Jonas, étant dans le ventre du
poisson, adressa une prière à
l'Éternel, son Dieu, en ces mots :
« Dans ma
détresse j'ai invoqué
l'Éternel
Et il m'a répondu.
Du sein du sépulcre, je
t'ai invoqué,
Et tu as entendu ma
voix,
Tu m'avais jeté dans
l'abîme, au fond de la mer,
Et les courants
m'enveloppaient.
Toutes tes vagues et
tous tes
flots passaient sur moi.
Déjà je me
disais : Je suis rejeté loin de tes
regards.
Permets-moi seulement
de voir
encore ton saint temple.
Les eaux
m'environnaient ;
j'allais perdre la vie.
L'abîme me cernait de
toutes parts.
Les algues entouraient
ma
tête,
J'étais descendu
jusqu'aux
racines des montagnes
La terre me fermait ses
barrières pour toujours.
Mais tu m'as fait
remonter vivant
de la tombe, ô Éternel, mon
Dieu !
Quand mon âme
défaillait en moi, je me suis souvenu de
l'Éternel,
Et ma prière est
parvenue
jusqu'à toi, dans ton saint
temple.
Ceux qui s'attachent à
de
vaines idoles,
Ceux-là abandonnent
Celui
qui leur fait grâce.
Mais moi, je t'offrirai
des
sacrifices, en célébrant tes
louanges ;
J'accomplirai les voeux
que j'ai
formés.
Le salut vient de
l'Éternel ! »
Alors l'Éternel donna
l'ordre au poisson de rejeter Jonas sur la
terre.
Il arrive à la Bible de nous placer
devant de hautes montagnes, trop
élevées, trop dangereuses pour nous.
Rappelez-vous le Sinaï où Moïse se
tient seul, enveloppé de la présence
de Dieu dont la gloire est comme un feu
dévorant - et cette autre montagne sur
laquelle Jésus ne monte qu'avec quelques-uns
de ses disciples : la gloire qui
resplendissait sur le Sinaï éclate
maintenant dans la personne de Jésus, elle
le transfigure, « et son visage devint
resplendissant comme le
soleil »...
Mais il arrive au même Livre
de nous placer devant certains abîmes dont la
profondeur nous échappe
également : c'est là que nous
nous trouvons dans le deuxième chapitre de
Jonas. Et c'est comme si, dans la profondeur de cet
abîme, se reflétait la gloire des
sommets. Là au fond, « aux racines
des montagnes », l'Éternel
règne ! Là aussi, Sa gloire
rayonne ! Là, Jésus-Christ se
révèle vraiment comme le Seigneur qui
« tient les clefs de la mort et du
sépulcre »
(Apocalypse
1: 18)...
On a beaucoup discuté du
miracle de Jonas, de la possibilité pour un
homme de rester vivant trois jours et trois nuits
dans le ventre d'un
poisson ! Mais s'agit-il ici de
possibilités humaines ? Ne s'agit-il
pas de Dieu, du Dieu de la Bible à qui
justement l'impossible est possible ? Le
miracle de Jonas, les chrétiens le vivent et
en vivent : c'est le miracle de la
grâce.
Une prière monte des
profondeurs de la mer, la prière d'un homme
qui, pour avoir désobéi à
l'ordre de Dieu, a été
précipité dans les flots. Cet homme a
disparu, la mer l'a englouti. Et son histoire se
terminerait ici... si Dieu n'accomplissait pour lui
un miracle ! Quoi ? un miracle pour le
prophète infidèle qui a
cherché à fuir à Tarsis !
L'Éternel aurait-il besoin de Jonas ?
Ne peut-Il se susciter un autre messager ? -
Certes, l'Éternel pourrait fort bien
abandonner Jonas au fond de l'abîme, le
laisser devenir la proie des flots et des poissons.
Il pourrait le faire, il nous semble même
qu'Il devrait le faire ! (Jonas l'aurait
mérité), mais justement Il ne le fait
pas ! Il y a une grâce pour le
pécheur, la
grâce !
Voilà le miracle de l'amour
de Dieu, le miracle de Jonas dont le
chrétien vit chaque jour.
Mais il y a un autre miracle
encore,
qui s'accomplit dans la personne même du
prophète.
« Jonas, étant dans
le ventre du poisson, adressa une prière
à l'Éternel, son Dieu, en ces
mots : Dans ma détresse, j'ai
invoqué l'Éternel, et il m'a
répondu. Du sein du Sépulcre, je t'ai
invoqué, et tu as entendu ma voix. Tu
m'avais jeté dans l'abîme, au fond de
la mer, et les courants m'enveloppaient. Toutes tes
vagues et tous tes flots passaient sur moi.
Déjà je me disais : je suis
rejeté loin de tes regards. Permets-moi
seulement de voir encore ton saint
temple. »
Est-ce bien du même homme
qu'il s'agit, de celui qui, au chapitre premier,
n'avait qu'un but, qu'un désir : fuir loin de
la face de
l'Éternel, échapper à Sa
présence gênante ? Le même
qui tournait le dos à Dieu, maintenant crie
à Lui, et ne demande qu'une chose :
« Permets-moi seulement de voir encore
ton saint temple ! » Maintenant,
« dans la détresse, au sein du
Sépulcre », cet homme
expérimente et comprend ce que c'est que
d'être loin de la face de
l'Éternel ; c'est être
précisément dans la détresse
et le sépulcre, là où l'homme
ne peut plus rien pour lui-même qu'invoquer
l'Éternel ! La colère de Dieu,
que Jonas n'a pas cru possible, Son jugement qu'il
n'a pas daigné prendre au sérieux,
c'est en sa propre personne que le serviteur
infidèle les ressent maintenant, c'est
sur lui-même maintenant que s'exerce
le courroux et que s'abat le jugement de
Dieu ! « Toutes tes vagues et tous
tes flots passaient sur
moi... »
Cette fois Jonas comprend
qu'« on ne se moque pas de
Dieu » et que « c'est une chose
terrible que de tomber entre les mains du Dieu
vivant ». En un mot - et c'est aussi un
miracle - Jonas se repent.
Qu'un homme se repente, c'est un
miracle aussi grand que d'habiter dans le ventre
d'un poisson. C'est une chose tellement
extraordinaire, tellement magnifique
qu'« il y a plus de joie dans le ciel
pour un seul pécheur qui se repent que pour
quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin
de repentance ».
L'homme ne se repent vraiment
que
lorsque la colère de Dieu le cerne de toutes
parts. Et encore faut-il qu'il sache que c'est
parce qu'il a péché contre
l'Éternel, qu'il est dans la détresse
et le sépulcre ! Ce n'est pas parce que
le hasard ou la malchance a voulu qu'une
tempête s'élevât sur la mer que
Jonas est dans la détresse ; non !
c'est le jugement même de Dieu qui
s'accomplit. Jonas le sait : ce n'est pas
n'importe quelle puissance qui l'a jeté dans
l'abîme - c'est la main de Dieu
(« tu m'avais jeté dans
l'abîme ») ! Et ce ne sont pas n'importe
quelles
vagues et quels flots qui passent sur lui
(« toutes tes vagues et tous tes flots
passaient sur moi ») !
...
Celui qui s'étonnerait ici de
la cruauté de Dieu n'aurait rien compris
à Son amour. Sa justice aussi est amour, et Sa colère elle-même
nous aime.
La Bible le dit et le répète :
c'est parce que Dieu nous aime qu'il nous
juge ! Et s'il nous punit, c'est pour nous
amener à la repentance qui est le seul
chemin qui conduise à Lui ; chemin
étroit et resserré ! Il y en a
de plus larges et de plus beaux - mais ils ne
conduisent pas au Dieu de Jésus-Christ dont
le chemin (ne l'oublions pas) passe par la
Croix.
Cet homme qui s'enfuyait loin de
Sa
face, l'Éternel aurait pu le laisser fuir...
Mais Il est le Bon Berger ! Et le bon berger
fait tout, met tout sens dessus dessous,
n'épargne ni le vent, ni la mer,
jusqu'à ce que la tempête arrête
celui qui Le fuit !... Oui, tout cela pour un
homme, pour un pécheur !
Voilà comment Dieu nous aime,
nous cherche et nous rattrape ; voilà
comment celui qui voulait partir à Tarsis se
retrouve dans la main de Dieu - au fond de
l'abîme ! Et, en même temps qu'il
reconnaît que Dieu l'a jugé et puni
(comme il le méritait), Jonas confesse que
le même Dieu a entendu sa voix du fond
de la détresse. Il proclame que son Juge
est aussi et en même temps son Sauveur.
Tel est le mystère de l'amour de Dieu. Et
nul ne peut connaître Sa grâce, s'il ne
connaît Son jugement. Et celui qui voudrait
supprimer Sa colère supprimerait Son
amour.
Certainement, Jonas est dans
l'abîme ! Mais là, justement
là, il est dans le ventre du poisson !
Puni, oui mais aussi gracié !
Rejeté, mais en même temps recueilli
Perdu, du moins selon les apparences, mais
là, justement là, dans la perdition,
Dieu le sauve ! « je suis en enfer -
disait Luther - mais la
grâce qui me le montre me met au
paradis. » N'est-ce pas ce qu'a dû
ressentir Jonas ? Plongé dans
l'abîme, et voici que l'abîme ne peut
rien contre lui ! Enveloppé par les
eaux, et cependant sauvé des
eaux...
Ce n'est pas autrement que Dieu
agit
envers Ses enfants, encore aujourd'hui. Ses
enfants, Il ne les met pas sur un piédestal,
au-dessus des vagues et des flots, à l'abri
des dangers. Il les laisse dans le monde, en pleine
mêlée, en plein péril ;
mais là, justement là, Il les sauve
de la détresse, Il les protège et les
garde ! « Je ne te prie pas de les
ôter du monde - dit Jésus - mais de
les préserver du mal ».
Apparemment, le chrétien n'est pas plus
sauvé que les autres. Lui aussi est dans
l'abîme ; mais, tandis que les autres ne
savent pas pourquoi, le chrétien sait qu'il
y est par le juste jugement de Dieu. Et tandis que
les autres crient et s'endurcissent, le
chrétien prie et fait
pénitence ; comme Jonas, il se souvient
de Dieu. « Quand mon âme
défaillait en moi, je me suis souvenu de
l'Éternel, et ma prière est parvenue
jusqu'à Toi. » Il sait qu'au plus
profond de l'abîme il a un
Sauveur.
La prière de Jonas nous
étonne : elle est plus une action de
grâces, un cri de reconnaissance, qu'une
supplication. Au fond, elle est la prière
d'un homme qui sait que sa prière est déjà exaucée, et que ce
qu'il a demandé à Dieu, il l'a
déjà obtenu
(Marc
11 : 24). Il est encore
dans l'abîme que déjà il
s'écrie : « Tu m'as fait
remonter vivant de la tombe, ô
Éternel, mon Dieu ! » Il sait
qu'il est sauvé, mais - comme le dira
l'apôtre Paul - c'est « en
espérance ». Jonas ne voit
pas son salut, il le croit. (« C'est par
la foi que nous marchons, et non par la
vue. ») Sa prière est
véritablement celle du croyant qui prie en
croyant que Dieu l'a déjà
exaucé.
Jonas nous le dit :
« L'Éternel est celui qu'on
oublie ». Mais Il a des façons de
se rappeler à nous qui font que nous crions à Lui.
Et alors, il
arrive cette chose incroyable : Celui
que
nous avions
oublié se souvient de nous ! Et bien
qu'Il soit le Très-Haut et que nous soyons
dans l'abîme, notre prière parvient
jusqu'à Lui. « Car je suis
assuré que ni la mort, ni la vie... ni
hauteur, ni abîme, ne pourra nous
séparer de l'amour que Dieu nous a
témoigné en Jésus-Christ,
notre Seigneur. » (Romains 8:
38-39.)
L'amour que Dieu nous a
témoigné en Son Fils, rien ne peut
nous en séparer, parce que
Jésus-Christ Lui-même est descendu
dans l'abîme. « De même que
Jonas fut dans le ventre du grand poisson trois
jours et trois nuits, ainsi le Fils de l'homme sera
dans le sein de la terre trois jours et trois
nuits »
(Matthieu
12:40). Christ est descendu
dans un abîme beaucoup plus profond que celui
de Jonas, celui de l'abandon total, de la totale
détresse : « Mon Dieu, mon
Dieu pourquoi m'as-tu
abandonné ? » Il est vraiment mort, Il a vraiment
été abandonné. « Il
n'a eu personne pour lui. »
(Daniel
9:26.) Il n'y a pas eu pour
Lui ce poisson qui recueillit Jonas. Rien ne l'a
protégé contre la puissance de
l'abîme. Et si la colère de Dieu l'a
frappé, si tous Ses flots ont passé
sur Lui, ce n'est pas parce qu'Il avait
désobéi à l'ordre de
Dieu ! Jésus, lui, n'a pas
essayé de fuir à Tarsis ! Il est
allé à Ninive ; Il est
entré dans nos ténèbres ;
Il est descendu dans notre monde dont
l'iniquité, comme celle de la grande ville,
monte jusqu'à Dieu. Il est venu chez
nous, à Ninive. Car « la
Parole a été faite chair ; elle
a habité parmi nous, pleine de grâce
et de vérité. »
(Jean
1:14.) Et cette tour de nos
péchés qui monte jusqu'au ciel, Il
l'a prise sur Lui, Il l'a portée et
supportée ; le châtiment est
tombé sur lui. Voilà pourquoi Il a
été trois jours et trois nuits, non
dans le ventre d'un poisson (Sa mort n'est pas une
demi-mort, une apparence de mort), mais Il a
été réellement enseveli dans
le sépulcre de Joseph d'Arimathée.
Voilà pourquoi « il y a ici plus
que
Jonas »
(Matthieu
12 : 41), plus que
l'abîme de la mer, plus que l'image de la
mort ; mais aussi - à cause de cela
même - il y a ici plus que la
délivrance de Jonas : il y a la
Résurrection !
En Jésus-Christ, le
Très-Haut s'est fait le Très-Bas, Il
est descendu dans la détresse et le
sépulcre. Ces profondeurs n'ont pas de
mystères pour Lui. « Le
Sépulcre est à nu devant Dieu et
l'abîme est sans voile. »
(Job
26.6.) Voilà pourquoi la
prière de Jonas, comme la nôtre, du
plus profond des flots, parvient jusqu'au
Très-Haut.
Mais ce chapitre
2 a encore quelque chose
à nous dire. Il y est parlé d'un
grand poisson. Est-ce une baleine, comme on le dit
couramment ? Nous ne savons pas. La Bible ne
juge pas nécessaire de préciser
à quel animal nous avons affaire. Le nom du
poisson importe peu, en effet, il n'a même
aucune importance. Ce que la Bible veut nous dire,
c'est que toutes les créatures, même
les monstres (qu'ils soient de la mer ou de la
terre) sont dans la main de Dieu, et servent
à glorifier Son Nom. « Louez
l'Éternel, vous, monstres marins, et vous
tous, abîmes ! »
(Psaume
148: 7.) Dieu sait pourquoi
Il a créé ces êtres qui nous
semblent sortir de l'enfer et dont nous ne voyons
pas très bien l'utilité... Et quand
Job s'écrie, en parlant de
Léviathan : « Qui a pu
pénétrer dans sa double
mâchoire ? Qui a ouvert l'entrée
de sa gueule ? » - nous savons,
nous, que Dieu a ouvert la gueule d'un monstre et
qu'Il a fait pénétrer dans sa double
mâchoire Son serviteur infidèle, non
pour qu'il fût dévoré, mais
à l'abri des vagues et des flots !
Les monstres ne font pas ce
qu'ils
veulent ni comme ils veulent, même pas Satan,
le pire de tous. (Voir l'Apocalypse !) Eux
aussi, qu'ils le veuillent ou non, sont soumis
à la volonté du Tout-Puissant,
tellement que ce qui pourrait et devrait nous nuire
contribue plutôt, par la miséricorde
de Dieu, à notre bien et à notre
salut. Nous pouvons bien dire, en pensant à
Jonas dans le ventre du monstre :
« Si Dieu est pour nous, qui sera contre
nous ? » Et qu'elle est vraie, la
parole de saint Paul : « Toutes
choses concourent au bien de ceux qui aiment
Dieu » !
(Romains
8: 28.)
La Bible nous le dit :
il y a
une bénédiction de l'abîme.
« Grâce au Tout-Puissant qui te
bénira, tu auras en partage les
bénédictions d'En-Haut et les
bénédictions du profond
abîme. »
(Genèse
49: 25.) N'est-ce pas
au fond de l'abîme que Jonas s'est
repenti ? N'est-ce pas dans la détresse
et le sépulcre qu'il a connu ce
qu'étaient l'amour et la toute-puissance de
Dieu ? Il fallait que le prophète
désobéissant fût enseveli par
les flots et comme mort à lui-même
pour devenir un homme nouveau, l'homme qui n'a plus
qu'un désir : revoir le saint temple de
l'Éternel...
Nous, nous avons un autre
baptême, dans un autre abîme que celui
de Jonas. Mais il faut aussi que notre vieil homme,
avec tous ses péchés, soit enseveli.
« Ou bien ignorez-vous que nous tous qui
avons été baptisés en
Jésus-Christ, nous avons été
baptisés en sa mort ? Nous avons donc
été ensevelis avec lui par le
baptême en sa mort, afin que, comme Christ
est ressuscité des morts par la gloire du
Père, de même, nous aussi, nous
vivions d'une vie nouvelle. »
(Romains
6: 3-4.)
Dès maintenant, dès
aujourd'hui, nous pouvons
« célébrer les louanges de
l'Éternel. », le bénissant
de ce que Lui, qui règne aux racines comme
aux sommets des montagnes, et rend les monstres
impuissants, veut être notre Dieu comme Il a été le
Dieu de
Jonas, le Dieu de Jésus-Christ, le Dieu qui
délivre de l'abîme et du
sépulcre ! Nous pouvons le louer, nous
devons vivre en Le louant, dans la certitude que,
pour nous aussi, le jour vient où sera
prononcée par Lui la parole de la
délivrance : « Alors,
l'Éternel donna l'ordre au poisson de
rejeter Jonas sur la terre ».
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