Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Le message de l'Eglise

-------

JONAS : CHAPITRE III.


La parole de l'Éternel fut adressée à Jonas une seconde fois, en ces mots : « Lève-toi ! Va à Ninive, la grande ville, et fais-y entendre le message dont je t'ai chargé. » Jonas se leva donc et se rendit à Ninive suivant l'ordre de l'Éternel. Or Ninive était une très grande ville; il fallait trois jours pour la parcourir. Jonas y fit d'abord une journée de marche. Il prêchait et disait : « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ! »

Les habitants de Ninive crurent à Dieu. Ils publièrent un jeûne et se revêtirent de sacs, depuis les plus grands d'entre eux jusqu'aux plus petits. Le fait fut rapporté au roi de Ninive, qui se leva de son trône, se dépouilla de son manteau, se couvrit d'un sac et s'assit sur la cendre. Puis il fit publier cet ordre dans Ninive, comme décret du roi et de ses grands : « Que ni hommes ni bêtes, ni grand ni menu bétail, ne mangent rien. Qu'on ne les laisse ni paître, ni boire de l'eau. Que les hommes et les bêtes soient couverts de sacs. Que tous crient à Dieu avec force ; qu'ils renoncent à leur mauvaise conduite et aux actions iniques dont leurs mains sont coupables. Qui sait si Dieu ne viendra pas à se repentir, et s'il ne laissera pas fléchir son ardente colère pour que nous ne périssions pas ? »

Alors Dieu, ayant vu comment ils agissaient et comment ils renonçaient à leur mauvaise conduite, se repentit du mal qu'il avait résolu de leur faire, et il n'accomplit pas sa menace.




 Dieu tient dans Sa main le plan de notre vie. Il l'a dessiné avant notre naissance, et Lui seul le connaît. Lui seul sait ce qu'Il veut faire de chacun de nous. Nous, nous ne voyons que l'envers de ce plan, et nous n'y comprenons pas grand'chose. C'est un peu comme une broderie qu'on regarderait par-dessous : le dessin ne s'y discerne qu'à peine, embrouillé de fils qu'on dirait entrecroisés au hasard. Ces fils, pourtant, ont chacun une raison d'être, un sens et un but, mais qui ne se révèlent que de l'autre côté de la toile.

Sur Son plan, Dieu a marqué Ninive : il faut que Jonas y aille. Mais Jonas, lui, a décidé d'aller à Tarsis, dans la direction opposée. Vous savez ce qu'il arrive : l'homme propose, Dieu dispose. L'homme veut faire sa volonté et se croit souverainement libre. Les fils s'embrouillent, nous perdons même la trace de Jonas. Mais, malgré tous ces détours, la volonté de Dieu s'accomplit ; Son plan reste inchangé.

Et c'est ainsi que Jonas se retrouve sur la terre. Et à peine est-il remonté de l'abîme, que l'ordre de Dieu auquel il avait voulu se soustraire de nouveau retentit : « Lève-toi, va à Ninive, la grande ville, et fais-y entendre le message dont je t'ai chargé. » Dieu sait attendre, Il est patient, plus patient que nous ! Il aurait pu rejeter Jonas, envoyer quelqu'un d'autre... Mais Il ne se tient pas pour battu ! Il veut que cet homme soit Son prophète, et Il recommence ! Pour la deuxième fois, la parole de Dieu est adressée à Jonas. - Vous le savez vous-même, ce n'est pas une fois seulement que Dieu s'adresse à nous et nous parle. Vous le savez bien : Dieu recommence, et avec quelle patience Il revient à la charge ! S'Il nous rejetait après le premier appel, nous serions tous, depuis longtemps, des hommes perdus. Mais la voix de Dieu ne se tait pas : elle ne se lasse pas, chaque jour, de nous appeler.

Cette fois Jonas obéit. C'est que son séjour dans l'abîme a fait de lui un autre homme. Dans le ventre du poisson, Jonas a vu que ce n'était pas impunément qu'on se moquait de Dieu ; il a compris que Sa colère n'était pas un vain mot, que Son jugement n'était pas, comme il l'avait cru, une menace sans conséquence, devant laquelle on pouvait tranquillement fermer les yeux. Dans le ventre du poisson, Jonas s'est repenti.
Mais ce n'est pas seulement la colère de Dieu que Jonas a connue, c'est Sa grâce aussi. Tout en le punissant, Dieu l'a protégé. S'il est vrai qu'Il a jeté Son serviteur rebelle dans la détresse et le sépulcre, Il l'a fait aussi sortir vivant de la tombe ! La même main toute-puissante qui exerce le jugement a fait grâce au condamné.

Maintenant, Jonas peut parler de Dieu, du Dieu vivant, de Sa colère et de Sa grâce, inséparables l'une de l'autre, de Sa justice et de Son amour : ce ne sont pas des mots ! Jonas en a fait connaissance, il en sait quelque chose ! Ce ne sont des mots que pour ceux qui n'ont pas été saisis par la main du Dieu vivant.

Amour, mais aussi sainteté de Dieu : voilà ce que Jonas doit annoncer à Ninive. Ce double et unique message, pour pouvoir vraiment le porter aux autres, il faut l'avoir vécu soi-même, il faut soi-même avoir subi cette Justice et vivre de cet Amour ! Il faut s'être repenti soi-même, avant d'aller prêcher la repentance aux autres - autrement c'est en vain !

Et ici encore, comme quand il disait aux gens du bateau : « Je reconnais que c'est à cause de moi que vous avez été assaillis par cette grande tempête », Jonas nous montre ce que devrait être l'Eglise : une église qui se repent. Qui se repent avant de vouloir prêcher aux autres la repentance ; une église qui accepte d'être jugée et condamnée par Celui auquel elle a désobéi, une église qui sait qu'elle ne pourra jamais vivre que de l'amour et de la patience de Dieu, et jamais par elle-même, jamais grâce à ses bonnes oeuvres, à sa spiritualité ou à ses vertus ; une église sous la croix, mais qui reçoit, précisément parce qu'elle est sous la croix, la lumière de la Résurrection !

Une église qui ne se repent pas est une église morte. Elle peut être très active, elle peut être très bien organisée ; elle peut même aller à Ninive et parler beaucoup : tout cela sera vain. Si elle-même ne s'est pas repentie, les Ninivites ne se repentiront pas !

L'Eglise, ce n'est pas l'assemblée de ceux qui se croient meilleurs que les autres ! Au contraire ! Il y a autant de péchés dans l'Eglise qu'ailleurs, mais, tandis que le monde ne veut pas reconnaître son péché, l'Eglise confesse le sien. L'Eglise, c'est vous et c'est moi, et chaque membre, chaque dimanche, confesse devant la sainte majesté de Dieu, qu'il est un pauvre pécheur, conçu et né dans le péché, incapable par lui-même de faire le bien... Seulement, prenons-nous au sérieux la confession de nos péchés ? Réalisons-nous que nous sommes ces pécheurs-là ? Ces pécheurs qui, par eux-mêmes, sont incapables de faire le bien, mais qui peuvent et qui savent si bien fuir loin de la face de l'Éternel !

Réalisons-nous que Dieu pourrait fort bien rejeter ces pécheurs, ces serviteurs désobéissants que nous sommes ; que c'est par pure grâce qu'Il ne le fait pas ; que c'est uniquement Son amour qui nous laisse subsister et que nous ne vivons que par le miracle de Jonas ?

En tous cas, il faut que l'Eglise se souvienne de la repentance de Jonas.

Jonas repenti va à Ninive. Que peut un homme, et un homme seul, dans une ville aussi grande que Ninive ? « Car Ninive était une très grande ville ; il fallait trois jours pour la parcourir. »

L'entreprise de Jonas nous semble ridicule. Mais est-ce son entreprise ? N'est-ce pas Dieu qui l'envoie ? Et si Dieu envoie un seul homme pour une si grande ville, n'est-ce pas parce qu'Il veut nous montrer que c'est dans notre faiblesse que sa force agit ? Dieu se rit de nos moyens, Il ne veut que notre fidélité. Un seul homme, repenti et cette fois obéissant, Lui suffit pour évangéliser une grande ville et y faire un miracle...

Jonas ne fait ni de grands ni de beaux discours. On dirait qu'il sait à peine parler. Son message nous semble aussi ridicule que son entreprise ; mais est-ce son message ? « Va à Ninive et fais-y entendre le message dont je t'ai chargé. » Rien d'autre, rien que ça ! Justement pas un beau sermon, bien équilibré, bien balancé, qui ferait dire aux gens que « Jonas a bien parlé » et qu'ils ont beaucoup joui ! Dieu se rit de notre rhétorique et de nos profondes paroles ! Jonas ne doit dire qu'une chose : le message dont il a été chargé. Mais parce que ce message, si pauvre qu'il soit en lui-même, est la Parole de Dieu, il agira, il fera un miracle.

« Jonas prêchait et disait : Encore quarante jours et Ninive sera détruite ! »

Encore quarante jours : voilà la grâce et la patience de Dieu ! Dieu attend. Il attend que nous nous repentions, et pour cela Il nous laisse du temps, Il nous donne un délai.

Nous sommes dans les quarante jours de la patience de Dieu.

Chaque jour nous allons vers le jour où Ninive sera détruite. Nous vivons dans ces quarante jours avec le jugement de Dieu suspendu sur nos têtes. Car un jour viendra où notre monde de sang et de péché sera détruit, consumé par la colère de Dieu ; ce sera le jour du Seigneur, quand Christ, selon Sa promesse, reviendra pour juger les vivants et les morts et mettre Ses ennemis sous Ses pieds, et régnera dans les cieux nouveaux et la terre nouvelle où la justice habitera, « où la mort ne sera plus, où il n'y aura plus ni deuil ni cri, ni souffrance ; car les premières choses auront disparu. » (Apocalypse 21: 4.)

Ce jugement vient ! « Pour ce qui est du jour et de l'heure, personne n'en sait rien, pas même les anges dans le ciel, ni même le Fils, mais seulement le Père. Soyez sur vos gardes, soyez vigilants ; car vous ne savez pas quand le moment viendra. C'est comme un homme qui, allant en voyage, quitte sa maison, en confie la direction à ses serviteurs, assigne à chacun sa tâche, et ordonne au portier de veiller. Veillez donc, vous aussi ; car vous ne savez pas quand le maître de la maison viendra, si ce sera le soir, ou à minuit, ou au chant du coq, ou le matin. Craignez qu'arrivant tout à coup, il ne vous trouve endormis. Ce que je vous dis, je le dis à tous : veillez ! » (Marc 13: 32-37.)

Depuis que Jésus-Christ est venu, l'heure de Dieu a sonné et cette heure est la dernière. L'Évangile nous dit que Celui qui est venu comme un serviteur reviendra comme un Roi, le seul Roi, le Seigneur du ciel et de la terre. Celui qui est venu dans l'étable de Bethléhem reviendra sur les nuées du ciel. Les chrétiens savent cela et ils prient : Que ton règne vienne ! Et si Dieu tarde à venir et à exercer Son jugement, s'Il laisse les hommes faire, semble-t-il, ce qu'ils veulent, les chrétiens savent que ce n'est pas parce qu'Il. nous a abandonnés et qu'Il ne se soucie plus de nous, « comme quelques-uns se l'imaginent ; mais parce que le Seigneur use de patience envers nous, voulant que personne ne périsse, mais que tous, au contraire, viennent à la repentance. » (II. Pierre 3: 9.)

« Devant le Seigneur, un jour est comme mille ans et mille ans sont comme un jour. » Dieu ne compte pas le temps comme nous. Ses jours n'ont pas la durée des nôtres. Mais ce que nous devons savoir, c'est que les jours sont comptés le jugement du monde vient !

Parce que Jonas, qui s'était lui-même repenti, a été fidèle à ce message de l'amour et de la justice de Dieu, les Ninivites, eux aussi, se repentirent. Lorsque le Jugement est pris au sérieux, la Grâce vient. Rappelez-vous Noé : s'il n'avait pas cru que Dieu détruirait la terre par le déluge, il n'aurait pas pris la peine de construire l'arche ! S'il n'avait pas cru au jugement, il aurait été lui-même jugé. Nous le voyons : c'est en croyant à la colère de Dieu qu'on s'en sauve !

« Les habitants de Ninive crurent à Dieu. Ils publièrent un jeûne et se revêtirent de sacs, depuis les plus grands d'entre eux jusqu'aux plus petits. »

Vous entendez : des plus grands jusqu'aux plus petits, tous se repentent pour se sauver de la colère à venir. Tous ont besoin de repentance : les riches comme les pauvres, les vertueux comme les débauchés, les prêtres comme les courtisanes, le roi lui-même comme les plus bas de ses sujets. « Que tous crient à Dieu avec force ; qu'ils renoncent à leur mauvaise conduite et aux actions iniques dont leurs mains sont coupables. »
Tous ont péché ; tous ont les mains sales de péchés. Devant Dieu personne n'échappe, « depuis les plus grands jusqu'aux plus petits. »

Mais c'est parce qu'ils crurent à Dieu que les Ninivites purent se repentir. Sans la connaissance de ce Dieu-là, de Son jugement et de Sa grâce, il n'y a pas de repentance possible. Et comment auraient-ils pu croire à Dieu, si Jonas ne leur avait annoncé Sa parole ?

Ici encore, nous voyons reparaître la responsabilité de l'Eglise, de tous les membres de l'Eglise, des laïques comme des pasteurs. Dieu nous a chargés de Son message, et c'est seulement si nous le faisons connaître fidèlement au monde que le monde pourra se repentir. Il ne le peut autrement. Et plutôt que d'accuser le monde, voyons si ce n'est pas nous-mêmes qu'il convient d'accuser !

Le décret que le roi fit publier à Ninive se terminait par ces mots : « Qui sait si Dieu ne viendra pas à se repentir, et s'il ne laissera pas fléchir son ardente colère, pour que nous ne périssions pas ? » Il est rare, malheureusement, qu'un roi parle ainsi ; et dans les pays qui n'ont pas de roi, comme la Suisse, on n'a jamais vu un décret pareil. Pourtant, le peuple suisse passe pour « religieux », et ses magistrats (surtout lorsque le pays est en danger), aiment à citer certaines paroles de l'Évangile.

Mais un décret comme celui du roi de Ninive, on n'en a jamais vu en Suisse ! Il n'a jamais été question de « l'ardente colère de Dieu ». On dirait que c'est une chose qui n'existe plus ou qui n'existe pas pour la Suisse. Notre pays est épargné, et l'on trouve cela, somme toute assez naturel.

Ne croyez-vous pas, cependant, que les péchés de la Suisse, comme ceux de Ninive, montent jusqu'à Dieu ? Et parmi ces péchés il y a justement et avant tout autre, celui de notre ingratitude, de notre méconnaissance de la grâce qui nous est faite au milieu de tant de nations éprouvées - et pourtant qui oserait prétendre que Dieu nous épargne parce que nous nous sommes repentis ?

Le repentir est la seule chose qui puisse nous sauver de l'ardente colère de Dieu. Si, chez nous, tous criaient à Dieu avec force, si tous renonçaient à leur mauvaise conduite et aux actions iniques dont leurs mains sont coupables, alors arriverait le miracle dont il est parlé : « Alors, Dieu ayant vu comment ils agissaient et comment ils renonçaient à leur mauvaise conduite, se repentit du mal qu'il avait résolu de leur faire, et il n'accomplit pas sa menace ».

Dieu se repentira, non pas parce que nous sommes Suisses, ou parce que nous sommes un peuple dit chrétien, mais seulement parce que nous nous serons repentis !

Surtout, ne nous tranquillisons pas en disant : « Dieu se repent toujours, Ses menaces restent des menaces »... C'est justement alors que Dieu ne se repent pas et qu'Il donne libre cours à Son ardente colère.

Les Ninivites se repentirent à la prédication de Jonas. Nous, chrétiens, nous avons quelqu'un qui est plus grand que Jonas. Nous avons Jésus-Christ, la Parole éternelle faite chair, Jésus-Christ dont les paroles ne passeront pas, qui non seulement a prêché, mais qui a scellé Ses paroles de Sa mort et de Sa résurrection.

C'est pourquoi, dit Jésus : « Les Ninivites se lèveront, au jour du jugement, avec cette génération, et ils la condamneront, parce qu'ils se repentirent à la prédication de Jonas. Or, voici : il y a ici plus que Jonas ! »

Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant