À défaut de l'homme, qu'on
nous montre son portrait ; à nous qui
ne pouvons l'entendre, qu'on donne du moins
l'occasion de le lire. Par bonheur, nous avons son
portrait et le compte-rendu de l'un de ses
discours. On lui avait demandé, il y a peu
de mois, d'adresser la parole aux
élèves de l'École des langues,
à Pékin, ce qu'il fit en chinois.
Nous donnons ici la plus grande partie de cette
allocution, d'après la traduction anglaise
qu'en fit le Dr. G. L. Davis. On pourra ainsi
l'entendre plaider lui-même la cause de sa
patrie, en exposer les besoins, et rendre
témoignage à l'action de la
grâce de Dieu dans sa propre vie.
"On m'a demandé de parler ce
matin aux élèves de l'École
des langues, mais je ne me doutais pas que les
maîtres de l'Association Pédagogique
de Chihli-Shansi seraient aussi là, de sorte
que je me sens fort intimidé en
présence d'un groupe aussi éminent
d'éducateurs, et fort embarrassé de
savoir que dire pour votre profit et votre
instruction. Mais, puisque aux yeux de Dieu nous
sommes tous ses enfants, je m'enhardis à
vous adresser la parole, en raison de nos communes
relations avec le Père céleste.
"Une fois déjà, à
Pékin, j'ai remarqué qu'on ne saurait
dire trois mots sans mentionner sa
profession ; il me faut donc vous parler ce
matin des soldats. La situation du pays est
déplorable. Vous demandez qui va vous
protéger. Beaucoup d'étrangers ici
présents vont répondre
aussitôt : "Nous sommes sous la
protection des ambassadeurs et des soldats de la
Rue des Légations." Mais, mes amis, à
supposer que vous sortiez de la ville, ou que vous
descendiez dans le Honan, et que vous rencontriez
un voleur, qui est-ce qui vous
protégerait ? On munit les soldats de
fusils pour qu'ils puissent défendre les
gens, mais, lorsqu'ils se servent de leurs fusils
contre eux, la situation est vraiment lamentable.
Qui peut protéger le pauvre Chinois ?
Et qu'en est-il des soldats ? En se levant le
matin, ils jurent ; toute la matinée
ils ont un langage ordurier ; et toute la
soirée est employée à mal
faire ....
"Ce n'est pas sans peine et sans luttes
que j'ai appris à mes soldats qu'ils sont
les serviteurs du peuple, et qu'on ne leur a pas
donné des armes pour épouvanter les
braves gens. Vous avez tous pu voir ce qui se passe
dans la rue s'il arrive à une ricksha
(1)
de heurter un
soldat sur sa bicyclette. Celui-ci attaque à
bras raccourcis le cocher de la ricksha et la
personne qu'il conduit, et il exige d'eux des
dommages-intérêts exorbitants. Mes
soldats, en revanche, ont enfin appris que, s'il
leur arrive un accident en rue, ils n'ont qu'à se
relever, à
se débarrasser de la poussière, et
à passer tranquillement leur chemin, ce qui
fait une impression merveilleuse sur la
population.
"Tout récemment, un de mes
soldats déambulait le long d'une rue de
village, lorsqu'un petit garçon de magasin
parut à la porte et, sans regarder qui
passait, vida tout un bassin d'eau sale de telle
façon que le soldat en reçut une
bonne partie sur son uniforme. Vous vous
représentez ce qui serait arrivé dans
un cas pareil, avec un soldat ordinaire : il
aurait roué de coups le gamin et
extorqué une belle somme au marchand. Mais
ce soldat s'essuya tout simplement et poursuivit sa
route. Ce sont ces détails qui montrent que
les troupes commencent à apprendre quelque
chose du christianisme ....
"Certaines gens diront :
"Voilà Feng Yü-hsiang qui se vante
encore, quand la porte est close. Qu'a-t-il donc
fait ? Il a enrôlé 20,000 pauvres
campagnards ignorants, il a versé un peu
d'eau sur leurs têtes, et il les a dits
chrétiens." Mais en réalité
nous avons mis beaucoup de soin à instruire
patiemment les soldats avant de les autoriser
à s'appeler chrétiens, nous avons
résisté à leur impatience, et
nous avons tenu à ce qu'ils fussent
parfaitement libres dans leurs décisions. Et
maintenant, le matin en se levant, ils chantent un
air patriotique ; puis, au retour de
l'exercice, au moment de se mettre à table
pour le déjeuner, ils chantent encore un
cantique d'actions de grâces. À midi,
le travail s'arrête, et l'on demande à
chaque soldat de se lever, de se découvrir
et de prier pour sa patrie. Ils
peuvent le faire comme ils veulent, mais nous leur
proposons cette formule de
prière : » 0 Dieu, aie
compassion des hommes qui sont au pouvoir en Chine,
et aide-les à faire un bon usage de leur
autorité."
"Des Chinois en grand nombre nous
disent : "Donnez peu à manger à
vos soldats ; qu'ils aient faim ; qu'ils
soient chargés de travail, qu'ils trouvent
la vie misérable et qu'ils soient tout
contents de mourir, quand viendra la bataille."
Mais ce n'est pas là ma façon de
traiter les soldats. Ils doivent être
convenablement nourris et convenablement
vêtus.
La huitième année de la
République, j'ai eu un entretien avec Son
Excellence Hsü Shih-chang, et je lui
dis : "Monsieur le Président, il me
semble que c'est bien de la complaisance de votre
part, de vous asseoir sur un tas de bois sec
imbibé de pétrole, qui n'attend plus
que l'allumette qui mettra le feu."
- "Eh quoi !" dit le
Président, le danger est-il si grand que
ça ?"
- "Oui, "repris-je, "il est aussi grand
que ça; il y a partout dans le pays des
centaines de milliers de soldats qui n'ont pas
été payés et qui saisiront la
première occasion pour se révolter.
Votre ministre de la guerre a jugé bon de
régler les comptes des diverses
armées en les marquant "payés" chaque
fois qu'un certain contingent de troupes commence
le pillage. Le fait nous a été
rapporté que le ministre de la guerre est
enchanté lorsqu'une armée se
révolte, et qu'il inscrit en souriant, sur les
sommes
dues
à cette armée :
"Entièrement réglées ...
"
- "Eh bien," fit M. Hsü, "tout doit
se faire conformément à la loi, et
l'on ne doit pas permettre aux soldats de se
conduire mal."
- "D'accord : le président
doit être élu d'après la loi et
il doit régler ses actions sur ce que dit la
loi, mais que penser de la loi qui dit que, si le
ministère de la guerre retient un seul sou
de ce qui est dû aux soldats, les coupables
seront punis de mort ? Qu'est devenue cette
loi ? Si l'on doit se soumettre à une
loi, pourquoi pas à toutes ?"
"Le Président, haussant les
épaules :
- "Eh bien, qu'est-ce qu'on peut
faire ?"
- "Le poste que vous occupez vous donne
le droit de dire ce qu'on peut faire ; il vous
faut faire quelque chose."
"Mais parlons un peu de certains
généraux chinois de ces
dernières années. Prenons le cas de
Chang Chin-yao, là-bas, dans le Honan.
Ensemble nous avons gravi l'échelle des
grades. J'étais capitaine lorsqu'il
était capitaine, major lorsqu'il
était major, lieutenant-colonel lorsqu'il
était lieutenant-colonel ; et, sans
l'amour de Dieu répandu dans mon coeur, ma
carrière se serait terminée comme la
sienne ; car, quand il courait après
l'argent, les places et les plaisirs charnels,
n'aurais-je pas aussi couru après l'argent,
les places et les plaisirs ? Je n'ai pas peur
de la bataille, me disait-il ; mes douze
canons sont prêts ?" De quelle
espèce de canons parlait-il ? De canons
à opium, de pipes
à opium ! Vous comprenez maintenant
pourquoi cette carrière ne pouvait avoir
qu'une seule issue, une fin misérable. Mais,
je le déclare, ma carrière n'aurait
pas mieux fini sans le secours de l'Eglise de
Jésus-Christ.
"Comme j'engageais l'un de ces grands
généraux à devenir
chrétien, il me répondit : "Ne
m'ennuyez pas avec ces histoires ; pourvu que
j'aie de l'argent dans une main et le pouvoir dans
l'autre, j'ai tout ce qu'il me faut. " Cependant,
prenant courage, je lui parlai de nouveau, mais il
me répliqua : "Je n'ai pas le temps
d'étudier le christianisme ; ne
voyez-vous pas que je suis tellement
surchargé de besogne que ma vie est en
danger ?" Sans toutefois me laisser
arrêter par cette rebuffade, et ne pensant
qu'à l'occasion qui se présentait de
gagner une âme, je lui parlai une
troisième fois, et, après un examen
approfondi de la question, il finit par dire :
"Je devrais certainement penser sérieusement
à devenir chrétien, mais mon
frère et ma vieille mère s'opposent
absolument à ce que j'aie rien à
faire avec le christianisme." La quatrième
fois que je lui en parlai et que je lui dis :
"Vous devriez penser sérieusement au
christianisme," il me répondit : "Je
sais que mon seul espoir et le seul espoir de la
Chine reposent sur le Seigneur Jésus-Christ,
et je compte bien prendre le temps
nécessaire pour étudier sa doctrine
et devenir chrétien."
"Eh bien, mes amis, est-ce que vous
voyez la différence entre ces diverses
réponses ? La seule méthode
féconde, pour gagner ces gens-là,
c'est la méthode
individuelle, et c'est celle qu'il vous faut
adopter, vous autres jeunes gens de l'École
des langues de Pékin.
"Vous imaginez-vous qu'il soit facile
d'être chrétien ? Je me rappelle
fort bien ce qui s'est passé là-bas,
à la Mission méthodiste, il y a
plusieurs années, et ensuite, quand je
revins prêcher à mes soldats. Les
officiers allèrent dire au
général en charge que Feng
Yü-hsiang était devenu un "second
diable," et que je racontais aux soldats les
mêmes absurdités que les
missionnaires, et que personne ne pouvait dire
jusqu'à quel point ils seraient
ensorcelés quand je leur aurais
parlé.
"Le général me fit mander
auprès de lui, et je lui dis : "C'est
vrai, mon général, j'ai entendu cet
Évangile, et c'est un très bon
Évangile. Ne voulez-vous pas venir
l'écouter avec moi ?" Le vieillard, qui
m'était apparenté, se redressa avec
dignité et me répondit :
"Croyez-vous qu'un homme de mon âge se
laissera enjôler par vous ?"
....
"Peu après, un officier alla dire
au général : "Feng
Yü-hsiang va forcer ses soldats à
devenir chrétiens." Le vieux
général me fait venir.
- "Que faites-vous ?" me
dit-il.
- J'ai trouvé," dis-je, "que
c'est là la vraie manière de vivre et
celle que nous devrions tous adopter."
Plus tard, je lui donnai un très
bel exemplaire de la Bible, en lui disant :
"Lisez cela ; cela vous sera d'un grand
secours. C'est vous, en effet, qui nous servez de
modèle, et c'est vous qui devez nous montrer
le chemin, car, si nous vous disons un mot que
vous
désapprouviez, vous n'avez qu'à nous
regarder pour nous faire trembler."
"Jeunes gens de l'École des
langues, on m'assure qu'un bon nombre d'entre vous
se destinent à la Mission. Vous rencontrerez
sûrement de grandes difficultés. Mais
soyez vaillants, allez bravement de l'avant, et
vous en triompherez. Pensez un instant au Dr.
Goforth. Chaque fois que j'aperçois ses
cheveux blancs, je me rappelle la terrible
cicatrice qu'ils recouvrent, souvenir
déjà ancien de son zèle
à prêcher l'Évangile dans des
régions hostiles, et je dis à mes
officiers : "Vous qui mangez la chair et qui
buvez le sang de votre peuple, vous devriez
être prêts à donner votre vie
pour lui, de manière à lui persuader
d'entrer au service de Jésus-Christ, tout
comme, l'a fait ce vieux missionnaire."
"Et quand je vois le Dr. H. H. Lowry, de
la Mission méthodiste, et que je pense qu'il
a donné à sa patrie adoptive plus de
cinquante années de service, et qu'il a
été maltraité autrefois par
mes compatriotes sans cesser de travailler pour
eux, mon coeur en est ému et
stimulé.
"Rappelez-vous, ce matin, je vous prie,
que les Chinois du commun peuple sont bons, et que
les soldats sont bons, mais que les officiers et
les chefs sont mauvais. Les temps ont
changé. Quand vous veniez jadis parmi nos
populations, vous autres missionnaires, tout le
monde disait : "N'ayez rien à faire
avec les gens de l'Eglise de Jésus ;
ils veulent vous arracher le coeur, vous arracher
les yeux, écorcher vifs les
bébés." Mais à présent, que
dit-on ? On sait que l'étranger
chrétien est différent des autres
étrangers ; que lorsqu'il a
donné sa parole, il la tient ; et si la
disette survient et qu'on organise des secours,
s'il y a un missionnaire étranger
attaché à la distribution du
blé, on sait qu'il veillera à ce que
le blé soit donné aux petites gens,
quelque peine que cela lui occasionne.
"Que les difficultés ne vous
épouvantent pas, jeunes gens, et ne vous
empêchent pas d'apporter le royaume des cieux
à la Chine. Et quand vous pensez aux autres,
pensez, je vous en prie, aux pauvres soldats que la
soif fait languir ; apportez-leur quelques
gouttes de l'eau vive pour les
désaltérer et les sauver."
La première édition de ce petit
livre parlait de la fuite du Président Li
hors de la capitale, en disant que la rumeur
publique l'attribuait à un ultimatum que lui
aurait adressé le général
Feng. Cette rumeur s'est heureusement
trouvée fausse, car le général
était alors retenu hors de Pékin et
n'avait aucun pouvoir dans la ville. Il n'avait
donc pris aucune part à la
démonstration qui peut avoir provoqué
la démission du Président Li.
Les troupes du général
Feng étaient alors cantonnées
à Nanyuan et à Tuanho. Cette
dernière localité n'est autre chose
qu'un célèbre palais bâti par
l'illustre empereur Kien-long, vers l'an 1740. Le
Rev. G. G. Warren, qui en août 1923
coopérait à des cours bibliques pour
officiers de la 11me division, fut alors
l'hôte du général, et il
déclare qu'il n'avait pas trace de luxe, pas
plus à Tuanho qu'à Nanyuan, et que
les chambres du général
étaient aussi nues et simples que
précédemment.
Parmi les faits qui vinrent au jour
pendant la visite de M. Warren, il en est un qui
mérite d'être mentionné ;
le Département militaire était en
retard de dix-huit mois dans le paiement de la
solde des troupes du général Feng. Le
président Li lui avait promis 200,000 dollars par
mois,
mais, durant les dix mois qu'il avait passés
à Pékin avec ses troupes, il n'avait
reçu en tout que 160,000 dollars. Et l'on
est étonné de lire que, les simples
soldats étaient payés les premiers et
les officiers supérieurs les derniers,
précisément l'inverse de ce que l'on
eût attendu dans un pays dont l'un des
proverbes constate que "les gros poissons mangent
les petits, les petits poissons mangent les larves,
et les larves mangent la boue." L'argent dû
aux simples soldats était de cinq mois en
retard, tandis que les officiers supérieurs
n'avaient rien reçu depuis treize
mois !
Feng n'avait pas la vie facile, à
cette époque. Il n'y avait plus de
Président à Pékin, et certains
personnages ne se faisaient aucun scrupule
d'employer la corruption pour obtenir une place. Le
général ne put conserver sa situation
qu'en empruntant en son propre nom un million de
dollars pour payer ses hommes, et en les mettant en
mesure de s'entretenir eux-mêmes au moyen du
jardinage, de la fabrication de la toile et du
savon, et par d'autres industries. L'armée
n'avait d'autres légumes que ceux qu'elle
cultivait. Tandis que Feng luttait ainsi
vaillamment pour entretenir honorablement ses
soldats, le général Chang Tsolin, le
ci-devant brigand devenu gouverneur de Mandchourie,
lui offrit un million de dollars, plus 370,000 par
mois, s'il consentait à se mettre à
son service. L'offre fut refusée.
Questionné sur son attitude
à l'égard des divers partis qui se
disputaient le pouvoir, le général se mit
à rire en apprenant qu'on le faisait passer
pour une sorte de caméléon. "Dites
seulement à tout le monde que moi, Feng
Yü-hsiang, je donnerai mon appui à
n'importe quel parti qui pourra me convaincre qu'il
est sincèrement patriote. je m'opposerai
à tout parti qui mettra ses propres
intérêts avant ceux de la nation. Je
ne me suis jamais rattaché à un parti
en m'engageant à le soutenir quoi qu'il
fasse, et je ne le ferai jamais."
Dans le courant d'octobre, après
un interrègne de quatre mois, le
maréchal Tsao Kun fut élu
Président. À en croire les journaux,
ce résultat avait été obtenu
au moyen de promesses diverses faites aux membres
du Parlement, à raison d'au moins 5000
dollars à chacun.
Au dire d'un secrétaire du
cabinet chinois, le maréchal Tsao Kun, avant
d'avoir réussi à s'assurer une
majorité au Parlement, avait prié le
général Feng de simuler une
révolte de ses troupes, afin de lui fournir,
à lui, Tsao Kun, un prétexte pour
entrer à Pékin et pour occuper le
palais du Président. La réponse du
général est
caractéristique : "Mes hommes n'ont
jamais rien fait de pareil. je ne suis pas certain
qu'ils soient capables d'y réussir ;
j'en doute ; non, je suis parfaitement
sûr que cela leur serait absolument
impossible." Réponse aussi courageuse que
prudente.
Le trait suivant montre comment le
général Feng sait gagner les coeurs
de ses hommes. Son père mourut il y a bien
des années, alors que le fils n'était encore qu'un
simple sous-officier et ne pouvait lui faire que de
modestes funérailles en l'enterrant dans un
cimetière public. Il a acheté
récemment un terrain, afin de lui donner une
sépulture plus honorable.
Conformément au code très strict de
la piété filiale chinoise, le
général chrétien et son
frère se passèrent de l'aide de
coolies ; ils ouvrirent le tombeau et
exhumèrent le cercueil de leurs propres
mains. Lorsque les troupes du général
l'apprirent, elles réunirent une somme
considérable et offrirent à leur chef
une pierre funéraire de marbre blanc, pour
qu'elle fût érigée sur le
terrain nouvellement acquis en l'honneur du
défunt. Le général refusa
poliment ce cadeau, mais en disant à ses
hommes qu'il ferait graver sur ce marbre les noms
de leurs vaillants camarades tombés dans la
campagne de l'année
précédente. "Sans leur
dévouement," ajoute-t-il, "je n'aurais
jamais obtenu le rang que j'ai atteint." Ce
monument est aujourd'hui, dans une situation en
vue, dans le camp de Nanyuan.
Il est assez naturel que cet homme
remarquable excite un vif intérêt en
Angleterre comme en Amérique. Il se rattache
à l'Eglise méthodiste
épiscopale américaine, qui l'avait
appelé, à faire partie de la
Conférence de Springfield (Massachussets) au
printemps 1924. Il n'a sans doute pas pu s'y
rendre.
Il a aussi été élu
membre honoraire de la Société
biblique britannique et étrangère, et
voici en quels termes il a accueilli cette
honorable marque d'estime :
"Je suis très heureux d'apprendre
que votre Comité m'a accordé le titre
de "membre honoraire à l'étranger" de
votre Société. Je sens que c'est un
grand honneur pour moi, mais je n'oserais pas dire
que j'en sois digne.
J'ai été fort
occupé ces derniers temps, de sorte que je
ne suis pas en mesure de travailler pour Christ
notre Seigneur autant que je le voudrais. je veux
cependant vous dire une chose ; tous mes
officiers ont des Bibles, et plusieurs la lisent
tous les jours .... Nous avons six
prédicateurs chinois attachés
à notre armée, et les
prédicateurs de Pékin, tant chinois
qu'étrangers, nous viennent en aide. Nous
avons construit une petite chapelle donnant sur la
rue à Nanyuan, où mes officiers vont
prêcher tour à tour. En un mot, j'ai
fait tout ce que mes loisirs m'ont permis de
faire.
Veuillez transmettre mes remerciements
au Comité ; je vous remercie humblement
de votre peine. Que Dieu vous bénisse
tous."
À ce propos, mentionnons aussi le
fait que M. G. T. B. Davis s'est rendu
dernièrement en Chine afin de travailler
spécialement dans l'armée du
général Feng. Cinquante mille
Nouveaux Testaments chinois ont été
imprimés à cet effet, d'un format de
poche, et munis d'une reliure durable. Le Dr.
Goforth promet à M. Davis une chaude
bienvenue de la part du général, et
l'appui du chef d'état-major et de quinze
colonels. (2)
En novembre 1923, Feng a
été promu au grade de
feld-maréchal, de sorte qu'il sera connu
dorénavant sous le nom de maréchal
Feng. Avec un profond chagrin nous ajoutons
qu'à la même date, à peu
près, il a eu la douleur de perdre sa femme,
décédée à
l'Hôpital de l'Union médicale de
Pékin, après une très longue
maladie. Elle avait été pour lui une
fidèle et dévouée compagne,
une aide précieuse dans l'oeuvre spirituelle
auprès des femmes des officiers et des
soldats.
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