Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'Eglise rejetée et recueillie

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JONAS : CHAPITRE II.


Jonas, étant dans le ventre du poisson, adressa une prière à l'Éternel, son Dieu, en ces mots :

« Dans ma détresse j'ai invoqué l'Éternel
Et il m'a répondu.
Du sein du sépulcre, je t'ai invoqué,
Et tu as entendu ma voix,
Tu m'avais jeté dans l'abîme, au fond de la mer,
Et les courants m'enveloppaient.
Toutes tes vagues et tous tes flots passaient sur moi.
Déjà je me disais : Je suis rejeté loin de tes regards.
Permets-moi seulement de voir encore ton saint temple.
Les eaux m'environnaient ; j'allais perdre la vie.
L'abîme me cernait de toutes parts.
Les algues entouraient ma tête,
J'étais descendu jusqu'aux racines des montagnes
La terre me fermait ses barrières pour toujours.
Mais tu m'as fait remonter vivant de la tombe, ô Éternel, mon Dieu !
Quand mon âme défaillait en moi, je me suis souvenu de l'Éternel,
Et ma prière est parvenue jusqu'à toi, dans ton saint temple.
Ceux qui s'attachent à de vaines idoles,
Ceux-là abandonnent Celui qui leur fait grâce.
Mais moi, je t'offrirai des sacrifices, en célébrant tes louanges ;
J'accomplirai les voeux que j'ai formés.
Le salut vient de l'Éternel ! »
Alors l'Éternel donna l'ordre au poisson de rejeter Jonas sur la terre.




Il arrive à la Bible de nous placer devant de hautes montagnes, trop élevées, trop dangereuses pour nous. Rappelez-vous le Sinaï où Moïse se tient seul, enveloppé de la présence de Dieu dont la gloire est comme un feu dévorant - et cette autre montagne sur laquelle Jésus ne monte qu'avec quelques-uns de ses disciples : la gloire qui resplendissait sur le Sinaï éclate maintenant dans la personne de Jésus, elle le transfigure, « et son visage devint resplendissant comme le soleil »...

Mais il arrive au même Livre de nous placer devant certains abîmes dont la profondeur nous échappe également : c'est là que nous nous trouvons dans le deuxième chapitre de Jonas. Et c'est comme si, dans la profondeur de cet abîme, se reflétait la gloire des sommets. Là au fond, « aux racines des montagnes », l'Éternel règne ! Là aussi, Sa gloire rayonne ! Là, Jésus-Christ se révèle vraiment comme le Seigneur qui « tient les clefs de la mort et du sépulcre » (Apocalypse 1: 18)...

On a beaucoup discuté du miracle de Jonas, de la possibilité pour un homme de rester vivant trois jours et trois nuits dans le ventre d'un poisson ! Mais s'agit-il ici de possibilités humaines ? Ne s'agit-il pas de Dieu, du Dieu de la Bible à qui justement l'impossible est possible ? Le miracle de Jonas, les chrétiens le vivent et en vivent : c'est le miracle de la grâce.

Une prière monte des profondeurs de la mer, la prière d'un homme qui, pour avoir désobéi à l'ordre de Dieu, a été précipité dans les flots. Cet homme a disparu, la mer l'a englouti. Et son histoire se terminerait ici... si Dieu n'accomplissait pour lui un miracle ! Quoi ? un miracle pour le prophète infidèle qui a cherché à fuir à Tarsis ! L'Éternel aurait-il besoin de Jonas ? Ne peut-Il se susciter un autre messager ? - Certes, l'Éternel pourrait fort bien abandonner Jonas au fond de l'abîme, le laisser devenir la proie des flots et des poissons. Il pourrait le faire, il nous semble même qu'Il devrait le faire ! (Jonas l'aurait mérité), mais justement Il ne le fait pas ! Il y a une grâce pour le pécheur, la grâce !

Voilà le miracle de l'amour de Dieu, le miracle de Jonas dont le chrétien vit chaque jour.
Mais il y a un autre miracle encore, qui s'accomplit dans la personne même du prophète.

« Jonas, étant dans le ventre du poisson, adressa une prière à l'Éternel, son Dieu, en ces mots : Dans ma détresse, j'ai invoqué l'Éternel, et il m'a répondu. Du sein du Sépulcre, je t'ai invoqué, et tu as entendu ma voix. Tu m'avais jeté dans l'abîme, au fond de la mer, et les courants m'enveloppaient. Toutes tes vagues et tous tes flots passaient sur moi. Déjà je me disais : je suis rejeté loin de tes regards. Permets-moi seulement de voir encore ton saint temple. »

Est-ce bien du même homme qu'il s'agit, de celui qui, au chapitre premier, n'avait qu'un but, qu'un désir : fuir loin de la face de l'Éternel, échapper à Sa présence gênante ? Le même qui tournait le dos à Dieu, maintenant crie à Lui, et ne demande qu'une chose : « Permets-moi seulement de voir encore ton saint temple ! » Maintenant, « dans la détresse, au sein du Sépulcre », cet homme expérimente et comprend ce que c'est que d'être loin de la face de l'Éternel ; c'est être précisément dans la détresse et le sépulcre, là où l'homme ne peut plus rien pour lui-même qu'invoquer l'Éternel ! La colère de Dieu, que Jonas n'a pas cru possible, Son jugement qu'il n'a pas daigné prendre au sérieux, c'est en sa propre personne que le serviteur infidèle les ressent maintenant, c'est sur lui-même maintenant que s'exerce le courroux et que s'abat le jugement de Dieu ! « Toutes tes vagues et tous tes flots passaient sur moi... »

Cette fois Jonas comprend qu'« on ne se moque pas de Dieu » et que « c'est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant ». En un mot - et c'est aussi un miracle - Jonas se repent.

Qu'un homme se repente, c'est un miracle aussi grand que d'habiter dans le ventre d'un poisson. C'est une chose tellement extraordinaire, tellement magnifique qu'« il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentance ».

L'homme ne se repent vraiment que lorsque la colère de Dieu le cerne de toutes parts. Et encore faut-il qu'il sache que c'est parce qu'il a péché contre l'Éternel, qu'il est dans la détresse et le sépulcre ! Ce n'est pas parce que le hasard ou la malchance a voulu qu'une tempête s'élevât sur la mer que Jonas est dans la détresse ; non ! c'est le jugement même de Dieu qui s'accomplit. Jonas le sait : ce n'est pas n'importe quelle puissance qui l'a jeté dans l'abîme - c'est la main de Dieu (« tu m'avais jeté dans l'abîme ») ! Et ce ne sont pas n'importe quelles vagues et quels flots qui passent sur lui (« toutes tes vagues et tous tes flots passaient sur moi ») ! ...

Celui qui s'étonnerait ici de la cruauté de Dieu n'aurait rien compris à Son amour. Sa justice aussi est amour, et Sa colère elle-même nous aime. La Bible le dit et le répète : c'est parce que Dieu nous aime qu'il nous juge ! Et s'il nous punit, c'est pour nous amener à la repentance qui est le seul chemin qui conduise à Lui ; chemin étroit et resserré ! Il y en a de plus larges et de plus beaux - mais ils ne conduisent pas au Dieu de Jésus-Christ dont le chemin (ne l'oublions pas) passe par la Croix.

Cet homme qui s'enfuyait loin de Sa face, l'Éternel aurait pu le laisser fuir... Mais Il est le Bon Berger ! Et le bon berger fait tout, met tout sens dessus dessous, n'épargne ni le vent, ni la mer, jusqu'à ce que la tempête arrête celui qui Le fuit !... Oui, tout cela pour un homme, pour un pécheur !

Voilà comment Dieu nous aime, nous cherche et nous rattrape ; voilà comment celui qui voulait partir à Tarsis se retrouve dans la main de Dieu - au fond de l'abîme ! Et, en même temps qu'il reconnaît que Dieu l'a jugé et puni (comme il le méritait), Jonas confesse que le même Dieu a entendu sa voix du fond de la détresse. Il proclame que son Juge est aussi et en même temps son Sauveur. Tel est le mystère de l'amour de Dieu. Et nul ne peut connaître Sa grâce, s'il ne connaît Son jugement. Et celui qui voudrait supprimer Sa colère supprimerait Son amour.

Certainement, Jonas est dans l'abîme ! Mais là, justement là, il est dans le ventre du poisson ! Puni, oui mais aussi gracié ! Rejeté, mais en même temps recueilli Perdu, du moins selon les apparences, mais là, justement là, dans la perdition, Dieu le sauve ! « je suis en enfer - disait Luther - mais la grâce qui me le montre me met au paradis. » N'est-ce pas ce qu'a dû ressentir Jonas ? Plongé dans l'abîme, et voici que l'abîme ne peut rien contre lui ! Enveloppé par les eaux, et cependant sauvé des eaux...

Ce n'est pas autrement que Dieu agit envers Ses enfants, encore aujourd'hui. Ses enfants, Il ne les met pas sur un piédestal, au-dessus des vagues et des flots, à l'abri des dangers. Il les laisse dans le monde, en pleine mêlée, en plein péril ; mais là, justement là, Il les sauve de la détresse, Il les protège et les garde ! « Je ne te prie pas de les ôter du monde - dit Jésus - mais de les préserver du mal ». Apparemment, le chrétien n'est pas plus sauvé que les autres. Lui aussi est dans l'abîme ; mais, tandis que les autres ne savent pas pourquoi, le chrétien sait qu'il y est par le juste jugement de Dieu. Et tandis que les autres crient et s'endurcissent, le chrétien prie et fait pénitence ; comme Jonas, il se souvient de Dieu. « Quand mon âme défaillait en moi, je me suis souvenu de l'Éternel, et ma prière est parvenue jusqu'à Toi. » Il sait qu'au plus profond de l'abîme il a un Sauveur.

La prière de Jonas nous étonne : elle est plus une action de grâces, un cri de reconnaissance, qu'une supplication. Au fond, elle est la prière d'un homme qui sait que sa prière est déjà exaucée, et que ce qu'il a demandé à Dieu, il l'a déjà obtenu (Marc 11 : 24). Il est encore dans l'abîme que déjà il s'écrie : « Tu m'as fait remonter vivant de la tombe, ô Éternel, mon Dieu ! » Il sait qu'il est sauvé, mais - comme le dira l'apôtre Paul - c'est « en espérance ». Jonas ne voit pas son salut, il le croit. (« C'est par la foi que nous marchons, et non par la vue. ») Sa prière est véritablement celle du croyant qui prie en croyant que Dieu l'a déjà exaucé.

Jonas nous le dit : « L'Éternel est celui qu'on oublie ». Mais Il a des façons de se rappeler à nous qui font que nous crions à Lui. Et alors, il arrive cette chose incroyable : Celui que nous avions oublié se souvient de nous ! Et bien qu'Il soit le Très-Haut et que nous soyons dans l'abîme, notre prière parvient jusqu'à Lui. « Car je suis assuré que ni la mort, ni la vie... ni hauteur, ni abîme, ne pourra nous séparer de l'amour que Dieu nous a témoigné en Jésus-Christ, notre Seigneur. » (Romains 8: 38-39.)

L'amour que Dieu nous a témoigné en Son Fils, rien ne peut nous en séparer, parce que Jésus-Christ Lui-même est descendu dans l'abîme. « De même que Jonas fut dans le ventre du grand poisson trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l'homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits » (Matthieu 12:40). Christ est descendu dans un abîme beaucoup plus profond que celui de Jonas, celui de l'abandon total, de la totale détresse : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m'as-tu abandonné ? » Il est vraiment mort, Il a vraiment été abandonné. « Il n'a eu personne pour lui. » (Daniel 9:26.) Il n'y a pas eu pour Lui ce poisson qui recueillit Jonas. Rien ne l'a protégé contre la puissance de l'abîme. Et si la colère de Dieu l'a frappé, si tous Ses flots ont passé sur Lui, ce n'est pas parce qu'Il avait désobéi à l'ordre de Dieu ! Jésus, lui, n'a pas essayé de fuir à Tarsis ! Il est allé à Ninive ; Il est entré dans nos ténèbres ; Il est descendu dans notre monde dont l'iniquité, comme celle de la grande ville, monte jusqu'à Dieu. Il est venu chez nous, à Ninive. Car « la Parole a été faite chair ; elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité. » (Jean 1:14.) Et cette tour de nos péchés qui monte jusqu'au ciel, Il l'a prise sur Lui, Il l'a portée et supportée ; le châtiment est tombé sur lui. Voilà pourquoi Il a été trois jours et trois nuits, non dans le ventre d'un poisson (Sa mort n'est pas une demi-mort, une apparence de mort), mais Il a été réellement enseveli dans le sépulcre de Joseph d'Arimathée. Voilà pourquoi « il y a ici plus que Jonas » (Matthieu 12 : 41), plus que l'abîme de la mer, plus que l'image de la mort ; mais aussi - à cause de cela même - il y a ici plus que la délivrance de Jonas : il y a la Résurrection !

En Jésus-Christ, le Très-Haut s'est fait le Très-Bas, Il est descendu dans la détresse et le sépulcre. Ces profondeurs n'ont pas de mystères pour Lui. « Le Sépulcre est à nu devant Dieu et l'abîme est sans voile. » (Job 26.6.) Voilà pourquoi la prière de Jonas, comme la nôtre, du plus profond des flots, parvient jusqu'au Très-Haut.

Mais ce chapitre 2 a encore quelque chose à nous dire. Il y est parlé d'un grand poisson. Est-ce une baleine, comme on le dit couramment ? Nous ne savons pas. La Bible ne juge pas nécessaire de préciser à quel animal nous avons affaire. Le nom du poisson importe peu, en effet, il n'a même aucune importance. Ce que la Bible veut nous dire, c'est que toutes les créatures, même les monstres (qu'ils soient de la mer ou de la terre) sont dans la main de Dieu, et servent à glorifier Son Nom. « Louez l'Éternel, vous, monstres marins, et vous tous, abîmes ! » (Psaume 148: 7.) Dieu sait pourquoi Il a créé ces êtres qui nous semblent sortir de l'enfer et dont nous ne voyons pas très bien l'utilité... Et quand Job s'écrie, en parlant de Léviathan : « Qui a pu pénétrer dans sa double mâchoire ? Qui a ouvert l'entrée de sa gueule ? » - nous savons, nous, que Dieu a ouvert la gueule d'un monstre et qu'Il a fait pénétrer dans sa double mâchoire Son serviteur infidèle, non pour qu'il fût dévoré, mais à l'abri des vagues et des flots !

Les monstres ne font pas ce qu'ils veulent ni comme ils veulent, même pas Satan, le pire de tous. (Voir l'Apocalypse !) Eux aussi, qu'ils le veuillent ou non, sont soumis à la volonté du Tout-Puissant, tellement que ce qui pourrait et devrait nous nuire contribue plutôt, par la miséricorde de Dieu, à notre bien et à notre salut. Nous pouvons bien dire, en pensant à Jonas dans le ventre du monstre : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » Et qu'elle est vraie, la parole de saint Paul : « Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu » ! (Romains 8: 28.)

La Bible nous le dit : il y a une bénédiction de l'abîme. « Grâce au Tout-Puissant qui te bénira, tu auras en partage les bénédictions d'En-Haut et les bénédictions du profond abîme. » (Genèse 49: 25.) N'est-ce pas au fond de l'abîme que Jonas s'est repenti ? N'est-ce pas dans la détresse et le sépulcre qu'il a connu ce qu'étaient l'amour et la toute-puissance de Dieu ? Il fallait que le prophète désobéissant fût enseveli par les flots et comme mort à lui-même pour devenir un homme nouveau, l'homme qui n'a plus qu'un désir : revoir le saint temple de l'Éternel...

Nous, nous avons un autre baptême, dans un autre abîme que celui de Jonas. Mais il faut aussi que notre vieil homme, avec tous ses péchés, soit enseveli. « Ou bien ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, nous avons été baptisés en sa mort ? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même, nous aussi, nous vivions d'une vie nouvelle. » (Romains 6: 3-4.)

Dès maintenant, dès aujourd'hui, nous pouvons « célébrer les louanges de l'Éternel. », le bénissant de ce que Lui, qui règne aux racines comme aux sommets des montagnes, et rend les monstres impuissants, veut être notre Dieu comme Il a été le Dieu de Jonas, le Dieu de Jésus-Christ, le Dieu qui délivre de l'abîme et du sépulcre ! Nous pouvons le louer, nous devons vivre en Le louant, dans la certitude que, pour nous aussi, le jour vient où sera prononcée par Lui la parole de la délivrance : « Alors, l'Éternel donna l'ordre au poisson de rejeter Jonas sur la terre ».

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