'homme, mais que Dieu avait préparées pour ceux qui l'aiment (1 Cor. II, 9.). » Paul ne les posséda que par révélation. Votre conscience ne les possédera, à son tour, que de cette manière et sur la voie d'une entière droiture morale, d'un fidèle acquiescement aux témoignages de l'Esprit.
Cela réservé, comment Paul exprime-t-il ce qui est pour lui, dans un sens parfait, le salut?

Évidemment, Paul a vu s'établir un lien entre les sacrifices de l'ancienne alliance, ceux dont il usa maintes fois pour apaiser sa conscience tourmentée, et la mort sanglante de Jésus. Cela est hors de doute. Cette croix, « scandale pour les Juifs et folie pour les païens, est sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés (1 Cor. I, 23,24.). »

On n'arrachera jamais de la conscience humaine, à moins de la fausser et de la découronner, le besoin d'expiation, le besoin de rétablir l'équilibre rompu par le péché, au moyen d'une souffrance, disons le mot : d'une punition, adéquate à l'offense. Or, il est clair que l'insuffisance des satisfactions que la conscience se donne à elle-même rend la position critique. Renoncera-t-elle, cette conscience, à accomplir toute justice et s'accommodera-t-elle d'une précaire indulgence envers elle-même, indulgence qu'elle transportera en Dieu? Ou bien maintiendra-t-elle et se butera-t-elle dans une encoignure bouchée?

L'Évangile de Paul lui crie : Réparation a été faite au Calvaire. La longue patience de Dieu a pris fin, mais elle a pris fin sur un acte de justice et de délivrance tout à la fois. Christ est mort et le péché est expié. Approprie-toi, dans un acte de foi, pécheur repentant, la réparation opérée par l'amour. Amour du Père qui conçoit et veut cette oeuvre étonnante, amour du Fils qui se solidarise avec les coupables. Amour que l'amour comprend et qui produit l'amour.

« Mais maintenant, écrit Paul, il a été révélé une justice de Dieu, indépendante de la Loi. Cette justice qui vient de Dieu par la foi en Jésus-Christ, s'adresse à tous les croyants et cela sans distinction; car tous les hommes ont péché et sont privés de la gloire de Dieu. Dans sa grâce ils sont gratuitement justifiés, au moyen de la Rédemption faite par Jésus-Christ. Dieu l'avait destiné à être, par sa mort sanglante, une victime propitiatoire pour ceux qui croiraient. Nous pensons donc que l'homme est justifié par la foi, indépendamment des oeuvres de la Loi (Rom. III, 21 et suiv.). » « Sachant, dit-il encore, que l'homme n'est pas justifié par les oeuvres de la Loi, mais qu'il l'est uniquement par la foi, en Jésus-Christ, nous avons cru en Jésus-Christ pour être justifiés par cette foi (Gal. Il, 16.). » « C'est en Christ, par son sang, que nous avons la rédemption, la rémission des péchés (Éph. I, 7.). » Voilà la justification par la foi au sacrifice rédempteur de Jésus. Paul l'a saisie, cette justice imputée à la foi, il en a vécu et il l'a proposée aux pécheurs sincèrement désireux d'échapper, sans compromis, aux harcèlements de la conscience.
Et la loi?
La loi, si l'on peut ainsi dire, a été éliminée en étant deux fois satisfaite.

Nous sommes toujours frappé, en relisant les épîtres de Paul, de la joie dont elles témoignent en face de ce fait. Paul a tant souffert par ce juge et par ce joug qu'il est transporté d'allégresse à le voir hors de cause. Le juge est crucifié. Le joug est brisé. Il n'y a plus personne pour accuser le transgresseur. Il n'y a plus rien pour écraser les épaules débiles et meurtries de l'esclave qu'était l'observateur des justices légales. Écoutez ce que dit l'apôtre : « Dieu nous a pardonné tous nos péchés; il a effacé l'acte qui était contre nous, dont les clauses nous étaient contraires, il l'a mis de côté en le clouant sur la croix (Col. Il, 14.). » « Anéantissant, par sa mort, la loi, les ordonnances, les commandements (Éph. II, 5.). » « La fin de la loi c'est Christ donnant la justice à quiconque a foi en lui (Rom. X, 4.). » « Ceux qui en restent aux oeuvres de la loi sont sous le poids d'une malédiction, car il est écrit: Maudit soit quiconque n'observera pas tout ce qui est écrit dans le livre de la loi, de manière à le pratiquer. » Mais, ajoute-t-il : « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi en devenant malédiction pour nous, afin que la bénédiction accordée à Abraham passât aux païens par Jésus-Christ et que nous obtenions par la foi l'Esprit promis (Gal. III, 10, 13.). »

La loi, explique Paul, a eu pour raison d'être, non point d'amener les Israélites à une justice approuvée de Dieu. Comment l'eût-elle pu? Autant vaudrait dire que la majesté du Mont-Blanc amène à son sommet le rhumatisant qui l'admire d'en bas. Non! La loi a été donnée par le Dieu de la promesse pour mettre les choses au point, c'est-à-dire pour maintenir les droits imprescriptibles de Dieu et pour manifester à la fois le péché et l'incapacité du coeur humain. Cela fait, le rôle de la loi est, en principe, terminé. Il se termine dans le drame sanglant où la réparation s'accomplit, il se termine dans le drame où le pécheur acquiesce, par la foi, au sacrifice rédempteur. La loi meurt en se consommant.

Deux fois satisfaite, disions-nous. En effet, l'âme croyante qui meurt, elle aussi, d'une juste mort, avec son représentant, est transportée, par cette crise qui résout toutes ses propres exigences, dans un monde nouveau : « Le Royaume du Fils bien-aimé (Col. I, 13.). » Elle renaît dans une atmosphère nouvelle, celle de la grâce et de la liberté. Ressuscitée avec Jésus-Christ en nouveauté de vie, elle se trouve à ciel ouvert, baignée dans l'air pur et doux de l'amour paternel et pénétrée de la loi intérieure du Saint-Esprit.

Écoutez l'écho de cette expérience dans les termes mêmes des épîtres : « Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ (Rom. V. 1.). » « Il n'y a donc maintenant plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, parce que la loi de l'Esprit de vie nous a affranchis, en Jésus-Christ, de la loi du péché et de la mort (Rom. VIII, 1.). » « VOUS n'avez pas reçu un esprit de servitude pour être encore dans la crainte, mais vous avez reçu un esprit d'adoption par lequel nous nous écrions : Abba ! Père (Rom. VIII, 15.). »
Ainsi Paul entonne l'hymne que chantera son âme jusque dans l'éternité, l'hymne de la délivrance, de l'amour et de la liberté. Désormais, non plus sous la loi, ni sans loi, mais « dans la loi de Christ (1 Cor. lX, 21.) », comme il dit, et sous l'autorité vivante de l'Esprit de Jésus, Paul entre, à pleines voiles, dans une vie nouvelle.
Cette vie nouvelle, que sera-t-elle? Nous l'avons indiqué d'un mot, dans le titre de notre dernière partie.

Au service du Vainqueur.

Saul de Tarse est devenu serviteur et apôtre de Jésus-Christ. La vie pour lui ne peut plus avoir qu'un seul sens : annoncer la bonne nouvelle dont il vit, l'annoncer en temps et hors de temps, l'annoncer partout où Dieu l'enverra. Le motto de sa vie sera désormais : « Malheur à moi si je ne prêche pas l'Évangile! (1 Cor. IX, 16.) » Et d'autres luttes vont commencer, mais les luttes au service du vainqueur.

Nous ne pouvons ici suivre l'apôtre des Gentils ni dans sa grande mission, ni dans les riches expériences de son âme au travers d'une vie mouvementée. Laissez-nous pourtant vous entr'ouvrir une échappée sur les triomphes de ce coeur livré à Jésus-Christ. Nous vous les montrerons en deux domaines seulement : triomphe sur la souffrance et triomphe sur la mort.

La souffrance n'a pas été épargnée au serviteur, On serait tenté de dire : aucune espèce de souffrance ne lui a été épargnée. La lecture de ses lettres, comme du livre des Actes, en dit long à cet égard.

Les ennemis ne lui ont pas manqué. Ses maîtres d'hier, les fanatiques de la loi, ont été durs avec lui. Les persécutions se sont multipliées. La rude vie du missionnaire sans foyer a été singulièrement traversée : faim, froid, fatigue, maladies, blessures, naufrage, tout a conspiré pour abattre, si possible, la foi du témoin. Pire que cela. Un mal mystérieux, à contre-coups à la fois physiques et moraux, est venu entraver d'un tourment continuel l'âme du travailleur. Une écharde est restée enfoncée dans sa chair et un émissaire de Satan a martelé son âme de violents assauts. L'apôtre angoissé a demandé du secours à son Maître et le Maître a répondu. Mais comment? En laissant son héraut dans la souffrance et en l'invitant à savourer d'autant mieux le prix de son amour. « Trois fois, écrit Paul, j'ai prié le Seigneur de l'éloigner de moi (l'écharde) et il m'a dit : « Ma grâce te suffit (voilà pour son coeur) car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse (voilà pour son oeuvre) (Il Cor. XII, 8-9.). » Et Paul s'incline, adore et persévère. C'est le triomphe.

Les années ont passé. Paul, initié par Dieu aux promesses de l'espérance chrétienne, a vécu dans l'attente d'un événement glorieux : Le Maître reviendra, il l'a promis... Encore un peu de travail, un peu de douleur et le jour de Jésus-Christ se lèvera. L'apôtre s'attend même - ineffable bonheur - à échapper à la mort. Il assistera, vivant, à l'avènement du Seigneur. Sans doute, il calme l'effervescence des Thessaloniciens que cette perspective paralyse en les exaltant, mais il n'en affirme pas moins son espoir.

Cependant, l'âme du serviteur mûrit encore. Dieu n'ôte pas au temps son rôle, il respecte les lois de l'expérience progressive. Paul voit la grandeur démesurée de l'oeuvre à faire. Il vieillit. Déjà, à diverses reprises, la mort l'a frôlé. Le voilà, enfin, prisonnier à Rome et à la veille d'un jugement. Qu'écrit-il à ses amis? Certes ! il n'enlève rien au trésor d'espérance qui reste celui de l'Église et le sien. Le Maître reviendra, Paul participera à la victoire, mais, pour ce qui le concerne personnellement, les prévisions ont changé. Il s'attend à mourir et se réjouit de mourir. Il écrit : « J'ai la conviction, j'ai le ferme espoir que je ne serai confondu en rien; au contraire, je serai plein de hardiesse et, maintenant comme toujours, mon corps, que je vive ou que je meure, servira à la gloire de Christ. Pour moi, Christ est ma vie et 'la mort m'est un gain (Php. 1, 20.). » Et, plus tard encore, dans les tout derniers temps de sa vie, il écrit à son ami Timothée ces paroles sereines : « Quant à moi je suis bien près du sacrifice, je touche au moment du départ, j'ai combattu le bon combat, j'ai achevé la course, j'ai gardé la foi. Il ne me reste plus qu'à recevoir la couronne de justice. Le Seigneur, le juste juge, me la donnera au Grand jour (II Tim. IV, 6-8.). »

N'est-ce pas encore un triomphe? C'est si difficile de démordre d'un espoir qui s'est fixé en une certaine forme aimée. Mais non ! au service du vainqueur on devient souple et rien ne peut abattre le courage ni contredire la foi quand ils s'alimentent à la source vivante de l'esprit de Jésus.

Aussi ne saurions-nous terminer ces dernières considérations sur la vie de l'apôtre autrement qu'en répétant avec lui ce cantique de victoire, dont l'écho traverse les âges et va se répétant d'âme croyante en âme croyante : « Que dire de plus? si Dieu est pour nous qui sera contre nous? Lui qui n'a pas épargné son propre Fils, mais qui l'a livré à la mort pour nous tous, comment ne nous donnerait-il pas toutes choses avec Lui? Qui osera accuser les élus de Dieu? Serait-ce Dieu qui les justifie? Qui les condamnera? Serait-ce Jésus-Christ qui est mort, plus encore, qui est ressuscité, qui est assis à la droite de Dieu, qui intercède pour nous? Qui nous arrachera à l'amour du Christ? Sera-ce la tribulation, ou l'angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou le dénuement, ou les périls, ou le glaive? Mais dans tous ces combats nous restons plus que vainqueurs, grâce à celui qui nous aimés. Oui! je suis certain que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni le présent, ni l'avenir, ni les puissances, ni les forces d'en haut, ni les forces d'en bas, ni aucune créature au monde ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur (Rom. VIII, 31 et suiv.). »

Paul, notre frère, à toi l'hommage reconnaissant de nos coeurs, jusqu'à ce que nous te rencontrions dans les demeures éternelles.

Mais à toi, Christ Sauveur - Sauveur de Paul, Sauveur de tous, notre Sauveur - à toi l'adoration de nos âmes, à la gloire de Dieu le Père.

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(1) Travail donné aux Journées de consécration et d'étude des Groupes de Jeunesse de l'Église libre vaudoise, en 1919. 
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